Les recettes de Vincent Faure-Chappat, Dir Photo de Top Chef

Le Grill, rutilant et soigneusement choisi par Vincent Faure-Chappat et l’équipe d’Impact Évènement, dévoile la recette de cette superbe émission. On compte 30 x Ghibli, 14 x Diablo, 5 x Levante, 26 x Nandobeam S6 Ayrton et 10 Dmg Sl1 Maxi Switch, 8 Cineo TruColor HS et bien d’autres. ©Vincent Faure-Chappat

La 12e saison de Top Chef a démarré sur M6 le 10 février et pour 18 semaines. Enregistrée au studio 210 de La Plaine Saint Denis car plus grand que le studio des Lilas, afin de respecter les gestes barrières. Vincent Faure-Chappat, son directeur photo, a dû adapter son kit lumière, avec la complicité d’Impact Événement – un des trois prestataires présents sur l’émission – qui a fourni la majorité du kit.

Une bascule de lumière annonce l’épreuve de « la dernière chance » en rouge saturé. Ce message visuel permet au public de se situer dans les différentes épreuves de l’émission. ©Vincent Faure-Chappat

Si la télévision a gardé l’autorisation de produire, c’est sous condition de respecter des contraintes sanitaires précises et éviter la propagation du virus. La taille du studio 210 y participe, et assure une distanciation minimum sur un plateau dont le nombre de personnes peut monter jusqu’à 28 : 14 techniciens reportage/régie et 14 candidats cuisiniers dont le nombre diminue au fur et à mesure des éliminations.

Afin de répondre aux besoins du réalisateur, le studio est séparé en 3 zones de tournage distinctes. Le grand plateau où les candidats cuisinent et qui accueille aussi la table de dégustation des chefs coachs, 6 Salles d’interviews sur fond vert et le Vestiaire où sont visionnées les dégustations par les candidats et les chefs.
Autant de zones à éclairer, à animer et même plus, puisque le grand plateau comprend 4 pôles d’intérêt : la cuisine avec les plans de travail très espacés au centre, la table de dégustation, le mur de fours et le garde-manger.

Vincent Faure-Chappat, directeur Photo de Top Chef depuis la saison 6, signe ici la 12eme saison.

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Vincent Faure-Chappat directeur photo de Top Chef partage ses recettes d’éclairage avec beaucoup de générosité.

SLU : Vincent, comment es-tu arrivé sur Top Chef ?

Vincent Faure-Chappat : Sébastien Zibi le réalisateur à fait appel à moi pour m’occuper « des salles d’interview sur la saison 5 car il n’avait jamais le temps de les gérer. Ce sont des petits plateaux où les interviews des candidats s’enchaînent. Il y en avait quatre à cette époque.

Puis Sébastien Zibi m’a demandé si pour la saison 6 je voulais reprendre la main. J’étais d’accord à la condition de repenser les éclairages, sinon autant garder le directeur photo précédant. J’ai pris deux mois pour regarder intégralement les saisons 4 et 5 afin d’analyser la lumière et j’ai constaté qu’on voyait beaucoup les ombres des caméramans « mobiles ». Mon travail majeur a été de supprimer ces ombres qui se baladaient sur les plans de travail.

Vincent est en contact permanent avec son équipe pour ajuster l’éclairage de plusieurs axes de caméras à la volée. Pfiou !

SLU : Combien y a-t-il de caméras sur le plateau ?

Vincent Faure-Chappat : Jusqu’à 8 caméras fixes en plus d’une grue, d’une Monkey et des caméras des équipes dites « journalistes » pour capter l’évolution des épreuves de manière plus proche.

SLU : La production est-elle impliquée dans le choix du matériel et comment as-tu rencontré Impact Evénement?

Vincent Faure-Chappat : La production est impliquée non pas dans les choix de matériel mais dans le budget. En fin de compte, je suis un peu à part car j’ai une société depuis 17 ans (Chapimages Productions) et je travaille avec différents loueurs ou prestataires qui peuvent m’apporter les moyens techniques pour un résultat que j’ai en tête. Nous avons commencé à travailler avec Impact sur Top Chef il y a un an, mais je connais Stéphane Fleury depuis 25 ans. En fin de compte, c’est un métier d’échange et d’apprentissage.

