Michael Berzon et Julien Peyrache, cofondateurs d’Alien le studio, signent le design d’ »A.M.O.U.R. » la dernière tournée de Calogero qui doit s’étendre jusqu’en décembre 2024 et dont le prestataire technique est Dushow.
Neuf semis sont chargés et déchargés matin et soir pour donner vie à une installation imposante, innovante et rock, à la hauteur de l’immense carrière de l’artiste Calogero. Point d’orgue, une date était prévue à la Paris La Défense Arena, une salle qui prend de plus en plus de place dans la programmation des tournées.
Quand j’entre, je découvre un gigantesque mur vidéo de fond de scène accompagné de huit pods mobiles. Ces structures métalliques rectangulaires d’1 tonne chacune, garnies de washs Ayrton Zonda FX côté pile et de barres à sources led surmonté de panneaux vidéo semi-transparents côté face, ont été construites par la société « Fer&Défaire » située près de Lyon.
SLU : Est-ce que Calogero a eu des demandes particulières ?
Julien Peyrache : Il avait en tête un show qui puisse être modulable avec la possibilité de passer d’un tableau à un autre à chaque titre. Avec Mika nous sommes revenus vers lui avec une idée de scénographie basée sur huit pods : quatre de chaque côté comme des pendrillons de théâtre qui bougent en translation gauche / droite et en rotation +/- 180°.
Cette configuration permettait, entre autres, de créer une boîte mais également une « flèche de pods » devant les écrans. Calogero n’était pas spécialement partant pour de la vidéo à la base mais en l’imaginant comme un gros projeteur qui puisse faire des aplats de couleur plutôt que de la vidéo illustrée, l’idée lui a plu. On a travaillé tableau par tableau pour pouvoir créer un nouvel univers pour chacun des titres et le motion des éléments de scénographie avec ce mélange vidéo / lumière, nous permet d’aller assez loin.
Michael Berzon et Julien Peyrache se sont prêtés à une interview en vidéo :
Julien Peyrache et Michael Berzon, respectivement 32 et 29 ans, démarrent assez jeunes dans la lumière. Michael raconte sa première expérience complétée par une formation à l’école 3IS « Ma première scène lumière, je l’ai faite à 16 ans dans une MJC à Marly Leroy, ma ville natale. Puis je suis passé technicien et pupitreur. »
Julien quant à lui, autodidacte en lumière aussi, passe par le CFPTS pour se former en régie lumière. La période Covid leur donne l’occasion de développer leurs compétences. « Avec Julien on s’est rencontré avant le Covid et on a passé beaucoup de temps pendant cette période à imaginer des projets. C’est de là qu’est né Alien le studio aujourd’hui basé au 3e étage de la Maroquinerie dans le 20e arrondissement de Paris. C’est d’ailleurs une installation que nous louons de manière ponctuelle. » Explique Michael.
SLU : De combien de jours en résidence avez-vous pu bénéficier ?
Michael Berzon : Sur les shows en Zéniths on a eu dix jours de pré-encodage en studio, puis 7 jours de résidence à Lille. Et pour la U Arena il y a eu 5 journées de pré-encodage chez nous puis deux jours sur place avant la date.
SLU : Avez-vous utilisé un logiciel de prévisualisation ?
Michael Berzon : On utilise Depence pour simuler la scène en 3D.
Huit pods comme mur de fond de scène
Huit gigantesques pods se déplacent en fond de scène avec une certaine souplesse malgré une tonne de matériel pour chacune des unités. Il y en a quatre de chaque côté et la société MASH a été chargée d’en concevoir le système de tracking pour les déplacer et leur donner vie dans une belle scénographie qui fait évoluer le show.
La motorisation a été fournie par Dushow et sa filiale Dushow distribution avec une console permettant de gérer les déplacements du matériel sur les rails. Pour la date de Paris La Défense Arena, le système initialement prévu pour 24 mètres d’amplitude a été agrandi de 9 mètres de chaque côté de la scène. Jean-Christophe Caron en charge de l’automation des Pods nous explique comment fonctionne l’installation.
SLU : Comment est géré le mouvement de ces grosses structures ?
Jean-Christophe Caron : « Au-dessus des Pods nous avons installé une lisse, que nous appelons un tracking et qui fonctionne un peu comme pour les déplacements d’écrans au sol, c’est-à-dire sur rail.
