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Mister Bibou is back avec le Gang des 3 diapasons

Texte : Ludovic Monchat - Photos : SLU & JPH

« Je passe à Bordeaux à l’IBoat dans quelques semaines avec un nouveau jouet et un nouveau groupe, enfin, il n’est pas tout à fait nouveau le groupe mais top, tu verras ; ça te dit ? » Et c’est comme ça qu’un froid mercredi de novembre, on s’est retrouvé sur les quais du Bassin à flot à Bordeaux face à un navire de 50 mètres, pour accoucher un technicien aussi inclassable que polyvalent, aussi drôle qu’efficace pour son retour sur la route aux manettes du son de Mister Gang.


Il a fière allure l’IBoat et ressemble toujours au bac La Vendée qui a tant de fois pris la mer entre le continent et l’ile d’Yeu de 1969 à 2006. On entend quelques émergences depuis les quais, les balances de la 1ère partie, mais rien de gênant, surtout vu le potentiel du système résident accroché dans la salle où l’on accède per deux escaliers qui s’enfoncent dans la cale de proue.


Le plateau en dessous duquel on devine quatre subs 18” et, bien éclairés par le flash, deux Q1 par côté. Promis, ça envoie du bois, et de l’allemand !

Quatre têtes familières montent la garde de part et d’autre de la scène. Des increvables Q1 devant lesquelles il ne fait pas bon s’attarder trop longtemps. On devine encadrant le guide d’onde tout noir, les deux 10” dans le montage caractéristique de ce vieux modèle de d&b qui a connu un succès planétaire car petit et très efficace, y compris maltraité dans des Zéniths et fréquemment en sous-effectifs.

Les quatre QSub ainsi que le reste du système se contente de trois D12, des amplis à deux voies et d’une puissance qui paraît d’un autre temps, et pourtant, ça sonne fort et clair. Les wedges sont un mélange entre du d&b et du Coda, un panachage rendu nécessaire par le nombre de musiciens composant Mister Gang.

Et Bibou dans tout ça ? Il raconte sa nouvelle console à son acolyte en charge du groupe qui va assurer la première partie de la soirée en l’utilisant. On remonte sur le pont de l’IBoat pour échanger quelques mots par dictaphone interposé.


Beaucoup de ressources dans un petit châssis. Non, je ne parle pas de toi…

SLU : Tu nous reviens avec une console. On te connaissait fin gourmet de Tube-Tech et des micros… Tu nous racontes les épisodes qu’on a raté ?

Bibou : J’ai quitté Tryo il y a deux ans et je me suis mis en indépendant. Je fais désormais plein de missions mais je brigue des mandats plus techniques comme ce soir où je mixe face et retours. Je suis confronté parfois à des situations où les consoles qu’on me propose sont d’entrée de gamme ou parfois insuffisantes en termes de ressources.

Entre le manque d’entrée et le manque de réglages potentiels et le départ avec Miser Gang, je me suis décidé pour le confort et la modernité pour le groupe comme pour moi d’une console petite, légère mais disposant d’un potentiel très important ce qui me permet de me vendre « équipé ».

Le choix de Yamaha et d’un modèle très récent n’est pas anodin car, dans l’hypothèse où je ne me retrouve pas dans cette formule, je pourrai la revendre dans de très bonnes conditions. Je la transporte en Peli Case comme ça je peux prendre facilement l’avion et bien la protéger tout en restant léger.

SLU : Tu as toujours eu du matériel cela dit

Bibou : Oui et dès le début de Tryo on a tourné avec notre parc micro, nos HF et nos racks d’inserts. On demandait des Yamaha analogiques puis numériques et après pas mal de DiGiCo pour terminer avec de l’Avid et des S3L et S6L. J’ai aussi été confronté à des CL et QL mais jamais aux grosses Rivage.

SLU : Premier contact avec la DM7 Compact ?

Bibou : Super si ce n’est que je ne l’ai pas encore complètement en main. J’ai passé ma certif Audinate de 1er niveau pour le Dante et j’ai suivi des tutos de Yamaha ce qui m’a aidé. J’ai quelques difficultés avec l’accès aux Fader Banks qui ne sont à mon sens pas très intuitifs, en revanche bravo pour les raccourcis qui sont super pratiques et avec lesquels on peut tout faire.


Forcément il manque un grand écran et quelques voies par rapport à la version non compact, mais pour le reste, il y a de quoi s’amuser.

Pierre Veysset un ami technicien m’avait conseillé de prendre un écran supplémentaire mais avec les deux tactiles présents dont l’Utility de droite qui est ultra pratique, je n’en ressens pas le besoin. J’ai branché une tablette pour faire du stage mix, mais en tournée, la compacité prime et une fois que tout est encodé, on vit bien avec moins d’écrans et de faders.


Dante étant toujours sous les feux des projecteurs nippons, rien n’est plus simple que de sortir toutes les pistes vers un ordi.