Le Vestiaire a été intégralement reconstruit au studio 210 de la Plaine Saint Denis

Avant Top Chef, nous avons fait ensemble “Le Meilleur Pâtissier Professionnel saison 3”. La production voulait une ambiance avec des automatiques. Avec Impact on a trouvé des solutions. Cela m’a permis sur Top Chef de basculer l’an dernier sur un nouveau kit Ayrton que nous faisons évoluer.

Cette année à cause du Covid et de la nécessité d’assurer une distanciation sociale, le décor a été élargi. Il a donc fallu augmenter sensiblement les moyens lumière. Après je ne parle pas de budget parce que ça ne me concerne plus, mais le but est d’assurer le résultat.

SLU : Quelle est la difficulté sur une émission comme Top Chef ?

Vincent Faure-Chappat : C’est une émission évolutive. La production invente régulièrement des épreuves, parfois du jour au lendemain, ou encore les décale. On doit donc être également très réactifs en lumière et anticiper le plus possible. Parfois on a littéralement 30 secondes pour s’ajuster.
Par exemple, si la prod organise une épreuve avec de la glace, il va falloir être prêts pour filmer les plats dès qu’ils arrivent, idem pour des soufflés avant qu’ils ne s’effondrent. Les cuisiniers sont parfois un peu stressés car ils veulent que leur plat soit le plus beau possible à la caméra, ce qui est normal. Donc on est au taquet aussi pour eux.

SLU : Quelle a été ta réflexion sur le kit nécessaire pour cette 12e saison ?

Vincent Faure-Chappat : C’est donc la 7e année que je suis concepteur lumière pour Top Chef, et chaque année il y a des évolutions de décors, des évolutions de moyens techniques en fonction des demandes de la production pour de nouvelles épreuves.

Le directeur photo est pour moi le médiateur entre l’Edito et la technique et doit se plier aux besoins du réalisateur. Aujourd’hui, Il y a par exemple beaucoup plus de mouvements sur l’émission qui justifient l’utilisation de projecteurs motorisés. Les projecteurs évoluent aussi rapidement avec des solutions à leds qui créent des envies et de la créativité et qui réduisent considérablement la consommation électrique.

Cette année encore, j’ai augmenté le nombre d’automatiques pour remplacer un grand nombre de découpes. Le kit est finalement une association de leds soft fixes, d’automatiques à leds et d’encore quelques projecteurs traditionnels.
En motorisés, j’utilise 30 profiles Ghibli, 14 profiles Diablo, 5 Wash Levante et 26 wash NandoBeam S6, tous à leds et de marque Ayrton.
En soft light led j’ai 20 SkyPanel Arri, 10 SL1 Maxi Switch DMG et 8 TruColor HS Cineo.
Je remplace donc progressivement les projecteurs traditionnels car ils consomment beaucoup et chauffent le plateau. Les participants transpiraient énormément devant les fourneaux. En comparaison, l’an dernier, ils ont presque eu froid (rire) !


Vous les aurez peut-être reconnus à leur gobo, les Ayrton Ghibli, Diablo sont de la partie pour apporter encore plus de profondeur au superbe décor de Top Chef. ©Vincent Faure-Chappat

SLU : De combien de degrés as-tu fait tomber la température ?

Vincent Faure-Chappat : De 15 degrés. En cuisine, c’est appréciable parce qu’il y a les fours et les plaques de cuisson qui fonctionnent. Pour la saison 4, la température est même montée au-delà du raisonnable sur le plateau. Les chefs et les candidats transpiraient sans cesse, donc je me suis beaucoup attaché à y remédier en travaillant avec la LED.
Sur la saison 5 dans les salles d’interview de 10 m² était utilisé un Joker 400 HMI et 4 Mandarines 800 W, la température était proche de 40 degrés.

Quatre des huit Ayrton Ghibli qui assurent la face des coachs.

SLU : En dehors de la baisse de consommation, et du faible rayonnement de chaleur, la lumière led a-t-elle des avantages en TV ?

Vincent Faure-Chappat : La Led possède un IRC de qualité et elle est constante dans les années. Le Ghibli, que j’utilise par exemple pour la face des coachs, a un filtre sur la roue de couleurs qui permet d’augmenter l’IRC à 92. Tu n’as pas de dominante magenta ou verte sur la peau de Philippe Etchebest ou d’Hélène Darroze comme avec les découpes ETC 750 gélatinés soit en Minus ou Plus green

SLU : Est-ce que chaque coach a un traitement particulier ?

