Mes côtes me tirent des larmes de douleur. Sous mon cuir miteux, j’ai toujours un vieux pull marin, de l’époque où le froid des petits matins combattait avec la laine de grand-mère. Pour le moment, il comprime à chaque pas mon flanc écorché.
Je franchis l’ornière, agrippé à ma vieille BMW R100CS, une antiquité dure comme un bout de poutre et indestructible. Enfin je le croyais encore il y a 5 minutes. Avant le flash. Ce feu d’étoiles au fond des yeux qui fit vaciller ma brêle et m’envoya valdinguer dans le fossé.
J’ai de grosses mouches opaques autour du crâne et les idées marécageuses. Il faut surtout que je me casse de la route, les camions roulent dessus comme des boules de bowling. Et je n’ai pas envie de finir en Strike. Certaines bribes me reviennent, comme un tunnel de lumière qui surgit de l’horizon. Des phares peut-être, mais je ne connais rien d’aussi puissant. Et le seul engin dont je peine à me rappeler n’était pas plus haut qu’une roue de secours. Est-ce que je l’ai accroché ?
Vers la lisière toute proche, dans cette campagne perdue de Tchéquie, une suite d’entrepôts s’endort à mesure que le crépuscule s’installe. Un des bâtiments a un costume de plâtre tout neuf, et plus de portes que les autres. Je ne rejoindrai pas mon motel cette nuit, autant me trouver un endroit chaud. Je passe sous l’enseigne de néon. Un mot immense sourit au ciel. « Mega ». Rien de plus. Et pour l’instant peu m’importe, je force une serrure avec le tournevis et j’entre dans un beau bureau chauffé.
Un entrelacs de couloirs me permet de déboucher dans une grande pièce, haute de plafond, aux murs peints alternativement en blanc ou noir. De gros projecteurs se bousculent dans un coin, perchés sur des pieds de métal. Des câbles pendent sur des râteliers, entre des rangées de plaques de polyester. Un studio de photo ou de cinéma pensais-je, avant d’avoir la surprise de ma vie en allumant toute la lumière.
Un étrange robot trône, gros comme un lynx noir, sur une petite estrade. Son corps luit doucement sous la lumière des néons. Plastique injecté me dis-je. Les jointures parfaitement imbriquées et la précision du dessin (aérodynamique) n’ont pu être faites que dans une usine spécialisée, à la presse de 5 tonnes.
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Le plus gros du robot est composé d’une sorte de tuyère futuriste, longue d’une petite moitié de mètre, surmontée d’une large lentille transparente, large d’un demi-pied. La qualité du verre est irréprochable. Je soupèse rapidement l’engin, à peine plus de 20 kg. Compact, dense, mais avec des matériaux au poids réduit.
Une large fourche rotative à deux bras le raccroche à une petite base munie d’un écran, de deux poignées et de quelques connecteurs spécifiques. Le tout semble pouvoir s’articuler dans tous les sens.
L’étrier du socle enrobe parfaitement les contours hexagonaux de l’appareil. Je remarque que les quatre vis tenant le capot supérieur ont bougé. Avec un tournevis plat je les desserre d’un quart de tour.
La carapace de plastique glisse sans bruit, retenue par un câble d’acier. Un autre coup de vis et l’élingue se libère. Je fais de même pour la partie inférieure et je me retrouve face à une mécanique d’horlogerie protégée par deux larges turbines. Cartes électroniques, moteurs, pièces mécaniques ou en verre, tout semble construit spécifiquement par une industrie de pointe.
Les différentes chaînes de montage doivent former un consortium impressionnant, un village d’usines installé quelque part dans les territoires de la République Tchèque.
J’imagine cinq ou six cents ouvriers spécialisés à la manœuvre, répartis dans une demi-douzaine de chaînes de montage, certains en blouses, d’autres en bleu, avec cette étrange marque brodée partout, comme sur les pièces que j’ai devant les yeux : Robe. Une liasse de données techniques est coincée sous un pied, une documentation en plusieurs langues, archi-complète.
La Robe MegaPointe succède à la Robe Pointe, comme le complément parfait de la série BMFL. Conçu avec l’aide de nombreux éclairagistes, elle reprend les lignes de sa célèbre grande sœur, mais en poussant à l’extrême chaque fonction. Cette suite d’innovations témoigne de l’inventivité constante de Robe et bénéficie de son modèle industriel.
