6e Monaco International Clubbing

Les dB de d&b font vibrer le MICS club

La constellation Dushow brille d’une nouvelle étoile avec FA Musique, ses équipes et son parc d&b. L‘occasion leur a été donnée de prouver leur savoir-faire lors du 6e Monaco International Clubbing Show, le MICS, qui s’est tenu dans la Principauté du 4 au 7 novembre 2015.
Et il nous a été possible de découvrir la nouvelle gamme en point source de d&b avec les V7P et V10P soutenus par des V-Sub. Les murs en tremblent encore. SLU vous narre par le détail cette belle installation.

Le Grimaldi forum avec, pas peu fiers d’y être, Christopher Dubost, chargé d’affaires chez Fa à gauche et Julien Chapeland, responsable vente et installation toujours chez Fa Musique à droite.

Le Grimaldi forum avec, pas peu fiers d’y être, Christopher Dubost, chargé d’affaires chez Fa à gauche et Julien Chapeland, responsable vente et installation toujours chez Fa Musique à droite.

Rembobinons si vous le voulez bien le temps jusqu’en 2010, date du premier MICS, et laissons la parole à Jérôme Julien, chargé d’affaires chez Dushow à Nice et travaillant dans le domaine de la nuit depuis une vingtaine d’années.

Jerome Julien

Jerome Julien

Jérôme Julien : « Dès la première édition, nous avons été avec Arpège et Christian Lorenzi partenaire de ce salon créé et toujours dirigé par Richard Borfiga.

Richard Borfiga

Richard Borfiga

Au départ nous n’avons équipé que le club. En un deuxième temps, nous l’avons épaulé dans le montage de la grande scène centrale du salon où se tiennent toutes les performances, dont depuis trois ans la remise des NRJ DJ Awards. NRJ attiré de nombreux DJ internationaux au MICS Club.

SLU : Où se trouve géographiquement le Club ?

Jérôme Julien : Pendant quelques années, il était séparé de l’enceinte du Grimaldi Forum où se tient le salon. Il est désormais revenu dans une salle séparée mais qui fait partie du même bâtiment, ce qui est plus pratique. Il ouvre à 23h et ferme à 5 heures du matin, comme un vrai club.

Deux Y-Sub comme socle on ne peut plus sonore et trois T10 pour nettoyer les oreilles : voici le casque DJ par d&b

Deux Y-Sub comme socle on ne peut plus sonore et trois T10 pour nettoyer les oreilles : voici le casque DJ par d&b

C’est dans cette même salle que j’ai souhaité appeler Fa Musique qui fait partie du groupe Dushow depuis tout juste un an, afin d’y installer un système V d&b que je trouve performant, qui a fait ses preuves en club et qui a séduit tout le monde sur le Rocher, nous valant bien des compliments y compris du directeur du MICS.

SLU : C’est vrai que d&b est très apprécié dans le milieu de la nuit

Jérôme Julien : Complètement, cette marque a une belle notoriété dans ce milieu et a offert un rendu qui pour moi était intéressant. C’est un super système qui marche vraiment bien dans ce cadre précis et le fait que d&b se soit impliqué en collaborant en termes de design et de support avec nos techniciens fait que tout le monde a adoré le résultat.
Fa Musique a joué le jeu tout de suite, à fond, et cela a permis de tisser des liens entre des équipes qui travaillent désormais ensemble.
J’ai par exemple collaboré avec Julien Chapland et Christopher Dubost qui sont des chargés d’affaires et avec Julien Pagnier qui s’est occupé de la partie technique à proprement parler et a conçu, monté et exploité au quotidien le système d&b, tous trois de Fa Musique.

Un nouveau retour DJ par d&b, kartoffel assurée

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SLU : C’est Julien qui a conçu aussi le petit casque en T10 d&b pour les DJ ?

Jérôme Julien : (rires !) Oui c’est ça. Ils ont adoré. On a reçu en off un certain nombre de DJs qui sont venus mixer sans être à l’affiche, et qui l’ont donc essayé sans appréhension.
Les T10 sont assez petits et ne les cachent pas trop une fois posés sur deux Y-Sub stackés, tout en étant à la bonne hauteur et délivrant la pression requise. Ces retours ont joué à temps 0 par rapport aux DJ pour leur offrir la meilleure réactivité.

Le casque DJ en Y-Sub et T10. Ces trois derniers sont bien visibles sur cette image de la régie DJ et pile à hauteur d’oreilles. La distance assez importante avec les subs a rendu la présence de ce monitoring pour le moins musclé, indispensable

Le casque DJ en Y-Sub et T10. Ces trois derniers sont bien visibles sur cette image de la régie DJ et pile à hauteur d’oreilles. La distance assez importante avec les subs a rendu la présence de ce monitoring pour le moins musclé, indispensable

SLU : Tu n’étais pas bloqué par un partenariat de marque ?

Jérôme Julien : Non, le MICS n’avait pas de sponsor officiel pour la sonorisation, j’avais la liberté de choisir une des marques du groupe Dushow à Nice : L-Acoustics ou Meyer. J’ai profité de l’arrivée de Fa pour présenter l’entité d&b au sein du groupe.

SLU : L-Acoustics justement n’a-t-elle pas du boulot à faire pour continuer sa marche en avant en club ?

Jérôme Julien : Oui et non, L-Acoustics arrive en force par le biais de certains DJ internationaux comme Axwell, Guetta ou autres qui exigent dans leur fiche technique d’avoir des retours de cette marque (le fameux casque de deux fois 3 Kara sur un SB18 NDR). Ca prouve que L-Acoustics a pénétré ce marché et qu’au niveau des retours, ils constituent une référence.

SLU : Tu nous parlais de ton expérience du monde de la nuit. Avant de rejoindre Arpège et donc Dushow quel a été ton parcours ?

Jérôme Julien : J’ai commencé à 18 ans en étant light jockey puis responsable technique pour des gros événements liés à la nuit. Le son est venu après car pour être chargé d’affaires dans une société qui traite tous les domaines, il faut être à l’aise partout. Je ne fais pas que ça, je gère aussi des dossiers tels que du corporate, de l’événementiel ou des séminaires, mais c’est vrai que j’ai une bonne connaissance de ce milieu, ce qui simplifie la vie.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au MICS Club on ne s’ennuie pas trop…

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au MICS Club on ne s’ennuie pas trop…

Cela fait 11 ans que je travaille pour Dushow, et j’ai beaucoup développé le marché des clubs éphémères. Je pense par exemple au Gotha à Cannes, le Billionaire et l’Amber Lounge à Monaco où notre savoir-faire technique nous permet d’avoir la confiance pour le montage de gros établissements de réputation internationale. On s’occupe de tout, du son à la vidéo à l’exception des machines à glaçons. (rires !)

La technique son du MICS Club

Julien Pagnier derrière la régie en Pioneer en train d’écouter son casque d&b. Remarquez derrière lui des pendillons ceinturant le « club » et améliorant sans doute son acoustique dans les hautes fréquences.

Julien Pagnier derrière la régie en Pioneer en train d’écouter son casque d&b. Remarquez derrière lui des pendillons ceinturant le « club » et améliorant sans doute son acoustique dans les hautes fréquences.

Après cette entrée en matière, nous avons contacté Julien Pagnier pour avoir tous les détails techniques de cette installation éphémère mais sacrément efficace.
Pour la petite histoire, ce sont 7 D80 qui ont été mis à contribution pour secouer les membranes et les 2000 tympans qui leur font face.

SLU : Avec d&b vous êtes tranquilles question Club chez Fa !

Julien Pagnier : d&b ça sonne très bien en club, surtout les nouvelles séries en trois voies. On a vraiment de quoi bien travailler sur les dance floors car passer de la musique sur CD ou MP3 ne s’appréhende pas de la même façon que mixer un groupe. d&b marche très bien aussi avec de la musique enregistrée.

Une vue de la diffusion effectuée à l’aide de six V7P pour la piste de danse et de six V10P pour les carrés VIP. Les premiers sont fixés verticalement là où les V10P le sont horizontalement. Au fond on distingue un des 4 stacks de V-Sub

Une vue de la diffusion effectuée à l’aide de six V7P pour la piste de danse et de six V10P pour les carrés VIP. Les premiers sont fixés verticalement là où les V10P le sont horizontalement. Au fond on distingue un des 4 stacks de V-Sub

SLU : Tu entends par là que d&b est à l’aise avec des sons très travaillés et sans dynamique ?

Julien Pagnier : Les deux. On peut diffuser tout aussi bien de la musique live avec toute sa dynamique que des sources très compressées. Je crois que c’est l’un des points forts de cette marque.
Je dis « je crois » car je travaille presque exclusivement avec d&b chez Fa, donc j’ai beaucoup moins d’expérience sur d’autres systèmes.

La V, passive mais 3 voies

Une vue indiscrète de la V7P avec au centre le guide d’onde à directivité constante ouvrant à 70° x 40° en charge de l’aigu. Le moteur est un 1,4’’. Le 8’’ en charge du médium est caché derrière le guide et débouche de part et d’autre ce dernier. Enfin le grave, reproduit par un montage dipolaire de deux 10’’, débouche en face avant, tout en haut et en bas de l’enceinte. Ce montage particulier et repris depuis la V line-source lui confère un bon guidage du son jusqu’à des fréquences aussi basses que 350 Hz

Une vue indiscrète de la V7P avec au centre le guide d’onde à directivité constante ouvrant à 70° x 40° en charge de l’aigu. Le moteur est un 1,4’’. Le 8’’ en charge du médium est caché derrière le guide et débouche de part et d’autre ce dernier. Enfin le grave, reproduit par un montage dipolaire de deux 10’’, débouche en face avant, tout en haut et en bas de l’enceinte. Ce montage particulier et repris depuis la V line-source lui confère un bon guidage du son jusqu’à des fréquences aussi basses que 350 Hz

SLU : Quels sont les avantages de disposer d’enceintes point source 3 voies ?

Julien Pagnier : D’avoir un vrai bas médium indispensable en club et qui fait par exemple un peu défaut sur la série Y. Les V en point source reprennent l’essentiel des line-array en V mais ouvrent à 70 x 40 ou 110 x 40, et sonnent de manière aussi bonne et très complémentaire.

En plus ils sont passifs et un canal d’ampli peut en recevoir 2, tout en délivrant une très forte pression. Avec de toutes petites configurations, tu peux générer beaucoup de son, sans parler du D80 qui a fait clairement gagner 3 dB de SPL et beaucoup de dynamique à cette gamme.

La réponse en fréquences de la V7P en mode Standard et Cut, ou comment passer du 60 Hz à -3 dB. La sensibilité de cette enceinte est comme toujours hors norme chez d&b puisque pour 2 kW en crête, elle génère une pression de 142 dB !

La réponse en fréquences de la V7P en mode Standard et Cut, ou comment passer du 60 Hz à -3 dB. La sensibilité de cette enceinte est comme toujours hors norme chez d&b puisque pour 2 kW en crête, elle génère une pression de 142 dB !


Un des quatre stacks de 4 subs cardioïdes V-Sub. Un 18’’ devant, un 12’’ derrière et 137dB avec le D80, 4 de plus qu’avec le bon vieux D12 qui définitivement n’aimait pas trop les grosses gamelles modernes !

Un des quatre stacks de 4 subs cardioïdes V-Sub. Un 18’’ devant, un 12’’ derrière et 137dB avec le D80, 4 de plus qu’avec le bon vieux D12 qui définitivement n’aimait pas trop les grosses gamelles modernes !

SLU : C’est une boîte toute récente la V en point source, vous en avez combien chez Fa ?

Julien Pagnier : Elle est tellement récente que pour le moment nous n’avons qu’une paire de V10P et une paire V7P.
Nous avons donc monté un partenariat avec d&b pour disposer du nombre de têtes suffisant pour cette opération.
Au total nous avons accroché 6 V7P et 6 V10P.
Les subs en revanche, nous les avons en parc puisque ce sont les mêmes que ceux que nous utilisons avec les V en line array, les V-Sub.

Nous en avons installé 16 en tout en stacks verticaux de 4, aux 4 coins de la salle. Il s’agit de subs cardioïdes par l’emploi d’un 18 pouces chargé en bass reflex en face avant et d’un 12 en face arrière.
Ce montage passif permet de charger un canal d’ampli avec 2 subs et se révèle très efficace pour concentrer l’énergie vers l’avant sans trop exciter la salle…

Une salle « bassiphage »

SLU : La salle ne paraît pas vraiment faite pour être transformée en dance-floor…

Julien Pagnier : Ahh non, vraiment pas. Quand j’ai ouvert la première fois ne serait-ce que le grave, j’ai constaté qu’en plus elle creusait des trous entre 50 et 100Hz. J’ai donc du ajouter d’autres subs pour, d’une certaine façon, boucher les trous et obtenir une pression homogène sur la piste et les carrés VIP.

SLU : Ta salle mange du grave ?

Julien Pagnier : Oui absolument. J’ai effectué des mesures avec une seule colonne de subs et du 50Hz, et j’ai constaté la formation d’ondes stationnaires qui annulaient le grave pile devant le DJ ; un scenario à éviter absolument car c’est là que doivent venir s’agglutiner les gens. Comme le placement des subs était défini et non négociable pour plein de raisons liées à la sécurité, il a fallu composer autrement.

Julien Pagnier dévoile la solution choisie pour compenser les ondes stationnaires mangeuses de grave. Quatre subs B4 cachés sous la régie et utilisés avec parcimonie pour remplir le trou régnant face au DJ

Julien Pagnier dévoile la solution choisie pour compenser les ondes stationnaires mangeuses de grave. Quatre subs B4 cachés sous la régie et utilisés avec parcimonie pour remplir le trou régnant face au DJ

SLU : Solution ?

Julien Pagnier : C’était la première fois que je travaillais comme-ca, mais j’ai tout simplement rempli ce trou à l’aide de quatre subs B4 cardioïdes eux aussi, et placés sous le podium du DJ. Ce sont des 15 pouces avec, toujours en passif, un 12 pouces placé dans une chambre arrière qui le charge et crée le retard nécessaire à générer l’annulation d’une partie de l’onde arrière.

Une belle représentation grâce à Array Calc de la couverture et de la pression à 200Hz dans le MICS Club. Le fruit du travail de 12 V point source.

Une belle représentation grâce à Array Calc de la couverture et de la pression à 200Hz dans le MICS Club. Le fruit du travail de 12 V point source.

SLU : Tes B4 jouaient donc sur la même plage de fréquences que les V-Sub. Pas facile de ne pas les rendre à leur tour interférents…

Julien Pagnier : Je les ai fait fonctionner en dosant leur niveau pour juste compenser le trou et avoir un niveau de grave comparable au reste de la salle. Ils étaient à -5dB. Ce qu’ils ont apporté allait bien au-delà des petits désagréments par endroits. Rien à signaler aussi côté praticable et DJ. Il ne fallait pas venir les déranger.

SLU : J’imagine que salle vide et salle pleine c’était différent.

Julien Pagnier : Il n’y a clairement pas photo d’autant plus que les zones VIP étaient surélevées de 40 cm sur des praticables, or sans charge ces structures vibrent terriblement. Une fois la salle pleine, piste comme carrés VIP et l’air bien chaud et humide, le rapport au grave a vraiment changé en notre faveur.
On a joué quatre soirs, et bien entendu le premier a servi d’étalon pour les trois autres, sans oublier les différences sonores énormes entre chaque DJ. Entre ceux qui jouent du Wav et ceux qui au contraire se servent de fichiers MP3 de qualité discutable, j’ai dû ajuster au minimum le niveau global du grave et des têtes et égaliser parfois finement l’aigu. Cela m’a bien occupé durant les 4 soirs.

Qui mieux qu’un vieux briscard comme Dimitri from Paris (Dim, si tu nous écoutes !) pour représenter le monde de la nuit, les bons mix et la French Touch. Il est ici avec un casque entre le R et le J d’NRJ, une radio sur laquelle il a travaillé…il y a bien longtemps.

Qui mieux qu’un vieux briscard comme Dimitri from Paris (Dim, si tu nous écoutes !) pour représenter le monde de la nuit, les bons mix et la French Touch. Il est ici avec un casque entre le R et le J d’NRJ, une radio sur laquelle il a travaillé…il y a bien longtemps.

SLU : Raconte-nous un peu ton casque d’écoute pour DJ qui aiment avant tout la pression sonore

Julien Pagnier : Ohh trois fois rien (rires). Trois T10 et deux Y-Sub par côté. J’ai découvert avec cette prestation le monde des DJ et certains excès, notamment le fait que plus tu leur en mets, plus ils en veulent.
Les T10 apportent un très bel aigu et une précision remarquable, les Y-Sub quant à eux délivrent un grave énorme. Malgré ça et tout en baignant dans le son, ils n’en avaient jamais assez. Comme on dit, ils s’en mettaient plein la courge !

SLU : Ils avaient la main sur le volume de leur écoute ou tu avais interposé un étage entre leur potar et le D80 ?

Julien Pagnier : Non, leur sortie attaquait directement le système de monitoring. J’ai même dû aller en voir certains pour leur demander de monter un peu en salle et baisser leur retour, surtout en début de soirée, car ils étaient plus forts que la face et cela gênait un peu le public et générait quelques accidents.

Phase et pression

Le nid de Julien avec, de gauche à droite, la tablette pilotant le Lake, l’ordinateur ayant la main sur le R1, le portable avec l’indispensable sonomètre, le récepteur du micro HF Shure et enfin la LS9 Yamaha en charge de mélanger le micro HF avec les généraux en provenance de la console DJ.

Le nid de Julien avec, de gauche à droite, la tablette pilotant le Lake, l’ordinateur ayant la main sur le R1, le portable avec l’indispensable sonomètre, le récepteur du micro HF Shure et enfin la LS9 Yamaha en charge de mélanger le micro HF avec les généraux en provenance de la console DJ.

SLU : La mise en phase a été difficile ?

Julien Pagnier : Non pas trop. J’ai forcément fait le choix d’aligner les têtes sur les subs, entre 3 et 5 ms entre les deux, en favorisant les coins où ces derniers se trouvaient. Les T10 ne m’ont jamais créé de filtre en peigne.

SLU : Comment as-tu géré le niveau en salle ?

Julien Pagnier : J’ai toujours gardé la main sur un Lake qui ne servait qu’à piloter le niveau du système avec un limiteur prêt en cas de besoin.
J’avais aussi installé un dB mètre pour connaître et afficher le niveau en salle et quoi qu’il en soit, il ne fallait pas que je dépasse 105 dBA LEQ sur 15 minutes.
Le plus fort a été un soir où nous avons atteint 104 dBA. J’ai fait en sorte que le niveau reste agréable avec un sentiment de puissance mais à la fois un volume permettant de se parler sans se hurler dessus. Les gens ont vraiment apprécié. L’avantage aussi de cette tête d&b est son absence totale d’agressivité, ce qui permet par exemple les grands coups de filtrages créatifs des DJ sans arracher la tête.

Ahh le micro, quel bonheur de crier dedans !

Ahh le micro, quel bonheur de crier dedans !

Mes plus grosses crêtes ont été générées par le micro mis en place pour les DJ et assez mal employé en criant dedans. Il a nécessité la présence d’une console LS9 Yamaha pour le mélanger au son de la Pioneer. Du coup, j’en ai profité pour numériser mon signal avec cette table, sinon je l’aurais fait dans le LM44. Le gros point fort des D80 est d’avoir une puissance impulsionnelle énorme, et avec les limiteurs des presets des enceintes, tout a été sous contrôle et parfaitement intelligible.

SLU : Et pour conclure, cela s’est bien passé avec Dushow cette opération ?

Julien Pagnier : (enthousiaste) Ahh oui ! On a eu une super collaboration avec Dushow Nice et avec Jérôme Julien. Un grand merci aussi à d&b France puisque Didier Lubin et Xavier Cousyn outre nous avoir fait avoir le matériel directement chez FA, sont aussi descendus écouter. Je ne te dis pas la pression pour moi (rires) !
Le fait d’avoir eu les enceintes à l’avance en atelier m’a permis de lever tous les doutes en termes de configuration et d’accroche. Je suis convaincu que nous allons avec d&b apporter une nouvelle carte à Dushow. Ils connaissent bien leurs deux marques, mais quand ils ont vu le V7P qui pour 33 kilos délivre 142 dB à un mètre, la facilité d’emploi et le son, ils ont beaucoup apprécié. Personnellement je n’en doutais pas.

Une vue panoramique de la salle du Grimaldi Forum transformée en club par Dushow Nice

Une vue panoramique de la salle du Grimaldi Forum transformée en club par Dushow Nice

SLU : Du coup Fa va en rentrer ?

Julien Pagnier : Je pense oui. En novembre nous avons vraiment eu les tous premiers modèles et l’examen a été passé haut la main. On va en commander en 2016 au moins autant qu’on en a déployé à Monaco. C’est impec pour du side, du front fill puissant ou bien une diff principale plus costaud qu’avec des Y en les posant sur deux sub. Les applications sont vraiment multiples.

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A l'Olympia

Le son Clair de Cabrel servi par Audio Concept et ciselé par Ludovic Lanen

Francis Cabrel fait partie de ces artistes intemporels et rares, fidèles et populaires, qui pourraient se contenter d’un micro chant et d’une ligne pour leur guitare.
C’est pourtant avec un groupe remarquable que nous l’avons écouté à l’Olympia, sonorisé en Clair Bros grâce à Audio Concept et éclairé tout en subtilité par Spectaculaires. Une soirée avé l’accent sur le plateau comme en régie.

Audio Concept Clair Brothers Cabrel

Il est 16:30. Les balances sont encore loin et il règne dans l’Olympia un calme que pas même les turbines des projecteurs et le minuscule souffle de la diffusion ne viennent troubler.
Avec son bel accent et son regard marqué par la fatigue, Dominique Maurel est venu nous accueillir à l’ascenseur qui plonge dans le saint des saints. L’instant est venu d’attaquer avec lui bit en tête !

A gauche Ludovic Lanen, l’ingé façade et à droite Dominique Maurel, la tête, les jambes et les oreilles d’Audio Concept. Ludovic…avec un prénom pareil, c’est évident qu’il sait mixer !

A gauche Ludovic Lanen, l’ingé façade et à droite Dominique Maurel, la tête, les jambes et les oreilles d’Audio Concept. Ludovic…avec un prénom pareil, c’est évident qu’il sait mixer !

SLU : Dominique, c’est un grand classique qu’on ressort assez souvent aux techniciens qu’on interviewe. Tu as l’air bien fatigué !

Dominique Maurel (ingé Système, gérant Audio Concept & distributeur Clair Bros pour la France) : C‘est le cas. La tournée est très belle mais intense et pour le moment je suis seul pour m’occuper du système. Plus tard lors des Zéniths j’aurai un assistant car j’ai la moitié des boîtes qui est restée dans le camion et deux bras n’y suffiraient pas.

Il y a 25 ans Audio Concept est lancé

SLU : Tout d’abord, comment est né Audio Concept ?

Dominique Maurel : En 1991, chez moi avec un petit peu de matériel. C’est une entreprise individuelle. Je suis toujours tout seul. Avec l’afflux de travail, je n’ai jamais cessé d’investir. Je suis un passionné et me suis formé tout seul ou presque. Au grand désespoir de mes parents, j’ai fait du son (rires) !

Une vue imprenable sur les i212 de Clair Bros dans les velours rouges de l’Olympia

Une vue imprenable sur les i212 de Clair Bros dans les velours rouges de l’Olympia

SLU : Tu ne peux pas être tout le temps tout seul…

Dominique Maurel : Non bien sûr, j’ai mon Label et suis entouré d’une équipe d’intermittents prêts à m’aider quand nécessaire.

SLU : Tu as commencé comment ?

Dominique Maurel : J’ai commencé autour de Valence d’Agen dans le Tarn et Garonne avec des petites associations qui ont organisé des festivals de plus en plus gros et j’ai grandi avec elles. J’ai aussi prospecté mais il faut avouer que ce n’est pas mon point fort !

Le bouche à oreille a aussi très bien marché. Un jour on m’a demandé d’aller mettre du matériel à Astaffort (30 km de Valence d’Agen NDR). Je suis parti avec mon petit fourgon. Cela s’est bien passé et j’y suis depuis 20 ans. Il y a 7 ans Francis m’a dit très simplement que ce serait bien si je m’occupais de sa tournée Des Roses et des Orties car il souhaitait garder cet enracinement local qui lui tient à cœur. J’ai pas mal stressé car c’était ma première grosse presta et cela m’a valu quelques nuits blanches.

J’avoue que le montage de la tournée actuelle a été beaucoup plus relax. Toujours fatigant mais relax (rires) ! J’ai préparé des racks, du câblage et tous les accessoires rendant la vie plus facile, et c’est moi qui ai tout câblé. S’il y a un pain, je sais où chercher. 

SLU : Où as-tu appris à caler un système ?

Dominique Maurel : J’ai appris en discutant avec des autres techniciens et en manipulant. Lors de la dernière tournée de Francis, Jean Lyonnet assurait le calage et j’ai beaucoup appris en l’assistant. J’ai fait des études de physique, j’ai donc des bases mathématiques pour comprendre par exemple ce qu’est la phase. J’ai dévoré aussi les docs et les bouquins et je me suis lancé.

Maxime Minimax Menelec

Maxime Minimax Menelec

Il y a enfin des mecs extra comme MiniMax que tu dois connaître (naaaan, quelle idée. La bise Max ! NDR) et qui ne sont pas avares de conseils. Je l’ai connu il était haut comme ça, et quand tu vois où il en est, je dis bravo. Il le mérite complètement.
Un jour il est venu chez moi, il était intéressé par le système Clair que je venais de rentrer. Il a assisté à une démo que j’avais organisée et m’a dit : « Je peux venir chez toi un jour pour mesurer ton système? » On l’a monté, il a passé la journée à faire des mesures et il a rédigé un petit dossier. C’est un passionné. Dès qu’il a des infos, il les transmet.

SLU : Au fait, comment tu fais à avoir ton Label en étant seul dans ta boîte…

Dominique Maurel : Ce n’est pas simple ! L’hiver 2014 où c’était très, très calme on m’a dit que pour être dans les clous je devais embaucher un CDI plein temps. Je me demande bien qu’est-ce que je lui aurais fait faire et comment je l’aurais rémunéré.
J’aurais mis ma boîte en danger voire la clé sous la porte. Je comprends le raisonnement du Label, mais la réalité est toute autre.

Clair Bros prend l’accent du Sud-Ouest

SLU : Raconte-nous ta rencontre avec Clair car là, nous sommes loin de l’entreprise individuelle !

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Dominique Maurel : Je connaissais la marque pour avoir vu des tas de concerts où Clair était de la partie et j’étais fan. Je le suis d’ailleurs toujours. Je les avais approchés pour savoir s’ils accepteraient de vendre leur matériel mais à l’époque, ils n’étaient que prestataires. Plus tard j’ai appris que la distribution était assurée en France par HMS, une société basée à St Nazaire, qui installait la marque sur des navires de croisière.

J’ai sauté sur l’occasion et acheté le petit système 208. Quand j’ai voulu acheter le 212 j’ai appris qu’entre Clair et HMS qui est maintenant dans le groupe Vidélio, ça n’allait pas fort. J’ai donc contacté HMS pour les prévenir et je suis passé en direct avec Clair qui m’a invité à aller les voir pour me former à ce nouveau système. Je suis donc parti aux USA où j’ai été accueilli d’une façon remarquable qui te fait oublier que tu n’es que le petit installateur de province, et c’est là que la proposition m’a été faite de récupérer la carte pour la France.
Je n’ai eu de cesse de les mettre en garde quant à la difficulté de percer sur le marché exagonal et mon peu d’expérience et de temps pour me battre contre des marques bien implantées, mais comme ils souhaitent avant tout être bien représentés en France, j’ai accepté. Ils sont ravis de cette première tournée de 85 dates d’un grand artiste français en i212, et viendront nous rendre visite en 2016.

Audio Concept Clair Brothers Cabrel

SLU : Et quand tu as besoin de matériel en plus ou bien de matériel pour des démos, tu le trouves où, chez Audio Rent ?

