Bigflo et Oli « Les Autres C’est Nous » tour

La superbe tournée des Zénith « Les Autres C’est Nous » de Bigflo et Oli a été ponctuée par une date à la Paris La Défense Arena. Un défi relevé par Jean-Baptiste Hardoin, Samuel Chatain, Ugo Culetto et son équipe, grâce à un kit boosté, fourni par le prestataire Dushow.


Rap, lumière et médias s’associent pour créer l’illusion d’espaces un peu magiques et qui se métamorphosent tout au long du show.

Je retrouve l’équipe qui s’active depuis deux jours à gérer le double du kit habituel, repensé pour cette immense salle située à Nanterre, la plus grande d’Europe. Quarante mètres d’ouverture, 400 projecteurs et des poursuites automatisées ont été prévus pour cette date extravagante en comparaison avec la tournée des Zénith déjà musclée.
Quatre stades ont également pris le relais jusqu’à la fin du mois de juin 2024. Dushow, le prestataire de cette fabuleuse rencontre avec un public de fans survoltés, a de quoi être fière.

Moment Factory Music aux commandes de la direction artistique avec Jean-Baptiste Hardoin

Moment Factory Music, la division musique de la société éponyme, qui rayonne dans le monde entier, s’en est donné à cœur joie pour créer un « Sacré Bordel » pour « Les Autres C’est Nous » le dernier album des deux rappeurs français. Basé à Paris, c’est Jean-Baptiste Hardoin qui a conçu le projet de A à Z en qualité de directeur artistique et de directeur de création de ce show, incluant la scénographie dans son domaine créatif.

« C’est un peu notre marque de fabrique, c’est-à-dire de la direction artistique globale pour des artistes à succès car avec nos équipes qui présentent des compétences différentes, nous sommes en mesure de proposer le design lumière, la création des contenus, la mise en scène et la création artistique, explique-t-il.
Nos collaborations, avec cette relation très particulière, sont souvent de longue durée et peuvent répondre à des besoins liés à des performances comme pour les NRJ Music Awards entre autres.» Pour la conception lumière, Jean-Baptiste Hardoin travaille ici en collaboration avec Samuel Chatain et son studio ”Rainbow”.


La tournée « Les Autres C’est Nous » place les chanteurs dans un écrin de lumière pour offrir une expérience particulièrement immersive aux fans de Bigflo et Oli.

SLU : Qu’avez-vous proposé à Bigflo et Oli ?

Jean-Baptiste Hardoin : « Bigflo et Oli c’est du grand spectacle pour tous les publics et donc il fallait amener cette ouverture et cette générosité. Cette réflexion nous a conduits sur le terrain du média lumière qui leur parlait moins à la base que la vidéo. »

SLU : La scénographie explose sur cette grande scène noire, de quel matériau est-elle recouverte ?

Jean-Baptiste Hardoin : Ce revêtement offre un très bon rendu notamment des images des écrans vidéo qui sont proches, pour créer une illusion de perspective et plus de profondeur. On trouve cela très intéressant notamment pour les spectateurs dans les hauteurs en gradin. La scène est également pensée pour pouvoir s’adapter à plusieurs types de salles comme des Zénith, PLDA, LDLC, Pierre Mauroy et le Stadium de Toulouse grâce à une vraie modularité.

SLU : Quelles techniques avez-vous utilisées pour créer une intimité entre les artistes et le public ?

Jean-Baptiste Hardoin : On a réussi à mettre en valeur des petits moments de connivence avec le public que Bigflo et Oli affectionnent particulièrement comme pour le titre « Sur la Lune » où chaque spectateur devient une petite étoile. C’est un titre qu’ils interprètent depuis longtemps mais nous avons fait évoluer la mise en scène avec les bracelets lumineux CrowdLED. Sur « Bons élèves » nous avons mis en scène et réalisé le titre sur la base du clip tourné en ombre et lumière qui leur tenait à cœur.


La captation du concert de la date de Paris La Défense Arena en décembre 2023 diffusée sur France 2


SLU : J’ai aussi trouvé « Sacré Bordel » particulièrement marquant, pourrais-tu me dévoiler les coulisses de sa mise en scène ?

Jean-Baptiste Hardoin : C’est un clin d’œil évident au clip dont le pitch fait tourner un cube de verre dans toute la France, que ce soit dans des paysages urbains ou naturels, et où les deux chanteurs sont comme en huis clos dans leur studio d’enregistrement. Pour nous c’était un challenge amusant de recréer cette illusion mais dans la vraie vie cette fois.

