La première solution Shure à bénéficier du nouveau cadre réglementaire WMAS (Wireless Multichannel Audio Systems) est un système de retours IEM, le AXIENT DIGITAL PSM.
Comme nous l’avons vu dans un article précédent, Shure a joué un rôle important dans la définition et l’adaptation du nouveau cadre réglementaire WMAS qui permet maintenant de l’utiliser dans le domaine des tournées et des productions professionnelles.
Avec l’Axient Digital PSM, Shure offre une solution nouvelle qui transcende la qualité de monitoring des IEM, étend les capacités spectrales des transmissions et facilite leur mise en œuvre, tout en conservant une compatibilité avec les systèmes existants. Ceci révèle un choix intelligent et pragmatique, soucieux de garantir la pérennité de leurs équipements aux ingénieurs du son, aux opérateurs HF et aux prestataires/loueurs de matériel, tout en bénéficiant de la plus grande avancée technologique dans le domaine des systèmes sans fil.
Le développement actuel de l’industrie du spectacle dans des formats de plus en plus importants nécessite des environnements sans fil de plus en plus ambitieux. En intégrant sa vision du WMAS dans l’Axient Digital PSM, tout en maintenant une option de transmission traditionnelle à bande étroite, Shure donne les moyens techniques aux professionnels de s’adapter à tout type d’environnement, de la plus simple configuration standard de quelques liaisons IEM à la solution la plus complexe imposée par un environnement HF contraignant.
Cette approche qui consiste à maintenir les deux types de transmission dans le même appareil permet une polyvalence parfaite et offre une sécurité totale au prestataire qui est ainsi libre d’opter pour la technologie la plus appropriée. De la même manière, un système In-Ear numérique permet d’accéder à une qualité sonore jusqu’à présent inégalée pour les IEM, tout en maintenant des niveaux de latence acceptables par les musiciens et artistes.
« Depuis près d’un siècle, nous concevons chez Shure des solutions innovantes avec pour principal mot d’ordre de résoudre les problèmes de nos clients tout en faisant progresser l’industrie du live et du divertissement. “ explique Nick Wood, Senior Director, Global Marketing and Product Management chez Shure.
“Innovations WMAS, gestion à distance, qualité audio irréprochable… Aux côtés des artistes et des ingénieurs du son depuis des décennies, nous nous engageons plus que jamais à promouvoir l’efficacité spectrale et les réglementations WMAS à travers le monde pour accompagner le dynamisme des industries culturelles.
Notre nouveau système Axient Digital PSM incarne cet engagement et marque un tournant décisif, offrant aux utilisateurs toujours plus de ressources pour optimiser les performances et garantir une utilisation optimale du spectre, aujourd’hui et à l’avenir ».
L’Axient Digital PSM permet de gérer, quand il est exploité en mode WMAS, jusqu’à 40 canaux de transmissions sans fil par bande de 8 MHz. Il exploite les systèmes d’antennes classiques Shure par liaison coaxiale avec la technologie propriétaire Spatial Diversity sur deux antennes, fournissant une solution plus simple pour la prise en charge de zones particulières et l’optimisation de la couverture dans des espaces de grande taille comme les stades ou les festivals. Le chiffrement AES256 permet des liaisons sécurisées.
Les émetteurs Axient Digital PSM prennent en charge à la fois les formats d’entrée analogiques et numériques, y compris AES3, Dante et AES67, pour une connexion aisée aux consoles de mixage. Nous trouvons sur leur panneau arrière huit ou quatre connecteurs combo commutables en analogiques ou numériques AES3 (suivant le modèle) et 4 ports Ethernet pour le contrôle du réseau et les options d’entrées numériques Dante/AES67.
Une sortie casque avec volume ajustable est disponible en face avant et deux connecteurs de sortie d’antenne RF coaxiale complètent le panneau arrière. Point important, le système Axient Digital PSM est entièrement compatible avec l’environnement HF Shure, lui permettant ainsi d’être contrôlé à distance via ShowLink, et supervisé par le logiciel Wireless Workbench (que nous détaillerons dans un prochain article). Axient Digital PSM propose deux modèles d’émetteurs en rack : le quad ADTQ et le double ADTD.