Dominique Maurel : Non, je traite en direct avec Clair. Ils m’envoient ce dont j’ai besoin sous 5 jours par avion. Il en va de même avec les pièces de rechange. J’ai un petit stock mais sinon via FedEx cela m’arrive très vite. Cela dit, je n’ai pas de casse. Ca fait 5 ans que je tourne avec cette marque et je n’ai rien cassé. Les presets dans les amplis protègent vraiment bien les HP.

SLU : Y-a-t-il d’autres importateurs Clair en Europe ?

Dominique Maurel : Oui, il y a une grosse boîte au Benelux et Allemagne qui s’appelle The Audio Specialists. Ils distribuent entre autres Clair, Midas, Lake et Lab. Je crois que c’est tout.

La diffusion en Clair Bros de la tournée

La ligne du système principal Clair Bros de cour. 2 subs iS218-M ouvrent le bal et sont prolongés par 6 têtes i212-M90

La ligne du système principal Clair Bros de cour. 2 subs iS218-M ouvrent le bal et sont prolongés par 6 têtes i212-M90

SLU : Revenons à cette tournée. Tu voyages avec combien de têtes, renforts de basses et subs ?

Dominique Maurel : 24 têtes i212 et 12 subs dont 8 iS218 prévus pour être accrochés et 4 CS218 pour être posés, mais ce sont les mêmes.
Pour les Zéniths, j’accrocherai douze i212 par côté et derrière chaque ligne 4 subs. C’est un montage qui marche bien.
Si besoin est, je mettrai en plus les 4 derniers subs au sol. Ici à l’Olympia J’ai accroché 6 têtes sous deux subs pour le balcon, et j’ai à l’orchestre et par côté un sub et trois têtes i208.

Ludovic Lanen (ingé son face et concepteur de micros) : Ce n’est pas une tournée où l’on a besoin de beaucoup de pression dans le bas. Ca nous arrive dans des salles plus grandes d’avoir le même nombre de subs en l’air et au sol et ces derniers sont à -2dB…

Dominique Maurel : Je voyage en revanche bien pourvu en i208, j’en ai 16 en tout, pour déboucher les côtés. J’en ai trois par côté ici pour arroser sous le balcon. Pour l’infill j’ai deux Kit12+ biamplifiées et des FF2-HP pour les lipfills et pour redonner des couleurs à l’aigu sous la casquette du balcon.

Le système en charge de l’orchestre avec par côté un sub CS218-M, la version faite pour être stackée, trois i208-M90 pour arroser le parterre et sous le balcon. Pour fermer le centre, une KIT12 en version bi-amplifiée en guise d’infill

Le système en charge de l’orchestre avec par côté un sub CS218-M, la version faite pour être stackée, trois i208-M90 pour arroser le parterre et sous le balcon. Pour fermer le centre, une KIT12 en version bi-amplifiée en guise d’infill

Le FF2-HP, ici accroché au balcon pour revigorer le son sous la casquette, est idéal pour déboucher et opérer dans des petits lieux. Le H est là pour Horizontal et le P pour Passif. Il existe donc la même en actif deux voies et un dernier modèle équipée d’un tweeter à ruban. On pense à tout chez Clair.

Le FF2-HP, ici accroché au balcon pour revigorer le son sous la casquette, est idéal pour déboucher et opérer dans des petits lieux. Le H est là pour Horizontal et le P pour Passif. Il existe donc la même en actif deux voies et un dernier modèle équipée d’un tweeter à ruban. On pense à tout chez Clair.


Deux visions différentes du rack d’ampli. A gauche celle officielle de touring voulue par Clair avec quatre PLM10000Q et un PLM20000Q, ces 5 amplis totalisant 20 canaux et 60 kW et alimentant 8 têtes et 4 subs. A droite le petit frère monté de toutes pièces par Dom Maurel. Pas mal pour une petite boîte !

Deux visions différentes du rack d’ampli. A gauche celle officielle de touring voulue par Clair avec quatre PLM10000Q et un PLM20000Q, ces 5 amplis totalisant 20 canaux et 60 kW et alimentant 8 têtes et 4 subs. A droite le petit frère monté de toutes pièces par Dom Maurel. Pas mal pour une petite boîte !

L’amplification est en Lab.gruppen marquée Clair ou pas. Les i208 peuvent être alimentés via des racks maison, en revanche dès le i212, Clair exige qu’on utilise ses racks et ses câblages afin de garantir qualité et interopérabilité.
Les câbles au sol et qui sont effectivement trop longs sont des 75 pieds pour sonoriser des Zéniths, d’où une section très importante. Clair adapte la section à la longueur, rien n’est figé.

Ce que tu vois ici est un rack standard prévu pour alimenter 4 subs et huit têtes, un ratio 1 pour 2 assez classique. Il embarque quatre PLM 10000 pour les têtes et un PLM 20000 pour les subs. On voyage avec 4 de ces racks plus ceux qui servent pour les retours.


Les BIRDs, des espaceurs en couleur permettant tous les angles possibles et inimaginables sur les line arrays Clair

Les BIRDs, des espaceurs en couleur permettant tous les angles possibles et inimaginables sur les line arrays Clair

SLU : Comment prends-tu les angles avec les i212 ?

Dominique Maurel : Tu peux le faire en tension ou en compression. Je préfère cette dernière option qui permet sans forcer de faire les angles les boîtes suspendues et encore au niveau du sol, après il suffit de compresser avec un petit palan à chaîne à l’arrière et la ligne prend sa forme.
On peut descendre jusqu’à des valeurs de 0,25° près grâce aux Bird qu’on place tel un accessoire dans les goupilles.
Ils ajoutent une infinité de combinaisons et d’angles nouveaux en plus des préréglages de base offerts par les enceintes elles-mêmes.

SLU : Cela ne parait pas archi moderne…

Dominique Maurel : Non, mais c’est très efficace et ultra simple à mettre en œuvre. Ca évite aussi d’avoir plein d’accessoires à l’arrière des boîtes.

Ease Focus 2 aux couleurs de Clair Bros avec les paramètres et la prédiction pour le balcon de l’Olympia.

Ease Focus 2 aux couleurs de Clair Bros avec les paramètres et la prédiction pour le balcon de l’Olympia.

Cette fois-ci c’est l’orchestre de l’Olympia qui est affiché avec le balcon en mode mapping

Cette fois-ci c’est l’orchestre de l’Olympia qui est affiché avec le balcon en mode mapping


SLU : C’est étrange que Clair Bros fabrique des enceintes et que Clair Global le prestataire en fasse autant de son côté. Vu de France, cette dichotomie entre les deux filiales paraît un peu contreproductive

Sébastien Bramardi, l’ingé son retours de la tournée en pleine balance

Sébastien Bramardi, l’ingé son retours de la tournée en pleine balance

Dominique Maurel : Disons qu’elle pourrait rapidement se calmer, car quand une star aux USA comme Garth Brooks dit à Clair Global qu’elle veut tourner en i218 en lieu et place des gros systèmes de touring prévus à cet effet, les deux parties ne peuvent que mieux travailler ensemble !

SLU : Comment se passe le partage entre face et retours au niveau des consoles ?

Gilles Gautrois (support technique Midas pour EVI et présent le soir de notre passage) : Le choix a été fait de partir avec deux splits DL231 à double préampli micro séparé.
Chaque unité accepte 24 micros sur scène ce qui fait un patch de 48 entrées, et chaque console gère séparément son étage d’entrée « personnel ».


Les wedges historiques de Clair, les 12AM, ici en actif sur des PLM Lab.gruppen, existent garnis de HP mais aussi d’écrans LCD afin de servir de moniteur vidéo pour tous usages. Comme de très nombreux artistes, et surtout comme tous les présentateurs télé, Francis Cabrel a souhaité disposer d’un prompteur pour se rassurer

Les wedges historiques de Clair, les 12AM, ici en actif sur des PLM Lab.gruppen, existent garnis de HP mais aussi d’écrans LCD afin de servir de moniteur vidéo pour tous usages. Comme de très nombreux artistes, et surtout comme tous les présentateurs télé, Francis Cabrel a souhaité disposer d’un prompteur pour se rassurer

Le DL231 est une version plus abordable du 431 (qui avait été créé pour l’XL8 lors de son lancement). Les deux splits sont routés vers le rack DSP des deux Pro6.
Pour les sorties, Seb (astien Bramardi, ingé retours NDR) qui en a le plus besoin, les récupère en analogique pour les ears sur un des 231.

Et pour les wedges il retrouve sa modulation en AES sur un 451 qui est équipé de deux cartes spécifiques lui donnant 16 sorties numériques. Il attaque donc ses Lab.gruppen en AES.
Un dernier 155 offre les sorties AES pour attaquer le système.

Ludovic Lanen, entre scène, studio et micros

La régie son et éclairage de l’Olympia tout en bas du balcon avec Ludo Lanen en train d’écouter le début des balances et Dom Maurel qui l’assiste au système. A gauche les deux rutilantes GrandMa2 de Spectaculaires

La régie son et éclairage de l’Olympia tout en bas du balcon avec Ludo Lanen en train d’écouter le début des balances et Dom Maurel qui l’assiste au système. A gauche les deux rutilantes GrandMa2 de Spectaculaires

SLU : Ludovic, quand as-tu commencé à travailler avec Francis ?

Ludovic Lanen (ingé son studio et façade) : La première fois c’était lors des enregistrements de l’album Sarbacane (il y a près de 30 ans NDR). J’ai toujours travaillé en studio et sur scène mais dernièrement je me consacre essentiellement à la scène, non pas que je n’aime pas le studio, mais à cause de l’état sinistré de l’industrie du disque, il n’est plus possible d’en vivre.

SLU : Tu as donc connu la belle époque de Polygone

Ludovic Lanen : Ohh oui, quand nous y avons enregistré Sarbacane, le studio était tout neuf. Un superbe endroit disparu comme tant d’autres beaux studios.

L’équipe son au grand complet. De gauche à droite Ludovic Lanen, ingé son face, Gilles Fortin, assistant plateau, Sébastien Bramardi, l’ingé son retours et Dominique Maurel, le boss d’Audio Concept.

L’équipe son au grand complet. De gauche à droite Ludovic Lanen, ingé son face, Gilles Fortin, assistant plateau, Sébastien Bramardi, l’ingé son retours et Dominique Maurel, le boss d’Audio Concept.

SLU : Quelles similitudes et quelles différences trouves-tu entre ton métier en studio et sur scène ?

Ludovic Lanen : Cela n’a rien à voir. Sur scène il faut savoir aller à l’essentiel très rapidement, alors qu’en studio tu peux t’y prendre dix fois, mais sans rater la bonne prise ! C’est pareil au niveau des micros, tu peux en essayer plusieurs, en mettre deux pour choisir après coup lequel garder.
Sur scène au contraire tu places le modèle dont tu sais qu’il fera à coup sûr l’affaire. Sur cette tournée je dois avouer que nous avons eu pas mal de temps pour bien répéter, mais c’est rare d’avoir ce luxe. Le live t’apporte aussi une certaine excitation liée au côté unique de la performance. Cela nous arrive souvent de nous laisser surprendre.

Cette tournée par rapport à la précédente comporte une guitare électrique en moins, ce qui modifie la nature des arrangements et ajoute une part d’acoustique ou Francis trouve mieux sa place, sans essayer de passer par-dessus un orchestre plus musclé. Nous avons aussi des choristes qui apportent de la cohésion avec le dernier album qui en emploie beaucoup, et viennent aussi poser leur voix sur d’autres titres plus anciens qui s’y prêtent.

Une vue de la scène et de l’éclairage classe et très fouillé de Spectaculaires

Une vue de la scène et de l’éclairage classe et très fouillé de Spectaculaires

SLU : Ton travail consiste à écouter au travers de haut-parleurs. Entre ceux de studio et ceux de sonorisation, c’est vraiment différent non ?

Ludovic Lanen : En fait les enceintes studio et celles pour le live ne sont plus si différentes que ça. De moins en moins. Si on fait abstraction de certaines salles assez catastrophiques où rien ne marche, les nouveaux systèmes avec leurs filtres à phase linéaire valent certaines enceintes de monitoring. Il faut dire aussi qu’à Paris, des grosses écoutes studio, bien réglées et rigoureuses dans leur rendu, je n’en connais pas des tonnes. Un bon système de sonorisation bien réglé dans une jolie salle, ça sonne sacrément bien. On n’en est plus à la grosse sono toute en puissance dont il fallait juste éviter que ça accroche…

Le très beau kit de Denis Benarrosh. Attaque, précision, résonance, tout y est

Le très beau kit de Denis Benarrosh. Attaque, précision, résonance, tout y est

SLU : Pour faire une analogie avec le studio, tu exerces deux métiers : tu mixes et tu masterises.

Ludovic Lanen : Exact. Je dirais même trois. La prise, le mix et le mastering en même temps, mais c’est différent. Des petits pains, des approximations sans gravité passent parfaitement là où en studio tu serais obligé de refaire une piste.

SLU : Donc ton tom floor qui est long comme un bouchon de mois d’août, tu lui règlerais son compte en studio ?

Ludovic Lanen : Une fois que ça joue on ne l’entend plus… Oui sans doute je tenterais de le nettoyer un peu mais à la fois cela dépend des musiques. C’est important de laisser vivre les instruments avec certains défauts car cela fait partie du son et du rendu d’ensemble.

Un regard lucide sur le bois qui sonne

SLU : Pour en revenir à la diffusion, tu as dû côtoyer à peu de chose près tout ce qui se fait…

Ludovic Lanen : Oui sans doute. Tous les grands systèmes récents des marques les plus connues, Clair, L-Acoustics, d&b, Adamson ou Nexo pour ne citer que ceux qui me viennent à l’esprit, s’ils sont bien mis en œuvre, ça marche terrible. En revanche je croise parfois dans des petites salles des enceintes qui ressemblent à des line-arrays sans en être, et qui ne sonnent pas du tout, je pense à un français et à un italien que je ne nommerai pas.

SLU : Quels critères recherches-tu d’abord dans une diffusion ?

Ludovic Lanen : La couverture, l’intelligibilité, l’équilibre afin que le son soit le moins coloré possible et par ricochet la transparence. La bonne diff est celle qu’on n’entend pas. Je ne suis pas à la recherche du boulet, surtout pour Francis. Déjà personnellement je n’aime pas quand le son est fort, mais au-delà de ça, l’artiste lui-même demande à ce que le son en salle ne soit pas fort pour éviter de l’être sur scène. Une moyenne de 92 ~ 93 avec, lors de certains titres 95 voire quelques dB en plus quand la salle tape dans ses mains, c’est largement suffisant. Nous avons pas mal de statiques sur scène, on ne pourrait de toute façon pas aller beaucoup au-delà en pointe.

Audio Concept Clair Brothers Cabrel

Quand tu assistes à des concerts de variété française entre 103 et 105 dBA, c’est trop fort et ça ne se justifie pas. Il suffit de parler avec les spectateurs pour se rendre compte qu’ils ne demandent pas de tels niveaux et que cette pression rend la compréhension des paroles problématique. Je protège mes oreilles fatiguées par l’âge et mon travail avec des bouchons lorsque j’accueille par exemple à Marcillac, et je le fais par nécessité. Certains concerts sont difficiles à supporter sans. Qu’est-ce que ça veut dire… Les spectateurs mettent des bouchons, les artistes mettent des bouchons, à quoi bon !

SLU : Comment vous êtes-vous rencontrés avec Ludo ?

Dominique Maurel : Aux rencontres d’Astaffort où je fournis un peu de matériel, la régie, quelques boîtes et un peu de retours. Je mixe aussi certaines soirées. On s’est précisément rencontré lors d’une soirée avec les Beatles comme thème où Ludo est venu sur place.

Une histoire de micros

SLU : Question micros il y a du Shure en HF et quelques micros Prodipe.

Ludovic Lanen : Les HF en Shure c’est naturel, ça marche très bien.

Dominique Maurel : Et c’est ce que j’ai en parc. J’ai fait ce choix car les émetteurs acceptent des capsules extrêmement demandées et présentes sur tous les riders. Tu ne peux pas manquer de SM58 et de Beta58 quand tu es prestataire…

Ludovic Lanen : En ce qui concerne la marque Prodipe, je collabore avec eux, je me suis donc fait prêter par la maison mère ce dont j’avais besoin pour la tournée. Francis chante par exemple dans un micro Prodipe. Filaire. Je ne comprends pas qu’on donne un HF à un artiste qui ne se déplace pas de son point de chant. On a beau dire, un fil ça sonne mieux qu’une onde et en comparant les deux avec la même tête, il n’y a pas photo. Pour revenir à Prodipe, j’ai aussi trois petits micros de cette marque sur l’accordéon avec des adaptateurs pour les employer avec des packs émetteurs Shure car les nôtres sont en cours de finalisation de développement.

Les micros Prodipe AL21 pour l’accordéon d’Alexandre Léauthaud

Les micros Prodipe AL21 pour l’accordéon d’Alexandre Léauthaud

Le micro chant filaire de Francis Cabrel. Un capteur Prodipe, le MC1 Lanen. Tant qu’à avoir ses oreilles pour mettre au point les micros, autant les sigler de son nom !

Le micro chant filaire de Francis Cabrel. Un capteur Prodipe, le MC1 Lanen. Tant qu’à avoir ses oreilles pour mettre au point les micros, autant les sigler de son nom !


La contrebasse de Nicolas Fiszman avec bien visible tout en noir, le BL21 de Prodipe

La contrebasse de Nicolas Fiszman avec bien visible tout en noir, le BL21 de Prodipe

SLU : Les trois micros sur un émetteur ?

Ludovic Lanen : Non, je sépare les mains pour avoir à la console le grave et l’aigu de cet instrument, donc un pack reçoit deux micros à la fois pour l’aigu et le second un seul pour le grave.
Les capsules veulent voir une impédance de 2 kΩ, donc dans l’adaptateur en Y il y a une résistance de 2000 Ω entre le transducteur et la masse.
Nous avons aussi un micro Prodipe sur la contrebasse mais uniquement pour deux morceaux et un ruban sur l’ampli guitare.
La batterie aussi est en partie repiquée à l’aide de la mallette de micros pour cet instrument de la marque..

Le DRM-C de Prodipe sur la caisse claire à billes de Denis Benarrosh, tiré de la mallette très complète du même fabricant

Le DRM-C de Prodipe sur la caisse claire à billes de Denis Benarrosh, tiré de la mallette très complète du même fabricant

Avec sa grosse tête toute dorée, un micro à ruban pour le repiquage de l’ampli guitare, le Ribbon 1. Ici il s’agit du proto de Ludovic, mais le modèle de série diffère très peu. A sa gauche un statique Lewitt. Comme le dit avec humour Ludovic, on a un micro chinois et un fabriqué en Chine et pourtant ça sonne

Avec sa grosse tête toute dorée, un micro à ruban pour le repiquage de l’ampli guitare, le Ribbon 1. Ici il s’agit du proto de Ludovic, mais le modèle de série diffère très peu. A sa gauche un statique Lewitt. Comme le dit avec humour Ludovic, on a un micro chinois et un fabriqué en Chine et pourtant ça sonne

SLU : Enfin, batterie, set de percussions (rires) !

Ludovic Lanen : Ahh ça c’est Denis… Il a par exemple trois caisses claires dont une faite à partir d’un couvercle de poubelle avec à l’intérieur des billes ou bien des cymbales en acier martelé.

La Gretsch de Denis Benarrosh, un kit jazz classique pour ce qui est de la futaille mais terriblement customisé en ce qui concerne les caisses claires au nombre de trois...

La Gretsch de Denis Benarrosh, un kit jazz classique pour ce qui est de la futaille mais terriblement customisé en ce qui concerne les caisses claires au nombre de trois…

... et des cymbales faites et martelées à la main par un artisan de Seattle, Gregg Keplinger, à partir d’acier pour la plupart. Déroutant voire dérangeant mais extrêmement original et tellement bien joué…

… et des cymbales faites et martelées à la main par un artisan de Seattle, Gregg Keplinger, à partir d’acier pour la plupart. Déroutant voire dérangeant mais extrêmement original et tellement bien joué…


SLU : Dominique, Audio Concept possède les deux PRO6 Midas de la tournée ?

Dominique Maurel : Une oui, l’autre est en location, mais je pense la racheter à la fin de la tournée car on sera près de la saison des festivals et elle tournera bien. Et puis c’est une excellente console très fiable et avec un excellent son.

Ludo mixe, Francis régale, l’autre Ludo shoote et Midas et MA « sapindenoelisent »

Ludo mixe, Francis régale, l’autre Ludo shoote et Midas et MA « sapindenoelisent »

Ludovic Lanen : C’est vrai, elle sonne très bien, mais j’ai souvenir d’avoir mixé au New Morning des live sur une DM2000 Yamaha qui sonnait aussi et parfois d’avoir eu le temps de retravailler des morceaux chez moi, dans mon ProTools en devant cravacher pour faire mieux qu’avec la Yam. J’ai aussi enregistré et mixé des albums avec la 02R honnie et le vieux ProTools et pourtant je te promets que je n’ai pas honte en les ré écoutant aujourd’hui. Cela dit, il est vrai que le nouveau ProTools HDX sonne beaucoup mieux

SLU : Question effets c’est sobre.

Dominique Maurel : Ludo m’a demandé une PCM92, une TC 4000 et un TC DTwo. Pas de préampli externe ou d’autres fioritures du même genre. Dans le rack il y a aussi un Klark 9650 qui convertit l’AES50 en Dante et permet l’enregistrement dans un mac mini.

Ludovic Lanen : Je peux prendre la main sur le mac au travers du clavier et de la souris de la console en utilisant un des écrans de la Pro6. C’est extrêmement pratique. Grâce à ces enregistrements je peux écouter la salle et faire des soundchecks virtuels. On garde toutes les pistes pour peut-être en faire un jour quelque chose. Au prix des disques durs, c’est irrésistible. J’enregistre en 48/24 pour bénéficier des 64 canaux Dante.

Ci-après La visualisation des tranches de la Pro6 sur tablette

Audio Concept Clair Brothers Cabrel

Audio Concept Clair Brothers Cabrel


La prise en main est totale, tous les paramètres peuvent être affichés et modifiés. Entrée, compresseur, noise gate, égaliseurs, et si le choix a été fait de disposer de graphiques en sortie, il est possible de les télécommander bien entendu aussi à distance ce qui est essentiel quand on veut par exemple sculpter un wedge en étant dessus.

CONCLUSION

C’est fréquent que l’on tire un coup de chapeau à la technique, je dirais même qu’on est là pour ça, c’est en revanche moins habituel qu’on aille piocher dans le coffre à compliments des adjectifs comme « courageux, surprenant ou méritant » et pourtant, comment faire autrement avec Dominique Maurel, la tête, les jambes et les oreilles d’Audio Concept. Francis Cabrel l’a jeté dans le grand bain et il s’y sent bien.
Installation, calage, exploitation, gestion, représentation, accueil de la presse, il se démène pour que cette tournée soit la vitrine de sa société et de Clair Bros, et y parvient sans difficulté. Il va juste augmenter son ratio de cheveux blancs ! Tout respire le professionnalisme et la maîtrise technique.
Les marques, les modèles, le câblage, le déploiement, le calage rigoureux, l’ensemble fonctionne sans anicroche et permet à Francis Cabrel d’offrir un show où ses textes sont portés par un rendu qui peut caresser comme décoller du sol grâce au travail tout en finesse de Ludovic Lanen.

Audio Concept Clair Brothers Cabrel

Quelques notes jouées durant les balances suffisent à saisir l’essence de la captation et du mix de Ludo mais aussi la personnalité de la diffusion. L’aigu notamment est d’une finesse et d’une douceur remarquables, très proche de ce qu’offre par exemple le Kara, mais avec un grave plein et particulièrement riche. Le public dans une salle saine comme l’Olympia ne change pas grand-chose au mix aéré de Ludo et c’est tant mieux.

Les plans sonores sont amples et précis et le grave chaud et rond à souhaits. Les instruments sont assez en dedans et font la part belle au chant. On n’est pas loin d’un mix studio sauf peut-être une petite dureté dans la voix lead, les fameux « cheu » et « seu ». Est-ce Ludo, Nicolas Fiszman, le système Clair, sans doute un peu des trois, mais la contrebasse est somptueuse. Elle a l’attaque, la rondeur et toute sa place dans le mix. Un bijou. Bravo à tous et bonne route.

D’autres informations sur :

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En 2016

Show MUST go on

Ecrire des vœux est un exercice délicieux que nous chérissons chaque année tout autant que d’accueillir le vieux monsieur avec ses rennes volant au sans plomb.
2015 déroge pourtant à cette règle et toutes nos pensées vont encore et toujours aux victimes de la barbarie et à leurs proches.
Une certaine forme de désaffection frappe aussi nos lieux de spectacle et nombre de représentations et de tournées ne font pas le plein, ce qui rejaillit sur les techniciens, les distributeurs et les fabricants de matériel. Il est grand temps que nos politiques se penchent sur ce problème.

SoundLightUp Slide Voeux

Mais écrire des vœux c’est aussi et surtout vous souhaiter des rêves, une infinité de rêves et vous garantir que c’est possible de les transformer en réalité, nous y sommes parvenus avec Soundlightup et pourtant ce n’était pas gagné…

Pour cela on va encore plus parler de vous, de vos idées, de vos expériences, de vos sociétés, de votre matériel et vous apporter ainsi l’envie d’avoir envie comme dirait Johnny sur scène face à son public. Et on en a tant besoin d’artistes et de public !
Plus que jamais nous allons être votre compagnon de route en 2016. Avec chaque mois 8 reportages, articles de fond, interviews et bancs d’essais exclusifs et plus de 40 news, on va vous en coller plein les Retina.
Avec SLU s’informer, trouver du travail ou vendre du matériel, n’a jamais été aussi simple et agréable et tout ça pour zéro euros. Gardez vos sous pour boire un coup à notre santé.

Et comme enfin on n’aime pas vous faire prendre des vessies pour des lanternes en mauvais papier, chez nous quand on parle de chiffres, ils sont certifiés par l’OJD.
Cette année encore, grâce à vous, nous avons eu une croissance approchant les trois chiffres avec près de 700 000 articles lus. Merci.

SoundLightUp Progression

Assez parlé, les rêves ça n’attend pas. Bonne année 2016 de la part de l’ensemble de la rédaction:
Audrey, Isabelle, Lydiane, Monique, Claude, Douglas, Jean-Pierre, Jocelyn, Ludo, Matthieu, Patrick, Sébastien, Stéphane, Tristan

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La nouvelle enceinte super compacte Nexo ID 24 débute au Royaume Uni

L’ID24, la nouvelle enceinte super compacte de Nexo a été installée pour la première fois à Bristol en Angleterre. Employée en 24 exemplaires pour renforcer et définir le son depuis le bas des balcons du théâtre Hippodrome d’une capacité de 2000 places, cette petite boîte complète la diffusion installée en mobile par Orbital Sound, un prestataire londonien.

Une paire d’ID24 sous la corbeille

Une paire d’ID24 sous la corbeille

Spécialisé dans la technique pour les théâtres, Orbital Sound est le premier prestataire mondial à déployer la toute nouvelle gamme Nexo ID en complément de deux valeurs sûres, la STM28 comme système principal et la Geo M6 pour le balcon.

Le système principal composé de 9 M28

Le système principal composé de 9 M28

Avec d’autres prestations en tête, Orbital a rentré dans son parc des ID24 en noir et en blanc.
A Bristol elles ont été employées en tant que renfort sous la corbeille et le balcon ainsi que comme infill sur le plateau.

Chris Headlam, le directeur d’Orbital décrit l’ID24 comme étant la toute dernière génération d’enceintes nées de la modélisation. Avec son guide d’onde rotatif offrant soit 60° soit 120° d’ouverture horizontale, elle représente un choix idéal pour assurer avec efficacité et discrétion, des tâches de débouchage dans les théâtres.

l’ID24 sans son cache laisse apercevoir son guide d’onde rotatif et la commande indiquée par la flèche verte à l’arrière de la boîte pour l’actionner.

l’ID24 sans son cache laisse apercevoir son guide d’onde rotatif et la commande indiquée par la flèche verte à l’arrière de la boîte pour l’actionner.

