Le Théâtre d’Aix-Les-Bains avec Groupe Elypse & Nexo

Niché au cœur du Palais de Savoie derrière le Casino Grand-Cercle, le Théâtre d’Aix-Les-Bains est un lieux chargé d’histoire qui évolue depuis sa création en 1899, s’adaptant à son époque tout en gardant son charme.
Après l’étape indispensable des issues de secours, de l’électricité, de l’isolation thermique et celle des perches électriques sans pour autant démonter les magnifiques infrastructures en bois des débuts, 2023 a vu l’installation sonore évoluer, dans l’attente d’un gros travail à venir sur tout ce qui concerne le staff, les dorures et les velours.


Bâti sur le principe des théâtres à l’italienne et classé Monument Historique en 2013, le Théâtre d’Aix-Les-Bains peut accueillir 830 spectateurs répartis entre l’orchestre et ses baignoires, les loges du premier étage ou balcon, celles du deuxième balcon et l’amphithéâtre au troisième étage, autant dire un lieu pas évident à sonoriser en termes de couverture.

Invités par Nexo qui a fourni le matériel au Groupe Elypse qui l’a intégré, nous avons été accueillis par Manu Giummarra, le régisseur général du Casino Théâtre d’Aix-Les-Bains pour une demi-journée de derniers calages du système sous la houlette de David Hochstenbach, Engineering Support Manager de Nexo, mais aussi de Guillaume Rimet, Directeur technique Groupe Elypse et de Julien Dauplais, Régisseur son Groupe Elypse.


De gauche à droite : Guillaume Rimet, Directeur technique Groupe Elypse, Julien Dauplais, Régisseur son Groupe Elypse, David Hochstenbach, Engineering Support Manager de Nexo, Manu Giummarra, régisseur général du Casino Théâtre d’Aix-Les-Bains et arborant une iD24, Stéphane Brocard, Sales manages Nexo pour le sud de la France.


Last but not least, d’autant qu’il a longuement répondu à nos questions, nous avons aussi passé du temps avec Bruno Favre-Martinoz, Fondateur et PDG de Groupe Elypse, c’est même lui qui ouvre le bal des questions.

Bruno Favre-Martinoz, Fondateur et PDG de Groupe Elypse.

SLU : Comment Nexo est rentré dans ces murs chargés d’histoire ?

Bruno Favre-Martinoz : Simplement. On collabore avec le Théâtre d’Aix depuis longtemps et quand la décision a été prise de renouveler la diffusion, une grande marque française a été consultée et a fourni un projet faisant usage de systèmes distribués, ce qui est la solution logique pour couvrir le plus de sièges dans ce genre de théâtre.
Malheureusement la somme de travaux en cours et à venir, a contraint le budget, nous avons donc dû trouver une solution qui réponde au cahier des charges tout en étant plus compétitive. Nexo nous a proposé les iD84 qui ont séduit par leur rendu et leur coût. Nexo a par ailleurs une gamme de produits très complète avec une bonne disponibilité et un excellent accompagnement technique, ce qui est un plus pour un intégrateur.


Le rack de six contrôleurs amplifiés NXAMP4x1 MKII dans leur rack. Le quatrième en partant du haut est bridgé en 2×2 pour donner à manger aux deux subs L18 qui ont très faim!

SLU : Vous allez devoir tout démonter pour les futurs travaux dans la salle.

Bruno Favre-Martinoz : C’est prévu. Nous allons tout déposer le temps du chantier. Le plus gros de l’intégration est fait, la finition on ne la fera que lorsque tous les plâtres, les dorures et la peinture auront été repris. Ça ne servirait à rien qu’on fignole aujourd’hui. Cela nous donne aussi la possibilité d’éventuellement compléter ou améliorer quelques placements de délais.

SLU : Est-ce au cours de ces travaux, des points d’accroche vont être ajoutés?

Bruno Favre-Martinoz : Non ce n’est pas prévu. Le théâtre a été équipé de systèmes puissants et supportés par deux subs L18 pour, le cas échéant, délivrer un son suffisant en qualité et pression pour des concerts. Le lieu ne se prête pas ni par la taille ni par ses surface réfléchissantes, à l’emploi de systèmes suspendus et comme en plus il n’y aura pas d’accroches, ça règle la question.


