
Si on voulait illustrer le nom féminin persévérance, une photo de Brock Adamson ferait très bien l’affaire. Sans aller jusqu’à planter des forêts de bouleaux pour avoir son propre bois, il a pris le temps de maitriser tous les domaines nécessaires pour parvenir à créer Vergence Group, sa nouvelle gamme d’enceintes actives, et VGt, sa boîte line array grand format, tête de gondole du Made in Canada.
Montrée sous forme de maquette lors de l’ISE 2024, VGt a passé une année entre les mains de quelques prestataires hexagonaux qui l’ont déverminée et c’est désormais parti pour la commercialisation. On en reparlera plus loin. VGs, le sub actif tiré du E119 est aussi dans les starting blocks seul ou en module ampli & DSP pour rendre actifs les 119.

Inutile de vous dire notre joie quand Guy Vignet, PDG de DV2 et historique importateur de la marque, nous a proposé de l’écouter en vrai lors d’une date d’Eddy de Pretto à Amnéville.
A notre arrivée dans le Galaxie, le brouillard des amis éclairagistes rend difficile le premier coup d’œil. Heureusement des têtes connues s’échinent derrière les écrans dont Julien Poirot, Touring Support de la marque pour DV2 et mec adorable, qui nous détaille tout de suite les forces en présence.

15 x VGt par côté sont épaulés par l’arrière par 6 x E219 en montage cardioïde, seules enceintes restant drivées par du lab.gruppen, tout le reste étant actif. L’ouverture atteignant 22 mètres, une douche stéréo de 2 x 6 CS10 arrose copieusement le centre de la fosse jusqu’au nez de scène. Enfin deux outfills de 8 x CS10n apportent un peu de réconfort aux spectateurs placés sur les côtés et en hauteur.
La fosse en champ proche, en plus de se prendre la drache, est particulièrement chouchoutée avec en guise de infills 3 x CS10P par côté. Les malchanceux sur les bords de la fosse ont une CS7P à cour et jardin. Enfin pour les vrais fans agglutinés devant le nez de scène, quatre ensembles de deux CS119 et deux CS7 leur apportent un vrai son concert full range.
Julien Decarne mixeur d’Eddy de Pretto étant disponible, on dégaine sans coup férir notre dictaphone.
SLU : Première fois du VGt et de l’Adamson ?
Julien Decarne : Ni l’un ni l’autre. J’ai travaillé brièvement avec du VGt lors de deux concerts en festival cet été, ça m’a plu et Adamson on en croise partout. Je peux dire que je connais assez bien cette marque. Pour en revenir au VGt, j’avais envie de l’essayer vraiment en salle et MPM qui est le prestataire de cette tournée, en disposait.

SLU : Tu as 46 ans, tu as donc dû côtoyer les premiers systèmes d’Adamson comme les Y. L’évolution te paraît comment avec ce que tu entends aujourd’hui ?
Julien Decarne : Très difficile de répondre. Tout a changé entre temps et cette époque paraît tellement lointaine que c’est impossible de comparer du Y18 avec du VGt. Je pense que si on écoutait aujourd’hui du Y18 on hallucinerait, mais à l’époque on trouvait ça très bien et on était content ! Pour être sincère la technique des enceintes ne m’intéresse pas spécialement, ce que je recherche c’est le son avec lequel travailler. De ce que j’entends, le VGt a une portée et une projection qui était marquante en extérieur et qui est très intéressante aussi en intérieur.
SLU : Avec Eddy de Pretto la voix doit revêtir une grande importance dans le mix…
Julien Decarne : Absolument, le cœur de mon travail c’est sa voix et l’impact dans le grave. Je suis satisfait de ce que j’entends. Thibaud Le Boucher qui a designé et règle le système, nous fait avancer chaque soir un peu plus et c’est hyper intéressant. Je n’ai aucun frein, je travaille comme si je connaissais ce système depuis longtemps, Qu’il soit tout neuf ou vieux, ça ne change pas ma manière de mixer. Pour Thibaud en revanche c’est plus une découverte car en plus ses outils sont nouveaux.