Nous les avons donc remis dans cette boîte sur scène avec un environnement diffusé sur l’écran Led et reprenant les rushs du clip. Pour la lumière nous avons créé une sorte d’amphithéâtre avec une dynamique de strobes et de Beams pour les installer dans une sorte d’écrin de lumière avec les huit musiciens de la tournée. On alternait entre un côté assez solennel et grandiose complété par la simplicité touchante des paroles.

SLU : Qui a assuré de la fabrication des cubes et la gestion de son motion  ?

Jean-Baptiste Hardoin : Nous avons travaillé avec Teckoff via Aymeric Sorriaux qui est le directeur technique de la tournée mais aussi plus globalement de Bigflo et Oli depuis 2016. C’était notre point d’entrée technique vers Teckoff qui faisait ensuite appel à des prestataires.

SLU : Et pour finir, il y a « Coup De Vieux » qui est un des gros tubes de leur dernier album.

Jean-Baptiste Hardoin : Sur ce titre, nous sommes sur un esprit « Teuf » assez dynamique, rythmé et populaire avec tout un tas de petites “Madeleines de Proust”, des références au début des Internet, Msn, Windows 2000, Windows XP avec l’iconique fond paysage de Windows, des références à leur enfance, Adibou, etc. Finalement pleins de petits clins d’œil que l’on trouve dans les paroles et que l’on fait apparaître dans des fenêtres pop-up de l’écran Led ».


Sur le titre « Coup De Vieux », le contenu média reprend des réminiscences des années 2000 pour réactiver les souvenirs des spectateurs.

Le pitch global du show de « Les Autres C’est Nous » est la création du logiciel Bigflo et Oli avec les chanteurs qui, au début, ouvrent le logiciel, puis le dossier Bigflo et Oli avec en screen des photos de visages pour raconter « Les autres C’est Nous » ou encore différents moments de leur vie comme leur break qui a duré deux ans, etc. Ces fenêtres évoquent un scroll de photos sur un téléphone qui constitue le fil rouge du live. On passe d’un tableau à un autre avec des palettes de couleurs et des atmosphères différentes.


L’équipe en charge de la diffusion des médias vidéo.


Après être passé par l’École Nationale des Arts Décoratifs où il développe ses compétences de scénographe, Jean Baptiste Hardoin découvre rapidement son envie d’associer les médias et la scène. « Je voulais créer un dialogue entre le monde physique et des univers de pixels pour essayer de créer l’illusion d’espaces un peu magiques qui se métamorphosent. »

Jean-Baptiste Hardoin de Moment Factory, directeur artistique et directeur de création de la tournée « Les autres c’est nous » de Bigflo et Oli.

Avec un ami animateur, il prend la fonction de scénographe et d’éclairagiste live. Il réalise également des projets muséographiques puis part au Canada en 2015 pour travailler chez Moment Factory, une société basée à Montréal. Hasard du destin, quand il rentre en France deux ans plus tard, la société ouvre un bureau parisien au même moment.

Dans le même temps il rencontre Samuel Chatain avec qui il travaille pour de nombreux artistes. Leur collaboration les amènera aussi à travailler pour Jain ou Damso. Parmi ses projets, il évoque « The Sphere » à Las Vegas et résume : « Nous sommes un studio de création immersif qui travaille sur des sujets très différents mais où le live a vraiment une place importante.»


Le design par Rainbow

Samuel Chatain via sa société Rainbow intervient avec Jean-Baptiste Hardoin pour imaginer un design lumière cohérent avec la scénographie. Il raconte « C’est un échange créatif du début à la fin. Nous faisons des propositions aux artistes, puis une collaboration va naître autour de leurs envies pour les satisfaire.

SLU : Comment décrirais-tu le show que vous avez créé ?

Samuel Chatain : Le show est à dominante chaude avec des tendances sépia et très CTO. Personnellement je n’arrive pas à concevoir que la lumière n’accompagne pas la vidéo. Beaucoup de médias diffusés dans l’écran sont aussi très hauts en couleurs.
On se raccorde en lumière en travaillant sur les couleurs dominantes, ce qui explique pourquoi on passe par une multitude de couleurs. Il y a c’est vrai aussi un Rainbow pendant le show qui est complètement assumé car la set-list nous amène sur un moment très jovial et aussi parce que c’est un effet que j’aime apporter à la plupart de mes designs.