Présent aussi à Aix-Les-Bains, Stéphane Brocard, Sales Manager pour le Sud de la France complète les propos de Bruno Favre-Martinoz

SLU : Quel type de spectacle est donné ici ?

Stéphane Brocard : C’est très large. Ça peut être du théâtre, un concert un peu rock, des one man shows ou de l’opérette. Ce lieu est assez historique et beaucoup de prods adorent venir à Aix-Les-Bains.

La iD84 de cour à l’orchestre, posée sur son renfort de grave et support à la fois iDS312.

SLU : Le line array ne paraît plus être le premier choix…

Stéphane Brocard : Ça ne va pas du tout avec l’esthétique d’un lieu qui va être rafraîchi, pas plus qu’avec la présence de public sur les côtés ne serait-ce que pour des problèmes de vision et d’accroche.
C’est pourquoi il a été demandé d’autres solutions plus discrètes et tout autant efficaces, sans pour autant exciter les matériaux réfléchissants. Un système assez doux et capable d’être performant sur la voix humaine.

SLU : Et avec iD84 vous avez aussi ce système.

Stéphane Brocard : Exactement. Une colonne en alu d’un mètre de haut équipée de 8 transducteurs de 4” à long débattement et aimant en néodyme et 8 tweeters à dôme souple de 1” dans un arrangement breveté offrant une portée de 15 à 20 mètres maximum et une couverture homogène du champ proche. Par son comportement, cela ressemble un peu à nos pavillons asymétriques.

Une partie du secret de iD84, le montage breveté de ses 8 tweeters à dôme de 1”

Qui plus est, un inverseur fait varier la dispersion verticale et permet de choisir entre portée (+0/-10°) et renforcement du champ proche (+0/-25°). Comme toujours chez nous et malgré l’absence de moteurs, iD84 fait du son avec une sensibilité de 105 dB et un SPL Max de 135 dB.

SLU : Quel est justement l’avantage d’utiliser des tweeters à dôme en lieu et place des habituels moteurs à chambre de compression ?

Stéphane Brocard : Le but c’est d’avoir un son doux et agréable car beaucoup moins entaché de distorsion propre à la compression, mais à la fois capable de porter suffisamment loin. Un système polyvalent et très bon sur les voix qui, dans un théâtre, sont très fréquentes.

L’intelligibilité de iD84 est parfaite. Nous avons donc proposé d’équiper les trois niveaux de la salle avec ces colonnes en les accompagnant de leur support et renfort de grave iDS312 pour compléter le bas du spectre entre 90 et 40 Hz.
La couleur noire a été choisie mais bien entendu toute teinte RAL aurait pu être proposée. Initialement on aurait même dû livrer le système d’une couleur approchant celle des murs mais ce projet a été abandonné car la salle risque de changer de livrée lors de son rafraichissement.

SLU : On reparlera après des 312, mais il me semble avoir vu dans les deux premières baignoires à l’orchestre, des subs…

Stéphane Brocard : Oui il y a un L18 a cour et un second à jardin. Le théâtre a vocation à accueillir quelques concerts et comme il n’y a pas de points d’accroche, il a fallu apporter un peu d’infra et de contour dans le bas du spectre pour remplir le volume de la salle qui est conséquent.
Le L18 est un produit récent et très efficace. 140 dB en crête, deux chambres accordées pour un seul 18” à bobine de 4.5” et aimant néodyme, il délivre un bas tendu et très dynamique, protégé par un algorithme spécifique embarqué dans les NXAMP mkII qui le laisse s’exprimer jusqu’au bout de sa course mais pas au-delà.

Caché derrière d’épais rideaux noirs dans une des deux baignoires entourant le plateau, un des L18.


SLU : Les 312 complètent donc les iD84

Stéphane Brocard : Et ensemble ils forment une colonne de près de 2 mètres de long ce qui est bénéfique en termes de directivité. iDS312 n’est pas très large mais il dispose de trois 12” à longue excursion et aimant néodyme dans une charge réflex avec un très gros évent en bas de la face avant et délivre des crêtes de 138 dB SPL. Comme pour iD84, sa sensibilité est de 105 dB.

