EP4. Spécifier un vidéo projecteur: Placement, installation, environnement et ergonomie

Hormis les spécifications image, d’autres paramètres importants déterminent le choix d’un vidéoprojecteur comme l’usage qui peut être fait, et les servitudes qui marqueront toute la vie d’un appareil donné.

Positionnement, choix de l’optique, environnement

En premier lieu, il importe de déterminer si le projecteur est destiné à une installation fixe ou à un usage « nomade ». Dans les cas simples, on pourra choisir un projecteur à objectif fixe, les variations de focales permises par la plupart des zooms (focales variant couramment dans un rapport 1,2 à 1,5) permettant de faire face aux légers déplacements du projecteur, ou modifications de la taille de l’écran… voire, surtout, aux imprécisions des spécifications.

Figure 1 : Le rapport de projection est le rapport entre la distance du projecteur à l’écran (« Throw distance »), D et la largeur de l’image (« base »), B. Il dépend de la distance focale de l’objectif, et, s’il s’agit d’un zoom, il peut donc varier dans une plage déterminée (rapport ou amplitude du zoom).

En effet, la focale de l’objectif est déterminée par la distance de projection et la taille de l’image souhaitée (elle-même déterminée par celle de la partie utile de l’écran). S’il s’agit de spécifier un projecteur devant servir dans des cas de figure éminemment variés, on est amené à opter pour des projecteurs à objectifs interchangeables et se doter du ou des objectif(s) permettant de couvrir toutes les situations.
Les constructeurs proposent divers outils pour sélectionner l’objectif à utiliser. Au niveau des spécifications, le rapport de projection, qui exprime le rapport entre la base de l’image et la distance de projection, donne une première orientation (voir figure 1).

Ensuite, certains fabricants proposent des abaques ou des nomographes (voir figure 2), des petits logiciels ou des feuilles de calcul (« configurateurs ») qui permettent de trouver l’objectif le plus adapté en fonction des caractéristiques de l’application (distance, taille d’image).

Figure 2 : Relation distance/taille d’image B =A (D/f – 1) où :
• B est la dimension de l’image (base ou diagonale) en mètres
• A est la dimension de l’élément objet (resp. base ou diagonale) en mètres
• D est la distance de l’objectif à l’écran, en mètres
• f est la distance focale de l’optique de projection en mètres.
(note : l’élément objet est le micro-écran intégré au projecteur : matrice LCD, LCoS, circuit à micro-miroirs DMD, etc.). La relation ci-dessus peut servir à tracer des abaques, comme celle représentée sur le dessin.

Le positionnement du projecteur peut également être limité par les spécifications constructeur. Dans le cas général, l’appareil peut être installé à plat à l’horizontale et à l’endroit, pour une projection en format horizontal (« paysage »), mais certaines applications demandent qu’il soit incliné, voire vertical.

Les projecteurs dotés d’une grosse lampe à arc ne l’acceptent pas, et dans ce cas, il faudra faire appel à une déviation du trajet lumineux au moyen de miroirs. La plupart des projecteurs permettent une inversion haut-bas de l’image, et aussi parfois une inversion droite-gauche. Cela permet de compenser l’effet du montage au plafond « tête en bas » (fréquent dans les petites salles de conférence), de la rétro-projection et de la réflexion par des miroirs. Plus rarement, on sera intéressé par une projection en format vertical (« portrait »). Le projecteur devrait donc être placé sur le flanc. Il y a lieu de s’assurer que l’appareil l’accepte.