Sur cette date où la scène est plus large, le tracking est passé de 24 mètres à 42 mètres. Du point de vue des charges, huit moteurs, supportant deux tonnes chacun, portent toute la structure rattachée aux rails. Nous avons donc doublé les coefficients de charge.
SLU : Et comment sont-ils contrôlés du point de vue machinerie ?
Jean-Christophe Caron : Chaque pod est contrôlé par deux moteurs : un pour la translation et un pour la rotation. Nos descentes (la connexion des câbles ndlr) se font en bout de pont et à l’intérieur du tracking, des boucles de câbles alimentent la lumière et la vidéo de chacun des pods ainsi que leurs moteurs. Cela demande donc un gros travail de préparation. »
Il poursuit : « L’interface logicielle nous permet de programmer une succession de positions avec des temps de déplacement, des rampes d’accélération et de décélération. Par sécurité, on crée des groupes de moteurs avec pour règle de déclencher un arrêt complet de l’ensemble si l’un des pods ne se déplace pas comme prévu. On évite ainsi un scénario catastrophe qui serait d’embarquer le décor ou une personne par exemple. Par ailleurs nous disposons d’un arrêt d’urgence manuel pour arrêter immédiatement les mouvements et cela sans latence.
SLU : Quels sont les paramètres physiques à maîtriser quand on fait bouger des éléments aussi lourds ?
Jean-Christophe Caron : Sur les mouvements synchronisés, il peut y avoir des risques de créer des mouvements de balancier. Pour les éviter, on se déplace en symétrie et sur le même temps.
Les rampes d’accélération et de décélération créent alors une opposition qui stabilise l’ensemble. Pour cela, on part du milieu de la scène qui est notre point zéro. »
Le contrôle du kit en grandMA
Depuis la régie, Matthieu Patriarca pupitre le kit de la scène sur une grandMA3 soft 2. Julien précise « Je pense que c’est la dernière tournée pour laquelle nous utilisons le soft 2 ». Pour cette date un peu spéciale, une deuxième console gérée par Louis Demacon contrôle le kit en salle. En plus, l’équipe dispose d’un Smode pour envoyer le contenu vidéo et assurer la synchronisation des projecteurs avec les écrans. Une solution particulièrement souple et adaptative qui permet de prolonger la vidéo dans les projecteurs et obtenir des effets très impressionnants.
SLU : Quels protocoles sont utilisés ?
Michael Berzon : La grandMA reçoit le flux vidéo en Art-Net du Madmapper et communique ses datas au plateau en sACN via les switches. Le sACN prend donc le relais pour tout ce qui est communication FOH plateau. A la console 50 006 paramètres sont gérés grâce à l’ajout de 12 NPU.
SLU : Pourquoi cette logique d’envoyer des datas vidéo dans la grandMA via un Madmapper ?
Michael Berzon : Cela permet d’accompagner les médias de manière fluide. Si du rouge s’affiche, les projecteurs passent au rouge. S’il y a un balayage, ils vont le suivre avec précision. Nous récupérons le signal NDI en parallèle dans le Madmapper pour le traduire en valeurs RGB et le réinjecter dans les projecteurs. Et depuis la console nous contrôlons le pan/tilt, le zoom et l’intensité.
Julien Peyrache : Ce système nous permet de faire des ajustements très rapides sans repasser par des phases de rendu. Du Smode, partent des flux directement vers les écrans mais aussi dans le madmapper où tous les projecteurs ont été positionnés pour représenter des coordonnés. Cela concerne notamment les matrices de 162 x Acme Gemini installés derrière les écrans.
Une matrice de 66 barres à sources leds ACME Gemini a été installée derrière le gigantesque écran vidéo du mur de fond de scène complétée à cour et à jardin par deux matrices de 12. Les Pods mobiles mettent en valeur des contenus vidéo de qualité, réalisés sous la direction d’Alien Studio soit en interne soit chez Studio BK pour les plus travaillés graphiquement. Michael ajoute « Le fait de pouvoir gérer la scénographie, la vidéo et la lumière nous assure une synergie globale dans notre travail créatif ».
SLU : Est-ce qu’il y a un titre qui se prête particulièrement bien à ce processus ?
Julien Peyrache : Sur « Juste une chanson », de multiples explosions de peinture sur les écrans sont prolongées sur les faisceaux des projecteurs Gemini situés derrière qui s’allument de la même couleur. Grâce à la transparence des écrans, on a l’impression que c’est la vidéo qui émet un faisceau. Les Gemini sont des appareils qui disposent de cinq sources led chacun. On s’en sert comme d’un écran vidéo à faible résolution mais à grande puissance. Ces rampes à Leds Acme Gemini, sont visibles quand elles s’allument en contre ou quand elles projettent leurs puissants faisceaux.
