DV2, une pandémie et ça repart

Rien n’est jamais gagné, mais comme d’autres entreprise du secteur, DV2 a su trouver les solutions pour faire face à la pandémie de Covid 19. Alors que nos métiers redémarrent enfin, nous avons été à la rencontre de Guy Vignet et Didier Dal Fitto pour faire un point autant humain qu’entrepreneurial sur un groupe qui déborde du strict cadre français. Norroy n’est pas mort, vive Norroy !

SLU : Bonjour Didier et Guy. Comment ça va ?

Guy Vignet : Comme tu le vois, en pleine forme. Tout le monde a été très prudent et une seule personne de notre équipe a contracté la Covid. Heureusement c’était après la vaccination. Mais si on fait un petit retour en arrière, que d’émotions !

Didier Dal Fitto et Guy Vignet à Francfort en 2019. Le calme avant la tempête.

Comme la plupart des patrons de boîtes, quand le confinement nous est tombé dessus, on s’est mis en mode combat. Il a fallu comprendre et apprendre très vite. Cette situation a motivé la profession des constructeurs et importateurs à s’organiser et à se rapprocher.
Chacun a mis de côté la compétition quotidienne pour s’organiser dans deux structures de représentation l’UDFM, présidée par Philippe Coudyser et l’Alliance, présidée par Arnaud Leschemelle.

DV2 n’a pas voulu choisir entre l’une et l’autre et nous avons adhéré aux deux. Du coup nous payons deux cotisations mais ça donne les moyens à chacun de mener ses actions. Et les efforts communs ont permis de faire comprendre aux pouvoir publics l’importance de notre secteur d’activité. Nous avons été classés en secteur S1, ce qui nous a ouvert la voie à des aides suffisantes.

SLU : Sans faire de politique, la France a vraiment bien accompagné les entreprises…

Guy Vignet : On a été très bien entendu et tout s’est dans l’ensemble bien passé contrairement à d’autres pays. Si, en Allemagne aussi les entreprises ont été aidées, en Belgique cela a été moins le cas.

Grâce aux PGE et autres formules, chaque maillon de la chaine a honoré ses engagements. Nous avons payé nos fournisseurs normalement et nos clients aussi. Ça n’a l’air de rien mais si le système s’était grippé, on aurait vécu la réaction en chaine, la crise systémique comme disent les économistes. Le chômage partiel nous a par ailleurs permis de maintenir toutes nos équipes, nos forces vives et redémarrer sans problème depuis la fin de l’été.

L’Europe, c’est la porte à côté

SLU : Votre commentaire sur les autres pays est d’autant plus légitime que vous vous êtes ouverts à l’international avec DV2 Belux et United Brands

Guy Vignet : Effectivement, quand la question du développement s’est posée, nous avions deux solutions. Le modèle vertical consistait à augmenter notre catalogue avec des produits audio, vidéo ou éclairage, et crois bien qu’on nous a tout proposé, mais c’était trop loin de notre ADN, l’audio premium. L’autre piste de développement que j’appellerai horizontal, c’est de dupliquer notre modèle à d’autres territoires.

Ludo Vandegoor

Nous avons commencé en Belgique où nous connaissions déjà un beau succès avec Adamson via notre partenaire EML intégré depuis dans le groupe d’évènementiel mondial PRG. Depuis les années 2000 ce partenariat a largement contribué à la reconnaissance internationale d’Adamson auprès des plus grands ingénieurs du son.

En 2014 nous avons constitué DV2.be dirigée par Ludovic Vandegoor, filiale à 100 % et installée à proximité de Charleroi.
Puis nous nous sommes tournés vers notre autre voisin, l’Allemagne, avec le même projet de développement et nous avons rencontré l’équipe très british spirit de United Brands avec au catalogue Digico, mais aussi Martin Audio et XTA.

Nos vues se sont très vite alignées permettant d’avoir la distribution de Digico en Allemagne, et nous avons apporté Adamson en lieu et place de Martin Audio. Nous détenons 92 % de United Brands et le reste est aux mains des managers allemands. U-B est installée à Düsseldorf, à quelques heures de voiture de Metz et la synergie entre eux et nous est très grande, humainement comme techniquement.

