A écouter sans modération.

Rémy Blanchet V2.0

“Les retours c'est une école incroyable où l'erreur n'est pas une option, c'est interdit, ça n'existe pas, et c'est très bien comme ça.”

Rémy BlanchetIl a formé avec XaXa Gendron le plus fameux binôme aux retours. Attachant, lucide et humble, il a décidé de prendre du recul avec les poids lourds du showbiz et favorise désormais les projets à taille humaine en retrouvant la face. Né en mai 68, il nous fait sa révolution de velours.

Je n’ai pas le temps de poser la première question que Rémy démarre en trombe. Le propos est limpide, les souvenirs fusent et s’enchaînent à un rythme infernal passant de ses débuts à sa tournée en cours, de la face aux retours, de Lyon à Paris. “Tu sais, moi j’ai un peu l’Alzheimer…” m’avait-il dit quelques jours plus tôt. Bien sûr. Heureusement que j’ai toujours des batteries d’avance !

Flash Back, sur les bancs de l’école Grim

Jean-Michel Jarre à Aalborg au Danemark au milieu des éoliennes

Rémy aux retours de Jean-Michel Jarre à Aalborg au Danemark en 2002 au milieu des éoliennes, sans doute en 1997. Les 2x31 bandes sont pour les ears…

Rémy Blanchet : A mes débuts, il m'est arrivé d'être road, pour la tournée de 91 de Goldman avec Bertin Meynard qui tenait la console retours (et Andy Scott la face NDR), on avait fait quatre ou cinq dates dans le Rhône-Alpes, et j’étais tellement ultra motivé qu’au bout de quelques jours j’ai fini par faire tout le câblage de la scène.

On en reparle encore avec Bertin car je l’avais scotché. Il avait fini par me filer le blouson de la tournée à la dernière date, le sien, et j’étais terrassé de bonheur comme un môme. J’avais 23 ans.

SLU : Ça tombe bien que tu nous parles de ça, tu as commencé comment toi ?

Rémy surpris par un flash lors de la tournée Oxygène de Jean-Michel Jarre en 1997.

Certes il a l’air jeune mais, IL L’ETAIT ! Rémy surpris par un flash lors de la tournée Oxygène de Jean-Michel Jarre en 1997.

Rémy Blanchet : Par le GRIM, l’Ecole Supérieure du Spectacle de Lyon où d’ailleurs XaXa donne des cours. Je ne savais pas comment entrer dans ce milieu qui m’attirait, et c’est en allant simplement au Salon de l’Etudiant que je suis tombé sur cette école dont j’ignorais l’existence.

Lettre de motivation et McDo pour payer mes études, je me suis lancé à cœur perdu dans l’aventure. Je me souviendrai toujours des mecs qui le matin arrivaient et pionçaient sur les tables…Ils payaient 20.000 Francs l’année d’études, et ils n’en avaient rien à secouer.

Ils refusaient même d’aller sur des opérations où la musique ne leur plaisait pas ! Inutile de te dire que dès qu’il y avait un plan j’étais partant parfois même en plantant les Big Mac ! J’étais jeune, je ne savais pas que c’est cette envie qui allait me donner des ailes.

SLU : L’envie qui fait tellement briller les yeux des jeunes qui en veulent. Tu n’as pas dû finir ton cursus d’apprentissage…

Rémy Blanchet : Ohh non, j’ai quitté le GRIM dès la fin de la première année car j’ai été pris chez Produkscène qui était la plus grosse boîte de son et lights de Lyon où j’ai d’ailleurs fait la rencontre de XaXa. C’est Jean-Louis Berthet, le prof de son, qui m’a fait embaucher. Si je fais ce métier, c’est aussi grâce à lui. Il est toujours prof là-bas. C’est un mec extraordinaire.

SLU : Et ton amour pour la scène et la technique, il est né où ?

Rémy Blanchet : Mon univers a toujours été la musique. Mon instrument de prédilection est la batterie mais à Lyon, en appartement, je n’ai jamais pu jouer ailleurs que sur mes cuisses avec des bouts de bambou et des disques que j’écoutais en boucle. A 16 ans j’ai eu ma période guitare avec une gratte toute pourrie mais je n’ai jamais joué que pour moi et très mal. Je n’ai jamais pensé devenir musicien professionnel.