SLU : Niveau ressources ?

Bibou : Je dispose de 72 voies, 48 bus, 12 matrices et deux sorties stéréo. Il y a de quoi faire ! Au niveau du stage j’ai un RIO3224-D2 et j’ai en plus 16 entrées et 16 sorties plus un port AES au dos de la console plus une sortie USB pour raccorder un ordinateur et je te passe les ports Dante et réseau et les deux alimentations redondées.

SLU : Et les effets ?

Bibou : Ils sont dans la console. Je dispose d’un certain nombre de périphériques externes mais qui, pour des raisons de place sur cette tournée, sont restés à la maison, mais ne m’interdis pas de les ressortir pour d’autres projets plus « spacieux » et pour me faire plaisir. Honnêtement je n’ai pas eu le temps de bien faire le tour de tous les algorithmes Yamaha, mais cela me paraît largement suffisant, surtout les gates, compresseurs et tous les dynamiques.
Certains autres effets sont un peu perfectibles mais rien ne dit que des mises à jour ou de nouveaux algos ne voient pas le jour par la suite. Avec le port PY libre à l’arrière je peux aussi disposer de 8 ports E/S AES/EBU pour ajouter des effets, avec la carte MADI ajouter un serveur d’effets ou simplement utiliser les entrée et sorties analogiques.

SLU : Tout ça dans 16 kilos…

Bibou : C’est ça ! A ce propos, les artistes, quand ils voient arriver cette table qui ressemble à un petit joujou, de prime abord, ils n’ont pas très confiance et se font des films quant au son qui va en sortir. J’ai eu les mêmes réactions il y a quelques années quand je suis passé des grosses DiGiCo à la S3L. Pour éviter ce problème je les ai prévenus et leur ai expliqué ce qui se cache sous le capot et le fait qu’il s’agit d’une console volontairement compacte mais gardant toutes les ressources de la grande !


Tel est pris qui croyait prendre, Bibou en pleine explication sur une compression parallèle.

SLU : Tu as donc console, micros…

Bibou : J’ai en plus tout le backline avec Mister Gang. Je demande simplement la diffusion, les wedges et des pieds micros. J’ai mon câble réseau en rouleau de 60 mètres, le maxi étant 100 mètres et Yamaha m’a conseillé de prendre du Klotz AWG24. Pour les festivals ou dans les grandes salles, les câbles réseau et les liaisons avec les plateaux sont déjà tirées.

SLU : Tu fais les retours depuis la face

Bibou : Oui, j’ai 6 aux dont un doublé pour les deux chanteurs. Je n’ai pas plus d’équipement ici pour faire plus mais vu la taille du plateau, en mettre plus aurait été inutile. Je sors aussi un gauche / droite et j’ai assez de ressources pour matricer des délais ou les subs s’ils sont séparés.

SLU : Et Mister Gang alors…

Bibou : Le retour ! Comme ils sont tous très pris, la reformation va donner lieu à des shows en fonction des disponibilités de chacun, mais l’alchimie est toujours là, ils s’éclatent et le public marche à fond ! C’est un super groupe de Reggae français avec deux chanteurs et une section de cuivres, qui a commencé tout début 2000, a connu un certain succès et s’est arrêté assez vite mais sans aucune embrouille entre les membres qui sont restés en contact et s’apprécient toujours autant.


Bas de plafond et haut les cœurs, au fond de la cale mais pour la bonne cause sonore, Mister Gang envoie le pâté.

Depuis quelques temps il a eu des bruits de reformation et une envie de ressortir les albums et de tourner à nouveau. J’ai récupéré le catalogue chez Sony et je l’ai mis chez moi en créant un label et en confiant la distribution aux bordelais de Baco Music.
Les premières dates sont arrivées en juin 2023 mais c’est ce soir que le groupe va rejouer au complet à Bordeaux après une pause de 21 ans et il faudra améliorer le ménage dans la loge car certains des membres ont eu des poussières dans les yeux !


Chapeau aussi à leur qualité de jeu et leur travail de tous les instants pour offrir des titres irréprochables. Je peux te dire qu’ils ont répété et pas qu’un peu ! On a beau avoir la plus belle console au monde, on est tributaire de ce qu’on reçoit. Si le son est bon ce soir, ce n’est pas que grâce à Yamaha !

SLU : Tu as l’air détendu

Bibou : C’est le cas, j’ai pris du recul dans mon travail et désormais ma quête c’est de ne collaborer que pour le kif. Avec Mister Gang c’est le cas. Tant que je peux choisir et quitte à être moins payé, je choisirai toujours l’humain. Ma console je mettrai sans doute plus de temps à l’amortir mais ce n’est pas grave, on passera des super moments ! Arrivera le moment où je serai confronté à des nazes mais ça passera avec des : « quelqu’un peut me filer un coup de main ? » et huit personnes qui arrivent comme un seul homme.