Installées en lignes successives dans la hauteur, elles permettent de densifier un kit déjà très riche. Parfois utilisées en rétroprojection, elles dévoilent alors l’arrière des écrans par transparence et éclairent la structure et les câbles pour un rendu industriel. L’effet est aussi un peu orageux, presque argenté. Elles savent aussi se faire discrètes quand elles sont contrôlées par pixel lors d’un fabuleux ciel étoilé prolongé par les téléphones du public eux-mêmes contrôlés par l’application Crowdglow.
SLU : Que pensez-vous de ces projecteurs ?
Julien Peyrache : Dushow nous a présenté ces appareils qu’ils avaient récupérés d’un prestataire ukrainien pour soutenir son activité après le début de la guerre en Ukraine. La grosseur de leurs sources leds est finalement un plus et permet d’obtenir un compromis avec ce que nous cherchions de base. Parfois on allume une seule des cinq sources au centre ce qui donne l’impression d’avoir de multiples points qui sont comme des centaines de blinders, ce qui fonctionne assez bien.
Michael Berzon : De plus ils possèdent un crayon de strobe blanc très puissant sur l’autre face ce qui permet une double utilisation. Nous n’avons pas eu trop de pannes car sa fabrication est solide et nous en sommes agréablement surpris. Il a fallu faire un long travail de calibration pour trouver un équilibre entre leurs couleurs et celle des écrans mais on ne s’en sort pas si mal. Par ailleurs, les courbes de dimmer en basse intensité ne sont pas idéales mais cela reste acceptable.
Michael Berzon : Les écrans vidéo sont semi-transparents et les Gemini sont installés en sandwich devant une cloison occultante qui permet d’utiliser les pods en vidéo ou comme de gros blocs noirs massifs sur lesquels on vient travailler des jeux de faisceaux.
SLU : Comment se déplacent ces pods ?
Michael Berzon : De gauche à droite jusqu’à la limite physique des éléments de décors. Ils peuvent se resserrer, effectuer des rotations et ces mouvements sculptent l’espace scénique et les volumes entre chaque tableau. Cela répond à notre parti pris d’être théâtral avec un décor qui évolue tout au long du show.
Ayrton Zonda 9, gros Wash pour faisceaux XXL
Quand les pods se retournent, on découvre les superbes matrices de huit Ayrton Zonda 9 FX. Outils de création par excellence, ces énormes washs sont capables de produire des faisceaux ultra-larges et denses grâce à leur large sortie de 384 mm de diamètre composée de 37 lentilles et tout autant de sources RGBW de 40 W agencées en trois couronnes, et sa puissance flirte avec 1 000 W.
Cette combinaison LED/système optique permet d’obtenir un flux de 25 000 lumens et un mélange parfaitement homogène de couleurs pastel et saturées, avec un IRC de 86. Sa plage de zoom s’étend de 4 à 56°. En version FX, la zone inter lentilles, noire sur la version Wash, est alors translucide. Dessous court un réseau de diodes vidéo, 588 leds RGB contrôlables indépendamment produisant un effet liquide particulièrement innovant. Son poids total reste raisonnable avec 29 kg sur la balance.
Michael Berzon : Le Ayrton Zonda 9 est un très beau produit. Ce qui nous a le plus intéressés dans ce projecteur c’est d’abord la couleur et sa puissance mais aussi son diamètre de sortie car c’est le Wash qui a le plus gros diamètre sur le marché. Les pods mesurant 5 x 2 mètres nous avions besoin de sources qui soient équilibrées en termes de taille par rapport au volume global et pour éviter une sensation un peu taches de mouche sur un gros rectangle.
SLU : Il est ici en version FX, as-tu exploité toutes ses possibilités ?
Michael Berzon : Pour ce spectacle nous n’avons pas eu besoin d’utiliser le Liquid Effect. Cela dit, je ne trouve pas que ce projecteur se définisse par cet effet même si c’est un plus. Personnellement j’ai aimé son infinité de couleurs, son travail dans les basses intensités et sur les couleurs ce qui est souvent un problème avec les appareils à leds mais que l’on ne détecte quasiment pas sur le Zonda. Il travaille extrêmement bien dans les détails et je trouve que cela fait vraiment une différence lors de son utilisation.
