L-Acoustics L2, la première écoute à Marcoussis

Avec L2, L-Acoustics a fait un choix novateur, original et définitivement pratique. Est-il gagnant pour le fabricant comme pour les prestataires, répond-t-il à un besoin identifié et, certainement pas le moins important des critères à considérer, est-ce que L2 sonne bien ? Début de réponse ci-dessous !
Mais avant tout et si vous ne connaissez pas du tout le système L2 et son indispensable contrôleur LA 7.16, cliquez ici, nous en avons déjà parlé assez longuement.


Le combat entre deux systèmes qui n’ont que quelques Hertz, décibels et années d’écart, et pourtant, le futur frappe à la porte des dépôts.

Direction Marcoussis

Arriver à Marcoussis reste un plaisir et outre les poignées de main et les accolades avec les fidèles de la première heure, on croise aussi un nombre impressionnant de nouvelles têtes dont une grande partie vient d’un peu partout dans le monde. Le talent n’a pas de frontières. Comme à chaque visite, on se perd un peu. Les murs sont soit repoussés, soit un nouveau bâtiment vient s’ajouter pour aider à la croissance de notre géant français du son.
Une balade dans les lignes d’assemblage prouve aussi à quel point des embauches bien ciblées ont fait évoluer l’outil de travail et les diverses procédures, et à quel niveau de qualité le QC maison pousse sa démarche. Le moindre écart même difficilement visible de hauteur de grille ou tissu, le plus petit grain non conforme ou éclat sur l’ébénisterie ou le plus infime bruit lors de l’écoute (à bas niveau) de la boîte, conduit cette dernière à quitter la ligne et à se voir affublée d’une pastille de couleur et d’une description du défaut constaté.

Qualité mais aussi durabilité sont assurés dans le temps grâce au stockage de l’ensemble des courbes et des chiffres de chaque boîte neuve, offrant la possibilité de les comparer avec la même enceinte quelques années et milliers d’heures de son plus tard.
Même si le jour de notre visite une grosse commande de K1 et de K1-SB occupe les lignes, quelques ébénisteries (très complexes) de L2 dans l’atelier prouvent que la firme de Marcoussis travaille déjà à ce produit afin de pouvoir servir les premières commandes pour cette rentrée 2023.

Scott avec L2 posé au sol, juste à côté d’un stack de quatre K2 qui être le maître étalon de l’écoute par sa proximité en termes de taille, poids, SPL et réponse en fréquence. Des différences existent, on le listera plus loin.

Présent le jour de notre visite, on a le plaisir de retrouver Scott Sugden, Director of Project Management, Electronics & Software, la synthèse vivante d’un super technicien son et d’un brillant chef produit.
C’est en sa compagnie que se déroule l’écoute agrémentée de questions réponses toujours aussi pertinentes et instructives.

SLU : Où est passé l’orifice pour manœuvrer les Panflex ?

Scott Sugden : Y’en a plus ! Clac ! Clac ! Tu tapes dessus ça sort, tu retapes avec ton poing et ça rentre. Vas-y n’aie pas peur, c’est extrêmement solide. On a fait ce choix car à la mesure on avait un petit défaut généré par ce trou et la polaire s’en ressentait (rires).
On a aussi modifié le volet afin qu’une partie se replie par-dessous pour diminuer les besoins en place au niveau de la face avant et éviter qu’un trou ne se forme sur le côté du volet.


Le coté du volet où l’on voit bien une pièce découpée et qui se replie à la rentrée.

SLU : Comment trouves-tu L2 au niveau look ? On a des retours dubitatifs à SLU.

Scott Sugden : Je n’ai personnellement pas vraiment d’avis, mais en France j’ai l’habitude des critiques sur les réseaux sociaux (rires). Par exemple il paraît que le bas de l’ébénisterie de L2D est biseauté…
Si tu regardes bien, il forme avec la partie avant de la dernière « boîte intégrée » dans le système, un angle droit, exactement comme le ferait un élément de line-array classique ouvert au max question angle, ce qui est le cas ici puisque L2D ouvre au total à 60° en vertical. Le français est assez conservateur et on innove beaucoup, ceci explique sans doute cela.

L2 et L2D en accroche. Les cordons remontent vers le bumper après une boucle contrainte par des pinces passe câble. Remarquez le guide de la « boîte » du bas de L2D. Pas de volets mobiles. Les quatre moteurs du bas sont solidaires de guides fixes et progressifs ouvrant de 110° à 140°.

SLU : C’est bien le passage des câbles à l’arrière…

Scott Sugden : On l’a particulièrement étudié en profitant du multipaire à petite section et de nombre limité d’éléments composant le système L2, au maximum 4. Il est donc possible de les faire serpenter et les fixer de manière invisible à l’arrière avec 4 rangs de pinces passe câble.