L’occasion créant le larron, on intercepte Edwige « Vivi » Cherief qui est la seconde du manager de bord Romain Fradin pour en savoir un peu plus sur l’IBoat et ce qui s’y passe.

SLU : Cela fait combien de temps que ce bac historique a été transformé en IBoat

Vivi : 13 ans qu’il a été transformé et exploité en tant que IBoat par François Bidou un patron passionnant et passionné. Un battant et presque un pirate. On a tous fêté les 13 ans en septembre. L’IBoat a été club, restaurant durant la période Covid et club à nouveau axé sur la musique électronique avec la grande salle qui sert aussi pour les concerts dans la cale avant et le Mini Club au niveau du pont.


De Grenoble à Bordeaux Vivi Cherief, l’IBoat a un nouveau moteur.

On a aussi une autre ambiance ici à l’étage et à la poupe du bateau où nous nous trouvons. Cet espace qui va être encore mieux aménagé ouvre en fonction des jours et des besoins. Le gros point fort de l’IBoat c’est sa modularité. On peut quasiment faire ce qu’on veut avec les différents espaces.

SLU : Pour la technique et l’accueil en général…

Vivi : On a un régisseur son et un régisseur lumière plus une troisième personne en fonction des besoins. On a aussi un ensemble de personnes pour le bar, la cuisine, le service, la sécu…On est nombreux mais bien rôdés ce qui permet une exploitation des trois salles. Il se passe toujours quelque chose ici et on peut boire un verre à tout moment.


SLU : On a lu que les temps sont un peu durs ou l’ont été…

Vivi : Oui, on a eu quelques problèmes d’émergences liées surtout à la nature des lieux, au bruit naturel des clients quand ils vont sur les ponts et moins du son généré par la musique à bord même s’il y participe un peu. Les Bassins à flot sont un lieu où ça bouge à Bordeaux et c’est difficile de le faire silencieusement. On a aussi souffert comme tous les établissement accueillant du public de la période Covid.


La poupe de l’IBoat. On devine sous la peinture l’ancien nom de La Vendée. On voit bien le bar et au pont supérieur, le nouvel espace de teinte orangée dont parle Vivi.

SLU : La jauge de la salle est assez restreinte. Quel type d’artiste plébiscite l’IBoat ?

Vivi : C’est varié mais on joue beaucoup la carte locale. Les collectifs locaux. Bordeaux n’est pas une grande ville mais on en a une dizaine qui sont très chauds et déter et on complète avec quelques artistes plus connus qu’on va chercher nous-même. Cette année on va bien carburer avec 3 ou 4 concerts par semaine et notre saison s’arrête avec les tournées en juin.


Une vue de cale de proue avant que ne soit monté le plateau, la régie et que des panneaux absorbants n’améliorent le rendu. (Photo JPH).

SLU : L’offre d’éclairage pour la salle principale est assez limitée

Vivi : C’est ce que l’on veut. Le plafond de la cale est bas, la couleur dominante est noire et il sert beaucoup aussi en tant que club jeudi, vendredi samedi et veille de fêtes. On joue beaucoup sur le brouillard, les leds latérales en salle et les néons au plafond. Pour les concerts c’est différent, on a des contres et une face avec quelques lyres à l’arrière et ça marche bien.


Vous avez demandé des faisceaux en contre ?

Dulcis un fundo cale

Elles ont tout fait les Q1, véritable succès de d&b. De Zénith beaucoup trop grands pour elles, résistant à un D12 calé dans ses limiteurs, jusqu’à l’IBoat, le guide au raz des oreilles. Et pourtant…22 ans plus tard, elles sonnent toujours.

La première partie tout aussi reggae que Mister Gang, donne la pleine mesure des lieux. Les Q1 ont beau être utilisés à contre-emploi là où des Q7 point source auraient été parfaits, le son est efficace et nerveux avec un haut du spectre très piqué et défini et un océan de grave fourni par les quatre Qsub alignés sous la scène.

94 dBA et 107 dBC, une pression raisonnable sauf quand on est devant les bois…

Quelques tôles çà et là se font entendre, bateau oblige, et il ne faut pas trop s’énerver sur les wedges, la scène est vraiment petite, mais il y a de quoi travailler et démouler un son qui n’a en rien les défauts de son âge. Et c’est précisément ce que fait Bibou qui s’éclate sereinement et accompagne très bien son groupe.
Lui comme le Gang s’échauffe lors des premiers titres avant que tout ne sonne fort et clair. Peut-être un poil trop fort mais quelle énergie sur scène. Comme d’habitude les effets sont justes et variés, le traitement dynamique sonne et le mix est bon pour autant de monde et de wedges en aussi peu de place. Bonne route à Mister Gang et Welcome back Bib !


Plus d’infos sur

– l’IBoat
– La DM7
– Mister Gang
– Les Q1, il serait temps ;0)

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