Sur le titre « Demain » ft Petit Biscuit, l’effet Rainbow est particulièrement assumé et festif grâce à une débauche de faisceaux de MegaPointe.

SLU : Comment avez-vous appréhendé ce challenge de transformer une tournée des Zénith vers un show en Arena ?

Samuel Chatain : Il y a eu plusieurs réflexions, la première était impulsée par la production et nous a donné un cadre budgétaire. La deuxième avait pour objectif d’agrandir la scène pour qu’elle soit cohérente avec la jauge de 40 000 places de la salle et la troisième était liée à la gestion de la captation vidéo. L’écran a été considérablement élargi, ce qui nous a permis de minimiser l’ajout de projecteurs, et nous avons travaillé en préprod sur un plan de feu élargit pour adapter le design lumière mais tout en restant dans la même veine que ce qu’on proposait en Zénith. »


Samuel Chatain du collectif Rainbow, éclairagiste de la tournée « Les autres c’est nous » de Bigflo et Oli.

Samuel Chatain, que nous avions déjà interviewé sur sa création pour Vitalic a quitté All Access design pour rejoindre Moment Factory pendant un peu plus d’un an.
À l’issue de cette expérience, il crée sa société de light design en solo et s’intéresse à la scénographie et à la direction de création. Puis il fonde sa société actuelle, « Rainbow », avec son associé Victor Perrin.
Il explique « Le design lumière est notre point de départ mais on envisage maintenant les projets comme une identité visuelle globale. »

SLU : Par quoi cela se traduirait dans ta manière de travailler ?

Samuel Chatain : « On va réunir la scénographie, l’éclairage, la mise en scène et sur certains projets de moyenne envergure, la création de médias avec des équipes que l’on recrute. Ça signifie que des free-lances peuvent nous rejoindre en fonction des projets envisagés. Nous avons donc plusieurs partenaires, que ce soit en direction technique, ou avec des bureaux de création.

SLU : Et quels vont être les projets dans lesquels va s’inscrire Rainbow ?

Samuel Chatain : On est dans la musique live et petit à petit, on s’ouvre à d’autres marchés comme des expériences immersives, des festivals, des installations ou de l’événementiel, et nous sommes missionnés par des productions ou parfois par les artistes directement ».


La face en Robe Forte

Connecté sur les retours, Samuel Chatain assurait la direction photo de la captation du concert. Avec son associé Victor Perrin, ils ont conçu le show main dans la main avec Jean-Baptiste Hardoin. Ugo Culetto, pupitreur les a rejoints après la résidence pour prendre le relais en tournée et festivals.
Pour ne pas casser les dynamiques du show, la direction photo est un poste que Samuel assure fréquemment : « Des choix tranchés sur certains moments clés ne seront peut-être pas évidents pour quelqu’un qui n’aurait pas travaillé en préproduction et c’est normal. C’est aussi pour cette raison que nous avons cette mainmise sur la photo ». Pour constituer son « image » il a choisi les Robe Forte à la Face.


24 x Robe Forte assurent la Face pour une colorimétrie parfaite d’autant plus importante que le show bénéficie d’une captation ce jour-là.

Samuel Chatain : « La colorimétrie du Forte linké aux Robe RoboSpot est d’abord beaucoup plus simple d’utilisation qu’avec le BMFL. Par ailleurs il y avait sur cette date un rapport à l’image important du fait de la captation. C’était donc important d’avoir ce type produit du point de vue colorimétrique ».

Le Forte est le Spot/Profile le plus puissant de la gamme Robe, avec son moteur de leds blanches de 1 000 W. Une large lentille de 180 mm libère une belle lumière blanche homogène de 6620K avec un flux qui dépasse 34 000 lumens à 20° et quasiment identique en faisceau large. L’IRC natif de la machine est de 69 ; il grimpe à 80 ou 90 grâce à 2 filtres positionnés sur la roue de couleurs.
Pour information, une version « HCR » du moteur de leds interchangeable procure en natif un indice de rendu des couleurs de 94. A noter toutefois que l’équipe lumière de Bigflo et Oli a préféré utiliser le système ChromaTint pour gérer son rendu des couleurs.
Le Forte est par ailleurs disponible dans une version IP65, le iForte, particulièrement intelligente et autonome dans sa gestion de l’humidité grâce à deux capsules filtrantes et une valve d’équilibrage.