Vincent Faure-Chappat : La peau de chacun réagit de manière différente. Certains absorbent la lumière et d’autres la rayonnent. Je joue donc sur les intensités. Par exemple : Hélène Darroze a moins besoin d’être éclairée et à une dominante légèrement rosé que je corrige grâce au Ghibli. Par contre, je pousse l’intensité sur Philippe Etchebest et Paul Pairet qui sont quasi équivalents avec un besoin de 300 lux de plus environ par rapport à Hélène.
Michel Sarran, quant à lui, a tendance à absorber la lumière avec un ton gris vert, ce qui m’oblige à ajouter 2 à 300 lux de plus que pour Paul et Philippe et à faire les corrections d’IRC qui lui correspondent. Avoir 4 chefs, côte à côte et équilibrés, à la table de dégustation, est ma priorité. Il ne faut pas qu’il y ait de dominante “rose ou verte” et ni de “sur ou sous” exposition.

Les Dmg SL1 Maxi Switch assurent une lumière douce qui gomme les ombres des cameramen sur les plans de travail.

SLU : Pourrais-tu détailler l’éclairage du plateau ?

Vincent Faure-Chappat : Les 10 x SL1 Maxi Switch, qui ont été développés il y a 5 ans environ par la société française DMG, font les faces candidats quand ils sont devant leur plan de travail. Ils sont éclairés de manière douce et sans l’ombre des caméraman. C’est une grande dalle de 1,20 m qui consomme 250 watts.

Le Maxi Switch a la particularité d’être en fin de compte 2 dalles que l’on peut dissocier d’une grande plage de lumière diffuse. Tous les contres des cuisiniers se font encore à la Fresnel 2 kW corrigé en ⅛ de CTB + du ¼ de diff. Je les dose un petit peu plus fort pour créer un effet irisé.

J’ai aussi des Trucolor HS Cineo, des plaques au phosphore qui ont la même fonction que le SL1 d’assurer les faces pendant les épreuves. Ils font aussi partie des softs lighting, de manière que l’ombre du caméraman qui se rapproche soit très limitée et très douce. J’aime beaucoup ces dalles phosphore qui ont une lumière très belle et douce et qui ont devancé les SkyPanel.
L’inconvénient c’est que les plaques ne génèrent pas de couleurs, Il faut choisir leur température de couleur entre 3200K, 4300 ou 5600K et elles s’usent vite. Elles ont donc été un peu oubliées et remplacées par des projecteurs plus polyvalent permettant la couleur et le choix de la température de couleur via le Dmx .

La face de Stéphane Rotenberg est assurée par les Ayrton Ghibli tout comme celles du jury. L’utilisation des automatiques permet de suivre l’animateur dans ses déplacements, une nouveauté et une souplesse que Vincent apprécie. ©Vincent Faure-Chappat

Ensuite, toutes les faces de l’animateur Stéphane Rotenberg, et du jury, mais aussi des candidats quand ils viennent autour de la table des chefs, sont faites grâce aux Ayrton Ghibli pour la qualité de leur lumière avec leur filtre IRC et la flexibilité de mouvement qu’ils apportent.

A l’époque où j’utilisais 52 découpes tungstène pour cette fonction, on devait anticiper la position de chacune la veille du tournage et corriger leur lumière avec de la gélatine, car on ne dispose jamais de lampes parfaitement identiques. Aujourd’hui, 20 Ghibli sont suffisants pour assurer tous les axes .

Des Color zoom 180 Oxo led fixe sont utilisés exclusivement pour le décor afin de faire « des frisés » de couleurs sur les briques. J’ai également apporté des SkyPanel qui permettent de jouer sur la colorimétrie derrière les toiles rétro installées au-dessus des fours et des frigos. Les années précédentes c’était des Quartz 500 W et des Cycliodes 1250 W qui assuraient cette fonction.


Les Ayrton Diablo, nouveaux venus cette saison, servent de contres aux plans de travail…

Les Ayrton Diablo TC sont aussi une nouveauté avec leur module couteaux qui permet de découper les plans de travail. Ce sont de petits Ghibli finalement et ils me servent à faire toutes les ambiances de contre des candidats.

La nouveauté aussi c’est qu’ils produisent des faisceaux et créent des effets comme des bascules de lumière pour les épreuves de dernière chance quand Stéphane Rotenberg donne le top départ.

… mais aussi à les découper pour un effet net et précis recherché par Vincent.