La cause principale des limitations de position est la nécessité de refroidir efficacement la source lumineuse, avec un problème de sécurité à la clé (danger d’explosion des lampes). Pour les projecteurs exploitant une source « solide » (LED, diode[s] laser), ce genre de limitation n’existe habituellement pas (a fortiori si la source laser est déportée dans une baie et reliée par fibre optique à l’unité de projection).
Signalons au passage que les projecteurs équipés d’une lampe à arc doivent aussi, en général, se conformer à des procédures de mise en marche et d’arrêt (gérées par le système de contrôle intégré, tant que celui-ci est sous tension). L’amorçage de la lampe n’est pas totalement immédiat, et le projecteur n’est opérationnel que quelques secondes après la mise sous tension.
En revanche, à l’extinction, la lampe doit être ventilée jusqu’à refroidissement complet avant la mise hors tension, ce qui signifie qu’il faut laisser le projecteur s’arrêter de lui-même et qu’il ne faut pas couper le secteur avant la fin de son cycle d’extinction (risque d’usure prématurée et d’explosion de la lampe). Cette obligation est parfois facultative pour certains types de lampe de basse puissance (<200 W), qui permettent aussi le démarrage à chaud.

Différentes catégories d’optiques de projection

Les objectifs pour la vidéoprojection sont traditionnellement classés en plusieurs catégories (voir figure 3) :

figure 3 : Grâce à sa variation de focale, un zoom permet une latitude de positionnement pour une taille d’image donnée (1) ou une taille d’image variable à distance de projection donnée. Le très grand angle est toujours à focale fixe (ce qui n’interdit pas de jouer avec le zoom « numérique » !)

Figure 4 : Zoom 1,5-2,0 (image Barco)

– Moyen ou standard : On qualifie ainsi les objectifs dont le rapport de projection est proche de 1, ou, plus simplement, le modèle de base qui est le plus courant et le moins cher. C’est ce genre d’optique qui équipe habituellement les projecteurs à objectif non interchangeable (figure 4).

Figure 5 : Zoom 7,5-11 (image Barco)

– Fond de salle : On qualifie ainsi les objectifs à longues distances focales, qui sont adaptés à la projection à partir d’une cabine disposée face à l’écran derrière le public. Les rapports de projection vont de 5 à 10 et au-delà (figure 5).

Figure 6 : Zoom 0,8-11,6 (image Barco)

– Grand angle : On qualifie ainsi les objectifs dont le rapport de projection est inférieur à l’unité. Ceux-ci permettent d’obtenir de grandes images sans nécessiter un important recul du projecteur. Ils sont plutôt adaptés à des circonstances où l’opérateur est à proximité (conférences), ou à l’installation au plafond non loin de l’écran. Ce genre de situation est souvent générateur d’importants décalages verticaux (figure 6).

– Très grand angle / très courte distance :
Les projecteurs équipés de ce genre d’optique sont souvent destinés aux applications de présentations et de conférences interactives. Ils se placent tout près de l’écran. Cette situation est généralement associée à de très fortes distorsions géométriques de l’image, qui nécessitent une correction électronique énergique et rarement exemple d’artefacts, ainsi que de sensibles non-uniformités. Certains de ces projecteurs utilisent une optique de sortie à miroir et non à lentille (figure 7).

Figure 7a

Figure 7b

Il y a plusieurs moyens pour obtenir un projecteur capable de faire de grandes images « à bout portant » : ou bien utiliser un objectif à très courte focale, apparenté aux « fish eyes » (à gauche, placé à 1 m de l’écran, le projecteur EH415ST (permet d’obtenir une image de 100 pouces [2,54 m]), ou bien utiliser une optique de sortie à miroir et une forme non conventionnelle (à droite, le W330UST d’Optoma donne la même taille d’image avec 50 cm de recul seulement).

– Objectifs (très) spéciaux : Il existe des « moutons à 5 pattes » destinés aux projecteurs à objectifs interchangeables. Par exemple, on trouve des objectifs à très courte focale pour les projecteurs de grande puissance, bien, que la très courte focale soit en général l’apanage de projecteurs de puissance modeste et à objectif fixe.

Figure 8 : Objectif fish eye destiné à la vidéoprojection de grande puissance sur écran en forme de dôme sphérique (Document Panasonic).