Chaque pièce est conçue puis fabriquée dans le complexe Tchèque, dans l’un des nombreux pôles optique, électromécanique, plastique ou sidérurgique. Seule la lampe, une exclusivité Osram pendant 5 ans, ainsi que quelques puces électroniques, sont sous-traitées. L’assemblage est réparti dans l’une des 6 chaînes de montage, avec un plein rendement prévu en 2018, où 1200 MegaPointe seront produites par mois.
La plaque du haut m’intrigue. Sur les flancs, coincés sous des longerons de plastique, deux pièces de mousse sont tenues par des scratchs, sans doute pour éviter les dépôts de poussières et de matières grasses. Signe qu’un appareillage particulièrement sensible doit être protégé. J’ôte les quatre vis cruciformes et fais glisser la pièce hors de sa cornière. Je découvre alors un bloc optique composé d’un double assemblage de lentilles sur guide métallique.
Les deux parties coulissent par le biais de courroies crantées. Quelques connecteurs séparés alimentent des moteurs, moins simples à enlever qu’une cassette de connexion mais plus fiables sur la durée.
Ce module ressemble fort à un train optique de zoom, avec une excursion hors du commun, et un champ focal immense. Machinalement je nettoie les cristaux et fais jouer avec précaution les courroies, en vérifiant leur tension. Dans le conduit maintenant libéré, de bien curieux dispositifs apparaissent.
Deux pétales de verre, comme passés au papier de verre, sont repliés tout près de la grosse lentille, à l’extrémité du robot. L’une est juste brossée, l’autre montre une texture de neige gelée, et les deux peuvent à tour de rôle ou ensemble se faufiler à l’intérieur du chemin optique.
De part et d’autre se situent deux pattes mécaniques armées d’un trio de gemmes brillant. Le trident le plus proche, à l’opposé des lames de Frost, présente trois prismes, chacun serti sur un engrenage rotatif.
Le premier, circulaire, a 8 facettes disposées en étoile. Le deuxième, 6 lames parallèles, et le troisième, un incroyable kaléidoscope à 32 faces.
Le deuxième diadème a aussi un prisme circulaire à 8 facettes, mais aux pentes moins accentuées, un prisme linéaire à 6 plans identiques et, à peine visible à l’œil nu, comme un cylindre gravé dans le verre. L’ensemble est assemblé de manière si condensée que chaque dispositif doit laisser sa place à l’autre dans le conduit de sortie. Les pétales ne peuvent se déplier si la première roue de prisme est engagée, tout comme les lentilles de focale dépliées à leur apogée empêchent l’insertion de la deuxième.
Pour accéder au cœur de la machine, je dois démonter les turbines situées de part et d’autre. J’ai déjà repéré deux ventilateurs au niveau des ouïes, derrière les filtres en mousse, et je suspecte les bras et la base du robot d’en accueillir d’autres. Mais le modèle qui me fait face est d’un autre calibre. Mon tournevis cruciforme vient rapidement à bout de cette armure. Les entrailles mécaniques s’offrent à moi.
C’est un dispositif d’air forcé pulsé, avec deux chicanes d’entrée comme le turbo d’un moteur. Sur le ventre, un bloc lacéré d’immenses ailettes, évacue la chaleur immense qui règne à l’intérieur.
Une étiquette jaune me dévisage. Danger électrique absolu. Grosse section de câble, plaque de protection qui masque à peine un jeu de bobinages et condensateurs.
J’ai en face de moi un transformateur particulier, un amorceur électrique capable de produire de fulgurants pics de courant. Ce robot noir contient un torrent d’innovations et de savoir-faire à l’usage d’éclairagistes avides de sensations et d’illusions.
La MegaPointe s’articule autour de deux pôles. Le premier, au plus près de la large lentille de 15 cm, entremêle un système zoom focal à deux lentilles sur courroie et deux roues de prismes. Les deux 6 facettes linéaires, les deux 8 facettes circulaires, le 32 facettes circulaire et le cylindrique se combinent avec les deux roues de gobos et les deux lames de Frost comme des gemmes au cœur d’un rocher abattu par la foudre.
L’immense profondeur de champ et l’excursion du zoom permettent d’exploiter un mode Beam de 1.8° à 21° et spot de 3° à 42°. Le shutter/dimmer, composé de deux lames aux bords dépolis, sait découper la lumière dans un stroboscope endiablé ou obscurcir lentement la violence de la lampe.
Un millefeuille de disques irisés mène la danse sur quelques centimètres. C’est si compact qu’il reste à peine l’épaisseur d’une pointe de crayon entre les roulements, et les moteurs forment une barrière infranchissable en bas de l’appareil. Je distingue, à mesure de mon exploration, des créations surprenantes. Le plateau le plus large contient d’autres engrenages, disposés comme sur un manège.