On passe alors dans une ambiance rouge un peu dark et saturée avec des fonds rouges rectangulaires. Sur la dernière saison, les automatiques utilisés n’avait pas de couteaux comme le Diablo TC et donc les candidats avaient un cercle dans le dos. Cela provoquait une ombre ronde à l’intérieur de la piste. Cette année, j’ai envie de lignes droites pour rester dans une idée un peu cubique. Ce sont des petits détails de Dir Phot et tant qu’à avoir des couteaux, autant les exploiter.

Les découpes Robert Juliat 714SX éclairent les colonnes et créent des gobos « fenêtre », une idée que Vincent a proposée lors de la saison 6 et qui a bien plu. ©Vincent Faure-Chappat

J’ai des NandoBeam 6, des washs à leds qui me permettent de créer les couleurs sur les murs et sur les frigos, des découpes Robert Juliat 714SX pour éclairer les colonnes et projeter des gobos fenêtres au sol et enfin les classiques Quartz 500 Watts qui créent « des frisés » sur les briques.

SLU : Tu as recours à des générateurs de fumée ou de brouillard pour les effets ?

Vincent Faure-Chappat : On utilise une DF50 pour les portraits des candidats tournés en caméra Sony FS7 dans une ambiance un peu dark avec des faisceaux derrière ou pour marquer les faisceaux lors des beauty shoot. Elle fonctionne aussi pour les gros plans de mains, de feux ou de casseroles frémissantes qui permettent de créer une ambiance au montage.
Ils sont tournés avant les épreuves et je crée une lumière un peu plus travaillée avec des effets de Flairs. Ce sont des petites choses qui, quand la réalisation n’est pas contrainte par le temps, permettent d’améliorer l’image.

SLU : Comment travailles-tu le décor ?

Vincent Faure-Chappat : J’ajoute sous certains récipients en verre des minettes autonomes Yegrin Quadra de 10x16cm afin de créer des points de lumières sur lequel le réalisateur s’appuie pour apporter un peu de relief à l’image notamment lors de la dégustation.

De petites sources Leds, installées sous les flacons, permettent d’éclairer ces éléments du décor en transparence, afin de créer une brillance qui rehausse les plans serrés de l’émission.

J’aime bien cette idée d’apporter un peu de contraste et du volume au décor. Ce qui est très compliqué en télévision c’est d’arriver à rendre à peu près beau tout le monde tout en ayant une ambiance sympathique, globale et sur plusieurs axes caméra.

Six salles de tournage dîtes « Itw » ont été créées sur fond vert sous éclairage Ledgo et Fiilex PPR. ©Vincent Faure-Chappat

SLU : Comment gères-tu les salles Itw

Vincent Faure-Chappat : C’est la première année que les Itw seront tournées sur fond vert (Éclairé avec des barres LedGo). Jusqu’à l’année dernière on utilisait des toiles imprimées. Mais pour éviter les reflets, on imprimait sur des toiles satinées mais cela donnait automatiquement du grain et provoquait une sorte de halo gris, une espèce de voile.

On perdait en contraste et nous étions obligés de faire des corrections dans les courbes des caméras afin de retrouver des noirs profonds et d’éclairer avec un minimum d’intensité … Une torture !
L’incrustation aujourd’hui permet de conserver la pureté du noir et de la photographie enregistrée en 4K CMOS en arrière-plan que l’on floute subtilement afin de conserver une certaine profondeur de champ.

Par contre les chefs et les candidats sont éclairés (avec des Fiilex PPR) en corrélation avec la photo d’arrière-plan. On a donc cette pseudo-impression que les interviewés sont dans un décor naturel. L’intégration soulage énormément de problèmes de brillance et de qualité et surtout une cohérence des fonds sur les 6 salles d’Interview.

Le parti pris de tourner sur fond vert permet de mieux gérer la lumière en corrélation avec les 2 types de fond eux même ambiancés… ©Vincent Faure-Chappat

… en comparaison avec les toiles imprimées de la saison 11, et dont l’éclairage avait tendance à créer des halos gris.


SLU : Tu utilises un logiciel de DAO pour construire tes plans de feu ?

Vincent Faure-Chappat : Je travaille sur Vectorworks depuis cinq ans pour apporter des simulations précises à la production et surtout car on m’a proposé des émissions de plus en plus techniques où il fallait gagner du temps sur l’installation en préparant les projets en amont. C’est un outil primordial. J’ai récupéré le décor modélisé par Valérie Litz au format .dwg et le fichier du plateau 210 que Thierry Roche de AMP m’a fourni pour emboîter le décor dans la salle. J’ai ensuite pu positionner les projecteurs virtuellement et de manière très précise pour construire la lumière.

