Robert Juliat propose son tout nouveau module led, Sully 4C RGBL. Très flexible qui apporte la couleur à la gamme Sully en révolutionnant la manière d’appréhender le mélange des teintes pour obtenir la couleur qui correspondra le mieux à vos besoins.
Un peu de recul
Robert Juliat commence une grande histoire en donnant son nom, en 1919, à une société dont les lumières étaient totalement dédiées au cinéma. Il était déjà visionnaire puisqu’en 1923 il développe le premier PC qui permet de mettre en lumière les entractes dans les cinémas et ce projecteur est toujours une référence.
C’est dans les années soixante sous l’impulsion de Jean-Charles Juliat que s’amorce le virage scénique et la société Robert Juliat n’a cessé de croître sous la direction de François Juliat en proposant des produits innovants de très haute qualité.
Pour mieux avancer
La gamme Sully 4C est dans la continuité historique de la marque Française. Développée avec la même intention que la gamme monochrome, elle propose une découpe, un Fresnel et une trappe retrofit, à base d’une source led RGBL (Rouge, Vert, Bleu et Lime) de 200 W.
Après la version blanche apparue en 2020, Robert Juliat a annoncé la version couleur en mai 2022 et une année a encore été nécessaire à la RD pour se rapprocher de la perfection.
L’avantage de la trappe Sully 4C est qu’elle vient s’adapter dans vos découpes halogènes 600SX en lieu et place de la lampe suivant le même principe que le module blanc. À ceci près que l’augmentation de puissance à 200 W a légèrement changé ses dimensions.
Pour une dissipation optimale de la chaleur, un second ventilateur a été ajouté ce qui élève la hauteur du module couleur.
Il faudra donc enlever la plaque aérifère positionnée au-dessus de la source halogène et la remplacer par celle fournie avec le kit Sully 4C. Il est parfaitement possible de conserver l’optique originale de la source mais, pour un meilleur rendement, il est conseillé de passer à la nouvelle version, qui bénéficie d’un traitement anti-reflet ; le gain de luminosité est d’environ 10 %. Il faudra en revanche penser, si vous revenez à la version halogène, à revenir aussi à sa lentille d’origine car le traitement ne tiendra pas la chaleur. La modification est très simple et rapide.
Comment Monter rapidement un module Sully 4C dans une découpe Halogène Robert Juliat :
Un des enjeux majeurs de ce module rétrofit a été d’adapter une matrice RGBL à une optique conçue il y a plusieurs dizaines d’années. Au départ l’équipe RD était partie sur une matrice LED standard mais après plusieurs tests, il s’est avéré que le résultat n’était pas à la hauteur des exigences qualitatives de Rober Juliat. Il y avait un problème au niveau des couleurs en elles-mêmes mais aussi d’homogénéité des sources au présent et dans le futur.
Toutes les sources doivent produire les mêmes couleurs quand elles sortent de l’usine, mais aussi après plusieurs années d’utilisation. Il a donc fallu repartir de zéro et développer une matrice spécifique. Si on prête attention aux leds qui s’allument, le Lime a été couplé à 2 leds Ambre qui ne sont pas mentionnées. L’autre point qui a retardé la sortie de la source Sully 4C est le télescopage de 2 projets lors du développement du module, l’intégration de la couleur et un projet mûri de très longue date sur la gestion de la couleur.
Prix de l’innovation SLU
Le module Sully 4C apporte deux (R)évolutions majeures aussi importantes l’une que l’autre. La première, sur le contrôle DMX, que l’on verra un peu plus tard et la seconde la gestion de la couleur. Le tour de force de l’équipe Juliat, a été de totalement dissocier le rendu des couleurs de la console utilisée.
En effet, chaque console à sa propre manière de gérer les paramètres de couleurs et suivant le contrôleur utilisé, la teinte, à valeurs égales, n’est pas identique. De même, il y a des variables, comme la température de la matrice, qui modifie le mélange des couleurs et que la console ne connaît pas.
C’est pour cela que l’équipe R&D a créé un moteur de gestion des couleurs dans le projecteur qui lui est capable de gérer toutes les données en temps réel et proposer un résultat au plus proche de la teinte souhaitée quel que soit le pupitre. C’est la raison principale qui fait que je déconseille, même si c’est possible, l’utilisation du mode RAW, couleur par couleur, car, d’une part le cerveau n’est pas capable de faire les combinaisons de toutes les teintes et d’autre part, on passe complètement à côté de la puissance du moteur de leds.