SLU : Est-ce que tu as dû changer quelques-unes de tes habitudes avec cette nouvelle boîte.
Julien Decarne : (longue pause) Je pense que ce qui sort de ma console doit pouvoir fonctionner dans toutes les situations, de la petite paire d’écoutes dans un studio de répétition jusqu’au gros système qu’on me propose en tournée.
Je ne suis donc pas pour changer ma façon de procéder, en revanche on travaille la diff en amont pour arriver au résultat que je souhaite entendre.
Cette tournée a commencé il y a plus d’un an dans des SMAC équipées de systèmes de toute marque. On n’a jamais le même résultat chaque soir mais il faut que le mix respecte la volonté artistique et les besoins du projet dont, je le redis, une voix claire et précise pour Eddy.
SLU : L’arrivée de la réjection arrière du grave de VGt est un plus pour toi ?
Julien Decarne : Clairement. Cela nous a changé la vie dans un certain nombre de Zéniths comme celui de Dijon qui peut se révéler compliqué dans certaines situations avec son traînage dans le bas. On s’y est produit la semaine passée et on a été très agréablement surpris par le résultat. C’est une salle que j’appréhendais un peu et qui n’a posé en définitive aucun problème.
SLU : L’artiste a remarqué cette propreté au plateau ? Têtes et subs sont cardioïdes…
Julien Decarne : C’est exact, mais il ne l’a pas remarqué, sans doute parce qu’il s’est produit en extérieur lors de nombreux festivals où le problème de pollution est moindre. Pour la tournée il n’y a rien sur scène, ni amplis ni retours ce qui me permet de donner un très bon son aux premiers rangs, Eddy quant à lui porte des ear-monitors mixés par Matthieu Speck.

SLU : Pour avoir assisté aux balances, ce show semble assez différent des autres
Julien Decarne : Il y a deux parties. La première se fait avec Eddy seul sur scène et sans musiciens, juste un Ableton qui fournit les pistes enregistrées en studio lors de sessions live de certains titres que je mixe. Le dernier tiers du show, on bascule sur des musiciens. Le challenge consiste à tout faire concorder sans qu’il y ait trop de différence entre les deux, tout en marquant un peu l’arrivée de la partie live. Un petit challenge (sourire)
SLU : Tu dis ne pas être passionné par la technique des enceintes, tu as donc un binôme de confiance au système…
Julien Decarne : C’est le cas, Thibaud est fort et surtout on s’entend très bien ce qui me permet de ne me consacrer qu’au mix et à l’artistique sans me distraire avec d’autres réglages. Il peut affirmer ou infirmer certains ressentis que je peux avoir et fait en sorte que chacun d’entre nous travaille dans son domaine de prédilection.

SLU : Thibaud, tu nous dis quelques mots sur toi ?
Thibaud Le Boucher : Je suis arrivé chez MPM en 2009 et durant 6 ans j’ai été assistant au système. En 2015 j’ai designé mon premier système pour la tournée de M. J’ai travaillé sur Y10 et 18 puis les Energia et dernièrement les CS et le VGt depuis fin avril 2024 quand nous avons reçu nos boîtes. J’ai été formé à ce nouveau système par Julien Poirot chez DV2.

SLU : Tu manipules des enceintes depuis plus de 15 ans. Est-ce qu’un système actif présente des différences ?
Thibaud Le Boucher : Je trouve que c’est plus pratique. On n’a plus les racks d’amplis au sol donc c’est un vrai gain de place. La présence des amplis dans les boîtes raccourcit énormément la longueur des câbles et on le ressent beaucoup sur l’aigu. C’est flagrant entre une S10 et une CS10 où l’aigu et même le médium sont beaucoup mieux. Autre avantage, en cas de panne ampli, on ne perd plus qu’une boîte au lieu de trois quand on les pontait.
On dispose aussi d’outils informatiques très performants qui nous permettent de travailler directement dans les boîtes en réalisant des algorithmes qui optimisent nos arrays. La puissance DSP est supérieure par rapport à ce dont on dispose dans les PLM car le calcul s’effectue à l’échelle de chaque boîte. Un réglage comme la compensation entre haut et bas du gradin est fait automatiquement et très finement.