SLU : Un théâtre à l’italienne ce n’est pas évident à bien couvrir, vous avez mis des délais ?

Stéphane Brocard : Oui c’est indispensable ici pour compléter la portée de l’iD84 et pour aller déboucher certaines zones d’ombre liées à l’architecture des lieux. On a pour ça iD24, un excellent produit qui est basé sur deux 4”, les mêmes que ceux qui se trouvent dans iD84 et un petit moteur 1” central sur un guide rotatif.
On en a 4 en nez de scène pour les premiers rangs, 4 tout au bout du 3è étage que l’on appelle le paradis, les sièges les plus hauts et éloignés du plateau et enfin une paire en plus pour déboucher les sièges latéraux de l’amphithéâtre.


Les quatre iD24 en nez de scène en stéréo croisée pour boucher le très léger trou en SPL et en brillance aux premiers rangs.

SLU : On voit que des ensembles iD84 et iS312 sont séparés…

Stéphane Brocard : A l’orchestre nous avons une paire de modèles Touring où la tête s’enfiche dans le renfort de basses.

Au 1er balcon, une iD84 et son iDS312 en version « séparée » facilitant comme ici, la fixation de la colonne sur un bras afin de la diriger laissant l’unité de grave droite.

Au 1er et 2nd balcon, il s’agit de deux paires de modèles Installation où la platine sur le sub 312 et dans le bas de iD84 n’existe pas et il faut alimenter séparément les deux et accrocher la colonne. Ça marche aussi bien et c’est moins cher à l’achat. Pour mémoire le 312 prend une voie d’ampli et la 84 une autre.

SLU : Le choix du système Nexo s’est fait sur quels critères et a-t-il été comparé à d’autres systèmes ?

Stéphane Brocard : Bien sûr. Des écoutes avec d’autres marques ont eu lieu et le choix de Nexo s’est fait sur la musicalité et la balance tonale de iD84, et bien sûr son prix. Cet été, la configuration que tu vois a été utilisée avec succès pour de l’opérette.
Le choix des dômes finit de tordre le cou à la vieille réputation d’être une marque avec un aigu trop présent et fait de iD84 une enceinte capable de faire du son tout en finesse. Il y a d’autres théâtres français qui ont fait le même choix et vont bientôt être équipés en 84.


Écoute

David devant son ordi en train d’effectuer les derniers réglages avec la collaboration de Julien Dauplais, Régisseur son Groupe Elypse.

Le système que David Hochstenbach trouve dans la salle est déjà aligné et tourne depuis quelques temps sans problème, l’écoute de quelques titres de référence le prouve aisément.

Premier grand avantage d’un théâtre à l’italienne, les réflexions sont assez faibles et cela à plus forte raison que l’absence de moteurs et de guides d’ondes laisse le haut du spectre rayonner avec une douceur inédite. Les voix notamment sont d’un naturel très plaisant, flirtant plus qu’un peu avec la Hi-Fi et offrant une très bonne intelligibilité.
Revers de la médaille, la portée est effectivement proche de celle d’une enceinte point source. Un titre un peu plus orienté rock prouve néanmoins que le SPL est bien là en cas de besoin, sans que la balance tonale ne change trop. Les 8 tweeters à dôme et surtout leur arrangement sont très convaincants.

Au premier rang face à la boîte de l’orchestre et jusqu’au bord de la casquette du 1er balcon, la distribution est homogène avec une atténuation naturelle. C’est plus difficile dès qu’on prend place dans les sièges les plus éloignés de la scène et dans les places arrière des loges, sans que le son ne devienne trop triste mais il faudra peut-être songer à des délais pour les places latérales, toujours à l’orchestre et sous le balcon, afin de redonner un peu de précision et de brillance au rendu.

Le mapping en dBA et large bande du théâtre.

Les loges du 1er balcon disposent d’une paire d’iD84, dont la large dispersion fait merveille dans ce type de lieu. Au 2è balcon, on retrouve la troisième paire de iD84 et, une fois encore, la couverture se révèle conforme avec un niveau de grave en léger retrait, ce qui se comprend quand on voit le volume de cette salle.
Des délais en iD24 bien placés apportent un meilleur équilibre entre son direct et réverbéré à l’amphithéâtre du 3è étage, aux côtés et au paradis, les sièges les plus éloignés du plateau. Pour ces derniers, des iD24 ont été prévues.


