Luminex, le réseau 3.0

Un salon comme le Prolight+Sound ne cesse de nous montrer des innovations technologiques majeures dans le domaine des projecteurs d’éclairage et des consoles.
En quelques années les automatiques ont relégué les pourtant pas si vieux Mac2000 à des années-lumière. Littéralement, les fonctions des projecteurs ont décuplé et les quantités astronomiques de paramètres à traiter ont poussé les fabricants de pupitre dans leurs retranchements.

L’équipe Franco-Belge de Luminex enchaîne les présentations pointues de leurs nouveaux node.

La quantité d’informations à traiter a été multipliée par 20 en 15 ans, sans compter toutes les demandes de mélange entre vidéo, lumière, système de secours et console déportée. Si la gestion de ces flux de données entre périphériques s’est organisée grâce au génie de quelques-uns, comme Wayne Howell l’inventeur de l’Art-Net, ou par le poids de quelques constructeurs dont les propres protocoles finirent par s’imposer (MA-Net, Kling-Net, sACN), la réalité du terrain est encore terriblement… vétuste.

Le génial inventeur Wayne Howell. Sa discrétion légendaire ne l’empêche pas d’être aussi l’auteur de trois ouvrages indispensables : Rock Solid Ethernet, Control Freak et Light Bytes

La faute à ce protocole DMX512 si robuste et facile d’utilisation qu’il représente encore l’immense majorité du câblage de projecteurs, plus de trente ans après sa sortie. Pour comprendre le retard technologique de ce système, il suffit de se rappeler que le DMX fut normalisé et distribué en même temps que le… Minitel. Heureusement que les consoles ont su évoluer.
Pour un constructeur comme Luminex, impliqué dans la recherche de solutions visant à améliorer et remplacer les anciennes normes, il est évident que le DMX est voué à disparaître à moyen terme. Au moment de renouveler leur gamme de nodes MK2, le nombre de sorties DMX n’est plus apparu comme une fin en soi.

La différence se situe maintenant au niveau des blocs de traitement, car il est évident que le futur des connexions s’effectuera de façon plus ou moins dématérialisée via le réseau Ethernet.
Les LumiNode sont des interfaces pensées avec dix ans d’avance. Bien entendu capables de fonctionner avec les organisations actuelles, elles sont surtout prévues pour anticiper les prochains protocoles et s’adapter aux arborescences de plus en plus feuillues des réseaux dans les lieux de spectacles.

Le rack de démonstration Luminex avec, de haut en bas et de gauche à droite, un LumiNode 12, un switch Gigacore10, un LumiNode 4 et le switch d’installation fixe Gigacore 26i.

LumiNode

Jusqu’à présent, qu’il s’agisse d’envoyer ou recevoir des données, de mélanger plusieurs sources, de convertir dans un ou l’autre sens ou de déclencher des modes ou des programmes internes, tout passait par les ports DMX. Et c’était suffisant jusqu’à présent pour ceux qui avaient des besoins en interfaçage limités.

Le LumiNode 4 est le plus versatile de la gamme. Malgré son format compact, il possède un afficheur aux nombreuses indications

Or, que ce soit dans les installations fixes ou les grosses tournées, les opérateurs réseaux sont maintenant confrontés à des demandes complexes. Comme prévoir plusieurs sources à mélanger, entre la régie lumière, la régie vidéo, le plateau et les éclairages de secours par exemple.
Ou gérer des conversions entre flux Art-Net et sACN, de plus en plus souvent en dehors des consoles qui ne gèrent cet aspect que par univers, et dont les paramètres sont assez succincts (pour les aspects avancés du réseau).

Dans la pratique, il arrive fréquemment que des nodes soient intercalés juste pour assurer un processus particulier, en les reliant fil à fil à d’autres. Aussi Luminex a construit ses nouveaux nodes, les LumiNode, en donnant la priorité aux blocs de traitement. Ces processing engine permettent d’assurer de façon virtuelle toutes ses opérations complexes sans passer par les ports DMX.
L’interface complètement remaniée des LumiNode, associée au nouveau logiciel de management réseau, le Luminex Network Manager, assure un confort de travail et d’organisation inégalé, pour une gestion du réseau en toute sécurité.

Les LumiNode existent en 3 modèles principaux. Le premier, le LumiNode 2, possède 4 blocs de traitement et 2 sorties DMX. Le LumiNode 4 dispose de 6 processeurs et 4 sorties DMX. Le LumiNode 12 a 16 blocs et 12 sorties. Un LumiNode particulier, le LumiNode 1, est destiné à accompagner les techniciens réseau comme un couteau suisse numérique.

Chaque node comprend des ports DMX compatibles RDM en isolation optique et galvanique complète, dans les bonnes habitudes de Luminex, avec une led RGB d’indication d’activité. Un switch 2 ports RJ45 EtherCon est aussi inclus, avec des voyants d’indications de lien, d’activité et du mode d’utilisation. Un contact sec existe aussi pour les installations fixes (en cas d’alerte ou de commande externe il pourra déclencher un état lumineux en interne, ou une autre action, dans une future mise à jour du firmware).

Pour donner un exemple didactique, Luminex présentait sur son stand un cas d’école de transfert de flux géré en interne grâce aux Processing Engine.