L’ID24 existe avec quatre combinaisons différentes d’ouverture : 60×60, 90×40, 120×40 et 120×60. Le bas du spectre est reproduit par deux 4” en montage en V.
Cela lui permet d’être employée verticalement ou horizontalement avec une polyvalence rare pour une boite de 31 centimètres de haut et 13 de profondeur.

« La reproduction et la projection des voix, quelque chose d’essentiel, est un des points forts de ces boîtes, même à de fortes pressions.
Nexo a conçu l’ID24 avec la taille, le poids et la puissance idéale pour des applications théâtrales.

Des ID24 blanches sous la corbeille

Des ID24 blanches sous la corbeille

A Bristol nous employons deux types de line-arrays différents en plus des ID24 et en tant que prestataire, je suis surpris par la cohésion entre les trois, un vrai son de famille. »

La corbeille et le balcon. Sous chacun on distingue des ID24 blanches

La corbeille et le balcon. Sous chacun on distingue des ID24 blanches

Orbital Sound utilise les Geo M6 Nexo avec succès dans deux autres théâtres britanniques, le Royal Opera House de Manchester (1800 places) et le Théâtre Marlowe à Canterbury (1200 places).

« Cette boite qui existe depuis 2014 a un rendu plus moderne que bien d’autres modèles avec un niveau de distorsion très bas et un aigu tout en finesse » précise Chris Headlam.
« Le SPL et la portée défient les lois de la physique quand on les rapporte à sa taille. »


Plus d’infos sur www.orbitalsound.com et sur www.nexo-sa.com

 

Avec Yamaha

Le studio ArtEffect est sur son Nuage

Le studio de post-production audio ArtEffect basé en Allemagne à Cologne est spécialisé dans le long métrage, les séries, les documentaires et les trailers.
Peter Schröder son propriétaire, a récemment fait le choix d’installer une configuration Nuage Yamaha. Sa satisfaction est telle qu’il envisage de s’en équiper d’une seconde.

Peter a ouvert sa structure en 1997 en l’équipant dès le départ avec trois studios et deux régies. L’activité principale de ArtEffect tourne autour du sound design, de l’ADR, du bruitage et enfin de l’optimisation des prises directes. Il a découvert Nuage lors du Tonmeistertagung 2012 à Cologne, la biennale centrée sur les techniques de la post-production audio, et a été immédiatement séduit.

Yamaha Nuage Studio ArtEffect

« J’avais déjà entendu parler de Nuage et après quelques minutes de démo, j’ai été séduit par le concept, » nous dit Peter. « La façon dont la surface de contrôle et l’éditeur numérique sont connectés est sans pareil. »
Quand le moment est venu pour lui de renouveler le parc machines d’ArtEffect, il a directement opté pour Nuage avec une unité maitre NCS500CT et deux blocs fader NCS500FD.

“ Nous sommes enchantés de notre choix et sommes impressionnés de la rapidité et de la facilité avec laquelle nous nous sommes habitués à son workflow. »
Peter ajoute : « Ce système est très efficace et agréable au quotidien, au point que nous considérons l’achat d’une autre configuration pour notre seconde régie. »

D’autres infos sur Nuage Yamaha ici.

 

Au Grand Rex, pour les 30 ans de cinéma de Tim Burton

Le symphonique Lamoureux mixé par Paul Bevan

C’est une belle histoire, forcément musicale et technique mais à la fois très chouette. Prenez une superbe salle, le Grand Rex, un ensemble renommé, l’orchestre et Chœurs Lamoureux, de très belles musiques de films composées par Danny Elfman pour Tim Burton.
Faites venir Danny, ajoutez-y plus de 1000 fans en ébullition et voilà une soirée plus qu’originale à laquelle nous avons été conviés.

Mais remontons d’abord dans le temps. Octobre 1989. Le petit Damien Maric est assis au balcon du Grand Rex. Il l’avoue bien volontiers aujourd’hui, il a le vertige, mais du haut de ses 10 ans, il va quand même savourer Batman et dès la séance d’après, revenir avec un magnétophone à cassette pour en pirater la musique dont il est tombé amoureux. La morale est sauve, Danny Elfman ne lui en tient pas rigueur !

Damien Maric présente la soirée et raconte sa découverte de la musique et des films de Tim Burton. Succès garanti !

Damien Maric présente la soirée et raconte sa découverte de la musique et des films de Tim Burton. Succès garanti !

Damien en parle en classe, duplique cette cassette et essaie de « contaminer » ses copains car il sait déjà au fond de lui que soit il deviendra compositeur, soit il fera « vivre » cette musique. Mission accomplie. 25 ans ont passé et Damien Maric, désormais trentenaire, ne tient pas la baguette mais, avec trois associés Yohan Berger, Romain Dasnoy et Cédric Littardi, il a fondé Overlook Events, la société qui a monté cet événement.
Et ce n’est pas tout, on nous annonce un autre concert événement pour les 40 ans de Rocky, ou comment mettre en avant le cinéma par sa musique !

Une équipe française affutée

Fin de cet instant presque poétique, Damien repart comme il est arrivé, en trombe. Le moment est donc venu de faire parler Yann Matté, un des poumons d’Audiopole et qui, avec Serge Babkine qui assure les fonctions de directeur technique, Delphine Hannotin qui a calé la diffusion ou Franck Deméocq pour Nocturnal Evénement et Jean-François Hurel pour Aquila qui ont fourni les régies son, éclairage et la vidéo, forme une équipe française aussi diverse qu’efficace.

De gauche à droite Serge Babkine, le responsable audio de l’événement, Franck Deméocq de Nocturnal Evénement en charge des retours et d’une grande partie de la régie son, Damien Maric, le producteur de la nuit Elfman Burton pour Overlook Events, Jean-François Hurel de Aquila en charge d’une partie du son et du reste de la technique et enfin Yan Matté l’irréductible Audiopoliste.

De gauche à droite Serge Babkine, le responsable audio de l’événement, Franck Deméocq de Nocturnal Evénement en charge des retours et d’une grande partie de la régie son, Damien Maric, le producteur de la nuit Elfman Burton pour Overlook Events, Jean-François Hurel de Aquila en charge d’une partie du son et du reste de la technique et enfin Yan Matté l’irréductible Audiopoliste.

SLU : Yann, assieds-toi, les fauteuils du Rex sont réputés pour leur confort, et raconte-nous comment tout ceci a été monté et aussi comment Audiopole et toi-même avez participé à l’aventure.

Deux vieux complices face à celle qui a scellé cette complicité, une iLive ! A gauche Serge Babkine et à droite Yann Matté.

Deux vieux complices face à celle qui a scellé cette complicité, une iLive ! A gauche Serge Babkine et à droite Yann Matté.

Yann Matté (technico-commercial Audiopole) : Au départ Serge Babkine m’a sollicité pour lui donner un coup de main avec les consoles face et retours..

SLU : Toi ? Mais tu n’y connais rien en iLive (rires !)

Yann Matté : Et ensuite nous avons décidé de l’accompagner en lui fournissant un certain nombre de capteurs Beyerdynamic, une marque que nous avons décidé de mettre à l’honneur chez Audiopole et surtout le MC930 qui est connu en overhead mais qui mérite d’être employé bien plus largement.

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SLU : On reparlera captation après avec Serge et Paul Bevan le mixeur de Danny Elfman. Elles sont stéroïdées tes iLive !

Yann Matté : Oui, le patch étant d’environ 90 entrées, il a fallu travailler en Dual Core puisqu’au départ, le moteur est conçu pour traiter 64 in vers 32 bus. Double cœur et donc double rack d’entrée. Le fait de doubler les canaux nous empêche en revanche de cascader face et retours.
On aurait pu croiser les flux mais par sécurité, nous avons exceptionnellement fait le choix de passer par un split analogique.
La console de retours repose sur un iDr64 couplé à, un iDr32. Pour celle de façade nous avons un iDr10 couplé à un iDr48. Les sources principales vont dans l’iDr10 qui a des préamplis encore plus performants.

Avec Beyer à la baguette

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La bonne filasse propre d’un patch analogique alimentant les stages Allen & Heath, face et retours.

La bonne filasse propre d’un patch analogique alimentant les stages Allen & Heath, face et retours.

SLU : Cela fait énormément de micros pour une captation classique…

Yann Matté : Et encore, Paul Bevan l’ingé son itinérant de ce show voyage avec des boîtiers actifs allemands Symphotec très intéressants. Ils effectuent le pré-mélange d’un certain nombre de capteurs spécifiques à cette marque sur col de cygne qui sonnent pas mal du tout.
On a par exemple 5 capteurs sur un pupitre de violons qui aboutissent à une seule ligne. Nous avons gagné ainsi plus d’une dizaine d’entrées au niveau des cordes ce qui n’est pas négligeable. Il y a près de 150 personnes sur scène !

5 entrées vers une sortie, voici de quoi faire de sacrées économies de voies d’entrées grâce à Symphotec qui fournit aussi les micros. Un routeur actif et malin fait sur mesure pour l’univers classique.

5 entrées vers une sortie, voici de quoi faire de sacrées économies de voies d’entrées grâce à Symphotec qui fournit aussi les micros. Un routeur actif et malin fait sur mesure pour l’univers classique.


Paul Bevan aussi serein que ravi des moyens mis à sa disposition et Yann Matté, pas peu fier d’avoir pu placer autant de matériel !

Paul Bevan aussi serein que ravi des moyens mis à sa disposition et Yann Matté, pas peu fier d’avoir pu placer autant de matériel !

SLU : L’ingé son façade fait donc partie de l’équipe de tournée…

Yann Matté : Oui, avec Danny Elfman, le Chef d’orchestre, la violoniste solo, un technicien lumière et des gens pour les projections vidéo qui sont importantes dans le show.
Tout le reste est pris sur place, dont l’orchestre lui-même qui est remarquable car en deux soirées de répétitions dans une salle du 13e arrondissement de Paris, il a réussi à assimiler toutes les partitions. Il s’agit de l’Orchestre Lamoureux à qui je tire mon chapeau.

SLU : Et le reste des micros ? Il y a pléthore de Beyerdynamic !

Yann Matté : Sur leur rider, plusieurs marques sont spécifiées et on les retrouve sur scène. Nous avons en revanche proposé d’utiliser un capteur comme le MC930 pour remplacer le classique statique pour instruments. On est ravi nous comme Paul du résultat.

Un des MC930 Beyer faisant face aux chœurs

Un des MC930 Beyer faisant face aux chœurs

Le MC840 de Beyer, un poids lourd à large membrane, double membrane et donc pas moins de 5 directivités possibles, face aux Xylophones

Le MC840 de Beyer, un poids lourd à large membrane, double membrane et donc pas moins de 5 directivités possibles, face aux Xylophones


On a aussi des MC840 et des M88 Beyer mais les camarades de chez Shure ne sont pas oubliés puisqu’on trouve des Beta52, AKG avec des 451 et d’autres références.

SLU : Je vois des HF Beyer aussi

Yann Matté : Au départ ils ont demandé du Shure, une marque qu’ils connaissent très bien, mais comme on vient de sortir le TG1000 qui marche fort puisqu’on le retrouve sur Lilly Wood, Irma ou Skip the Use, on leur a proposé d’en apporter quelques exemplaires en spare et ils ont accepté. C’est un HF numérique qui est un des seuls à être Full Band émetteur comme récepteur.
Il couvre toute la bande UHF de 470 à 789 MHz et grâce à son scan intégré, on trouve toujours une petite place. Il est numérique avec tous les avantages de cette technologie en termes de dynamique ou de bande passante. Il bénéficie par exemple de deux convertisseurs pour étendre la dynamique et c’est le modèle qui a la plus faible latence avec 2,1 millisecondes sur sa sortie analogique.

Les récepteurs TG 1000 Beyer prêtés par Audiopole qui sait bien que rien ne vaut un essai sur site pour craquer !

Les récepteurs TG 1000 Beyer prêtés par Audiopole qui sait bien que rien ne vaut un essai sur site pour craquer !

Un émetteur ceinture de la gamme TG1000 Beyer

Un émetteur ceinture de la gamme TG1000 Beyer


SLU : Il n’a pas de sortie numérique ?

Yann Matté : Non, par pour l’instant. Beyer l’explique par la nature du codec. La latence aurait été plus importante s’il avait fallu convertir en numérique en sortie. Cela permet d’utiliser des ears plus facilement. Irma s’en sert sans problème. La latence pour moi devient un frein quand tu atteins les 5 millisecondes. La iLive en génère 2 d’entrée à sortie, on est donc bon. Enfin, les techniciens sont formels, la latence est gênante uniquement avec des ears, dans des wedges cela passe bien.

SLU : Tu t’en sers sans t’en servir de tes TG1000 dis donc

Yann Matté : Nous sommes arrivés trop tard dans le montage technique de cet événement. Les packs émetteurs HF avaient déjà été déployés, les gains et les essais faits, il aurait été illogique de tout changer. Cela étant dit, techniquement cela aurait été possible puisque nous sommes compatibles avec les prises utilisées par Shure et aurions donc pu accepter tout aussi bien le DPA4088 du chant et du violon sur nos packs émetteur. Heureusement il a fallu fournir deux HF main pour le présentateur qui n’est autre que Damien Maric, et cela m’a permis de les faire découvrir à Paul Bevan qui a bien craqué.

Les MC930 droits sur leurs pieds et attendant que les chœurs se placent face à eux. Au-dessus ce qui semble n’être qu’une affiche est en réalité l’écran de projection.

Les MC930 droits sur leurs pieds et attendant que les chœurs se placent face à eux. Au-dessus ce qui semble n’être qu’une affiche est en réalité l’écran de projection.

SLU : L’orchestre va jouer des thèmes tirés des films de Tim Burton, j’imagine que sur l’écran vont être projetées des images de ces films donc il y a de la synchro…

Yann Matté : Effectivement. Le chef d’orchestre dirige avec un click qui lui est envoyé de la face tout comme certains musiciens jouent avec des retours spécifiques, je pense aux claviers par exemple. Il y a assez de départs sur l’iLive pour tout le monde. Il y a forcément aussi des chœurs, Danny Elfman le compositeur s’en sert beaucoup.

SLU : Tu les repiques comment ?

Yann Matté : Avec des MC930. On a déployé ici les versions livrées appariées et qui disposent d’une très bonne suspension qui les découple bien du sol. Pour les cuivres nous avons des MC840, et les timbales des M88. Ce dernier plaît beaucoup en complément sur les grosses caisses et marche pas mal sur ces percussions classiques.

Le mix façade de Paul Bevan

L’iLive 144 de la façade avec la paire d’écoutes se fondant dans le décor.

L’iLive 144 de la façade avec la paire d’écoutes se fondant dans le décor.

Nous quittons provisoirement le plateau pris d’assaut par les musiciens qui arrivent en rangs serrés et allons retrouver Paul Bevan à la régie façade.
Avant de l’interroger, notre curiosité est attirée par une paire de moniteurs Genelec (forcément ! NDR) posés sur le bandeau de la console, un nouveau modèle dont le HP de grave est totalement occulté.

Une des deux 8351A Genelec. Ne cherchez pas le woofer, d’abord ils sont deux, et ils sont cachés dans la « caisse ». On en distingue un ou plutôt sa suspension périphérique derrière l’ouverture de la face avant. Il s’agit pourtant d’une trois voies coaxiale. Observez le tweeter. La corolle qui le charge n’est autre qu’un médium !

Une des deux 8351A Genelec. Ne cherchez pas le woofer, d’abord ils sont deux, et ils sont cachés dans la « caisse ». On en distingue un ou plutôt sa suspension périphérique derrière l’ouverture de la face avant. Il s’agit pourtant d’une trois voies coaxiale. Observez le tweeter. La corolle qui le charge n’est autre qu’un médium !

Yann Matté : Nous avons proposé à Paul ces écoutes remises en phase avec la face. Il les a acceptées avec grand plaisir. Ce sont les dernières 3 voies Genelec, les 8351A, qui disposent en plus d’un système d’auto-calibrage via un micro spécifique. Le tweeter et le médium sont coaxiaux et deux HP quasi elliptiques prennent en charge le grave.

SLU : Tu en penses quoi de ces jolies boites Paul ?

Paul Bevan (ingé son façade de la tournée Tim Burton) : Elles sont remarquables et me servent beaucoup vu la vitesse à laquelle s’enchaînent les diverses parties instrumentales. Impossible d’écouter tel ou tel pupitre au casque, ça va trop vite. Elles sont sur les généraux et la PFL.

Un des micros sur col de cygne Symphotec que Paul emporte avec lui de ville en ville.

Un des micros sur col de cygne Symphotec que Paul emporte avec lui de ville en ville.

SLU : Comment voyages-tu ? Sans console j‘imagine.

Paul Bevan : Oh oui, j’ai juste quelques micros pour les cordes et le système Symphotec que j’ai découvert au Royal Albert Hall grâce aux techniciens de la BBC.
Depuis que j’ai pu me le procurer aux Etats Unis, je voyage avec et je m’en sers beaucoup. Pour le reste je n’ai rien. Bien entendu j’ai une liste de produits que je connais et demande mais j’adore découvrir de nouveaux produits et c’est ce que je fais.

SLU : Tu t’adaptes aussi à toute console ? Tu es un homme rare (rires) !

Paul Bevan : Le classique c’est différent. Beaucoup de consoles peuvent convenir. On n’a pas de balance et beaucoup moins de contraintes. Quand l’orchestre commence à jouer, j’écoute et je mixe. Il est impossible de toute façon de demander « les clarinettes, vous jouez s’il vous plait, les autres silence ! » Mixer du classique s’apparente par certains côtés à mixer des « repisses » car, par exemple, tout arrive dans les micros des violons.
Il suffit donc d’obtenir un joli son de violons et l’ensemble des autres micros ne servira qu’à compléter certains niveaux ou certaines fréquences qui manquent. Sur Charlie et a Chocolaterie par exemple, le haut des cuivres est très présent et je ne me sers des micros que pour remplir, chauffer le bas du spectre en prise de proximité.

SLU : Tu n’es pas adepte du couple stéréo principal auquel viennent s’ajouter tous les autres capteurs ?

Paul Bevan : Non, ça ne repiquerait que de l’aigu et ce type de prise n’est valable que pour du vrai classique. Nous jouons des musiques de film avec aussi des synthés, des chœurs et beaucoup de percussions, il est préférable de travailler en semi-proximité ou en proximité, on arrive à mieux équilibrer l’ensemble.

Autre vieille connaissance de Beyer, le M88, ici en charge d’un tambour grave, mais alors très grave !

Autre vieille connaissance de Beyer, le M88, ici en charge d’un tambour grave, mais alors très grave !

Qui dit grosse caisse, dit souvent Shure Beta 52. Il est ici fourni par Nocturnal

Qui dit grosse caisse, dit souvent Shure Beta 52. Il est ici fourni par Nocturnal


SLU : Combien de temps passez-vous dans chaque ville au cours de votre tournée mondiale ?

Paul Bevan : Habituellement autour d’une semaine. Deux jours sont pris pour répéter, le reste de la semaine nous jouons en fonction de la taille de la salle et des réservations. Parfois on ne se produit qu’une seule fois dans une grande salle et l’envie est grande de pouvoir y jouer au moins deux fois pour offrir la sérénité qu’offre la connaissance du lieu, de son acoustique sans parler de l’orchestre qui s’approprie encore mieux les différentes œuvres. Le second concert est toujours mieux (rires) !

SLU : Est-ce que tu as pris du plaisir à utiliser tous ces micros Beyer ?

Paul Bevan : Honnêtement je n’avais pas eu l’occasion d’utiliser la plus grande partie des micros Beyer que tu as vu déployés. Une fois encore, si je le fais, c’est qu’ils font largement l’affaire et que je peux ainsi les découvrir. Le MC930 par exemple fonctionne très bien dans les chœurs, et pourtant par moments ils chantent très bas. Je les ai orientés de telle sorte à présenter la face la moins sensible dans la courbe cardioïde arrière vers les percussions qui sont juste à côté et ça marche très bien. Is apportent une clarté très appréciable aux voix.
J’aime bien ce même micro dans les bois, il m’apporte un rendu chaud et présent et, une fois encore, sa directivité m’aide à ne pas trop récupérer les instruments qui leurs sont très proches. Un bon point réside aussi dans sa capacité à ne pas mettre en exergue la sonorité parfois âpre et râpeuse de certains bois. Ce comportement est typique d’un excellent micro.

La salle du Grand Rex depuis la scène. En bas de l’orchestre, sous le balcon, on aperçoit la régie son, lumière et vidéo. On distingue aussi l’arrière des arrays bas composés de huit S10 Adamson. En haut à gauche on voit l’array haut aussi composé de S10. Regardez le deuxième balcon. Le mot REX est inscrit grâce aux velours des fauteuils !

La salle du Grand Rex depuis la scène. En bas de l’orchestre, sous le balcon, on aperçoit la régie son, lumière et vidéo. On distingue aussi l’arrière des arrays bas composés de huit S10 Adamson. En haut à gauche on voit l’array haut aussi composé de S10. Regardez le deuxième balcon. Le mot REX est inscrit grâce aux velours des fauteuils !

SLU : Que mixes-tu d’autre en dehors de cette tournée Elfman/Burton ?

Paul Bevan : Je mixe toujours le Seigneur des Anneaux (Lord of the Rings Symphony NDR). Les musiques de film jouées en direct deviennent quelque chose de très apprécié. Le gros avantage avec notre tournée c’est la richesse mélodique de Danny. On ne joue que des courts extraits d’innombrables œuvres et qui plus est réorchestrés, mais les compositions sont tellement fortes que la magie opère.

SLU : Comment trouves-tu la salle et le système Adamson ?

Paul Bevan : La salle est très bonne, en revanche nous reléguer ainsi en bout de l’orchestre est loin d’être agréable pour mixer. J’entends juste quelques boîtes ce qui fait que je me suis déplacé au milieu de la salle avec une tablette pour affiner mon travail les jours passés.

La ligne de huit S10 Adamson de cour avec en fond le décor du Rex et son fameux ciel bleu.

La ligne de huit S10 Adamson de cour avec en fond le décor du Rex et son fameux ciel bleu.

Je connais et utilise Adamson depuis des années et cela sonne vraiment très bien. Je me sers essentiellement des petits modèles. Les S10 qu’on a ici, me vont par exemple idéalement bien.

SLU : Il y a quelques subs cachés ?

Paul Bevan : Oui mais je m’en sers très peu, juste de temps à autre pour quelques effets ponctuels ou pour donner un peu de coffre aux gros tambours, aux timbales et un peu à l’orgue, mais sans excès. On me demande par exemple parfois de charger le bas du spectre des contrebasses de l’orchestre. C’est une erreur. Sa note la plus basse est à 63 Hz, et quand on l’écoute à l’oreille, elle ne sonne pas « super grave ».

SLU : Pas trop mat le Grand Rex ?

Paul Bevan : Oui un peu mais il n’y a rien de plus facile que de rajouter un peu de réverbération en pareil cas. Si en revanche il y en a trop… (rires) ! Les mixeurs préfèrent les lieux assez mats. Personnellement j’aime bien un compromis des deux. Pour le classique il faut de la réverbération naturelle, mais quand il y en a trop et sachant que nous devons amplifier certains instruments et les chœurs, cela peut s’avérer très difficile.

SLU : Un certain monsieur « YM » m’a laissé entendre que tu aimes bien le système TG1000 et surtout la tête TGV 96 qui est tirée de celle équipant le MC930..

Paul Bevan : Oui tout à fait. Je l’aurais volontiers utilisée sur la voix de Danny qui interprète un titre à la fin du show. Sa voix n’est pas basse mais assez massive et aurait bénéficiée de la brillance et de la clarté dans le haut du spectre de ce micro. Il ne gonfle pas le bas par excès de proximité, ce qui est le cas de tous les micros, même les statiques. Malheureusement, on en a reçu qu’un en prêt, et il m’en aurait fallu deux pour disposer d’une sécu. J’ai un grand show à Los Angeles dans les prochaines semaines et de retour aux US je contacterai Beyer pour leur en demander une paire !

SLU : Tu préfères les micros plus naturels, droits ?

Paul Bevan : Ca dépend ce que tu entends par droits. Depuis toujours les fabricants nous proposent des micros avec un gros effet de proximité qui gonfle artificiellement les voix et une bosse de présence qui leur permet de sortir du mix. Le souci est que cet apport en épaisseur dans le bas est tel que l’on a tendance à remonter encore plus le haut et couper ce grave, ce qui finit par donner un aigu agressif. De ce point de vue-là, le TG1000 avec cette tête paraît intelligemment conçu.

La façade se contentera d’un bac plus petit sans perdre pour autant des ressources, puissance et taille étant déconnectées.

La façade se contentera d’un bac plus petit sans perdre pour autant des ressources, puissance et taille étant déconnectées.

SLU : Comment mixes-tu ? Tu ajoutes à l’orchestre ou tu fais le son de l’orchestre ?

Paul Bevan : Je ne fais pas le son, je l’améliore. Je prends le son là-bas (il indique le plateau) et j’en mets un peu plus ici (il indique la salle). Quand je ferme la diffusion, le son ne doit pas être beaucoup moins fort, il doit juste perdre un peu en précision. Les compositions de Danny sont pleines de détails, de petites réponses entre groupes d’instruments qui semblent se poursuivre les uns les autres. Tous doivent être audibles et mon métier c’est de redonner ce surplus de détail.

SLU : Te sers-tu des mémoires de la table ?

Paul Bevan : Chaque show est différent, les musiciens interprètent avec beaucoup de finesse mais aussi de variations de soir en soir donc oui, je peux programmer quelques mutes et encore, cela change la sonorité d’ensemble. Si par exemple je ferme totalement les micros des chœurs quand ces derniers ne chantent pas, cela va profondément changer la couleur de mes percussions. Je garde donc toujours tout ouvert avec des variations. Tu verras ce soir (c’est vrai NDR) je passe mon temps à modifier mes niveaux.

SLU : Quelle réverbération as-tu choisie ?

Paul Bevan : (Il fouille dans son iLive NDR) Celle-ci ! Une Spatial Modelling Reverberator, avec une simulation de 480. Ca marche très bien et une réverbération interne me suffit amplement. J’en utilise une pour l’ensemble de l’orchestre, et une plate pour les chants.
La seule chose à laquelle je fais toujours attention c’est à programmer une réverbération qui sonne comme sonnerait la salle elle-même en termes de volume et de temps. Il n’y a rien de plus ridicule que d’avoir dans un club de jazz, un TR d’église (rires) ! Et j’en mets peu. Le Rex est mat, inutile d’en faire une cathédrale en pierre ! Enfin j’éteins l’aigu pour éviter ces tsssssssssssssssssssssssss qui n’en finissent plus. Ce n’est pas naturel !

SLU : Tu travailles aussi en studio ?

Paul Bevan : Non, quand je ne mixe pas sur scène je suis producteur, j’accompagne donc les artistes dont je m’occupe et je laisse faire les techniciens qui y travaillent. C’est vrai que quand je les vois chercher une fréquence de haut en bas et de bas en haut, je leur glisse parfois la solution. « C’est à 400 Hz » ce qui les laisse assez interloqués (rires) ! Je n’ai aucun mérite. Mixer en live c’est savoir très vite ce qui cloche et y remédier, on apprend donc les fréquences, ne serait-ce que pour rattraper un Larsen qui s’annonce !

SLU : Mais (il s’est trahi) tu parles français

Paul Bevan : Oui, un petit peu. J’ai vécu à Lyon à Paris et à Blois quelque temps, mais il y a 35 ans, j’étais étudiant !

Un exemple des projection vidéo durant le concert, suffisamment explicites pour permettre au public de reconnaître le film dont est tiré l’extrait musical, mais pas trop pour distraire ce même public de la musique elle-même qu’un remarquable grand orchestre interprète devant eux.

Un exemple des projection vidéo durant le concert, suffisamment explicites pour permettre au public de reconnaître le film dont est tiré l’extrait musical, mais pas trop pour distraire ce même public de la musique elle-même qu’un remarquable grand orchestre interprète devant eux.

