Le Gotha by Colorsonic. 2e partie

Maintenant que nous avons cerné Colorsonic et son emblématique dirigeant, dans l‘épisode précédent, (lien ici), direction Cannes avec toujours Gérard Giraudon et son directeur technique Christophe Orlando, avec aussi l’équipe de Hit Music Pierre Denjean DG et Daniel Picard commercial, qui ont fourni tous les projecteurs du Gotha.

Couronnes vidéo concentriques et motorisées, avec des rappels sur totems et lustres, le Gotha répond parfaitement à la tendance des clubs électros.

Nous arrivons dans ce club chic par l’entrée technique dans un dédale de couloirs avant de franchir la porte du club, bluffés par un immense plafonnier vidéo. Des écrans totems, disques, et lustres lui font écho. L’intégration lumière architecturale en stripled et points lumineux est simplement magnifique. Le bureau d’études Colorsonic maîtrise ainsi tout le relief de la salle.
Le travail de la lumière dynamique est également soigné. Avec 475 projecteurs fixes et motorisés, quasiment tous issus des catalogues Briteq et Contest, le light Jockey Christobal en a sous le coude pour faire monter l’ambiance. Nous avons tout passé en revue, la vidéo, la lumière et l’audio.

SLU : Le Gotha a été éphémère ?

Gérard Giraudon : « Absolument, le Gotha à fait trois saison au Palm Beach de manière éphémère, avant cette version définitive. Ses propriétaires ont racheté les murs du Palm Beach et y ont installé le Médusa, un restaurant cabaret très festif où l’on peut passer la nuit entière ou bien s’échauffer avant de rejoindre le Gotha qui a ouvert en 2019 et se trouve à quelques pas dans le même complexe.
D’importants travaux de structure et gros œuvre ont été entrepris afin de dégager complètement la salle de tout poteau et à la fois porter le toit d’époque qui pèse 280 tonnes. Sans oublier notre grill. Pour cela, un nouveau poteau en béton a été coulé qui traverse tout l’établissement.

SLU : La démarche du Gotha se veut boîte chic et assez tradi ?

Gérard Giraudon : En quelque sorte. Il y a un DJ résident et la clientèle visée est aisée. La prestation doit être irréprochable.

SLU : Dans le monde du Touring et de l’événementiel, il y a les affaires qui ne sont pas Brand Sensitive. Est-ce que dans le clubbing, les lumières le sont ?

Gérard Giraudon : Non, on vend un style et un résultat, pas une marque. Nous avons par exemple travaillé à 90 % avec Briteq et Contest pour équiper le Gotha et nous avons quasiment trouvé tout ce dont nous avions besoin. D’autre part, le coût unitaire de certaines lyres ou effets est incompatible avec le nombre d’unités que nous voulons placer dans un club, or avec des marques comme celles distribuées par Hit Music, on peut avoir qualité et fiabilité, mais aussi quantité.

La vidéo est ici une vraie source de lumière blanche, associée aux BTX-Beam5R Briteq, aux tubes led et aux points lumineux.

Qu’importe si on a un point chaud dans un bâton ou s’il y a une petite rémanence sur une dalle, notre clientèle n’est pas sensible à ces détails qui existent moins sur les produits haut de gamme mais en impactent terriblement le prix. D’autre part, concentrer ses achats chez un seul fournisseur, on parle pour le Gotha de 350 faisceaux fixes et 125 projecteurs motorisés, permet de mieux négocier et de disposer plus facilement de machines de spare pour la saison.

SLU : Le SAV passe par le remplacement du produit défectueux ?

Gérard Giraudon : Tout à fait. L’ensemble des produits éventuellement sujets à des pannes est sur des ponts motorisés. On descend, on remplace, on remonte, et le produit part tranquillement en SAV. Le client ne veut pas être pénalisé par un choix peu judicieux de machine qui peut aussi avoir d’autres défauts qui lui sont propres, et il n’est pas question de le perdre pour ça. J’ai eu une très mauvaise expérience avec une marque il y a moins de dix ans et je suis vacciné.

L’Atrium délimité par une corniche et 240 PIN15 Contest.

SLU : Ca fait longtemps que tu utilises des produits distribués par Hit Music ?