– Il y a aussi des cas où on doit projeter sur une sphère. Plutôt que de faire appel à la distorsion électronique de l’image (warping), avec une kyrielle d’inconvénients (manque de précision, perte de définition, artefacts, couverture très partielle de la sphère), on peut utiliser un objectif spécial (du genre fish eye), capable de couvrir une importante partie d’un écran sphérique avec un seul projecteur (voir figure 8).

On notera que, chez les constructeurs qui proposent une large panoplie d’objectifs interchangeables, les types les plus courants existent en variante « standard » et en variante « haute luminosité ». En effet, un objectif absorbe une quantité de lumière pas forcément négligeable (surtout s’il s’agit d’un zoom de grande amplitude, dont la formule optique peut être complexe), et les modèles sans compromis sur la perte de flux sont plus onéreux.
La plupart des objectifs destinés aux projecteurs professionnels (événementiel, touring) sont réglables au moyen de systèmes motorisés. Ces systèmes sont intégrés aux objectifs, et donc interchangeables avec eux. Il en est ainsi des fonctions de mise au point (focus), de focale (zoom) et parfois aussi de décalages (offset). L’ensemble de ces systèmes rend les objectifs interchangeables plus coûteux et fragiles et demande un soin particulier lors de leur mise en place.


L’environnement climatique du projecteur doit être tel que les calories puissent s’évacuer normalement. Dans une cabine étroite, la température risque de monter rapidement si elle accueille un projecteur de forte puissance (a fortiori plusieurs) et si elle ne possède pas une ventilation énergique. Il est exclu d’enfermer les projecteurs dans un placard étanche !
De même, l’humidité relative est en général un facteur à surveiller. Question jamais évoquée ou presque, l’indice de protection des vidéoprojecteurs est rarement spécifié. De fait, ces appareils ne sont pas prévus pour fonctionner en extérieur sans précautions particulières. A notre connaissance, il n’existe pas de vidéoprojecteur étanche. Si le cas se présente, il y a lieu de prévoir des protections adéquates contre les intempéries (projections d’eau, par exemple), tout en respectant les impératifs du refroidissement et… de la qualité optique.
L’ambiance qui doit régner autour du projecteur en fonctionnement est spécifiée par le fabricant en termes de température (la plage est souvent étroite, de l’ordre de +5-30°C), d’humidité relative et d’absence de condensation (voir figure 9). Une spécification similaire est souvent fournie pour les conditions de stockage.

Figure 9a : Des guérites fenêtrées, relativement discrètes, placées judicieusement sur le parvis, abritent les 16 vidéoprojecteurs Panasonic …

Figure 9b : …qui ont redonné ses couleurs à Notre-Dame de Reims durant les shows nocturnes.

Niveau de bruit

Un vidéoprojecteur en fonctionnement gère un flux d’air de refroidissement avec plusieurs ventilateurs et peut, par conséquent, s’avérer bruyant. Certaines applications (théâtre, studio de télévision…) très exigeantes en ce qui concerne le niveau de bruit, peuvent justifier l’implantation d’une cabine séparée pour le ou les projecteurs. Le niveau de bruit est souvent indiqué en dBA (il faut vérifier que c’est bien en mode normal et non en mode « éco »)… mais les conditions de mesure sont rarement détaillées.

Traitement du signal interne

Le but du traitement du signal intégré aux projecteurs est de faire l’interface entre l’entrée vidéo sélectionnée et le moteur électro-optique de projection, tout en prenant en compte certaines contraintes liées à l’environnement de l’application. Si on excepte le cas devenu marginal de la prise en charge de signaux vidéo analogiques, dans lequel le traitement effectue une extraction des signaux de synchronisation, génère une horloge d’échantillonnage et effectue une conversion analogique/numérique, l’ensemble du traitement de signal est désormais numérique et utilise des technologies à base d’algorithmes (DSP) ou de circuits logiques programmables (FPGA), voire un mélange des deux.