SLU : Un dernier petit mot pour l’Orchestre et les Chœurs Lamoureux. Ils assurent ?

Paul Bevan : Ohh oui, ils sont excellents (en français) C’est un très bel orchestre avec une mention spéciale aux cordes et à la harpe. Remarquable.

Serge Babkine à la direction technique audio

Vielle connaissance de SLU et de la profession toute entière, Serge Babkine a répondu à quelques questions et notamment sur le montage technique de l’ensemble de la prestation au Grand Rex.

Serge Babkine : Comme tu l’as compris, je m’occupe de la direction technique audio, mandaté par Aquila qui a en charge l’éclairage, la vidéo et une partie de la régie. Je collabore aussi directement avec Overlook Events avec qui nous avons fait récemment Ciné Concert avec Pixar.
La diffusion en S10, subs MDC3 et une partie des retours a été louée à Lagoona pour le mois car un certain nombre d’autres événements comme la venue de Joe Bonamassa vont nécessiter du son en accueil au Grand Rex. Nous en bénéficions donc nous aussi. Cette diffusion a été calée pile poil par Delphine Hannotin que je ne connaissais pas mais qui travaille remarquablement bien.

C’est moi qui ai souhaité avoir de l’Allen & Heath en face et retours et c’est Franck Deméocq avec sa société Nocturnal Evénement qui fournit les deux consoles, l’essentiel des micros, et assure le mix retours. C’est quelqu’un de grande valeur avec qui j’ai déjà travaillé. C’est moi aussi qui ai demandé à avoir beaucoup de micros Beyer, les MC930 et 840 que j’aime beaucoup, le TGV96 statique et le TGV70.

La vue imprenable de l’orchestre depuis le second balcon où le son est de très belle qualité.

La vue imprenable de l’orchestre depuis le second balcon où le son est de très belle qualité.

SLU : Tu aimes être ainsi confronté à des orchestres classiques et à de tels compositeurs ?

Serge Babkine : J’adore. Si je pouvais, je ne ferais que travailler dans la musique de film. Tu t’imagines que je peux côtoyer des compositeurs comme Danny Elfman, John Scott, Lalo Shifrin, David Newnan…Nous venons de travailler sur toute une série de compositions de John Williams, c’est énorme.

SLU : La latence propre au numérique entre table, amplis, presets et le fait que Paul joue assez doucement n’engendre pas de problèmes dans le remélange entre direct et diffusion ne serait-ce pour les premiers rangs ?

Serge Babkine : Non ça va. On a effectivement beaucoup de direct, l’orchestre est forcément sonore, mais Paul ne fait que souligner les instruments qui manquent de volume et donc ne s’entendraient que très faiblement sans ce renfort sonore, on n’a donc pas d’interférences audibles. Il redonne vie et précision à des sources un peu noyées ou à certains instruments muets comme les synthés. Il fait du très bon boulot. Avant d’apprendre qu’il allait venir avec l’équipe lumière et vidéo, c’est moi qui aurais dû mixer l’orchestre.

Les deux compères, Serge Babkine à gauche et Jean-François Hurel à droite.

Les deux compères, Serge Babkine à gauche et Jean-François Hurel à droite.

SLU : Jean-François, tu es le gérant d’Aquila, donnes-nous quelques infos sur la présence de ta boîte dans ce montage et sur ton activité en général.

Jean-François Hurel : Nous sommes une boîte œuvrant dans l’événementiel et très généraliste mais à l’origine nous venons de la vidéo. Ce recentrage est dû à la demande d’une prestation globale à laquelle nous pouvons désormais répondre. Nous intervenons plus souvent à Paris et sur l’ensemble du territoire mais rien ne nous empêche de nous déplacer à l’étranger.

Cela fait une dizaine d’années que nous avons commencé à travailler dans le milieu des symphoniques avec Serge. A la base nous sommes aussi très « Grand Rex » et comme nous ne disposons pas en interne des compétences audio nécessaires, le ticket avec Serge nous apporte mutuellement. Ces bonnes relations avec cette salle et avec son équipe de gens charmants font aussi que nous la connaissons sur le bout des doigts.

SLU : Donc tu as été d’accord que Serge fasse intervenir Nocturnal pour fournir consoles et une partie de la régie..

Jean-François Hurel : Tout à fait. Elfman au Grand Rex était trop grand pour Aquila et c’est en toute logique que nous avons accueilli sur ses conseils Franck Deméocq afin d’être le plus tranquille possible, un type compétent, serein et.. (nous sommes interrompus) Ahh c’est l’heure du dîner pour les techniciens, il leur faut le ticket (rires) ! No food, no show !

Serge Babkine : No pain, no gain (rires) !

Jean-François Hurel : L’autre grand avantage de travailler avec Serge est son contact avec les artistes grâce au fait qu’il est musicien lui-même. Il connaît donc bien les orchestres et les exigences de leurs membres et cela peut aller jusqu’au type de chaise qui convient en pareil cas. Il est aussi capable de faire le tri entre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas en termes de demandes. Sa vision et son champ d’action sont très larges, bien au-delà de la simple technique et se révèlent complémentaires avec ce qu’Aquila apporte.

Attention, petite brute en vue : une 5XT L-Acoustics. Si l’on fait abstraction des deux octaves du bas, le reste sort fort et clair.

Attention, petite brute en vue : une 5XT L-Acoustics. Si l’on fait abstraction des deux octaves du bas, le reste sort fort et clair.

SLU : Tu as investi pas mal en matériel. Elles sont à toi les 5XT L-Acoustics ?

Jean-François Hurel : Oui, nous avons un parc assez important de cette marque ce qui est normal, elle est particulièrement demandée et marche vraiment bien. En outre le petit côté cocardier n’est pas pour me déplaire.
Dans un autre registre, le technicien vidéo de la tournée a craqué sur un remarquable appareil Analog Way que nous avons installé ici. Chouette, c’est encore une boîte française !
Pour répondre à ta question non, nous n’aurions pas eu assez de diffusion à accrocher au Rex. Sans la présence des S10 de Lagoona, nous aurions fait appel à des copains comme Impact. L’éclairage et la vidéo de ce soir sont en revanche issus à 100% de notre parc.

Conclusion

Le noir se fait dans la salle et Damien Maric sincère et habité par le souvenir de ce petit bonhomme observant depuis le balcon celle qui allait être sa vie, lance la soirée. Peu de temps après, les premières notes retentissent. Le niveau est presque faible, le spectre très large et la définition délicieuse. Le mix de Paul n’en est pas un. Il agit comme un restaurateur d’œuvres d’art, en redonnant vie aux couleurs et retirant la patine du temps, le tout avec beaucoup de tact, peut-être un peu trop.
Le public connaît les œuvres d’Elfman au cinéma et donc à des niveaux et avec une emphase dans le grave bien plus importante que celle qui est proposée. Il faut donc recevoir ce concert comme…un concert en présence du compositeur et non comme des extraits joués derrière un écran perforé à grand renfort de grave sirupeux à souhait.

L’ensemble ne manque en tout cas pas de panache et de vie, porté par un excellent ensemble symphonique sobrement mis en lumière et en vidéo par de petits extraits très courts ou bien par des créations originales. Une balade dans l’ensemble de la salle donne un aperçu de la façon dont direct et amplifié se mélangent et, aussi curieux que cela puisse paraître, les deux ne sont pas antagonistes.
Un très bon design fait que, niveau mis à part, être proche de la scène ne change pas radicalement le rendu, en revanche le plaisir est encore plus grand aux balcons et surtout au deuxième. On y retrouve de la densité et une meilleure assise dans le grave qui semble un peu trop retenu à l’orchestre.

L’explication nous est donnée par Yann et Paul. L’accrochage rôde dans le grave ce qui oblige à retenir sans doute plus que de coutume le niveau. Dommage car les sonorités sont très belles, les chœurs magnifiques et le plaisir du public palpable, un public cela dit ravi de ne pas se faire ratatiner par l’habituelle dégelée de décibels.

– Ingé son face : Paul Bevan, www.paulbevan.com
– Ingé son retours : Franck Deméocq, www.nocturnal-evenement.com
– Prestataire Eclairage, Vidéo et son : Jean-François Hurel, www.audiovisuelaquila.com
– Production : Damien Maric, www.overlook-events.com

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La Sirène s’équipe en Line Array compact NEXO M28

La Sirène à La Rochelle, dans l’ouest de la France, est l’un des plus grands complexes artistiques du pays. Ouvert en 2011, ce centre à l’architecture remarquable est consacré aux musiques actuelles. Pour la création, il dispose de 5 studios de répétition, et pour les spectacles, il comprend une discothèque de 400 places et une salle de concert capable d’accueillir 1 300 spectateurs.

L’été dernier, de nouveaux budgets d’équipement ont été dégagés et l’équipe dirigée par Christian Parrot, le Directeur Technique, a décidé de mettre à niveau le système de sonorisation installé dans la salle principale, Le Cap. Cette grande salle accueille tous les styles de spectacles de musique et de DJ, et au cours de chaque saison, voit passer plus de 200 ingénieurs du son de tous horizons, nationaux et internationaux.

La Sirène à La Rochelle

La Sirène à La Rochelle

Depuis sa création, La Sirène a une relation étroite et fidèle avec le fabricant (en partie) local Nexo, soutenue par une relation tout aussi durable avec l’installateur et loueur Melpomen. Avec l’idée de remplacer le système GEO D, la première étape pour Christian Parrot et ses ingés son a été le quartier général francilien de Nexo pour voir la nouvelle génération de haut-parleurs.

« Nous étions totalement satisfaits des performances du système GEO D », explique Christian Parrot, « mais nous voulions rester à la pointe de la technologie, nous sommes donc allés évaluer la nouvelle série modulaire STM.
NEXO venait tout juste de présenter le M28, le plus petit module de cette série à hautes performances. C’est un 2 x 8″ compact avec un angle de 15 degrés entre enceintes, et un niveau SPL élevé. » Avec un line array GEO S12 dans sa discothèque et des enceintes à large bande PS dans tous ses studios de répétition, La Sirène était déjà à l’aise au niveau technique.

Après plusieurs démos de la nouvelle technologie STM, les techniciens étaient familiarisés avec la conception modulaire dans laquelle le M28 prend en charge la bande de 60 Hz à 20 kHz et le complément d’énergie dans les basses de 63 Hz à 200 Hz est fourni par un certain nombre de caissons de basses B112, suspendus au sommet de la ligne. Des subs STM S118 complètent l’ensemble.

La scène de la Sirène utilisant le STM M28 en installation fixe. Photo Julien Branco

La scène de la Sirène utilisant le STM M28 en installation fixe. Photo Julien Branco

Une démarche complète d’installation et d’optimisation a été menée par l’équipe de Melpomen sous la direction de Thierry Tranchant. Il en résulte une configuration efficace de six M28 et trois B112 de chaque côté, plus six subs S118 au sol.
« Très vite, nous avons remarqué l’extrême finesse et la présence des nouvelles enceintes », relate Christian Parrot. « Du côté public, le système offre un son de qualité qui est agréable à écouter ; les groupes et les ingénieurs sont satisfaits du niveau et de ses qualités opérationnelles, et nos techniciens apprécient son rendement ».

« C’est vraiment du haut de gamme en matière de sonorisation », explique Jean-Jacques Vias, directeur des ventes de NEXO pour la France.
« La Sirène est l’une des premières Scènes de Musique Actuelle (SMAc) en Europe à utiliser le STM M28 en installation fixe, mais c’est le choix idéal pour un lieu avec une telle diversité d’artistes et de styles musicaux. »

D’autres informations sur www.la-sirene.fr et sur www.nexo-sa.com

 

DV2 c'est l'histoire de deux mecs. 2e partie : 1990 à 2000

Didier Dal Fitto et Guy Vignet, creation de Lagoona et choix d’Adamson

La rencontre entre nos deux enzymes gloutons et sonores Vignet & Dal Fitto étant actée et racontée sur le première partie de notre saga, place au montage pour l’une et à la découverte pour l’autre des deux pièces maitresses qui vont conduire quelques années plus tard à DV2 : Lagoona et Adamson.
C’est technique, c’est humain, c’est drôle…C’est l’histoire de deux mecs, la suite !

Pour lire la première partie : Lien Ici

1990 Création de Lagoona

1990. Audio Services devient Lagoona

1990. Audio Services devient Lagoona

SLU : Et Lagoona alors, ça sort d’où ?

Réflexion avec l'équipe avant l'action

Réflexion avec l’équipe avant l’action

Guy Vignet : La raison première pour laquelle nous avons dû abandonner le nom Audio Services, la mort dans l’âme, tient en une lettre recommandée arrivée un beau matin.
Elle émanait d’une autre société portant le même nom « Audio Services Paris » qui nous attaquait pour détournement de clientèle, arguant du fait qu’on lui aurait fait perdre des marchés notamment auprès de services audiovisuels dans l’automobile.
Avocat, procès, le gars est débouté et finira d’ailleurs par déposer deux ans plus tard. C’était peut-être un acte délibéré de nous intenter un procès pour récupérer un peu de sous. Comme l’homonymie restait et avec elle l’épée de Damoclès, nous avons remué nos méninges et Lagoona en est sortie en 1987. Nous avons d’abord appelé comme ça notre filiale de Strasbourg et ensuite la maison mère de Metz en 1989.

Armoire électrique, design DDF

Armoire électrique, design DDF

François Cacic aux commandes de la console SAJE de la nouvelle salle de l'Arsenal à Metz.

François Cacic aux commandes de la console SAJE de la nouvelle salle de l’Arsenal à Metz.

SLU : Une filiale aussi proche de Metz ?

Guy Vignet : C’était indispensable. Il y a une barrière géographique formée par les Vosges, et les alsaciens aiment bien travailler entre eux, moins avec les franc-comtois ou les lorrains. Pour se développer en Alsace, il fallait ouvrir sur place. Nous avons donc dupliqué notre modèle messin mais avec plus de presta que d’installation pour Strasbourg, et aussi l’apparition de la lumière avec Robert Juliat, le must pour aller voir les théâtres avec des poursuites remarquables. Lagoona devient donc un installateur prestataire en son, éclairage et structure avec toujours Nexo comme produit phare pour l’audio.

Didier à la régie de Nancy Jazz Pulsations

Didier à la régie de Nancy Jazz Pulsations

Un patch de scène maison.

Un patch de scène maison.

Sonorisation sur barges flottantes avec NEXO SI1000. A l'époque, la portée n'était pas garantie.

Sonorisation sur barges flottantes avec NEXO SI1000. A l’époque, la portée n’était pas garantie.


SLU : Qu’est devenue Entr’acte ?

Guy Vignet : Elle a été absorbée en 90 par Lagoona, et elle est devenue la filiale parisienne de cette société que nous avons créée par la suite. Didier Jory avait souhaité cette fusion.

SLU : Vous avez donc dès 1990 trois sociétés : Lagoona Metz, Lagoona Strasbourg et Lagoona Paris ex Entr’acte.

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Didier Dal Fitto : Oui et chacune garde son histoire, ses clients et ses marchés. Paris travaille beaucoup dans les théâtres et les équipes essentiellement avec de petites enceintes comme les PS10. A Metz on va du festival à la convention, nous avons donc tous types de systèmes, essentiellement Nexo. A Strasbourg le mot d’ordre est Rock-n-Roll, donc Gilles Bedon, qui tient la boîte, a opté pour EAW.
Autant te dire que nous nous sommes développés mais avec des parcs assez hétéroclites. Résultat, l’été pour assurer les gros festivals, il était impossible d’assembler nos parcs, d’autant que, pour l’évènementiel, nous avions rentré des UPA Meyer qui nous étaient très demandées en convention.

1990. Nouveaux locaux plus spacieux de Lagoona

1990. Nouveaux locaux plus spacieux de Lagoona

SLU : Amplifiées ?

Didier Dal Fitto : Non, pas à l’époque, pas encore. Le besoin de structurer l’ensemble se fait donc sentir via une vraie politique d’investissement de groupe que nous sommes devenus. Nous nous sommes donc mis en quête d’un système et d’une marque unique.

SLU : Ohhh je sens venir l’air frais du Canada…

Didier Dal Fitto : Le système qui allait mettre tout le monde d’accord ! Guy reprends la parole, tu connais mieux l’histoire que moi.

Guy Vignet : Il y a eu deux phases. D’abord Nexo avec qui nous travaillons à fond nous dit avoir un nouveau système sur le point d’arriver, celui qui allait s’appeler Alpha. L’évolution naturelle aurait été d’investir dans 48 systèmes. Appelons cela la logique.

Le choix d’un système de diffusion unique s’impose

De à droite, Guy, Didier et Pascal Jourdan

De à droite, Guy, Didier et Pascal Jourdan

1990. Nancy Jazz Pulsations avec Pascal Jourdan et Patrick Kader

1990. Nancy Jazz Pulsations avec Pascal Jourdan et Patrick Kader


SLU : Mais nous sommes aux débuts 90, la ligne source pointe le bout de son nez cylindrique !

1991. Une installation studio

1991. Une installation studio

Guy Vignet : Oui, mais à part le V-Dosc… ils n’y avait rien. Depuis toujours les systèmes de diffusion c’est un monde de gens aux points de vues très arrêtés, de chapelles.
Les Nexo ne parlaient pas aux L-Acoustics (à l’époque Heil) et réciproquement.
Dommage peut-être. Ils seraient venus nous voir on se serait compris. Sans oublier que nous étions labellisés Nexo à mort, donc le dialogue n’a jamais pris avec L-Acoustics. C’est peut-être un regret car je pense qu’ils sont passés à côté de quelque chose et nous aussi. Nous aurions été un gros client en mettant parfaitement en œuvre leurs produits et sans doute bien plus !

De gauche à droite, Didier et Patrice Richard de Laser Concept

De gauche à droite, Didier et Patrice Richard de Laser Concept

Didier Dal Fitto : Il faut se rendre compte qu’en 2015 on sort *à peine* de ce côté chapelle. Les boîtes ont plein de marques de consoles mais souvent une seule d’enceintes.
Elles défendent leur choix bec et ongles parfois en dépit du bon sens.

Ailleurs, certains gros prestataires anglais ou américains par exemple souhaitent s’ouvrir et offrir plusieurs types de systèmes à leurs clients.
Ca commence à peine à se dégeler en France.

1990. Convention Edouard Leclerc au Zénith de Paris

1990. Convention Edouard Leclerc au Zénith de Paris

SLU : Vous êtes donc en plein questionnement…

De gauche à droite au premier plan, Didier, Jean-Michel Bauer (lighting designer), Bruno Cohen (metteur en scène) et Bertrand Gelayhe

De gauche à droite au premier plan, Didier, Jean-Michel Bauer (lighting designer), Bruno Cohen (metteur en scène) et Bertrand Gelayhe

Guy Vignet : C’est ça. Mais Nexo a un coup d’avance énorme car la logique voudrait qu’on continue avec eux. La discussion s’engage. Entre temps, durant des vacances, j’ai l’occasion d’assister à un concert de Stanley Clarke (you know ?) aux Arènes de Nîmes et là ça attaque dur avec George Duke aux claviers et la rythmique qui envoie… Fort.
Stanley Clarke entre sur scène. Je me dis que quand il va mettre ses énormes pattes sur sa basse le système va exploser ! Le niveau était déjà très fort. Il attaque et puis…tout va bien.
Instantanément je me dis qu’avec notre système d’époque on ne peut pas parvenir à ce résultat et depuis j’ai compris pourquoi, nos points d’émission étaient interférents.

1990. Un rack de gradateurs avec Laurent Ichtertz à l'arrière plan

1990. Un rack de gradateurs avec Laurent Ichtertz à l’arrière plan

SLU : Il faut dire qu’à l’époque tous les systèmes modulaires ou pas, étaient interférents.

Guy Vignet : On avait déjà investi dans un petit système EAW KF850 et ça allait mieux.
De toute évidence, à ce moment-là, Nexo n’avait pas encore anticipé ou suffisamment traité ce type de problématique donc je rentre à la boîte et je fais part de mes doutes.

Découverte du M200 Adamson

SLU : Tu te souviens ce que tu avais écouté ce soir-là ?

1993. En tournée avec Béjart

1993. En tournée avec Béjart

Guy Vignet : Oui, c’était des anglais qui avaient mis la bonne dose de F2 Martin, et dans les Arènes de Nîmes ça sonnait. Donc, Je mets le doute dans la tête de tout le monde et on se dit : « allons chercher ailleurs ». Un jour je vois dans une revue américaine une demi-page de pub. M200, médium chargé par une pièce de mise en phase, HP en Kevlar, Adamson, Canada.
Je montre à Didier assez épaté et on fonce sur la marque car nous comprenons immédiatement que ces gens ont intégré l’importance de cette bande du spectre et qu’ils y mettent la technologie nécessaire, surtout qu’à l’époque nous n’avions pas les outils de prédiction et de simulation actuels.
On sent un vrai potentiel. Nous cherchons le produit et découvrons qu’il est importé assez timidement en France. Nous demandons à écouter un système.

1993. Didier très serein devant une nouvelle console...

1993. Didier très serein devant une nouvelle console…

Pour l’anecdote quand nous avons raconté cette histoire à Brock Adamson (fondateur et concepteur des produits qui portent son nom NDR) il a explosé de rire en nous disant qu’on a failli se rater alors que nous sommes devenus son plus gros distributeur mondial. Il n’a passé cette pub que deux fois car à l’époque il n’avait pas beaucoup de sous !

Didier Dal Fitto : Nous essayons donc le système une fois chez nous et une fois pour le Nancy Jazz Pulsations.
Plus tard nous avons effectué un test grandeur nature au Zénith de Nancy des différents systèmes sélectionnés avec un protocole clair. Chaque fabricant déploie sa configuration en une demi-journée. Il le règle, on écoute avec lui, il nous le laisse installé et le dernier jour on les écoute tous en privé.

SLU : Allez, ces systèmes ne sortent plus guère, il y avait quoi ?

Didier Dal Fitto : L’Adamson 200, l’Alpha de Nexo, Marco était venu avec du MSL4 et notre KF850 EAW.

Guy Vignet : Lagoona était entre temps devenue une société importante en France, nous sommes en 96, et quand on avait souhaité écouter avant d’acheter un nombre assez important de boîtes, tout le monde nous a pris au sérieux a joué le jeu.
Problème : Avis unanime, un système, le M200, se détache très largement. Quand tu connais la technique, le pourquoi est évident. Un moteur bas-médium chargé par un grand pavillon en appliquant les équations de Geddes, la même chose pour l’aigu.
Une seconde enceinte avec deux 18 pouce en manifold pour le grave plus une quatrième voie sous la forme d’une troisième enceinte pour l’infra embarquant deux 18 pouces en radiation directe… Bref, on se dit qu’on est dans la m… L’Adamson s’accroche facilement, pèse la moitié et sonne mieux que tous les autres, mais il est inconnu au bataillon (rires) !

... c'est la première Yamaha PM3000 !

… c’est la première Yamaha PM3000 !

SLU : Tempête ?

Guy Vignet : A nouveau tempête sous un crâne. On laisse tomber ou bien on défend nos convictions et on fonce dans ce qu’on sait être pour l’époque le meilleur système ? On fonce et on commence notre équipement chez Adamson. Forcément, dès qu’Eric Vincenot l’apprend, il nous retire la carte Nexo.
On argumente en précisant que ce produit n’existe pas à leur catalogue… Rien n’y fait. Tout le monde nous prend pour des fous mais nous restons sereins. On sait qu’on va avoir des valises d’arguments pour vendre le 200 à nos clients et tous ceux qui l’écoutent le trouvent super.

Rencontre de Brock Adamson

SLU : Vous rentrez donc 36 Serie 200 Adamson.

1998. Un Clusters Adamson Serie 200

1998. Un Clusters Adamson Serie 200

Guy Vignet : Nous proposons à Brock de devenir distributeur. Ni une ni deux, il débarque en France : « Qu’aimez-vous dans mes produits ? Comment les connaissez-vous, et comment comptez-vous en vendre à Dispatch ? » (rires) ! Ca démarre fort ! La discussion ensuite dérive inévitablement sur la technique pure et sur son désir d’employer des filtres FIR en lieu et place des classiques IIR.

Didier embraye immédiatement. Là, je sens que Brock accroche. Il a trouvé son alter ego, et je sais à ce moment-là que nous serons son distributeur. Quand, comment, je ne sais pas encore, mais on peut boire un coup, du vin car c’est un fin connaisseur, ça se fera. « Quand je rentre au Canada on se reparle. Au fait, votre bon de commande de 36, vous pouvez l’envoyer quand ? Tout de suite ? OK, vous êtes distributeurs. »

SLU : Le système arrive en France…

Didier Dal Fitto : Il est dispatché entre Paris, Strasbourg et Metz. Rappelons qu’en modulaire le terme système signifie l’ensemble audio mais aussi son plus petit dénominateur commun. Dans ce cas un « système 200 Adamson » comporte un médium aigu, un grave et un sub, cela fait donc 108 boites ! Nous répartissons 12 systèmes par société. A l’époque on montait trois ou six systèmes par côté. Une grosse grappe de 36 était constituée de 18 boîtes médium/aigu, 18 bass accrochés et 18 subs au sol.

1998. Arena festival au Zénith de Nancy avec Sonic Youth, Garbage, Beastie Boys, Ben Harper et Daft Punk.

1998. Arena festival au Zénith de Nancy avec Sonic Youth, Garbage, Beastie Boys, Ben Harper et Daft Punk.

Le choix des amplis et du filtrage

SLU : Et la puissance pour faire marcher tout ce petit monde ?

Guy Vignet : A nouveau on décide de faire des tests et déterminer quel est le meilleur ampli. Du coup allo Crest, 8001 et 10001, allo Crown VZ 3600 et 5000, allo QSC avec les PowerLight et enfin comme on utilisait aussi en petite quantité les produits d’une nouvelle marque née en 93, allo Lab.gruppen !
Je crois que lorsque nous avons reçu le bois, nous n’avions pas encore choisi les amplis ! Didier a donc aligné des systèmes complets et on les a écoutés. Il a eu l’idée de charger chaque ampli avec trois systèmes dont un nous faisait face et les deux autres arrosaient hors champ.

Didier Dal Fitto : On commençait par une boîte par ampli, puis on en mettait deux et on finissait par 3. Cela nous a permis de voir comment chaque modèle se comportait à très basse impédance, y compris à l’écoute.

SLU : J’ai une idée de qui a gagné...

1998. Console Midas XL4 pour Arena festival

1998. Console Midas XL4 pour Arena festival

Didier Dal Fitto : C’était les premières heures des alims à découpages et certains s’en sortaient moins bien que d’autres. Nous en avions deux classiques et deux à découpage.

Guy Vignet : Un était divin, on va le dire, c’était le Crest 10001, mais à 65 kg pièce il aurait été quasi impraticable. On en mettait deux dans un rack…

Didier Dal Fitto : On a dû les rendre en urgence et on s’en souvient encore (rires) !

Guy Vignet : Le plus complet et efficace a été le Lab. Il sonnait bien, était léger, bien pensé. On ne s’est pas trompé !

SLU : Le filtrage ?

Guy Vignet : De l’XTA. On avait pensé aussi à BSS.

Didier Dal Fitto : J’avais vu les DP 200 à Francfort avec leur interface graphique et ça nous allait bien. On filtrait, remettait en phase, mais il fallait optimiser pour l’égalisation car les ressources étaient limitées. Cela dit c’était moderne, on avait un processeur par rack et ils étaient tous pilotés en réseau RS485.

Guy Vignet : J’ai une anecdote. En 1998, Corida voulait lancer une sorte « d’Eurockéennes » à Nancy, peut-être même en coproduction avec la ville qui leur avait dit avoir un prestataire local, Lagoona, qui ferait parfaitement l’affaire. Corida voulant se rassurer, place une interface entre les artistes et le prestataire local. Madje ! Welcome Madje et il commence par nous dire « votre système je l’adore. Adamson est, avec ce que fait Christian (Heil NDR), le seul constructeur intéressant. »
Il arrive donc, fait un tour et ensuite il est resté backstage on ne l’a quasiment plus revu. Il a même fait l’article et expliqué à la presse technique d’époque à quel point notre système marchait et était bien réglé (rires) ! Il a beaucoup insisté sur nos racks d’amplification en Lab. Et quelque temps après, L-Acoustics a spécifié cette combinaison amplis/processing pour ses propres enceintes ! Nous avons peut-être aidé Madje à lever ses derniers doutes.