Le système sera complété en ajoutant des récepteurs de poche ADXR. Ce nouveau récepteur, dédié à alimenter des écouteurs intra-auriculaires, intègre une détection automatique de l’impédance, en instance de brevet, lui permettant d’optimiser les performances audio et la durée de vie de la batterie en fonction des écouteurs qui lui sont connectés.
Sa fonction CueMode permet de mémoriser jusqu’à 64 canaux distincts sur un seul boîtier. Il reste léger, durable et résistant à l’humidité avec une mécanique hybride en aluminium/polymère.
La particularité majeure du système Axient Digital PSM est de proposer quatre modes de transmission. Il devient ainsi une solution flexible et puissante capable de répondre à toutes les exigences des formats de spectacles actuels.
– Le mode Multi-channel Wideband exploite la large bande spectrale autorisée par le cadre réglementaire du WMAS et permet jusqu’à 40 canaux par bande de 8 MHz (en Europe).
– Le mode Narrowband fournit plus de puissance d’émission RF par canal et maintient l’efficacité spectrale à 23 canaux par bande de 8 MHz.
– Le mode Analog FM offre une excellente qualité audio avec une latence extrêmement faible.
– Et le mode Axient Digital Standard (mode point à point) permet la transmission audio longue distance à tout récepteur Axient Digital. Ce mode sera disponible via une prochaine mise à jour de firmware.
Axient Digital PSM est supporté par les écosystèmes Shure Wireless Workbench et ShowLink. Les ingénieurs retours peuvent gérer à distance de manière exhaustive chaque récepteur sur scène, avec un aperçu clair sur les paramètres clés et la possibilité d’effectuer des ajustements si nécessaire.
ShowLink permet un contrôle en temps réel et une surveillance continue de tous les récepteurs, y compris la qualité de la liaison, l’autonomie de la batterie, le volume, l’état de la connexion casque, etc. Avec Wireless Workbench et le gestionnaire de spectre AD600, les techniciens peuvent résoudre les problèmes techniques, surveiller le spectre RF et maintenir des fréquences de secours, garantissant des performances fluides pendant tout le spectacle.
La nouvelle technologie WMAS est exploitable de nombreuses manières et les fabricants de systèmes sans fil auront chacun leur propre approche. La vision de Shure est extrêmement pertinente. Elle tire parti des nombreux avantages audio et spectraux de cette technologie tout en maintenant un fort niveau de compatibilité avec les équipements existants de la marque et les méthodes d’exploitation actuelles des opérateurs HF.
Nous avons rencontré Tuomo Tolonen, Senior Director, Strategic Global Market Development chez Shure, qui nous détaille les nombreux avantages de cette approche.
SLU : Bonjour Tuomo, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre action au sein de Shure ?
Tuomo Tolonen : Je travaille avec Shure depuis plus de 18 ans. J’ai un background technique et une grande expérience du sans fil. J’ai passé beaucoup de temps sur site à déployer des systèmes, à l’époque où tout était analogique. Le nombre de canaux était beaucoup plus restreint que maintenant et la connaissance générale de la technique HF plutôt sommaire.
Ma mission actuelle est de recueillir des informations auprès de nos utilisateurs, dans tout type de domaine, pour ensuite analyser ces sujets avec notre équipe de développement afin de continuer à toujours développer des produits incroyablement pertinents. Je travaille en étroite collaboration avec Prakash Moorut et l’équipe de réglementation. J’ai participé à des discussions sur la réglementation au Royaume-Uni pendant environ 17 ans et je connais assez bien les problématiques de disponibilité spectrale pour comprendre pourquoi un produit comme l’Axient Digital PSM mérite maintenant d’exister.
SLU : Pour vous, cette nouvelle technologie est une solution indispensable face à la pénurie de fréquences ?
Tuomo Tolonen : Faisons un bref aperçu de ce qui s’est passé. Dans les années 70 et 80, les micros sans fil ont été principalement utilisés par les tournées haut de gamme, à la télévision et dans les comédies musicales. Ils étaient très onéreux, assez encombrants et de fiabilité moyenne.