Gérard Giraudon : Oui. Pense que nous avons 292 projecteurs Beam Contest PIN 15 au Gotha, dont 20 en led blanc neutre et 272 en RGBW, 15 W, en quelque sorte le F1 moderne. On leur a toujours acheté ce type de produit, même quand il y avait du filament dedans. Comme maintenant ils distribuent beaucoup d’autres marques comme Briteq avec plus de produits intéressants et qu’ils ont le seul représentant, Daniel, qui vient toujours me rendre visite pour me présenter ses nouveautés, on collabore de plus belle (rires).

L’hybride BTX-Titan-Briteq avec sa lampe Osram-Sirius HRI 280, ses zooms 2,8° – 11° en Beam, 5,2° – 23° en Spot, ses effets de couleurs, ses gobos, prisme, frost, a la polyvalence idéale en club.

Enfin, un de mes techniciens parisiens qui a travaillé chez un gros distributeur fait de la veille concurrentielle et nous fait avoir des produits à l’essai quand ils rentrent dans nos cordes.

SLU : Comment est constitué le gril du Gotha ?

Gérard Giraudon : Il fait dans les 300 m2 et c’est FL Structure qui l’a fourni. Il a été repris sur les parties béton du bâtiment pour pouvoir accrocher les moteurs de levage et les stop chute. Les moteurs sont asservis avec des variateurs. J’ai fait un système pour le câblage vidéo qui monte et qui descend en le faisant passer dans des tuyaux d’arrosage naturellement spiralés et de couleur vert foncé.

En quelques jours, nos câbles ont pris le pli. On a deux armoires. Une manuelle pour les moteurs de service et une seconde télécommandée informatiquement pour les moteurs asservis qui sont donc contrôlés depuis la régie avec des butées programmées pour éviter les problèmes. La GrandMA prend la main sur ces moteurs. »

Il glisse dans les moindres recoins du Gotha qu’il connaît par cœur, il a réponse à tout et serre plus de mains qu’Obama à un G7, laissons la parole à Christophe Orlando, le directeur technique de Colorsonic et une des pièces maîtresses de cette société.

SLU : Christophe, cela fait combien d’années que tu travailles pour Colorsonic ?

Christophe Orlando, directeur technique de Colorsonic

Christophe Orlando : « 20 ans (sourires). Je suis rentré comme électricien, que je suis de formation et avec le temps et les chantiers, je suis devenu Directeur technique de Colorsonic en charge du son, lumière et vidéo. Je me suis formé aux trois, sachant qu’on se doit d’être polyvalents.
Je m’efforce d’en faire faire de même à mes techniciens et chacun peut intervenir dans les trois domaines. Comme en plus on embauche des techniciens qui sont généralement nos anciens stagiaires, ils connaissent notre manière d’opérer et ont été formés en ce sens. On ne sait pas tout faire, mais on sait en faire pas mal (rires).

SLU : Commençons par la vidéo et cette triple couronne d’écrans qui irradie la salle. C’est du sur-mesure ?

Christophe Orlando : Oui, pour réaliser chaque couronne, on a fait fabriquer des caissons d’écrans à 3 faces. Ils sont assemblés les uns aux autres ce qui apporte de la rigidité à la structure porteuse en échelle, réalisée elle aussi sur mesure et qui est entraînée par trois moteurs pour avoir toutes les angulations possibles de chaque couronne. La rigidité de la structure globale est aussi assurée par l’assemblage des petits modules formant les écrans vidéo.

Triple couronne d’écrans vidéo sur 3 faces réalisée sur mesure, et alimentée en médias par Resolume ou Arkaos au choix des LJ/VJ qui accompagnent les DJ guests.

SLU : Le “motion” utilise des moteurs double frein ?

Christophe Orlando : Oui ce sont des Liftek 250 kg D8+ avec variateur de vitesse et une sécurisation supplémentaire par stop chute. Les moteurs sont accrochés à la structure primaire que l’on a fait calculer par un ingénieur. Elle est reprise sur le toit du bâtiment et elle nous sert de passerelle. Et j’ai deux passerelles supplémentaires. En haut on a une grosse armoire de distribution électrique, un automate pour la commande des moteurs, et une télécommande déportée qui est asservie à la GrandMa.

Cristobal, le Light Jockey et VJ du club

SLU : Tu détailles ?