Neuf gobos de verre présentent différents symboles, hiéroglyphes inconnus pour la plupart. J’identifie cependant une nuit d’étoiles, et comme le pelage d’un fauve ou une pluie de feuilles d’érables. Les matériaux bénéficient d’un traitement spécial pour résister aux fortes températures. Je peux facilement détacher chaque pictogramme pour en changer le contenu, mais s’il me prenait l’envie d’en changer, je devrais sûrement contacter un représentant « Robe » pour bénéficier des mêmes propriétés.
Une roue d’effets est entièrement tatouée de trous discontinus, et l’autre roue de gobos voit sa peau de métal gravée de dix formes simples, et d’une suite de cinq trous de plus en plus petits. Les quatre dernières scintillent de belles couleurs. La première présente un arc-en-ciel de treize vignettes, composition alternant des couleurs franches avec des teintes pastel.
Les trois suivantes, bizarrement désaxées comme pour éviter les reflets ou la blessure trop vive d’un puits de chaleur, forment un ensemble cyan, magenta et yellow. Tout en bas, avant d’entrer dans la gueule du dragon, une dernière pastille, délicatement rosée, se tient isolée.
Le choix des gobos témoigne aussi de la volonté de Robe à proposer un hybride ultime. Située dans la zone basse du projecteur, la première roue contient 10 gobos simples, percés directement dans le disque de métal, ainsi que 5 trous à différents diamètres, pour simuler un iris. La deuxième roue permet de faire tourner 9 gobos interchangeables construits dans un verre spécial.
La puissance de la lampe impose à ces pièces sensibles une résistance accrue à la chaleur, qualité que devront valider les gobos personnalisés devant Robe. Les formes actuellement disponibles dans le projecteur butinent entre volumétriques psychédéliques, habillage naturaliste et standards revisités. L’ensemble de ses fonctions est compressé avec les plateaux de couleurs dans quelques centimètres, mais reste facilement accessible par démontage de tout l’arrière du projecteur.
Les trois disques de couleurs primaires et la roue de 13 teintes sont placés de biais par rapport à l’axe de la lampe, pour éviter les reflets et l’accumulation de chaleur. Conséquence des recommandations de nombreux éclairagistes consultés par Robe, les couleurs sont plus pastel, plus adaptées aux captations télévisuelles, théâtres et comédies musicales, tout en préservant les teintes franches des concerts plus électro et rock.
Enfin, ultime étape, dans un siège de fer, entourée de ventilation et de moteurs, apparaît la pièce maîtresse. Une lampe exclusive, siglée Osram SIRIUS HRI 470 W RO, est fermement ancrée dans son socle de céramique, encadré de quatre ressorts.
Ces guides lui offrent un débattement de plusieurs centimètres vers l’avant, une position d’attaque pour accentuer encore plus sa morsure.
Cet assemblage est entièrement démontable pour faciliter l’entretien et les réparations de la machine, toute la partie arrière peut être retirée.
Une fois les capots remontés, je décide d’étudier cette fameuse ampoule en virant les deux vis ¼ tour de l’arrière, puis en la dévissant d’un petit mouvement du poignet. D’allure modeste, elle ressemble à une fleur de porcelaine dont l’unique pistil aurait propulsé sa lumière d’airain en une longue ligne droite vers l’horizon. Sa corolle intérieure luit comme un miroir et sa courte tige en céramique s’agrippe à deux pôles électriques, ses racines à elle.
La lampe Sirius 470 W RO aura une durée de vie de 1500 heures si elle brille de toute la force de ses 470 W, et 2000 si elle s’économise à 380 W. Son flux lumineux dépend énormément des conditions d’utilisation, et de ses nombreux modes de fonctionnement. Mais, d’une manière générale, c’est zoom ouvert au maximum qu’il est le plus important.
Les mesures
Mode Spot faisceau serré
À 80 mètres de distance, zoom à 3°, le MegaPointe est capable d’impacter une cible de 4 mètres avec 2500 lux.
Mode Spot faisceau 20°
Mode Spot faisceau large
En Spot il atteint les 15 400 lumens à 42° d’ouverture, soit une efficacité de 33 lm/W, plus élevée que les 21 lm/W du BMFL qui demande 1700 W pour produire 36 000 lumens.
Mode Beam faisceau serré
Mode Beam faisceau 20°
En Beam, il émet 15 000 lm à 20°. En faisceau serré, 1,83° l’éclairement ponctuel est gigantesque, supérieur à 1 million de lux qui est la limite de mesure de notre luxmètre muni d’un filtre X10.