Les poursuites à la U Arena

Pour assurer la face des 2 artistes et de leurs guests, on compte 2 Forte sur le pont de face, 20 Forte sont répartis sur deux ailes en milieu de salle au-dessus de la B Stage pour couvrir l’espace scénique principal et 4 Forte sur les deux ailes arrière éclairent la B-Stage. Ils sont gérés au total par 6 RoboSpot, 1 pour viser Bigflo, un pour suivre Oli et 2 pour accompagner les guests. Les 2 RoboSpot supplémentaires dirigent les Forte des ponts arrière sur Bigflo et sur Oli.


L’équipe technique lumière avec (de gauche à droite) Jérôme Boutié technicien lumière et poursuiteur, Boris Dantan technicien lumière et poursuiteur, Ugo Culetto, pupitreur, Matthieu « Lapin » Guimier, technicien lumière et Pierre-Jean « Pij » Mauriès, blockeur.


Ugo Culetto : « Sur la première partie de la tournée, les RoboSpot étaient linkés à des BMFL qui manquaient un peu de pêche et nécessitaient beaucoup de corrections colorimétriques. Le Forte est plus lumineux et facile à utiliser même dans une petite salle.


Les deux poursuiteurs officiels de la tournée Zénith Jérôme Boutié (à gauche) et Boris Dantan (à droite).

SLU : Comment gérez-vous les Robospot ?

Ugo Culetto : Les poursuiteurs ont un master dimmer qui s’il est fermé, ne peuvent rien faire. Moi aussi j’ai un dimmer et je peux gérer la couleur et les strobes.
En début de tournée il y avait deux plans de poursuite entre la scène et la B-Stage (le cube en bout de scène ndlr) et je faisais la transition entre les deux à la console ce qui n’était pas facile car Bigflo et Oli sont très mobiles et parfois se séparent.
J’avais donc du mal à les suivre. Puis, Jérôme Boutié et Boris Dantan, les poursuiteurs de la tournée, ont mis en place une « Intensity Map » qui automatise cette transition.

SLU : Quels problèmes sont résolus par cette « Intensity Map » fournie par Robe ?

Jérôme Boutié : Dans notre configuration, on pouvait avoir des visées qui tapent sur un pendard ou qui ne soient plus au bon endroit parce qu’il y a des différences de hauteur sur scène. Pour pallier cela, Robe propose un système qui permet de mapper des points sur une zone modélisée pour gérer l’intensité des projecteurs selon l’endroit visé.
On peut alors utiliser pleinement l’accès à plusieurs machines à la fois, qui est proposé de base ou encore choisir une belle courbe de dimmer entre deux points comme un noir plutôt smooth ou plus sec par exemple.

SLU : Comment avez-vous réglé cet outil sur cette tournée en particulier ?

Jérôme Boutié : On l’a réglé de manière à configurer que tel un projecteur ne puisse pas jouer pour n’avoir qu’une seule poursuite au lieu de deux sur l’artiste par exemple. Qu’à tel endroit, tel projecteur soit à tel pourcentage etc. Vu la taille de La Défense Arena, la configuration est beaucoup plus étendue et on peut utiliser tous les Forte disponibles avec la souplesse de se dire que si certains posent un problème on peut les mapper en intensité. Cela nous permet de récupérer ces paramètres en fonction de nos visées et de libérer un peu le pupitreur. »

Le kit sur scène

Au pupitre en grandMA 2 soft 2, Ugo reprend le concept imaginé par Samuel et Victor. Il raconte : « La base du show est très riche avec une attention sur les transitions d’un titre à l’autre. Victor a fait des plug-ins qui synchronisent les consoles vidéo et spare entre elles. »


Devant les écrans vidéo et au sol, on trouve une belle ligne de GLP JDC1 à contre associés à des GLP X4 Bar 10 et X4 Bar 20.

Samuel Chatain : « Toute la partie strobe et ligne de contre est en GLP JDC1. C’est un produit fabuleux. On le retrouve sur la plupart des shows et il a réussi à détrôner pas mal d’autres appareils. Sa puissance est quelquefois un peu étrange par rapport aux couleurs mais la possibilité de le contrôler par zones (6 x 2 zones plus un crayon central ndlr) rappelle le contrôle en cell à cell des GLP X4 bars.