Au début des années 2000, l’utilisation de la technologie sans fil a énormément évolué. C’est à ce moment que les micros sans fil sont devenus meilleurs et plus abordables, de sorte qu’ils ont commencé à être utilisés non seulement par les utilisateurs de haut niveau mais aussi par les ceux de niveau intermédiaire, dans tout type de lieu et de domaines.
Puis l’arrivée de l’iPhone et des smartphones a changé la donne. Le téléphone n’avait plus seulement besoin d’une connexion téléphonique mais aussi d’une connexion de données pour pouvoir lire les mails, aller sur Internet et regarder des vidéos. L’industrie de la téléphonie mobile a donc commencé à faire un lobbying très important auprès des agences de régulation des fréquences pour pouvoir répondre à la demande croissante de leur marché.
Notre industrie qui partageait les bandes UHF uniquement avec les télévisions terrestres s’est retrouvée confrontée à cette nouvelle présence des opérateurs mobiles qui voulait aussi mettre la main sur les bandes UHF dont la longueur d’onde permet une propagation très favorable. L’accès au spectre UHF a donc commencé à se limiter au profit des fréquences gagnées par les opérateurs mobiles. Depuis 2012, près de 50 % de ce spectre est passé à la téléphonie mobile. Nous avons perdu l’accès à la bande des 800 MHz, puis celle des 700 MHz.
Dans le même temps, toute la télévision terrestre qui existait dans la bande des 700 et 800 MHz s’est concentrée dans le spectre restant entre 470 et 694 MHz, de sorte que le scénario est toujours le même : la télévision est prioritaire, et les liaisons sont toujours secondaires. Heureusement nous pouvons continuer à coexister en utilisant ce que nous appelons les espaces blancs du spectre libre, mais qui sont maintenant beaucoup plus restreints.
SLU : Il fallait donc agir au niveau de la régulation internationale pour développer un nouveau mode de transmission adapté à ces contraintes ?
Tuomo Tolonen : L’industrie est passée des micros sans fil analogiques aux sans fil numériques, mais qui continuaient à utiliser des transmissions RF en bande étroite (200 kHz), imposée par l’ETSI, l’organisation qui définit les normes technologiques en matière de communications. Cela posait des défis pour répondre à l’exigence de qualité supérieure exigée par nos utilisateurs, que ce soit pour les comédies musicales, la télévision, ou les artistes musicaux.
Au niveau de l’ingénierie, il devenait de plus en plus difficile de maintenir une qualité audio élevée avec une largeur de bande restreinte de 200 MHz, et je ne parle pas de faire de la stéréo de qualité pour des IEM. C’est là que nous sommes intervenus en collaboration avec d’autres fabricants pour établir une nouvelle norme, à laquelle on se réfère à présent sous le terme de WMAS.
SLU : Pourriez-vous nous décrire ce qu’est la WMAS ?
Tuomo Tolonen : Le cadre offert par la WMAS est la prochaine étape des techniques de transmission numérique. Elle exploite une porteuse avec une largeur de bande beaucoup plus large que celle que nous avons l’habitude d’utiliser en bande étroite. Elle définit essentiellement trois critères de performance minimaux : la bande passante de la porteuse, sa puissance de sortie maximale et le masque spectral, c’est-à-dire un masque d’émission qui indique essentiellement la quantité de bruit autorisée en dehors de la porteuse primaire.
Ces règles sont beaucoup plus passionnantes à exploiter à l’inverse de la bande étroite que nous connaissons et qui impose un certain nombre de compromis sur l’autonomie, la qualité audio, la latence en numérique, plus des contraintes mécaniques liées à l’utilisation de l’énergie. Il est important de comprendre que la WMAS définit comment les fabricants doivent transmettre les données dans l’espace fréquentiel, mais en aucun ne définit comment les données transmises sont formatées. L’approche technique des données transmises en WMAS est entièrement du ressort du fabricant.
SLU : Le WMAS est aussi une réponse au manque de disponibilité spectrale que vous venez de décrire ?