Christophe Orlando : De la GrandMa on sort en DMX sur une carte relais. Dessus je gère un certain nombre de contacts qui me permettent de rappeler des roues codeuses en binaire qui rappellent des séquences dans l’automate pour gérer les montées, descentes.
J’ai ainsi 99 possibilités de mouvements. C’est un interfaçage qui permet de supprimer le poste de pilotage des moteurs dans la cabine qui est trop petite pour l’accueillir.

SLU : Les programmes sont tous les soirs restitués à l’identique ?

Christophe Orlando : Oui, au final ce sont des cues de GrandMA

SLU : Les images viennent d’un média serveur ?

Gérard Giraudon : Non tu sais un média serveur ça vaut tout de suite 30 000 €. Nous, on prend de bons PC, on met des cartes de super qualité dans des slots, on charge un Resolume et ça fonctionne de façon identique. On travaille avec un super assembleur de PC spécialisé dans l’informatique militaire et médicale.

Christophe Orlando : Les écrans sont gérés par Resolume ou ArKaos, pour répondre à la sensibilité des personnes qui l’utilisent. J’ai fait tout le flashage sur Nova Star, le logiciel de configuration des écrans led.
Le même média est envoyé dans tous les écrans, principaux et secondaires comme les totems, les lustres, les disques… Mais pour moi, ils sont tous indépendants. Le Gotha peut très bien décider d’envoyer un visuel différent dans chacun.

Entre les couronnes vidéo éteintes, qui montrent le travail d’assemblage des surfaces d’écrans, on distingue un Wash multisource Briteq Cirrus, un strobe à leds GigaFlash, et un BTX Titan. On remarque aussi un des tuyaux d’arrosage verts spiralés qui acheminent le câblage vidéo.

SLU : Tous ont le même pitch?

Christophe Orlando : Non, on a choisi 4,2 mm pour les couronnes et 3,9 pour les autres. On a un partenaire asiatique qui fabrique ce que l’on veut sur mesure.

SLU : Attaquons la lumière et le choix des projecteurs dans le catalogue Hit Music. C’est un choix budgétaire ?

Christophe Orlando : Pas que. Je me suis fait envoyer plein de machines par un peu tout le monde pour les comparer On a trouvé le bon rapport qualité/prix chez Hit Music avec qui nous travaillons depuis pas mal d’années. Ils ont plein de produits intéressants et fiables comme les petits PIN. J’en ai installé plus de 800 en deux ans.

Aujourd’hui l’arrivée de Briteq complète bien leur offre avec une gamme de produits abordables et de très bonne qualité. Ils ne sont pas aussi chers que ceux de grandes marques mais la qualité se rapproche : excellente finition, bonne luminosité et en multipliant le nombre de points gérés indépendamment, on a l’effet. »

Alors que Christophe est appelé à une urgence, on fait l’inventaire avec Daniel Picard Hit Music qui connaît le dossier Gotha et les produits installés sur le bout des doigts.

Le plafond montre les faisceaux serré des Beam BTX5R, séparés par 4 COB Blinder et, en face, accrochés à la cerce, les Hybrides BTX Titan Briteq.

Daniel Picard : A l’exception des 12 RTX Beam5R qui mitraillent la face de leurs Beams, autrement dit la piste de danse située face à la cabine, tous les projecteurs sont répartis, car les clients dansent à vrai dire un peu partout.
36 lyres hybrides Spot, Beam, Wash BTX-Titan Briteq avec leur lampe Osram Sirius HRI 280, assurent les ambiances d’accueil, 20 Cob blinder 2 x 100 W et 8 stroboscopes Led BT Gigaflash marquent les pêches.

Blinders, wash, Beam et Hybride, pour les ambiances et aussi 3 BT-Retro en éclairage décoratif et chaleureux.

12 BTX-Cirrus, lyres multisources avec zoom et pilotage point par point des 19 sources RGBW Osram de 30 W assurent les wash et des effets de pixels. 8 BT-Retro à Led en arc de cercle autour de la couronne vidéo apportent un visuel vintage et chaleureux.

Le fond du bar principal est habillé de 18 ventilateurs BT-LedRotor, un projecteur qui donne l’illusion d’un gros ventilateur industriel. Les 6 pales serties chacune de 120 leds contrôlables en 5 groupes indépendants s’animent de 1 000 façons : vitesse, sens, strobe, nombre de pales et nombre de segments par pale. L’effet va du soft à l’agressif en strobe et rotation rapide des pales qui, en plus, sont éclairées par un petit ruban de leds UV serties sur la circonférence interne du projecteur.