Ces appareils peuvent être aveuglants comme ils peuvent être doux et selon la manière dont on les utilise, ils laissent une marge de manœuvre assez grande. Personnellement ce sont des produits que j’utilise souvent. Je sais comment les pousser et les amener aux rendus souhaités que ce soit en colorimétrie, en puissance ou en strobe. Il est utilisé en full paramètre sur ce show.


Les GLP X4 Bar 10 et 20 permettent de déboucher subtilement la face de Bigflo et Oli lorsqu’ils sont emprisonnés dans un cube de plexiglass.

SLU : Des GLP X4 Bar 10 et 20 dessinent le runway et le proscenium. Comment les as-tu utilisées ?

Samuel Chatain : Il y a un grand runway pour arriver au bout du proscenium et pour déboucher l’image, notamment lorsque le cube en plexiglass descend et enferme Bigflo et Oli dans une pseudo cage en référence à leur clip, ils permettent de faire une reprise de la face.


Les latéraux, des échelles de Robe MegaPointe et GLP JDC1(…)

(…)Qui se terminent par des Robe Forte.

Les ponts de contre chargés de MegaPointe.

SLU : Sur le gril scénique on trouve des MegaPointe et des Spiider. Qu’est-ce que tu apprécies dans ces appareils ?

Samuel Chatain : J’apprécie leur puissance et en particulier celle du MegaPointe même si ce n’est pas mon spot/beam préféré. Il est parfaitement adapté à cette salle immense. De plus, il y a une géonémie qui fait qu’il est disponible en quantités dans les parcs de location et qu’on les retrouve assez facilement partout, ce qui nous permet d’être assez véloces quant aux réadaptations. Enfin, avoir la possibilité d’être homogène avec les wash Robe Spiider est un vrai plus et je trouve que Robe a bien travaillé sur ce point.


Le gril scénique en arcs de cercle : Robe MegaPointe, Spiider et GLP JDC1.


SLU : Comment utilises-tu ces appareils ?

Samuel Chatain : Je ne suis pas très friand des effets macro internes. C’est peut-être mon côté « éclairagiste à l’ancienne » même si je n’aime pas trop dire ça. J’utilise plutôt l’apparition des faisceaux par niveaux ou à des moments très musicaux. »

Au-dessus de la B-Stage, deux ponts entrecroisés reçoivent une matrice de 9 MagicPanel-FX Ayrton, (lui-même constitué d’une matrice de 25 sources leds RGBW contrôlables indépendamment) utilisés en zoom serré pour éclairer en douche Bigflo et Oli avec un très beau faisceau vertical, lors de la descente du cube.


Une matrice de 9 MagicPanel-FX Ayrton éclaire en douche Bigflo et Oli avec un très beau faisceau.

Ces ponts en croix sont encadrés par 3 ponts chargés de MegaPointe entrecoupés de SGM Q7 que Samuel peut utiliser en strobe, blinder et flood. On retrouve la même structure en croix au-dessus des deux petites scènes placée en salle dans le public avec cette fois 5 MagicPanel FX et un Q7 aux quatre extrémités des ponts.


Le kit en salle est assez musclé avec une association de Robe MegaPointe et Spiider pour bien éclairer le public notamment quand il réagit.

SLU : Y a-t-il eu des difficultés sur la tournée ?

Ugo Culetto : Le travail des riggers devait être très précis pour l’accroche du gril scénique constitué des PRT disposés en arcs de cercle et positionnés chacun par un seul moteur de levage sans pièces fixes pour former les angles de structure. Ce n’était pas facile d’obtenir un alignement des ponts et une symétrie parfaite entre cour et jardin.
Un décalage de 2 à 3 centimètres en x, y ou z suffisait pour que les effets de balayage ne fonctionnent plus et pour que les faisceaux ne partent pas dans la direction prévue en pan et en tilt, ce qui n’est pas facile à rattraper à la console. Les riggers ont consacré une bonne partie de leur énergie aux ajustements et au final c’était bien géré.


Ugo Culetto, pupitreur de la tournée opère brillamment sur ce show imaginé par Samuel Chatain et Victor Perrin.

Ugo Culetto est opérateur sur la tournée de Bigflo et Oli. Son parcours professionnel le fait démarrer dans le son puis il se réoriente vers la lumière au gré du bénévolat et de stages.

Il raconte : « J’ai trouvé le live très cool et ludique dans l’approche ». Il enchaîne avec du tirage de câble, de la régie générale pour des festivals puis des petits événements à Toulouse et en Corrèze son département d’origine.