Les répétitions de Hallyday avec un symphonique pour les shows au Stade de France en 1998

Les répétitions de Hallyday avec un symphonique pour les shows au Stade de France en 1998. Rémy est debout derrière XaXa Gendron.

SLU : Je ne vois toujours pas le virage technique…

Rémy Blanchet : Quand j’étais tout gamin, avant de déménager à Lyon, j’ai habité en Touraine dans un pavillon qui était équipé d’une chaudière à charbon. Un jour elle a été remplacée ce qui a libéré plein de place. J’ai investi la pièce et je l’ai équipée avec tout ce que j’ai pu trouver d’enceintes et de matos. C’était l’époque des radios libres, je faisais des montages sur cassette et plein d’autres trucs du genre, sans me douter un instant que quelques années plus tard cela allait devenir mon métier. Dans mon esprit cela n’était d’ailleurs même pas un métier ! J’étais à fond dans la musique qui est, d’une certaine manière, mon deuxième sang.
Pense que mon premier concert je ne l’ai vu qu’en 1989 ! A Tours il ne se passait pas grand-chose, je ne savais donc pas ce que pouvaient représenter les différents corps de métier œuvrant dans le spectacle ! Je suis sorti de là en sachant que je voulais faire ça mais sans savoir comment. C’est donc le GRIM qui m’a permis d’y voir clair quelques années plus tard.

SLU : T’as attaqué directement là-bas ?

Rémy Blanchet : Ahh non, d’abord je me suis tapé trois mois de maths appliquées aux sciences sociales. J'ai très vite arrêté. C’est à ce moment-là que j’ai commencé chez McDo. J’y suis resté jusqu’au jour où j’ai été pris chez Produkscène et où je leur ai dit adieu sans regrets !!

La rencontre avec Xaxa (Xavier Gendron)

Rémy Blanchet et Xavier Gendron, le couple le plus fameux des retours français pour Johnny en 2009,.

Rémy Blanchet et Xavier Gendron, le couple le plus fameux des retours français pour Johnny en 2009,.

SLU : Comment s’est passé ta rencontre avec XaXa ?

Rémy Blanchet : A l’époque où j’ai été embauché, il était stagiaire. Il l’est d’ailleurs resté un bon moment. Je me souviens lui avoir dit : “mais tu veux rester stagiaire encore combien de temps ?” (rires !)
Le soir de notre rencontre, à peine rentré à la maison, j’ai dit mot pour mot à ma copine de l’époque : “Aujourd’hui j’ai rencontré un mec, je suis sûr qu’avec lui on peut déplacer des montagnes”. Je m’en souviens parfaitement, et pourtant jamais je ne me serais douté qu’on allait vivre ensemble une telle aventure et qu’il allait devenir comme un frère pour moi. A force de vivre avec XaXa on d’ailleurs fini par croire qu’on était ensemble (rires) ! C’est normal, on rêvait des mêmes choses. Nous avons commencé par être amis avant de bosser et pas l’inverse.

En 1999 à Mériadeck pour Mylène Farmer, XaXa devant sa Paragon.

En 1999 à Mériadeck pour Mylène Farmer, XaXa devant sa Paragon.

Après j’ai suivi une route assez classique au dépôt de Produkscène en m’occupant des sorties et des retours, ce qui m’a permis de connaître le matos son comme l’éclairage. Au bout d’un moment, pas très long, je suis allé voir le patron, je lui ai rappelé que je voulais faire du son, et c’est parti assez rapidement grâce aux vieux passionnés qui y bossaient à l’époque. On y est resté avec XaXa jusqu’au moment où Produkscène a décidé de s’étendre via un gestionnaire extérieur qui a torpillé la société en un an chrono. Nous sommes alors partis chez Boîte à Sons, un autre prestataire lyonnais.

Nous avons eu de la chance, beaucoup de chance, avec XaXa car nous avons été mis sur les rails par Jean-Louis Berthet et Yves Mas, deux mecs passionnés, avec un savoir de ouf et une pédagogie top. Je regrette qu’ils ne soient pas assez connus. Ils ont cette merveilleuse envie de partager. Quand je vois le comportement de certaines personnes vis-à-vis de jeunes qui ne demandent qu’à apprendre, c’est la meilleure façon de leur enlever la flamme.

 

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