Tuomo Tolonen : Exactement. Une des raisons d’avoir imposé la norme WMAS est de permettre une efficacité spectrale encore plus grande, c’est-à-dire la capacité d’obtenir encore plus de canaux dans une quantité limitée du spectre. Ensuite c’est au choix du fabricant de choisir comment il va le faire. C’est le début d’une période de développement que je trouve très intéressante.
SLU : Pour son premier produit WMAS, Shure semble avoir adopté une approche très particulière en proposant un produit dédié uniquement aux IEM ?
Tuomo Tolonen : C’était évident pour nous. J’ai passé les 18 dernières années à parler avec nos utilisateurs. Nous avons créé en 2011 avec notre système d’IEM sans fil PSM 1000 un standard de l’industrie, mais qui exploite la technologie FM analogique.
La question qui m’était sans cesse posée par les ingénieurs retour au cours de ces 10 dernières années, depuis la sortie de notre premier produit système numérique ULX-D en 2012 et ensuite Axient Digital en 2017, était toujours la même : Quand vos systèmes IEM sans fil vont-ils entrer dans l’ère du numérique ? Eh bien, maintenant !
SLU : Votre nouveau système Axient Digital PSM, en utilisant la WMAS, supprime toutes les limitations actuelles des IEM sans fil ?
Tuomo Tolonen : La FM analogique dont nous avons parlé plus tôt a des limitations audio sur les IEM sans fil. La réponse en fréquence que la porteuse FM analogique impose ne permet pas une bonne transmission des basses fréquences et limite également le haut du spectre audio autour de 15 kHz.
Il est aussi impossible d’obtenir une vraie porteuse stéréo et il faut beaucoup de magie RF pour faire en sorte que le cerveau perçoive la stéréo avec une porteuse unique de 200 kHz. La solution aurait été d’avoir deux récepteurs, un pour chaque canal, mais avouez que ce n’est pas pratique. L’autre grande limitation était bien sûr la largeur de bande RF qui limitait le choix des fréquences.
Il y avait donc un besoin évident d’un système numérique pour résoudre l’ensemble de ces problèmes et proposer, aux artistes de spectacles des IEM, et aux émissions de télévision des IFB, dotés d’une qualité numérique et d’un contrôle à distance dans un système à large bande capable de travailler n’importe où dans les bandes UHF. L’approbation de la WMAS par les instances de réglementation internationales nous a permis de finaliser ce produit que nous développons depuis plus de trois ans et qui correspond parfaitement à la demande du marché.
SLU : La WMAS permet des liaisons bidirectionnelles. Y a-t-il un besoin pour un boîtier transmetteur qui permet à la fois de gérer un IEM et une entrée micro ou ligne ?
Tuomo Tolonen : Oui, je pense que nous pourrions un jour fabriquer un boîtier bidirectionnel car la WMAS facilite sa fabrication. Mais le concept d’émetteur-récepteur n’est pas nouveau. Il a déjà existé pour des applications spécifiques. Shure en a déjà fabriqué en 2018 avec le système de conférence Microflex Complete Wireless, qui se base sur des postes de conférence bidirectionnels. Le canal de retour était parfois utilisé à des fins de traduction. D’autres fabricants en proposent aussi.
Je ne crois pas qu’un émetteur-récepteur pour des spectacles musicaux soit nécessairement la voie à suivre dans l’état actuel des choses. En plus, imaginez un musicien qui change d’instruments pendant le show. L’opération sera peut-être plus complexe avec des boîtiers bidirectionnels qu’avec des IEM et des micros sans fil sur des boîtiers distincts.
SLU : Shure a une approche particulière de l’exploitation de la largeur de bande en WMAS?
Tuomo Tolonen : Dans ce produit, Shure a choisi d’utiliser une porteuse large bande de 800 kHz qui supporte 4 sous-utilisateurs, ou sous-porteuses. Cette approche nous paraît plus « RF friendly » car elle permet de trouver plus facilement du spectre pour l’utiliser. Les paysages RF sont incroyablement encombrés. Que vous soyez dans un festival ou au beau milieu de Paris dans un théâtre, entre les canaux TV et les autres utilisateurs sans fil, être capable de toujours trouver un canal de 8 MHz entièrement vide, et ceci indépendamment du nombre de liaisons sans fil utilisées, me parait assez complexe.
