Si nous vous avions déjà parlé des petits génies de Minuit Une, jeunes entrepreneurs français talentueux sous l’angle de l’innovation avec leur M-laser, nous revenons aujourd’hui sur l’accueil que leur ont réservé les professionnels depuis leur arrivée sur le marché.
C’est lors d’une démonstration à Paris que nous les avons interrogés en croisant leur perception avec celle d’Eric Barthélemy, Co-Président du groupe B Live qui a accompagné leur lancement commercial, et du designer lumière Olivier Germain.
Ils nous invitaient à une démo à couper le souffle, emmenant autant de bonnes vibes visuelles que structurelles pour la start-up lauréate des Grands Prix de l’Innovation de la Ville de Paris catégorie « Industries Numériques Créatives et culturelles ».
Il faut dire qu’un an après leur lancement commercial, en plus des 3 tournées d’artistes d’Allo Floride, les produits Minuit Une accompagnent les tournées de Patricia Kaas (avec le lighting designer Regis Kolczynski), Broken Back (Camille Jourdain), Slimane (Vincent Haffemeyer), du groupe métal néerlandais Epica (Erwin Van Lokeren) et un artiste allemand de premier plan dont la tournée a démarré en mars avec 20 produits sur scène !
C’est en effet forte d’un nouveau partenariat avec le groupe B Live, et d’une collaboration artistique avec le designer lumière Olivier Germain, que Minuit Une présentait sa M-Pyramide mais aussi son M-Carré, à présent disponibles en source 10 W, et constamment améliorés pour plus de possibilités techniques et visuelles.
Ce show, conçu par Olivier Germain, offrait un écrin à la mesure de 6 M-Pyramide et 4 M-Carré Minuit Une, associés à 18 Spectron Martin, 6 B-Eye K10 Claypaky, mis en action sur une musique – 2020 de Suuns – en osmose totale avec l’ambiance visuelle. Du futur à portée de main, pour bouleverser le produit d’éclairage, la source laser, la relation entre la scénographie, la musique et la lumière et, surtout, celle des acteurs investis dans le développement de ce projecteur pas comme les autres.
Un partenariat de confiance et de passion
En ayant un comportement de précurseur, c’est sans beaucoup d’hésitations que le Groupe B Live a décidé d’engager un partenariat avec Minuit Une, et une exclusivité sur les produits en collaboration avec l’éclairagiste Olivier Germain, séduit par les projecteurs et enthousiaste à l’idée de les utiliser en tournée pour le visuel de ses artistes.
SLU : Comment est née cette rencontre entre B Live, Olivier, Allo Floride et vous ?
Aurélien Linz (co-fondateur de Minuit Une) : “Tout à commencé avec Olivier Germain qui a répondu très vite à nos sollicitations dans notre démarche de collaboration avec des éclairagistes et a perçu tout le potentiel du produit.”
Éric Barthélemy (Co-Président de B Live) : “C’est d’abord une histoire de rencontre, comme souvent. Présenté par des amis communs, Olivier Germain m’a parlé de ses projets et du produit Minuit Une qu’il souhaitait y intégrer. Son discours, son enthousiasme et la façon dont il envisageait une possible collaboration nous ont séduits et ont suscité notre curiosité. Olivier nous a mis en relation avec Aurélien et Eric de Minuit Une, qui nous ont montré les carrés et les pyramides.
Nous avons vraiment été bluffé par ce que nous avons vu, la variété des effets, la dimension immersive, dont nous pouvions facilement imaginer l’usage aussi bien sur un concert électro que dans de l’événementiel. Nous avons aussi apprécié le discours de ces jeunes entrepreneurs, qui, au-delà d’être des créateurs talentueux, ont à la fois une véritable ambition, le courage de se lancer dans ce type d’aventure et une démarche pragmatique et réaliste. Nous avons finalement un ADN assez similaire. C’est cet ensemble de raisons qui nous a donné envie de faire le pari Minuit Une, et de les accompagner à un moment aussi sensible de leur développement.”
Pyr to Pyr from Gymkhana on Vimeo.
SLU : Comment se définit concrètement le partenariat ?