Tout ça est chapeauté par une holding, qui pour le clin d’œil a été baptisée Rubycon, du nom du groupe de rock que l’on avait fondé avec une bande de potes dans lequel on était déjà présent avec Didier. On est ravi car le développement de notre groupe se passe bien, on a des super marques avec Adamson, Digico et Powersoft et surtout on avance en restant fermement attaché à nos valeurs.


De gauche à droite Didier Dal Fitto de DV2, Jochen Sommer d’Adamson, Guy Vignet de DV2, Brock Adamson qu’on ne présente plus, Wolfgang Garçon d’United Brands, Tobias Rengers d’United Brands et enfin James Oliver d’Adamson.


SLU : On a l’impression que si l’intégration ne s’est pas trop arrêtée, la prestation est encore freinée dans son retour

Julien Poirot premier tympan chez DV2 en plein calage au Quai des Arts de Rumilly.

Guy Vignet : Depuis notre balcon messin nous avons observé une évolution très similaire dans les 3 pays. Après le black-out le marché de l’installation s’est remis en route mais au 1er novembre 2021, celui des prestataires n’est globalement pas encore reparti.

On sent que l’on est à un point de bascule, mais c’est toujours wait and see. Notre chance c’est d’avoir de bons produits qui sont aussi très appréciés dans les théâtres, les SMAC et tout ce qui fait le tissu culturel local, on est donc en croissance sur ces marchés.


SLU : On entend beaucoup parler de manque de pièces et matériaux freinant les constructeurs. Qu’en est-il chez vous ?

Guy Vignet : Ça commence. Nous avons toujours des stocks importants ce qui amortit beaucoup ce type de problématique, mais ça commence à se sentir un peu par exemple chez Powersoft et d’autres. « Stock » a été longtemps un gros mot mais quand on peut se permettre d’en avoir un, c’est aussi un confort, même si la période du confinement a été dure à vivre avec le dépôt plein et le carnet de commandes vide.

Des hommes et des machines à faire du son

SLU : On parle de redémarrage. Avec quels atouts ?

Guy Vignet : Tout d’abord une équipe qui a soif de reprendre une activité normale. Ça fait du bien de se retrouver. Des produits qui ont été introduits peu de temps avant la pandémie et qui cartonnent : les gammes S7 et S10 d’Adamson.

Autour de haut-parleurs 7” en Kevlar, le constructeur a décliné un ligne-source 100° x 12,5° et des point sources 70° x 40° et 100° x 50°. Le 10” qui existait déjà en ligne-source 110° x 10° est complété par deux point sources 70° x 40° et 100° x 50°. Les deux gammes existent en version touring et installation. Et bien sûr la gamme sub à suspendre qui va avec.

Les IS7 et IS10 avec leurs subs respectifs. Juste une petite partie de deux gammes désormais très complètes.

On fait un carton avec les 7 et 10. L’Arsenal à Metz, L’espace Encan à La Rochelle, La Hune à Poitiers, Parc’Espace à Poisy en Haute-Savoie, le Sémaphore à Irigny, l’Echonova à Vannes, le Quai des Arts à Rumilly, le 12 à Cergy-Pontoise, le Palais des congrès au Touquet, le Phénix à Valenciennes, le Channel à Calais, la Salle Paul Lamm à Hagondange, l’InterValle à Vaugneray, l’Arche à Villerupt …

Adrien Dauvergne et Greg Buchet au Channel à Calais où le maître-mot est polyvalence et mobilité.

Et vous savez à SLU comment ça se passe, le décideur ne veut pas se tromper et avoir de regrets, donc c’est sélection sur dossier et écoute comparative dans le lieu avec les exploitants. A ce petit jeu on retrouve toujours un peu le même trio face à face et je dois dire que l’on bouscule souvent des préjugés. Même les plus habitués à telle ou telle marque qui découvrent la signature sonore Adamson, changent souvent d’avis et nous choisissent.

SLU : Chez Digico ça dépote !

Didier Dal Fitto : Absolument. Il y a l’acquisition de la marque Klang et sa technologie de son immersif pour les retours au casque et l’intégration de cette technologie dans les consoles. La démocratisation du moteur Quantum initialement réservé à la SD7, toujours très présente même si ancienne, nous a donné la Q225 et Q338, des consoles beaucoup plus abordables même si très puissantes et ouvertes sur l’extérieur via des slots DMI et un nombre toujours plus grand de cartes.