Le « paradis » ou plus prosaïquement les sièges les plus haut placés et les plus éloignés de la scène, d’où 4 délais, ici les deux iD24 de jardin.

Pour revenir au bas du spectre, les six iDS312 qui chacun avec leur colonne iD84 composent un ensemble large bande, sont suffisants pour une exploitation ne nécessitant pas de contour type concert. Si un renfort dans le bas s’avère nécessaire, la paire de subs L18 se révèle redoutable.
D’ailleurs presque trop puisque leur placement dans les deux baignoires les plus proches du système à l’orchestre, génère des vibrations parfois audibles. Sans doute ces deux soufflantes vont être sorties de leurs « caches » pour des exploitations musclées et remises en place le reste du temps, cela leur donnera plus d’attaque et mettra moins en résonance certains éléments de la salle.


Une vue de la scène avec les trois paires de iD84 et leur renfort de grave iDS312. Pour le plus observateurs, on aperçoit aussi dans la baignoire à l’orchestre côté cour, un des deux subs L18.

Hybride par son comportement sur la distance, par sa forme en colonne et par son rendu doux et full range, iD84 est un produit qui répond parfaitement aux besoins des théâtres, des salles polyvalentes et de tous les lieux où la voix doit être traitée avec respect mais où parfois il faut aussi mettre du son. Son intégration dans le théâtre d’Aix-Les-Bains est une réussite.

Quelques mots pour finir avec Elypse, les locaux de l’étape, avec la complicité de Bruno Favre-Martinoz qui a bien voulu répondre à quelques dernières questions.

SLU : Elypse est née en 1996…

Bruno Favre-Martinoz : Oui ici même à Aix-les-Bains, une SARL avec trois actionnaires et vouée à la vente de matériel, à l’installation et à la prestation. En 2010 après avoir pas mal bougé par manque de place, nous nous sommes fixés dans nos locaux actuels de Chambéry, une localisation stratégique pour être au plus près de nos gros clients et salles.

Nous disposons d’un dépôt de 1 000 m² et de la place pour laisser nos gros porteurs devant nos locaux. C’est aussi à partir de 2010 que nous avons cessé la vente au détail qui de toute manière baissait, le Web et la VPC montant en puissance.

SLU : Combien êtes-vous et quelle est la répartition des marchés ?

Bruno Favre-Martinoz : Nous sommes 8 permanents et on collabore avec une moyenne de 10 intermittents. Pour les marchés cela varie en fonction des années et des opérations mais on tourne autour de 40% d’intégration et 60% de prestation.

SLU : Quelles marques ont accompagné le développement d’Elypse ?

Bruno Favre-Martinoz : Au début on a été très Electro-Voice avec un joli parc de MT2, puis, lorsque le besoin de line arrays de petite et moyenne taille s’est fait sentir, nous avons opté pour Martin Audio et le W8, plus toute la panoplie de wedges qui vont bien, et dernièrement le WPC. Le théâtre a connu les deux systèmes !

SLU : On n’a parlé que de son, quels sont vos investissements en lumière ?

Bruno Favre-Martinoz : Essentiellement du Robe et du ClayPaky. On a eu un coup de cœur pour le Sharpy X Frame. Cette lyre à couteaux nous correspond bien. Elle n’est pas trop grosse, elle est puissante et polyvalente, elle n’a rien à envier aux machines à LED et elle complète bien le parc d’un confrère ce qui nous arrange tous les deux. S-Group en a acheté aussi ce qui nous conforte dans notre choix.

SLU : Comment se profile 2024 pour Elypse ?

Bruno Favre-Martinoz : Bien. On sent un léger tassement sur l’intégration mais comme la presta marche bien, on devrait faire une bonne année. Quoi qu’il en soit, on ne fera pas du chiffre pour du chiffre, seulement de bonnes ventes où client comme fournisseur sont contents.


D’autres informations sur le Groupe Elypse et sur NEXO ID84

 

Crédits - Texte : Ludovic Monchat - Photos : Ludo, Nexo, Groupe Elypse

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