Notre Cable Management est prévu pour une sortie par le bumper. Forcément L2D qui se place toujours en bas de système, n’a pas de pinces contrairement à L2 qui en a 4.

L’écoute

L’écoute se déroule de façon très structurée, comme toujours chez L-Acoustics, en extérieur, un système étant accroché à la potence et un second posé au sol, côte à côte avec K2. On commence par un A/B entre les deux à l’aide d’un même titre guitare voix très doux, Hurt de Youn Sun Nah. Sans aucun sub.

Si la signature est la même à quelques détails près, la profondeur du bas de K2 est moins présente sur L2. On s’en rendra mieux compte avec l’extrait suivant. Le fait d’être en 2 voies + extension de grave d’un côté et en 3 voies de l’autre, modifie aussi un peu la manière dont est reproduite la voix humaine féminine qui se partage entre quatre 6,5” et deux moteurs dans K2 et dans deux 10” et deux moteurs 3” dans l’autre. L2 semble plus précis et défini, avec, si ce n’est de l’énergie mesurable, une clarté supérieure dans le haut médium accompagné d’un extrême aigu un peu plus fouillé.

Le fameux bosquet du dB enchanteur collé au siège social de L-Acoustics et où se déroulent les écoutes des divers systèmes et où quelques minutes après avoir pris cette photo, on découvrira ce qui donne un coup de vieux à K2 : la directivité cardioïde des basses fréquences de L2.

L’extrait suivant, Wake Up Everybody de Keb’ Mo’ comporte une dynamique plus importante et une matière chaude et bien définie dans le bas. L2 propose un rendu très net, analytique et toujours aussi précis et incisif dans le haut, un son qu’on pourrait qualifier de plus moderne et en mal de sub comparé à K2 dont les 6,5” et les 12” très généreux dans le bas, sonnent plus « familiers » à nos oreilles. Mieux ? Je ne le pense pas, mais la colle de la dernière (ou première) octave fait défaut à L2, et ce malgré un bas dur et ultra défini qui mesure bien, arrondi par les 12” qui ne font pas qu’assassiner l’onde arrière.

On profite de ce titre pour découvrir la polaire en tous points remarquable. De 0 à 40° c’est une baisse très légère et presque large bande. Au-delà on sent les 6 dB partir puis ça plonge nettement (écoute faite à 110°) et, une fois encore, on a le sentiment qu’on baisse le volume tant c’est régulier. A l’arrière c’est le calme quasi plat. Rien à se mettre sur l’enclume et le marteau. A l’atténuation logique des moteurs, s’ajoute celle des 10” dont il reste bien peu de bas. Pour une première expérience dans le monde des têtes cardio, c’est une réussite totale pour la R&D de Marcoussis.

La structure de Marcoussis portant L2 et L2D derrière lesquels on aperçoit une ligne de quatre KS28 en end fire pour les écoutes full range et à grande distance. Au sol K2 et L2 pour les A/B sans sub.

Histoire d’enfoncer le clou, Scott fait jouer le stack de K2 alors que nous sommes derrière L2, et après l’avoir traité de tricheur, on comprend encore mieux l’utilité des têtes cardioïdes. L’énergie est utile devant, pas dans les cintres pour faire tomber les confetti du show précédent. Le grave abondant de K2 est omnidirectionnel, et ça s’entend.

On bascule ensuite L2 de Cardioïde à Supercardioïde, un choix pratique quand l’on veut relâcher un peu les côtés jusqu’à 110 Hz tout en serrant le reste ce qui peut être utile dans nombre de configurations comme un simple gauche/droite englobant la scène où un peu de pression est souhaitée.
Le résultat immédiat et sans aucun bruit de transition..


Le test suivant démontre la consistance de la balance tonale depuis 55 mètres jusqu’à face au système, ce dernier étant accroché à une dizaine de mètres de hauteur. Seuls quelques dB d’écart doivent être perceptibles. Le titre choisi est Birds de Dominique Fils-Aimé, de la voix, une contrebasse très sèche et un batteur/percussionniste. Le résultat est très bon malgré le vent latéral qui s’est levé autour du pas de tir de L-Acoustics. Il n’y a guère que sous le système ou presque où une différence est logiquement perceptible.

Rappelons tout de même que c’est assez rare que l’on place la dernière boîte à une hauteur aussi faible et qu’on puisse aller dessous. Questionné, Scott précise que le Beam Shaping qui a maintenu une dispersion et une balance parfaites, ne peut faire de miracles au point 0 ou presque. Il précise aussi qu’avec L2 il est désormais possible de mieux travailler aussi le bas du spectre dès lors qu’on branche deux ou, mieux encore, trois éléments L2.