1998. Systèmes L+R Adamson Serie 200, central Adamson RA pour l'Arena festival

1998. Systèmes L+R Adamson Serie 200, central Adamson RA pour l’Arena festival

SLU : Combien de temps a duré le modulaire Adamson ?

Didier Dal Fitto : Lagoona l’a toujours je crois, mais on peut dire qu’il a bien tourné jusqu’aux années 2000.

SLU : Et question ventes ?

1998. A l'Arena festival de Nancy, de gauche à droite, Albi Bop, Madje Malki, Fred Pichard. De dos c'est Gilles Bedon. Julien Poirot était stagiaire mais dommage, il n'est pas sur la photo.

1998. A l’Arena festival de Nancy, de gauche à droite, Albi Bop, Madje Malki, Fred Pichard. De dos c’est Gilles Bedon. Julien Poirot était stagiaire mais dommage, il n’est pas sur la photo.

Didier Dal Fitto : Nous en avons vendu pas mal, mais nous avons vite compris qu’il était compliqué d’être à la fois importateur / distributeur et prestataire. Etre prestataire et s’adresser à un autre prestataire créé une dualité délicate à résoudre.

Guy Vignet : Etre concurrent avec lui le lundi et vouloir lui vendre du matériel le mardi, ça ne marche pas.

Didier Dal Fitto : Guy est venu me voir un jour et m’a dit « Il faut qu’on se décide. Soit on reste dans la presta, soit on bascule à 100% dans la distribution. Nous avons un truc entre les mains, il faut aller au bout. »

SLU : J’imagine que cette réflexion s’est faite le jour où la série Y est sortie…

Didier Dal Fitto : Absolument. Fin 1999 nous avons finalisé la négociation de cession de Lagoona et le Y18 est arrivé à l’été 2000.

Un système Adamson Y-axis 18

Un système Adamson Y-axis 18

Guy Vignet : Est-ce qu’on serait parti en distribution Adamson exclusive sans le line-array ? Je me le demande. Il y avait déjà un produit chez Adamson, le horizontal array qui marchait bien mais qui était trop lourd pour nous. On ne l’avait pas considéré. Bref, Je dis à Didier : « je te vois t’user et perdre ton temps sur de la distribution électrique pour des festivals, alors que ce n’est pas ce que tu as envie de faire … »

Didier Dal Fitto : J’étais devenu directeur technique là où ma formation première était celle d’ingé son. Du coup dans les années 2000, je ne faisais plus que de la direction technique. Le son où j’étais super à l’aise était réglé en un quart d’heure et, le reste du temps, je le passais à faire de l’électricité, de la lumière, du calcul de charge de structure, des commissions de sécurité. Je m’enfonçais dans un poste qui ne m’attirait pas du tout.

Guy Vignet : Il ne se plaignait pas, mais j’ai senti qu’il commençait à s’étioler et qu’il finirait par s’éteindre. Du coup on a valorisé Lagoona et on s’est remis « en slip » pour repartir dans la vraie direction qui est la nôtre.

SLU : Tu as pesé le pour et le contre…

Guy Vignet : Le potentiel était là. Il faut savoir évaluer objectivement ses forces et ses faiblesses et être lucide. C’est vrai qu’être distributeur te place en compétition avec d’autres gens, et non des moindres, je pense à Marco chez Best et Dushow, au grand Lulu ou à Madje qui est toujours un peu mis en avant chez L-Acoustics, des professionnels identifiés qui ont le respect du métier car ils sont compétents. Est-ce nous aurons les gens capables d’être en face de ces mecs-là ? Ma réponse a été : évidemment que le grand peut le faire ! Quant au marketing et au juridique, je m’en charge.

SLU : Quelques mots sur la cession de votre activité prestation ?

Guy Vignet : Cela s’est très bien passé. On est tombé d’accord avec les gens d’MPM qui étaient parmi nos clients et on leur a cédé notre activité lorraine ce qui leur a permis de grossir en chiffre. Et pour Strasbourg et Paris on a proposé à Gilles Bedon et à Denis Fenninger de devenir indépendants en gardant le nom commercial Lagoona.

Gilles et Didier en slip, DV2 dans ses couches, c’est assez dévêtus que nous terminons ce deuxième épisode de la saga. Le troisième et dernier recèle quelques surprises de taille et nous conduira de 2000 à nos jours pour bien comprendre le pourquoi et le comment nos deux mecs ont réussi à s’imposer et à imposer leurs idées et leurs marques.
Rendez-vous dans quelques jours car contrairement aux télés françaises, nous ne jouons qu’un épisode à la fois !!

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Le Livre blanc de John Meyer sur le Leopard traduit en francais

John Meyer

John Meyer

Comme on dit chez Meyer, conscient de tenir un produit au fort potentiel : « Le Leopard est l’UPA des line-arrays ». Cela étant, comment en être certain.
Mais en lisant les 24 pages de son White Paper, pardon, de son livret Blanc désormais en français, validé par Marc de Fouquières et truffé d’informations, de références et de jolis graphiques. Accessoirement aussi en l’écoutant, chose que nous ferons au plus vite pour vous.

Gros avantage de ce document, il a été manifestement conçu à l’attention d’une clientèle moins experte et malgré tout désireuse de comprendre un peu mieux ce que signifie haut-parleur linéaire, phase, longueur d’onde, distorsion harmonique ou réponse polaire.
Autre gros avantage, il démontre très clairement les performances remarquables de cette enceinte, performances que rien ne viendra gâcher puisque comme tout produit Meyer, elle incorpore filtrage et puissance.

Meyer Sound Labs, Inc. Projet LEOPARD © John Meyer, 2015

La famille Leo au grand complet, ou comment brillamment renouveler une gamme de line-arrays avec trois enceintes, la Leo-M, la Lyon et tout en haut la Leopard. A droite les deux subs appelés désormais Low Frequency Control, le 1100-LFC et le « petit » 900-LFC, le compagnon de jeu du Leopard.

La famille Leo au grand complet, ou comment brillamment renouveler une gamme de line-arrays avec trois enceintes, la Leo-M, la Lyon et tout en haut la Leopard. A droite les deux subs appelés désormais Low Frequency Control, le 1100-LFC et le « petit » 900-LFC, le compagnon de jeu du Leopard.

1-Introduction

Nous avons créé la famille de haut-parleurs LEO pour produire les meilleurs haut-parleurs linéaires possibles, avec une distorsion réduite à sa limite théorique.
LEOPARD est un petit élément de la famille LEO auquel aucun marché spécifique n’a été attribué. Nous l’avons présenté à nos ingénieurs comme un défi pour voir de quelle façon il pourrait être conçu.

Qu’entendons-nous par « système idéal de haut-parleurs » ?
Un haut-parleur idéal reproduirait un son qu’une personne serait incapable de distinguer de celui provenant directement de la source sonore. En bref, LEOPARD est plus puissant et présente moins de distorsion qu’un haut-parleur de taille comparable. Avant d’aborder sa conception, nous devons d’abord comprendre la façon dont nous percevons et mesurons les sons. Lors de la description de LEOPARD, nous traitons également de la théorie et de l’histoire des haut-parleurs, afin que cette réalisation soit examinée dans son contexte.

2-Mesure des tonalités et des notes

Que savons-nous sur les sons pour nous guider vers la création du haut-parleur idéal ?
Nous percevons des sons parce que nos tympans (membranes tympaniques) se déplacent d’avant en arrière en phase avec les variations de pression créées par toutes les sources sonores, y compris les instruments de musique et les voix.
La vibration crée une onde dans l’air qui s’éloigne de la source sonore à une vitesse d’environ 344 m/s au niveau de la mer et à température ambiante. Toutes les Fréquences sonores se déplacent à la même vitesse dans l’air (1). Les ondes sonores se comportent dans l’air comme des ondes électromagnétiques (radio ou lumière), ce qui signifie que l’utilisation des lois fondamentales de la physique permet de prédire leur interaction avec un objet solide, tel qu’un mur.

(1) Notez que les ondes à la surface de l’eau ont un comportement non linéaire qui diffère de celui des ondes de pression dans l’air. Par exemple, les ondes à la surface de l’eau qui présentent un grand espacement entre les crêtes se déplacent plus lentement que celles avec un espacement plus court.

Les notes d’instruments de musique sont une combinaison de tonalités pures à l’état stable, qui existent dans un « espace indépendant du temps ». Tout le reste – début, fin, décalages de fréquence, variations de gain, limiteurs, compresseurs, etc – se trouve dans un « espace dépendant du temps ».

Que signifient les termes « notes » et « tonalités pures » ? Examinons la tonalité A440.
Un diapason marqué A440, lorsqu’il est frappé, produit une onde de compression où la pression de l’air va et vient 440 fois par seconde. Nous appelons cela une tonalité pure ou une fréquence d’onde sinusoïdale de 440 Hz.
Une note, cependant, peut contenir plusieurs tonalités. Par exemple, une note de 440 Hz jouée sur un piano peut comprendre une tonalité de 440 Hz (la tonalité fondamentale) associée à des tonalités de 880 Hz et 1 320 Hz (les harmoniques).
En réalité, les notes de piano peuvent comprendre plus de 10 harmoniques. La figure 1 montre l’amplitude en fonction du spectre de fréquence d’une note théorique de 440 Hz à l’état stable jouée au piano.

Figure 1. Spectre de fréquence idéal de la note A (440 Hz) jouée sur un piano après avoir atteint un état stable.

Figure 1. Spectre de fréquence idéal de la note A (440 Hz) jouée sur un piano après avoir atteint un état stable.

Les sources sonores à l’état stable ne changent pas leur fréquence (hauteur) ni leur amplitude (sonie) au fil du temps, ou du moins pas au cours de leur enregistrement. Il est donc nécessaire de laisser la note ou la tonalité atteindre un état stable avant de la mesurer.
Si des notes simples jouées sur un piano sont enregistrées avec un microphone sensible à la pression, les notes peuvent être clairement identifiées dans l’enregistrement, car chaque note s’estompe assez rapidement (figure 2). Pour trouver la fréquence d’une note, il faut d’abord l’isoler, comme l’illustre l’enregistrement sur 300 ms du graphique inférieur de la figure 2.

Figure 2. Enregistrement de plusieurs notes simples jouées sur un piano (en haut), avec un zoom sur une seule note (en bas).

Figure 2. Enregistrement de plusieurs notes simples jouées sur un piano (en haut), avec un zoom sur une seule note (en bas).

La transformée de Fourier de l’enregistrement de la note isolée montre un spectre qui diffère fortement de celui de la note de piano idéale (figure 3). Le problème vient du fait que nous avons capturé le coup initial du marteau frappant la corde en même temps que la détérioration résultante de l’amplitude. Comme vous pouvez le voir, la forme de l’onde change constamment, sauf sur des périodes très courtes, et la note ne semble pas atteindre d’état stable.

Figure 3. Spectre d’intensité de la note de piano illustrée en bas de
la figure 2. Remarquez les différences par rapport au spectre idéal de la figure 1

Figure 3. Spectre d’intensité de la note de piano illustrée en bas de
la figure 2. Remarquez les différences par rapport au spectre idéal de la figure 1

Cet aveuglement aux variations temporelles est l’un des inconvénients de l’analyse spectrale, et il convient de s’en souvenir chaque fois que vous examinez un analyseur de spectre. En revanche, nos oreilles sont excellentes pour entendre les changements temporels. Rechercher la note enfouie dans l’enregistrement reste toujours utile, et ce point sera traité dans un autre article sur la mesure indépendante des sources (SIM); cependant, de nombreux systèmes de mesure et dispositifs de traitement considèrent les « choses entre les notes » comme du bruit.
Helmholtz a montré comment créer des notes en utilisant de multiples sources de tonalité unique dans les années 1850. Par exemple, il était possible de commencer à simuler une note de piano au moyen de diapasons aux bonnes fréquences.
Commençons par trois sources sonores distinctes, espacées de quelques dizaines de centimètres, chacune produisant une tonalité pure et stable unique à 440, 880 et 1 320 Hz. Mesurons alors les variations rapides de pression dans l’air quelques mètres plus loin. Helmholtz utilisa le phonautographe de Scott (breveté en 1857), qui gravait l’onde de pression sur un cylindre tournant de sorte à pouvoir visualiser l’enregistrement de la note (figure 4). Ce procédé est identique aux équipements d’enregistrement modernes ou à l’oreille humaine, qui sont également sensibles à la pression.

Figure 4. Phonautographe de Scott, commercialisé en 1860 pour mesurer la forme des ondes sonores.

Figure 4. Phonautographe de Scott, commercialisé en 1860 pour mesurer la forme des ondes sonores.

Helmholtz constata que les tonalités pures de chaque source s’additionnaient dans l’air pour créer une forme d’onde combinée (figure 5). Supposons que vous choisissiez une position de mesure où les trois tonalités (ondes sinusoïdales) ont une amplitude nulle au même moment (extrême gauche des graphiques). Les tonalités sont alors synchronisées, ou en phase.

Figure 5. Enregistrement sur 10 ms de trois tonalités pures de 440, 880 et 1 320 Hz en phase. Le phonautographe aurait enregistré la forme d’onde du bas.

Figure 5. Enregistrement sur 10 ms de trois tonalités pures de 440, 880 et 1 320 Hz en phase. Le phonautographe aurait enregistré la forme d’onde du bas.

Pour une autre position de mesure, l’onde combinée aura une forme différente (figure 6). Cela vient du fait que la distance de chaque source sonore a changé, affectant alors la relation de phase entre les tonalités. Dans ce cas, l’amplitude de chaque tonalité n’est jamais nulle au même moment. Nous disons alors que les ondes sinusoïdales ne sont pas en phase, ou que les harmoniques présentent un déphasage ou un décalage de phase.

Figure 6. Enregistrement sur 10 ms de trois tonalités pures de 440, 880 et 1 320 Hz déphasées, illustrant une forme d’onde combinée différente de celle de la figure 5.

Figure 6. Enregistrement sur 10 ms de trois tonalités pures de 440, 880 et 1 320 Hz déphasées, illustrant une forme d’onde combinée différente de celle de la figure 5.

Helmholtz observa que le décalage de phase entre les tonalités ne changeait pas la sonorité de la note. Les deux notes créées ci-dessus ont la même sonorité. C’est pour cette raison que la notion de notre insensibilité aux phases a pris naissance. Helmholtz ne l’a néanmoins pas affirmé comme tel, soulignant qu’il n’était pas en mesure d’étudier les sons non harmoniques. Comme nous le savons maintenant, il s’agit d’un cas particulier, parce que les notes sont à l’état stable et sont très simples. De façon plus générale, nous ne sommes pas insensibles aux phases pour les signaux qui varient au cours du temps.

Les recherches de Helmholtz sur les notes musicales reposent sur des travaux antérieurs de Fourier. Cette approche est désormais largement utilisée et s’appelle analyse de Fourier ou de spectre. Elle utilise une fonction mathématique appelée transformée de Fourier qui permet de convertir une onde sonore à l’état stable du domaine temporel au domaine fréquentiel, dans lequel chaque fréquence a une amplitude et une phase.
Rappelons que la transformée de Fourier suppose que la source sonore ne change jamais ; elle émet depuis toujours et continuera toujours d’émettre. Ceci est important car les relations spatiales des sources sonores à l’état stable sont perdues, comme nous le verrons plus loin. Nous avons donc appris que pour reproduire fidèlement une note à l’état stable, nous avions besoin d’un haut-parleur capable de reproduire toutes les fréquences à la bonne sonie.
Mais ce n’est pas la seule exigence requise d’un bon haut-parleur. Il doit également reproduire la phase fidèlement afin de reproduire des sons plus complexes. Les expériences de Helmholtz montrent que la phase est à bien des égards équivalente aux écarts temporels entre les fréquences. Un son qui change au fil du temps doit être reproduit avec une bonne réponse de phase.

Nos trois sources sonores produisant une note de fréquence 440 Hz en est un exemple. En laissant la source produisant la tonalité fondamentale proche de notre microphone de mesure, éloignons la source de 880 Hz de 150 mètres et la source de 1 320 Hz de 300 mètres. Nous avons maintenant besoin, afin d’obtenir la même sonie au microphone, d’augmenter la sonie des sources éloignées.
Après avoir laissé les sources émettre pendant un certain temps (en état stable), nous constatons la même forme d’onde de pression qu’avant, lorsque toutes les sources étaient proches. En fait, il est impossible de savoir qu’une source est à 150 ou 300 mètres de distance tant qu’elle produit une tonalité continue. Cependant, si nous éteignons toutes les sources sonores en même temps, les harmoniques peuvent être entendus jusqu’à une seconde après que la fréquence fondamentale se soit estompée.

La reproduction du bruit d’un tambour, ou d’un pétard, fournit un autre exemple de l’importance de la phase. La forme d’onde de pression ressemble, dans ce cas, à un pic aigu, et l’analyse de Fourier démontre qu’il contient toutes les fréquences correspondant à un seul point dans le temps. La forme d’onde est modifiée quand une fréquence est retardée et arrive plus tard que les autres, typiquement lorsqu’un haut-parleur reproduit le son.
Ce genre de retard de phase peut modifier la réponse tonale et transitoire du tambour. Notez que, dans ce cas, il est très facile d’entendre l’effet du décalage de phase, car l’état n’est pas stable ; la pression change très rapidement au fil du temps.

3-LEOPARD

Regardons maintenant comment les haut-parleurs produisent un son, en examinant d’abord la réponse en fréquence et en poursuivant avec la puissance, la distorsion et la directivité. Dans chaque section, nous verrons comment la conception de LEOPARD a pris cet aspect en charge.

3.1 Réponse en fréquence

Qu’entend-on par la réponse en fréquence d’un système de haut-parleurs, ou fonction de transfert? Une « fonction de transfert », décrit la nature du système en cours de test et non pas comment il est mesuré. Par exemple, la sortie d’un appareil avec une fonction de transfert de 2 sera le double de son entrée.
La fréquence et la réponse de phase de la fonction de transfert d’un système de haut-parleurs décrivent le niveau et la synchronisation de toutes les tonalités reproduites par le système par rapport au signal d’entrée. Le système de haut-parleurs doit reproduire toutes les tonalités entre 32 et 16 000 Hz pour assurer la reproduction de toutes les formes de musique. Comme il existe un nombre infini de fréquences comprises entre 32 et 16 000 Hz, nous devons définir une limite pratique pour la résolution. Avec 64 tonalités par octave, nous obtenons 576 tonalités pour ces neuf octaves, ce qui devrait couvrir toutes les formes de musique.
Nous pourrions émettre une tonalité à la fois pour mesurer le haut-parleur. Chaque tonalité doit durer au moins une seconde pour assurer une réponse à l’état stable. En procédant ainsi, la mesure des 576 tonalités prend environ 10 minutes. La réponse à la puissance ou l’amplitude nous indique les tonalités que le système peut reproduire, mais ne précise pas leur phase ni le moment où elles sont reproduites.
Un analyseur à deux voies est nécessaire pour obtenir la réponse de phase de la fonction de transfert. Il compare les tonalités émises et reçues après soustraction du délai de propagation entre le haut-parleur et le microphone.

Depuis les années 1970, la réponse en fréquence est calculée grâce à la transformée rapide de Fourier, un algorithme informatique efficace qui permet une mise en oeuvre pratique de la transformée de Fourier. Les résultats peuvent être obtenus en quelques secondes, avec un signal complexe mélangeant les 576 tonalités. La même réponse peut être acquise avec de la musique ou du bruit aléatoire avec notre analyseur SIM (Mesure distincte de la source, qui a remporté le prix R&D 100 en 1992).
Ces mesures permettent de vérifier que le haut-parleur reproduit toutes les fréquences au même niveau. Nous devons également mesurer la réponse de phase pour s’assurer que les signaux qui varient dans le temps, les percussions par exemple, sont reproduits fidèlement, ce qui est le cas lorsque la réponse de phase est nulle à toutes les fréquences. La question devient alors : « Quelle est l’importance de la réponse de phase ? » Elle est très importante si vous souhaitez reproduire un signal avec des transitoires marqués.

Les haut-parleurs de cinéma des années 1930 souffraient de grandes quantités de distorsion de phase, car il était largement admis que nous ne pouvions percevoir la phase et que le décalage de phase ne devait pas affecter la qualité sonore. Néanmoins, les spectateurs se plaignaient de la mauvaise qualité de l’image sonore des spectacles de claquettes.

Regardons maintenant la réponse en fréquence d’un système réel. Le haut-parleur M’elodie a établi une référence en matière de qualité sonore lors de son lancement. Il possède une réponse d’amplitude très plate ; toutes les tonalités sont de même sonie, et la réponse de phase est plate et nulle au-dessus de 2 kHz (figure 7). En comparaison, LEOPARD a une réponse d’amplitude également plate, mais sa réponse de phase est nulle à partir de 125 Hz et au-dessus, ce qui constitue une amélioration remarquable.

Figure 7. Réponse en fréquence de M’elodie et de LEOPARD à 2 m ; la réponse d’amplitude est représentée dans le panneau supérieur, et la réponse de phase dans le panneau inférieur. Toutes les réponses sont lissées de 1/6 ème d’octave. Notez que cette réponse a été utilisée pour la conception de LEOPARD ; sa réponse de sortie est différente sur le produit commercialisé.

Figure 7. Réponse en fréquence de M’elodie et de LEOPARD à 2 m ; la réponse d’amplitude est représentée dans le panneau supérieur, et la réponse de phase dans le panneau inférieur. Toutes les réponses sont lissées de 1/6 ème d’octave. Notez que cette réponse a été utilisée pour la conception de LEOPARD ; sa réponse de sortie est différente sur le produit commercialisé.

Il est très difficile d’atteindre zéro pour la réponse de phase en basse fréquence.
C’est une contrainte physique liée au rapport entre la petite taille d’un haut-parleur et la taille des longueurs d’onde qu’il reproduit. Une tonalité de 100 Hz a une longueur d’onde de 3 mètres, soit dix fois plus qu’un haut-parleur de 30 centimètres. Une solution consisterait à créer un haut-parleur de 3 mètres, mais cela présente de nombreux inconvénients évidents. Un compromis raisonnable consiste à rendre la phase nulle au-dessus d’une certaine fréquence, généralement autour de 200 Hz.
Soyez prudent en comparant la réponse de phase de deux haut-parleurs : la comparaison n’est valable que lorsque la réponse d’amplitude est la même. En effet, tout changement d’amplitude, notamment lorsqu’il est le résultat d’une égalisation, produit un changement dans la réponse de phase.

Notez également que la réponse en fréquence illustrée sur la figure 7 a été utilisée par les ingénieurs pour la conception d’un seul haut-parleur LEOPARD. Mais comme LEOPARD est prévu pour être utilisé dans un système à plusieurs haut-parleurs, et jamais seul, la réponse en fréquence finale est celle qui apporte une réponse plate à la TOTALITÉ du système. Garantir la cohérence sonore d’un système de haut-parleurs en ligne de source est un processus complexe qui sera décrit dans un autre article.

L’objectif du haut-parleur est de reproduire non seulement toutes les tonalités, mais également toutes les informations entre les notes, ce qui comprend les états transitoires et les états instables, dans lesquels la phase est cruciale. La musique ne peut être reproduite fidèlement que par les systèmes de haut-parleurs avec une amplitude plate et une réponse de phase plate. L’aspect suivant à considérer est la distorsion, qui, si elle n’est pas contrôlée, peut nettement réduire la qualité d’un haut-parleur, même avec une parfaite réponse en fréquence.

3.2 Puissance
Avant de décrire la distorsion, nous devons d’abord déterminer la bonne sonie d’un haut-parleur, car la distorsion augmente avec le niveau. C’est une partie cruciale de la conception d’un haut-parleur, en particulier pour un modèle de haute puissance tel que LEOPARD.
La puissance, ou sonie, est liée à la pression acoustique (SPL), qui est une moyenne quadratique (RMS) mesurée en moyenne sur une période de temps et qui peut être calculée par presque tout appareil de mesure de pression acoustique. Comme il est très difficile de mesurer la puissance directement, la plupart des haut-parleurs sont classés selon la SPL maximale qu’ils peuvent produire à une certaine distance.

Un point important concernant la puissance est son indépendance du signal généré. Avec une onde sinusoïdale, toute la puissance se trouve dans une seule fréquence. Avec le bruit rose, la puissance s’étale dans le temps et la gamme de fréquences audibles. La puissance totale peut être la même dans les deux cas.
Le type de signal détermine également la marge requise, ou différence entre le niveau de crête et le niveau RMS. Le niveau de crête est une mesure instantanée. Il est supérieur au niveau RMS de 3 dB pour une onde sinusoïdale et de 12 dB pour le bruit rose (2). Un haut-parleur doit atteindre les niveaux de crête sans écrêtage (qui produit de grandes quantités de distorsion) pour reproduire fidèlement un signal. Même si un haut-parleur est en mesure de suivre une onde sinusoïdale, rien ne permet de garantir qu’il peut reproduire le bruit rose au même niveau, car ce dernier exige plus de marge (3).

(2) Les ingénieurs préfèrent prendre en compte le niveau RMS et le mesurer, car il est directement lié à la puissance. Les niveaux de crête ne le sont pas, ce qui rend plus difficile la comparaison des performances entre différents signaux.
(3) Bien que le bruit rose nécessite plus de marge dans un système, il masque également la distorsion. En règle générale, il est impossible de détecter une distorsion de moins de 10 % en utilisant un bruit rose.

LEOPARD a été conçu pour être deux fois plus puissant que M’elodie. Par conséquent, il doit atteindre 106 dB SPL à 2 m avec 12 dB de marge pour reproduire le bruit rose. Les deux haut-parleurs LF de LEOPARD doivent produire chacun 100 dB SPL.
Le haut-parleur LF prototype de LEOPARD peut produire une sortie mesurée de 106 dB SPL pour une onde sinusoïdale de 90 Hz à 2 m. En comparaison, un haut-parleur générique LF de 20 cm produit 102 dB SPL dans les mêmes conditions.

3.3 Distorsion d’une seule tonalité
Un haut-parleur parfaitement linéaire est défini comme étant un piston dont le mouvement suit précisément son entrée. Toute déviation de la linéarité est appelée distorsion, et n’est jamais souhaitable. Mais même un piston complètement linéaire réagit avec l’air et produit une distorsion. C’est une limite théorique de distorsion pour n’importe quel bruit aérien.
En général, une distorsion dans l’air se produit car la pression peut augmenter indéfiniment, mais ne peut descendre en dessous d’un vide (zéro). Autrement dit, un mouvement linéaire ne conduit pas à des variations de pression linéaires.
Plus précisément, considérons le cas d’un haut-parleur piston dans un espace clos, comme le montre la figure 8. Lorsque le piston avance à mi-chemin, le volume diminue de 50 % et la pression dans l’espace double. Lorsque le piston recule de la même distance, le volume atteint 150 % et la pression diminue à 67 %, et non 50 %. Ce phénomène a été décrit et calculé par Olson dans les années 1940.

Figure 8. Démonstration de la distorsion de l’air. Un piston se déplace dans un espace clos. Les déplacements vers l’avant et vers l’arrière produisent la même variation de volume (la moitié ici) mais pas la même variation de pression.

Figure 8. Démonstration de la distorsion de l’air. Un piston se déplace dans un espace clos. Les déplacements vers l’avant et vers l’arrière produisent la même variation de volume (la moitié ici) mais pas la même variation de pression.

Examinons maintenant la distorsion harmonique, sur laquelle nous avons un certain degré de contrôle. Nous ne voulons pas que le système modifie les tonalités, par exemple, en ajoutant ses propres harmoniques. Cela se produit lorsque le haut-parleur ne peut ni trop avancer ni trop reculer sans s’endommager (ce qui est souvent appelé distorsion d’écrêtage).
Certains harmoniques sont plus audibles que d’autres. Par exemple, presque toutes les notes musicales comprennent un 2e harmonique (deux fois la fréquence fondamentale). Ce 2e harmonique est difficile à détecter, et n’est seulement audible que quand il est présent à plus de 3 %. Les harmoniques supérieurs sont plus faciles à détecter : 2 % pour le 3e, 1% pour le 5e ou le 7e. Cependant, les fréquences qui ne sont pas en relation harmonique avec la note d’origine sont détectables à partir de 0,1 %.