Je vous incite dons à privilégier les modes RGB ou Hue-Saturation pour les méthodes classiques et surtout le mode XY. Ce dernier permet, si vous utilisez des sources d’une autre marque, de faire des relevés colorimétriques XY sur un projecteur et de les reporter sur la Sully 4C afin d’obtenir la même couleur.
Le résultat est vraiment surprenant ! Bien entendu, la qualité, l’étendue du spectre et l’homogénéité, ne sont pas possible sans une calibration de chaque source. Un process a donc été créé à l’usine Robert Juliat avec une sphère d’intégration pour mesurer et étalonner chaque module.
Le Contrôle
Coté alimentation avec le module 4C (ou le module blanc) on a gagné en simplicité avec des connecteurs Neutrik powerCON TRUE1 In et Out pour alimenter, suivant le secteur, jusqu’à 10 Sully 4C sur une ligne 16 A en 230 V, 7 sur une ligne 15 A en 110 V, 10 sur une ligne 20 A en 100 V.
Les Datas, pour le moment, utilisent 2 connecteurs DMX-RDM XLR 5 In et Out pour faire circuler les protocoles DMX-RDM.
Une petite led indique le statut du protocole. Sur le Out, si la led est éteinte c’est qu’il y a une erreur. Sur le In, si la led est rouge, il n’y a pas de signal, verte le signal DMX est détecté, bleue les protocoles DMX et RDM sont présents : c’est pratique pour vérifier d’un coup d’œil l’état du DMX.
Un autre point important à noter, est que c’est la série Sully est la seule source contenant un node RDM. Il est donc possible de configurer tous les projecteurs connectés à la sortie DMX. Le protocole LRRP a également été implanté, il permet de retrouver les adresses IP de tous les projecteurs via le RDM.
Tous ces développements sont faits en collaboration avec City Theatrical qui a développé des fonctions non prévues au départ du projet DMXCat. On peut voir qu’un autre emplacement est présent mais obturé. L’équipe R&D travaille sur l’ajout des protocoles ArtNet et sACN et un connecteur RJ45 sera proposé ultérieurement. Une option récepteur Lumen Radio devrait également bientôt arriver.
Le menu est complet et bien pensé. Alors que sur les versions blanches, l’afficheur et ses 6 boutons de contrôle sont en option, sur le modèle couleur 200 W ils sont de série. On peut tout contrôler depuis l’afficheur, le DMX ou le RDM.
On peut bien entendu prendre le contrôle du projecteur en manuel et gérer toutes les fonctionnalités avec les modes 1, 2 et Stand Alone.
En ce qui concerne le contrôle DMX, on aborde la première (R) évolutions. Avec les sources leds on se retrouve presque toujours avec un très grand nombre de modes pour satisfaire tous les utilisateurs. Cela implique souvent un choix compliqué lors du patch et un manque de flexibilité lors de l’utilisation. L’équipe de Robert Juliat a pris le problème à l’envers et a décidé de développer des 4 chartes DMX capables de répondre à 99 % des utilisateurs et 2 pour les cas particuliers ou l’on ne gère pas la couleur.
La seule différence entre les 4 modes est le mode de gestion de la couleur. Comme on a vu précédemment il y a surtout 3 modes intéressants, Full – HS, Full – RGB et le Full – XY. Avec n’importe laquelle de ces 3 chartes, tous les opérateurs peuvent programmer un show en conservant leur méthode de programmation. On peut travailler sur une base de blanc, rajouter des filtres et même créer des transitions entre les presets de couleurs. On peut travailler avec le mélange de couleurs.
On peut modifier le type de source et son comportement. Et le plus important c’est que l’on peut tout changer à n’importe quel moment sans devoir changer le mode de contrôle (hormis bien sûr, le mode de gestion de la couleur) et donc sans modifier le patch de la console. J’avais pensé à ce problème en me disant que l’on pourrait donner à chaque mode le nombre maximum de canaux et en plaçant les mêmes fonctions aux mêmes adresses et en laissant des canaux inutilisés, mais là c’est bien mieux puisque l’on peut tout faire dans le même show sans rien modifier.