Michael et Julien travaillent le faisceau dans les intensités de contraste et de couleur. Comme ils l’expliquent eux-mêmes « On n’est pas dans l’exagération de mouvement ou dans de gros effets qui partent dans le public. Nous allons plutôt poser un tableau pour un titre et travailler autour ». Bien qu’ils reconnaissent avoir eu une période un peu plus geek avec le début des asservis, leur approche de la lumière a évolué pour aller vers du plus classique et en travaillant les positions. Ils cherchent maintenant à faire passer l’émotion grâce à des équilibres dans les intensités tout en conservant un design lumière visuellement impactant et émouvant.
SLU : Est-ce que Calogero se lance en impro pendant le show et comment gérez-vous ces moments ?
Michael Berzon : Certains morceaux sont serrés en termes de timing et donc figés. Sur ces titres on a tendance à développer plus d’effets qui vont souligner certains détails. Cela étant dit, il y a toujours une partie manuelle. Pour une bonne partie de la set list, les musiciens ne jouent pas au clic et c’est Mathieu Patriarca, le pupitreur, qui envoie à la main. C’était important pour Calogero de garder cette liberté au plateau et avoir une énergie qu’il ne pourrait avoir dans une structure musicale.
Quatre totems positionnés au milieu des musiciens s’éclairent en couleur et produisent un son quand les musiciens tapent dessus grâce à un capteur piezzo intégré. Imaginés par Studio Monsieur, ils ont été construits par Dahotech.
Michael Berzon : Cette tournée se distingue aussi par le nombre de musiciens avec un côté très arcade fire, c’est-à-dire qu’ils jouent ensemble et s’amusent. C’était une volonté de Calo d’avoir ces fameux éléments ludiques dans la scéno.
SLU : Comment ces objets sont-ils connectés ?
Michael Berzon : Chaque totem représente une note qui envoie un signal midi en régie et nous définissons quelle animation se déclenche selon telle ou telle note.
Le kit sur scène avec Robe Forte à la face et à contre
56 Forte Robe sont impliqués dans le show, sur les ponts de contre, au sol en contre, en douche et pour la face sont contrôlés par des RoboSpot.
Michael explique : « L’artiste se déplace beaucoup pendant le show et doit être bien visible sur ce long runway ». Les Forte sont donc en grand nombre vu la taille de la scène.
Michael Berzon : Quatre Robe Forte sont assignés aux RoboSpot en plus de deux présents dans les coins que l’on contrôle depuis la console pour une face plus générale.
En plus nous en avons prévu 4 pour éclairer le piano installé sur une plateforme élévatrice qui monte jusqu’à 4 mètres pour un éclairage purement en douche.
Il y a également six Forte qui viennent attaquer en peigne le runway selon une logique d’éclairage type défilé de mode pour obtenir une belle face sur Calogero ou en contre pour bien détacher ses épaules.
Entre les quatre projecteurs gérés par la console et les deux paires en poursuites RoboSpot, on le récupère donc toujours sur quatre points. Enfin une ligne de contre au sol et une sur pont assurent une pleine puissance selon les besoins.
SLU : Combien y a-t-il de poursuiteurs sur cette date ?
Michael Berzon : En Zénith il y a deux poursuiteurs sur scène. Un pour Calo et un pour un guest ou un autre musicien.
Pour la U Arena deux poursuiteurs supplémentaires s’occupent du runway et de la stage B. Ils sont installés au même endroit pour communiquer facilement et se passer le relais.
SLU : Ont-ils la main sur le dimmer et la colorimétrie ?
Michael Berzon : Ils ont une base sur le dimmer, le zoom, le focus, l’iris et le pan tilt mais depuis la console c’est nous qui décidons de leur ouvrir la possibilité de contrôler le dimmer en fonction de ce que l’on souhaite intégrer dans certaines conduites. Par contre, la colorimétrie et l’intensité sont envoyées depuis la console car la caméra du RoboSpot ne permet pas d’avoir une bonne idée du rendu réel.
Le Forte est le Spot/Profile le plus puissant de la gamme Robe, avec son moteur de leds blanches de 1 000 W. Une large lentille de 180 mm libère une belle lumière blanche homogène de 6620 K avec un flux qui dépasse 34 000 lumens à 20° et quasiment identique en faisceau large. L’IRC natif de la machine est de 69 ; il grimpe à 80 ou 90 grâce à 2 filtres positionnés sur la roue de couleurs.