La distorsion harmonique est simple à mesurer : il suffit d’envoyer un son pur au système de test et de rechercher les harmoniques. Le taux de distorsion harmonique total (THD) est la puissance totale de tous les harmoniques par rapport à la puissance de la note fondamentale. La sonie de la tonalité peut être suffisamment augmentée pour générer 10 % de THD, qui est considéré comme étant la distorsion maximale avant de perdre le contrôle du système.
A ce stade, le haut-parleur LEOPARD est supérieur aux systèmes génériques et à M’elodie de 4,5 dB. Soyez prudent avec ces chiffres, car ce test n’indique pas ce qui se passe en dessous du seuil de distorsion de 10 %. Pour un bon haut-parleur, la distorsion doit chuter rapidement à mesure que le niveau décroît. Pour les mauvais haut-parleurs, la distorsion décroît lentement.

Etudions la distorsion harmonique du haut-parleur LEOPARD. La figure 9 montre le spectre d’un système LEOPARD complet (haut-parleurs LF et HF, amplificateur, et filtre répartiteur) produisant une tonalité de 500 Hz à 106 dB SPL à 2 m. Notez que la mesure de la distorsion du 2e harmonique est égale à la limite inférieure de la distorsion de l’air : 0,2 %. Un haut-parleur ne peut produire 106 dB SPL avec moins de distorsion. Quand un système de haut-parleurs produit 30 % de distorsion au 3e harmonique, la suppression de l’harmonique est très difficile.

Figure 9. Spectre de réponse d’un système LEOPARD complet pour une tonalité de 500 Hz à 106 dB SPL mesurée à 2 mètres. Notez que la mesure de la distorsion du 2e harmonique est juste à la limite de 0,2 % de distorsion de l’air.

Figure 9. Spectre de réponse d’un système LEOPARD complet pour une tonalité de 500 Hz à 106 dB SPL mesurée à 2 mètres. Notez que la mesure de la distorsion du 2e harmonique est juste à la limite de 0,2 % de distorsion de l’air.

Si l’on ajoute un filtre avant le haut-parleur à la fréquence du 3e harmonique, cela n’aura aucun effet car l’harmonique est généré par le haut-parleur. J’ai rencontré ce problème une fois lors d’un concert de STYX dans les années 1980, et ce fut une expérience très frustrante. La seule façon de supprimer l’harmonique est de réduire à l’aide d’un filtre le niveau de la note fondamentale, ou de réduire la sonie du système. Les filtres linéaires ne fonctionnent correctement que sur les systèmes sonores linéaires. Un corollaire étant qu’il est facile d’ajouter des harmoniques à un système linéaire.

3.4 Distorsion de plusieurs tonalités
Les distorsions résultant d’interactions entre les tonalités sont plus difficiles à mesurer que les distorsions d’une seule tonalité. Nous avons donc besoin de signaux de test spéciaux pour chaque type de distorsion.

Commençons par la modulation de fréquence (MF), une autre limitation fondamentale des haut-parleurs. Même un haut-parleur parfaitement linéaire produit une distorsion MF, appelée également distorsion de Doppler ou battement, lorsque deux ou plusieurs tonalités sont reproduites simultanément. Une distorsion MF se produit quand les vitesses de deux tonalités s’ajoutent lorsqu’elles vont dans la même direction (et se soustraient lorsqu’elles vont dans des directions opposées).

Si nous envoyons des tonalités de 80 Hz et 440 Hz à un haut-parleur, le signal de 80 Hz modulera la fréquence porteuse de 440 Hz. Si le piston du haut-parleur basse fréquence se déplace avec une excursion de crête de 0,5 cm, la vitesse de pointe est de : 2π x (modulation de fréquence) x (excursion de crête),

ou : 2π x 80 Hz x 0,5 cm = 251 cm/s.

La valeur du décalage de fréquence est donnée par (fréquence porteuse) x (vitesse maximale) / (vitesse du son). Pour cet exemple, la distorsion MF est :

(440 Hz) x (251 cm/s) / (34 400 cm/s) = 3,2 Hz,

qui est considérée comme étant en dessous du seuil d’audibilité.

La tonalité de 440 Hz se décale de 3,2 Hz en fréquence en raison du mouvement du haut-parleur basse fréquence. Ce battement est un changement de fréquence rapide d’avant en arrière (80 fois par seconde dans ce cas). Ce n’est pas une tonalité mais une variation de fréquence tout comme le vibrato. En fait, la distorsion MF est la même pour tous les niveaux de fréquence porteuse. Dans ce cas, l’excursion à 80 Hz seule détermine la fréquence de battement.
Un haut-parleur linéaire reproduit également une « fréquence de battement », issue de deux tonalités rapprochées. Par exemple, les tonalités 440 et 450 créent une fréquence de battement de 10 Hz. Ce son de 10 Hz n’est pas une véritable tonalité puisque le haut-parleur ne crée pas cette fréquence. Sa perception est créée dans notre oreille. Dans cet exemple, un diapason de 10 Hz ne serait pas excité par ce battement (4).

(4) Pour convertir cette fréquence de 10 Hz en véritable tonalité, vous devez soit augmenter la SPL jusqu’à rendre l’air très non-linéaire, ou utiliser un haut-parleur très non-linéaire. Cela s’appelle hétérodyne.

Étudions maintenant un type de distorsion que nous pouvons réduire à l’aide d’une bonne conception : la distorsion d’intermodulation (IM), qui est créée lorsque deux fréquences interagissent de façon non linéaire entre elles. La signature de l’IM se caractérise par des tonalités à l’état stable en phase entourant la tonalité supérieure. Si nous envoyons deux fréquences, 80 et 440 Hz, à un haut-parleur non linéaire, nous verrons sur un analyseur de spectre des fréquences de 80, 440, 440-80 = 360, 440+80 = 520 Hz.
Ces produits d’IM, comme on les appelle, possèdent des distorsions harmoniques qui leur sont propres et qui, à leur tour, créent d’autres produits d’IM avec toutes les autres fréquences présentes. On sait depuis les années 1950 que la distorsion d’intermodulation crée une qualité sonore « voilée ».

L’IM et d’autres types de distorsion peuvent être dévoilés en combinant plusieurs tonalités sinusoïdales en une forme d’onde plus complexe. Un bon signal de test est produit par l’ajout de tonalités de 80, 100, 125, 225 et 440 Hz en phase (figure 10). Leur somme a une amplitude RMS de 9,1 dB en dessous du niveau de crête. Nous choisissons ces fréquences car toute distorsion créée possède des lignes spectrales discrètes dans le domaine fréquentiel.

Figure 10. Mesures de distorsion du signal de 5 tonalités contenant des tonalités à 80, 100, 125, 225 et 440 Hz.

Figure 10. Mesures de distorsion du signal de 5 tonalités contenant des tonalités à 80, 100, 125, 225 et 440 Hz.

La figure 11 représente trois systèmes sonores recevant notre signal de test de 5 tonalités : LEOPARD, M’elodie et un système générique. Le signal complexe de 5 tonalités est émis au niveau le plus élevé de pression sonore qui n’enclenche pas les limiteurs de protection de M’elodie, soit 100 dB SPL RMS (crête de 109 dB) à 2 m.

Figure 11. Réponse spectrale des trois haut-parleurs pour le signal de test de 5 tonalités de la figure 10. La tonalité est émise à 100 dB SPL RMS et mesurée à 2 m.

Figure 11. Réponse spectrale des trois haut-parleurs pour le signal de test de 5 tonalités de la figure 10. La tonalité est émise à 100 dB SPL RMS et mesurée à 2 m.

Notez que le système générique présente la plus grande distorsion de 500 à 1 000 Hz, mais correspond à la distorsion de M’elodie de 1 à 4 kHz. LEOPARD présente beaucoup moins de distorsion que les autres systèmes.
Rappelons que notre objectif pour LEOPARD est que sa sonie soit de 6 dB de plus que celle de M’elodie. Nous pourrions atteindre cet objectif en utilisant les mêmes amplificateurs de puissance que M’elodie, mais en les augmentant de 6 dB, comme le système générique. Malheureusement, cela produirait plus de distorsion.
Au lieu de cela, nous avons spécifiquement conçu les haut-parleurs de LEOPARD pour ce niveau de sortie plus élevé. Ceci est visible à la figure 12, où nous avons augmenté le niveau à 106 dB SPL (crête de 115 dB) à 2 m, sans engager les limiteurs de protection.

Figure 12. Réponse spectrale du signal de test de 5 tonalités émis à 106 dB SPL (crête de 115 dB) à 2 m. Les deux systèmes génériques sont configurés avec un signal d’entrée à -6 dB afin que le niveau résultant reste à 106 dB SPL.

Figure 12. Réponse spectrale du signal de test de 5 tonalités émis à 106 dB SPL (crête de 115 dB) à 2 m. Les deux systèmes génériques sont configurés avec un signal d’entrée à -6 dB afin que le niveau résultant reste à 106 dB SPL.

À ce niveau, le système générique présente 10 fois plus de distorsion et est clairement dans un état très non-linéaire. En règle générale, la distorsion chute proportionnellement avec le niveau ; nous pouvons nous attendre, par conséquent, à une réduction de 10 fois pour une baisse de 20 dB SPL. Par exemple, un micro ayant une distorsion de 1 % à 140 dB SPL a une distorsion estimée de 0,1 % ˆ 120 dB. Ceci n’est vrai que lorsque le système se comporte bien. Cependant, quand on réduit le niveau du système générique de 6 dB, la distorsion diminue comme prévu en dessous de 500 Hz mais pas au-dessus. Cela signifie que le niveau de distorsion HF de deux systèmes génériques, chacun étant réduit de 6 dB, sera toujours supérieur à celui d’un système LEOPARD.

Ce test de 5 tonalités révèle des non-linéarités non détectables avec une seule tonalité. Pour en revenir à l’expérience de Helmholtz, la forme d’onde multi-tonalité change si la phase de l’un de ses composants change. Nous pourrions, par exemple, ajuster les phases pour émettre un signal de test avec moins de niveau de crête, mais avec le même niveau de RMS. Une crête réduite signifie que le haut-parleur produit moins de distorsion dans un système non-linéaire (Perrin Meyer et David Wessel). C’est une façon de tester la distorsion d’un système.

Nous ne pouvons compenser tous les mécanismes non linéaires des haut-parleurs, et les améliorations, ce qui n’est pas surprenant, ont un coût plus élevé : de plus grands aimants et des bobines doubles, gérées chacune par un amplificateur distinct.
Avant de refermer le chapitre du haut-parleur LF, nous devons déterminer la limite de fréquence supérieure, qui est contrainte par la distorsion MF (DMF) et qui augmente avec la gamme de fréquences (des plus basses au plus hautes) produites par le haut-parleur.
Par exemple, un haut-parleur LEOPARD en pleine excursion à 50 Hz produisant également une tonalité à 2 kHz présente une DMF de 18 Hz. La réduction de la tonalité supérieure à 600 Hz réduit la DMF à 5,4 Hz.

Nous devons activer la répartition à 600 Hz ou en dessous pour que la DMF reste inférieure à 6 Hz. La SPL peut être augmentée soit en élargissant le piston, soit en augmentant son excursion, ou les deux. Puisque l’excursion est déjà à son maximum pour un niveau acceptable de DMF, notre seul choix est d’augmenter la surface du cône. Par exemple en utilisant deux haut-parleurs LF.

4-Directivité

4.1 Réponse polaire des haut-parleurs LF
Maintenant que nous avons parlé de la distorsion, nous pouvons examiner la directivité des haut-parleurs, c’est-à-dire leurs modèles polaires. Ceci est crucial pour développer des haut-parleurs produisant un son cohérent dans leur zone de couverture. Commençons par deux haut-parleurs LEOPARD à basse fréquence positionnés l’un à côté de l’autre.
Dans la figure 13, nous regardons deux sources sonores montées sur un mur déflecteur et dirigées vers le vide. Aucun autre mur n’est présent.

Figure 13. Champ de pression sonore de deux haut-parleurs montés sur un mur déflecteur (bas de la figure) et espacés de 2,5 fois la longueur d’onde de la tonalité pure qu’ils reçoivent. Dans ce cas, la fréquence est de 1,4 kHz, et l’espacement est de 2 pieds (60 cm).

Figure 13. Champ de pression sonore de deux haut-parleurs montés sur un mur déflecteur (bas de la figure) et espacés de 2,5 fois la longueur d’onde de la tonalité pure qu’ils reçoivent. Dans ce cas, la fréquence est de 1,4 kHz, et l’espacement est de 2 pieds (60 cm).

Lorsque nous convertissons ce champ de pression acoustique en un diagramme polaire, nous pouvons tracer une ligne reliant les points SPL égaux, appelée isocontour (figure 14). Elle ressemble à l’isobare des cartes météo. Les lobes latéraux où la réponse est à zéro sont plus visibles ici que sur la figure 13.

Ces lobes sont causés par les interférences destructives là où les ondes sinusoïdales de chaque haut-parleur sont déphasées de 180° et s’annulent complètement. Les ondes sinusoïdales sont en phase et s’additionnent en une interférence constructive au centre du lobe. Cette structure lobe/nulle signifie que cette tonalité disparaît à certains angles, ce qui est le pire des cas possible pour un haut-parleur.
Les lobes secondaires disparaissent lorsque l’espacement des haut-parleurs est réduit à une demi longueur d’onde (figure 15). Ce type de diagramme polaire peut être interprété de deux façons, en prêtant attention aux points marqués à -3, -6 et -10 dB.

Figure 14. Diagramme polaire indiquant une réponse SPL égale pour deux sources sonores espacées comme dans la figure 13. La pression sonore est indiquée à une distance fixe en fonction de l’angle, et est normalisée au niveau à 0° (Olson).

Figure 14. Diagramme polaire indiquant une réponse SPL égale pour deux sources sonores espacées comme dans la figure 13. La pression sonore est indiquée à une distance fixe en fonction de l’angle, et est normalisée au niveau à 0° (Olson).

Figure 15. Diagramme polaire indiquant des contours SPL égaux pour deux sources sonores espacées d’une demi longueur d’onde.

Figure 15. Diagramme polaire indiquant des contours SPL égaux pour deux sources sonores espacées d’une demi longueur d’onde.

La SPL est la même sur tous les points le long de cette ligne. Plus on s’éloigne vers les côtés (90°), plus on se rapproche des haut-parleurs. Le point 1.0 du diagramme polaire, ou point d’unité, se rapporte à l’éloignement de la source sonore. Nous utilisons 1 mètre à 0° comme référence d’unité. À 45° d’écartement du centre, la distance est de 0,5 m du haut-parleur (puisque -6 dB équivaut à un facteur de 1/2).

Alternativement, la SPL diminue du même facteur (6 dB) le long du cercle le plus éloigné. À 45°, la SPL est de moitié (-6 dB), et à 55°, le niveau passe à 0,3 (-10 dB). Par conséquent, si nous avions 106 dB SPL à 0°, nous constaterions 100 dB SPL à 45°.
En aparté, la différence entre un diagramme polaire avec une échelle linéaire et un diagramme avec une échelle logarithmique est énorme. L’échelle logarithmique élargit le lobe principal et rend le reste du diagramme plus étroit. Une échelle logarithmique signifie que le diagramme polaire n’a pas d’interprétation physique directe. On ne peut pas superposer le diagramme logarithmique sur un espace linéaire, telle qu’une pièce, ni se déplacer le long de la ligne pour obtenir un contour de sonie égale comme décrit ci-dessus.

La largeur de ce diagramme polaire est appelée largeur de faisceau (BW). Dans les années 1950, l’industrie audio a défini la largeur de faisceau d’une source directionnelle comme étant l’angle total entre les points à -6 dB. Dans le cas de la figure 15, la BW est de 90° (5).

(5) Les autres disciplines qui utilisent des guides d’ondes, notamment l’hyperfréquence et l’acoustique sous-marine, utilisent le point de demi-puissance de -3 dB.

Soyez prudent : certains fabricants de haut-parleurs définissent la largeur de faisceau comme étant l’angle entre les points à -10 dB. Avec cette définition, la BW de la figure 15 serait de 110°, soit 20° plus large. Nous vous avons montré trois façons de regarder le même champ de pression : le diagramme de pression en 2D, le diagramme polaire, et la largeur de faisceau (discutée en détail à la figure 19).

Par conséquent, avec l’espacement de deux pieds des figures 13 et 14, la fréquence la plus haute sans lobes secondaires est de 280 Hz. Cet espacement permet d’insérer un pavillon HF entre les deux haut-parleurs LF. Cependant, nous ne pouvons pas utiliser les deux haut-parleurs LF ensemble au-dessus de la limite du lobe de 280 Hz.
Nos concepts passés ont utilisé deux haut-parleurs LF ensemble au-dessous de 280 Hz et un seul haut-parleur au-dessus de cette fréquence. Un seul haut-parleur de 20 cm peut être utilisé jusqu’à 2 kHz, et il devient trop directionnel au-delà. Cette conception a été utilisée pour le système M’elodie et offre une marge de manœuvre importante pour la répartition vers le pavillon haute fréquence du haut-parleur.

Une autre approche consiste à utiliser deux haut-parleurs jusqu’à 500 Hz afin de maintenir une SPL élevée. Pour éviter les lobes secondaires, leur espacement devrait être environ de la moitié de la longueur d’onde de 500 Hz, soit 30 cm. Une conception innovante a permis d’atteindre cet objectif (figure 16). Les ondulations dans les basses fréquences introduites par le pavillon HF sont résolues par des filtres électroniques spéciaux de l’amplificateur de puissance intégré à LEOPARD.

Figure 16. Conception mécanique du système LEOPARD.

Figure 16. Conception mécanique du système LEOPARD.

4.2 Historique de la réponse polaire des haut-parleurs HF
Maintenant que nous avons complètement spécifié le haut-parleur LF, tournons-nous vers le haut-parleur HF. La couverture horizontale est contrôlée ici par un pavillon (ou guide d’onde). Nous voulions que notre pavillon ait une bande passante constante de 500 Hz à 16 kHz. C’était très difficile à réaliser auparavant, mais l’utilisation d’ordinateurs de grande puissance pour la modélisation nous a permis de concevoir une nouvelle solution pour LEOPARD. Examinons l’historique des pavillons avant de décrire cette solution.

Regardons quelques diagrammes polaires de pavillons exponentiels développés dans les années 1930 (figure 17), qui sont utiles pour une couverture étroite. Malheureusement, ils ont des niveaux élevés de distorsion.

Figure 17. Réponse polaire de trois pavillons exponentiels différents à cinq fréquences (Olson).

Figure 17. Réponse polaire de trois pavillons exponentiels différents à cinq fréquences (Olson).

Les produits suivants introduits dans les années 1940 incorporaient plusieurs pavillons exponentiels par unité, appelés pavillons multicellulaires (figure 18). Cet assemblage est d’une largeur de 81 cm. Vous pouvez voir que la réponse polaire est la plus étroite autour de 500 Hz.

Figure 18. Réponse polaire d’un pavillon multicellulaire pour six fréquences (Olson).

Figure 18. Réponse polaire d’un pavillon multicellulaire pour six fréquences (Olson).

Beranek a présenté un diagramme de largeur de faisceau pour les pavillons multicellulaires, mesurant la BW comme étant l’angle entre les points à -6 dB (figure 19). Avec ce genre de diagramme, le modèle étroit dans le milieu de gamme est très évident. C’est l’endroit où la largeur du pavillon se rapproche de la longueur d’onde. Avec ce genre de diagramme, toute structure du lobe, au-delà des points à -6 dB, est perdue.

Figure 19. Largeur de faisceau d’un pavillon multicellulaire construit à partir d’un nombre variable de cellules (Beranek).

Figure 19. Largeur de faisceau d’un pavillon multicellulaire construit à partir d’un nombre variable de cellules (Beranek).

Autre pavillon intéressant, le pavillon parabolique (appelé également pavillon radial) possède des parois verticales de forme exponentielle et des parois horizontales rectilignes (figure 20). Le pavillon de diffraction est une variante avec des parois verticales parallèles et le même modèle polaire horizontal. Mais les pavillons de diffraction sont de tous les pavillons ceux qui produisent la plus grande quantité de distorsion. Ces pavillons ont un angle de couverture étroit autour de la longueur d’onde de la largeur horizontale du pavillon.

Figure 20. Réponse polaire d’un pavillon radial de 30 cm pour huit fréquences (Olson).

Figure 20. Réponse polaire d’un pavillon radial de 30 cm pour huit fréquences (Olson).

Durant les 50 années suivantes, de nombreux pavillons ont été produits et considérés comme ayant une directivité constante. Malgré une présentation avantageuse de leurs fonctionnalités, ils comportaient des améliorations sur les modèles précédents. Une des difficultés rencontrées dans la détermination de la performance est que la largeur de faisceau était calculée après lissage de la réponse en fréquence. Cela avait pour conséquence de combler les vides et rendre le diagramme polaire plus lisse qu’en réalité. En outre, de nombreuses fiches produits ne comportaient que peu d’indications, voire aucune, sur la manière dont les données étaient mesurées.
Nous avons décidé de publier des données polaires linéaires à haute résolution en 2000 ; elles sont disponibles sur Internet via le programme MAPP Online™. Ce programme peut prédire avec précision les annulations et les lobes à une distance quelconque, car il utilise des données haute résolution sans lissage.

4.3 Le pavillon HF de LEOPARD
Revenons au système LEOPARD. Nous avons besoin d’un petit pavillon de 30 cm capable de se loger entre les deux haut-parleurs LF et qui a une couverture horizontale de 110° entre 500 et 16 000 Hz. Notre intention est d’utiliser les deux haut-parleurs LF jusqu’à 600 Hz, ce qui réduit considérablement nos options de répartition par rapport au système de haut-parleurs M’elodie (qui permet une répartition entre 280 et 2 000 Hz). Le pavillon générique est, à ce jour, la meilleure tentative des autres fabricants pour résoudre le rétrécissement de la BW entre 500 et 2 000 Hz. Les réponses mesurées du pavillon générique et de M’elodie sont présentées dans la figure 21, avec les pavillons intégrés dans leur boîtier.

Figure 21. Largeur de faisceau horizontale mesurée pour deux types de pavillons. La largeur de faisceau est mesurée à 2 m et est calculée à partir du point à -6 dB avec un lissage de 1/6ème d’octave.

Figure 21. Largeur de faisceau horizontale mesurée pour deux types de pavillons. La largeur de faisceau est mesurée à 2 m et est calculée à partir du point à -6 dB avec un lissage de 1/6ème d’octave.

La réponse polaire du pavillon de LEOPARD mesurée dans l’espace libre (figure 22), montre une largeur de faisceau remarquablement constante de 110°, nettement plus constante que les autres pavillons de la figure 21. Cette conception a été réalisée à l’aide d’une modèlisation informatique avant toute construction de prototype.

Figure 22. Largeur de faisceau horizontale du prototype de pavillon de LEOPARD mesurée comme dans la figure 21.

Figure 22. Largeur de faisceau horizontale du prototype de pavillon de LEOPARD mesurée comme dans la figure 21.

4.4 Le haut-parleur HF de LEOPARD
LEOPARD utilise un nouveau moteur de compression pour le pavillon décrit plus haut.
Il est conçu pour augmenter de 6 dB le niveau de sortie par rapport au moteur de compression utilisé dans M’elodie. Le diaphragme de 7,6 cm (piston) n’a pas de modes de rupture sous 18 kHz. Cela permet non seulement de réduire les distorsions
à des niveaux plus élevés, mais également de prolonger la durée de vie à des niveaux de sortie élevés. La surcharge de l’air dans le pavillon doit être le facteur limitatif de la distorsion, à condition de rendre le haut-parleur linéaire.

La forme du pavillon de LEOPARD est un équilibre entre contrôle directionnel et diminution de la distorsion de l’air, cette dernière étant atteinte grâce à un taux d’expansion rapide près de la gorge, de sorte que la SPL décroît rapidement à mesure que l’onde se déplace vers la bouche du pavillon. La meilleure condition pour générer une distorsion consiste à émettre un son de haute pression à travers un tube. Plus le tube est long et étroit, plus la distorsion est importante, ce qui explique pourquoi les pavillons de diffraction souffrent d’une telle distorsion. La distorsion du 2e harmonique augmente avec la fréquence pour la même SPL dans un pavillon exponentiel.

La réponse mesurée du pavillon de LEOPARD correspond très bien aux calculs pour une sortie de 106 dB SPL à 2 m. Les distorsions mesurées et calculées du 2e harmonique sont de 1,2 % pour une tonalité de 1 kHz. La distorsion calculée du 2e harmonique est de 2,5 %, tandis que LEOPARD produit seulement 3 % à 2 kHz. Le 3e harmonique est inférieur à 0,3 %, ce qui est un indicateur de très faible distorsion mécanique « d’écrêtage doux ».

Ce type de moteur de compression HF n’a pas été généralement disponible sur le marché car il est dépourvu de toute protection physique. Un type de haut-parleur HF développé dans les années 1940 pour les systèmes de répartition passifs, encore en usage aujourd’hui, possède des suspensions très rigides offrant une protection à des fréquences inférieures à celle du seuil du pavillon. Ils réagissent également moins aux variations d’impédance du pavillon, ce qui provoque des pics et des creux dans la réponse en fréquence. En revanche, le haut-parleur HF de LEOPARD se fonde uniquement sur une protection électronique.

5-Références

Beranek, Leo (1954). Acoustics. New York : McGraw-Hill.
Olson, Harry F. (1957). Acoustical Engineering, 3e édition Philadelphie : Professional Audio Journals.

 

Bose Panaray

802 et 402 série IV, on ne change pas une équipe qui gagne !

Bose Panaray 402

Bose Panaray 402

25 ans après la mise sur le marché des 802 et des 402, Bose annonce une nouvelle version de ces deux enceintes increvables désormais appelées Panaray® 802® et Panaray 402® série IV.
La recette est tellement bonne que ce n’est qu’une somme de petits détails qui vient rafraîchir ces deux modèles passés à la postérité.

Ce sont 25 ans d’existence pour les versions professionnelles mais presque 50 pour la 901, l’enceinte Hi-Fi par laquelle tout a commencé et qu’Amar Bose, fondateur de la marque, a conçue en 1968 quatre ans à peine après avoir lancé la société éponyme.
Ce premier modèle a validé le principe d’utilisation d’un nombre variable de petits haut-parleurs large bande égalisés et disposés de telle sorte à rayonner essentiellement par l’arrière pour le modèle Hi-Fi et par l’avant pour celui pro.

Le succès des 802 et 402 a été immédiat auprès des intégrateurs, des consultants en conception et des installateurs de systèmes audiovisuels. Nombre de prestataires et de collectivités ont aussi craqué pour la très grande polyvalence de ces enceintes. Forts de cette popularité, les modèles de la série IV héritent des caractéristiques et des niveaux de performances qui ont fait la réputation de leurs prédécesseurs.

Bose Panaray 802

Bose Panaray 802

Toutes les enceintes Panaray Bose Professional sont composées de haut-parleurs large bande, éliminant la nécessité d’utiliser des tweeters et crossovers et offrant ainsi une clarté des voix, une phase et une fiabilité très rigoureuse.
La conception Bose Articulated Array™ fournit une couverture large et homogène grâce à l’angle d’orientation précis des haut-parleurs, ce qui permet de réduire le nombre d’enceintes dans de nombreuses configurations.
L’enceinte Panaray 802 série IV présente une ouverture de 120°V x 100°H, tandis que sa réponse allant à -10 dB jusqu’à 52 Hz, élimine pour des pressions acoustiques raisonnables, la nécessité d’utiliser des modules de basses.

