Creative Studio & Maxoloc. Show Dedans

Les portes de l’avion se ferment. Quelques mauvais repas plus tard, nous atterrissons au Raizet où nous attend un Franck Bessol en pleine forme. Jean-Jacques Vias de Nexo est aussi du voyage et on ne sera pas trop de deux pour suivre Franck. Inutile aussi de préciser que nous sommes rentrés trois jours plus tard avec les Gamma GT dans les limiteurs et le nez qui pèle.

Franck Bessol à gauche et Jean-Jacques Vias. Promis, ils n’ont pas mis de Trumpa Cotta sur leur visage, ils ont vraiment bronzé sous les sunlights des trooooopiques.

Le pitch : Creative Studio c’est le prestataire son, géré et presque motorisé par Franck Bessol là où Maxoloc est le prestataire lumière et vidéo avec à sa tête (et ses jambes aussi) Maxime Viviès.
Les deux structures sont parfaitement indépendantes mais partagent les mêmes locaux, une grande partie des ressources et la stratégie commerciale.

SLU : Ça fait longtemps que tu es installé aux Antilles ?

Franck Bessol : 20 ans. 13 en Martinique et 7 en Guadeloupe. J’ai travaillé avec des Antillais, des Indiens, la suite logique est de m’éclater avec Max !

SLU : Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Franck Bessol : Simplement, lorsqu’il y a 4 ans j’ai quitté mon ancien associé. J’appelle Max le petit jeune, tu imagines à l’époque (rires). Il avait 24 PAR et 4 Viper. Aujourd’hui et après un investissement de 2 millions d’euros, nous disposons lui et moi d’un vrai parc matériel capable de satisfaire tous les marchés qui se présentent à nous.
Je m’occupe des achats pour le compte des deux sociétés grâce à mon expérience et au plaisir de voyager dans tous les salons et sur tous les lieux de production pour dénicher le produit le plus pertinent pour notre marché où tout coûte plus cher.

Max et Franck. Comme l’a dit DJ Galilée « Et pourtant elle tourne » Une association aussi improbable qu’efficace.

SLU : Taxes ?

Franck Bessol : Octroi de mer, taxe additionnelle, frais de transit et frais de port représentent environ 30 % du prix HT d’un produit. Typiquement les outils indispensables à l’exercice du métier de prestataire technique événementiel atteignent ce taux. Une structure alu Sixty82 voit son coût renchéri de 26 % là où l’alu brut seulement de 10 %…Pense que nous avons des prix de location supérieurs à ceux de la métropole.

SLU : Comment vous partagez-vous le travail ?

Franck Bessol : Max s’occupe de la gestion commerciale des deux structures. Il est aussi le designer lumière là où je m’occupe de la technique, des achats et de tout le son. J’ai aussi un petit studio où je travaille la 3D et fournis par exemple des animations vidéo et lumière.

Plailly et Nexo à l’honneur à des milliers de kilomètres avec P12 la PS killer, et STM, l’usine à dB. On sait ce qu’investir veut dire chez Franck et Max.

SLU : Tu as été infidèle au son?

Franck Bessol : Mais oui ! A 55 ans, je peux dire que j’ai fait le tour du métier !

SLU : Creative et Maxo œuvrent pour le marché Guadeloupéen. Il n’y a pas une porosité entre les deux îles principales ?

Franck Bessol : Non pour plein de raisons longues à expliquer et encore plus à comprendre, mais oui, car il n’y a qu’un bras de mer entre Guadeloupe et Martinique et qu’un certain nombre de nos clients grands comptes comme des producteurs et tourneurs nous demandent d’assurer des prestations sur les deux îles.
C’est difficile d’un point de vue logistique mais cela s’est arrangé grâce à l’ouverture d’un dépôt de matériel issu du parc de Creative Studio et Maxoloc en Martinique.

SLU : C’est long la traversée avec un bahut ?

Franck Bessol : Ca se passe sur des barges et ça prend la nuit. Ce n’est pas évident d’être réactif car tu n’as que deux bateaux par semaine. Un one shot t’immobilise du matériel très longtemps.

