Robe puise dans ses ressources

Avec un catalogue aussi abondant, il serait tentant pour Robe de se reposer sur son back-catalogue. Mais c’est mal connaître Josef Valchar, son dirigeant et fondateur, qui a placé l’ingénierie au rang de religion.
En revisitant certains de ses produits phares, il a corrigé ou fait évoluer une partie de sa gamme 2017-2018, avec en particulier une version quasi étanche de son best-seller MegaPointe. Les prototypes étaient présentés à Prolight+Sound.

IPointe, la version du MegaPointe bientôt armée pour prendre la pluie.

Traitement optique et blanc variable

Les lentilles de projecteurs ont toujours représenté un casse-tête pour la maintenance. Ces sphères de plastique ont naturellement tendance à prendre la poussière ou des dépôts de Glycérol venant des machines à fumée, voire à se rayer durant les manipulations quotidiennes. Alors Robe a investi, un million d’euros, dans un centre de traitement spécifique imaginé par une entreprise française, et placé au cœur de ses usines.

Cette machine de 8 mètres s’inspire des procédés d’opticiens en déposant deux couches spécifiques avant cuisson à haute température. La première cuve recouvre les lentilles d’un revêtement antistatique et la deuxième d’un complément de protection.
Cette nouvelle solution brevetée Robe est maintenant à l’œuvre sur les lentilles des Spiider, Tarrantula, LedBeam et ParFect 150. Les études ont montré une réelle barrière contre les poussières et rayures, une diminution des besoins de nettoyage et un gain de luminosité avec 1 à 2 %.

Une nouvelle version des Spiider et Tarrantula sera bientôt disponible en leds blanches, pour répondre à certains besoins en salon, architecture et événementiels. Sur ces modèles TW (tunable white), les quatre leds RGBW sont remplacées par 2 leds blanc chaud et 2 leds blanc froid. Cela permet d’obtenir un IRC supérieur à 93 et une température de couleur contrôlée entre 3200K et 6500K.

T1 Wash

Suivant de près le T1 Profile, de cette série de projecteurs dédiée aux théâtres et plateaux TV, le T1 Wash met aussi en avant son cœur led multicouleur développé exclusivement par Robe. Dotée nativement d’une grande richesse de teintes, cette source led MSL, pour Multi Spectral Light LED, est composée de diodes RGBAL. L’ensemble de ses composantes rouge, verte, bleue, ambre et lime permet d’obtenir un flux de 10 000 lumens pour 550 W de consommation, avec une immense précision de couleur et un IRC supérieur à 90.

Ici présenté avec une lentille PC, le prototype de la T1 Wash s’orne aussi d’un porte filtre pour ajouter certains accessoires ou gélatines spécifiques.

La gestion des couleurs est proposée suivant trois modes, modulables à volonté : Soit en en CMY ou RGB, soit avec l’ensemble des canaux RGBAL, ou encore en piochant dans les 237 couleurs préprogrammées du DataSwatch filter, obtenus grâce aux algorithmes RCC, le Robe Colour Calibration.

L’ajout d’un canal plus/minus green est destiné aux applications filmées, tout comme son nouveau gestionnaire de fréquence (Cpulse Flicker-Free), particulièrement adapté aux caméras HD et UHD.
Capable de travailler de 2700K à 8000K, le T1 Wash peut simuler une source Tungstène à 2700K et 3200K. Son dimmer L3 ultra-fin codé en 18 bits, son stabilisateur EMS de mouvement et ses frost léger ou standard rendent l’arrivée de son faisceau quasiment imperceptible.

L’optique soigné est composé d’un zoom 7°-50° aux éléments internes scellées pour éviter les dépôts de poussière ou d’huile de brouillard sur les lentilles. Un système d’insertion de 4 volets internes à orientation de +/- 90° et un effet ‘banane’ indexable (graduated scrim) permet de modifier nettement la taille de sa zone de projection. Disponible avec lentille Fresnel ou claire, type PC, cet asservi silencieux de 22 kg s’utilisera comme Wash ou lumière principale sur tous les shows dont la maîtrise de la couleur et du faisceau sont une priorité.

iPointe

Les nouveautés Robe se terminent encore une fois avec un remix. Pas encore du cultissime Denominator, mais d’une version étanche du MegaPointe, l’iPointe.
Face aux nombreux tracas des prestataires lorsqu’il s’agit d’affronter les conditions de plein air, surtout avec des projecteurs Beam dont les faisceaux risquent de percer les dômes gonflables de protection, plusieurs fabricants ont développé des versions IP65 de leurs automatiques. Les chiffres 6 et 5 indiquent respectivement une protection totale contre les poussières et contre les projections d’eau dans toutes les directions.

Les iPointe furent présentés sous un rideau d’eau continuel de 40 m adapté spécialement pour le show Robe.

Ces appareils ne sont donc pas immergeables, mais peuvent supporter quelle que soit leur position des trombes d’eau ou des tornades de poussières sans endommager leurs composants internes. L’absence de poussière sur les lentilles ou les roues d’effets est un immense avantage collatéral, réduisant les opérations de maintenance au seul nettoyage externe.
Pour créer sa propre recette IP65 le département R&D Robe a conçu en deux ans un système de mille-feuille interne ou sont placés des filtres spécifiques et des chambres de surpression à air pour repousser les fluides. Si son aspect extérieur évoque une carapace préhistorique, l’iPointe est quasiment semblable à un MegaPointe, hormis sa lampe limitée à 310 W, contre 470 W pour l’original.

A la base de l’appareil figure le nouveau menu de configuration, doté d’un accès NFC.

Changement aussi, et pour cause, au niveau du menu de l’appareil. La partie tactile est abandonnée, car impraticable une fois humide, au profit d’un panel de réglages et de l’intégration d’une puce NFC. Celle-ci permet de configurer le projecteur depuis un mobile Android.

Les informations d’utilisations ou provenant de senseurs internes sont aussi disponibles, en particulier le capteur d’hygrométrie pour détecter d’éventuelles traces d’humidité résiduelles contrariant l’étanchéité de l’iPointe. Malgré sa construction imbriquée, le changement de lampe ou les opérations de maintenance et remplacement de gobos restent faciles et rapides. Ces précisions pointées (sic), l’iPointe reste une extraordinaire machine, équipée d’un zoom impressionnant de 1.8° à 42°, d’un réglage de point chaud HotSpot de 7 :1 à 2.5 :1 et de deux modes : Beam et Spot.

Outre le mixage CMY mixing, 13 filtres de couleurs, une roue de 9 gobos rotatifs et une autre de 10 fixes, la bête possède un large panaché d’effets. Émulateur de couteaux pour rendre le faisceau rectangle, réducteurs de faisceau, frosts variables 1° et 5°, roue d’animation et surtout 6 prismes sur 2 disques qui se combinent en 12 effets flower. L’iPointe possède aussi des connectiques étanches pour accéder aux protocoles DMX, RDM, ArtNet, MA Net, sACN et se pilote aussi via un Web Serveur ou une solution sans fil CRMX Lumen Radio.

Plus d’informations sur le site Robe Lighting France

Crédits - Texte et photos Tristan Szylobryt

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