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On l’attendait depuis longtemps car, un peu comme une marque japonaise aimant les diapasons, Avid a pris tout son temps pour créer sa nouvelle console de mixage live, la Venue S6L.

Puissante, flexible et ouverte sur le monde extérieur, elle mêle la technologie des cœurs PC pour la partie gestion, mélangeur et traitement interne à des DSP à la norme HDX pour les plugs. Le meilleur des deux mondes pour un très bel objet.
Jean-Gabriel Grandouiller responsable des ventes d’Avid pour la France nous a présenté cette nouvelle table ou plutôt ces nouvelles tables puisque, comme vous le verrez plus loin, deux cœurs et 3 modèles de bacs sont offerts.
Un grand merci pour son accueil et le télescopage tout français du planning des démos dans lequel SLU s’est glissé sans ménagement. Pardon à Marco de Fouquières de l’avoir fait attendre ;0)
Venue, vidi, vici
SLU : Elle a un air de famille avec la S6 studio…
Jean-Gabriel Grandouiller : Elle a quelques éléments qui viennent de la S6, la partie encodeurs et faders par exemple mais redesignée pour le live et surtout les conditions du live.
SLU : Elle va donc être plus solide que la S6 ?
Jean-Gabriel Grandouiller : On peut dire ça de cette façon. Pour te décrire le système, on a trois types de surfaces de contrôle différentes, deux types d’engine et un nouveau stage rack. A travers tout ça on dispose de 6 combinaisons possibles en fonction de la puissance désirée et de la taille de la surface.

SLU : Tu nous détailles les trois surfaces ?

Jean-Gabriel Grandouiller : On a la S6L–32D avec 32 faders et 4 écrans. Celle qu’on appellera moyenne, la S6L-24D, n’a que 24 faders et trois écrans et la plus petite la S6L-24 a aussi 24 faders mais un seul écran, le central, qui est aussi le principal et donne accès à toutes les fonctions de la console.
On n’ôte aucune fonctionnalité, il manque simplement du feedback visuel et de la rapidité d’action via le touch. Les écrans sont tous tactiles.
SLU : Cette diminution de taille de la surface apporte une baisse du prix ?
Jean-Gabriel Grandouiller : Cela lui donne un prix plus abordable à puissance égale en effet, mais rien n’empêche d’ajouter par la suite les écrans. Le gros avantage aussi c’est la compacité de cette table, tout en restant très puissante.

SLU : La gestion de l’affichage est incluse dans l’écran ?
Jean-Gabriel Grandouiller : A priori oui, mais je n’en ai pas la certitude. C’est vrai sur la S6 studio en tous cas. Ce qui a été beaucoup travaillé c’est l’affichage via des couleurs pour pouvoir suivre le trajet du signal et bien capter quelle action va être effectuée par chaque bouton ou encodeur.
Chaque surface comporte 8 entrées analogiques micro / ligne, 8 sorties analogiques, quatre paires AES d’entrées et autant de sorties. Il y a aussi 8 GPIO in et out, Midi, LTC, rien ne manque, pas même une sortie vidéo pour un écran supplémentaire pour y faire défiler par exemple tes snapshots.
Le moteur marche au super

SLU : Quid de l’engine.
Jean-Gabriel Grandouiller : Il y en a deux. La grosse différence avec l’ancienne génération Venue est que les entrées et sorties en local ne sont plus sur l’engine mais sur la surface elle-même. Le rack « moteur » ne comporte que la connexion vers les stages, vers la surface et le processing.
Le gros avantage en cas d’installation fixe est de pouvoir placer ce rack 5U dans une salle machine sans être obligé de tirer les lignes audio sur des grandes longueurs. Nous avons donc deux engines, le E144 et le E192. Leur nom provient du nombre de canaux d’entrée potentiellement utilisables. Le 144 en a donc 144 et le 192 monte à 192 entrées. Il est bien entendu que cela dépend aussi du nombre de stage racks alignés devant.

SLU : Les sorties ne comptent pas dans le calcul..
Jean-Gabriel Grandouiller : Non, contrairement à d’autres consoles où l’on partage les ressources du processing entre entrées et sorties, cette nouvelle console ne varie pas sa capacité de traitement, pas plus d’ailleurs que la fréquence d’échantillonnage qui peut être librement choisie à 48 ou 96 kHz.
SLU : Et pour les sorties ?
Jean-Gabriel Grandouiller : Sur la 144 on a 64 bus de sortie plus le LCR, et sur la 192 on en a 96 plus le LCR.
SLU : Assignables à des sorties physiques, donc tout dépend de la façon avec laquelle est conçu le stage…
Jean-Gabriel Grandouiller : Les stages comportent 64 entrées et 32 sorties. Tu peux y mettre des cartes analogiques, numériques et on annonce une carte Dante – on a signé durant le NAMM un partenariat avec Audinate – et qui rentre dans le Connectivity Tool Kit.
SLU : Pour revenir au moteur, combien de VCA gère-t-il ?
Jean-Gabriel Grandouiller : 24 sur les deux modèles, deux bus solo totalement indépendants.
Des plugs comme s’il en pluggait

SLU : En termes de ressources plug-in, on a compris que c’est de l’AAX…
Jean-Gabriel Grandouiller : C’est exact et pour ce qui est des ressources, l’Engine 144 offre 128 slots et le 192 grimpe à 200 slots. Bien entendu si tu montes 200 EQ3, tu seras très loin d’avoir épuisé les ressources de la machine ; tout dépend de la complexité du plug.
SLU : J’ai compris que les ressources restent identiques pour l’i7 en fonction de la fréquence d’échantillonnage, en revanche j’imagine que les cartes HDX perdent en puissance si tu travailles en 96 kHz…
Jean-Gabriel Grandouiller : Absolument oui.
SLU : Tu nous parles de ce choix de mélanger deux technologies dans l’engine ?
Jean-Gabriel Grandouiller : C’est une nouveauté chez Avid ou par rapport à ce qui existait chez Digidesign ou Euphonics. Pour la première fois, on fait cohabiter deux technologies en parallèle. La partie plugin est gérée par des cartes HDX maintenant bien connues, on peut d’ailleurs en monter jusqu’à 4.

