Son made in Belgium

Focus sur Audiofocus

La société belge Audiofocus nous a accueillis pour une démo de ses enceintes. Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, les belges savent aussi construire des enceintes, et des bonnes. Il est vrai aussi que cette marque est installée à Ciney, une ville qui a donné son nom à une bière qui l’est tout autant. Mais on s’égare…

Banc d’essai Audiofocus avec à gauche un stack de FR-X 12a et à droite un stack de FR-X 15a. Un line-array Ares 8 et au centre un line array Ares 12. Les 6 subs sont des MTSub218 MKII

Nous voilà à Ciney près de Namur pour jeter notre oreille sur une gamme de wedges, de line-source et de line-array d’Audiofocus. Thomas Destrée, ingénieur du son responsable de la démo à laquelle nous allons assister, nous accueille et nous emmène pour un rapide tour de l’usine avant de nous convier à une écoute à l’arrière de l’entrepôt où nous attendent 4 références de têtes et 12 subs. Un champ libre, idéal pour un test, notamment des deux line-arrays prévus au menu.

Le test son commence avec la gamme des FR-X.

Arrière d’un FR-X 15 avec le X-comb et le switch permettant d’activer le mode even et le mode odd.

Ces enceintes actives en 12 et 15’’ sont prévues en PA pour de petites audiences ou en front-field assez compacts sur de plus gros événements. Elles sont soit composées d’un HP 12 pouces néodyme couplé à un moteur 1,4 pouces cette fois-ci à aimant ferrite, soit d’un 15 pouces avec le même moteur. La boîte est processée et amplifiée par un module Powersoft intégré à la face arrière. C’est d’ailleurs une constante chez Audiofocus qui développe un partenariat très proche avec la marque italienne.

Schéma du principe de couplage des boîtes grâce au X-comb.

Le guide d’onde est très facilement pivotable sur 90°, ce qui permet d’ouvrir la boîte soit à 80° en horizontal et 30° en vertical, soit l’inverse. La mécanique est bien pensée, le technicien ne doit même pas sortir son Leathermann pour changer le réglage d’ouverture. L’originalité de ces boîtes réside dans la possibilité de les coupler en montage à courbure constante et de les accrocher ou bien de les poser en fonction des besoins.

Un montage de trois FR-X12a, un assemblage à courbure constante idéal pour des petites salles ou des clubs.

Le raccord entre les guides d’onde se révèle très réussi grâce à un système breveté par Audiofocus appelé X-Comb, qui repose autant sur la forme du guide d’onde que sur un filtrage FIR et un processing effectué par les DSP Powersoft (n’insistez pas, on a essayé d’en savoir plus mais chuut, c’est secret défense).
Pour permettre ce couplage, Thomas a, au préalable, appuyé sur le switch arrière activant le X-Comb. Une boîte sur 2 est sur le mode « even » la seconde sur le « odd ». A l’écoute, les FR-X 12 sont convaincantes. Pas besoin d’être ingé système pour reconnaître que la transition entre boîtes se passe vraiment bien, autant avec les FR-X 12a qu’avec les FR-X 15a.

Le rigging des FR-X permet une accroche de type line-array par exemple pour des installations fixes. Bref, ces modèles me semblent être une alternative intéressante à des boîtes de marques Premium.

Pour la suite du test, Thomas nous passe volontairement les mêmes morceaux que pour la démo des FR-X de manière à garder un point de référence. Il nous précise également à ce moment que nous écoutons la totalité des systèmes totalement « flat ». Pas de processing externes, pas d’égalisations flatteuses … rien ! En théorie on pourrait chicaner, et dire que la mise en phase top/sub n’était pas optimale !
En pratique nous avons apprécié l’honnêteté de la démo, on nous fait écouter les boîtes sorties de leur carton ! C’est loin d’être le cas chez tous les fabricants. Audiofocus souhaite que les clients potentiels écoutent le système tel qu’il sonnerait sur une prestation où le temps manque pour caler le système (ce qui arrive parfois encore).

