Distributeurs et sociétés de vente de matériel audiovisuel

Attention ! Escroquerie au faux bon de commande

Depuis le début de l’année 2015, un nombre important de sociétés de vente de matériel audiovisuel (on parle d’une quinzaine) sont victimes d’escroquerie ou de tentative d’escroquerie, suivant un mode opératoire identique laissant supposer qu’il s’agirait d’un réseau.

Les escrocs usurpent l’identité de grosses entreprises audiovisuelles et d’instituts publics pour passer commande et se faire livrer du matériel pour des montants importants : 200 000 € en moyenne. Le dossier est public, nous avons assisté à un jugement au tribunal correctionnel de Bobigny.
Qui se méfierait de commandes émanant de la Fémis, par exemple, ou de toute autre célèbre institution audiovisuelle publique ou grosse société de télévision ?

De notre compréhension du dossier, on est face à un réseau avec une distribution des rôles parfaitement huilée. Il y a :

  • Ceux qui appellent les sociétés victimes pour négocier le montant d’une certaine quantité de matériel.
  • Ceux qui envoient un faux bon de commande établi à l’entête de la société cliente dont l’identité est usurpée pour confirmer la négociation.

Il est d’ailleurs assez bien fait ce bon de commande car il mentionne le nom d’une personne  qui existe vraiment dans l’entreprise et puis le nom du contact, “l’acheteur” escroc avec son numéro de téléphone en 06 ou parfois un 01 qui basculera d’évidence sur un portable. L’arnaque est difficilement identifiable par le numéro de téléphone.
En revanche, leur adresse électronique peut mettre la puce à l’oreille. Ils vont créer une adresse mail de type :  [email protected] pour le moins étrange.
Bien sûr, quand on examine attentivement le document, on découvre quelques fautes d’orthographe, mais la commande est urgente, c’est pour demain, la victime n’a pas le temps de prêter attention à ces détails. 

Il y a ensuite ceux qui organisent la réception de la marchandise.
Après l’envoi du bon de commande, ils vont rappeler le fournisseur pour changer l’adresse de livraison.  La plupart du temps les chauffeurs qui doivent livrer la marchandise se font balader de hangar désaffecté, en entrepôt voire même terrain vague, pour que finalement, le chauffeur soit guidé par téléphone. C’est ce qui s’appelle noyer le poisson.
Au final il y a des personnes qui réceptionnent les produits, qui les entreposent, dans des hangars ou des box, et la marchandise disparaît. On parle de montant importants, environ 200 000 €.

A ce jour et à notre connaissance, même si les personnes interpelées (qui sont sans doute les maillons d’une chaîne beaucoup plus vaste) sont arrêtées et seront peut-être incarcérées, l’arnaque ne s’arrêtera certainement pas.
Il y aurait encore tous les jours des faux bons de commande qui seraient émis au nom de sociétés prestigieuses, et l’on peut supposer qu’il y aura encore bien d’autre victimes de part et d’autre : des société de vente de matériel audiovisuel et des sociétés “clientes” qui subissent aussi  un préjudice d’image lié à l’usurpation de leur identité et qui se portent également partie civile.

A ce jour, les hommes interpelés, des ivoiriens, pris en flagrant délit de réception de marchandise, plaident en défense avoir une société d’import export pour les loisirs, rendre service à un ami inconnu et avoir eu pour instruction d’acheminer la marchandise en Côte d’Ivoire mais ne pas savoir pour qui. Le lien avec la Côte d’Ivoire est aujourd’hui établi mais rien ne nous permet d’affirmer que ce réseau ne s’étend pas ailleurs. 

Au delà du traitement morcelé, infraction par infraction, qui donne lieu à comparution  devant les tribunaux correctionnels des personnes prises en flagrant délit, une enquête plus générale serait ouverte pour identifier cet éventuel réseau.

Alors, est-il utile de vous conseiller : 

  • D’être particulièrement vigilant lorsqu’un acheteur inconnu va négocier le paiement retardé d’une vente pour un montant important, quelle que soit l’entreprise dont il porte la casquette. 
  • D’examiner très attentivement les bons de commande
  • Et  idéalement pour les grosses commandes, de ne pas hésiter à appeler le service achat ou le service commercial de l’entreprise cliente, au vrai numéro de téléphone, trouvé dans les pages jaunes par exemple, pour vérifier si l’intention d’achat est confirmée.
  • Enfin, signaler à la police toute tentative d’escroquerie.

 

 

 

 

 

 

 

Crédits -

Texte : Monique Cussigh

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