Olivier Germain (concepteur lumière) : “J’ai toujours vu la dimension très innovante et le potentiel des Pyramides, mais il fallait trouver un moyen de lancer et de développer le produit. La rencontre avec B Live s’est faite au meilleur moment, peu après que je découvre le projecteur. Nous avons tout de suite envisagé une approche globale, impliquant à la fois le fabricant, le prestataire et le créatif, l’idée étant de mettre nos énergies et nos compétences en commun pour partager les retours d’expérience et accélérer les derniers développements et améliorations du produit de Minuit Une pour permettre son utilisation optimale dans les différents environnements techniques et artistiques dans lesquels il peut être déployé.
De mon côté, je travaille actuellement avec une production qui s’appelle Allo Floride, qui elle aussi a décidé de s’engager avec B Live pour offrir ces produits Laser à ses artistes. J’ai donc emmené les M-Laser en tournée avec Clément Bazin, ou les DJs Pfel & Greem (de C2C) et sur des designs complètement différents me permettant d’exploiter toutes les possibilités des Pyramides et des Carrés, de la douche aux effets. Ensuite, c’est la tournée de Møme, commencée aux Trans Musicales de Rennes, qui fut, pour nous tous, une belle concrétisation du lien entre B Live, les projecteurs de Minuit Une, et le design que j’ai imaginé.”
Éric Barthélemy : “Nous sommes aujourd’hui le seul prestataire en France à avoir investi dans les produits Minuit Une, et bénéficions d’une exclusivité jusqu’à fin juin. Notre relation va plus loin qu’une simple relation entre un client et son fournisseur, puisque nous travaillons ensemble sur la commercialisation du produit. Sur le plan technique, Nicolas Savigny, le Directeur Technique Lumière et Vidéo du Groupe, et ses équipes, notamment Thiebaud Richard, ont beaucoup travaillé pour améliorer les produits”.
B Live a en effet fait le choix courageux d’investir dans 40 projecteurs avec une réelle confiance dans le produit et son potentiel, ce qui ne se voit plus si souvent chez les prestataires hexagonaux…
Nuit Blanche 2016 from Minuit Une on Vimeo.
SLU : D’habitude les prestataires achètent du matériel pour une tournée, selon des besoins précis, ça n’est pas le cas ici ?
Aurélien Linz : “C’est vrai que lors de notre lancement, on a rencontré beaucoup de prestataires qui étaient intéressés par le produit, mais ne souhaitaient pas investir sans avoir la garantie de pouvoir le rentabiliser sur des tournées clairement identifiées. B Live aurait pu se contenter d’acheter quelques appareils, qui correspondaient aux besoins du designer pour une opération précise.
Au lieu de ça, ils ont fait le choix d’investir immédiatement dans une série de 20 machines, puis dans une deuxième série de 20 quelques semaines plus tard. C’est un signe très fort de la confiance qu’ils ont dans le potentiel du produit. Et ça nous a permis de crédibiliser notre démarche et d’avancer dans l’industrialisation de la production. ”
Éric Barthélemy : “Et nous ne regrettons pas ce choix ! Les 20 premières machines ont été livrées à l’automne, et dès janvier, notre parc n’était plus suffisant pour faire face à la demande. Ce ne sont pas que des paroles. C’est à nous d’avoir un peu de courage pour miser sur des gens dans lesquels on croit.
Et c’est aussi comme ça que peuvent démarrer de belles histoires. L’idée que grâce à ce partenariat, nous contribuons au véritable démarrage de cette jeune entreprise, est plutôt sympathique, non ?”
SLU : Donc l’exclusivité jusqu’à juin est limitée a la France.
Aurélien Linz : “Oui, nous gardons toute liberté de vendre nos produits à l’étranger.”
SLU : Comment s’organise le SAV ?
Aurélien Linz : “Nous assurons le support technique aux équipes de B Live, surtout sur cette première série, l’idée étant au départ de former des référents chez B Live pour qu’ils soient autonomes le plus rapidement possible. Nous avons conçu des produits aussi robustes que possible, pour servir nos ambitions de développement à l’international, sachant que la maintenance est toujours potentiellement un frein.
Nos produits demandent finalement peu de maintenance : les sources de pannes sont réduites, mécaniquement le concept est stable, le M-Laser n’est pas une machine de guerre comme les automatiques très lourds techniquement ! Encore une fois, l’objectif et de permettre aux prestataires d’assurer le SAV de base eux-mêmes.”
Révolutionner l’expression visuelle, entre envie et audace
SLU : C’est donc une histoire qui démarre bien !