SLU : Quel est votre cœur de métier ?

Franck Bessol : L’événementiel d’entreprises privées et de plus en plus le spectacle vivant de qualité. On travaille très peu avec les collectivités locales sauf quand nous sommes les seuls à disposer des infrastructures techniques demandées, je pense par exemple à nos écrans vidéo.

SLU : Votre évolution est extraordinairement rapide…

Franck Bessol : C’est exact et c’est pour ça qu’on travaille à présent les finances, l’organisation et le personnel. Je connais beaucoup de boîtes qui sont montées très vite et sont redescendues tout aussi vite. Ça prend du temps d’organiser, mais c’est essentiel. Je ne suis pas comptable, mais je sais compter et j’ai la chance d’avoir quelques années de grosses boîtes ou de filiales de grosses boîtes au compteur. Ca aide !

Franck dans son studio de création en train de compter les taxes, un sport national !

Quand j’ai commencé chez Régiscène, j’ai eu la chance de côtoyer Jean-Jacques Perroy. Il avait toujours un papier et un crayon. Il écrivait. Cette habitude, je l’ai gardée depuis 40 ans.
J’ai une espèce de gros bloc difforme de notes (on confirme !) qui couvre ces 40 années et où je note les points essentiels d’une machine, d’un logiciel.
J’ai tout ce qui est important pour chaque produit. C’est bien de faire beaucoup de choses, mais sans notes, on oublie. Ce tas de papier, c’est ma bible.

SLU : Je te sens passeur de témoin.

Franck Bessol : En quelque sorte oui, et je pense avec Max avoir trouvé la personne tout à fait capable de gérer et faire prospérer nos sociétés et surtout notre état d’esprit et notre professionnalisme. Il a un gros potentiel humain, technique, commercial et même créatif, et il n’a que 25 ans ! Mon rôle est de le mettre sur les rails et une fois bien calé, l’accompagner si besoin est, mais de loin. J’aimerais bien voir mon gamin grandir, faire du bateau et profiter de la vie ! Je vis à 300 à l’heure, il est temps de lever le pied.

Tempus fugit, mais avec une bonne mémoire on le rattrape

SLU : Revenons quelques années en arrière. Tu as commencé où ?

Franck Bessol : J’ai débuté chez Régiscène en 1982. C’était le début de la distribution de produits audio. J’ai lancé le département de vente avec Martin Audio, Midas et Klark Teknik. Quelques années plus tard il y a eu la bascule entre Martin et Turbosound avec le Flashlight et le Floodlight et j’en ai vendu de ces boîtes… Elysée Montmartre, Le Rex Club, La Locomotive. J’ai fait ça en collaboration avec Didier Lubin (Lulu, si tu nous écoutes !) que j’embrasse au passage, bref, j’ai fait du son pendant 15 ans.

SLU : Tu revends Edge Technology France à Guillard et pars…

Franck Bessol : Plonger dans les Antilles et ensuite monter un club de plongée en Martinique. Je gère ensuite pour Dushow la filiale ultramarine où je m’occupe de son, d’éclairage et de vidéo.

SLU : Tu fais tes premières armes dans la lumière ?

Franck Bessol : Oui mais non, car quand j’ai vendu Edge, je suis parti avec huit Cyberlight et une console Status Cue de High End dans mes valises. (Souvenirs, un Cyberlight décapoté. Merci The Light Project). Ceci a été rendu possible par l’arrivée chez Guillard de CSI et d’Arnaud Leschemelle que je salue aussi ! C’est ainsi que j’ai importé les premiers automatiques aux Antilles et ça a très bien marché car les Cyberlight étaient de très belles machines.
Par la suite je suis passé en Robe, leurs débuts. 32 machines Elite fabriquées par Robe. Grâce à ce parc j’ai très bien travaillé durant 5 ans dans les deux îles et mon Master rempli de machines a fait la traversée des dizaines de fois ! J’ai récidivé puisque j’ai aussi apporté la première GrandMa et la première console numérique Yamaha M7CL avec Dushow aux Antilles. Les premiers écrans led aussi.