L’espace bar, délimité par les LedRotor : un chouette effet ! La corniche supporte les fameux PIN15 en RGBW, coqueluche de Colorsonic, dont le faisceau serré créé un doux rideau de lumière et éclaire les verres des clients.

Dans la gamme Contest, Colorsonic a repris le PIN15 en grand nombre : 240 accrochés autour de l’Atrium et le reste autour du bar. Ils sont tous en faisceau serré formant de jolis rideaux de lumière.

Daniel Picard, de l’équipe Hit Music

SLU : C’est une belle vitrine pour Hit Music…

Daniel Picard : « C’est une belle installation et surtout quand tu travailles avec Colorsonic tu sais que les produits seront installés et utilisés comme il faut et que ça marchera.
En revanche, on doit être précis, tous les câbles sont faits sur mesure, et il faut savoir réagir vite quand il a un problème sur un produit.
Gérard Giraudon voulait disposer de machines de spare sur site pour pouvoir réagir au plus vite en cas de panne. On leur a prêté 6 lyres à récupérer après la saison. »

SLU : Christophe, tu as eu l’occasion d’apprécier le confort du spare ?

Christophe Orlando : « J’ai eu un problème une fois sur 2 Cirrus que Daniel a remplacés en 48 heures et j’avais de nouveau mon spare intact. A la fin de l’été quand il les reprendra, ils seront neufs. »

Détails d’intégration de stripled sous les séparateurs d’ambiance en polycarbonate.

La grande spécialité de Colorsonic, c’est l’intégration de leds dans l’architecture intérieure. Au plafond, à l’arrière des banquettes, dans les corniches, les nez de marches, le bar, les murets de séparation.
Au total, ce sont plus de 500 points lumineux RGB recouverts d’un cabochon qui animent le plafond et 470 mètres de stripled RGB sur 70 circuits DMX qui créent du relief, délimitent des espaces, enjolivent le lieu ou simplement positionnent des éléments de décor et le mobilier, pour la plupart dissimulés. Quand ils sont visibles comme ceux intégrés sur le dossier des banquettes, ils sont glissés dans un boudin siliconé, bien à l’abri de tout écrasement.

Plus de 600 points led recouverts d’un diffuseur sont intégrés au faux plafond et contrôlés en point par point par Madrix.

SLU : Comment contrôles-tu tous ces projecteurs, les points lumineux et les stripled ?

Christophe Orlando : « C’est une GrandMA onPC qui contrôle les projecteurs fixes et motorisés avec ses 8 univers DMX. Elle sert aussi de remote de Madrix qui gère les points lumineux sur 4 univers DMX. Le stripled qui représente 70 circuits, est commandé par des petits contrôleurs DMX 8 sorties.

SLU : Tu as prévu un réseau lumière ?

Christophe Orlando : J’ai un réseau ArtNet entre la régie et le local technique via des switches Netgear. C’est un réseau spécifique lumière. Je redistribue ensuite le DMX via des nodes Luna Madrix, et des splitters Cameo qui sont les produits les plus fiables que j’ai trouvés dans cette gamme de prix.

La régie lumière et vidéo. A gauche Le grandMA onPC et ses interfaces de contrôle Fader Wing et Command Wing. A droite l’écran de Resolume.

SLU : Passons au son maintenant, comment est conçue la diffusion au Gotha, notamment sa temporalité…

Christophe Orlando : On a travaillé en fonction d’où se trouve la cabine DJ. Comme elle a été avancée de 10 mètres par rapport au mur du fond à cause de la taille du carré VIP, on a opté pour un système principal et des subs qui couvrent la piste avec des délais et des renforts là où nécessaire. Pour cette très grande partie VIP derrière le DJ, on a accroché des rappels à 180° du système principal, le tout étant en phase au point 0 qui coupe en deux la régie.
On doit favoriser l’impact et donc concentrer le plus possible d’énergie en un seul point. En plus du point sub principal, on a des subs additionnels, notamment dans les banquettes autour de la piste, bien entendu alignés sur des plans précis pour pouvoir les caler. Cela a été rendu nécessaire par la manière avec laquelle la boîte est conçue, par étages en béton avec des lignes arrondies qui cassent les ondes. Cela a été très compliqué (rires).