L2 et L2D, 70° en à peine plus de deux mètres et quarante centimètres. L2D est décidément fait pour le champ proche. A chaque L2 ajouté, L2D attaque à 10° en plus. On voit bien les volets fixes des deux « boîtes » du bas de L2D, la courbure les rallonge beaucoup.

SLU : Est-ce que les angles de L2, si je compte bien 10 + 60, 70° ne sont pas un peu trop pour une diffusion à plat ?

Scott Sugden : Si bien sûr. La ligne est trop basse et trop anglée. Si on avait monté huit K2 dans la même configuration, 10° ou 15° auraient suffi. On est à la limite théorique de la technologie PULS (Progressive Ultra-dense Line Source). On peut travailler à plat, la preuve, mais le système a été conçu pour des salles avec une certaine hauteur du public et un angle avec la scène.

C’est le choix conceptuel que nous avons fait pour répondre au plus grand nombre de cas qui se présentent. Le système tel qu’il est monté avec un L2 et un L2D peut suffire pour un très grand nombre de shows dans le monde entier avec une jauge de quelques milliers de spectateurs et une accroche à 15 mètres.

SLU : Il y a huit 10” et quatre 12” dans chaque enceinte L2. Les 10” sont filtrés dans le bas du spectre ?

Scott Sugden : Non, les deux fonctionnent en mode Full Range et descendent à 45 Hz, ils ont simplement une charge et un rôle différent et vous allez voir avec le dernier extrait, que L2 fait du grave.

L2 en solo c’est bien, mais il prend tout son sens avec des subs

Le titre utilisé pour démontrer les capacités dynamiques et le bas de L2 sans et enfin avec des subs, n’est autre que Donald Fagen avec Snowbound, le regretté Walter Becker l’accompagnant à la guitare et à la basse. Et quelle basse. La comparaison avec K2 donne toujours un petit avantage à ce dernier système sur le bas mid, l’amorce d’infra et la nature plus ample du grave, le reste du spectre semble en revanche plus percussif, incisif et fidèle avec L2. Le grave de L2 est un peu comme la batte sur la peau du pied, c’est l’information, il lui manque juste un peu de contour et quelques Hz et pour ça, KS28 est le sub idéal.

Quand l’array en end fire de quatre KS28 est activé, et heureusement joue au bon niveau, L2 s’illumine. Sa dynamique et son impact si précis sont complétés sans perdre en netteté et sans se voir affublés d’une quelconque forme de traînage. KS28 et LA12X sont en ce sens un grand progrès par rapport à SB28 et LA8. Si on pinaille un peu, et chacun pourra le faire ou pas à sa guise, un plateau de deux petits dB à partir de 3 kHz donnerait encore plus de relief et de croustillant à L2 + sub par rapport à K2. L2 en solo c’est bien, mais il prend tout son sens avec des subs.

Les deux manières de faire la chasse au grave de L2. Très efficaces toutes les deux. Ici en Cardioïde, à partir de 30 Hz, et dès 120 Hz, tout tient en 110°.

En Supercarcioïde on assiste à un petit retour du grave jusqu’à 110 Hz où le nettoyage repart de plus belle, de quoi donner un peu de pression aux artistes sur scène sans sacrifier la réjection arrière.


Face à nos questions quant au grave et à la capacité de LA 7.16 de tenir le choc avec des mix très, voire trop chargés dans le bas et à L2 d’y faire face, on nous a sorti le super morceau qui va bien, sauf si vous êtes une membrane et une alim, Mansa des Maliens du Super Rail Band. Avant l’époque des protections bien fichues, ce titre aurait pété des dômes et gonflé des bobines, voire pire.

Le titre est joué au ras de limiteurs et c’est un bonheur. La snare qui claque dur, très clair et fort, passe impeccablement bien, le pied qui tire une note de basse sans fin derrière, lui aussi. Bien sûr il y a un truc. Le contour et la dernière octave sont apportés sur un plateau par KS28 et LA12X, ce qui retire des épaules de LA7.16 des gros besoins en énergie, cela dit, le reste du spectre est envoyé sans effort apparent et avec une clarté nouvelle, sans doute le montage en deux voix et demi de L2 et la tripotée de ressources disponible par transducteur.

Scott en train de fixer L2D au L2D-Chariot.

Interrogé quant au potentiel restant dans l’alim de LA7.16, Scott est serein : fifty percent. 50%. Un coup d’œil sur l’écran et effectivement le morceau tire sur la bête aux 16 bras, mais elle est loin de la mettre à terre.

Scott Sugden : « Nous avons testé L2 avec LA7.16 durant de longs mois et avec des styles musicaux très variés en stockant les logs. Très récemment L2 et LA7.16 ont équipé la Mojave Tent à Coachella, (3 L2 par côté pour couvrir les premiers 50 mètres et 16 KS28 au sol, plus des délais en K2). C’est la troisième scène en termes d’accueil avec une jauge max de 20,000 personnes.