Du Nexo et du gros. Dans le stock de Creative Studio ça va de l’ID24 au STM !

SLU : Et les premières enceintes Nexo ?

Franck Bessol : Sans doute aussi. J’ai utilisé beaucoup de marques et j’ai même été concurrent de Nexo, mais ça marche ! En 4 ans d’utilisation intensive dans un climat vraiment pas facile, je n’ai eu que deux membranes cassées sur 180 enceintes. Ici en plus quand on fait du son…on envoie la gouache (gros rire).
C’est un très, très bon investissement que nos clients apprécient aussi. Heureusement, je n’ai en parc que du Nexo et 4 petites amplifiées Yamaha ! Allez, j’aime aussi acheter français, enfin, franco japonais (rires) et puis je connais les gens, on me répond vite, j’ai des prix qui me vont bien…

SLU : Deux autres marques sont bien représentées sur l’île.

Franck Bessol : Absolument, Adamson et L-Acoustics, une autre bonne raison de proposer Nexo !

SLU : Ici aussi on fait du son avec les yeux ?

Franck Bessol : Comme partout. Il faut tordre les EQ, creuser à la pelleteuse pour un résultat parfois étrange. Il y a des techniciens compétents qui se servent bien des outils informatiques, mais certaines mauvaises habitudes ont la vie dure à cause de vieux systèmes qui tels quels ne sonnent pas. L’avantage du STM c’est qu’une fois accroché, avec les bons angles et mis en phase, il n’y a pas grand-chose à retravailler en dehors des problèmes inhérents à la salle. Ça sonne. Point.

Un nid de S118, l’arme fatale du STM. Au nombre de 24 dans le dépôt et 20 déployés dans le Palais des Sports du Gosier, ils se plient très facilement aux basses qui forment les racines et l’âme de la musique antillaise.

SLU : Dans tes équipes, est-ce que tu as des techniciens avec les yeux qui pétillent…

Franck Bessol : Je sais à quoi tu penses. Pas assez. Quand je suis arrivé chez Régiscène, j’ai vu les monceaux de matos et j’ai passé des nuits entières à tout découvrir. J’avais tout à disposition ! J’aimerais bien retrouver 40 ans plus tard un peu de cet esprit, d’autant qu’on a déjà de quoi s’amuser au dépôt et progresser, mais c’est rare. Donc oui, tu as deux gamins avec les yeux qui pétillent, Maxime et moi. J’adore déballer un nouveau produit !

SLU : Donc, si on résume, tu as fait du son, de la lumière, de la vidéo et tu repars dans le son…

Franck nous montre une création 3D faite sous Capture pour le management de Gims. Forcément l’effet est garanti.

Franck Bessol : C’est ça, la boucle est bouclée. J’ai fait le tour en 40 ans mais en pur autodidacte.
Un jour je me suis dit qu’un peu de 3D cela allait être utile et drôle à faire. J’ai acheté Capture chez Dimatec et après quelques nuits blanches, j’ai pu faire marcher le bouzin.
Aujourd’hui ces animations et ces images nous permettent de vendre beaucoup plus facilement nos prestations.


SLU : Qui sont tes concurrents ?

Franck Bessol : Deux sociétés, Sono Scène et J2C Music. Il existe ensuite une constellation de petites boîtes avec des mini parcs assez disparates qui prennent en charge les plus petites affaires locales. N’oublions pas que la Guadeloupe ce ne sont que 400 000 personnes, l’équivalent d’une ville moyenne comme Nice et ses environs. Il faut malgré tout être en mesure de fournir la prestation complète, de la ferraille à la vidéo.

En ce qui nous concerne, on est en mesure de monter une scène complète, bâchée trois côtés en 15 x 13 mètres et on est les seuls. Elle est très polyvalente puisque nous disposons de 250 m² de plancher pour faire des dégagements. C’est Sixty82 qui l’a construite à partir de notre cahier des charges. Elle résiste à 80 km/h de vent et évite de flinguer le matos quand il se met à pleuvoir. N’oublie pas qu’ici il pleut souvent (rires) !