Trois mesures permettent de limiter sa puissance. En mode économique, son flux descend de 20 %. C’est moins de perte qu’en haute restitution de couleur (High IRC) où la baisse est de 30 %. Le mode « proximité » ne limite pas le flux, mais l’ouverture de zoom à 3° minimum, passe la distance de sécurité de 18 mètres à 8 mètres.

Situés à l’arrière, les connecteurs à cinq ou trois broches, ainsi que la prise Ethernet, accompagnent la fiche jaune PowerCon True One au-dessous du porte fusible.
Je fais le tour et, alors que je touche aux quatre boutons de navigation, l’écran s’allume. Il se retourne d’une pirouette et m’annonce son adresse DMX, un mode de fonctionnement compris entre 34 et 39 canaux, et une suite de protocoles oscillant entre RDM, W-DMX, ArtNet, MANet1 et 2 ou sACN. Le moniteur est tactile, toutes les caractéristiques s’affichent d’une pression du doigt.
Un message d’erreur apparaît, puis se résorbe. Sans doute un capteur avait apprécié mon remontage précis de la carrosserie et le déblocage de la lyre, les deux petites clenches situées près des bras. La nuit a descendu son rideau de velours quand je me saisis d’une console de pilotage DMX. J’ai pu facilement appairer ma console à un émetteur Lumen Radio d’un clic. Sur mon modèle, l’émetteur est déjà inclus dans la base du projecteur. J’allume la lampe. Des photons de poussière virevoltent le long d’une colonne de lumière aux bords d’acier.
La langue de feu du projecteur s’étire comme un long tube aux bords pratiquement parallèles. Le spectre des radiations de chaleur de la lampe s’effiloche dans son viseur, un léger tremblement pendant deux minutes, puis comme une onde qui tourne en périphérie de sa zone de projection. Une fois les effluves de la lampe stabilisées, la sensation disparaît.
Je m’amuse avec les paramètres de position. Ondulant avec légèreté, la lyre accélère à ma mesure et file avec célérité sans jamais trembler. Capable de balayer le plafond en quelques dixièmes de seconde, elle s’arrête net, avant de repartir à toute vitesse dans un autre sens. Elle se pétrifie encore une fois, son phare rangé dans une étagère toute proche, encombrée de cartons. Des cartons commencent à se consumer. Ce projecteur est, vraiment, vraiment incandescent.
La Mega continue de puiser dans les innovations passées de Robe, comme le stabilisateur de position EMS, l’option Wireless CRMXTM de Lumen Radio, le réglage de HotSpot, le Gobo Flat Field ou encore l’autofocus. Mais elle apporte aussi quelques nouveautés réjouissantes, tel le mode HighCRI, une sécurité en emploi de proximité, le Beam Shaper et des patterns d’effets réglables.
Alors elle ouvre son faisceau en de multiples rayons et m’englobe dans sa lumière. Resserrée à l’extrême, une étoile se tapit dans un mur de la pièce. Ses reflets enrobent l’espace d’une lueur blafarde. Sur le mur situé à cinq mètres, le diamètre de l’astre est quasiment celui de la lentille de sortie, et son éclairement dépasse largement le million de lux.
Avec cette ouverture, éclairer deux personnes de plain-pied demanderait le recul d’un stade, et la visibilité serait suffisante pour satisfaire tous les spectateurs massés sur la pelouse, au-dessus des 2000 lux imposés généralement par les caméras. Cette étoile a un volcan en son centre, un point chaud plus lumineux qu’à son horizon. Je gère le déplacement du chariot de la lampe au sein du projecteur, pour étaler ou au contraire intensifier son œil.
A son apogée, l’éclairement atteint les deux millions de lux, et l’impact est si brillant que personne ne peut le fixer à l’œil nu. Cette fonction Hotspot, dans un raccourci d’anglais, peut multiplier la luminosité centrale par sept, ou redescendre à un compromis acceptable d’un rapport de deux à trois fois entre le milieu et les bords.
Cette étoile enfle jusqu’à atteindre presque deux mètres sur le mur d’en face, avec un peu plus de 20 degrés d’ouverture. Les dérives lumineuses du centre sont apparentes, comme si on regardait un bol de lait sous un mauvais éclairage.
J’enclenche le Flat Field sur le deuxième disque de gobos, pas pour projeter une des formes disponibles sur le mur, mais juste pour métamorphoser son pinceau laser en une voluptueuse lune gibbeuse. Le mode Spot s’enclenche, l’étalement devient plus précis, les bords d’une netteté sans faille. Chaque respiration peut la faire grossir quatorze fois, sans jamais changer sa focalisation.