SLU : Cela ne limite pas le nombre de canaux RF que vous pouvez déployer ?
Tuomo Tolonen : Non, au contraire. En privilégiant une approche avec porteuse de 800 kHz, il est plus facile de déployer plusieurs sous-porteuses. Avec la version Quad de l’Axient Digital PSM, vous pouvez gérer 4 canaux RF de 4 liaisons IEM stéréo chacune, donc un total de 16 IEM stéréo (ou 32 IFB mono pour la télévision) dans seulement 3,2 Mhz de largeur de bande utilisée (4 x 800 Mhz).
Donc dans la largeur de bande totale WMAS autorisée de 8 Mhz, nous pouvons gérer 40 IEM stéréo. Nous atteignons toujours la promesse d’une plus grande efficacité spectrale, mais avons la liberté totale d’y parvenir en déployant une multitude de porteuses de 800 kHz à travers le paysage RF, même dans les environnements RF les plus difficiles.
SLU : Les liaisons audio sont-elles paramétrables ?
Tuomo Tolonen : Nous n’offrons pas d’options de paramétrage des liaisons audio dans le mode d’émission WMAS. Nous ne faisons aucun compromis sur la qualité audio. Nous avons choisi d’offrir le meilleur son possible avec une latence fixe de 2.9 ms.
Nous obtenons ainsi, comme nous l’avons vu, 40 liaisons stéréo dans une largeur de bande de 8 Mhz. Cette approche répond parfaitement à ce pour quoi la WMAS a été conçue, obtenir une grande efficacité spectrale avec un grand nombre de canaux. Il est alors facile d’augmenter le nombre de canaux tout en maintenant la fiabilité et une qualité audio sans compromis, même dans l’environnement RF le plus difficile.
Nous pouvons donc aller au Super Bowl, qui est un cauchemar, et trouver de petits espaces libres dans le spectre pour y loger nos liaisons. Essayer de trouver un canal TV complet partout n’est, à notre avis, pas pratique. C’est tout l’intérêt de la norme WMAS. Elle n’impose pas d’avoir une largeur de bande de porteuse fixe.
Elle dit simplement que ne sommes plus limités par une porteuse de 200 kHz et nous laisse la possibilité de l’exploiter comme nous le désirons. Notre approche est conviviale et respectueuse de l’environnement d’un point de vue RF pour obtenir un plus grand nombre de liaisons.
SLU : En revanche les canaux RF de l’Axient Digital PSM sont paramétrables et offrent plusieurs modes d’émission, dont toujours de la bande étroite ?
Tuomo Tolonen : Oui. En tout, nous proposons 4 modes de transmission. En plus de la large bande numérique WMAS que nous venons de voir, nous proposons trois types de transmission en bande étroite. La première est de la FM analogique traditionnelle. Pourquoi ? Parce qu’elle est compatible avec les récepteurs PSM 1000 existants pour lesquels des centaines de prestataires ont déjà lourdement investi. Ils peuvent donc les utiliser et ce mode entièrement analogique offre la plus petite latence possible.
Nous proposons ensuite un mode en bande étroite numérique qui est similaire à l’Axient Digital, toujours avec une largeur de bande de 200 kHz. Il augmente l’efficacité spectrale. Dans les 8 Mhz, nous pouvons loger 23 porteuses de 200 kHz de largeur de bande. 23 IEM stéréo dans 8 Mhz, c’est génial et beaucoup d’utilisateurs continuent d’exploiter ce mode d’émission parce qu’il leur est familier. Le troisième mode “point à point” permet à un émetteur de dialoguer directement avec un récepteur numérique.
Ce mode est utilisé pour de la transmission sur de longues distances, pour envoyer un mixage stéréo vers d’autres unités très éloignées ou pour alimenter, par exemple, des rappels de diffusion. L’Axient Digital PSM est ainsi très flexible. Facile à adapter, il fonctionne dans des environnements difficiles ou non. Vous pouvez faire de la FM analogique, du narrow band numérique ou du wide band numérique pour tirer le meilleur parti de votre environnement, évitant ainsi l’utilisation d’une unique porteuse de 8 MHz partout où vous allez.