Le Palais des Sports du Gosier avec ses extraordinaires ventilateurs, la scène Sixty82 15 x 13 et les tours pour le STM, indispensables par l’impossibilité totale de toute accroche.

SLU : En dehors des taxes, est-ce que tu disposes de tout ce dont tu as besoin ici pour travailler ?

Franck Bessol : Ahhh mais non ! On est obligé d’être complètement autonome et de tout anticiper, du rouleau de gaffeur à l’ampoule, deux à trois mois avant. Il faut prévoir ses besoins, imaginer ses pannes. On achète des grandes quantités de tout d’autant que la moindre urgence avec par exemple La BS grimpe à huit jours en avion. En bateau c’est trois semaines. Ce n’est plus à proprement parler une urgence. Pour info, l’avion coûte trois fois le prix du bateau dont on évite le plus possible.

SLU : Où est-il possible de réparer une panne ?

Franck Bessol : On sait faire notre petit entretien et pour les grosses pannes… On a du spare et des poubelles. Sinon on envoie en France. Les USA sont plus près mais c’est encore plus compliqué à cause de la douane. Il faut faire des papiers d’exportation provisoire et cela coûte énormément d’argent ! En moyenne un dossier d’import-export avec Schenker, notre transitaire, ce sont 300 € par trajet de frais incompressibles. Tu comprends qu’on hésite et/ou on groupe nos expéditions.

Le dépôt de Maxoloc et Creative Studio à Baie-Mahault. « Dis, on en fait quoi du vieil écran…;0) ».

SLU : La douane est la même pour tous les pays ?

Franck Bessol : Ahhh mais noooon. Si j’achète des murs de leds en Chine, la douane sur laquelle s’ajoutent tous les autres frais et taxes, est déjà de 18 % ! Heureusement que leurs prix départ usine sont très abordables !

SLU : Y a-t-il d’autres particularités par rapport à la métropole ?

Franck Bessol : Oui, nous n’avons pas le statut d’intermittent. On a le TTS mais il est limité à un certain nombre d’heures donc il reste l’embauche pure et simple ou pour le technicien, la création de sa propre boîte ce qui lui permet ensuite de facturer. Nous avons donc une dizaine de permanents dont certains sont des fidèles et passionnés par leur boulot. Pour les autres le turnover est assez important ce qui occasionne beaucoup de formations en interne.

Place aux artistes, place à la technique

On a beaucoup parlé, place au son, du gros, du très, très gros grâce à un événement musical majeur en Guadeloupe, le concert de Were Vana. Il a lieu au Palais des Sports du Gosier, une salle polyvalente gradinée et offrant une capacité d’accueil importante à couvert, même si aucune accroche n’est possible.

On retrouve les équipes de Maxoloc et de Creative Studio au travail autour de la scène encadrée par deux tours tubulaires portant le système Nexo STM. Il est composé de 9 systèmes M46 + B112 et 20 subs S118, 6 sous chaque tour, puis deux ensembles de deux S118 portant sur leur dos deux M10 et deux autres ensembles de S118 portant cette fois des M28 en débouchage face scène. Pour les spectateurs proches et légèrement décentrés, deux M28 accrochés sous les lignes principales, complètent le dispositif.

Les ensembles de subs et de renforts pour les premiers rangs. En extérieur des M10 assez hautes, en intérieur des M28 qui ne sont pas plus hautes que les P12 que l’on devine derrière.

Un tour à cour permet d’apprécier la qualité du montage des racks NUAR remplis de vaillants NXAMP4x4 complétés par des DPU, des matrices de sortie sur relai entièrement doublées, même l’alimentation, et qui sont pilotées par l’ampli qui les commute automatiquement, ou au travers NS1.

SLU : La Rolls non ?

Franck Bessol : Oui, c’est un vrai confort, mais c’est cher (rires) J’ai ça pour le STM.