SLU : Julien a évoqué l’impact dans le bas de VGt.
Thibaud Le Boucher : C’est vrai, on a le même sub E219 en passif sur cette tournée ce qui permet de comparer. Cela est sans doute dû à l’exploitation cardioïde du grave dans les têtes qui est mieux poussé en salle et excite moins l’arrière scène et le toit.
SLU : Tu l’as pris en main facilement ?
Thibaud Le Boucher : Au-delà de la formation chez DV2 et avant de partir avec Eddy de Pretto, j’ai passé trois jours à tout tester au sol chez MPM et nous avons effectué une semaine de pré-prod au Zénith d’Amiens pour bien avoir nos nouveaux outils en main. Le rendu de VGt est en plus très bon tel quel contrairement par exemple à du E15 qui nécessite d’être plus égalisé pour atteindre la qualité que l’on connaît. La polaire de VGt est aussi plus large avec un vrai 90°.
SLU : La mise en œuvre de VGt est comparable avec E15 en termes de temps ?
Thibaud Le Boucher : C’est pareil. On a un peu plus de câblage à l’arrière comparé au système passif, mais c’est plus simple à mettre en l’air et on gagne sur d’autres postes comme l’absence de racks amplis ce qui se ressent aussi dans le gain de poids et de place dans le camion.

Qui dit concert au Galaxie d’Amnéville dit aussi grande proximité avec MPM Audiolight le prestataire de la tournée et DV2 le distributeur d’Adamson et DiGiCo dont une Quantum7 est dans les mains de Matthieu aux retours.

Nous rejoignent donc Marc Morosini le PDG et David Nulli le Directeur technique de MPM mais aussi Guy Vignet et Didier Dal Fitto codirigeants et fondateurs de DV2, le premier étant amoureux du business du son et le second de la technique du son.
Étant difficile à avoir en interview, c’est David Nulli, 15 ans de MPM et avant ça, des années de design et de calage système qui va répondre à nos questions. Il se pourrait que quelques propos aient été glissés par l’un des susnommés. Qu’ils ne nous en tiennent pas rigueur.
SLU : Est-ce que dans la genèse de VGt, des utilisateurs comme MPM ont été écoutés par Adamson ?
David Nulli : Adamson nous a interrogés il y a quelques années pour connaître nos besoins et nos envies pour un nouveau système. On a fait le tour et remonté nos desideratas pendant quatre ans où le système se préparait. Ils ont été à l’écoute de beaucoup de gens et principalement des utilisateurs d’Adamson qui avaient des doléances dont la principale a été le cardioïde. Pouvoir récupérer une partie du grave arrière en le ramenant devant et isoler un peu ce qui se passe sur scène où les wedges et les amplis guitare disparaissent au profit des ears. Avoir un son frontal et limiter les réflexions en arrière.

SLU : Quelle différence existe entre E15 et ses deux E-Capsules médium aigu et les nouveaux dômes et moteurs de VGt
David Nulli : Quand on a ouvert pour la première fois le système on a été frappés par le lien avec le son Adamson, et en même temps quelque chose de tout à fait différent. Le grain maison est là mais en mieux, et ça peut s’expliquer. Le moteur d’aigu dans VGt est placé devant le dôme et plus derrière le 7” comme dans l’Energia.
La chambre acoustique est de 4è génération (Y18, E15, S10 et VGt) On se retrouve avec un aigu qui monte plus et plus facilement que dans les E-Capsules des E12 et A15 et ne parlons pas des Y18. On a aussi une proximité avec le médium due à l’inversion dans le guide d’onde.
SLU : Tu as donc maintenant 100% du spectre et 100% de projection vers l’avant
David Nulli : Oui, avec en plus ce côté déroutant d’avoir le bas médium très Adamson, mais en plus dynamique et très propre sur la fondamentale de la voix, et un aigu qui paraît libéré et auquel on n’était pas habitué. Tout ce qui pouvait manquer ou ne pas avoir parfois suffisamment de réserve dans la partie haute des E12 et E15 a été rectifié sur VGt. C’est nouveau pour nous. Et c’est bien.