La réponse en fréquence dans l’axe de la 802 Série IV

Réponse fréquence axe 802 Série IV

La puissance admissible AES totale des 8 petits HP de 4,5’’ de 300 Watt couplée à une sensibilité de 92 dB, permet d’atteindre 117 dB SPL avec des crêtes à +6 dB. Ce nouveau modèle de la série IV dispose également d’inserts latéraux et d’un support en U en option pour des installations simples, et rapides. L’enceinte 802 série IV est dotée d’un fini noir, mesure 338 x 520 x 335 mm et ne pèse que 13,6 kg.

Tous deux disposent de nouvelles options d’installation pour faciliter leur montage et offrir davantage de possibilités d’emploi. Ils sont d’ailleurs pensés pour être installés en extérieur ou en intérieur.

Bose Equerre 802 IV


Bose Panaray 402 grille off

Plus petite, l’enceinte Panaray 402 série IV ouvre quant à elle à 120°V x 60°H et sa réponse en fréquence s’étend à -10 dB jusqu’à 73 Hz, soit largement l’intégralité du spectre vocal pour une solution plus ramassée et économique intérieure comme extérieure. Ses 4 haut-parleurs de 4,5’’ acceptent 150 Watt AES. La sensibilité de 91 dB amène le SPL à 113 dB.

Ce nouveau modèle série IV est en outre équipé d’inserts arrière standard permettant d’accueillir des supports d’inclinaison et d’orientation, pour une plus grande souplesse d’installation.
L’enceinte Panaray 402 série IV est disponible en fini noir et blanc, mesure 592 x 206 x 202 mm et pèse 7,3 kg.

La réponse en fréquence dans l’axe de la 402 Série IV

Réponse fréquence axe 402 Série IV

Pour « processer » et alimenter ces deux modèles, les amplis PowerMatch à 4 ou 8 canaux se révèlent parfaits à raison d’une ou deux 802 en parallèle par canal de la série 4500 ou 8500 et d’une ou deux 402 en parallèle par canal de la série 4250 ou 8250 moins puissante.

Ici un 8500

Ici un 8500

L’enceinte 802 série IV est déjà disponible à un prix public HT « assagi » de 865 €, tandis que le lancement du modèle 402 série IV est prévu pour début 2016 à un prix public inchangé de 665 €.
Cette dernière disposera de deux versions plus particulièrement destinées à l’installation en 50 W et 100 W/100 Volt.
Pour plus d’informations, visitez le site www.pro.bose.com

 

Y’a pas que des K dans la vie, vive le X !

Nouvelle gamme coaxiale L-Acoustics, écoute des X à Marcoussis

Apparues cet été dans le parc de quelques prestataires pilotes, les X ont séduit grâce à leur joli minois tout rond, leur taille de guêpe et leur poids plume. Il faut dire qu’elles envoient le bois, façonné dans la menuiserie flambant neuve de Keskastel, bois qui est ensuite farci de composants dernier-cri à Marcoussis, dans l’usine d’assemblage. Neuve elle aussi.
Il ne manquait plus qu’une écoute. C’est chose faite, mais rien de nouveau à signaler. Elles sonnent !

Dan Orton, ingénieur application pour le Royaume Uni et l’Irlande en pleine présentation de la gamme X. Rien de tel qu’un membre éminemment anglophone de l’équipe de L-Acoustics pour assurer en pareilles circonstances face à un parterre à la provenance très variée.

Dan Orton, ingénieur application pour le Royaume Uni et l’Irlande en pleine présentation de la gamme X. Rien de tel qu’un membre éminemment anglophone de l’équipe de L-Acoustics pour assurer en pareilles circonstances face à un parterre à la provenance très variée.

C’est par une après-midi pluvieuse et devant un parterre de journalistes venus de toute l’Europe voire au-delà, qu’a eu lieu la présentation d’une gamme que nous vous avons dévoilée dès sa sortie lors du Prolight+Sound 2015 à Francfort (Voir Lien ici) et qui commence à être livrée.

Cette météo exécrable nous a privés de l’auditorium écologique et anéchoïque de L-Acoustics, le fameux spot goudronné au beau milieu d’un bois à un jet de pierre du siège social, et nous a relégués dans celui jusque-là assez secret et réservé à des essais sur l’ingénierie multicanal L-ISA, niché au rez-de-chaussée du siège social.
Un grand merci quoi qu’il en soit à toutes les équipes de L-Acoustics pour l’accueil comme toujours parfait, et spécialement à Stéphane Ecalle le directeur markéting et Dan Orton, ingénieur application, qui est venu spécialement d’Angleterre pour cette démo.

Remarquablement bien usinées, les enceintes de la série X continuent une saga coaxiale chère à la marque commencée en 1987 et qui a force de bon son et fiabilité, est devenue quasi incontournable sur les fiches techniques, tout en y apportant bon nombre de nouveautés. Le poids est sans conteste le plus plébiscité car avec 25 à 30% en moins, les X12 et X15HiQ font passer les anciens modèles pour des menhirs.
Les nouvelles poignées, les risers intégrés, les embases pour pieds, les quatre inserts filetés, cette fois-ci rien ne manque et installateurs comme exploitants vont apprécier, d’autant que toutes sortes d’étriers et autres accessoires ont été prévus pour les installations fixes.

L-Acoustics ecoute des X

L’adoption des évents laminaires L-Vents, introduits sur les subs SB28 en 2007, apporte un bas du spectre plus précis, dynamique, exempt de bruits parasites propres aux écoulements d’air non maitrisés et surtout permet de tirer parti des nouveaux transducteurs à grand débattement.

On parle de 5 dB de recul des bruits de vent ce qui est loin d’être négligeable. Le look plus arrondi et ramassé enfin plaira aux réalisateurs télé prompts à “caillebottiser” tout ce qui dépasse, comme aux prestataires qui pourront fièrement arborer un bel objet qui sera plus facile à louer un peu plus cher.

Les cotes de la X15 HiQ permettent de saisir le travail effectué sur l’ébénisterie, remarquable d’efficacité et décisif quant à la réduction du poids

Les cotes de la X15 HiQ permettent de saisir le travail effectué sur l’ébénisterie, remarquable d’efficacité et décisif quant à la réduction du poids

La réduction de poids a été obtenue à la fois grâce aux terres nobles, et au respect de la terre et des bouleaux et des hêtres qui y poussent. Exit donc la ferrite dans certains modèles, place au néodyme certes plus cher, mais infiniment plus puissant et léger. Au revoir aussi l’ébénisterie à papa où épaisseur des parois, renforts en quantité et formes carrées rimaient avec gâchis de bois.

Le bureau d’études de L-Acoustics s’est penché sur la question et, en traquant chaque résonance, est parvenu à affiner les parois, à réduire les renforts et à cintrer le bois jusqu’à lui donner des formes, une rigidité et une solidité optimums. Si vous ne nous croyez pas, posez votre main sur l’ébénisterie d’une X bien sollicitée, c’est le calme pendant la tempête.

Deux mains pour expliquer le passage d’un guide d’onde conique à un guide ellipsoïde, celles de Stéphane Ecalle, le directeur markéting de L-Acoustics qui nous a accompagnés tout au long de l’après-midi portes-ateliers-oreilles ouverts à Marcoussis

Deux mains pour expliquer le passage d’un guide d’onde conique à un guide ellipsoïde, celles de Stéphane Ecalle, le directeur markéting de L-Acoustics qui nous a accompagnés tout au long de l’après-midi portes-ateliers-oreilles ouverts à Marcoussis

Enfin les améliorations portent aussi sur la précision du guidage du son par l’emploi de guides d’ondes plus élaborés et venant suppléer la membrane de grave dans ce rôle. Le guide ellipsoïde de la X12 la rend polyvalente avec une ouverture horizontale de 90° et verticalement de 60° ce qui est parfait en renfort acoustique.

Couchée en mode bain de pied, les directivités s’inversent resserrant d’autant son ouverture horizontale ce qui est recherché sur scène. La X15 a aussi évolué puisque du « spot » conique à 50° de la 115Xt HiQ, le nouveau guide d’onde ellipsoïdal propose désormais un rigoureux 40° horizontal et 60° vertical encore plus résistant à l’accrochage et pratique à l’usage.
Exit en revanche la possibilité de bi-amplifier le modèle en 12 pouces. Les remontées terrain faisant état du très peu d’appétence pour un mode plus compliqué et cher à déployer et la très faible perte en SPL et en qualité de rendu d’un filtre passif bien conçu, ont poussé L-Acoustics à ne proposer la X12 qu’en mono-amplification.

A cet effet Florent Bernard et Cédric Montrésor, les responsables application, ont pointé le bout de leur nez durant la présentation des X pour nous rappeler à quel point la conception d’un nouveau produit chez L-Acoustics est le fruit d’un travail complexe mêlant markéting et désidérata des exploitants.

La paire de X8 entourant la surface Yamaha Nuage sans doute utilisée pour piloter les sources nécessaires à la mise au point de L-ISA. Un placement cohérent avec ce qui devrait être leur usage premier et qui les a mises en valeur.

La paire de X8 entourant la surface Yamaha Nuage sans doute utilisée pour piloter les sources nécessaires à la mise au point de L-ISA. Un placement cohérent avec ce qui devrait être leur usage premier et qui les a mises en valeur.

Tout ça est bien gentil, mais pourquoi investir en ces temps incertains, pour remplacer des enceintes certes anciennes mais qui marchent très bien, sans même gagner un dB SPL. Mais parce que ça sonne pardi, et sacrément bien même.
Retour bien au chaud dans l’auditorium où ont été déployées sur pieds une paire de chaque référence de la gamme, de la bien connue et minuscule 5XT sortie déjà depuis de nombreux mois, aux modèles plus grands X8 et X12. Les X15hiQ sont quant à elles posées au sol, même si elles peuvent être montées sur pied et employées ponctuellement comme enceintes de façade courte distance.

Ecoute des 5XT

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Comme les enfants vont se coucher plus tôt, ce sont les 5XT qui ont été mises à contribution en premier. Même si leur forme ressemble au cube qui a régné sans partage des années durant sur les bandeaux des consoles de studio, les similitudes s’arrêtent là.
Derrière la solide grille en métal de la face avant, c’est bien un coaxial 5 pouces avec un moteur 1 pouce à diaphragme qui s’agite, et ça s’entend. Si l’on parvient à faire abstraction du manque des deux octaves inférieures, le rendu est propre, clair et agréable à l’oreille avec une phase remarquable de précision.

Les 5XT sur leur pied micro. Ne vous laissez pas abuser par leur taille. Elles savent ce que SPL veut dire. Remarquez le point rouge sur la moquette matérialisant le point d’arrivée du tube vertical. On ne laisse rien au hasard…

Les 5XT sur leur pied micro. Ne vous laissez pas abuser par leur taille. Elles savent ce que SPL veut dire. Remarquez le point rouge sur la moquette matérialisant le point d’arrivée du tube vertical. On ne laisse rien au hasard…

La réponse angulaire verticale et horizontale de la 5XT prouvant bien qu’il s’agit d’un minuscule coaxial de 5 pouces sans guide d’onde spécifique.

La réponse angulaire verticale et horizontale de la 5XT prouvant bien qu’il s’agit d’un minuscule coaxial de 5 pouces sans guide d’onde spécifique.

La dispersion très large de la 5XT, l’idéal pour arroser de près.

La dispersion très large de la 5XT, l’idéal pour arroser de près.

Les sifflantes ne sont par exemple pas mises en relief, un défaut récurrent avec les petits modèles, malgré un niveau en aigu et extrême aigu très important. L’atténuation hors axe est douce et régulière. Son utilisation en renfort de proximité mais plus encore en diffusion principale distribuée pour des petits lieux, soutenue par un sub qu’on laisserait s’aventurer plus haut que de coutume, doit être un plaisir, d’autant plus que la pression que peuvent générer ces petits cubes est presque phénoménale ramenée à leur taille.

Ecoute des X8

Une X8 bien emprisonnée dans un étrier et une fixation lui donnant toute latitude de réglage sur le plan horizontal comme vertical.

Une X8 bien emprisonnée dans un étrier et une fixation lui donnant toute latitude de réglage sur le plan horizontal comme vertical.

Les X8 dont je connais le rendu en version amplifiée grâce à Stéphane Plisson qui utilise des 108P en écoute de proximité en salle, méritent l’appellation de moniteur, pourtant aussi galvaudée que celle de grand cru.
Cohérentes, dynamiques et une fois encore tirant pleinement parti de la technologie coaxiale pour délivrer une phase quasi parfaite, ce sont de vrais outils de travail sans fioritures.
Le grave est présent et réussit la prouesse d’associer extension et niveau, soutenu par un bas médium analytique avec une touche de personnalité.

Le médium est net et sans bavure tout comme l’aigu qui paraît à peine en retrait, surtout après l’écoute des 5XT qui en donnent sans retenue.
L’ensemble est massif, ressemble effectivement au rendu des lignes source de la marque et devrait permettre de préparer sereinement ses mix sans avoir besoin d’ouvrir le gauche/droite.

Cette nouvelle X8 parvient à garder le SPL de l’ancien modèle tout en délivrant un rendu plus fluide, sec, dynamique et avec l’extension dans le grave propre à la 108P.
Rien à redire sur la phase, une source placée au centre du mix est reproduite exactement là où elle doit être, quelque chose d’essentiel dans un moniteur. Bien joué.

La réponse angulaire verticale et horizontale de la X8, assez large et régulière pour offrir une zone d’écoute confortable suffisamment large jusque dans l’aigu

La réponse angulaire verticale et horizontale de la X8, assez large et régulière pour offrir une zone d’écoute confortable suffisamment large jusque dans l’aigu

Le design acoustique conique de la X8 permettant un placement vertical ou horizontal

Le design acoustique conique de la X8 permettant un placement vertical ou horizontal

Ecoute des X12

L’écoute se poursuit avec les X12 et dès le premier extrait, le charme agit. L’association 12 pouces et compression qui est « académique » et fonctionne en général très bien, atteint ici des sommets, aidée par le montage coaxial, les évents laminaires, le nouveau guide d’onde et les HP de grande classe, tout un ensemble que le filtre passif ne gâche en rien.

La paire de X12, bien décollée de la paroi arrière de l’auditorium occupée par les stacks de 6 Kara du système L-ISA.

La paire de X12, bien décollée de la paroi arrière de l’auditorium occupée par les stacks de 6 Kara du système L-ISA.

La réponse angulaire verticale et horizontale de la X12. La régularité et la progressivité de l’atténuation hors axe matérialisées par les trois lignes d’iso-pression à -3, -6 et -12dB. Cet excellent comportement la rend parfaitement fonctionnelle aussi en tant que bain de pied.

La réponse angulaire verticale et horizontale de la X12. La régularité et la progressivité de l’atténuation hors axe matérialisées par les trois lignes d’iso-pression à -3, -6 et -12dB. Cet excellent comportement la rend parfaitement fonctionnelle aussi en tant que bain de pied.

La nouveauté de la X12, un guide d’onde ellipsoïde 60x90 lui donnant de meilleures performances à la fois en renfort et en retour de scène

La nouveauté de la X12, un guide d’onde ellipsoïde 60×90 lui donnant de meilleures performances à la fois en renfort et en retour de scène

Une X12 dans son étrier, un des innombrables modes d’accroche pour cette boite aussi polyvalente qu’acoustiquement aboutie

Une X12 dans son étrier, un des innombrables modes d’accroche pour cette boite aussi polyvalente qu’acoustiquement aboutie

Le rendu est brillant, sec, profond, neutre, une vraie réussite qui ferait un malheur bien au-delà du monde de la sonorisation. Les voix notamment sont reproduites avec précision et fluidité, gage d’un beau comportement en wedge.

La directivité semble aussi plus précise que sur l’ancien modèle avec, par exemple, une sortie de la zone de couverture verticale et horizontale plus marquée.
La transition façade/wedge est facilité par le choix de la directivité 60 x 90 qui une fois inversé en 90 x 60 est assez serré pour bien figurer sur scène.
Sur ce modèle aussi, des progrès ont été effectués à la fois sur les presets comme sur le guidage matériel conduisant à une spatialisation et un étagement des plans sonores allant bien au-delà de ce à quoi la sonorisation nous a habitués.

Autre mode d'accroche de la X12

Autre mode d’accroche de la X12

L’impact du grave est saisissant de délié et de dynamique, et il ne lui manque qu’un peu de contour dans la dernière octave ou un sub pour offrir une superbe façade à bien des petites salles ou à de nombreux clubs.

Il en va de même pour l’aigu. Il monte sans effort et sans aucune coloration ou dureté. Tout est fluide et sans effort. Très, très belle réussite.

Ecoute de la X15 HiQ

Avec le X15 HiQ on aborde la force brute, le modèle conçu pour satisfaire la plus grande partie des artistes sur scène. Bi-amplifié et embarquant un 15 pouces pour le grave et un moteur 3 pouces pour l’aigu, il reprend le suffixe HiQ à juste titre. Il suffit de se mettre devant cette pompe à son pour s’en rendre compte. On est arrosé par un jet très, mais alors très bien guidé qui vous attire en son sein et vous alimente avec une précision et une dynamique rare.

Deux angles de travail sont offerts, 35° natifs et 55° via des cales de rehausse intégrées.

Deux angles de travail sont offerts, 35° natifs et 55° via des cales de rehausse intégrées.

Les X15 avec Stéphane Ecalle qui les connait sur le bout des bois…

Les X15 avec Stéphane Ecalle qui les connait sur le bout des bois…

S’éloigner du centre du guide d’onde ellipsoïde dans le champ horizontal comme vertical, est immédiatement sanctionné par une baisse de niveau et une perte de présence rapide et profonde. Il va être très simple d’associer quatre wedges en montage stéréo sans que les deux gauches ou les deux droits n’interfèrent entre eux.

Posé à plat sans faire appel à ses risers incorporés, le X15 couvre un espace compris entre deux bons mètres en retrait jusqu’à une trentaine de centimètres devant le wedge lui-même, sans variation notable de la balance tonale où que l’on se place.
Ecouté avec une large variété de sources dont une batterie seule assez bien enregistrée, il délivre un rendu plein, gros avec une assise importante et un grave très profond, trop peut-être, on en reparlera plus tard.

Le médium est incisif et correspond bien au cahier des charges d’un wedge qui se doit de passer par-dessus toute pollution sonore.
L’aigu est équilibré et présent sans aucune forme d’agressivité. Ecouté à plus fort niveau, la balance tonale reste équilibrée avec un haut du spectre plus présent et mordant.

La réponse angulaire verticale et horizontale de la X15 HiQ. Le guide d’onde ellipsoïde fait ici des merveilles. La régularité et la progressivité de l’atténuation hors axe sont quasiment parfaites, et la proximité des lignes d’iso-pression -3, -6 et -12dB prouvent bien la rapide chute hors axe indispensable sur scène. Ce comportement est d’une précision chirurgicale jusqu’à des fréquences aussi basses que 500 Hz, chapeau !

La réponse angulaire verticale et horizontale de la X15 HiQ. Le guide d’onde ellipsoïde fait ici des merveilles. La régularité et la progressivité de l’atténuation hors axe sont quasiment parfaites, et la proximité des lignes d’iso-pression -3, -6 et -12dB prouvent bien la rapide chute hors axe indispensable sur scène. Ce comportement est d’une précision chirurgicale jusqu’à des fréquences aussi basses que 500 Hz, chapeau !

Pile ce qu’il faut, sans oublier que de toute manière, le son est fait par les ingés son retours qui généralement taillent dans une matière qui se doit d’être exempte de distorsion, puissante, dynamique et sans gros accident, exactement ce que propose le X15.

Pour en revenir au grave, j’ai trouvé que malgré une dynamique de tous les instants, il a tendance à être généreux aussi tout autour de la boîte avec une bosse pas très naturelle venant quelque peu masquer sa précision.

L’explication nous a été apportée par Florent Bernard, le responsable d’application Touring qui est revenu vers nous par téléphone quelques jours plus tard.
Explication qui a été complétée pour notre plus grand plaisir, par une description passionnante de cette enceinte dans l’interview de Florent ci-après.

Interview de Florent Bernard

Florent Bernard

Florent Bernard

SLU : Au-delà de ses qualités, j’ai trouvé une forme de « fuite de basses » tout autour de la X15 avec la mise en avant d’une fréquence venant un peu ternir mon impression favorable du bas du spectre par ailleurs redoutable d’efficacité…

Florent Bernard : Sans vouloir abonder dans l’excuse habituelle du local qui est la source de tous les maux, c’est un peu vrai dans ce cas de figure. La réponse en fréquence et le contrôle polaire de la X15 sont bien supérieurs à ce qu’on obtenait avec la 115Xt HiQ. La dispersion angulaire que l’on montre sur la fiche technique, et qui est le fruit de vraies mesures et pas d’un travail sur Photoshop, parle d’elle-même. On est proche du parfait dans le cône 40 x 60.

Ce que nous avons essayé de faire en matière de directivité, et selon moi atteint avec ce wedge, c’est la prise en compte de l’angle natif de 35° du X15 et de sa directivité verticale de 60° afin d’offrir un iso-contour extrêmement stable en niveau comme en fréquence que l’on se positionne à l’aplomb du retour comme à 2,5 mètres en retrait et cela pour un artiste d’une taille moyenne de 1,75 m.

SLU : J’ai constaté qu’effectivement la zone d’écoute va de deux bons mètres en retrait jusqu’à environ 30 cm en avant du wedge, ce qui donne toute latitude à l’artiste de s’avancer vers son public en mettant typiquement un pied dessus !

Une X15 sur la pointe des pieds, ou comment passer de 35° à 55° via des cales de rehausse intégrées et gagner sensiblement en portée. Si on additionne la moitié de la directivité verticale à 55° on obtient 85° et comme les pieds n’ont pas d’oreilles, ce sont bien les vraies qui peuvent s’écarter plus…

Une X15 sur la pointe des pieds, ou comment passer de 35° à 55° via des cales de rehausse intégrées et gagner sensiblement en portée. Si on additionne la moitié de la directivité verticale à 55° on obtient 85° et comme les pieds n’ont pas d’oreilles, ce sont bien les vraies qui peuvent s’écarter plus…

Florent Bernard : Exactement. Le but c’est de ne pas avoir de points chauds ou de trous. Je trouve le comportement de la X15 en progrès par rapport à la 115Xt qui était selon moi un peu trop « HiQ » puisqu’elle offrait un angle de 30° par rapport à la verticale qui gênait certaines personnes qui lui trouvaient trop de bas-médium en sortant du cône de diffusion et donc en perdant le haut du spectre. Le point de diffusion optimal était sans doute un peu trop près du wedge ce qui fait qu’en mettant ne serait-ce qu’un gros pédalier pour un guitariste devant, on s’écartait de cette zone de confort.

Pour en revenir à ta remarque sur le grave, il est évident que sur des enceintes de ce format, en dessous de 150 Hz on a quasiment autant de niveau derrière que devant. La X15 n’a pas une taille suffisante et n’est pas conçue pour avoir une directivité polarisée vers l’avant dans le bas. Nous avons en revanche fait en sorte de ne pas avoir plus de niveau derrière que devant. Enfin, une fois atteint 100Hz, très naturellement toute enceinte devient omnidirectionnelle et cela se voit très bien sur le diagramme de dispersion angulaire.

En montage stéréo, les deux X15 entourées par Stéphane Ecalle et Dan Orton. Une grosse patate mais aussi un grave un peu flottant à cause d’un vilain RT à 93 Hz.

En montage stéréo, les deux X15 entourées par Stéphane Ecalle et Dan Orton. Une grosse patate mais aussi un grave un peu flottant à cause d’un vilain RT à 93 Hz.

SLU : Revenons à la salle, à votre audi L-ISA qui vous sert aussi de zone de repli et d’écoute quand le temps n’est pas clément avec vous…

Florent Bernard : Comme te l’a évoqué Stéphane (Ecalle, directeur markéting de L-Acoustics NRD) notre audi a un défaut dans les 90 Hz, plus particulièrement à 93. Nous avons fait le choix pour les démos de ne pas égaliser les enceintes, on les a simplement placées dans un endroit pas trop défavorable. Malheureusement la salle s’excite beaucoup à cette fréquence.
Je vais demander à ce qu’un traitement acoustique performant avec des bass traps soit installé pour absorber ce surplus d’énergie, de même qu’il serait bon de lui ôter un peu de son absorption dans le haut du spectre. Elle est un peu trop « morte ». Idéalement il faudrait bass traps et diffuseurs pour qu’elle ait des performances optimales.

Une X15 placée dans des conditions un peu plus favorables ou disons habituelles, ne présente pas du tout le même grave gonflé et baladeur, sauf à ce que le cadre de la scène génère des accidents. L’octave 100-200 est toujours délicate et sujette aux accidents. Les longueurs d’onde rentrent plus facilement en conflit ou sont exacerbées par les salles

SLU : J’ai été impressionné par la précision du guidage du haut du spectre et sans me tromper, je suis certain que le recul à l’accrochage a dû être encore amélioré.

La X15 bénéficie aussi d’un guide ellipsoïde mais plus serré à 40 x 60 et spécifiquement étudié pour améliorer ses performances sur scène.

La X15 bénéficie aussi d’un guide ellipsoïde mais plus serré à 40 x 60 et spécifiquement étudié pour améliorer ses performances sur scène.

Florent Bernard : C’est exact. Nous avons beaucoup travaillé sur le contrôle de la directivité avec la X15 ce qui permet d’avoir des niveaux de cheval avant Larsen.
Cet aspect est super dépendant de la qualité de la réponse polaire et c’est dommage que les conditions atmosphériques n’aient pas permis de vous brancher un micro et de vous laisser jouer avec. Je suis d’accord avec toi, un retour de scène se juge ainsi, surtout quand on sait à quoi s’attendre en disant « un.. deux.. » Nous avons une tranche Midas et un Beta 58.

SLU : C’est tout ??

Florent Bernard : Non bien sûr, nous avons un chouette panachage de dynamiques et de statiques dont nous nous sommes servis pour faire les tests de ce wedge. J’aurais aussi aimé que vous puissiez écouter les nouveaux presets basse latence que nous avons développés spécialement pour cette gamme. On est parti du principe que lorsque le temps du trajet acoustique se rapproche de celui du trajet électronique, c’est intéressant de commencer à grappiller quelques millisecondes.
Pour te faire un exemple, quand tu es à un mètre et demi du wedge, le son arrive au bout de 4 millisecondes. Y ajouter 4 autres millisecondes de calcul rend le total audible et potentiellement gênant pour certains artistes. Les gens en revanche qui soutiennent qu’il faut gagner deux millisecondes quand les retours sont à 10 mètres, c’est plus discutable (rires) !

SLU : La latence pose des problèmes aux artistes qui chantent avec des ears, je ne pensais pas que cela était le cas aussi avec des wedges…

Florent Bernard : Le son du X15, nous l’avons bâti aussi autour de cette notion de basse latence. C’est utile pour éviter de rendre le signal des retours « audible » par le décalage avec le son direct que tes oreilles captent par ta bouche et par ta boite crânienne. Jusqu’à 4 milli, c’est absolument acceptable, de 4 à 8 tu commences à percevoir un phasing par le filtre en peigne qui se crée, au-delà de 8 ou 9 millisecondes, tu reçois le son presque comme un écho.
Nous avons donc beaucoup travaillé cet aspect pendant le développement du wedge et sommes parvenus à des latences aussi basses que 1,2 ms sur le LA8 et légèrement en dessous de la milliseconde avec le LA4X qui dispose de DSP plus récents et rapides. Quand tu compares ce preset base latence avec celui standard qui tourne aux alentours des 4 ms, le prix à payer pour disposer d’algorithmes FIR, le son revient dans la boîte, c’est assez étonnant.

Le petit dernier de L-Acoustics. Deux dB de moins que le LA8, mais un PFC, des DSP plus véloces et 4 vraies entrées. La voie à suivre pour le remplaçant du grand frère vieillissant…

Le petit dernier de L-Acoustics. Deux dB de moins que le LA8, mais un PFC, des DSP plus véloces et 4 vraies entrées. La voie à suivre pour le remplaçant du grand frère vieillissant…

SLU : Est-ce que ce filtrage IIR ne fait pas payer cher sa vélocité sur l’autel de rendu et de la phase ?