Une ombre passe à tout petits pas sur un côté, avant d’englober toute la lumière, telle une porte que l’on referme. L’éclipse disparaît de la même façon, après une période d’hésitation en début de variation, comme un seuil un peu élevé.
Avec son module de trichromie et sa roue d’aquarelle, le projecteur repeint la pièce aux couleurs pastel d’une scène de cinéma. À une vive vignette bleu nuit succède une lune de brique, noyée de sang, avant de laisser passer un énigmatique ciel violet. Une prairie sous le soleil et un vieux brin de lavande disparaissent.
L’ambre d’une ville nocturne et les fausses roses à la consistance de chewing-gum prennent leurs places. Puis les teintes fusionnent, jamais clinquantes, tout en retenue et subtilité, un arc-en-ciel clair-obscur pour conte fantastique.
Les mélanges CMY sont plus délicats qu’auparavant, et permettent un éclairage plus mesuré. La roue de couleurs s’inspire des teintes TV, remplaçant les jaunes et orange clinquants par de beaux roses ou lavande, et des CTO plus fins. Son faisceau glacial est calibré à 6570K, il n’est donc pas des plus à l’aise avec les ambres et rouge.
Le défaut naturel des lampes Sirius, avec un rendu des couleurs limité à 80, si peu gênant dans une utilisation tout en faisceau, trouve des limites en éclairage plus théâtral. Afin de satisfaire les plus versatiles des designers, un filtre minus green peut s’insérer en sortie de lampe pour remonter l’IRC à plus de 90, avec une perte de flux de presque un tiers. Cela permet aussi de descendre sa température de couleur à 5600K, et de retrouver un peu chaleur.
L’utilisation des gobos, prismes et animations me donne l’impression de découvrir encore et encore de nouveaux effets. Les gobos se font plus délicats que jamais, aussi naturalistes sur un décor de scène qu’efficaces dans les brumes d’un concert.
Je reconnais du vent son symbole, les ailes du moulin et les feuilles qui s’envolent. Le pelage de la montagne sous le soleil et les cailloux au fond de l’eau. Les engrenages des machines, le trafic à Paris et les vertiges de la ville. Et puis les phares dans la figure, les étincelles de boîtes de nuit et les flashs des journalistes.
Il y a le flou de la pluie et l’infini du brouillard quand l’un des deux couperets de Frost entaille le faisceau.
La partie consacrée aux effets est assurément l’une des plus fastueuses jamais développées dans une machine de cette taille. À la miniaturisation incroyable de ses composants répondent de vraies innovations. Les roues de prismes et la roue de gobos fixes se combinent ensemble ou séparément en une douzaine de tunnels psychédéliques. Le mariage des gobos rotatifs, de la première roue de prisme (la deuxième est bloquée par l’ouverture du zoom en mode spot) et de la roue d’effets, permet de recréer une multitude d’ambiances atmosphériques.
Si l’attaque franche de ses deux couteaux de Frost manque de subtilité sur les gobos, la MegaPointe sait les associer à son prisme cylindrique et sa focale, pour recréer des volets virtuels rotatifs, Beam shaper en anglais, permettant de projeter des faisceaux rectangulaires de différentes tailles.
Avec les macros disponibles, la Mega mélange dans un grand shaker ses mécanismes, et tout s’embrouille merveilleusement. Neige saupoudrée, flamme boréale, rugissement d’une tempête ou tourbillons de fleurs, cette Robe est une machine à créer du rêve. Bien plus qu’un Spot hybride pour set Electro épileptique, elle s’impose comme un vrai projecteur pour éclairagistes inventifs et exigeants.
Après une première vision privilégiée au Prolight&Sound et une sortie officielle au Plasa en septembre, la MegaPointe a fait une telle sensation que les 1500 modèles produits en 2017 ont déjà tous trouvé preneur, obligeant Robe à limiter les stocks par pays. Les premiers 24 ont été réservés par Dushow pour la tournée Florent Pagny, puis, par quantités réduites, les prestataires se battent pour avoir une part des quotas limités à 70 par mois. À partir de 2018, une hausse de la production permettra de répondre à toutes les demandes avec plus de 1000 projecteurs fabriqués par mois.
Robe France assure la distribution exclusive en France et propose la MegaPointe à 7950 € HT prix public emballage carton, 8720 € en flight case individuel et 8570 en flight case double.
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