
Robe voit grand à l’ISE 2025, avec, pour la première fois sur ce salon ; un show live impliquant ses derniers projecteurs asservis. Ils sont détaillés par Vincent Bouquet de Robe France alors que Josef Valchar, PDG de Robe nous apporte un éclairage plus général du groupe.
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LedPointe
Quatrième asservi de la gamme Pointe, il se voit cette fois équipé d’une source led blanche de 280 W. Comme le MegaPointe, il intègre une trichromie CMY, un zoom performant variable entre 1,8 et 44° d’ouverture, le système breveté de prismes multiniveaux “MLP” permettant de superposer plusieurs prismes tout en gardant un contrôle total de leurs fonctions. Le moteur d’effets multicolore Spektrabeam introduit pour la première fois sur le iBOLT est également de la partie.
Ce nouveau LedPointe se veut comme une machine complémentaire dans la gamme actuelle, sa puissance et l’impact du faisceau se situant entre le Pointe et le MegaPointe, avec l’avantage de sa source Led (sans point chaud) qui couplée à sa palette d’effets lui confère une plus grande flexibilité d’utilisation et l’étale de son faisceau quelle que soit l’ouverture du zoom.

L’iEsprite LTL
Cette machine, dont le développement reprend celui de la gamme Forte, est la version “longue portée IP” de l’Esprite. Premier élément à justifier cette appellation : le zoom. Au plus serré, le faisceau n’ouvre qu’à trois petits degrés, mais s’élargit tout de même jusqu’à 57°. Quelques modules internes du iEsprite classique ne sont plus présents comme le bloc de couteaux asservis, laissant ainsi plus de place au faisceau pour développer sa puissance.
L’iEsprite LTL utilise toujours une trichromie CMY complétée par un CTO progressif et deux roues de couleurs, deux roues de gobos dont une de rotatifs, une roue d’animation, deux prismes, un iris… pour ainsi dire les principales fonctions d’une machine très axée “live”.

L’iStrobe
Premier stroboscope led asservi de la gamme Robe, l’iStrobe par sa polyvalence devrait rapidement trouver sa place dans un segment du marché déjà bien concurrentiel. Pour commencer, il est IP65 et utilise la même technologie “Rains” que le iForte par exemple, avec des tubes déshumidificateurs placés dans les bras de l’appareil.
Les axes pan/tilt sont à rotation continue. La tête de la machine intègre deux zones wash qui entourent un crayon lumineux central : les parties wash sont composées chacune de 8 matrices leds RGBW de 60 W pour un total de 16 pixels.
Grosse nouveauté, deux zooms indépendants gèrent l’ouverture du faisceau émis par les deux parties Wash de 13 à 99° et un 3e zoom le crayon central de 98° x 14° à 125° x 97°. Le débattement physique de leur lentille qui ne dépasse pas 1 cm est très rapide. La Zone centrale est composée d’un crayon de 72 leds blanches (6500 K) de 20 W contrôlables en 12 zones destinées à la fonction strobe, et de 1 000 W de leds en blanc chaud et ambre pour une fonction blinder de 1800 K à 3200 K avec émulation tungstène. La présence du zoom pour cette zone permet ainsi de créer une lame de lumière centrale.
Ces appareils, déjà en fabrication pour certains seront disponibles au cours du premier semestre 2025.
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Interview de Josef Valchar
C’est à l’occasion de son dernier passage à Paris quelques jours avant l’ISE que Josef Valchar, CEO et CTO de Robe a accepté de répondre à quelques questions concernant ses choix de développements.
SLU : Suite au lancement du nouveau LedPointe au LDI, comment se situe ce nouveau luminaire par rapport au MegaPointe, un des best-sellers de Robe ?
Josef Valchar : « C’est un nouveau membre de la famille Pointe avec le miniPointe, le Pointe et le MegaPointe. Ces trois appareils utilisent des lampes à décharge et sont toujours en production ; le MegaPointe notamment est toujours très demandé. L’utilisation du moteur LED était devenue nécessaire pour s’intégrer dans certains projets financés par l’État et pour lesquels les lampes à décharge ne sont plus admises. Cela dit, on n’obtient pas d’un moteur Led le même rendement ni la même intensité de faisceau. Quand la lampe nous permet d’atteindre 2 millions de lux à 5 mètres avec le MegaPointe, en Leds nous sommes à 170 000 lux. Par contre, il n’y a pas le point chaud créé par une lampe à arc court. C’est donc complètement différent.
SLU : Pour quel type d’utilisation préconisez-vous ce nouveau projecteur ?
