Meyer Spacemap Go, la création sans limites

Le studio de Dushow partagé en deux avec un plateau de tournage en arrière plan et la zone de conférence et d’écoute. Un remarquable outil de travail. On devine le système frontal entre les participants.


La démo a été belle, menée de main et d’oreille de maître par Gaetan Salmon aidé de Matthieu Chenuil et Sébastien Nicolas de Best Audio & Lighting.
L’idée ? Démontrer les capacités créatives, le son et la cible de Spacemap Go, l’application sur iPad de Meyer Sound qui, avec une simple mise à jour de Galaxy, la matrice vedette de la marque, permet à cette dernière de faire vivre de l’audio du bout des doigts.


Matthieu Chenuil, chargé de produits chez Best Audio et Lighting qui venait de retirer son masque et Gaetan Salmon Chargé d’affaire chez Dushow.

Résolument créative, la proposition de son dans l’espace de Meyer est à la fois très complète dans la palette des possibilités offertes, frontal, surround, immersif (360° et élévation) avec toute sorte de mouvement possible, mais exigeante dans la création des Maps qui vont donner vie à la magie, et dans la définition des rôles quant à savoir qui de l’artiste, du mixeur, de l’ingé système / immersif aura en charge la création de l’univers sonore. Restez, on va tout développer !

Contrairement à d’autres offres de mix par objet majoritairement utilisées pour exploiter une diffusion frontale large avec une localisation précise des sources et des bénéfices en termes de non-interférence du gauche / droite, Spacemap Go fonctionne différemment. On ne crée plus une image sonore dans un système élargi, on en construit librement la totalité des formes et des trajets de l’audio et on se retrouve à l’intérieur de ladite image.

Gaetan en pleine explication quant aux Virtual Nodes.


Spacemap a 35 ans

Steve Ellison, Mister Spatial Sound chez Meyer.

Une nouveauté la spatialisation chez Meyer ? Si 35 ans c’est nouveau pour vous alors oui puisque c’est Steve Ellison, toujours en charge du Spatial Sound chez Meyer, qui a réalisé en 1986 les premiers essais sous un dôme en toile à Sydney. 16 points de diffusion, deux subs, quelques écrans pour de l’image et des synthés en guise de sources.

Sous le dôme à Sydney. Les points noirs sont des enceintes.

Dès 1993 apparaît une lettre de l’AES qui fait état d’une Spacemap et deux ans plus tard a lieu le premier spectacle du Cirque du Soleil disposant d’une spatialisation via Spacemap.

Quelques années plus tard naît le Matrix 3, sorte de gros show control pas très pratique mais en mesure de gérer les Spacemaps et d’alimenter les enceintes.
D-Mitri arrive en 2009 et avec cette plateforme multimédiale extrêmement puissante qui sert encore aujourd’hui de cerveau pour Constellation, l’acoustique active de Meyer, Spacemap sert de langage de travail pour des énormes shows notamment à Vegas.
Tout mouvement peut être modélisé, programmé et ensuite facilement reproduit. Mais tout cela demande encore de porter une blouse blanche pour être mis en œuvre.

1986. Comme le glisse Steve avec malice, il a plus de puissance aujourd’hui dans sa montre connectée que son Macintosh d’époque. A droite les synthés TX816 Yamaha qui n’étaient autres que les sources sonores…

Spacemap devient Go

La bascule intervient le jour où Spacemap devient accessible à tous sans besoin d’un Show Control, tout simplement en exploitant les très grosses ressources DSP des deux plateformes Galaxy, la 816 et la 408, des ressources assez peu communes pour une matrice de diffusion puisqu’en AVB/Milan, les deux acceptent et traitent 32 flux rentrants…

La suite vous la connaissez. Le soft migre sur iPad, et depuis 2019 où il a été présenté, les mises à jour le rendent toujours plus puissant et convivial. Aujourd’hui l’application renommée Spacemap Go est pleinement opérationnelle et peut être chargée gratuitement. Il en va de même avec la mise à jour Spacemap pour les Galaxy.

Une Spacemap actuelle avec jusqu’à 32 objets, telle qu’elle s’affiche sur un iPad, ici un mode frontal plus surround latéraux et arrière.