Figure 10 : Certains projecteurs peuvent recevoir des compléments logiciels facilitant l’ajustement de la géométrie et/ou le raccordement des images de plusieurs projecteurs adjacents, comme le propose ici Panasonic pour son Geometry Manager Pro.

La richesse des fonctions de traitement interne peut être un paramètre décisif.
Outre le choix des signaux d’entrée, on prendra en compte surtout les possibilités d’adaptation de l’image à l’environnement : zoom, recadrage, inversion droite/gauche et haut/bas, corrections de trapèze H et V (lorsque la correction optique ne suffit pas ou n’est pas ajustable), possibilité d’adoucir les bords pour fusionner des images adjacentes, et, last but not least, la possibilité d’adapter la morphologie de l’image pour projeter sur des surfaces non planes, régulières (sphérique, par exemple), ou irrégulières (notamment en architecture). Ces fonctions sont appelées warping (littéralement : gauchissement, déformation).

On s’intéressera aussi à la possibilité d’actions sur l’intensité et la couleur de l’image, en particulier pour les applications critiques du point de vue de la colorimétrie (studio) et pour la réalisation d’images composées (harmonisation des couleurs entre les divers projecteurs qui font l’image).
Les projecteurs les plus puissants et polyvalents possèdent des fonctions logicielles sophistiquées (parfois optionnelles), qui permettent de réaliser le raccordement de plusieurs images et l’adaptation à des surfaces non planes avec l’aide d’une caméra externe, dans une procédure partiellement automatique (voir figure 10).

Contrôle

Le système de contrôle est l’élément clé de l’ergonomie du projecteur en fonctionnement. Le plus basique consiste en un menu aux rubriques accessibles au moyen de touches de navigation situées sur l’appareil lui-même (voir figure 11). Au niveau supérieur, la télécommande offre les mêmes options, mais, avec des touches d’accès direct aux fonctions les plus sollicitées.

Figure 11 : Le micrologiciel (firmware) embarqué dans les projecteurs permet l’affichage sur l’écran (OSD) d’un menu principal (ici en deux pages, à gauche) et d’une multitude de sous-menus et d’options de configuration et de réglages. Divers moyens y donnent accès et la navigation, tels que le panneau local sur le projecteur (au centre) et la télécommande (à droite), sans préjuger des possibilités d’accès à distance ou en réseau, avec ou sans fil. Projecteurs HIGHlite Laser II 3D Series de Digital Projection (d’après un document du fabricant)

De plus en plus d’appareils peuvent se contrôler à partir d’un ordinateur ou d’une tablette externe, soit avec une interface simple (RS-232, USB…), soit au travers d’un réseau. Ou bien le projecteur dispose d’un mini-site web qui permet de piloter les diverses fonctions et remonter des informations avec une présentation et une ergonomie plus évoluées, le tout protégé par mot de passe, ou bien il faut installer un logiciel sur l’ordinateur à partir duquel on veut piloter l’appareil (ou les appareils).

Consommation électrique, rendement énergétique

La consommation électrique des vidéoprojecteurs est souvent spécifiée en valeur maximale en fonctionnement. Le réseau électrique est spécifié en tension et en fréquence. La plupart des projecteurs ayant une alimentation électronique ont, en générale, une entrée secteur dite « universelle », c’est-à-dire qu’ils sont capables de fonctionner sur des tensions allant de moins de 100 V à 250, voire 270 V, en 50 et 60 Hz. Une tolérance plus réduite et un mode bitension à commutation manuelle peuvent éventuellement se rencontrer sur les projecteurs plus puissants. Les projecteurs possèdent aussi un mode veille (ou standby) et la consommation dans ce mode est indiquée.

Pour les calculs thermiques, on peut considérer en première approximation que la puissance électrique consommée par le projecteur est intégralement transformée en chaleur. On obtiendra la dissipation en cal/s en divisant la valeur en watts par 4,17. Lorsque la dissipation thermique est spécifiée, elle l’est souvent en Btu/h, la Btu (« British Thermal Unit ») étant à la calorie ce que le foot est au mètre.