Par ailleurs une version « HCR » du moteur de leds interchangeable procure en natif un indice de rendu des couleurs de 94. Il est aussi disponible dans une version IP65, le iForte, particulièrement intelligente et autonome dans sa gestion de l’humidité grâce à deux capsules filtrantes et une valve d’équilibrage.
Michael Berzon : La construction est assez simple. Pour chaque emplacement de musicien, on a mis un Forte pile dans l’axe et légèrement en contre. On va rarement utiliser un projecteur tout à cours ou tout à jardin au profit d’une implantation plus linéaire. Il y en a deux derrière Calo à différent plan : un plan arrière et un plan médian au centre. On a également créé un bain de wash Robe Spiider sur deux lignes pour répondre à nos besoins de faire un wash général au plateau.
Il y a aussi une matrice de 56 MegaPointe dispersés sur quatre ponts. Ils sont utilisés en beam et pour sculpter des faisceaux au plateau de manière ponctuelle. Une ligne d’Elation Chorus Line située au-dessus des écrans vidéo permet de produire une lame de lumière. Parfois les pods rentrent éteints pour couper leurs faisceaux et créer une image d’immeubles ou de bâtiments qui coupent les rayons du soleil afin de travailler en jeux d’ombres.
Deux machines à brouillard MDG et une machine à fumée Look Unique assurent un support uniforme aux faisceaux qui prolongent la vidéo.
Michael Berzon : MDG est une marque de référence en ce qui concerne le brouillard en salle car il est réputé pour tenir longtemps dans l’air. La Unique quant à elle apporte une intensité de fumée en renfort sur une petite zone située en fond de scène qui permet d’avoir comme un mur de brouillard. Elle est envoyée dans une chaussette ventilée qui disperse le brouillard uniformément.
SLU : Parfois les artistes ont leur mot à dire par rapport à la qualité du brouillard qui peut assécher leurs cordes vocales.
Michael Berzon : Nous n’avons pas eu de retours dans ce sens mais c’est vrai qu’il y a des artistes qui y sont sensibles. Cela dit, on est sur des formats où on ne risque pas d’avoir de paquet de fumée intempestif car le brouillard est globalement très lisse grâce à la chaussette.
En salle, Chauvet Color Strike M et Martin Mac Aura PXL se partagent l’espace
Près de 100 x Chauvet Color strike M dessinent le pourtour du runway et de la stage B. Michael explique : « l’idée était de créer une synergie avec le plateau en prolongeant l’installation des Color Strike M sur les praticables et l’avant-scène. D’ailleurs, on les utilise beaucoup avec le madmapper pour faire exploser la vidéo en salle ».
Contrôlés en DMX, ils permettent de dynamiser l’espace, de bien intégrer le décor et sont particulièrement visibles pour les spectateurs tout en haut des gradins. Michael précise aussi qu’ils sont également utilisés en bains de pieds.
Michael Berzon : Ils se défendent bien même s’ils ont des soucis de maintien de colorimétrie dans les basses valeurs de dimmer comme souvent sur ce genre de produit
SLU : J’ai vu que vous aviez utilisé les Strike M en matrice pour ajouter des petits points sur le devant de scène.
Julien Peyrache : Tout est en Leds, full Leds, full pixel que ce soit les Color Strike, les Gemini, les Zonda. On peut tous les traiter en pixel. Les éclairages de salle on ne les a pas pris en mode full mais le reste oui.
En salle on trouve aussi 100 x Martin Mac Aura PXL ajoutés au kit de la tournée pour éclairer la zone du public de la Paris La Défense Arena. Ils font tout le tour et washent fort grâce à leur flux de 13 000 lumens, soit plus du double d’un Mac Aura XB avec leurs 19 bulbes transparents derrière lesquels sont logées 19 Leds RGBW de 40 W. Cette puissance s’accompagne d’une grande précision dans la gestion de la focalisation, avec un faisceau serré très défini et un faisceau large homogène.
Son zoom s’étend de 7 à 55°. La température de couleur variable avec précision de 2 000 à 10 000 K, l’émulation tungstène et la roue de couleurs virtuelle renforcent l’éventail des possibilités offertes. Son poids total affiche 16 kg. Ils sont complétés par des Elation Protron Eclypse du kit de tournée en rappel au-dessus des écrans de cours et jardin.