Spacemap ce sont aujourd’hui 32 voies matricées en temps réel au travers d’un algorithme VBAP à énergie constante vers les sorties des Galaxy.
En fonction des besoins, il est possible d’en linker en AVB/Milan autant que nécessaire, des processeurs dont par ailleurs vous avez besoin pour alimenter et caler vos points de diffusion, et de les piloter avec autant de iPad que vous voulez.

La liaison étant bidirectionnelle, ce qui est fait sur l’un se voit sur tous les autres… et accessoirement s’entend dans votre système ! Spacemap Go a été conçu par des développeurs jeunes, un tantinet geeks. Une fois intégrée la logique de son affichage, on commence à s’amuser.

Les maps

Mais ces maps, qui les a créées ! Bin, Steve Ellison pardi, et c’est pour ça qu’il nous faut retourner à Sydney en 1986 avec la fabuleuse configuration informatique Pierrafeu faisant jouer des synthés modulaires Yamaha TX816 en guise de sources (et sans faire Le Grand Bleu !) et retrouver la première map avec les 16 points de diffusion, les futurs speaker nodes plus deux subs, et si vous regardez bien, tout marche par des triangulations. Le principe du triset est né.

La première Spacemap de Sydney, pas de points virtuels, uniquement les Speaker Nodes, les enceintes en somme, mais déjà la triangulation.

Prenons les trois points d’émission 1, 2 et 3. Si le son est joué au même niveau par les trois points, il se matérialisera au milieu des trois, mais si je veux le rapprocher du point 2, il suffit de baisser 1 et 3 et monter le point 2. Et ainsi de suite. Bien entendu ces réglages sont totalement transparents.

Pour l’utilisateur, il suffit de balader le Spacemap Panner pour entendre l’effet de déplacement dans le triset. Si je sors en revanche du triset… plus de son. C’est là qu’il faut commencer à construire sa map avec les autres outils fournis et pas simplement multiplier à l’infini les points d’émission, en créant des points virtuels, dits les Virtual Nodes, afin de compléter le maillage du son tout autour de vous en faisant travailler par triangulation, les enceintes disponibles.
Pour vous simplifier la vie, des maps existent déjà et sont même fournies avec Spacemap Go ce qui peut être un gain de temps, mais l’idéal reste de créer les siennes, ses mouvements, ses automations et, pour tout dire, ses délires !

La QL5 gérant les sources dont la fameuse mouche qui aura servi à démontrer la fluidité des passages au-dessus de nos têtes. Remarquez l’application des invités, chacun jouant avec son iPad sur le même programme musical. Le pauvre !

Pour le faire, il est préférable d’avoir un iPad avec un grand écran et beaucoup de résolution comme le iPad Pro. Le modèle normal est très bien pour afficher durant une performance, et le Mini pour modifier à la volée car il est rapide et peut être posé partout.
Bien entendu, vous pouvez tous les avoir non seulement sous les yeux, mais actifs, chacun pilotant ou affichant une fonction. Pour rigoler, les développeurs ont atteint un maximum de 999 iPads connectés, la limite étant due à la technologie WiFi…

Deux Spacemap actives, celle de droite représentant les points de diffusion dits « plafond » car placés sur l’audience et pas devant ou autour. Les deux forment un système qui enveloppe en 3D.

La force de Spacemap étant le mouvement, cela se passe par des menus à même le soft ou la prise en compte d’ordres externes. Il est ainsi possible de créer différents presets de mouvements que l’on peut créer du bout du doigt, et passer de l’un à l’autre manuellement.
Ou automatiquement, en liant des maps pour que ces déplacements puissent être reproduits à l’identique, à l’envers, en mode miroir sur une quelconque autre map.

La liberté est absolue et les possibilités créatives infinies d’autant que nous parlons à l’heure actuelle de mouvements définis et reliés à une horloge, mais qu’il est possible de relier nos 32 sources à autant d’interfaces externes prenant la main pour générer des mouvements 2D, un guitariste qui par exemple traverse la salle en marchant sur une passerelle, ou en 3D avec le même guitariste mais cette fois-ci attaché à une tyrolienne ou tout autre mécanisme le faisant voler au-dessus des spectateurs. Pendant ce vol, la réverbération de ladite guitare peut cercler au tempo du morceau… Les américains ont une belle façon de dire que tout est possible : « you name it ! »

Le moins que l’on puisse dire c’est que Spacemap est ouvert sur l’extérieur.