Nous avons ainsi pu récupérer un maximum d’infos très complètes, incluant l’alimentation mais aussi le contenu spectral du signal qui a été amplifié et les niveaux FOH. Une seule fois les 50% ont été dépassés et ce soir-là ça jouait à 106 dB A à la régie. Définitivement l’association L2 et LA7.16 fonctionne et ce contrôleur amplifié a été conçu spécifiquement pour ce système, donc il n’y a pas de discussion possible ! »


Blondie accompagnée par un guest dont le son de guitare connu de tous a mis du temps à résonner sous la Mojave Tent de Coachella : Nile Rogers. On aperçoit à jardin trois éléments L2.

Fred Bailly venant faire un saut à la fin de la démo, on complète notre liste de questions autour de L2 et de son raccord avec les deux gros subs de la firme.

Fred Bailly : L2 marche parfaitement bien avec KS28 et KS21. Avec KS28 le raccord se fait un peu plus haut que d’habitude, à 70 Hz. Avec KS21 où il manque quelques Hertz comparé à KS28, c’est parfait avec le preset 60. L’avantage de ce dernier sub c’est sa petite taille. En colonne derrière L2, il disparaît complètement et il apporte un punch assez remarquable.

La fixation se fait à l’aide de crochets captifs auto verrouillables pour assurer sécurité, rapidité de mise en oeuvre et proximité entre les éléments.

Un coup d’œil au démontage de L2 de la potence d’essais de Marcoussis démontre l’extrême simplicité et rapidité d’exploitation. On vous passe la blague de Scott mais réellement d’importe qui peut lever L2 dont l’accrochage par l’avant et le verrouillage par l’arrière sont un jeu d’enfant.
Aucun angle à prendre, un câble léger et verrouillable par l’arrière, l’ergonomie de ce système est virtuellement imbattable. Une fois déterminé la position des arrays et leur composition, ils peuvent être levés en quelques minutes, la suite du calage se faisant derrière l’écran à la régie.


Les deux couches d’accessoires du L2-Bumpflight permettent de traiter quatre L2 soit un gauche/droite de L2 et L2D.


Le ultime parole famose   (Une dernière pour la route)

L2 n’est pas qu’une nouveauté en termes d’ergonomie ou de simplicité de mise en œuvre, mais aussi et surtout une nouvelle proposition sonore. La distribution idéale d’un point de vue couverture grâce à sa granularité, et son rendu quasi full range à quelques Hz et dB près, raccordent comme papa dans maman avec KS28 dont le potentiel sur l’octave 30/60 Hz en impact et rondeur, complète l’énergie « moderne » de L2.

L’Isocontour de KS28 en montage cardioïde. On perd 5 mètres au lointain mais la distribution de la pression est plus utile et dégage parfaitement l’arrière.

De la même manière qu’on s’est habitué à K2 et d’autres lignes sources en 3 voies à leur répartition de l’énergie et à la couleur entre grosse membranes, petites membranes et moteurs, on le fera avec L2 qui agit différemment, un peu comme un deux voies en 10” et moteur 3” avec un renfort de grave en 12”, le sub agissant comme une colle et un indispensable piédestal pour porter et sublimer l’ensemble.

Le truc est bien caché. Les deux lignes noires soulignant les bords extérieurs de L2 sont en réalité des évents ramenant en face arrière une partie de ce que les 12” génèrent.

Arrivé pourtant tard sur le marché de la tête cardioïde, L-Acoustics réussit un coup de maître. L2 est propre et très facile en termes d’onde arrière et devrait faciliter grandement la vie aux preneurs de son qui aiment l’air en classique comme Alain Français et va moins exciter les salles traitant le grave façon Spoutnik.
La puissance des Autofilters dans leur travail de lissage et d’uniformisation, voire de conformation de la dispersion verticale gagne encore en résolution et en puissance grâce au DSP de LA 7.16 et à la discrimination amenée par ses 16 canaux séparés par enceinte.

J’ai enfin hâte de pouvoir entendre L alimenté par un vrai mix live (l’écoute de Marcoussis a été faite avec des extraits de titres de très bonne qualité et très représentatifs mais masterisés) et surtout en déploiement L-ISA même si en pareil cas il faudra retenir les chevaux dans le mix face à sa densité et sa précision dans le haut.


Une autre image de Coachella 2023 avec Blondie et L2 en plein show. Et K2 aussi ;0)

Pour plus d’éléments sur L2, visitez le site L-Acoustics

 

Crédits - Texte : Ludovic Monchat - Photos : Ludovic Monchat, L-Acoustics

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