Place aux Line-Arrays et aux gouttes

4 Ares 8a et un sub B18a. En connectant ensemble en RS 485 les modules ampli et processing, il est possible de prendre la main avec Harmonia, le soft de Powersoft qui ne cesse de gagner en fonctions.

Deuxième phase d’écoute, on passe au sérieux et Thomas décide de mettre la gouache : le décibelmètre indique 103 dBA à la console. On écoute désormais l’Ares 8, deux lignes composées de 6 boîtes par côté. Ce line-array relativement compact est la boîte la plus vendue de la marque. La caisse est composée de 2x 8’’ Faital Pro et d’un moteur 3’’ à sortie 1,4’’ et dôme titane. La directivité est de 110 x 7,5°.
Elle existe en deux modèles. La première classique en deux voies actives est livrée avec des amplis Powersoft et les presets adéquats. La seconde embarque directement la bi-amplification Powersoft et le DSP. Malgré 4 presets pré chargés, il est possible en option la prise de contrôle du processing à distance.
A l’écoute ça sonne et même bien ! Le spectre est équilibré et les subs complètent bien le bas du spectre forcément limité avec 6 boîtes par côté, des 8’’ et qui plus est en extérieur ! C’est sec, précis et ça va fort. En champ proche, la boîte est convaincante. En champ lointain en revanche on perd en précision. Ce line array n’est pas conçu pour des jauges de plus de 5000 personnes.

Le gros système d’Audiofocus, l’Ares 12a.

Vous allez me dire … pour des salles de cette importance, il faut monter en gamme, il faut du gros système. Bref, il faut l’Ares 12a, le gros système d’Audiofocus et ça tombe bien, il est en démo également. Composé de boîtes à trois voies actives, il embarque aussi des modules Powersoft, sans doute des Digimod à 4 canaux, qui assurent amplification, processing et communication.
Deux 12’’ en charge bass reflex pour le bas, huit moteurs 3’’ pour le médium et deux 1’’ pour l’aigu assurent le spectacle, les 8 moteurs médium débouchant dans le guide d’onde externe. La directivité est de 110 x 7° et le SPL Max atteint 134 dB dans le grave et 143 dans le médium et aigu. On joue dans la cour des grands. Dès que le potard est levé, on se sent totalement recouvert par le système.
Le medium est précis et, malgré la pluie bien belge qui s’est invitée, le couplage top/sub donne envie de tester plus longuement le PA. J’ai beau m’éloigner, le champ proche dépasse les 40 m alors qu’il n’y a que 8 boîtes lors de ce test.

Roue d’angulation de l’Ares 8

Après cette courte démo de l’Ares 12a, nous rentrons dans l’usine car le temps ne permet plus de survivre en extérieur. Le moment est opportun pour approfondir les détails de la série Ares.
Sachez que toutes les boîtes sont équipées de pins aimantées (ce qui aide grandement au montage du système), les possibilités d’angulation se font à 0,5° près. On remarque que les angles gravés sur l’accroche sont notés de manière claire et qu’il y a des repères utiles afin de ne pas se tromper lors du montage. On apprend également que toutes les frames de la marque sont faites en acier, ça se sent point de vue poids. La raison : l’acier plie, mais ne casse pas.

La Belgique et son climat si accueillant…

Quelle marque sérieuse n’a pas un 12’’ et 15’’ coaxial à son catalogue ;0)

Nous profitons également de ce passage à l’intérieur pour écouter les CM 12a et CM 15a, deux enceintes coaxiales au format wedge basées sur les mêmes technologies que celles utilisées par les FR-X : ouverture de la boîte variable (Very Easy Rotatable Speaker, VERS) et ampli Powersoft intégré ce qui permet de bénéficier du mode X-Comb, même si la nature de l’émission conique de ce type d’enceinte limite son apport.

Le CM 12a (gauche) et son grand frère le CM 15a (droite)

Le CM 15a intègre un raincover. Si on y brode le logo de la société : pub assurée.