SLU : Tu travailles le grand plateau dans sa globalité ?

Vincent Faure-Chappat : J’ai défini des zones qui nous parlent à tous : La zone garde-manger, la zone des fours, la zone cuisine et la zone des chefs et je sépare les lumières tungstène, des leds… ce qui permet au pupitreur de distinguer les sources. Plus tu identifies les projecteurs par technologies, tu sectorises, plus ça permet de communiquer vite.
Le dossier qui regroupe tous les plans est partagé avec les techniciens. C’est une levée de doute pour les équipes qui permet d’éviter des problèmes de décalage de machines pour ne pas avoir à les repositionner.

SLU : Quel est le parcours qui t’a guidé vers ce métier ?

Vincent Faure-Chappat : Quand j’ai obtenu mon CAP photographe en 1986, j’ai poursuivi mon cursus en vidéo car mon objectif était de devenir cameraman. Suite à cela, et après plusieurs stages, j’ai réussi, à force de relances, à intégrer en 1989 le cercle très fermé du Cinéma Des Armées (ECPA ndlr) en tant que militaire caméraman durant 2 ans et demi.

Dans cette institution, j’ai voyagé et bourlingué. C’était une expérience fabuleuse. Après l’armée, pendant la grande époque de Canal+ et les talk-shows de Delarue (1990 à 1996), il y avait une frénésie pour les making of TV , long métrage, théâtre ou concert.
J’ai, caméra au poing, lors de mes reportages multiples, pu rencontrer des directeurs photo cinéma ou tv avec lesquels j’ai pu discuter. Cela a suscité mon intérêt à découvrir un métier complémentaire de la caméra : la lumière…

SLU : C’est-à-dire qu’avec tes connaissances tu as progressivement pris la main sur la lumière en plus de la caméra ?

Vincent Faure-Chappat : Oui, au départ, tu pars avec 3 mandarines et quand tu demandes une blonde de 2 kW, on te dit systématiquement que c’est trop cher. Donc tu te débrouilles avec des gélatines pour essayer de créer une ambiance, ce que les autres ne font pas.
Au cours de mes 26 ans de reportages et de documentaires, je me suis rendu compte que quand je filmais, j’avais toujours un pied de projecteur qui gênait dans mon champ durant mes déplacements et donc je n’ai eu de cesse de me questionner sur l’endroit idéal pour cacher le pied ou ma lumière, etc. Ce qui m’a valu de démarrer sur « Queer ». C’était l’adaptation d’une émission américaine diffusée sur TF1 et présentant 5 hommes, homosexuels, relookant d’indécrottables hétéros.

En fin de compte, j’éclairais avec du matériel traditionnel acheté chez Leroy Merlin ou Bricorama et c’était des ampoules, des tubes, que je masquais derrière les meubles pour obtenir un rayonnement à travers les murs et créer une ambiance. Il y avait évidemment des incidences colorimétriques catastrophiques que l’on homogénéisait grâce à des gélatines, des minus Green, des plus Green, des quarts, des 8e pour obtenir un spectre à peu près régulier au global. Personnellement, je n’ai jamais fait de lumière, je fais de l’image, c’est-à-dire une prise de vue caméra de la lumière. Et les deux doivent matcher, sinon ça ne marche pas.

L’ambiance rouge et saturée s’accorde au ton de la délibération de l’épreuve de « dernière chance ». Quelques touches brillantes rehaussent l’arrière-plan. Un effet « eye-candy » que les caméras apprécient en gros plan. ©Vincent Faure-Chappat

SLU : J’imagine que tu as une équipe fidèle

Vincent Faure-Chappat : Depuis 16 ans avec Chapimages Productions, je fais confiance aux mêmes personnes parce que l’humain est très important pour moi et je trouve qu’en télévision c’est quelque chose qu’on a beaucoup perdu. C’est important que mes équipes puissent me dire les choses. Je travaille régulièrement avec quatre chefs électriciens qui ont des compétences différentes.

(de droite à gauche) Vincent Faure-Chappat avec Nicolas Lefievre, Chef electro.

Les Pupitreurs, Elliott Ganga et Remy Nicollet, sont des virtuoses dans leur domaine, avec les chefs électricien Sylvain Divat et Nicolas Lefievre, ils sont fondamentaux sur Top Chef. Par ailleurs ils sont également très demandés par d’autres directeurs photo.