Spacemap Go fonctionne en OSC avec QLab mais aussi avec Live, ProTools, Performer, Logic et Reaper, sans parler du RTTrPM qui ouvre grand la porte du tracking.

Il est ainsi possible de faciliter le parcours d’un chanteur, micro en main, dans le public en programmant une Map qui baisse de quelques dB les boîtes du bas de l’array et ce de manière progressive quand il rentre ou sort de chacune d’entre elles. Idem avec les front fills. Pourquoi aussi ne pas s’amuser comme le fait Steve Allison à jouer avec les boîtes formant un array et faire monter et descendre un son de haut en bas en passant d’une boîte à l’autre.

Une partie des subs 900-LFC en montage cardioïde et naturellement remis en phase avec les 1100-LFC encore plus reculés par rapport au système frontal ; une configuration rendue nécessaire pour faire cohabiter deux événements en même temps au sein du studio de Dushow.

Cette faculté de Galaxy de servir en tant que matrice créative n’obère en rien son potentiel premier qui est de pouvoir caler temporellement le système de même qu’ajouter des corrections puissantes et variées, en entrée comme en sortie.
On ne peut malgré tout pas passer sous silence le nombre de voies d’entrée, 32 au maximum en AVB, en retrait par rapport à la concurrence, même si nativement Galaxy travaille en 96/24, mais cela devrait évoluer, et dès à présent il est possible de linker deux chaînes séparées de Galaxy pour monter à 64 flux matricés.

Officiellement les sorties sont 64 mais en raccordant plus de Galaxy ensemble en AV, on gagne en sorties. Comme il y a 4 000 Galaxy dans le monde, il y a de quoi faire !
On devrait rapidement aussi voir Spacemap Go s’encanailler dans les systèmes des consoles de mélange qui paraissent si limitées avec leur gauche/droite natif.
Enfin on pense à Constellation, le système d’acoustique active de Meyer. Ne serait-il pas logique d’établir des ponts avec Spacemap Go ?

Et le son dans tout ça

La prédiction du système déployé au sein du studio de Dushow et mis en œuvre par Gaetan Salmon. On voit bien les deux rangs de subs (merci les délais) et la noria de têtes entre frontal, surround et plafond.

Et le son dans tout ça. D’abord chapeau à Gaetan pour le calage de son système dans un studio de Dushow coupé en deux.

Second coup de chapeau à Meyer pour la fluidité des mouvements et l’absence totale du moindre bruit, glitch, bug ou autres. Quand ça passe cela est rapide, précis et naturel et ça donne vraiment envie de jouer.

Nous avons aussi écouté quelques mises à plat de concerts rock, classique et électro en frontal ou bien en frontal plus effets. Si le temps et le recul nous ont manqué pour pouvoir se forger un avis plus précis, on retrouve les avantages propres au frontal mais avec une gestion plus aboutie des front fills et donc de premiers rangs si importants, que d’autres systèmes. On réécoutera dès que ce sera possible dans d’autres salles et avec d’autres mix.

Le système frontal bas, sorte de front fill en 5 points, composé d’un gauche droite de 2 x UX20 sur leur sub USW-112P et de 3 x UPJunior. On aperçoit en hauteur une petite partie du frontal haut composé de 5 UX40.

Précisons que si Spacemap permet de placer les enceintes à une distance libre les unes des autres, il est nécessaire que cette distance soit supérieure à celle de la première paire d’oreilles. La gestion du grave ne diffère pas non plus. Il faut concentrer le plus possible les ressources basses dans une demi-longueur d’onde. Enfin, chaque enceinte doit être capable de couvrir toute l’audience.

Un synoptique qui détaille l’ensemble du dispositif informatique et DSP de l’écoute.

