L’importance des accroches : les oméga déportables

Quand nous effectuons un banc d’essais de projecteur asservi, nous avons un regard très attentif sur la lumière, les possibilités d’effets, mais également sur sa facilité d’emploi et d’installation, autrement dit le système d’accroche fourni par le fabricant.

Et comme nous sommes également utilisateurs de la plupart de ces machines, nous allons faire ici un petit état des lieux sur les supports oméga déportables et expliquer pourquoi cette pièce d’acier est d’importance primordiale lors de l’exploitation du matériel in situ.

Le support Oméga à fixation par cam-lock.

L’accroche de ces appareils a toujours été au cœur des préoccupations des fabricants comme des utilisateurs, ne serait-ce que d’un point de vue purement « sécurité ».

La généralisation des systèmes à base de supports de type « oméga » (nommés ainsi à cause de leur forme en « oméga » Ω) que l’on peut monter ou démonter rapidement sans outillage avec de simples loquets quart de tour (les fameux « cam-lock ») a été une bénédiction.

Belle invention ! Même si quand vous devez installer les crochets sur 20, 30 ou 60 machines, ça prend un peu de temps. Idem pour le démontage.

Reste ensuite à installer les appareils sur les ponts ou perches. Et là, on tombe assez vite et assez régulièrement sur un os… Il est courant pendant l’installation d’un plan de feu pour lequel on doit respecter des cotes précises, de se retrouver nez à nez avec une impossibilité d’accroche à l’endroit voulu, soit par la présence d’une jonction de pont, d’une entretoise, d’un système de poulie ou d’un support d’accroche de câble porteur sur une perche de théâtre.

Ce qui a toujours été un problème mineur (quoique…une impossibilité d’accroche d’une douche sur un point lead a parfois posé problème) avec des projecteurs trad, souvent équipés d’un seul crochet, est ici accentué car la plupart des automatiques en ont deux, et que l’écartement entre eux favorise ou non leur implantation à l’endroit voulu.

Un plan de feu impossible à respecter sans oméga déportable.

Dans la pratique, souvent, on décale le projecteur de quelques centimètres ou plus, quand c’est possible. On décale aussi le point lead de quelques centimètres et personne n’y voit rien… Mmmmmoui… Mais non. Ce n’est pas toujours aussi simple…

Et surtout, ça ne concerne pas toujours un simple point lead, ni forcément quelques centimètres… Ça peut concerner plusieurs projecteurs, et la précision de leur positionnement peut être extrêmement importante. Que ça soit au centre ou non.

Lorsqu’il s’agit d’un ensemble aligné, un décalage d’une seule machine, même de quelques centimètres (et donc à plus forte raison quand il s’agit parfois de 10 ou 20 centimètres), peut s’avérer très problématique, voire inenvisageable.
J’ai moi-même eu le cas plusieurs fois, notamment sur un spectacle où j’avais 8 projecteurs Beam alignés, jouant en même temps, tombant tout droit… Si vous en décalez un de 10 ou 15 centimètres, l’effet est complètement raté.

Et je peux vous dire que face à ce problème, quand l’équipe locale vous montre le projo décalé, avec la larme au coin de l’œil attendant un « ouais c’est bon, on s’en fout, ça jouera comme ça » de votre part, vous avez des scrupules à tout faire démonter pour trouver un entraxe qui convienne aux huit machines, avec une équidistance quasi parfaite… Mais ça m’est arrivé… Et on n’avait pas le choix…

A gauche l’espace est identique entre les machines, à droite on observe un décalage qui fait franchement désordre.

Parfois, la solution est simplement de déporter de l’accroche avec du tube et des colliers pour permettre un positionnement précis sur la largeur, mais ce système impacte nécessairement soit la profondeur, soit la hauteur d’accroche, donc un décalage.

Ne perdons pas de vue que parfois, sur de gros ponts pliants par exemple, on peut être amené à devoir décaler une machine de 40 à 50 centimètres par rapport à l’emplacement prévu ! (déjà vécu !) Et alors parfois, on a sauvé de l’énergie et du temps pour tout le monde car nous avions des machines équipées de supports oméga déportables !

Mais qu’est-ce donc ?

Ce sont des oméga dont le point de fixation du crochet peut être ajustable sur la largeur. C’est ultra-pratique. Ca permet d’éviter une entretoise de pont gênante, ou même d’écarter les deux points d’accroche pour passer outre une jonction ou un obstacle technique.

Avantages du système déportable pour éviter entretoises et jonctions de ponts.

Au-delà encore, ces systèmes permettent aussi un déport complet de la machine d’un côté ou de l’autre par rapport à son axe.

déport de la machine sur le côté.

C’est Martin qui a développé le premier un système de ce type à la fin des années 90, suivi par Claypaky qui les proposait en standard avec la gamme Alpha. Idem pour DTS. Robe les propose en option. Hélas, de nombreux fabricants livrent encore leurs machines avec des oméga simples…

Je sais que personnellement, même si ça n’est pas ma première préoccupation, ce détail compte dans ma sélection de machines. Parce que je sais à quel point ça peut être une perte de temps de trouver des compromis de symétrie et de positionnement qui vont « faire à peu près l’embrouille ».


Photo A

Sur le marché des automatiques, les oméga déportables se présentent sous plusieurs formes. Le système le plus simple comporte une « languette » de déport percée. (Photo A) Simple et efficace, il permet de choisir entre plusieurs combinaisons de positionnements.

Photo B

L’autre système, plus souple encore, est celui qui se présente sous la forme d’une rigole permettant de faire coulisser le crochet sur plus d’une dizaine de centimètres (Photo B), et offrant un vaste choix de positions.

Photo C

Ce système est optimisé dans les kits d’accroche (on ne peut plus parler d’oméga) de certaines barres ou dalles à leds (Photo C). Comme on parle de machines dont l’effet prend en grande partie du sens par la précision de son positionnement, les fabricants n’ont pas eu d’autre choix !


Photo D

Remarque : certaines machines sont pourvues de plusieurs choix de positionnement de supports Oméga simples sous la base, ce qui offre plusieurs possibilités de combinaisons (Photo D). Mais cette solution, bien qu’étant déjà un pas en avant, s’avère à l’usage moins souple et moins pratique qu’un oméga déportable.

Je pense que nous sommes un certain nombre à attendre que les fabricants adaptent leurs machines aux besoins des utilisateurs, pas seulement en termes de lumière, de type d’effet, de kit de gobos, de colorimétrie, mais aussi pour tout ce qui concerne l’installation, le conditionnement, l’ergonomie, et tout ce qui fait que leurs appareils vont pouvoir offrir toute satisfaction à l’ensemble des corps de métiers qui les utilisent.

Si les directeurs photos ou designers ont des attentes, si les chefs d’entreprise de sociétés de location en ont d’autres, les techniciens qui se dépatouillent au quotidien des problèmes d’accroche ont vraiment besoin d’être entendus également. Ce serait bien aussi de les interroger

Je suis malgré tout persuadé que certains constructeurs sont à peine conscients de ce problème et n’ont probablement jamais eu de retours dans ce sens… .

L’«oméga déportable», un accessoire simple, peu coûteux, un simple bout de métal… Mais qui fait gagner un temps fou !

 

Crédits - Texte & photos : Jocelyn Morel

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