Scenotek renouvelle l’audiovisuel d’une église des années soixante

Affectée d’une acoustique rebelle et d’une sonorisation dépassée, l’église Saint Vincent de Paul de Reims est désormais équipée en audio et vidéo de manière pertinente, évolutive et ergonomique, grâce à un système entièrement pensé et installé par Scenotek.
Implantée dans un quartier de la Cité des Sacres construit pour répondre à l’explosion démographique de la fin des années 1960, l’église Saint Vincent de Paul est emblématique de l’engouement pour le béton brut caractéristique des édifices de l’époque.

L’église Saint Vincent de Paul de Reims, du béton dans le béton des années soixante.

Commencée en 1967 et achevée en 1969, de forme circulaire et coiffée d’un toit conique avec une charpente en lamellé-collé, elle est labellisée « Patrimoine du XXe siècle » (architectes Robert Camelot, René Serraz, Bléhaut Jacques). Comme on peut s’y attendre, elle présente un véritable traquenard acoustique, d’autant que le chœur est adossé à un mur en arc de cercle en béton lisse, très réfléchissant.

L’ancienne sonorisation faisait appel à 4 enceintes colonnes disposées horizontalement au-dessus du mur en béton, juste sous le plafond, tout autour de l’assistance, mais plutôt à l’arrière. Tout cela relevait d’une esthétique surannée et ne faisait plus tellement l’affaire d’une parole forte et intelligible venant de l’avant, et accompagnée de musique live.

Vue générale de l’intérieur de l’église, avec les deux enceintes RCF NXL 24-A Mk2 suspendues et le chœur équipé de ses 4 micros de voix, avec le mur en arc de cercle derrière.

Résoudre une équation acoustique difficile

Sébastien Morin, à la tête de sa société Scenotek, a refait une installation complète correspondant aux attentes de la paroisse et aux standards récents. Au niveau de la diffusion, la formule retenue est un simple gauche-droite avec deux enceintes amplifiées RCF NXL 24-A MK2.

Une des enceintes bi amplifiées RCF montrant le système d’accroche constitué d’étriers conçus par Scenotek, adaptés à la forme de la charpente et du matériel standard de RCF.

Ces colonnes superposables, sont équipées de 4 transducteurs de 6” (15 cm) formant une source en ligne, d’une chambre de compression de 3” et de 2 100 W crête d’amplification en classe D (1400 + 700 W).
Elles sont suspendues la tête vers le bas au moyen d’étriers conçus et réalisés par Scenotek, complétés par le matériel d’accroche prévu par RCF.

Elles sont plutôt larges pour des colonnes, mais elles ont été choisies selon deux critères : d’une part la possibilité d’obtenir un niveau sonore assez élevé, et d’autre part, une diffusion uniforme de 100°x 30°, qui permet de couvrir quasiment toute l’assistance, disposée en éventail autour du chœur.
La position des enceintes permet de s’affranchir dans une large mesure des réflexions les plus gênantes. Seul petit bémol, il faudrait compléter légèrement la couverture sur les bords extrêmes avec deux petites enceintes de remplissage…


L’espace réservé aux musiciens avec sa forêt de micros.

En ce qui concerne la captation des voix, les deux pupitres sont équipés de micros à col-de-cygne (il y en a 4 au total). L’autel est (provisoirement) équipé lui aussi de ce type de micro, mais sa position ne donne pas entière satisfaction, du fait du mur en béton qui se trouve derrière.

Des essais avec un micro de surface n’ont pas été très concluants eux non plus. C’est un des quelques points qui restent à optimiser. De l’aveu de Sébastien Morin, ce genre de bâtiment est acoustiquement bien plus problématique qu’une grande bâtisse gothique comme la cathédrale de Soissons (voir article SLU ici). L’installation dispose aussi d’un micro HF.

De la musique live toutes les semaines !

La particularité de cette église est de faire largement appel à la musique. Aussi s’est-elle dotée de moyens de la diffuser convenablement. Avant cette mise à jour salutaire, l’église faisait appel à un complément de matériel fourni par un prestataire de la région parisienne, l’ancienne sono étant totalement inadaptée à cet usage. Désormais, le système audio de l’église prend en charge la musique live aussi bien que les messes.

Pour ce faire, à droite de l’autel, le groupe musical dispose de 6 micros filaires et de deux boîtes de direct actives pour le raccordement des instruments. Les micros sont une association de deux exemplaires du célébrissime SM58 Shure et quatre ADX-51 Audix, retenus pour leur qualité et leur prix plus avantageux que certains concurrents plus réputés.

Les micros des musiciens ; le célébrissime Shure SM58 et l’Audix ADX-51.


Les raccordements du groupe musical sont réalisés par un multipaire Klotz et deux boîtes de direct Audiophony… le tout libre au sol dans un certain désordre apparent…

Les boîtes de direct sont des BDA-100 Audiophony (choisies selon les mêmes critères). L’ensemble des micros est relié à la régie via un multipaire Klotz terminé par un boîtier de scène (12 liens). Les indispensables retours de scène sont assurés par des moniteurs intra-auriculaires sans fil Shure PSM300.
Tout est complet, d’autant que l’église s’est également dotée de capacités vidéo, aussi bien pour la diffusion locale (un écran orientable est disposé de part et d’autre du chœur), que pour une éventuelle diffusion en streaming.