Figure 12 : Extrait des spécifications du projecteur Barco pris en exemple pour les calculs thermiques.

1 Btu = 1 055 J = 252,16 cal… donc 1 Btu/h est sensiblement égal à 1 055/3600 = 0,293 W = 0,00702 cal/s.
Exemple : un projecteur Barco HD4X-4K14 est spécifié pour une dissipation maximale de 9383 Btu/h sous 200-240 V.

Cela équivaut à 2,749 kW, à rapprocher de la consommation spécifiée, qui est de … 2,50 kW (voir figure 12). Remarquons que, par chance, les vidéoprojecteurs ne sont pas assujettis aux mêmes critères de rendement lumineux que les ampoules d’éclairage (lumens/W). Sur ce genre de critère, ils seront toujours hors course !

Accessoires, systèmes d’accrochage et d’accouplement

Les efforts nécessaires à intégrer les projecteurs dans les applications sont de nature et d’ampleur très variées, depuis l’utilisation immédiate jusqu’à la réalisation de toute une infrastructure mécanique sur mesure, en passant par l’utilisation de quelques accessoires prêts à l’emploi fournis par le constructeur et par un mélange de pièces sur mesure et d’accessoires standards.
Les projecteurs de taille moyenne disposent de pas de vis sur le dessous, qui permettent un montage « tête en bas » par l’intermédiaire d’une platine optionnelle, avec éventuellement un mât télescopique pour ajuster la hauteur. Les gros projecteurs sont souvent munis d’anneaux permettant de les suspendre à des câbles munis de crochets.

Certains constructeurs proposent aussi des châssis qui protègent le projecteur lors de sa manutention, tout en facilitant les opérations. Ils proposent aussi des structures permettant d’accoupler des projecteurs pour réaliser de grandes images, soit par superposition (multiplication de la luminosité), soit par juxtaposition.
On l’aura compris, la richesse du catalogue d’accessoires associé aux projecteurs peut être un argument, mais dans les designs complexes, on n’échappera pas à la réalisation de pièces spéciales par des mécaniciens qualifiés, d’autant plus que les matériels aussi lourds suspendus au-dessus du public ou des artistes posent des questions de sécurité qu’on ne peut pas se permettre d’éluder (voir figure 13).

Figure 13a : Avec les solides anneaux solidaires du châssis des vidéoprojecteurs (à gauche chez Panasonic)…

Figure13b : … ou les accessoires optionnels proposés par les fabricants (à droite, châssis et pinces de fixation chez Barco), mélanger lumière, son et vidéo sur une même plateforme n’est plus un tabou… même si les métiers sont très différents.

Enfin, parmi les accessoires, il ne faut pas oublier les outils et autres additifs logiciels qui faciliteront le pilotage et la surveillance des projecteurs et, le cas échant, seront d’un grand secours pour adapter l’image aux écrans non plans et/ou régler automatiquement le raccordement de plusieurs projecteurs pour réaliser de grandes images très lumineuses.

Types d’écran, gain d’écran :

Le choix de l’écran est déterminant sur le résultat. Le but de l’écran n’est pas de réfléchir la lumière, comme le ferait un miroir (réflexion spéculaire), mais de la renvoyer et de la diffuser (voir figure 14). Lorsqu’un rayon lumineux frappe la surface d’un écran, il est réfléchi dans toutes les directions du demi-espace contenant le rayon incident.
Plus cette réflexion est orthotrope et plus l’angle de vision est étendu (idéalement, il serait de 90° de part et d’autre de l’axe de l’écran). La réflectance est le rapport du flux réfléchi au flux incident. Idéalement, elle est de 1 (elle peut aussi s’exprimer en %, l’idéal coïncidant avec le maximum absolu de 100 %).

