Le bilan du mouvement Alerte Rouge lancé par le Synpase

L’alerte rouge, un mouvement lancé par le Synpase (Syndicat National des Prestataires de l’Audiovisuel Scénique et Évènementiel) du 14 au 18 septembre, a rencontré un franc succès auprès des acteurs du secteur événementiel.
L’objectif était d’alerter sur leur situation précaire et incertaine afin de prévenir une autre crise à venir : celle de toute une profession en souffrance depuis le ralentissement puis l’arrêt de ses activités le 17 mars dernier.

Pour rappel, à cette date une mesure de restriction avait été ordonnée par le gouvernement afin d’enrayer la propagation du virus Covid-19.
Selon Philippe Abergel, délégué Général du Synpase, la profession technique du spectacle et de l’événementiel comprend environ 5 000 salariés permanents et un peu plus de 15 000 intermittents techniciens à l’année soit environ 3 000 salariés en équivalent temps plein répartis sur un petit millier d’entreprises. Suite à cette mobilisation, de sérieuses négociations avec Bruno Le Maire, le Ministre de l’économie, ont été entamées.

SLU : Comment s’est passé le mouvement Alerte Rouge ?

Philippe Abergel

Philippe Abergel : L’Alerte Rouge a été très suivie à travers toute la France, notamment par les prestataires techniques et ce sont près de 400 entreprises qui se sont mobilisées en éclairant leurs propres locaux ou des bâtiments extérieurs assez symboliques.
A posteriori cet événement a été bien relayé par la presse locale mais moins par la presse nationale. Par ailleurs cela a permis aux prestataires d’obtenir plus de visibilité, notamment auprès d’élus locaux et de créer le débat autour de nos métiers.

En effet, quand on parle culture, spectacle ou événementiel, l’opinion publique semble penser tout de suite à des lieux, ou à des organisateurs mais envisage moins les métiers techniques qui y sont associés.

SLU : Sur quoi cette prise de conscience a-t-elle débouché ?

Philippe Abergel : Suite à cette mobilisation, Bercy nous a contactés pour ouvrir une discussion avec le Ministre de l’économie Bruno Le Maire suivie d’une réunion de travail avec son cabinet, le jeudi 1er octobre à 19 h 30. Aujourd’hui, je peux dire qu’il y a une vraie prise de conscience de la difficulté vécue dans nos métiers et une volonté d’aller assez vite pour apporter des réponses.
Cependant, les discussions sont compliquées de par cette filière événementiel/spectacle évidemment très polymorphe et les débats portent surtout sur le périmètre d’action afin de pouvoir faire des projections.

SLU : Y a-t-il un risque que certaines entreprises ou acteurs soient oubliés dans le décompte ?

Philippe Abergel : A ce stade l’État ne veut pas créer de plan spécifique afin d’éviter un précédent qui rendrait trop complexe la gestion d’autres secteurs. L’attention est donc concentrée sur les listes S1 et S1 bis des codes APE mais on essaie de les faire bouger car certains métiers n’y figurent pas.
En effet toutes les entreprises ne font pas forcément attention à leur nomenclature ou ne l’actualisent pas. Donc nous essayons de trouver des solutions pour qu’il y ait le moins de trous possible dans la raquette. Cependant, il faut qu’elles puissent être techniquement réalisables par le gouvernement, et nous sommes donc dans ces débats actuellement afin de leur permettre d’identifier les enjeux.

Nous devrions être fixés aux alentours du 15 octobre sur les décisions prises. Suite à l’annonce qui sera faite par le Premier Ministre Jean Castex, soit nous considérerons qu’elles permettent effectivement de sauvegarder les structures et les emplois, et dans ce cas-là, nos actions collectives auront permis d’avancer dans le bon sens. Soit ce ne sera pas le cas et évidemment nous envisagerons un nouveau mouvement ayant plus d’ampleur.

SLU : Mis à part cette annonce imminente, avez-vous obtenu le renouvellement de l’activité partielle sans reste à charge ?

Philippe Abergel : Oui, nous avons obtenu l’assurance que l’activité partielle à taux plein sera prolongée jusqu’à la fin de l’année 2020 mais bien évidemment c’est beaucoup trop court. On sait qu’au premier trimestre 2021, il n’y aura aucune activité et donc on porte aussi cette demande d’obtenir plus de visibilité sur l’évolution du secteur.
Economiquement, les entreprises doivent savoir si elles peuvent temporiser, ou si elles devront licencier voire déposer le bilan. Donc il y a urgence à obtenir des réponses. »

La filière est donc dans l’attente de la prise de parole du Premier Ministre Jean Castex, qui devrait avoir lieu aux alentours du 15 octobre. Elle pourra ensuite évaluer si la réponse est à la hauteur des besoins.

Crédits - Texte par Allison CUSSIGH - Photos : Prestataires et distributeurs d’équipement scénique ayant participé au mouvement

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