Fort de sa maîtrise des DSP et du filtrage à réponse impulsionnelle finie (FIR) utilisés avec le succès que l’on sait sur sa série DSR, YAMAHA enfonce le clou en mettant sur le marché de la diffusion sonore compacte la gamme DXR, des enceintes reprenant la même technologie de traitement mais proposées à un tarif encore plus agressif.
Cette nouvelle famille composée de quatre modèles partage la même électronique et le même petit moteur d’aigu. Baptisées DXR8, 10, 12 et 15, c’est donc essentiellement par le suffixe numéral ordinal représentant la taille de leur boomer qu’elles se différencient.
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Pour compléter la gamme, deux enceintes de sous graves, les DXS12 et 15 ont été tout spécialement créées afin de répondre dans le bas du spectre aux besoins spécifiques de la scène musicale et du petit événementiel.
Fabrication
Le coffret
Les DXR possèdent un coffret en ABS non résonant noir mat à la fois esthétique et discret. Il reçoit sur sa face avant une solide grille en nids d’abeille suffisamment ajourée pour laisser entrevoir la face avant du diffuseur. Par transparence, on distingue ainsi très bien le pavillon à directivité constante qui ressemble comme un sosie à celui de la gamme DSR. En dessous, le boomer avec à sa base les deux évents triangulaires de sa charge Bass reflex est montée de manière très conventionnelle, en radiation directe.
Le dessin des coffrets, totalement inédit, mixe une basse trapézoïdale avec une structure de parois verticales à section hexagonale. La forme générale, tout en lignes tendues et arrêtes vives est un leurre permanent pour le regard. La perception visuelle, en fonction de l’angle d’observation et de l’éclairage ambiant, oscille entre tronc de prisme, polyèdre convexe ou simple parallélépipède. Au delà de satisfaire le regard, les pans coupés à l’arrière des diffuseurs ont été optimisés pour permettre sur scène une utilisation de type bain de pied. L’angle de projection par rapport au sol est alors de 50°. Singulièrement, seule la DXR8 par le dessin simplifié de sa coque n’autorise pas ce type d’exploitation.
Les dispositifs de mise en œuvre.
Chaque coffret intègre de nombreux équipements facilitant la mise en œuvre et l’exploitation. Le socle, pourvu de quatre solides patins de caoutchouc, possède deux embases de 35 mm pour pied standard. L’une est positionnée à la normale du plan de base, l’autre est inclinée à -7°. Cette valeur de site est pertinente pour la plupart des topologies de petits auditoires. Une fois l’enceinte montée sur son pied, l’inclinaison permet d’optimiser la projection du son vers la zone d’audience et de minimiser les réflexions spéculaires en provenance du plafond, ou d’autres parois réfléchissantes telles l’incontournable mur du fond. Par rapport à la gamme DSR, qui ne dispose pas de cette option, c’est un véritable plus. Dommage toutefois qu’aucun système de blocage d’azimut attaché aux puits de réception ait été prévu.
Concernant l’accroche, trois inserts situés au sommet et à l’arrière des coffrets autorisent la mise en suspension des diffuseurs au moyen d’un système d’élingues conventionnel. Yamaha propose également une lyre optionnelle qui peut se monter verticalement ou horizontalement au coffret et permet d’ajuster le diffuseur aussi bien en site qu’en azimut.
Pour faciliter le transport et la manipulation, une unique poignée en aluminium a judicieusement été placée au sommet des 8 et 10 pouces alors que pour les DXR12 et 15, plus imposantes, deux unités ont été jugées nécessaires. Celles-ci encastrées dans un logement des flancs latéraux et idéalement positionnées dans le plan de gravité des enceintes, fournissent une préhension suffisante pour permettre l’installation du diffuseur au sommet d’un pied tripode. Attention toutefois ! Même si cette opération est réalisable en solo, il est vivement conseillé de se faire aider d’un tiers notamment pour la DXR15 et ses 22 kg.
A l’arrière de l’enceinte, encastré dans son logement spécifique, on découvre le boîtier monobloc de l’électronique. Dans sa partie haute, les ouïes d’aération dénoncent la présence d’un système de ventilation forcée à quatre vitesses asservie en température par sonde thermique.
L’interface utilisateur
Le panneau des contrôles et des raccordements, lisible et complet, offre nombre de fonctionnalités qu’il est possible de répertorier en deux parties bien distinctes : un mélangeur analogique et une interface de contrôle pour le « DSP ».