Grâce à l’architecture et au processeur Quantum, la Q225 offre des performances inédites avec la possibilité de travailler avec un second écran dédié à ses effets ou au processing casque Klang. Deux slots DMI ouvrent aussi de nombreuses possibilités.

Notre ambition est que Digico devienne numéro 1 en France comme c’est souvent le cas pour toutes les productions internationales les plus exigeantes.

Powersoft & MDC

SLU : Quid de Powersoft et MDC ?

Didier Dal Fitto : On a bénéficié de la bonne santé du marché de l’intégration où la qualité et le prix de Powersoft rendent cette marque italienne très recherchée.
La gamme s’est enrichie notamment avec les petits modules Mezzo mais aussi avec une solution de gestion des sources et du management de zones via une commande tactile wallmount en réseau Dante compatible avec tous les modèles de la gamme.

La MDC-8 présentée deux fois, en mini wedge ou en tête

Côté MDC on avait introduit la MDC-8 (8” co-axial) et son sub dédié 115S (15”) juste fin 2019, donc le produit a démarré sa carrière avec un retard à l’allumage mais a désormais trouvé ses fans. Le rapport qualité/prix est sans équivalent.

Nous avons aussi mis à profit la pause obligée du Covid pour réaliser un projet de longue date en mettant en ligne un site qui va nous permettre de donner une deuxième vie au matériel que nous avons vendu à nos clients il y a quelques années : REPLAY.SHOP dédié au matériel d’occasion et où l’on va trouver de l’Adamson et de la Digico contrôlé, révisé et garanti.

SLU : OK pour l’occase mais si on parlait du futur ?

Didier Dal Fitto : Le futur c’est la technologie CS d’Adamson avec les gammes 7 et 10 en line array et point source mais en AVB Milan, amplification classe D et un contrôle unifié avec une logiciel intégré Control Suite assurant la prédiction, le tuning, le patch AVB et la supervision. L’amplification boîte par boîte des CS offre une granularité beaucoup plus fine et rend l’optimisation sonore très efficace et pointue, par exemple un contrôle de la directivité.

Une image du concert d’inauguration de l’Antipode à Rennes, entièrement équipé en CS10 et CS119 qu’on devine à l’oeuvre. Photo G. Le Flem

Ces produits sont très appréciés en télé, The Voice en est par exemple équipé grâce à notre partenaire S Group. L’intégration s’y met aussi avec l’Antipode à Rennes, une très belle MJC avec, entre autres espaces scéniques, la Grande Scène de 900 places, qui vient tout juste d’être inaugurée et proposera 80 concerts par an. Elle est équipée en CS10. Enfin Adamson travaille aussi sur l’immersif. Patience !


Découvrez l’Antipode et sa technique


Solidement à la barre


Guy Vignet : Enfin et pour conclure, nous avons atteint une taille qui fait que l’on nous observe ou que l’on veut nous titiller, alors pour couper court à certaines rumeurs et mieux vous informer, prenez les infos à la source !
Oui, le fonds d’investissement régional GEI qui nous a accompagnés dans notre développement doit sortir, c’est dans sa logique, comme l’est l’arrivée d’un nouveau partenaire financier.

Cette passation ainsi qu’un audit ont généré quelques fuites qui ont été interprétées comme une possible mise en vente de DV2. Il n’en est rien.
A l’issue de ce changement de fonds d’investissement, nous serons avec Didier toujours majoritaires au capital et à la tête de l’entreprise, mais disposerons de plus de moyens pour développer nos idées dans un monde par définition mouvant.

Inutile de préciser que nous avons tenté par tous les moyens de faire parler Didier et Guy car on sait qu’ils en ont sous la semelle, eux comme leurs marques, mais rien n’y a fait. Menaces, flatterie, ruse, ils ont tout déjoué. Rendez-vous donc en 2022 pour la mise à jour en DV2.2

D’autres informations sur :

– Le site DV2
– Le site DV2 be
– Le site United

 

Crédits - Texte : Ludovic Monchat - Photos : SLU, DV2, Adamson, DiGiCo, Powersoft

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