SLU : Je vois un switch Cisco posé sur tes racks. Comment transportes-tu le signal depuis la console vers les amplis ?

Franck Bessol : Tous mes amplis et les consoles ont des cartes Dante, mais j’ai préféré pour cette opération rester en analogique. Je pense que nous manquons encore de recul quant à nos compétences en cas de pépin. On travaille en Dante sur des opérations plus simples où la pression est moindre mais pour cette nuit de musique, je joue la carte de la sécu.

La puissance nécessaire au STM ainsi qu’aux sides et front fills. 12 NXAMP4X4 rangés et étiquetés comme à la parade dans leurs racks NUAR et demi NUAR.

On dispose aussi de fibre pour les écrans led mais une fois encore, nos compétences en interne et notre expérience sont pour le moment insuffisantes pour la déployer sereinement. On prendra le temps nécessaire pour que tout le monde soit à l’aise. La technique c’est bien quand elle est maîtrisée.

Une rangée de P12 sentant bon le neuf et prêtes à remplacer les PS15 employées jusque-là en tant que wedges.

SLU : Je vois beaucoup de P12.

Franck Bessol : J’ai investi et elles sont arrivées juste à temps pour ces concerts. Elles ont une belle gueule, elles sont bien conçues et ont une très grande polyvalence.
Je vais m’en servir comme wedges en passif, mais en cas de besoin en actif, je gagne encore quelques dB et puis le choix du coaxial et leur petite taille leur ouvre toutes les portes.

Kevin Viardot en plein démontage. Il a très bien géré les retours de Were Vana et a immédiatement pointé un excès d’énergie de P12 qui a depuis été gommé par son preset. Bref, un bon.

Cette boîte avec son 12” fait aussi bien que la génération d’avant avec un 15” et par rapport à une PS15 elle est beaucoup plus pratique, moderne et efficace.

SLU : Mais tu faisais avec quoi tes retours avant ?

Franck Bessol : Des PS. Si, si c’est possible, mais Kevin Viardot qui tient les retours ce soir est trop content d’avoir des P12 (rires) Comme on nous sollicite de plus en plus pour du live, cela devenait indispensable.
Notre croissance a été tellement rapide que j’ai réagi en tapant régulièrement dans le catalogue Nexo. Après les PS, j’ai pris des GEO M6, puis M12, STM, P12 etc. etc.


Comme on est vraiment bien accueillis, Were Vana, pourtant vedette et à la fois grand patron de la soirée qui s’annonce, prend quelques minutes pour s’isoler avec nous.

Du talent avec les pieds sur terre. Were Vana avec Franck Bessol.

SLU : Gros show si l’on en juge par les répétitions…

Were Vana : Oui, un vrai concert qui va bien au-delà de ce qu’on propose habituellement. Cela fait un an qu’on le travaille avec les musiciens, les danseurs, les invités… Et il y aura lumières, vidéo, fumée, gros son, scéno dans une salle qui le permet.

Et c’est aussi pour ça que l’on a choisi Créative et Maxo. Je sais ce que je veux et ils peuvent me l’apporter. Ce sont les meilleurs et s’ils n’avaient pas été dispos ce soir, on aurait changé la date. Ce soir on va marquer les esprits donc on met tous les atouts de notre côté.

SLU : Musicalement tu sembles couvrir largement les styles d’ici.

Were Vana : Je viens du Gwoka par mon papa et je veux garder ces racines, mais j’ai aussi des influences urbaines. On fait donc un mélange des deux qui pourra par la suite évoluer en fonction d’où on va se produire. Le concert de ce soir est un point de départ qui va être capté et me servira à proposer notre musique au-delà des Antilles.
Les physiciens disent : rien ne se perd, tout se transforme. C’est exactement ce que l’on fait. La musique est universelle, on doit donc parvenir à faire plaisir à tout le monde mais pour ça il faut un show construit et pro avec nos racines guadeloupéennes. C’est ce que l’on va proposer ce soir.