Les paramétrages des LumiNode sont toujours accessibles par n’importe quel navigateur internet, en utilisant leurs pages web de management. Un software plus avancé, le Luminex Network Manager qui sera dévoilé dans les prochaines semaines, permettra aussi de les configurer et de les administrer, individuellement et par lots.
Ce bouleversement dans la gamme Luminex, dont les jalons marqueront sans doute une étape cruciale dans le développement des réseaux associés au spectacle, verra les nodes et leurs softwares distribués officiellement en juin. Pour faire face aux premières inquiétudes, chaque LumiNode pourra être lancé en choisissant un de ses deux firmwares, l’active firmware et un alternate-firmware, afin de suivre ou non les dernières mises à jour.

Avec ces blocs de traitement, de nouveaux modes de gestion sont apparus : La fonction transfert (forwarder) permet de convertir un protocole vers un autre parmi les possibilités suivantes : DMX (depuis n’importe quel port DMX du node), ArtNet, sACN, BlackTrax, une capture ou un autre bloc de traitement.

L’interface des nodes, toujours accessible en page Web, est entièrement remodelée, basée sur le software Offline Editor Luminex. Les assignations identiques de sortie DMX s’effectuent maintenant par simple copie en glisser-déposer.

Il sera aussi possible, dans le futur, de capturer un flux de données dans le LumiNode et de le jouer en cas de coupure ou depuis une commande extérieure. Des procédures de sauvegarde sont également possibles, en back-up par source ou par univers en cross fade.

Des cascades de blocs de traitement permettent des conversions ou des re-routing complexes, pour des installations devant répondre à des contraintes particulières. Pour finir, dans les régies où plusieurs consoles cohabitent, les mélanges HTP ou LTP sont autorisés jusqu’à 4 sources, par univers ou par lots d’adresses.

LumiNode 1

Ce node 1 sortie DMX/RDM XLR5 est, de loin, l’outil que beaucoup de techniciens réseau attendaient avec impatience. Avec son port USB unique pour pouvoir le brancher sur ordinateur, il permettra, via une future mise à jour logicielle, de se connecter en RJ45 directement au trunk de son réseau lumière pour pouvoir administrer tous les switchs et VLAN grâce au logiciel LumiNet Monitor ou Network Manager.

Mais il peut aussi s’utiliser, avec la puissance de ses 2 blocs de traitement, pour tester et paramétrer « à la volée » les kits lumières en RDM, sans console ni système complexe. Sa construction robuste, son port EtherCon 1 Gb, son alimentation PoE et son format de poche sont tout entiers pensés pour accompagner les techniciens dans toutes les situations.
De plus Luminex a décidé de descendre son prix au plus bas niveau possible, en dessous des 200 €. Ce geste commercial lui a assuré un tel succès auprès des nombreuses personnes qui ont découvert et apprécié le LumiNode 1 durant le salon du Prolight, qu’il est déjà en rupture de stock.

LumiNode 2

Plutôt dédié aux installations légères, le LumiNode 2 est le plus petit node de la gamme. Son format est prévu pour être accroché sur les perches en théâtre ou fixé au mur grâce à son support de fixation.
Il est équipé de 2 ports EtherCon 1 Gb avec switch intégré, de 2 sorties DMX/RDM avec voyant RGB d’activité et de 4 processeurs internes. Il est dépourvu de câble d’alimentation classique, car il utilise une alimentation PoE.

LumiNode 4

Le LumiNode 4 est le plus versatile de la gamme. Au format rackable demi-U, il complète parfaitement les switchs Gigacore 10 pour tous les kits de tournée ou de festival, mais peut être aussi accroché grâce à son pas de vis M10.

Avec 6 processeurs internes et 4 ports DMX/RDM, un switch 2 ports EtherCon et une des leds d’indications, il répondra à la majorité des besoins. Avantage principal par rapport au LumiNode 2, la présence d’un véritable menu en façade avec molette de réglage et un écran d’indication couleur, ainsi qu’une alimentation PowerCON ou PoE via l’un des ports Ethernet.

LumiNode 12

Le LumiNode 12 est le plus complet de la gamme, en proposant dans un format 1U rackable 12 ports DMX/RDM, 16 processeurs et 2 ports Ethernet, avec écran couleur et molette de configuration.

Le logiciel est capable d’afficher également toutes les informations telles que la consommation électrique des équipements PoE, le statut des ports pour le protocole RSTP, les équipements AVB connectés et leur statut, et les groupes multicast enregistrés sur le switch.

Moins cher que les Node8 de la gamme précédente, il risque fort de s’imposer dans tous les kits importants. Comme le LumiNode 4, il possède une panoplie de leds d’indications, tout comme une alimentation PowerCON ou PoE.

Luminex a prévu une feuille de route de deux ans pour développer son logiciel.
S’il permettra en premier lieu d’administrer les switches, viendront dans le futur les paramétrages des nodes, et enfin les équipements RDM connectés aux nodes Luminex.
La révolution est lancée.

Plus d’infos sur le site Sonoss et sur le site Luminex

 

Crédits -

Texte & photos : Tristan Szylobryt

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