Amadeus avec un dispositif sonore unique entre au Panthéon

Une très jolie vue de la coupole interne et des dômes. Ne cherchez pas l’une des 70 enceintes, l’intégration a été effectuée avec un soin extrême.

Le Panthéon est depuis plus de cent ans la nécropole laïque des ‘grands hommes’ français, dont la ‘patrie reconnaissante’ veut honorer la mémoire.
Une technologie sonore unique et Made in France se cache derrière l’œuvre monumentale révélée par le Président de la République, à l’occasion de l’entrée au Panthéon de l’écrivain Maurice Genevoix, auteur notamment de « Ceux de 14 ».

Dans le cadre de cet événement, le chef de l’État a commandé une œuvre à deux figures majeures de la création contemporaine, le plasticien allemand Anselm Kiefer et le compositeur français Pascal Dusapin. Il s‘agit de la première commande publique pour le Panthéon depuis 1923.
In Nomine Lucis (Au nom de la Lumière) est une pièce pour voix chantées, enregistrée par le Chœur Accentus à la Philharmonie de Paris.

Pascal Dusapin

Dans le dessein de faire entrer les anonymes de la Grande Guerre au Panthéon, près de 15 000 noms représentatifs de soldats morts pour la France ont par ailleurs été lus et enregistrés par les comédiens Florence Darel et Xavier Gallais.
« Je souhaitais faire chanter les pierres du Panthéon, créer un immense ‘poumon vocal’ où chacun pourra entendre des échos différents de son passé et de son histoire, » évoque Pascal Dusapin.

Il faut avoir l’oeil. Cinq des huit C15 telles qu’intégrées à la coupole.

Un dispositif sonore sur-mesure et singulier a été développé et installé au sein même du Panthéon. Un total de 70 enceintes acoustiques, conçues et fabriquées par Amadeus, ont été disposées autour des transepts et au niveau de la coupole, à plus de 35 mètres de hauteur. Habillées de pierre naturelle, elles ont été rendues invisibles, devenant partie intégrante du monument.

Gaetan Byk

« Amadeus est devenu un espace ou artisanat d’art et innovations technologiques se conjuguent et se complètent, » évoque Gaetan Byk, Directeur Marketing de la marque Amadeus.
« Nous prenons plaisir à sans cesse nous dépasser, à nous renouveler, à explorer matières et technologies sous toutes leurs formes, sans limite.
Ces 70 enceintes revêtues de pierre, faisant corps avec le monument, sont la plus pure expression de notre savoir-faire et des valeurs que nous défendons, » poursuit Gaetan Byk.

Ce dispositif de diffusion est piloté par un système de spatialisation sonore, baptisé HOLOPHONIX. «Le processeur HOLOPHONIX favorise la spatialisation sonore des différents chœurs au travers de ses différents algorithmes embarqués, en deux ou trois dimensions, » évoque Thierry Coduys, Directeur des Technologies associé au projet et collaborateur de Pascal Dusapin depuis de nombreuses années.

Tel un pilote de voltige qui répète ses arabesques, Thierry Coduys accompagne du geste le son.

« La programmation spatiale, à savoir la position des chœurs, leur trajectoire, ainsi que les autres évènements qui composent cette ‘partition électroacoustique’ est notamment gérée au sein du séquenceur graphique IanniX.
Le processeur HOLOPHONIX reçoit, interprète et traduit ces millions de messages temporels et spatiaux, pour les rendre perceptifs, » poursuit Thierry Coduys.
Conçu par Amadeus en collaboration avec le STMS (Sciences et Technologies de la Musique et du Son) ; laboratoire fondé en 1995 et hébergé au sein de l’Institut de Recherche et Coordination Acoustique / Musique.

Une des très rares enceintes visibles, ici une C6.

le processeur HOLOPHONIX équipe de nombreuses institutions théâtrales, musicales et muséales en France, parmi lesquelles figurent les plus prestigieuses dont le Théâtre National de Chaillot, la Comédie Française, La Scala, etc.

Le processeur HOLOPHONIX embarque plusieurs techniques de spatialisation telles que Higher-Order Ambisonics (2D, 3D), Vector-Base Intensity Panning (2D, 3D), Vector-Base Amplitude Panning (2D, 3D), Wave Field Synthesis, Binaural, entre autres, permettant de positionner et de déplacer des sources sonores de manière intuitive dans un espace 2D et/ou 3D.
« Nous avons travaillé, en concertation avec Thierry Coduys, à la sélection de l’algorithme le plus approprié afin de permettre la reproduction précise des trajectoires qu’il souhaitait appliquer aux sons.


Clement Vallon

Nous avons testé plusieurs solutions disponibles dans HOLOPHONIX, et notre choix s’est finalement porté sur KNN, » évoque Clément Vallon, ingénieur du son, technicien et formateur au sein de l’équipe HOLOPHONIX.
KNN pour k-Nearest Neighbours (ou méthode des k plus proches voisins) utilise les k-enceintes les plus proches de la source virtuelle pour la sonoriser.
Le son est réparti sur ces enceintes avec des différences de niveau sonore. Il permet une spatialisation extrêmement souple puisque les enceintes peuvent avoir n’importe quelle configuration.
« Cet algorithme est peu utilisé en diffusion de concert, mais sa souplesse était parfaitement adaptée à la géométrie du bâtiment et au rendu souhaité par Thierry Coduys et Pascal Dusapin, » conclut Clément Vallon.

Holophonix. 128 in et out en Dante et tout ce qui existe ou presque en termes d’algorithmes avec une interface graphique à la hauteur du rendu.

Le processeur HOLOPHONIX propose un environnement extrêmement avancé permettant de mixer, de réverbérer et de spatialiser des matériaux sonores provenant de divers dispositifs, selon plusieurs techniques de spatialisation développées par le laboratoire STMS (Sciences et Technologies de la Musique et du Son).