Ce choix maintient la compatibilité avec tout ce qui a été développé jusqu’à aujourd’hui sous ce protocole. Le moteur audio en revanche adopte le processeur i7 Intel avec la technologie RTX qui permet de s’allouer hors de l’OS qui gère la console, des cœurs et donc des ressources pour l’audio. Et il y a du boulot puisque chaque voie d’entrée et de sortie de la console dispose d’un nombre important de traitements qui sont du ressort de l’i7.

SLU : C’est quoi le True Gain Compensation ? La gestion du gain numérique pour compenser l’action sur le gain de l’étage d’entrée ?
Jean-Gabriel Grandouiller : C’est une fonction qui existe déjà sur la S3L. En cas de partage de Stage entre deux tables, au niveau de l’interface utilisateur, tout le monde a l’impression de bosser sur son gain.
SLU : Oui, enfin, si un des deux sature en entrée, l’autre aura beau baisser son gain, il diminuera le niveau d’un son saturé…
Jean-Gabriel Grandouiller : Dans ce cas-là et qui relève de l’erreur humaine oui, mais ce qui est intéressant c’est la gestion des snapshots. Tu es maître du gain analogique et tu fais un snapshot avec le gain à 41, si un autre opérateur rentre avec sa table et prend la commande du gain en te passant esclave et modifie le gain, ton affichage de gain reste à 41 et une compensation a lieu.
Au moment où le type se déconnecte, tu retombes sur ton gain à 41. Tu gardes une structure de gain fixe qui permet de faire voyager tes showfiles sans te soucier de savoir si tu es maître ou pas. Tu peux aussi être maître sur un stage et esclave sur un autre. C’est pratique car celui qui est maître sur les entrées l’est aussi sur les sorties ce qui convient bien aux ingés son retours qui en gèrent un maximum contrairement aux ingés son façade.

SLU : Quelle est la compatibilité avec les anciens showfiles?
Jean-Gabriel Grandouiller : La compatibilité est totale. L’affichage a changé et s’est amélioré mais on peut appeler cela cosmétique pour prendre en compte les dalles 16/9 avec une plus grande résolution ou encore afficher mieux et plus de plugs. Venue en est à la version 4.5.2 sur la S3L, peut être allons-nous passer à 5.
Quelle langue parles-tu chérie ?

SLU : Quel protocole de transport audio équipe la S6L ?
Jean-Gabriel Grandouiller : L’AVB via des liaisons optiques et cuivre. Tout ce petit monde peut être connecté sans ajout d’aucune carte ou interface supplémentaire. La redondance est prévue par une boucle retour entre par exemple deux stages connectés les uns aux autres, et un brin allant de chacun vers l’engine. Si un des brins est coupé, le système récupère les data sur l’autre instantanément. La surface est connectée à l’engine aussi en AVB. Les stages peuvent accepter du Dante et dialoguer avec d’autres matériels qui emploient aussi ce langage.
SLU : Pourquoi pas de Dante sur l’engine ?
Jean-Gabriel Grandouiller : Il y a de grandes chances pour que l’on dispose de cartes Dante aussi pour l’engine mais aujourd’hui on n’en voit pas trop l’utilité. A la limite pour enregistrer mais de base tu peux le faire en AVB et 64 canaux dans ProTools. Une carte optionnelle en Thunderbolt va aussi permettre de monter un nombre de canaux très important en termes d’enregistrement.
SLU : Combien ?
Jean-Gabriel Grandouiller : On parle de 192 canaux. Aujourd’hui tu connectes un mac mini ou un portable en Ethernet, soit sur la surface soit sur l’engine, et tu disposes de 64 canaux avec ProTools pour les enregistrer et les lire : le plus simple des Virtual Sound Check.

SLU : Quelques mots sur le stage 64 ?
Jean-Gabriel Grandouiller : Une particularité intéressante est le mirroring MADI, incorporé d’office dans chaque stage. Cela veut dire que sans avoir besoin de passer par une grille ou par la console et l’engine, il est possible de récupérer les signaux et les envoyer vers une autre console, vers un enregistreur ou toute autre machine acceptant cette norme de transport. Deux ports sont prévus pour cela afin de véhiculer les 64 canaux en 96 kHz. On a aussi placé sur chaque stage un écran et un sélecteur couplé à une prise casque. Cela permet d’aller écouter localement n’importe quelle entrée sans déranger la façade ou les retours.

SLU : Comment sont livrés les stage 64 en termes de cartes ?
Jean-Gabriel Grandouiller : De base ils disposent de 48 entrées analogiques et 8 sorties analogiques mais ils peuvent être équipés de telle sorte à accueillir 64 entrées et 32 sorties. Ils gèrent donc 96 signaux.
SLU : Où en est-on en termes de latence ?
Jean-Gabriel Grandouiller : La compensation du retard est automatique et dynamique comme sur les S3L. La console est par ailleurs prête à faire dans un avenir proche du 192 kHz.
SLU : Elle est livrable quand ?
Jean-Gabriel Grandouiller : La disponibilité a été fixée à septembre 2015.
Plus d’infos : http://www.avid.com/FR/products/Venue-S6L/overview