SLU : Pourquoi ne pas mobiliser le sol ou les banquettes avec des shakers comme le Mover de Powersoft…

Christophe Orlando : Je ne suis pas fan. D’abord on a fait le choix de tout réaliser en TW-Audio, et puis il manque une sensation. On ressent mais on n’a pas la dynamique et l’impact de la membrane et ça ne marche que lorsqu’on est assis sur la banquette. Dès qu’on se lève on perd cette sensation et ici les gens s’assoient en plus n’importe où (sourires).

Beaucoup de bois, une vraie forêt sonore avec en système principal et par côté quatre T24N qui sont des doubles 12” pavillonnés avec un moteur 1,4”, en haut à gauche, un autre T24N qui sert de « casque » haut au DJ, en plus de celui posé au sol et en bas à gauche, un T30i, un renfort large bande pour la crème des VIP. Deux 15” et un gros moteur.

SLU : Vous partez d’une simulation ?

Christophe Orlando : Bien sûr, sur Ease, mais entre les changements du client et la réalité des lieux, on a été obligé d’ajouter des gros subs en fond de salle car j’avais des oppositions de phase. On essaye de limiter les points sonores mais on ne peut pas laisser une zone sans bas du spectre.

SLU : Et pour les têtes ?

Christophe Orlando : J’ai en principal quatorze T24N qui sont des doubles 12” pavillonnés avec un moteur 1,4” dont deux servent en side au DJ, une sorte de puissant casque en hauteur. Il y a neuf T20i pour faire du rappel partout en salle, deux T30i pour ramener de l’énergie derrière la cabine DJ, là où se trouve le carré Ultra VIP et d’autres modèles pour compléter çà et là et bien distribuer dans toute la salle. Les T30i sont équipées de deux 15” et d’un moteur. Elles peuvent se passer de sub et sont parfaites en proximité.

SLU : Le DJ dispose de quoi en proximité ?

Christophe Orlando : D’un gros retour constitué d’un sub B18i et de deux têtes T20i. Par côté. Même les DJ de passage habitués au montage Kara et SB18 de L-Acoustics sont enchantés (il pousse un peu en cabine et…vendu ! NDR). Nous avons aussi travaillé ces retours de proximité pour que les DJ aient un son de piste durant le mouvement des anneaux vidéo qui en descendant viennent masquer le casque haut en T24N et créer des réflexions. C’était impossible à simuler.

SLU : Comment fonctionnent les subs principaux ?

Christophe Orlando : On a un sub BSX en deux fois 21” pour l’infra et 4 subs B21i en simple 21” et radiation directe pour renforcer la frappe. Il s’agit d’un tout nouveau modèle. Leur preset a été travaillé par TW-Audio pour qu’ils aient un rendu nerveux et proche d’un 15”. La niche dans laquelle ils sont placés, réduit en plus pas mal l’onde arrière et ils sont à peine délayés pour raccorder avec les T24N.

Un montage classique et que l’absence de tout vinyle rend imparable. Au centre le BSX pour la première octave et la bave, autour quatre B21i, aussi des 21” mais en charge de taper sur tout ce qui bouge. Le Gotha fonctionne donc en 4 voies actives sur sa piste de danse et 3 voies actives partout ailleurs.

SLU : Vous avez prévu des wedges pour les artistes de passage ?

Christophe Orlando : Oui. On a 4 liaisons numériques HF, 4 wedges câblés sur un X4 Powersoft et une QL1 Yamaha pour gérer l’ensemble.

SLU : Un côté du retour de proximité DJ est bien placé, l’autre en revanche est masqué par l’éclairagiste…

Christophe Orlando : C’est vrai et ça va être modifié. L’éclairagiste et le technicien en charge de la vidéo vont déménager et s’installer dans une nouvelle régie lumière en hauteur, au-dessus de la sortie de secours avec une fenêtre, ce qui leur permettra d’être en face de la piste et libérera de la place dans la cabine DJ qui est un peu exiguë, surtout à trois.

SLU : Pioneer ?

Christophe Orlando : Forcément. Mais on dispose aussi d’autres marques au dépôt en fonction des demandes. Sur site on a une DJM en spare et des CDJ pour parer à toute éventualité.