SLU : Qu’est-ce qui a changé dans VGt. La puissance électrique, la sensibilité des transducteurs, la conception électroacoustique…un peu des trois ?
David Nulli : Notamment la conception. J’ai l’habitude d’un festival en Ardèche, l’Aluna, où pendant 12 ans de suite on a déployé de l’Energia. En juin 2024 et pour la première fois, on a testé le VGt. On a gagné 20 mètres de parterre dans l’aigu avant d’être décroissant au même niveau SPL qu’on avait en E15. On a écouté les yeux fermés à 60 mètres, on avait l’impression d’être à la régie.
Avoir le son Adamson et disposer d’une telle projection dans le haut, c’est nouveau (rires) Pour compléter ma réponse VGt gagne aussi au niveau de la sensibilité des transducteurs, tous nouveaux et enfin la puissance électrique est délivrée par des des amplis Classe D très rapides et à partir d’un rail d’alim atteignant 200 V.

SLU : Le fonctionnement cardioïde qui associe des 13” et des 10” se révèle efficace aussi en extérieur ?
David Nulli : Bien sûr. On gagne sur tous les tableaux. Les 13” sont plus nerveux et offrent plus d’impact, la réjection arrière ramène du SPL vers l’avant et on pollue moins ce qui est important pour réduire nos émergences.

Cette réjection est parfois trop efficace car on arrive sur le plateau et on n’a presque rien, on croirait entendre un show qui joue sur une autre scène. J’avais un peu peur du 13” dans le système. En définitive on gagne un peu de SPL sur E15 sans rien perdre de l’extension dans le grave et on a l’impact et la rapidité du E12. Des mixeurs qui sont arrivé avec un show encodé avec des têtes en 15” n’ont rien changé à leur mix.
SLU : Étant un vieux de la vieille, tu dois apprécier tout ce qu’il est possible de faire en exploitant la granulométrie de VGt et son ratio d’un DSP et ampli par boîte
David Nulli : Ça nous change la vie. Sans trop interférer dans la ligne au risque de la casser, j’ai toujours travaillé l’extrême aigu car c’est parfois compliqué en serrant simplement les boîtes, d’aller à 60-70 mètres quand la température ou l’hygrométrie changent. Aujourd’hui un algorithme se charge automatiquement d’optimiser la couverture, au point qu’il faut parfois se réfréner pour éviter qu’au lointain la balance tonale penche trop vers l’aigu car le grave a une décroissance différente.
Sur un stack de 21 têtes qui allait de 10 à 80 mètres, j’ai juste inséré un petit shelf sur les trois du bas pour retirer 2 dB à 6 kHz. C’est tout. Le soft calcule, il envoie les algorithmes et on a un résultat impeccable en quelques secondes dans une salle, sans aucun risque de déphasage du grave qui n’est pas pris en compte.

SLU : Deux mondes s’opposent, ceux qui trouvent qu’avoir la puissance à bord de la boîte l’optimise et ceux qui ne jurent que par l’ampli séparé qui peut être changé ou câblé différemment pour, par exemple, gagner du headroom. Une solution fermée et une ouverte en somme.
David Nulli : L’expérience que l’on a pour l’instant du VGt ne nous a pas laissé apercevoir un quelconque manque de ressources à des endroits contrairement à E15 où dans certains cas on ajoutait quelques boîtes pour être confortable dans l’aigu. Une forme de crainte vient de l’ampli qui est désormais tout là-haut, même si certaines marques fonctionnent comme-ça depuis longtemps.
C’est une autre façon de travailler à laquelle on va s’habituer très vite puisque une fois devant notre écran, on voit tout et on a le même contrôle, donc l’emplacement de l’ampli ne change pas grand-chose. N’oublions pas aussi le gain de poids et de place. VGt avec ses 5 amplis par boîte et son processing, ne pèse que 5 kg de plus que le E15 passif, n’a pas besoin des lourds SpeakON ni des racks amplis et surtout on alimente trois têtes avec 16A. D’autres produits actifs de même gamme ne se branchent que par paires d’enceintes sur 16A.