La tradition avec du Gwoka grâce au papa de Were Vana. Deux ka repris par-derrière, un répondeur central repiqué par-dessus, le tibwa tout à gauche et une calebasse. On aperçoit les deux statiques pour ces notes plus claires.

Maxime Viviès dit Max dit Maxo

Un dernier plaisir a été celui de poser quelques questions à Maxime Viviès, dit Max, voire Maxo, une personne avec du caractère et de belles idées. Belles et fortes.
Nous avons voulu ne parler que de technique, mais ce serait gommer artificiellement certains aspects propres aux Antilles et oublier son histoire et ce qu’il en reste aujourd’hui.

SLU : Max, Vous formez avec Franck un tandem parfaitement complémentaire et entreprenant, dans lequel on retrouve un Blanc-Péyi et un Métro. Cela complique-t-il votre travail ?

Max sur sa « GrandMa 2 » en plein ballet. Il vit son travail et quand il dit qu’il prend du plaisir… c’est vrai.

Max : Je fais partie de ceux qui veulent arrêter totalement cette inégalité basée sur la couleur de peau ou sur telle ou telle catégorie. Entre nous deux tout est clair depuis le premier jour. On travaille parfaitement bien ensemble et tous nos collaborateurs et pigistes sont choisis pour leur compétence et en fonction des projets.

Oui ce sont un Blanc-Péyi et un Métropolitain qui sont aux manettes mais nous avons 15 Antillais derrière la machine, et nous sommes d’abord et avant tout tous créoles et tous ensemble nous travaillons pour offrir à nos clients et aux Antilles des prestations de grande qualité malgré nos moyens parfois encore limités. Il y a ceux qui veulent agir et ceux qui veulent subir. Si une forme de normalisation peut s’enclencher grâce au commerce et au travail, allons-y. Je n’ai que 24 ans et pas de méthode, mais j’ai envie qu’on avance.


Were Vana sur scène. Captation, restitution sur deux écrans LED, lumière efficace, gros, gros son et le couple S7000 et S5000 Allen & Heath aux mains de Jean-Michel Marc à la face et Kevin Viardot aux retours.

SLU : Qu’est-ce qui rend votre équipage aussi solide et efficace ?

Max : Sans doute la jeunesse, la mienne comme celle de notre équipe de permanents contrebalancée par l’expérience de Franck qui nous guide techniquement et stratégiquement. L’envie aussi et le plaisir. On s’éclate à faire toujours plus, mieux et différemment. On a des petits ratés parfois, mais quand je vois un jeune éclairagiste extasié filmer ses premiers tableaux avec son téléphone, je suis heureux et je sais que ça prendra sans doute du temps, mais on y arrivera.

Quand la lumière est bonne, booonne, booonne, booonne… Un des tableaux made in Maxo qu’un spectateur aussi ne peut s’empêcher d’immortaliser.

Arrêtons déjà le mot « job ». Dans notre métier on ne branche pas des enceintes le dimanche. Il faut professionnaliser et donc former les futurs techniciens, quitte à ce que ces derniers nous quittent une fois fini l’apprentissage. La compétence c’est la clé de la réussite. Je suis allé visiter des Dushow ou des Novelty.

On ne se compare bien entendu pas à eux, mais on a le droit d’essayer et d’être exigeants avec nous-mêmes. Des gens formés, un dépôt organisé, du matériel de qualité, récent et bien entretenu. Aujourd’hui on investit beaucoup, peut-être un jour cela va payer. L’intérêt pour nous c’est de créer une structure solide apte à gérer du volume.

SLU : D’où votre investissement ?

Max : On est désormais en mesure de servir tout type de tournée se produisant sur l’arc antillais en simplifiant sa logistique. Parfois du matériel est transporté de France, de Hollande ou des Etats Unis.

Delly Tayamoutou à la face et le compas se porte bien !