Josef Valchar : Pour du Beam, en extérieur ou en Arena, il vaut mieux privilégier le MegaPointe mais en intérieur avec une distance de tir de 20 à 50 mètres, le LedPointe est suffisant car il produit les mêmes effets de Beam et en faisceau large les gobos rotatifs et statiques sont magnifiques. C’est donc un produit polyvalent, qui est à la fois un spot, un Beam, un Wash et un luminaire à effets. Nous l’appelons « tout en un » car nous l’avons conçu pour qu’il soit très bon dans chacune de ces catégories et sans compromis.
Du point de vue de l’optique, elle est similaire à celle du MegaPointe avec presque la même plage de zoom et le même système de gobos, bien qu’ils aient évolué. Cet appareil dispose du même système de couleurs, ce qui était crucial et d’un moteur d’effets identique avec des prismes superposés. Il dispose également du système breveté SpektraBeam, présent dans l’Ibolt, qui produit un effet de Beams de couleurs différentes. Le LedPointe dispose lui aussi de la technologie Transferable Engine.
SLU : Est-il certifié IP65 ?
Josef Valchar : Il est IP 20 car une certification IP65 aurait alourdi le prix et nous voulions rester abordable mais c’est une possible amélioration qui pourrait être décidée en fonction des retours de nos utilisateurs. Nous avons commencé à expédier les produits en janvier et ils seront rapidement sur le marché.
SLU : Pourquoi ne pas avoir choisi d’utiliser une source Laser ?
Josef Valchar : Nous aurions pu le faire il y a 2 ou 3 ans déjà, mais nous nous sommes abstenus car la réglementation nous semble insuffisante. Personne ne sait vraiment comment utiliser ces sources lasers qui peuvent être dangereuses pour les yeux. Le marché ne me semble pas encore formé à l’utilisation de ce type de source en toute sécurité et ce même sur des salons. Souvent je préfère m’éloigner pour ne pas m’abîmer les yeux quand des faisceaux étroits sont projetés à courte distance. Par ailleurs si quelqu’un est blessé dans un pays comme les Etats-Unis, cela peut provoquer la fermeture d’une entreprise.
C’est la raison pour laquelle nous avons préféré réserver une source Laser dans le iBOLT qui est un projecteur prévu pour de très longues distances auquel nous avons ajouté un dispositif de sécurité qui mesure la distance en temps réel. Il a été spécialement conçu pour protéger les techniciens qui pourraient être exposés pendant l’installation, la programmation ou lors des répétitions car nous sommes partis du principe que les équipes engagées ne sont pas forcément formées aux bonnes pratiques. L’Europe n’est pas aussi stricte que les Etats-Unis et la FDA en la matière. D’ailleurs cela nous a pris un an pour gérer tout l’administratif nécessaire à la dérogation nous permettant de faire fonctionner le iBOLT au LDI de Las Vegas. Aujourd’hui cette dérogation doit être utilisée par chaque entreprise utilisant ce produit aux USA. Cela implique des formalités administratives et une formation.
SLU : Comment ce système de sécurité fonctionne-t-il ?
Josef Valchar : Si l’on passe devant ce système qui peut mesurer jusqu’à 100 mètres de distance, la sortie est immédiatement coupée. Bien sûr, cela ne résout pas tous les problèmes et il faut aussi définir un espace de travail sûr, où le faisceau puisse être dirigé quand il est large et donc sans danger. L’impact lumineux dans ce cas est beaucoup plus faible et je pourrais même dire que le faisceau devient aussi sûr que celui d’une source LED. »
L’utilisation d’un alliage de magnésium pour les capots du iForte, appareil IP65, a été soumise à des interrogations. Pour rappel, de nombreuses industries l’utilisent à grande échelle, comme l’automobile et aérospatiale, pour fabriquer différentes pièces et à une moindre échelle les boîtiers d’appareils photo professionnels.
SLU : Continuerez-vous à utiliser un alliage de magnésium pour les capots du iForte ?
Josef Valchar : « Nous avons conçu le iForte pour qu’il soit IP65. Mais nous voulions aussi qu’il ressemble au Forte du point de vue des performances, de sa forme et de son poids. Au final je pense que pour 99 % des gens il n’y a pas de différence à l’œil nu entre le Forte et le iForte. Utiliser un alliage d’aluminium pour les capots les aurait rendus plus lourds de près de 40 %. Cela étant dit, le cadre et la structure du iForte sont tout de même en alliage d’aluminium pour maximiser la solidité et cette décision a été très bien accueillie par le marché.