Le petit mélangeur
Intelligent, il peut simultanément traiter 3 entrées. La première en connectique XLR possède une sensibilité d’entrée commutable niveau ligne (+4 dBu)/ niveau microphonique (-30 dBu). En position « MIC », l’entrée 1 a surtout été prévue pour le traitement de la voix ce que dénote le filtre HPF (passe-haut) automatiquement inséré dans sa chaîne. A noter qu’aucune alimentation fantôme ne lui est adjointe et que la sortie « THRU » en XLR mâle n’est que la simple reprise en parallèle avant traitement. Les doubles entrées 2 (en jack) et 3 (en RCA) acceptent des signaux stéréo en provenance de matériel dit « grand public » (-10 dBV). Chaque source possède son propre réglage de gain mais la nature du mélange envoyé vers le DSP est interdépendante du commutateur LINK MODE. Dans sa position mono, c’est le mélange de l’entrée 1 avec la sommation monophonique des entrées 2 et 3 qui est envoyé à la fois vers le DSP et à la sortie LINK de la DXR. En position stéréo, c’est le mélange de l’entrée 1 avec les seuls canaux gauches des entrées 2 et 3 qui alimente le DSP. Simultanément, le mélange des canaux droits des entrées 2 et 3 est quant à lui envoyé vers la sortie LINK afin d’être redirigé vers une deuxième enceinte. Un tel dispositif permet de réaliser une diffusion stéréo simple sans matériel additionnel.
L’interface de commande et de contrôle du DSP.
- Le filtrage
Afin d’optimiser le raccordement en fréquence avec les nouveaux subs DXS12 et DXS15 ou bien encore avec celui de la gamme supérieure DSR118, l’utilisateur dispose de deux filtres passe-haut du 4ème ordre commutables au choix à 100 ou 120 Hz.
Un filtre dynamique D-Contour avec deux configurations de réglage bien distinctes a également été implémenté. En mode FOH/MAIN (façade), Le DSP utilise un traitement de type physiologique pour compenser lors d’une écoute à bas niveau le manque de sensibilité de l’oreille humaine dans le haut et surtout le bas du spectre audio. Le mode MONITOR, jusque-là inédit, a pour objet de linéariser la réponse dans le grave en compensant le comportement interférent lié à la réflexion du sol lorsque l’enceinte est exploitée en retour de scène.
- La signalisation
Outre une LED spécifique de mise en marche, l’enceinte dispose de 3 autres voyants signalant respectivement : la mise en protection de l’enceinte en cas de dysfonctionnement, la détection de présence d’un signal audio et la mise en service du limiteur. Cette dernière signalisation et l’information de mise sous tension sont d’ailleurs répétée en face avant de l’enceinte par une LED à double fonction que l’opérateur peut désactiver s’il le souhaite au moyen du commutateur « Front Led Disable ».
Les transducteurs
HF
De manière très conventionnelle, les aigus sont confiés à un tweeter couplé à une chambre de compression 1 pouce.
Le diaphragme en Mylar supporte en périphérie la bobine de 35 mm de diamètre alimentée par un amplificateur de 150 W. Ce petit moteur qui équipe toute la famille DXR, est capable de monter sans faiblir jusqu’à 20 kHz. Malheureusement sa fréquence de coupure basse comprise entre 2,1 et 2,4 kHz suivant le modèle concerné est à mon sens beaucoup trop élevée pour espérer un raccordement en directivité satisfaisant d’un boomer de 15 ou même 12 pouces avec le pavillon haute fréquence.
BF
Solidement fixés à la face avant par 8 vis cruciformes, les haut-parleurs de 8 à 15 pouces sont des réalisations simples et classiques.
Dotés d’un saladier en métal embouti, d’un imposant aimant en ferrite avec puits de ventilation central et périphérique, d’une membrane conique en papier pourvue d’une suspension en tissu enduit en demi-rouleau, ces transducteurs à la technologie éprouvée sont équipés d’une bobine de 2 pouces pour les 8 et 10’’ et de 2 pouces et demi pour les 12 et 15’’. Capables d’absorber les 950 W en régime dynamique de leur ampli de puissance, ces transducteurs sont à même de fournir des pressions acoustiques crêtes comprises entre 129 et 133 dB SPL.
L’électronique
Les différents modules
Le boîtier électronique monobloc et compact est un modèle d’intégration réussie. Il ne regroupe pas moins de 6 circuits imprimés bien distincts.
Celui dédié à la fois au mélangeur analogique et au DSP est protégé des rayonnements électromagnétiques par un blindage en Mu-métal notamment vis-à-vis de l’alimentation universelle (100 à 230 V). Cette dernière utilise un nouveau mode de découpage afin de répondre aux besoins en courant que représentent les 1100 W des amplificateurs classe D.
Passée la conversion 24 bits, le DSP prend en charge l’intégralité des traitements du signal jusqu’aux amplis de puissance. Les calculs sont réalisés en 48 bits avec accumulation 76 bits. L’ensemble des traitements audio, notamment les filtres de répartition, l’égalisation paramétrique multi-bande, le délai de compensation inter-transducteurs et les limiteurs sont configurés dans une mémoire d’usine spécifique à chaque modèle de DXR.