Simplicité et ergonomie

La baie d’électronique, où on distingue, de haut en bas, deux emplacements destinés au récepteur de micro HF et au lecteur de CD (pas encore livrés), les deux émetteurs des retours intra-auriculaires Shure, la console A&H Qu-Pac, l’interrupteur, le tiroir de rangement, l’onduleur, et la partie vidéo escamotée.

Toute l’électronique a été installée dans une petite baie localisée sur le côté droit du chœur, à proximité du groupe de musiciens, ce qui est bien plus pratique que l’ancien emplacement du matériel, dans un placard dans la sacristie (derrière le fameux mur en arc de cercle qui réfléchit le son du chœur).

Tout le traitement audio est concentré dans une console Allen & Heath Qu-Pac, avec des presets minutieusement ajustés, directement accessibles par une simple touche de la face avant. Il n’y a que deux « scènes », l’une pour les offices et l’autre pour les concerts, ce qui est très simple.

La seconde met en œuvre les retours, et leurs réglages de volume sont accessibles individuellement (ce sont les seuls réglages à la disposition des utilisateurs). La partie supérieure de la baie est consacrée à l’audio. Elle contient en particulier la console A&H et les deux émetteurs de retours HF Shure P3T.


L’écran de la console donne aux utilisateurs l’accès à un nombre réduit de réglages pertinents à l’intérieur des deux « scènes » (office et musique).

Les deux compartiments supérieurs sont réservés respectivement pour le récepteur de micros HF Shure et un lecteur de CD. Provisoirement, la liaison micro HF est assurée par un autre système installé en volant. Sous la console, un tiroir permet de stocker divers accessoires, dont les retours intra-auriculaires et leurs récepteurs.

L’un des récepteurs de retours Shure avec son écouteur.

L’ensemble est alimenté par un onduleur et est conçu de manière à ce que la console soit en permanence sous tension, seuls les organes périphériques sont commutés par l’interrupteur secteur. On remarquera que la baie ne comporte aucune amplification, celle-ci étant intégralement incluse dans les enceintes actives.

La moitié inférieure de la baie est consacrée à la vidéo, avec d’une part un moniteur à écran plat, qui s’escamote horizontalement dans la baie ou se place en position verticale grâce à un astucieux système de vérin dont Sébastien Morin a le secret, et un tiroir qui porte la mini-régie vidéo, constituée d’un mélangeur ATEM Mini Pro de BlackMagic Design, associé à un splitter HDMI pour la distribution des signaux.


Vue de la baie avec la section vidéo déployée.

Un ingénieux système de vérin permet de sortir le moniteur vidéo qui s’escamote horizontalement dans la baie lorsqu’il est inutilisé.


Compte tenu de la distance, les écrans sont desservis par des câbles HDMI optiques (le câble est en fibre, et chaque extrémité inclut un convertisseur optique/électrique auto-alimenté).

Une intégration architecturale exemplaire

Sébastien Morin teste la validité de certains réglages.

L’une des caractéristiques de cette installation est sa grande discrétion. Les câbles des enceintes (secteur et signal) circulent entre les poutres et le plafond. Les câbles micro sont reliés à des prises, passent dans les murs et dans des goulottes (derrière le mur en arc de cercle), puis le plus gros du toron est dissimulé sur le mur qui forme comme une corniche juste sous le plafond, avant de descendre vers la baie.
La seule partie un peu en désordre est l’emplacement du groupe musical, desservi par le multipaire et sa boîte de sortie posés au sol, vers laquelle les câbles des micros, des boîtes de direct et les boîtes elles-mêmes sont un peu livrés à eux-mêmes au sol. À terme, si on excepte le petit coin réservé aux musiciens et les deux enceintes au plafond, l’installation ne devrait montrer que la baie, normalement fermée par une porte vitrée, lorsque les matériels en attente auront été livrés et que leurs remplaçants provisoires auront été enlevés.

Un contexte difficile

Comme nous l’avons vu, certains produits manquent encore à l’appel. Sébastien Morin nous confie que, dans le contexte actuellement défavorable à une « fluidité » des affaires, les problèmes de livraison se multiplient et de plus en plus, le critère de disponibilité et/ou délai de livraison prime sur les considérations purement techniques, obligeant parfois à des changements d’orientation en cours de route. De ce fait l’optimisation des projets devient plus délicate… et parfois mission impossible.
Quoi qu’il en soit, cette église à l’acoustique rebelle mais aux grandes ambitions bénéficie désormais d’un son de qualité, puissant et intelligible pour la voix comme pour la musique, et de capacités audiovisuelles.

Plus d’infos sur le site Scenotek et sur le site RCF

 

Crédits - Texte & photos : Jean-Pierre Landragin

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