Pour nous, d’une manière générale, il est important de ne pas aller plus vite que le cycle d’achat – vente de l’occasion et de respecter les investissements effectués par les prestataires pour qu’ils ne perdent pas de valeur. Cela est possible tant qu’il n’y a pas de remplacement et pour nous c’est la priorité numéro 1. Cela dit, cette longévité des produits et les options qui les rendent durables peuvent aussi jouer contre nous et donc, même si j’essaie de m’engager sur 7 à 10 ans avant de sortir un nouveau produit, je fais aussi attention de ne pas fragiliser la marque. Nous sommes dans une surveillance attentive du marché.
SLU : Depuis le rachat d’Avolites par Robe en juin 2023 qu’avez-vous déjà mis en place et quels sont vos projets à court et moyen terme ?
Josef Valchar : Nous nous concentrons sur le développement de nouvelles consoles. La Avolites D9 est le produit phare et la D7 l’a rejointe sur un segment de marché très intéressant. Sa taille, ses performances et sa gamme de prix en font déjà un produit qui change la donne. En effet, il est facile de passer d’une D9 à une D7 car les deux consoles utilisent le même logiciel Titan. C’est d’ailleurs aussi le logiciel Titan qui tourne dans l’Arena ou la Tiger Touch, même si leur hardware devient obsolète au bout d’un moment.
SLU : C’est important d’avoir de plus petites consoles dans la gamme ?
Josef Valchar : Nous pensons que les petites consoles peuvent être un bon point de départ pour apprendre à travailler avec Avolites et passer ensuite vers la D7 ou même directement vers la D9, le produit phare. De nouveaux développements doivent sortir vers la fin de l’année et concerner une nouvelle console qui se placera sous la D7. Par ailleurs nous avons aussi pour ambitions de développer un média serveur qui sera géré depuis la console. Ce n’est peut-être pas très visible pour l’instant, mais les résultats sont là et l’ensemble est très performant. C’est un peu le géant caché qui grandit lentement.
Ce sera une autre étape pour amener Avolites là où la marque devrait être en termes de renommée et de résultats c’est-à-dire là où elle était il y a 20 ans et donc avant que d’autres sociétés se développent. Nous fabriquons des projecteurs qu’il faut contrôler. Nous sommes donc conscients des besoins et des enjeux. L’équipe au Royaume-Uni compte 12 personnes en R&D et 60 au total chez Avolites et ils sont prêts à répondre aux besoins des utilisateurs.
SLU : Avez-vous envisagé de délocaliser Avolites en République tchèque là où se trouve le siège de Robe ?
Josef Valchar : Nous n’avons jamais eu cette réflexion car le made in UK a une valeur. Avolites étant une entreprise britannique, elle doit rester en Grande Bretagne. Lorsque nous l’avons rachetée, nous sommes devenus propriétaires de deux bâtiments. Le marché immobilier étant ce qu’il est au Royaume-Uni, il est plus intéressant pour nous de procéder à des rénovations petit à petit plutôt que de déménager. C’est d’ailleurs l’approche que nous avions choisie pour l’Usine Robe en République tchèque. Par ailleurs cela nous permet de rester libres vis-à-vis des banques qui pourraient freiner nos ambitions en cas de crise économique.
SLU : Y a-t-il des différences notables en termes de culture d’entreprise entre Robe et Avolites ?
Josef Valchar : C’est un pays, une langue et une culture différente mais il y a aussi beaucoup de similitudes. Je pense que nous avons une équipe passionnée au Royaume-Uni et nous devons travailler ensemble. Avolites est sur le marché depuis bientôt 50 ans et bien sûr, il faut du temps pour comprendre les processus internes, et les faire évoluer pour les amener là où nous aimerions qu’ils soient. Mais il est certain que nous sommes sur la bonne voie pour avoir un impact sur le marché avec de nouveaux produits.
Nous avons déjà fait évoluer le réseau de distribution qui est maintenant géré par Robe aux États-Unis, en Allemagne, en France et au Moyen-Orient ou par nos distributeurs à l’exception de Singapour. La même chose se produit avec LSC Control Systems basée en Australie à Melbourne. C’est une société spécialisée dans les racks de distribution électrique acquise par Robe l’année dernière. Ils fabriquent également de petites consoles d’entrée de gamme qui ne sont pas en concurrence avec Avolites, mais aussi des interfaces DMX, Artnet, DMX DALI, des splitters DMX, etc. Avec ces nombreuses passerelles créées nous sommes maintenant présents dans l’alimentation électrique, les lumières et le contrôle. »
Plus d’informations sur le site Robe Lighting France