Les filtres de répartition à phase linéaire utilisent la technologie FIR X tuning ™. Les fréquences de croisement ont été très précisément fixées à : 2,4 kHz pour la DXR8 ; 2,3 kHz pour la DXR10 et 2,1 kHz pour les DXR12 et 15.
Les protections
Un système de protection géré par un microprocesseur spécialisé et par le DSP contrôle en permanence l’état de l’alimentation, des amplis de puissance, des transducteurs ainsi que le niveau du signal audio tout au long de la chaine de traitement. Si un défaut est constaté, ce système intervient et l’enceinte est désactivée. C’est notamment le cas pour une surchauffe, une détection de court-circuit, ou bien encore une surtension secteur.
À la mise sous tension des DXR, le système de protection est actif pour éviter tout bruit de commutation dans les haut-parleurs. Son voyant s’allume alors pendant environ deux secondes puis s’éteint une fois les tensions d’alimentation régulées établies.
Mesures
Mesure dans l’axe
La mise au point des DXR a été confiée aux ingénieurs de Nexo, partenaire français de Yamaha. Concernant la courbe amplitude/fréquence, on relève une légère préaccentuation de l’aigu. Celle-ci est là pour compenser l’inévitable affaiblissement constaté hors de l’axe des pavillons et permettre d’afficher une réponse moyenne, pour toute la zone de couverture, tenant dans un gabarit restreint comme nous pourrons le constater un peu plus loin.
Dans le grave, la petite DXR coupe progressivement et très régulièrement à partir de 90 Hz. Sa bande passante à -10 dB descend jusqu’à 60 Hz.
Le filtre de répartition utilise la technologie FIR-X et aurait dû présenter une courbe de phase totalement plate dans la région du raccordement. Or la courbe révèle la présence de deux paliers horizontaux dénonçant un très léger retard de phase, 60° précisément, équivalant à 1/6ème de longueur d’onde. Ce retard correspond à une différence des trajets acoustiques entre boomer et tweeter d’environ 3 cm. On peut en déduire que la mise au point du délai de propagation inter-transducteurs a été effectuée dans l’axe du pavillon et non pas dans le plein axe médian de l’enceinte.
Mesures du traitement
Ceci n’entache en rien les excellents résultats obtenus par les ingénieurs de Nexo qui ont su judicieusement tirer profit des ressources du DSP pour la mise au point des DXR. Les courbes de la figure 10 représentent le traitement de conformation appliqué au signal audio pour les bandes graves et aigues.
Directivité horizontale
Le comportement en directivité horizontale de la DXR8 est correctement maîtrisé dans les 90° de l’angle de dispersion annoncé.
Le pavillon à directivité constante montre une belle efficacité jusqu’à 14 kHz. Au-delà, la réponse chute mais reste néanmoins consistante jusqu’à 20 kHz.
La directivité du boomer est dite croissante, ce qui signifie qu’elle augmente avec la fréquence. Dès 500 Hz, à l’angle nominal de dispersion des DXR, soit 45° hors de l’axe, la réponse chute inexorablement. Cette perte qui devrait s’avérer plus importante se trouve ici minimisée par l’importante égalisation appliquée à la bande grave. Avec ce traitement, le raccord à -6 dB entre boomer et pavillon est quasiment parfait. La courbe rouge représente la moyenne des courbes prélevées de 10 en 10° dans le plan horizontal. Elle tient dans un gabarit 0/-3 dB sur une bande comprise entre 80 Hz et 20 kHz.
Directivité verticale
Au dessus du plan médian horizontal, les courbes de réponses mesurées subissent des perturbations plus ou moins importantes en raison essentiellement de deux phénomènes bien distincts qu’il convient de différencier :
- La différence des trajets acoustiques entre tweeter et boomer induit un comportement interférent notable dans la zone de recouvrement des filtres de répartition. L’utilisation de filtres à technologie FIR à pentes importantes minimise toutefois la largeur de bande concernée. Sur les DXR, celle-ci ne dépasse pas le 1/3 d’octave centré sur la fréquence du raccordement.
- L’atténuation dans la bande médium constatée à partir de 1 500 Hz est la résultante de l’hyper directivité du boomer à ces fréquences, l’énergie récupérée hors du cône de propagation devenant insuffisante pour raccorder parfaitement avec le pavillon.
Dans la pratique, il convient de relativiser l’importance de ces mesures effectuées au dessus du plan médian horizontal puisqu’une fois les enceintes positionnées sur leur pied tripode, l’auditoire se trouvera placé la plupart du temps sous ce même plan médian.
En dessous du plan médian, le réseau des réponses est également perturbé mais de façon moins radicale.