SLU : Le VGs, le sub actif, dispose lui aussi de grosses ressources ?
David Nulli : Absolument. Tout est prévu, l’ampli délivre 6 kW et le module ampli et DSP va être disponible pour transformer les E119 en VGs. Dans cette attente ou pour permettre la transition vers VG, Adamson a sorti un bridge qui accepte de l’AVB et restitue de l’AES pour alimenter les plateformes PLM et une VLAN pour avoir le contrôle des amplis. Cela rend l’utilisation des E119 et 219 totalement transparente dans le même logiciel, comme ce soir.
SLU : Il y a les amateurs de simple 19” et de double 19”. Y’aura-t-il un VGs2
David Nulli : Personnellement j’ai toujours pensé qu’il faut beaucoup de membrane pour remuer l’air et faire vibrer, donc je suis un fan des 219. L’inverse est aussi vrai puisque mettre en l’air de longues lignes ou des configuration en endfire avec du 119, donne aussi des avantages. Pour répondre à ta question, je pense qu’à priori un plus gros sub va être proposé à un moment donné pour laisser le choix aux gens entre un petit sub très polyvalent et un gros très puissant.
Question transport, tu ne prends pas plus de place avec 4 gros doubles 19” qui prennent toute la hauteur du camion que 8 simples. C’est une histoire de goût. Il me semble que le E119 raccorde mieux avec VGt, sans doute Adamson a fait en sorte que le 13” du VGt et le 19” de VGs soient très complémentaires. Enfin le 119 et le 219 n’ont pas le même son puisque la charge est différente. Le 119 a un peu moins d’infra et est un poil plus rapide.

SLU : Revenons à VGt. En tant que prestataire et DirTech de MPM, comment vas-tu utiliser ce nouveau système qui sur le papier peut en remplacer deux ?
David Nulli : Il remplace les deux. Partout où on aurait mis du E12 et du E15, on pourra n’accrocher que du VGt. C’est une certitude. Quelle que soit l’application, avec son surplus de définition dans l’aigu et la réjection arrière, chacun va y trouver son compte dont la musique classique qui craint l’onde arrière. Avec VGt j’ai le même headroom et la même sensation d’infra qu’avec du E15.
Sur la bande entre 50 et 80 Hz où je raccorde avec les subs, j’ai énormément d’énergie et la pression est la même entre les deux systèmes avec plus d’impact et une boîte plus petite et à peine plus lourde. (Dix-huit E15 prennent sept mètres de haut. Dans cette même longueur de ligne, on peut faire tenir un peu serrés, vingt et un VGt NDR). Donc oui, la stratégie serait de se dire que demain on n’a plus que que du VGt, mais il y a des réalités économiques, et le système Energia qui reste très performant a encore de belles années devant lui.
Nous avons proposé VGt à nos nouveaux artistes qui ne connaissaient pas le son Adamson et ont une autre oreille, d’autres habitudes mais peuvent aussi être séduits par les possibilités énormes qu’offre un système actif, en réseau, cardioïde et bénéficiant des tout derniers transducteurs. Que Julien par exemple (Decarne NDR) n’ait pas besoin de parler des boîtes est une très bonne nouvelle. Il a oublié la diffusion et se concentre sur l’artistique en retrouvant précisément ce qu’il veut entendre. Pour un prestataire c’est l’idéal.

SLU : Ressens-tu le besoin d’avoir un « petit » VG0,5t, une déclinaison en plus petit pour disposer du grave cardioïde aussi pour des rappels ou de l’installation ?
David Nulli : Une sorte de CS10 cardioïde, oui pourquoi pas, mais dans toutes les SMAC qu’on installe on n’a pas de problèmes car les lignes étant plus courtes, on a moins d’onde arrière que dans un Zénith, sans oublier la qualité acoustique des dernières salles qu’on a équipées et qui s’améliore sans cesse. Je pense de mon côté plutôt à un système encore plus gros pour les très grandes applications plein air.
SLU : Combien de VGt sont en parc chez MPM ?
David Nulli : 60 et si tout va bien, 90 en janvier 2025. On n’en a pas assez.
DULCIS IN FUNDO
On a fait un vœu. En 2025 on va rédiger des conclusions concises. On rappelle ici que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. L’écoute de VGt a été une découverte et un plaisir. Ce système est bien né et porte en lui les caractéristiques d’un produit moderne où tout est nouveau, sauf les 10” latéraux hérités des S10. Sa polaire est exemplaire et sans point chaud facilement identifiable. Ou on est dedans, ou on sort des 90° de manière progressive. Le passage vers les outfills en CS10 est, par exemple, assez symptomatique. On a le sentiment de perdre l’impact physique, le grave et beaucoup de finesse et de détail dans le haut.