Éric Barthélemy : “Tout-à-fait. Il y a quelques mois, nous avons fait un choix, donc pris un risque, et aujourd’hui, nous sommes satisfaits des premiers mois d’exploitation du produit. Nous sommes toujours convaincus par le potentiel des pyramides et des carrés, et voyons une jeune entreprise avancer et progresser. Et nous avons encore beaucoup de travail à faire ensemble pour que les produits donnent leur pleine mesure, notamment dans l’événementiel.”
Aurélien Linz : “Nous avons tous pris des risques, comme Olivier qui a fait confiance au projecteur comme outil, notre investissement dans sa création, et B Live dans son investissement financier.
SLU : La nouveauté d’une jeune entreprise avec un produit qui est un concept à lui tout seul soulève des interrogations, mais les aspects techniques d’une source laser aussi ?
Aurélien Linz : Bien sûr, la nouveauté génère des interrogations. On a souvent entendu que même si la M-Pyramide était un beau produit, elle était difficile à placer, de par sa forme. On a donc créé le M-Carré et obtenu des retours enthousiastes pour cette forme plus « neutre ». Au final aujourd’hui on est à 50/50 sur les utilisations de ces deux formes.
SLU : Le fait que vous sortiez d’une école d’ingénieurs vous rend aussi plus audacieux ?
Aurélien Linz : On a quand même bénéficié d’un écosystème d’aide à la création de start-up, donc nous développons une entreprise et un produit en même temps. Nous somme lauréat 2016 du Concours d’Innovation de la Ville de Paris, dans la catégorie « Industries Numériques Créatives et Culturelles. Nous avons été élus par de grands groupes, des politiques, et des institutionnels, à qui nous, petits Minuit Une, avons parlé de lumière et de scénographie, alors qu’aujourd’hui les start-up sont dans le digital, et bien loin du spectacle vivant…
Ici encore, on donne une image et une visibilité de ce marché très différente, plus moderne. De la même façon, nous allons réaliser un show pour la cérémonie de remise des diplômes de notre école d’optique, devant des chercheurs qui vont voir que le laser peut aussi servir à faire danser et rêver des gens !
Nous avons la volonté de montrer que derrière un beau spectacle, il y a de beaux objets technologiques avec de bons techniciens au service d’un visuel de qualité. Nous développons des outils pour que l’ensemble des acteurs du marché travaille à encore plus améliorer le plaisir visuel des spectateurs.”
Un objet, deux formes, mille possibilités
SLU : Le projecteur dispose-t-il d’une charte DMX comme un automatique ?
Aurélien Linz : “Oui, nous avons deux modes, 25 et 45 canaux, retravaillés et étendus grâce à nos échanges avec Thiebaut Richard et Nicolas Savigny.
Nous sommes en RGB avec un contrôle des teintes et la possibilité d’avoir des pastels, ce qui est un plus pour un laser.
SLU : La Pyramide et le Carré sont deux projecteurs différents ?
Aurélien Linz : Non, nous avons les mêmes drivers pour toute la gamme, les miroirs sont au même endroit dans les deux projecteurs. En fait c’est juste le plexiglas qui est proposé sous deux formes, pyramidale et carrée. Nous vendons le produit avec ces deux options directement pour plus de flexibilité dans les implantations.
SLU : Par contre, vous avez abandonné les modèles 5 W pour ne proposer le produit qu’en 10 W
Aurélien Linz : En effet, pour exister au sein d’un vrai kit lumière avec d’autres projecteurs automatiques de forte puissance, le 5W semblait un peu limite. D’ailleurs B Live a acheté des 10W qui, de toutes façons sont graduables avec un dimmer linéaire.” (Forcément un peu « cut » en début de course, sur une source laser…NDA)
Le laser qui fait rêver en toute sécurité
SLU : Justement c’est un Laser, avec toutes les contraintes de sécurité inhérentes. Quelle distance de sécurité préconisez-vous ?
Aurélien Linz : “Nous avons été audités par un organisme indépendant qui est venu effectuer les mesures, et nous avons une DNRO (distance nominale de risque oculaire) de 3 m, même avec la source 10 W. Cela signifie qu’à partir de 3 mètres il est aussi inoffensif qu’un laser de classe 2. Ces 3 m sont importants bien sûr pour la sécurité, mais aussi pour le produit en lui même. Plus il a de volume, plus il existe !