Michael Berzon : A la base on avait fait le choix de partir sur un vrai blinder tungstène ou bien prendre le contre-pied et utiliser un appareil complètement différent car nous ne sommes pas séduits par les blinders qui imitent le tungstène. On a choisi les Protron qui avec leur grosse dalle Led et leur forme rectangulaire sont très assumés et matchent avec cette grosse scénographie rock. On perd l’esthétique du blinder quatre lampes mais il s’utilise très bien en blinder.
CrowdGlow
Pour apporter une touche personnalisée à son concert et offrir à son public un instant ludique, Calogero cherche à individualiser la lumière. L’équipe se met en contact avec l’équipe de développement de CrowdGlow, un système qui prend temporairement de contrôle de l’écran et du flash des téléphones portables des spectateurs ayant téléchargé l’application du concert.
Michael Berzon : « Nous étions contents de pouvoir proposer quelque chose de nouveau au public notamment sur des titres comme « Feu d’artifice » où nous prenons le contrôle des flashes de smartphones. Pour cette tournée on cherchait à créer une ambiance intimiste, en clair-obscur sur la scène et grâce aux téléphones, cela nous a permis d’avoir un parterre étoilé très léger dans le public mais sans détériorer le visuel du plateau. »
SLU : Comment communiquez-vous avec les spectateurs pour qu’ils préparent leur téléphone ?
Julien Peyrache : Dès le début du titre, on fait vite apparaître un logo sur les écrans du plateau pour qu’ils lancent l’appli. En régie, un serveur installé dans un mac mini, relié à une antenne répétée sur le pont de face et au plafond d’un des ponts de la salle, envoie des données qui vont être interprétées comme des motifs aléatoires par les téléphones.
Cela dit, pour Paris La Défense Arena, nous avons intégré le plan de billetterie afin de créer un mapping d’image sur les gradins. Les gens peuvent donc ouvrir l’application pour renseigner leur zone, rang et place qui les identifie à un pixel dans l’espace.
Julien Peyrache : L’idée est de pouvoir balader de la lumière entre les téléphones. On peut envoyer des couleurs, des motifs, des strobes sur les flashs ou faire vibrer l’appareil. On peut aussi donner au public des indications comme, « dirigez votre écran vers la scène ».
Sur le titre, « A.M.O.U.R. » les écrans sont allumés en rouge vers Calo et au premier roll de batterie, les flashs se mettent à strober dans le sens du public et ça marche super bien car on voit leur visage s’éclairer. L’application, utilisée depuis le début de la tournée en janvier, donne pleine satisfaction à l’équipe et sublime l’ambiance dans une salle géante de 40 000 places.
La grande poursuite
En plus de cette installation particulièrement innovante, Michael et Julien en profitent pour concrétiser une dernière idée un peu OVNI qu’ils appellent « La grande poursuite ». Projecteur destiné à simuler un coucher de soleil sur le tout dernier titre du spectacle, c’est une matrice de 24 PARs assemblés sur un châssis mobile.
Michael Berzon : On utilise le tampon élévateur situé à l’arrière de la scène pour y positionner une poursuite en contre, manipulée par un vrai poursuiteur. Cette installation est dans le même esprit que les Zonda c’est-à-dire avec un large diamètre.
Elle est constituée de 24 x PARs 64 fixés dans un châssis en aluminium qui assure une rotation pan et tilt. Lors du rappel, la plateforme s’élève très lentement pendant deux minutes et Lionel “Mumu” Mulet vient accompagner le mouvement de ce gros faisceau pour suivre Calo en contre.
Calogero signe ici une superbe tournée imaginée par Julien Peyrache et Michael Berzon. Le prestataire Dushow aura mis à leur disposition de véritables pépites pour assurer leur design.
Les Ayrton Zonda FX projettent leurs épais faisceaux pour des tableaux absolument somptueux, rock et imposant. Ils sont en double face avec les Acme Gemini, la belle découverte du kit.
Les Robe Forte assurent faces et contres à la perfection. Les Chauvet Color Strike M réjouissent les spectateurs en dynamisant l’espace, accompagnés des Martin Mac Aura PXL et des Elation Chorus Line.
Un mur de fond de scène de panneaux vidéo, projette différentes ambiances, complétées par les huit pods mobiles disposant eux aussi d’une face vidéo.
Les paroles sont poétiques et la scénographie les prolonge dans une apothéose de touches de lumière. Quelle finesse, bravo !
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