De 3 kHz à 20 kHz, les courbes sont strictement parallèles, démontrant l’excellent comportement vertical du pavillon à directivité constante.
En deçà, la zone de recouvrement subit des perturbations analogues à celles constatées dans le plan vertical positif, puis la courbe s’infléchit pour rejoindre une bosse remarquable vers 1 kHz. Celle-ci, corolaire de l’explication précédente à propos de la directivité du boomer, est directement liée à l’augmentation de la sensibilité mesurée dans le cône de propagation d’un haut-parleur.
Concernant la directivité verticale, les courbes de +15 à -25° tiennent dans + ou – 3 dB sur toute la bande 80 – 20 000Hz. C’est une excellente performance si on tient compte de la difficulté à tenir un tel gabarit lors de la conception d’une enceinte deux voies non coaxiale.
Mesures des filtres
Outre le traitement de filtrage dynamique D contour, les DXR possèdent des filtres passe-haut du 4èmeordre commutables au choix à 100 Hz ou 120 Hz. Ceux-ci sont bien sur complémentaires avec les filtres des enceintes de sous grave DXS12 et 15. La recombinaison est parfaite et la bande passante à -10 dB descend à 47 Hz.
Avec les options de mode de filtrage proposées sur les enceintes de sous graves, cette bande peut être encore étendue.
L’écoute
Paroles…
Un Béta 58 dans l’entrée 1 des DXR, et c’est parti pour le test de voix.
Première bonne surprise, en dépit de leurs différences physiques, la perception des timbres quelle que soit l’enceinte en écoute est étonnamment semblable. Dans l’axe des enceintes, c’est même assez bluffant car cette similitude touche tout le spectre de la voix. Celui-ci est plein avec un bas chaleureux et une haut bien présent mais un peu moins porté que sur les DSR.
Le déplacement dans le plan horizontal confirme l’excellente tenue du pavillon à directivité constante. Les composantes haut médium et aigue restent équilibrées. En revanche, un peu plus bas, vers 1 kHz, le boomer perd de sa superbe et ce d’autant plus que l’on approche de la limite de l’angle de couverture. Ce phénomène sensible sur les DXR12 et 15 est beaucoup moins marqué sur les petites DXR8 et 10.
Placés en position de retour de scène, les 3 grandes DXR offrent sans le recours à une égalisation externe un gain acoustique potentiel impressionnant. L’utilisation du D contour monitor minimise l’habituel effet de masque bas médium et améliore l’intelligibilité au détriment toutefois de la rondeur. Les chanteurs devraient être ravis, les bassistes et batteurs pour qui l’assise est importante un peu moins.
… et musique
Les tests musicaux confirment la belle impression donnée sur le test de la voix. Le son est plein avec une balance équilibrée entre harmoniques et fondamentaux, attaques et résonances. Le traitement de signal signé Nexo donne une identité commune aux 4 sœurs. Leur comportement tonal est similaire sauf bien sûr à pleine puissance où pour la reproduction du grave la DXR8 montre rapidement ses limites. Il faut bien en convenir, les lois de la physique sont implacables et, sauf à posséder un débattement 3,5 fois supérieur à la membrane de la DXR15, la petite 8 pouces en dépit de sa bonne volonté ne saurait rivaliser en puissance avec sa grande sœur.
Conclusions
Avec cette série d’enceintes performantes, Yamaha rend la technologie FIR accessible à tous. La qualité de leur rendu sonore et la puissance acoustique qu’elles sont capables de délivrer font qu’elles n’ont rien à envier à beaucoup d’enceintes réservées à la sphère professionnelle. En revanche, les coffrets en ABS, le mélangeur intégré, et les prix très persuasifs s’avèrent des arguments décisifs pour séduire le marché des musiciens et du disco mobile, voire même celui du petit événementiel.
Face au nombre de modèles déclinés, le plus difficile est certainement de parvenir à fixer son choix. Si l’emploi prévu est la sonorisation de conférence ou la diffusion de musique d’ambiance, les DXR8 par leur compacité, leur légèreté, leur homogénéité de couverture représentent probablement le meilleur choix possible. En revanche si la finalité est de sonoriser le danse floor, ou bien encore de fournir au batteur un monitoring de scène surpuissant, mieux vaut alors s’orienter vers le gros modèle de la gamme.
Entre les deux, les DXR10 et 12 pourront opportunément équiper les studios de répétition ou bien encore les petits clubs de jazz.
Enfin sachez qu’un système triphonique composé d’une paire de DXR8 et d’une enceinte de sous grave DXS12 est capable de délivrer une pression et une bande passante équivalentes à celles de deux DXR15. Cette alternative est à méditer si lors de votre prochaine tournée des plages la place à l’arrière du kangoo est comptée.
Caractéristiques du constructeur :
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