SLU : Cette distance paraît peu élevée pour un Laser de 10 W
Aurélien Linz : En fait la technologie embarquée n’a plus grand chose à voir avec ce qui se faisait auparavant en laser, et la grande particularité de notre système c’est que nous créons un plan à 360° dans le projecteur. Contrairement aux lasers classiques équipés de moteurs pas à pas en X et Y, nous avons un plan à 360° avec un moteur en rotation continue, incliné à 45° qui va tourner très vite (20000 tours/minute) ce qui transforme le laser en un laser pulsé à une fréquence de 333 Hz (là où les lasers sont en général à 30 Hz) et faire que, pour l’œil, le faisceau n’est jamais totalement fixe, même si on le voit comme tel.
Les 4 miroirs viennent renvoyer le faisceau, dans le plan orienté vers le public, et on obtient le même phénomène que quand on passe très vite son doigt sur la flamme d’une bougie, et qu’on ne se brûle pas ! Les yeux, c’est pareil mais avec des temps beaucoup plus courts. Pour un faisceau laser classique, compte tenu du fait qu’il peut être à une vitesse quasi nulle sur les bords d’une figure (là ou le miroir fait demi tour), le temps d’exposition pour l’œil est de 0,25s, alors qu’à 333 Hz, le temps d’exposition de l’œil au faisceau (inférieur à 3 microsecondes) est plus court que le temps que ce dernier met à absorber son énergie (environ 18 microsecondes).
De plus, avec cette fréquence à 333 Hz on évite les effets de balayages en TV (fréquents avec les 30 Hz combinés aux caméras à 50 Hz) et surtout, on n’a plus besoin d ‘utiliser des logiciels comme Pangolin qui venaient compenser le manque de sécurité oculaire par des procédures et calculs complexes, et ainsi on peut bénéficier d’un mode de contrôle en DMX.
Entre cette distance de sécurité réduite à 3 m et le contrôle par paramètres, nous élargissons les possibilités du laser et produisons une lumière douce, confortable et sécurisée.
SLU : Comment est définie cette distance de 3 m ?
Aurélien Linz : Pour les lasers il y a la classification, mais aussi la distance nominale de risque oculaire, (DNRO). C’est ce qu’on peut nommer la « distance de sécurité», et qui signale que, au delà de cette distance, le produit ne présente absolument aucun risque. La norme sur le laser est la plus stricte de toute en France, et la DNRO a été conçue en fonction de l’éblouissement (on commence d’ailleurs à en parler pour les LED). L’éblouissement c’est comme un signal de douleur, quand on a une image qui reste sur la rétine, qui créé une dégradation temporaire de l’œil.
Mais, l’éblouissement peut aussi déconnecter de la musique et ne pas créer une vraie harmonie visuelle avec l’ensemble du spectacle. Notre produit crée un lien confortable entre le public et la scénographie.
Cette valeur de DNRO, les fabricants de laser l’occultent volontiers dans un intérêt commercial alors que c’est le meilleur moyen de caractériser un système laser, et de définir un périmètre de non risque oculaire autour du produit. Ainsi, nos 3 m et toute l’installation en elle même (barrières, zone de sécurité, produit et opérateur) est moins dangereuse qu’un classe 2, au contraire d’autres lasers dont la zone de sécurité atteint 500 m !”
Et comme le laser fait et fera toujours rêver, on comprend le potentiel réel du produit concept de Minuit Une qui évolue depuis une bonne année déjà de démonstrations en show room, en passant par les scènes de France, souvent au service de musiques nouvelles et électroniques.
Un produit qui est en pleine évolution et ascension, qui change de formes pour satisfaire encore plus ses utilisateurs, qui se dote de canaux DMX plus précis et étendus, ou d’un système de refroidissement boosté pour accompagner l’arrivée d’une nouvelle puissance de 10 W.
Toujours en mouvement, l’aventure Minuit Une s’offre un nouveau palier de choix en industrialisant maintenant sa gamme à 100 % en France, près d’Angers, pour plus de qualité, et recrute (3 postes créés en 2016, une dizaine de prévus en 2017), en évoluant dans un marché lumière toujours demandeur de nouveauté.
Plus d’infos sur SLU et sur le site Minuit Une