« Mon travail a principalement consisté à écrire et à développer les algorithmes permettant l’écriture spatiale de la pièce In Nomine Lucis, sous la direction de Thierry Coduys, » évoque Adrien Zanni qui a récemment rejoint les équipes de développement d’HOLOPHONIX en vue de concevoir des outils et langages d’écriture spatiale.

Adrien Zanni

« Pascal Dusapin et Thierry Coduys souhaitent créer une expérience vivante, en donnant du mouvement aux chœurs écrits par Pascal Dusapin. Deux approches ont ainsi été explorées.
La première a consisté en l’écriture précise de trajectoires parcourant le Panthéon ; du Nord au Sud ou depuis la coupole vers le sol, par exemple, » poursuit Adrien Zanni.
« La seconde impliquait le développement d’algorithmes génératifs contrôlant le déplacement d’ensembles de sources sonores en s’inspirant notamment de modèles physiques (simulation de vol de nuées d’oiseaux, modèles satellitaires ou stochastiques, etc.).

Nous avons utilisé deux logiciels pour le développement de ces algorithmes, IanniX et Max ; le premier pour la gestion des trajectoires et le second pour la création des interfaces de jeu mis à la disposition de Thierry Coduys pour l’interprétation et le mixage des pièces, » conclut Adrien Zanni.

Thierry Coduys de dos face à la représentation tridimensionnelle du Panthéon par le séquenceur graphique 3D open source IanniX.

Un total de 54 enceintes coaxiales Amadeus C12 (1 x 12’’ LF ; 1 x 1.75’’ HF) sont installées autour des transepts, à une hauteur de 16 mètres depuis le sol. Ces enceintes reçoivent un pavillon spécial, offrant une directivité conique de 60° visant à optimiser et à contrôler la directivité des hautes fréquences au sein du monument, très réverbérant.

Pascal Dusapin écoutant le rendu de son œuvre et piégé les yeux au ciel comme tout le monde par le travail de spatialisation.

Huit (8) enceintes triaxiales Amadeus C15 (1 x 15’’ LF ; 1 x 3.5’’ MF, 1 x 1.75” HF) sont installées au niveau de la coupole, à plus de 35 mètres de hauteur.
Elles sont orientées vers les hauts vitrages, dans une configuration de diffusion ‘indirecte’ offrant davantage de diffraction et des potentiels artistiques.
Ces enceintes reçoivent également un pavillon spécial, offrant une directivité plus resserrée de 60° dans les deux axes.

« Le compositeur Pascal Dusapin souhait un rendu ‘angélique’ comme provenant du ciel, avec une grande précision dans le haut-médium-aigu, mais ne permettant pas aux visiteurs de percevoir précisément la localisation des sources sonores, » précise Adrien Zanni.


Une des huit C15 fixée sur son étrier et orientée pour éviter le son direct. Construite comme il se doit en multiplis de bouleau de Finlande elle est ensuite revêtue par un micro-enduit, constitué de poudre de pierre naturelle, de chaux, de pigments et résine et de différents adjuvants.

Les 70 enceintes acoustiques ont reçu une finition spéciale, constituée notamment de poudre de pierre naturelle. Amadeus a travaillé en étroite collaboration avec des spécialistes français de la conservation du patrimoine, afin de trouver les meilleures nuances et matières en vue de rendre ces enceintes quasi-invisibles.

Les enceintes acoustiques sont réalisées en multiplis de Bouleau de Finlande et revêtues par un micro-enduit, constitué de poudre de pierre naturelle.

Le résultat du camouflage « pierre » sur une C6 complété par un tissus acoustiquement transparent gris ciment.

La spécialité d’Amadeus, le sur mesure, ici une C6 plaquée en chêne naturel teinté foncé.

Huit enceintes coaxiales Amadeus C6 (1 x 6’’ LF ; 1 x 1’’ HF) destinées à diffuser les 15 000 noms représentatifs de soldats morts pour la France complètent le dispositif.
Six enceintes ont été réalisées en chêne naturel teinté foncé, et deux habillées de poudre de pierre naturelle, devenant partie intégrante du monument.


Nous avons eu le privilège d’assister à la Panthéonisation de Maurice Genevoix et avons pu écouter à de nombreuses reprises l’oeuvre de Pascal Dusapin. Le résultat est impalpable et présent à la fois.
Aérien et défini avec un haut et surtout un bas du spectre très retenus. Une masse sonore mouvante et se mariant très bien avec les œuvres de Kiefer et les lieux. L’acoustique froide et longue du Panthéon est habilement exploitée sans trop l’exciter.

Pour avoir un aperçu sonore binaural sortie machine et découvrir les lieux et les équipes techniques et de création au travail, cliquez sur le lien du Making-Off ci-dessous.


Liste non exhaustive des équipements :

– Amadeus C15 : 8 unités
– Amadeus C12 : 54 unités
– Amadeus C6 : 8 unités
– Powersoft Ottocanali 4K4 DSP+DANTE : 10 unités
– Enregistreur/Lecteur MT128 : 2 unités
– Câble haut-parleurs : 5500 mètres
– Fibre optique OS2 : 800 mètres
– Processeur HOLOPHONIX : 1 unité, louée pour la spatialisation temps réel ; les contenus spatialisés ayant été enregistrés puis lus par les lecteurs multicanaux MT128/Soundpad


Pour tout apprendre sur le Panthéon : www.paris-pantheon.fr

Pour plus d’informations sur Amadeus et HOLOPHONIX : www.amadeusaudio.fr

Enfin pour mieux découvrir IanniX : www.iannix.org/fr/

 

Crédits - Texte : Amadeus - Photos : Amadeus, SLU

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