SLU : L’Axient Digital PSM permet donc de créer à lui tout seul une grande variété de configurations ?
Tuomo Tolonen : Avec notre approche technique, il y a d’autres avantages en dehors de la large bande et l’un d’entre eux est l’évolutivité en termes d’utilisation des ressources de l’appareil. Si vous prenez un équipement traditionnel comme le PSM 1000, c’est un émetteur à deux canaux. Si je n’utilise pas le canal 2, les ressources du canal 2 sont perdues. Avec l’Axient Digital PSM c’est différent. Nous disposons de ressources pour l’ensemble de l’appareil qui peuvent être allouées assez librement entre les canaux.
Dans le modèle Quad, nous avons donc quatre canaux radio WMAS intégrés (deux pour le modèle Dual) que nous pouvons configurer pour gérer le nombre de canaux, le mode de transmission, la puissance de sortie RF, suivant les besoins. C’est un système idéal pour les opérateurs HF car ils peuvent l’exploiter comme ils le souhaitent. Le modèle Quad peut ainsi être configuré de multiples façons pour gérer de 4 à 16 liaisons stéréo max, de 2 à 8 pour le modèle Dual, suivant les prestations. Cela va beaucoup simplifier les problématiques de parc des prestataires qui, avec le même appareil; pourront gérer tout type de configurations IEM.
SLU : Ceci a donc un impact sur l’utilisation de la puissance d’émission du système ?
Tuomo Tolonen : Oui bien sûr. En WMAS, la puissance RF de la porteuse est partagée de manière égale entre les sous-porteuses. Dans notre cas, avec une porteuse d’une largeur de bande de 800 kHz de 50 mW, cela signifie que chacune de nos quatre sous-porteuses dispose d’une puissance de 12.5 mW. Si vous avez une seule porteuse d’une très grande largeur de bande de 8 MHz de 50 mW avec 32 sous-porteuses, la puissance répartie va devenir extrêmement faible, ce qui signifie qu’il faudra déployer plus d’antennes ou être plus proche.
SLU : Au niveau des antennes, nous gardons le format traditionnel en coaxial ?
Tuomo Tolonen : Nous avons choisi de garder une technologie d’antenne traditionnelle pour offrir toutes les capacités de coexister avec d’autres infrastructures existantes comme les solutions fibre Wisycom, utilisées systématiquement dans les grands événements pour étendre la portée. Si vous prenez la tournée de Taylor Swift ou d’autres spectacles de même format, la scène est énorme et l’artiste court de la scène principale à la scène B et parfois dans la foule. Ses ears doivent fonctionner tout le temps.
Et le show dépend de leur bon fonctionnement car ils contiennent tous les signaux du spectacle, de cues, de click, etc., mais aussi de santé et de sécurité. La couverture doit fonctionner de manière continue et c’est à mon avis encore beaucoup plus facile à réaliser avec des antennes traditionnelles, et comme ces nouveaux systèmes doivent coexister avec d’autres équipements en place, ils doivent être compatibles avec l’infrastructure d’antennes existante.
SLU : Pour revenir à la latence… 2.9 ms n’est pas une valeur trop élevée pour les IEM de musiciens ?
Tuomo Tolonen : 2.9 millisecondes pour un IEM stéréo audio de haute qualité nous paraît être une valeur totalement acceptable. Elle sera un peu augmentée par les autres équipements de la régie, mais cela reste le bon compromis. Cependant, si pour un artiste, un ingénieur ou qui que ce soit, la latence n’est pas négociable et que cette valeur semble trop élevée, vous avez la possibilité de transmettre avec le même appareil en FM analogique et donc sans latence. C’est une des principales raisons d’avoir conservé ce mode de transmission. Vous vous priverez de certaines performances liées au numérique, mais vous pourrez toujours répondre à toute demande.