Une autre particularité qui prouve que l’équipe R&D est allée loin est la possibilité d’affecter un numéro User ID à chaque source.
Le module Sully 4C offre de très nombreuses possibilités et il est important de lire le manuel pour comprendre et utiliser au mieux l’étendue des possibilités proposées. La première chose à savoir c’est avec quel type de source on veut travailler. Si l’on désire travailler en Blanc, on va sur le canal 7, “Source type”, où l’on a le choix entre, le blanc calibré qui est la reproduction d’une source blanche de haute qualité en 3000 K, 3200 K ou 6500 K, et le mode Generic CCT, si l’on veut une source blanche avec une température de couleur réglable (CCT) de 1700 à 10000 K. On peut privilégier la puissance (CCT – High Brightness) ou la qualité de la lumière (CCT – High Quality).
Si on désire faire de la couleur, sur le même canal DMX, on sélectionne la 3e option, Colour Mix, où l’on retrouve le choix entre la luminosité et la qualité. Il est ensuite primordial, si l’on opte pour cette solution, de choisir le type de gestion de la couleur, Raw, RGB, HS ou CIE XY. Pour les modes RGB et Hue Saturation, il existe 4 espaces colorimétriques, ProPhoto, REC. 2020, SRGB-REC ou Native, à tester et choisir selon vos besoins dans le canal 6, “Control Mode”.
Si vous travaillez en photo ou en vidéo, cette option est très intéressante puisqu’elle permet d’harmoniser les espaces colorimétriques de la lumière et des caméras. Cette palette d’options peut sembler dans un premier temps fastidieuse, mais on la prend en main très rapidement et elle permet d’obtenir une gamme de blancs et de couleurs des plus impressionnante avec une parfaite homogénéité sur toutes les sources Sully 4C et futures sources Juliat.
Puisque nous sommes en couleur, soulignons l’énorme travail qui a été réalisé sur les canaux dédiés aux gélatines. Il n’y a pas moins de 6 canaux DMX ! On choisit tout d’abord le type, Numéric, Chroma, Cosmetic, Dalis ou Raw.
On sélectionne ensuite une des références correspondant au type. Avec ces deux paramètres on dispose de plus de 300 gélatines. Si l’on est dans un des modes Blancs calibrés ou Generic CCT, deux paramètres permettent de régler la Saturation et la Transmission de la teinte.
Les deux derniers canaux sont dédiés à la transition entre deux couleurs d’une durée comprise entre 0 et 25,5 secondes et un des 5 modes de transition. Les derniers canaux de couleur sont le CCT 16 bits, correcteur de température qui permet d’aller de 1700K à 10000K et le Delta UV pour un ajout de magenta ou de vert.
On retrouve bien évidemment le paramètre traditionnel de tout projecteur traditionnel, le dimmer, mais en 16 bits et avec de multiples options (comme le réglage du temps de réponse du filament). On va pouvoir modifier la courbe entre Linear, Square et Tungsten, mais aussi le temps de réponse, avec, toujours, différentes options de courbes.
On peut même faire une différence entre un bump (variation du dimmer inférieure à 50 %) et un flash (variation du dimmer supérieure à 50 %) où la temporisation sera alors de 0 s.
La fonction DimShift, fait varier la température de couleur en fonction du niveau du dimmer, comme sur les sources traditionnelles équipées de gélatines. Elle est disponible pour les modes Tungsten et Generic CCT. Elle n’a bien sûr pas lieu d’être sur les modes Daylight ou Couleur.
Autre fonction, le strob est sur 2 canaux et l’on peut travailler séparément la vitesse et la durée. Je ne sais pas si je suis passé à côté ou si c’est un point qui arrivera plus tard, mais je n’ai pas trouvé de Strob aléatoire intéressant pour simuler un effet d’orage dans une pièce de théâtre et, éventuellement, des strob avec temporisation sur la montée ou la descente. Et enfin, on a bien entendu si l’on est en mode Colour Mix et suivant le mode choisi, les paramètres XY, RVB, HS ou RGBL.
On allume !
C’est bien beau de parler des fonctions mais je suis sûr que vous voulez savoir ce qui se passe quand on allume la Sully 4C ! Je branche 3 découpes, une avec un module blanc froid, la seconde en blanc chaud et la dernière bien évidemment en couleur.