De gauche à droite la QL1 Yamaha et les 4 récepteurs QLXD pour autant de liaisons afin d’accueillir des invités. La scène est située juste de l’autre côté du petit plexi qui finit la régie. Puis la base de tout club, quatre CDJ2000 Nexus 2 et une DJM900 Nexus 2. Des supports sont prévus pour poser des compléments sonores. En face la micro piste et au bout l’un des bars.

Entre le Medusa à côté et ici, on a de quoi faire et assurer la nuit. Par ailleurs on a câblé en croisé les baies ampli de telle sorte à diluer une panne sur plusieurs points de diffusion et non pas à en perdre un entier. On aura toujours du sub et de la tête.

SLU : Côté émergences comment se situe le Gotha ?

Christophe Orlando : On a fait des mesures d’impact. On a envoyé 132 dB sur la piste et rien n’arrive chez les voisins. La salle a été très bien isolée. Il manque peut-être un peu de traitement que nous avions demandé dans le haut de la corolle. Il y a en fonction des écrans circulaires, quelques réflexions. Ce sera sans doute ajusté à la fin de la saison. »

Gérard et Christophe, les gardiens des nuits cannoises mais aussi tropéziennes, monégasques…

SLU : Comment calez-vous le système. Sensations ou respect des timbres ?

Gérard Giraudon : « De manière très résumée, le français et plus généralement le latin aime bien écouter avec ses oreilles et recherche plutôt un rendu proche du studio avec tous les détails et peu de subjectif. L’anglo-saxon au contraire recherche une écoute via son squelette qu’il veut sentir vibrer. Cela ne nous empêche pas de délivrer aussi des sensations et surtout de faire en sorte que toute la boîte serve de dancefloor.

Dans la salle des machines. La puissance son en Powersoft X4 et Quattrocanali et tout en haut, deux matrices numériques mais à entrées et sorties analogiques d’installation Ecler Mimo 1212SG. Powersoft et TW-Audio ont travaillé main dans la main pour importer dans Armonía les presets, certains opérant des corrections de phase très élaborées, et bien entendu les protections des transducteurs indispensables en club. La mesure et l’enregistrement du niveau en salle sont effectués par un Amix SNA70-3.

Il ne faut pas que le client hésite une seconde à faire la fête et qu’il réagisse positivement à chaque impulsion du DJ donc on se doit de déboucher tous les coins et offrir pression et sensations partout. Il faut que la mayonnaise prenne immédiatement et le son a une grande responsabilité pour ça, c’est l’outil de travail principal d’un club. »
On y trouve 48 canaux d’ampli Powersoft. Onze X4 et un Quattrocanali, pour un total de 150 kW. Et il en va de même avec les racks d’éclairage. C’est extrêmement propre, accessible et ventilé ce qui n’est pas un luxe quand on sait que ce club fonctionne 7 jours sur 7 durant le mois d’août et qu’il est ouvert tous les WE du printemps à la fin de l’automne. Le mot panne est donc banni du dictionnaire.

Nous avons bien sûr écouté le son du Gotha et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est calé pour la fête et le club. Bonne nouvelle, il n’est en rien agressif. Le haut est très contenu tout comme le haut médium et tout ce qui pique à haut niveau. Le grave est dur sur l’homme dans le bon sens du terme quasiment partout, et il faut vraiment aller se placer sur la mini piste de danse pour avoir quelques dB en rab et un grave enrichi en infra. Pas de zones d’ombre.

Le bar allège quelque peu la patate pour permettre de passer une commande. On est attiré par la piste qui concentre la diffusion, mais on peut prendre sa dose même au niveau des tables et des carrés VIP. La transition entre les différentes têtes passe bien, peut-être quelques légers points d’EQ amélioreraient encore l’entrée des petits renforts, mais la pression du grave ne souffre pas trop de la multiplication des points d’émission.
La salle ne sonne pas trop mal (on l’écoute à vide), ce qui laisse présager d’un bon rendu une fois pleine. On sent la grosse, grosse machine dont le potentiel est révélé par les filtres de la console. Il y a du gras et du mordant à volonté avec une couleur très typée club.

Crédits - Texte & photos : Ludovic Monchat et Monique Cussigh – Vidéo : Allison Cussigh

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