Nous pourrions diminuer cette latence en numérique mais au détriment du nombre de liaisons réalisables. Nous avons choisi un niveau de latence que nous pensons convenir à 95% de nos utilisateurs pour fournir une excellente qualité audio et le bénéfice de toute l’efficacité spectrale en WMAS. Pourrions-nous à l’avenir voir d’autres modes de transmission ? Oui peut-être. La technologie sous-jacente nous donne de nombreuses possibilités de développement et vous verrez de nouvelles fonctionnalités apparaître rapidement.
SLU : Le système intègre de nombreuses possibilités de contrôle à distance des récepteurs?
Tuomo Tolonen : Le contrôle à distance en temps réel des systèmes sans fil n’est pas nouveau chez Shure. ShowLink a été introduit avec le tout premier système Axient en 2012 ! Bien sûr, elle est utilisable sur ce système et est indépendante de la technologie WMAS. Voir les informations du récepteur sur la face avant de l’émetteur ou dans Wireless Workbench présente un avantage indéniable. Nous proposons également une gestion de l’impédance des casques car les boitiers sont amenés à alimenter une grande diversité d’écouteurs intra-auriculaires.
SLU : Ce système est donc compatible avec WorkBench ?
Tuomo Tolonen : Bien sûr. Ce logiciel permet le contrôle à distance des émetteurs ou des récepteurs. Il offre aussi des capacités de détection et d’évitement d’interférences radio en permettant de changer automatiquement la fréquence d’une transmission. Cette option ne sera pas disponible dès le lancement du produit, mais fait partie des fonctionnalités à venir. En WMAS, je dois non pas changer une porteuse à bande étroite, mais changer une porteuse large bande. S‘il est très facile de changer une porteuse de 200 kHz pratiquement instantanément, c’est une tâche plus complexe pour une porteuse de 800 kHz.
C’est une des raisons qui nous fait opter pour l’utilisation d’une largeur de bande restreinte, car si elle est très large et qu’elle intègre beaucoup de sous porteuses, le temps nécessaire pour la déplacer deviendrait difficile à gérer dans une prestation en direct. Actuellement il est possible de changer la fréquence manuellement en cas de problème. Avec notre largeur de bande restreinte à 800 kHz, nous estimons parvenir à changer en moins de 50 millisecondes, et avec plus de facilité pour trouver un espace fréquentiel disponible.
SLU : Allons-nous assister à une profusion de nouveaux systèmes WMAS ?
Tuomo Tolonen : Les règles WMAS sont si faciles à exploiter que nous verrons sûrement apparaître de nouveaux fabricants de systèmes. Est-ce qu’ils proposeront des produits sans fil de haut niveau qui rivaliseront avec ceux des marques leader du marché ? Probablement pas, parce que de nombreux autres critères, comme la qualité audio, les transducteurs, sont plus difficiles à respecter.
SLU : Est-ce que nous pourrions voir des systèmes WMAS encore plus abordables sur le plan économique ?
Tuomo Tolonen : Je pense que dans les 5 à 10 ans, nous verrons des systèmes à des tarifs plus bas pour d’autres industries et d’autres marchés, et sûrement pour le marché MI. Offrir 4 ou 8 canaux de liaisons sans fil à des groupes de musiciens, opérables instantanément sans avoir à intervenir sur le plan fréquentiel et de qualité optimale sera extrêmement apprécié.
Le cadre réglementaire WMAS offre un champ de développement extrêmement large et prometteur aux fabricants de systèmes de transmission audio sans fil. Avec l’Axient Digital PSM, Shure a fait le choix de fournir, pour son premier produit à exploiter cette nouvelle opportunité, une solution d’une grande efficacité spectrale, sans compromis sur l’audio et sur la latence, et restant capable de fonctionner avec les systèmes existants.
Cette approche du WMAS, par sa facilité de mise en œuvre et ses capacités d’intégration dans les systèmes actuels facilitera grandement son adoption dans les applications live et e broadcast, pour offrir enfin la qualité du numérique tant attendue par les utilisateurs de systèmes IEM.
Le système numérique de retours sans fil Axient Digital PSM de Shure sera disponible début 2025.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site Shure