Figure 14 : Réflexion spéculaire et diffusion. La réflexion spéculaire obéit à la loi de Laplace (le rayon réfléchi fait avec la normale à la surface un angle égal à celui que fait le rayon incident). En revanche, un écran parfait renvoie la lumière de manière identique dans toutes les directions du demi-espace qu’il délimite.

Figure 15 : Illustration de la loi de Lambert. La lumière incidente est réfléchie dans toutes les directions du demi-espace supérieur avec l’intensité I = I0 cosθ.

Une surface qui réfléchit parfaitement la lumière dans toutes les directions est dite lambertienne (elle obéit à la loi de Lambert, c’est-à-dire que l’intensité de chaque élément de surface dans une direction donnée θ est donnée par I = I0 cosθ, où I0 est l’intensité dans la direction perpendiculaire à l’élément de surface (voir figure 15).
Un étalon lambertien est un échantillon de surface réfléchissante, répondant parfaitement à la loi de Lambert (en d’autres termes, c’est un morceau d’écran idéal !). Le gain d’un écran correspond au rapport entre l’intensité que réfléchit cet écran dans la direction du faisceau incident à l’intensité que réfléchirait un étalon lambertien dans la même direction (éventuellement corrigée des différences de réflectance).

Figure 16 : gain d’un écran. Le gain d’un écran est le rapport de l’intensité réfléchie par l’écran dans l’axe (en rouge) à l’intensité réfléchie par un étalon lambertien dans les mêmes conditions (en bleu). Ce cas d’un écran possédant un gain supérieur à l’unité illustre clairement que la vision de côté est pénalisée.

La plupart des toiles réfléchissantes ont un gain voisin de 1. Ce gain est idéal dans les situations où il y a un public nombreux réparti dans toutes les directions autour de l’écran, car l’angle de vision est très large.
En revanche, il y a plusieurs inconvénients : la lumière du projecteur est diffusée dans toutes les directions de l’espace, il faut donc un projecteur très puissant pour obtenir un fort impact.
Par ailleurs, les lumières ambiantes sont réfléchies de la même manière et affaiblissent le contraste effectif. On peut tenter d’y remédier en utilisant un écran présentant un gain supérieur à l’unité (le summum étant atteint par les écrans « perlés », dont la surface est tapissée de microbilles de verre). L’inconvénient est une restriction de l’angle de vision (voir figure 16).

A l’inverse, on peut utiliser une toile à gain inférieur à 1 (par exemple 0,8). De telles toiles dites « à fort contraste » sont, en fait, un peu grises, le faible gain est essentiellement lié à une baisse de la réflectance. Elles réfléchissent moins les lumières parasites mais il faut, pour les utiliser, un projecteur de grande puissance. De telles toiles sont surtout destinées aux applications de cinéma.


La maintenance

Dans une installation bien gérée (ou dans un parc de location/prestation), ce qu’on doit prendre en compte n’est pas seulement l’investissement initial, mais le « coût de possession », plus connu sous l’idiome anglo-saxon « Lifecycle cost ». Il intègre l’investissement initial (frais d’installation compris), le coût de fonctionnement (incluant le prix des consommables et la maintenance préventive) et le coût de la fin de vie (démantèlement ou recyclage). Sans aller de manière exhaustive dans le détail, il y a une chose qu’il faut absolument prendre en compte, c’est la maintenance. Soyons clairs, aucun vidéoprojecteur, même s’il est très fiable, n’est absolument exempt de maintenance.

Même s’il utilise une source lumineuse « solide » (LED, diode laser), dont la durée de vie est estimée à 20 000 heures ou plus, même s’il dispose d’un moteur optique scellé étanche aux poussières et d’une électronique hautement fiabilisée, il reste inévitablement un point faible : le refroidissement. Le maintien des performances optimales exige le nettoyage périodique des filtres intercalés dans le chemin de l’air de refroidissement, et, le cas échant, leur remplacement.