Dans les années à venir, on aimerait bien pouvoir répondre aux demandes qu’on nous fait et apporter matériel et savoir faire au-delà de la Guadeloupe et de la Martinique et peut-être attirer ainsi des artistes qui hésitent faute d’infrastructures adéquates. J’insiste sur le fait qu’on nous demande. Les gens savent ce que l’on fait et nous connaissent sans même qu’on fasse des démarches pour capter plus de marchés.

SLU : Ça chauffe entre vous deux de temps en temps ?

Franck Bessol : Comme un vieux couple (mort de rire)

Max : Tous les jours !

Franck Bessol : Ça va bien 15 jours, on se fait la gueule deux jours et ainsi de suite.

Max : Je suis un gros sentimental, je déteste le conflit mais cette relation entre nous forme la richesse du projet. Franck c’est ma famille même si avec lui la pression est constante. Action, réaction.

SLU : Ahh ces métropolitains !

Max : Vu de l’extérieur, avec nos différences et 30 ans d’écart, ça ne peut pas marcher. Tous nos concurrents se disaient qu’au bout de 6 mois ça allait péter. Raté. On aime ce qu’on fait et on le fait bien ensemble et avec passion. On va écrire notre histoire et si ça peut faire changer et évoluer un peu les relations ici, c’est tout bénéfice !

Une partie de l’équipe de Maxo-Creative, dos à la scène érigée pour deux jours de shows mais dont le plan de feux a changé. De gauche à droite : JJ Vias, Christophe Jason, Delly Tayamoutou, Max, Franck, Kevin Viardot, Lyvan Ceprika et Anaëlle Savignac.

Show Dedans !

Ces quelques jours nous ont servis à entendre, comprendre et apprécier le son du soleil et des Caraïbes, rond, chaud et long à outrance avec un pied d’anthologie, interminable comme une caisse claire des années quatre-vingt et une basse qui prend aux tripes sans forcément qu’on s’en rende compte. Et quoi de mieux pour ça que des S118 en grand nombre. Sensations garanties.

Were Vana. 4 000 personnes aux anges pour un show où danse, chant, tradition, gros son, CO2, vidéo, lumières, super musicos vont laisser des souvenirs.

Mais ces 3 jours nous ont aussi permis de voir de près Franck au travail avec de l’énergie à revendre (sans octroi de mer) et Maxime aux manettes avec qui il forme un équipage redoutable qui fait honneur à la profession tout en respectant les spécificités des Antilles. D’accord certaines marques n’en sont pas tout à fait, fruit de la chine de Franck en Chine, mais l’essentiel est sauf et ça déboîte !
Au moment où vous lisez ces lignes, le dépôt est plein et le carnet de commandes est vide comme partout dans le monde, Dès que la vie artistique reprendra, ils seront les premiers à tirer les marrons du feu ou les noix des cocotiers si vous aimez les clichés.

D’autres informations sur le site de creative Studio et sur le site de Maxoloc

Liste des matériels

Lumières Maxoloc

1 x Scène 15 x 13 m Sixty82
1 x Scène ArcRoof Prolyte 8 x 6 m
3 x Structure 15 x 10 m avec Lycra
6 x Tour Lahyer 10 m
10 x Moteur Verlinde 1 Tonne
300 m de Structure Prolyte 300 Carré

120 m2 écran led (P3, P4,P5)
90 m2 rideau led (P55)
Contrôleur Nova
Régie 4K BlackMagic
Régie 4K Magnimage
Caméra Sony 4K
20 x Moniteur 4K 55″ & 65”
6 x I-Poster Led (Pitch 2,3 mm)

1 x MA2 Light
1 x MA2 Ultra Light
1 x Avolites Quartz

2 x MDG 3000
1 x DF50

2 Blocs de puissance Cube Avolites

PAR 64, PC 1000 2000, Découpes ETC

200 x Automatiques (Martin Viper, MAC 700, Chinoiseries)
200 x PAR LED Outdoor

32 x Astera AX1
16 x Astera AX3

4 x Portman P1
8 x Vintage Admiral

Machine a fumée lourde
Jet de CO2
Machine à confettis
Artifice froid

 

Crédits -

Texte & photos : Ludovic Monchat

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