Un iPad, un Galaxy, un Compass et tout est possible, frontal, immersif, génération d’effet de spatialisation voire aide au matriçage de la diffusion. Il est même possible, attention séquence émotion, de spatialiser avec cette simplissime configuration Meyer et d’alimenter toute autre marque de diffusion acceptant des flux AVB/Milan par ses contrôleurs amplifiés ou ses enceintes actives.
Et un Galaxy 408, petit par la taille physique mais gros par ses ressources DSP, suffit à s’amuser en 32 in et 16 out AVB. D’ici la fin avril 2021, une nouvelle version du logiciel Spacemap Go sera disponible sur l’AppStore.

Comme toutes les nouveautés il faudra savoir être sage en démarrant, par exemple, par un gauche droite agrémenté d’une paire de surrounds arrière pour apprendre à construire des espaces et puis, petit à petit, bâtir des systèmes plus complexes et offrir de vraies créations sonores. La liberté permet tout, y compris de se tromper, mais quand on fait les choses bien, on peut aller beaucoup plus loin.

Une Ultra X20 sur le sub USW-112P, un combo qui s’écoute avec grand plaisir même si, quand les 900 et 1100 entrent en jeu, le bas respire encore mieux.

Comme nous le rappelle Gaetan « On est toujours là pour donner des coups de main et en amont pour former les utilisateurs, et Meyer réfléchit à proposer des configurations de base toutes prêtes, des templates plug and play. »
Comment faire partir des prods avec Spacemap ? « En y allant doucement et en invitant l’artiste ici une demi-journée avec une tablette. Il peut adorer ou pas, mais c’est de lui que doivent venir le signal et l’envie d’aller plus loin, voire la création d’un show différent, mais il est sage de ne pas renoncer au gauche droite, car dans nombre de salles ou de festivals, il faudra y revenir. »

Pour conclure saluons le réveil de Meyer Sound qui, après avoir joué massivement la carte de l’indestructibilité et donc la durabilité de ses enceintes, commence enfin à nous sortir des nouveaux produits forcément plus petits, légers et pratiques, mais aussi plus puissants, moins gourmands en énergie et sonnant encore mieux.

L’exemple nous a été donné par le très récent Ultra X20 (le petit frère du X40 qui a envoyé au musée l’UPA 1 après 40 ans d’existence, excusez du peu) et le sub d’intégration USW-112P même si le volume du studio de Dushow et la patate du Ultra X20 ont fait chauffer son limiteur. Le rendu de ce combo ressemble à tout sauf à de la sonorisation et on obtient une matière précise, claire et très sèche, prête à l’usage. Ne manque qu’une chose qui ne devrait plus tarder… Une entrée AVB/Milan sur chaque boîte. Ça ferait une boucle AD>DA en moins et encore plus de détail et de son. Tout est prêt. Surtout nos oreilles.

Dulcis in fundo. Si ces quelques lignes sonores vous ont donné envie d’essayer Spacemap Go, de nouvelles séances de découverte / formation se tiendront chez Dushow les 19, 20, 21, 26, 27 et 28 avril 2021. Contactez Gaetan pour plus d’informations à cette adresse  gaetan.s(at)dushow.com


Système de démo

Frontal haut 5 x UX40
Frontal bas 2 x UX20 + USW-112P et 3 x UPJunior
Surround : 11 x UPAP
Plafonnier : 9 x UPAP
Sub : 3 x 1100-LFC en central arrière-scène et 2 fois 3 x 900-LFC en gauche droite
Système Spacemap : 3 x Galaxy
Drive des sub : 1 x Galaxy

Point vocabulaire

Une Spacemap est la carte où sont installées les enceintes dans l’application iPad Spacemap GO.
Le Système Spacemap est l’ensemble des Galaxy (de 1 à 12) fonctionnant en mode SPACEMAP.
Le Spacemap Panner est le pointeur
Le Triset : triangle sur lequel nous déplaçons le Spacemap Panner pour déplacer notre « objet » entre 3 sources.
Node Speaker : sortie du système Spacemap (sortie physique d’un Galaxy)
Node Silencieux : pour avoir du silence progressivement
Node Virtuel : node qui pointe vers 1,2 ou plus de Node Speakers
Node Dérivé : 1,2 ou x Node Speakers qui pointent sur un Node Dérivé qui est une sortie physique


D’autres informations sur :

– Le site Best Audio
– Le site Dushow
– Le site meyer Sound

 

Crédits - Texte : Ludovic Monchat - Photos : SLU, Meyer, Best

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