Au fur et à mesure des rencontres professionnelles, il croise des groupes en recherche de pupitreur et se forme à la console jusqu’à décrocher son poste actuel sur la tournée de Bigflo et Oli grâce à un collègue régisseur ayant eu vent de l’opportunité lors d’un passage dans les locaux de Bleu Citron, la société de production de Bigflo et Oli. Il démarre sa collaboration avec eux dès 2015 lors d’une tournée des clubs avec en parallèle une activité d’éclairagiste pour des artistes chanteurs et humoristes.


La lumière dans les gradins

Les bracelets crowdLED ajoutent une touche originale au show. Et ils en jettent sur les 40 000 spectateurs.

Pour le titre « Sur la Lune » et à la demande de Bigflo et Oli, de petits bracelets lumineux sont prêtés au public lors des concerts. Ils sont contrôlables selon des endroits mappés dans la salle.
Samuel Chatain raconte « C’est très compliqué d’avoir le contrôle sur chaque bracelet et donc on ne peut pas créer des « images » par exemple.
Cela dit les effets simples en RGB sont très accessibles et on peut aussi les contrôler à l’aide de petites matrices d’effets internes pour obtenir des random strobes par exemple ».


CrowdLED est une entreprise basée aux Pays Bas depuis 2013 et spécialisée dans l’amélioration de l’expérience spectateurs. L’objectif affiché du fabricant est de rendre les concerts uniques grâce à un bracelet lumineux contrôlable en RGB, soit 16 millions de couleurs accessibles pour les éclairagistes. Ces mini projecteurs alimentés par pile, peuvent facilement tourner sur six shows consécutifs de deux à trois heures d’affilée sans avoir à remplacer les piles.

SLU : Comment est géré le recyclage des batteries ?

CrowdLED : Après une tournée, les bracelets peuvent nous être envoyés et cette manutention prévoit le remplacement des batteries avant d’être redistribués sur des événements futurs.

SLU : Comment ces appareils sont-ils contrôlés ?

CrowdLED : On fournit une station de base DMX HF plug and play qui contrôle les bracelets à distance via tout type de console. Un signal spécifique est envoyé en radio fréquence et les bracelets vont s’illuminer dans une couleur ou selon un effet spécifique. Ils peuvent aussi être synchronisés. Un émetteur CrowdLED a une portée de 750 mètres et peu couvrir n’importe quelle aréna. »
Ils peuvent aussi s’animer en sound to light au rythme de la musique, plus le rythme est rapide plus l’intensité augmente, par le mouvement,  plus le mouvement est rapides plus l’intensité augmente, idéal pour encourager le public à applaudir, etc.



Les fans sont venus par milliers pour retrouver leurs artistes favoris. Les rappeurs Bigflo et Oli envoient du bois sur scène et le défi était de taille de suivre ces deux bêtes de scène en direction artistique et en design lumière. Mais défi relevé avec brio par Jean-Baptiste Hardoin de Moment Factory et Samuel Chatain et Victor Perrin de Rainbow.

Sous les faders d’Ugo Culetto, le kit Pantagruélique balance des faisceaux dynamiques. Les MegaPointe sont toujours bien présents et disponibles en quantité associés aux Robe Forte pour une face parfaite mais aussi aux Robe Spiider. Les GLP X4 Bar 10 et 20 débouchent un superbe runway indispensable dans une telle salle pour que tous les fans puissent observer leurs artistes et ils sont en délire !

Les deux chanteurs se lancent dans une petite sortie en bateau gonflable sur une mer étoilée mise en valeur par les bracelets CrowdLED, nouveaux venus dans l’amélioration de l’expérience spectateur. On est forcément touché par la poésie de cet ensemble. Les MagicPanel FX douchent les artistes d’un magnifique faisceau plein et les SGM Q7, qui ponctuent les pêches des chanteurs pour dynamiser le public en couleurs, impressionnent par leur puissance et leur longévité, preuve s’il en fallait encore de la qualité de ces appareils danois quasiment indestructibles.

Un grand bravo à l’équipe aux commandes de ce show absolument formidable qui aura rempli Zénith et stades mais surtout les centaines de milliers de cœurs présents pour cette excellente tournée.


Plus d’informations sur:

– Moment Factory
– Rainbow
– Robe Lighting
– German Light Product (GLP)
– SGM Lighting
– CrowdLED

 

Crédits - Texte et Photos Allison Cussigh

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