Le raccord a beau être parfait entre les deux lignes, quand on revient vers la face, on quitte une forme de passé pour retrouver un son actuel, beaucoup plus spectaculaire, punchy et efficace, qui transporte le spectateur. Si le mix, le show, voire les deux vont dans le sens d’une dynamique et d’un rendu analytique des sources, VGt est en mesure de le faire avec une belle projection du grave au lointain, tout en maintenant une balance tonale satisfaisante avec la bave nécessaire des 19”. Ce système déplace beaucoup d’air.
Mention spéciale aux voix et à tout ce qui se balade entre 300 et 3 000 Hz et il y en a des signaux dans ces trois octaves si importantes. Ici, le nouveau dôme rigide en Kevlar qui remplace le 7” à membrane des Energia, règne en maître, ne laissant au moteur 3” que des miettes tout en haut, une tâche dont il s’acquitte avec facilité, en gardant un headroom important et propice à la portée.
Ce dôme rigide est exactement ce qui manque dans un système deux voies et ce qui fonctionne moins bien quand on associe plusieurs petits transducteurs à membrane dans ceux à trois voies. Là c’est parfait et la voix très timbrée et particulière d’Eddy de Pretto sort avec une totale articulation et facilité. On se croirait face à une paire d’écoutes studio ATC dont le dôme fait l’essentiel du boulot entre 380 et 3 800 Hz.

On imagine qu’un orchestre classique ou un simple piano voix vont tirer parti de ce dôme qui, sans se départir du son Adamson, ajoute la fidélité et grâce au guidage, une phase rigoureuse à cette partie essentielle du spectre.
Tout en haut des gradins et salle vide, on a du son, du vrai avec assez de direct pour masquer les réflexions du Galaxie. Fatalement le grave est un peu plus maigrichon mais rien que notre cerveau ne sache corriger en s’asseyant quelques minutes.

Comme ne l’a pas dit David, on imagine volontiers un petit VGt avec des 10” et un unique ensemble dôme et 3”, mais on peut aussi tirer des plans sur la comète avec le système ultime en 15 voire 16” avec 3 modules dôme et moteur ou bien un double 15” et 2 modules dôme et moteur mais réduits à 2° chacun.
Bravo quoi qu’il en soit à Thibaud pour la gestion du système, ça raccorde partout comme un charme et ça sonne fort et clair aux 4 coins de la Galaxie. Enfin, du. Bravo à Julien pour son mix, la voix d’Eddy vous parle dans l’oreille sans être surmixée et la dynamique du bas est physique et à la fois agréable.
La pression atteint une moyenne de 95 dBA et une dizaine de dB en plus en C. Bravo enfin à Adamson de nous avoir fait poireauter le temps de perdre nos cheveux (mais pas nos rêves).
Si Energia est un bon système, Vergence corrige, complète et anticipe ce qui sera sans doute le futur de la diffusion en y ajoutant un son, un potentiel et une polyvalence bluffants.
Le maintien de la courbure variable et de la chambre coaxiale, auxquels le calcul par boîte va apporter la touche de réglage finale, vont donner à VGt une forte attirance. Non Guy, non Didier, la retraite ce n’est pas pour tout de suite !
Chapeau enfin à Eddy de Pretto. Seul sur un grand plateau, il est comme un arbre dans un parc, serein, à sa place et très bien mis en scène, en lumière et en son.
Pour plus d’infos sur :
– la tournée d’Eddy de Pretto
– MPM Audiolight
– Adamson VGt