La durée de vie des sources lumineuses est spécifiée par les fabricants. La fin de vie peut signifier que l’enveloppe de la lampe est obscurcie et que, par conséquent, la luminosité a considérablement diminué, mais une lampe en fin de vie peut aussi présenter des difficultés à s’amorcer, et surtout des risques d’explosion.
Si donc on est tenté d’aller au-delà de la durée d’utilisation recommandée, … c’est à ses risques et périls. Signalons que beaucoup de projecteurs possèdent un mode dit « économique » dans lequel la lampe fonctionne à un courant réduit (Bien entendu, la contrepartie est une diminution de la luminosité (flux)).

Les avantages sont :
– Un allongement de la durée de vie de la lampe (souvent mentionné dans les spécifications)
– Une moindre consommation électrique
– Une réduction des besoins de refroidissement, donc du niveau de bruit des ventilateurs.

La plupart des projecteurs intègrent dans leur logiciel d’exploitation un compteur horaire qui comptabilise le temps de fonctionnement de la lampe, et génère des messages d’alarme dans le logiciel d’exploitation, et qu’il convient de remettre à zéro à chaque remplacement de lampe.
Selon les puissances, les durées de vie annoncées pour les lampes à arc vont de 600/800 heures à 5000/8000 heures en mode « éco ». La moyenne se situe vers 1000/2000 heures. La plupart des projecteurs à source « solide » revendiquent des durées de 20 000 heures sans maintenance… (soit 5 ans et demi à raison de 10 heures tous les jours sans exception). On oserait difficilement prendre cela au pied de la lettre.

Fiabilité (MTBF, MTTF, MTTR), durée de vie, modes de défaillance, etc.

La moindre des indications de fiabilité consiste en une spécification de MTBF (temps moyen avant la première panne). Parmi les pannes les plus fréquentes, il faut compter les pannes d’alimentation. Il s’agit là d’une des parties les plus stressées des appareils, surtout à lampe (présence de haute tension et haute fréquence à haute énergie).
Les autres indications relatives à la fiabilité (MTTR, temps moyen de réparation, MTTF, temps moyen entre pannes, λ, taux de défaillances, etc.) ne sont jamais évoquées. Concernant la durée de vie, on mentionne usuellement celle de la source, sachant que le critère de fin de vie n’est pas nécessairement la défaillance totale de l’élément (allumage impossible), mais une certaine perte d’intensité lumineuse.

En conclusion…

En conclusion, le dépouillement des spécifications d’un vidéoprojecteur peut s’avérer épineux, tellement les paramètres sont nombreux et complexes et la part du marketing peut être prépondérante dans certaines des caractéristiques mises en exergue par le fournisseur: Luminosité (flux), contraste et résolution.
D’autre part, il y a, on l’a bien compris, des pièges, et des manières de présenter les choses qui font la part belle à certains aspects et escamotent consciencieusement les « sujets qui fâchent », ou, plus simplement, des caractéristiques particulières qui s’avèreront décisives pour telle ou telle application.
Par exemple, il arrive qu’on mette en avant la résolution maximale prise en compte par l’électronique embarquée, en n’insistant pas trop sur le fait que la résolution native de l’appareil est très inférieure. Comme dans un contrat d’assurance, il faut bien lire les petites lignes et ne pas hésiter à demander des compléments d’informations sur ce qui n’est que suggéré.

Dans les prochains épisodes de cette saga sur la vidéoprojection, nous allons précisément détailler le « comment ça marche », en passant en revue les technologies utilisées dans les divers sous-ensembles fonctionnels qui constituent les vidéoprojecteurs, ainsi que leurs principales caractéristiques, leurs avantages et inconvénients respectifs.

Pour en savoir plus : The ICDM standard, the IDMS1 (Information Display Measurement Standard) was released June 1, 2012. It is the definitive display measurements standard, from the ICDM (International Committee for Display Metrology), cliquer sur le lien ici.

Et avec les autres épisodes :

 

Crédits -

Texte et illustrations JP Landragin