On a pu ainsi constater que visuellement les trois sources sont homogènes en blanc et en couleur pour le Sully 4C. On peut également voir que la puissance est au rendez-vous et que l’on a gardé la qualité de lumière qui a fait la renommée de la marque française.
Par habitude et aussi pour voir le comportement par rapport à d’autres sources que j’ai utilisées dans le passé, j’ai utilisé le mode RGB. Le travail avec les couleurs est vraiment exceptionnel. On dispose d’une gamme incroyable.
Que l’on travaille sur des teintes très saturées, des pastels ou même une très légère coloration du blanc, les couleurs sont homogènes et l’arrivée dans le faisceau est parfaitement progressive.
Elles sont aussi lumineuses et c’est ce qui les rend bien supérieures aux sources halogènes qui perdent beaucoup de puissance avec une gélatine.
Puisque l’on en parle, le panel de gélatines proposé est plus que suffisant et le fait de pouvoir travailler la transition entre deux couleurs fait une vraie différence avec une roue de couleurs classique et en fait un paramètre de couleurs à part entière.
On the paper !
Comme il est important de confirmer les bonnes impressions, et qu’il est temps de prendre des mesures, on sort nos luxmètre et thermocolorimètre Minolta.
Derating
On a laissé refroidir la matrice afin de pouvoir mesurer le derating. À l’allumage on note 2 893 lux et pour notre mesure de référence, 60 secondes plus tard on relève 2 892 lux. On a déjà une belle surprise sur la gestion du refroidissement. 4 minutes plus tard nous mesurons 2 885 lux, puis 10 minutes plus tard 2 877 lux et l’on n’aura pas plus de variation. Le derating de 0,52 % est excellent !
Faisceau 20°
Afin d’être en terrain connu et avoir une référence, nous avons utilisé une découpe 614. On a pu avoir notre ouverture de référence de 20°. Au centre on mesure 2 892 lux. Le flux total est de 5 300 lumens.
Le plus petit net
Si l’on resserre complètement le faisceau jusqu’au plus petit net, la luminosité au centre est alors de 3 974 lux et le flux total de 4 760 lumens pour une ouverture de 16,8°.
Le plus grand net
Pour le grand net on a relevé au centre 1 015 lux et un flux total de 5 000 lumens pour une ouverture de 38°. Pour les 3 ouvertures, la courbe d’intensité ne comporte aucun incident.
Dimmer
Les relevés de luminosité avec une courbe de dimmer linéaire démontrent la parfaite maîtrise de la gestion des sources leds par l’équipe Robert Juliat. Que ce soit de 0 à 10 % ou de 0 à 100 % la linéarité est parfaite.
Une autre bonne surprise est la mesure des couleurs. Hormis le jaune qui surpasse largement les autres teintes, et le bleu qui est à la traîne, la luminosité en rouge, vert, cyan, magenta est plutôt homogène.
Nous avons également fait une série de mesures pour tous les blancs calibrés et variables, ainsi que la couleur pour la meilleure luminosité et la meilleure qualité.
Quel plaisir
Ce test a été un réel plaisir à différents niveaux. Nous avons passé un excellent moment en compagnie de Ludwig Lepage qui nous a donné beaucoup d’informations techniques précises avec des explications claires et concises. J’ai également découvert une très bonne source de lumière aux multiples avantages. Le module Sully 4C est une solution rétrofit qui apporte un véritable plus.
Il est au minimum aussi puissant que la source originale en y ajoutant une très large gamme de couleurs homogènes et lumineuses. Comme d’habitude, Robert Juliat n’a fait aucun compromis sur la qualité. La meilleure preuve de la réussite d’un projecteur est son succès et l’usine fonctionne à fond pour honorer l’afflux de commandes.
Si vous avez une envie pressante où ou que vous appréciez tout simplement les belles lumières il faut de toute urgence demander une démonstration à votre revendeur le plus proche !
D’autres informations sur le site Robert Juliat
On aime :
- La gestion des couleurs
- La gamme des couleurs
- Le retrofit
- L’éventail des possibilités
On a moins aimé :
- L’absence de puce NFC
Tableau général
Texte & photos : Stéphane Mocret - Vidéo : Robert Juliat