Je bénéficie aussi de leur savoir et de leur contact auprès des prestataires en plus d’un avis objectif sur le matériel. Ce qui est très important pour moi, c’est d’essayer de travailler avec ce que les loueurs ont en parc pour leur éviter de sous-traiter. Ça crée un certain respect dans notre partenariat afin de réduire les coûts

SLU : Dernière question très importante, est-ce que vous dégustez les plats à la fin des tournages ?

Vincent Faure-Chappat : Non, il n’y en a qu’un seul qui goûte vraiment tous les plats en plus des chefs c’est Stéphane Rotenberg (rire). Il n’y en a pas assez de toute façon en termes de quantité, et avec les restrictions Covid il est interdit de partager. »


(de gauche à droite) Philippe Journet, Stéphane Fleury et Fabrice Morcel. Une partie de l’équipe d’Impact Évènement Paris-Nord et non des moindres!

Impact Événement, pionnier de la led en télé

Depuis 1987 Impact Événement est connu pour ses talents de prestataire événementiel appliqués à la convention et aux salons et depuis 1994 dans le milieu de la télévision.

Une antenne a même été spécialement créée à la Plaine Saint-Denis en 1998 pour accompagner les tournages télé et cinéma. Cette antenne est gérée par Philippe Journet et Fabrice Morcel.
C’est leur complicité avec Vincent Faure-Chappat qui a permis de faire évoluer le kit lumière de l’émission.


Nous avons fait appel aux souvenirs de Stéphane Fleury, Directeur associé d’Impact pour remonter le temps.

La toute première apparition d’appareils à Leds, en 2003…

…sur le plateau du « Hit Machine » avec les Ayrton Easycolor, des boules à Leds RGB.


SLU : Depuis quand utilises-tu de la led en TV ?

Stéphane Fleury : « Le premier plateau équipé était celui de Hit Machine en 2003. A l’époque avec le Easycolor, premier projecteur à leds Ayrton avec la complicité d’Alain Duc le directeur photo de l’émission. On a vite été persuadé que c’était l’avenir ! Tu pouvais faire des teintes incroyables et baisser la consommation de manière colossale. Ensuite, Thierry Rollin, le directeur photo de “Combien ça Coûte”, produite par Christophe Dechavanne nous a fait confiance.
C’était le premier plateau TV en France et peut-être même en Europe qui était éclairé à 80 % par des projecteurs à leds. Nous avons donc maintenant plus de 20 ans d’expérience de la lumière led, une analyse de son rapport à l’image et à la caméra, et une gamme de projecteurs motorisés très précis en température de couleur, en colorimétrie et à IRC réglable. »

La Led prend de l’ampleur avec Thierry Rollin, en 2004, sur le plateau de « Combien ça coûte ».

Les teintes sont incroyables, la température baisse considérablement et la consommation aussi.

Conclusion

– Assurer une lumière globale sur un plateau filmé par 10 caméras étalonnées.
– Donner du relief et de la profondeur au décor.
– Inventer une sémiologie qui structure l’émission et passer de l’ambiance blanche d’une cuisine à celle saturée et rouges, faisant monter l’angoisse de la dernière chance, ou dark blue pour les éliminations.
– Gérer les ombres des 8 cameramen mobiles.
– Soigneusement choisir et doser les projecteurs pour éviter l’effet smartie des leds qui solarise (un résultat trop souvent observé aujourd’hui sur les émissions de télé).
– Savoir éclairer les chefs pour les rendre “beaux”, mais sans les éblouir non plus.
– Faire en sorte que l’image véhiculée en hertzien ou par fibre arrive belle chez vous, quels que soit votre télévision et son réglage pour que finalement vous restiez concentrés sur le contenu…

C’est un multiple grand écart que Vincent Faure-Chappat effectue avec une rigueur, une longue expérience, un immense talent et une grande dose de créativité.


Equipe lumière Top Chef saison 12

Pupitreur Gran MA: Elliott Ganga ou Remy Nicollet
Chefs électro : Sylvain Divat ou Nicolas Lefievre
Electricien : Christain Comas ou Alain Thernisien


Plus d’infos sur le site Chapimage et sur le site Impact Événement

 

Crédits - Texte : Allison Cussigh - Photos : Allison Cussigh et Vincent Faure-Chappat

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