Sully 4C. Robert Juliat coupe la couleur en 4

Ludwig Lepage, chef produit de Robert Juliat nous présente en avant-première la future découpe à source led 4 couleurs Sully 4C.



Prendre le temps d’analyser le marché et les demandes de ses clients, qu’ils soient novices ou férus de précision.
Proposer des solutions high-techs, y compris dans un secteur considéré comme furieusement classique.
Tout construire et assembler en France, au plus près de leur usine.

Ces trois points sont le credo de Robert Juliat, chantre de l’éclairage théâtre depuis plus d’un siècle.


D’ici à l’été les sacro-saints Fresnel et découpe vont passer à la couleur, grâce à un nouveau module, fruit d’un développement de plusieurs années. Pour nous présenter cette Sully 4C, Ludwig Lepage, chef produit de Robert Juliat, nous fait une démonstration de haute précision sur le prototype en cours de finalisation.

Ludwig Lepage : « On arrive un peu plus tard que les autres fabricants sur la couleur, à cause de notre volonté de nous démarquer, et suite à un énorme travail sur le soft pour proposer un projecteur unique. Cette présentation est une première étape pour montrer toute l’intelligence développée derrière notre module couleur. »

La Sully désigne avant tout un module complet comprenant une source led, son alimentation, ses connecteurs data, son menu et sa carte électronique de gestion. Pour l’instant disponible en blanc chaud ou froid, il se présente soit sous forme d’une trappe à insérer dans les découpes 600SX ou les poursuites correspondantes, soit déjà intégré dans les nouveaux Fresnel, découpe et poursuites de la gamme Sully.

Pour la Sully 4C le principe reste identique, avec une nouvelle source de 200 Watts environ, en 4 couleurs : rouge, vert, bleu et lime, prête à être installée dans les anciennes découpes, ou déjà intégrée dans les futurs modèles de découpe, Fresnel et poursuite Sully 4C.


Les nouvelles trappes arriveront sans doute avec un accessoire pour optimiser le flux d’air dans la lanterne. Le gain de puissance va aussi permettre de changer la taille du Fresnel, en passant d’une lentille de 150 mm à 200 mm, soit au format d’un 1 000 W halogènes 310H. Les découpes resteront elles inchangées.
Si le moteur couleur, en RGB bien saturé pour offrir un large spectre de teintes, accompagné d’un Lime pour équilibrer les blancs est assez répandu, le développement de Robert Juliat va beaucoup plus loin, en particulier dans tous les algorithmes de gestion et de calibration.

Ludwig Lepage : « Notre but est d’obtenir le projecteur le plus flexible pour simuler n’importe quelle source, dans n’importe quelles conditions. Un caméléon capable de reproduire aussi bien du tungstène que de la led, du blanc constant, des gélatines ou de la couleur. C’est un véritable tout-en-un. »

Pour ce faire, ils ont fait le pari de ne proposer que quelques modes de fonctionnement.

Le premier, très simple, permet de piloter la Sully 4C comme une découpe normale, en 16 bits de gradation. Le menu sur la découpe permet de choisir la température de la source, 3200K ou 5600K par exemple, et une éventuelle ‘gélatine’ virtuelle.
Quelques modes restreints permettront de gérer la couleur avec une console basique.

Enfin, le plus impressionnant, est le dernier mode d’une bonne vingtaine de paramètres, qui va permettre de régler sa couleur de façon ‘intelligente’ en ayant toute une gamme de réglages sous la main. C’est dans ce mode que se cache le système de contrôle, le plus souple possible, fruit d’une passionnante recherche du bureau d’études de Robert Juliat. La balance pour trouver le bon compromis entre les paramètres nécessaires et les besoins d’un maximum d’utilisateurs.
Contrairement aux autres fabricants, qui multiplient les modes et forcent les utilisateurs à choisir leur espace colorimétrique ou à anticiper une forme d’utilisation dès le montage, Robert Juliat propose des paramètres croisés donnant toute latitude à la programmation.

En premier lieu le choix d’une ‘source’ de référence autrement dit le type de lampe simulée : halogène à 3200K ou blanc froid à 5600K par exemple. Puis, autour de cette valeur, pouvoir faire varier la température de couleur en collant à la courbe de Planck, ou Corps Noir, dans le fameux triangle des couleurs. Cela permet de descendre jusqu’à 1700 K ou de s’envoler à 10000 K, une largeur de zone rarement atteinte.

Ensuite il est possible d’ajouter un filtre virtuel, comme une gélatine, à cette source. Pour l’instant 300 filtres sont référencés, classés sur 14 roues de couleurs virtuelles par ordre numérique ou chromatique. Chacune de ses macros de couleur a été mesurée une par une par Robert Juliat.

Ludwig Lepage : « On a mesuré le spectre de toutes les références de gélatines, avec différentes sources halogènes. On ne s’est pas contenté de récupérer les données des filtres, tout s’est fait au labo. Ce sont des jours de calculs dans nos ordinateurs. »

Dans un futur proche, les éclairagistes auront la possibilité de créer leurs propres ‘roues de couleurs’ suivant leurs habitudes ou les besoins d’un spectacle, et de les intégrer dans les découpes.
Pour ces mêmes éclairagistes, il existe différents paramètres pour reproduire au maximum les aspects de l’halogène, ou répondre aux chefs opérateurs les plus exigeants. Du mode shift, qui fait varier blanc et couleurs suivant l’intensité comme avec une source tungstène ; à l’ajustement du deltaUV, plus précis que le minus green, une myriade de détails est proposée.
Ainsi, si le « Saturation Adjustement » semble simuler une gélatine plus ou moins neuve, le mode « Output Color » gère la transmission suivant la teinte, pour, par exemple, qu’un Congo géré de façon optimisée par les leds, soit semblable à celui obtenu par une gélatine sur du tungstène. Plus faible, mais plus réaliste à nos yeux !

Cette précision dans le travail des couleurs est le fruit des études de Robert Juliat sur la couleur.

Ludwig Lepage : « Nous travaillons nativement en X,Y, puis on intègre nos données dans tous les espaces de colorimétrie. De plus, toutes nos sources led sont calibrées en usine, sans conversion. Cela nous offre des couleurs référencées en absolu, elles sont parfaites.»

L’activation en Color Picker permet de programmer ses propres teintes dans différents modes (RGB, HSB ou Raw) et espaces (XY, RSGB, ProPhoto Kodac, Rec709 ou Rec2020) suivant la console utilisée. Avec cette logique, il devient possible d’être en mélange de couleurs haute qualité ou en Bright, favorisant le flux.
Les transitions entre les couleurs peuvent aussi être gérées directement par la découpe, sans passer par la console. Et surtout, l’utilisation d’un shift dynamique, épaulé par les logarithmes du bureau d’études, amène un contrôle inédit qui, sous son air complexe, simplifie le travail des éclairagistes pointilleux.

Ludwig Lepage : « Le mode de shift est disponible pour le blanc ou toutes les couleurs, y compris les CCT. Normalement avec une découpe standard, quand on la gradue, la teinte se réchauffe. Comme on a une grande marge de contrôle, jusqu’à 10000 K, on va pouvoir choisir de rester à température constante ou suivre la courbe de Planck. On va créer des effets jamais obtenus avant »

La Sully 4C sera, on n’en doute pas, une des grandes innovations de la lumière théâtrale présentées au Prolight+Sound, au printemps prochain.

Pour d’autres informations, visitez la site Robert Juliat

 

Crédits -

Texte : Tristan Szylobryt - Vidéo Allison Cussigh

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