Le guide rotatif de la CM 12a, il équipe aussi la CM15a, et qui donne la possibilité d’adapter la directivité en mode plutôt wedge en 60 x 80° ou PA en 80 x 60°

L’ouverture du guide elliptique placé devant la sortie du moteur est de 80 x 60, mais peut basculer en moins de 30’’ et sans outils en 60 x 80. Ces deux références coaxiales en 12 et 15’’ sont indispensables pour lutter à armes égales lors des appels d’offre des théâtres et autres salles polyvalentes. Le coaxial permet en plus une précision de phase inégalable.
On est tous impressionnés par la résistance au Larsen, ça va fort ! Très fort, à en faire saigner nos oreilles si j’ose dire. Enfin, cerise sur le gâteau, deux petites options fort appréciables sont prévues pour ces enceintes : premièrement un raincover arrière qui permet par exemple de broder le logo de la société de location et accessoirement protéger le module actif, ensuite, des embases à angle variable pour pieds HP.

C’est à ce moment que Xavier Marchal (co-fondateur de la marque) et Anne Leroy (CEO) nous rejoignent, ce qui nous permet de compléter notre information.

Xavier Marchal, co-fondateur et développeur d’Audiofocus.

Ces deux collègues se connaissent depuis plus de 25 ans. Ann nous explique qu’à la base, Audiofocus était une entreprise familiale. Au fur et à mesure des années, la compagnie a grossi et elle emploie désormais 27 personnes, le terme familial ne semble donc plus opportun pour décrire ce fabricant.
On sent cependant que tous les employés se connaissent et aiment travailler ensemble, tous mettent la main à la pâte ce qui permet à Audiofocus de sortir pas moins de 300 boîtes par mois. Xavier met en avant la rapidité avec laquelle la société peut réagir face à une commande importante.
Exemple simple : des clients qui avaient assisté avec nous à la démo souhaitaient acheter 12 retours CM 15a, Xavier leur a annoncé un délai de 15 jours avant livraison…balèze ! Ce délai extrêmement court s’explique principalement par le fait que tout (ou presque) est fait soit en interne soit en sous-traitance locale. Les boîtes sont 100% européennes… en son, tout comme aujourd’hui en matière de nutrition, la tendance est au local !

Les amplis intégrés Powersoft avant leur placement dans les enceintes

Lors de la visite, nous passons devant la chambre de peinture… Xavier insiste sur cette pièce, la peinture utilisée depuis peu est de la PU (Polyuréthane), c’est ce qui se fait de plus résistant. La finition des boîtes est impeccable, hors de question pour Anne et Xavier d’avoir une impression de finition différente sur des enceintes identiques. Mais un peu comme la chambre fermée à clé de Barbe Bleue, un local ne nous a pas été présenté.
En nous dirigeant vers la sortie, nous nous permettons de demander à Xavier ce qui se cache dans la pièce qui se trouve derrière lui. Il éclate de rire puis nous dit « Ca c’est la destroy room !». C’est en quelque sorte leur chambre de torture pour HP et ampli. Chaque prototype y est martyrisé. Que ça soit en lui faisant endurer de fortes chaleurs pendant plusieurs heures ou en faisant varier la tension d’alimentation, tout y passe !

Xavier précise : « De temps en temps, on passe quand même renifler, des fois que ça sentirait mauvais !» A l’avenir la société envisage même la possibilité d’aménager un droptest afin de vérifier la résistance aux chocs de ses enceintes.

Conclusion

A la fin de la visite nous ne pouvons qu’être optimiste. De bonnes boîtes, solides, locales et… à un prix serré ! Voilà qui devrait en convaincre plus d’un. En tout cas, nous sommes tout simplement impatients d’entendre le rendu final en situation réelle … Après tout, faire sonner « Everybody Here Wants You » de Jeff Buckley sur un système n’est pas trop difficile. A quand l’écoute avec un bon groupe et vrai sondier ? Bientôt c’est certain.

D’autres informations sur le site Audiofocus

 

Crédits -

Texte & photos : Brice Coulombier et AudioFocus

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