Florent Bernard : On rentre là dans un vaste débat. Le FIR c’est avoir du filtrage à phase nulle et cela peut être très intéressant quand on a besoin d’égaliser le système sans engendrer les rotations des filtres classiques. En FIR, avant d’entendre la phase bouger, il faut vraiment y aller. C’est donc très appréciable. D’autre part, tous les outils que nous mettons à disposition de nos clients pour le réglage des systèmes ligne source comme l’Array Morphing, reposent essentiellement sur la technologie de filtrage FIR et permettent d’aller sculpter précisément le système.
L’inconvénient est que cela est gourmand en ressources DSP et long à calculer. Quand en plus on sait que les ingés retours ne vont pas se servir du LA Manager qui a été conçu pour piloter les lignes source, travailler en FIR pour des wedges ne se justifie pas. Il n’est en revanche pas exclu que dans un futur proche on rajoute quelques petits outils pour leur permettre de façonner plus facilement la balance tonale.
Faire par exemple sonner un wedge comme s’il y en avait deux, cela peut être intéressant. Quand on est face à une paire de wedges, le grave couple alors qu’au-dessus d’une certaine fréquence on est interférentiel car on n’est jamais parfaitement au milieu, ce qui donne très schématiquement un gain de 6 dB dans le grave là où il n’est que de 3 dans l’aigu et ça change la balance tonale. L’ajuster via nos outils est plus précis et rapide.

Conclusion

On pense toujours que partir d’une feuille blanche est plus difficile que d’améliorer ce qui existe. Je ne suis pas de cet avis et j’imagine que la mise au point des X n’a pas dû être de tout repos. Les modèles remplacés sont et restent d’excellentes enceintes mondialement utilisées et copiées, et représentent une part non négligeable du CA de L-Acoustics.
Parvenir à faire mieux, autrement que par des détails ou des accessoires, a donc nécessité la mise en œuvre de technologies et de composants de très haute qualité. Le choix de ne pas jouer la carte du SPL est par exemple à saluer. Ce que le rendu acoustique, la dynamique ou l’extension de la réponse en fréquence y ont gagné, est beaucoup plus intéressant qu’une paire de dB risquant en plus de compromettre la tenue dans le temps.

L-Acoustics ecoute des X

Le prix de vente catalogue des X paraît lui aussi aller dans la bonne direction, surtout quand l’on sait que l’universalité de ces modèles et leur présence sur toutes les fiches techniques, leur vaudra de nombreuses années de bons et sonores services. La 5XT ouvre le bal à 605 € HT, la X8 est positionnée à 1435 €. La X12 désormais passive est à 2255 €. La X15 enfin à 2970 € et nécessitant deux canaux d’ampli, représente l’investissement le plus onéreux, mais s’annonce redoutable d’efficacité.
Un dernier mot en guise de coup de cœur. Si vous n’écoutez qu’un modèle, essayez la X12, elle mérite de figurer dans un salon. Je serais d’ailleurs curieux de savoir qui reconnaitrait à l’aveugle le nouveau couteau suisse de Marcoussis d’une enceinte Hi-Fi de prix équivalent. Remarquez, j’ai un truc. Il suffit de les chatouiller un peu. Une va cracher 134 dB, l’autre ses bobines. Moche…

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line-array

Le C15, le nouveau système de Clair Brothers

Clair Brothers vient de muscler son offre de systèmes line-array de moyen/grand format à la vente, avec le C15, un trois voies actives équipé de deux 15 pouces, quatre 6 pouces et deux moteurs 3 pouces.
Un certain nombre d’innovations rendant le guidage du médium plus précis et le raccord entre les 15 et 6 pouces plus efficace.

Clair Brothers C15

Clair Brothers C15

Ahh bon, Clair Bros vend ses enceintes maintenant ? Oui et depuis un moment, mais cela demande une rapide explication.

Clair presta

On connaît tous l’histoire de Roy et Gene Clair, qui en 1966 depuis Lititz en Pennsylvanie, ont démarré une formidable succes story en devenant le premier prestataire de touring emmenant son propre matériel.
Bien des années plus tard en 2009, Clair a été coupé en deux entités, Clair Global le prestataire mondialement connu et Clair Brothers Audio Systems, en charge de fabriquer et vendre des produits originaux ainsi que de concevoir et déployer des systèmes audiovisuels fixes.


Clair Solutions

Confronté à la difficulté de spécifier et installer sereinement d’autres marques que la sienne, Roy Clair a décidé en 2014 de mieux délimiter deux structures :
Clair Solutions pour l’intégration et Clair Brothers pour la fabrication et la vente d’enceintes de tout type. Ce sont donc désormais trois marques distinctes qui défendent les couleurs des deux frères, séparées au point de faire tourner des artistes avec des enceintes qui ne sont pas en vente et de vendre des enceintes qui ne tournent pas avec Clair Global !

Le C15 est la dernière création du manufacturier Clair Brothers et se place logiquement entre les i212 et les i218. Cette boite bénéficie d’une toute nouvelle approche dans la projection des fréquences médium et aigues offrant un très bon contrôle de la directivité et de la linéarité.

Clair Bros

La section médium/aigus située au centre de l’enceinte, assure une ouverture de 90° sur le plan horizontal et de 10° dans celui vertical et est accompagnée à sa gauche et droite des deux HP de grave. Un guide d’onde exclusif apporte un guidage plus précis sur le plan horizontal comme vertical aux haut-parleurs médium en créant un front d’onde cohérent sans coloration ou distorsion.

Les haut-parleurs de 15 pouces disposent d’un aimant au néodyme, d’une bobine 4 pouces et bénéficient d’une charge distincte de type bass reflex avec des évents à effet Venturi. Les deux transducteurs sont montés avec un angle divergeant de telle sorte à ce que la courbe polaire du spectre bas-médium qu’ils reproduisent s’harmonise avec celle produite par le guide d’onde médium, en offrant un meilleur contrôle de la directivité d’une bande de fréquence difficile à gérer.

La construction de l’enceinte fait appel, comme pour l’ensemble de la gamme, à du multipli de bouleau de Finlande assemblé et peint à l’aide de mastic epoxy noir afin de garantir robustesse et tenue dans le temps. La grille de protection des haut-parleurs est issue d’une feuille d’aluminium de 2,5 millimètres thermo-laquée. Les perforations faisant face aux divers haut-parleurs sont étudiées en taille et forme afin de ne pas gêner la transmission du son.
Les C15 sont équipées d’une accroche bi-mode, en tension ou en compression. La prise d’angle s’opère par l’arrière et permet d’aller de 0° à 10° via six crans 1.25, 2.5, 3.75, 5, 7.5 ou 10°, deux de plus que sur les i212 ce qui est très pratique.
En utilisant les B.I.R.D. ou Bimodal Incremental Rigging Disc (qui ajoutent au choix 0.5°, 0.75°, 1.0° et 1.25°) il est possible d’obtenir une infinité d’autres angles mais uniquement en mode compression via un palan arrière.
Comme toutes les « grosses enceintes » de Clair Brothers, les C15 marchent par paires en profitant de leur impédance de 8Ω. Chaque 15’ est alimenté séparément ce qui nécessite un contrôleur à quatre canaux.

Clair a jeté depuis quelques années son dévolu sur Lab.gruppen, c’est donc le tout nouveau PLM20K44 qui est spécifié et vendu à cet effet avec les presets adéquats.
Sa puissance paramétrable lui permet de délivrer 17600 W au total sous 4 Ω à répartir et ça tombe bien puisque chaque 15’ accepte 2400 W, les 4 médiums 720W et les deux moteurs 3 pouces 320 W.
Enfin des fichiers GLL pour Ease permettent la mise en œuvre de cette enceinte. La puissance admissible tout comme la sensibilité très importante lui permettent d’atteindre 145 dB SPL avec son preset, et 149 dB sans filtrage.

Dominique Morel, le patron d’Audio Concept qui distribue Clair dans l’hexagone et tourne avec Cabrel (reportage à venir dans nos colonnes) nous confirme que ce tout nouveau modèle a déjà été installé dans une salle de concert aux Etats Unis et va être rapidement disponible à la vente en France.
D’autres infos sur www.audioconcept.fr

Clair Brothers C15 specifications

 

DV2 Story - 1ere partie- de 1981 à 1989

Didier Dal Fitto et Guy Vignet, la Grande Epoque d’Audio Services

Souvent les distributeurs prennent leur essor grâce à leurs marques, parfois c’est l’inverse, l’exemple de DV2 étant l’un des plus criants (baisse Didier !). Nous avons été à la rencontre de cette institution messine, grande pourvoyeuse de bois sonore, kilowatts savants et belles consoles, pour une grande virée dans l’histoire de deux hommes aussi complémentaires que compétents, Didier Dal Fitto et Guy Vignet.

Guy Vignet et Didier Dal Fitto

Guy Vignet et Didier Dal Fitto

SLU : D’abord quelle est la philosophie de DV2 en tant que distributeur. Vous croulez littéralement sous les récompenses !

Didier Dal Fitto (Directeur technique et associé) : D’abord nous avons toujours essayé de rester dans un business modèle qui est celui de la diffusion et nous n’avons surtout jamais voulu ressembler à un distributeur de cartons « Lambda » qui plus il a de cartes, plus il est content (on l’interrompt NDR)

SLU : Oui mais après le bois et les amplis, vous avez maintenant les consoles, bientôt les effets et les micros ? (rires)

Guy Vignet (Dirigeant et associé) : Oui mais non. Nous avons de la diff, et on a des consoles car c’était DiGiCo. Nous avions déjà été sollicités deux fois et décliné les deux fois…trop gros, on ne saura pas faire, on n’a pas le temps, pas les moyens… A l’époque leur fer de lance était la D5.

SLU : La D5 ?? Ahh mais c’est vieux votre histoire alors, à l’époque vous étiez vraiment petits !

Guy Vignet : Oui absolument. Il faut avoir l’humilité de savoir dire non. On ne fait que si on sait faire et surtout bien faire les choses. C’était au début de l’ère Energia avec Adamson et nous sentions que nous devions jeter toute notre énergie dans ce gros projet de diffusion.

1961. Guy, Managing Director avant l'heure

1961. Guy, Managing Director avant l’heure

1963. Didier : “Ca va chauffer ! Je savais lire la musique avant de savoir lire.”

1963. Didier : “Ca va chauffer ! Je savais lire la musique avant de savoir lire.”

SLU : Adamson est donc votre socle et représente quel pourcentage de votre chiffre ?

Guy Vignet : Environ 50%.

SLU : Vous avez réussi à inonder le marché avec cette marque !

Guy Vignet : Non, nous avons toujours le sentiment qu’il y a des progrès à faire. Nous avons désormais un gros, gros boulot à faire sur l’installation. C’est l’étape suivante et nous l’avons annoncé aux canadiens de telle sorte à les amener à penser les produits utiles à ce marché.

Didier Dal Fitto : Nous venons de réaliser deux chantiers en S10 : l’auditorium Debussy au Palais des Festivals de Cannes, et le 104 de Radio France. Cela dit, Adamson vient du Touring et doit continuer à projeter une gamme d’enceintes pour le fixe comme elle le fait depuis quelques années. Néanmoins il est bien des cas où les produits pensés pour le touring conviennent parfaitement en installation fixe, il suffit voir le grand nombre de SMAC et de théâtres équipées en SpekTrix et Metrix.

Guy Vignet : La difficulté dans l’installation réside trop fréquemment dans le manque de vision des décideurs qui privilégient le court terme et le moins cher, or un bon investissement est souvent bien moins coûteux sur le long terme (ma grand-mère disait le cher c’est le bon marché. A méditer) et qui acceptent des propositions décousues et minimalistes de certaines grandes marques qui font briller les yeux des financiers sans toucher à leur budget.
Evidemment avec 20 k€ pour équiper un théâtre, le résultat ne suit pas. Dès le premier accueil amplifié, le masque tombe. Comme tu t’en doutes, ça, on ne sait pas et on ne veut pas faire. Nous avons commencé avec Didier derrière des consoles et nous avons conscience de ce qu’il faut en quantité et qualité pour parvenir à un résultat.

SLU : Dire non est votre seconde nature (rires) !

Guy Vignet : Pas vraiment ! Pourtant… il y a bien longtemps le jour où l’on nous a dit que nous allions sonoriser Trust pour le compte de Pascal Legros (grand producteur / tourneur de spectacles NDR), à l’époque où ce groupe était en pleine bourre avec Antisocial, on s’est regardé tous les deux et nous avons failli dire non… mais non !

Flash back sur l’épisode Trust

1981. Premier local : esprit British

1981. Premier local : esprit British

SLU : C’était en quelle année ?

Guy Vignet : En 1982, nous avions monté tous les deux notre première société depuis peu et elle s’appelait Audio Services.

SLU : Vous nous racontez ?

Didier Dal Fitto : C’est une histoire incroyable. Nicko McBrain, le batteur d’Iron Maiden était venu faire quelques piges avec eux. Rien que ça, c’est un bon début.

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Guy Vignet : Il y avait quelques groupes de rock à Metz dont un, Atoll, a eu un rayonnement aussi à l’international. Dan, son manager, appelle et me dit « Y’a un truc à faire pour un pote à moi, un groupe dans une discothèque. » C’était la grande époque des gros établissements, des jauges de 800 et plus, et nous savions très bien le faire.

Didier Dal Fitto : Les boîtes bien feutrées, pleines de chauffeuses, alcôves, moquette et un tout petit coin scène qui ne dépassait pas les 10 mètres de large et où se produisaient quelques artistes en playback.

Guy Vignet : Il me dit aussi qu’il lui faudra quelques retours, « ramènes-en quelques-uns au cas où… Ils ont déjà les leurs, ils répètent avec. Et prends la diffusion. »
Je lui demande le nom du groupe pour avoir une idée de ce qu’il fallait et il me lâche le nom. Trust. A l’époque c’est comme si on te proposait les Pink Floyd. Mon sang ne fait qu’un tour. « Trust dans une discothèque ? »

Didier Dal Fitto : En fait ils répétaient depuis une semaine avant de partir en tournée et avaient décidé de remercier les gens qui tenaient les lieux avec un concert gratos.

1982. Premier utilitaire... comme Régiscène

1982. Premier utilitaire… comme Régiscène

SLU : C’est quelque chose qui se fait encore couramment.

Guy Vignet : Oui mais en général c’est dans un Zénith (rires) ! Je finis par accepter du bout des lèvres. Pascal Legros lui avait demandé un service et Dan s’était tourné vers nous sans trop savoir techniquement ce qu’il fallait.
On avait à l’époque un gros utilitaire Mercedes, le même que Régiscène utilisait par dizaines. On le bourre avec TOUT ce qu’on trouve dans le dépôt, l’équivalent d’un double système Martin, et nous voilà partis avec Didier en direction de la campagne entourant Dijon.

Didier Dal Fitto : Après 5 h de route, on déboule dans un patelin, où trois mecs manifestement pas du coin nous font de grands signes. Ils n’avaient pas l’air d’avoir vu la lumière depuis longtemps. « Suivez-nous ! »
On arrive d’un coup devant un hangar agricole immense, 100 mètres de long et transformé en discothèque !

Guy Vignet : On se regarde avec Didier et l’envie nous prend de nous enfuir. « Allez, on se casse ! » (rires) !

1982. Premier rack FX

1982. Premier rack FX

SLU : C’était si grand que ça ?

Didier Dal Fitto : Une sorte de parc expo très long et assez large, une jauge impensable pour le lieu. On sait immédiatement que notre diff là-dedans va être très juste. On rentre avec le bahut et on voit, tout au bout la scène, les instruments, des retours et des sides immenses.
Des châteaux Eastmill, une console retours, des wedges, bref, il y a largement plus en retours que tout ce que nous avons chargé dans le bahut pour faire la face, sauf que tout était rincé et que ça ne marchait pas.
Coup de bol pour nous. Les roads commencent à déballer et à installer la scène en mode public en surélevant la batterie et en lui faisant une gueule plus « show » que « répète ». Nous, on place notre matériel, on intercale notre patch et on ajoute quelques micros. On a toujours été en avance question câblage et nous sommes chargés comme des mules.

Guy Vignet : Puis Nicko McBrain arrive avec son t-shirt Iron Maiden et sa gueule défoncée un soir dans une ruelle glauque de Soho, un dieu dans l’univers métal. Il commence à râler car il n’aime pas l’installation de son instrument et des « fuck » de plus en plus sonores fusent jusqu’au moment où il décoche un immense coup de pied dans son kit et envoie tout valdinguer du pratos.

Didier Dal Fitto : Déjà qu’on en menait pas large, on se dit que si ça ne va pas le faire, ils vont nous pendre par les pieds et nous laisser sécher sur place. Petit à petit, tout le monde arrive et le mot tant redouté arrive : Soundcheck ! Je m’installe derrière ma console de face, une Série 1S (la première console « touring » de Soundcraft construite directement dans un flight case) et, devine qui vient à côté de moi après avoir installé un road sur sa batterie pour faire le son ?

1981. Premier système modulaire disparate... mais cohérent !

1981. Premier système modulaire disparate… mais cohérent !

SLU : Nicko !

Didier Dal Fitto : Le mec venait de piquer une crise de nerfs quelques minutes auparavant. Il avait failli cartonner un road et je le vois débouler avec sa tête des mauvais jours. On commence à faire la batterie et il finit par être content. Je te jure que le moindre dixième de dB de dynamique entre console et amplis était utilisé ! Je n’avais pas terminé son instrument que tout ce que j’avais sous le pied était parti dedans.
Les amplis rougeoyaient et je n’avais plus la queue d’un dB pour le reste du groupe. J’avais encore les guitares, la basse, la voix… et puis petit à petit tu nettoies de-ci de-là, tu trouves de la place, tu timbres mieux les choses, et tu rentres le tout !

Guy Vignet : Et puis les mecs jouent vraiment bien sur scène, ensemble. L’énergie est cohérente entre eux, ça finit par le faire mais on transpire comme jamais. Honnêtement nous étions des gosses, on avait 21 et 23 ans et nous avons eu la peur de notre vie. Didier a vécu ça à la face et moi aux retours.
Si j’avais pu limer les faces avant pour gagner quelques millimètres de course aux tirettes de la console retour, je l’aurais fait (rires ) !

Les sides craquaient comme du bois sec et les gars me l’ont confirmé après coup, on n’en tirait rien de cette marque. Ils nous avaient demandé si on savait s’en servir et nous « oui, bien sûr ! » alors que c’était la première fois que nous mettions les mains dedans.

SLU : Votre matos marchait ?

Didier Dal Fitto : Par rapport au leur, terriblement mieux. Je ne sais pas qui leur avait fourgué ce qu’ils avaient mais c’était très fatigué. Je me rappelle que nous avions placé deux 4560 en guise de casque au batteur et il avait instantanément eu la banane : « touche plus à rien ! » Les guitares avaient assez de niveau avec les amplis, Bernie (Bonvoisin NDR) chantait bien et il envoyait.

Guy Vignet : En définitive aux retours j’ai passé une super soirée car c’étaient de vrais, vrais pros et ils avaient bien répété le show. J’ai eu de vraies soirées de merde avec des groupes pourris alors que là, quand j’y repense, je me suis éclaté.

SLU : Il y a eu du monde ?

Didier Dal Fitto : Ahh oui, c’était plein, archiplein. Au milieu du show il y a Bernie qui a fait un moulinet avec le micro qui pof, part dans les étoiles. Il a fallu courir partout en chercher un autre. Rock’n’roll quoi !

Guy Vignet : A la fin du show, Trust est prêt pour un rappel et les gars s’apprêtent à remonter sur scène quand le DJ qui n’avait rien compris, allume ses lumières et envoie le disco. Bernie monte sur le plateau et hurle « Si t’arrêtes pas ta merde je viens te péter la gueule ! » Bien entendu ça s’est terminé en embrouille.

La rencontre Vignet / Dal Fitto remonte au lycée

1975 Didier : “Rick Wakeman Chick Corea ou Joe Zawinul ?”

1975 Didier : “Rick Wakeman Chick Corea ou Joe Zawinul ?”

SLU : Revenons à la rencontre Vignet / Dal Fitto. Elle remonte à quand ?

Didier Dal Fitto : La moitié des années 70 au lycée. Nous n’étions pas en classe ensemble puisqu’il est mon ainé de deux ans, mais nous avions le même amour pour la musique.

Guy Vignet : Je me suis saigné tout un été pour mettre de côté de quoi acheter une vraie chaîne HiFi, platine Thorens, ampli Marantz, du lourd ! Y’a aujourd’hui les geeks de l’informatique, je l’étais du matériel audio. Quand t’as 16 balais et quand en plus t’as un magnéto à bande trois têtes et trois moteur, tu peux voir loin dans le quartier (rires) !

SLU : Revox ?

Guy Vignet : Sony d’abord et Revox ensuite, c’était trop cher.

Didier Dal Fitto : Moi je jouais du piano. Nous avions donc monté un groupe. Un jour Laurent le batteur dit : « Il faut qu’on s’enregistre et j’ai le mec pour ça. Il habite à côté de chez moi et il a un magnéto ! » A l’époque, si tu avais le matériel, batterie, ampli, guitare, ça posait ton homme.


1976. On est un groupe de jeunes

1976. On est un groupe de jeunes

Guy Vignet : J’ai donc enregistré le groupe mais bon, deux micros… Il en fallait plus et de fil en aiguille aussi quelque chose pour les mélanger. On passait devant le grand magasin de musique de Metz, aujourd’hui disparu, et on voyait les zéros sur les étiquettes de prix. Comme on ne gagnait rien, Didier me dit : « Attends, ce n’est rien, on va la monter : un bouton de volume, le panoramique qui va bien et on va pouvoir mixer ! »

SLU : Tu avais basculé dans l’électronique ?

Didier Dal Fitto : Oui, j’avais un cousin qui bricolait des émetteurs donc j’avais commencé à m’y intéresser.

Guy Vignet : On passe notre bac, nous étions très sages comparés à des potes qui avaient tout envoyé valdinguer pour aller cachetonner un peu, et puis études commerciales et droit pour moi et bac E et Louis Lumière pour Didier.

1979. Didier, étudiant à Louis Lumière

1979. Didier, étudiant à Louis Lumière

SLU : Le son de Louis Lumière à l’époque devait être très axé cinéma…

Didier Dal Fitto : Cette école est née pour la photo, puis le cinéma et ensuite est venue se greffer l’option son. Mais c’était du son pour le cinéma et tous mes potes de promo ont fait carrière dans le 7e art. Moi en revanche quand je suis arrivé, c’était pour apprendre le son live.
Le concours d’admission était assez dur et à l’oral, ils m’avaient demandé pourquoi je voulais aller à Louis Lumière sans viser le cinoche.
Du haut de mes 20 balais, je leur avais dit que je voulais acquérir de la compétence et apprendre à sonoriser car j’estimais à l’époque que c’était mal fait. Ca fait prétentieux mais j’ai toujours su ce que je voulais faire. C’était limpide dans mon esprit et aujourd’hui encore avec Guy, nous gardons le même cap.

SLU : Guy fait son droit, toi Lumière, et pendant ce temps-là ?

1978. Guy, étudiant en Droit, ca mène à tout.

1978. Guy, étudiant en Droit, ca mène à tout.

Guy Vignet : Nous avions notre association où l’on avait reversé tout ce que nous avions en termes de matos, instruments et savoir-faire. Il faut rappeler qu’à l’époque, nombre de bons groupes étaient saccagés dès qu’ils se produisaient sur scène. C’était très basique voire mauvais. Didier rentrait de Paris le WE et ensemble on sonorisait à tout va pendant les week-ends et les vacances.

Didier Dal Fitto : Quand il n’y avait rien, j’allais jouer pour des baloches pour rentrer un peu de sous.

SLU : Et financièrement ça se passait comment ?

Didier Dal Fitto : On facturait…

Guy Vignet : Euhh, non pas exactement, à l’époque tout était scrupuleusement noté dans un petit livre mais souvent très liquide (rires) ! Il y a prescription.

SLU : C’était quoi la sono en France à l’époque ?

Didier Dal Fitto : Honnêtement pas grand-chose, limite le désert technique. Il y avait à Paris Régiscène, Publi-Son (devenu Dushow) et pour le reste en France on bricolait. Chaque ville avait son magasin de musique qui pouvait éventuellement te louer du matériel très basique. Je me souviens d’un magasin Connexion ici en région, magnifique et depuis à l’abandon, où avait été installé un incroyable auditorium pro, on parle des années 75.
Ils avaient les 4560, les gros moteurs 2440 (la Rolls de l’époque), les immenses pavillons… Par rapport aux pauvres colonnes auto-construites, c’était le jour et la nuit. Quelqu’un avait dû se dire qu’il y avait un marché à prendre au niveau des clubs, seulement les vendeurs n’y connaissaient absolument rien. Dès que nous avions un moment, on allait sur place s’imprégner de vrai matériel pro.

Décembre 1980, création d’Audio Services

SLU : Louis Lumière et le droit se terminent…

Guy Vignet : Oui d’autant qu’après quatre ans de droit, je n’avais qu’une envie, cesser mes études et me lancer en société avec Didier. Comme le dit un vieil adage à la fac, le droit mène à tout, la preuve, mais à condition d’en sortir à temps (rires) ! Il faut aussi rappeler que ce n’était pas une démarche tout à fait naturelle pour nous de monter une société car parmi nos proches, il n’y avait pas de chefs d’entreprise. Dans ma propre famille, nous étions prolétaires depuis des générations. Les parents de Didier sont des immigrés italiens, et les miens des transfuges normands qui étaient venus chercher du boulot dans les usines de l’Est, c’est un peu le même parcours.
J’ai donc dit à Didier que soit on fait chacun notre petit truc dans notre coin et c’en est fini de notre belle aventure, soit on s’associe. De mon côté c’était très clair mais je ne savais pas si mon partenaire allait suivre. Il a dit OK. En quelques formalités et après avoir trouvé un petit local, c’est parti en décembre 1980. Audio Services était né. La mise de départ, nous l’avons trouvée auprès de nos familles (10 000 Francs chacun a l’époque – moins de 3 000 Euros au total), ce qui nous a permis de mieux nous équiper et d’avoir le fonds de roulement pour attendre le paiement d’un client qui traine à régler le matos qu’on lui a vendu.

Première console pro E2A Quest 1604, option faders Penny & Gilles

Première console pro E2A Quest 1604, option faders Penny & Gilles

SLU : Vous avez commencé à vendre dès le début ?

Guy Vignet : Oui, nous voulions offrir des solutions sans compromis au niveau du son professionnel via de la vente ou du service. Nous allions chercher des produits en Allemagne ou ailleurs, et nous proposions des configurations qui faisaient halluciner les gens.

Une anecdote encore. Il y a à Metz un gros magasin de musique, une institution. A l’époque, ils avaient des vrais Fender, des Marshall, de vraies Gibson derrière une vitrine de 30 m de long au sein de l’artère la plus commerçante de la ville. S’ils nous avaient donné un coin de la boutique et un bureau, on aurait pu craquer et bosser pour eux. Ils auraient dû foncer dans ce marché naissant, ils avaient un tel coup d’avance sur nous. Nous avions les mêmes clients, les orchestres, et très rapidement ils ont partagé leurs achats : Le magasin de musique pour les instruments, et notre petit bouclard de la banlieue de Metz pour les systèmes. Le gars qui vendait les enceintes dans la boutique a vite dû s’ennuyer (rires) !

SLU : Audio Services commence à prendre son envol !

Didier Dal Fitto : Non, Audio Serviciiis à l’anglaise (rires) ! Ca sonnait bien dans les deux langues et il faut dire qu’à l’époque on dévorait toute la presse spécialisée anglo-saxonne. Notre chiffre d’affaires a décollé car on apportait un vrai conseil qui faisait tellement défaut aux orchestres. A l’époque la sono c’était du Semprini ou du Montarbo très, très basique ; chez nous ils trouvaient des solutions modernes, des produits anglais et américains, qui amélioraient considérablement leur son.

Guy Vignet : Nous sommes partis de rien, nous avons donc gravi petit à petit les échelons. Nous avons bien compris le marché car on a pratiqué tout type de client en partant du plus simple. Nous avons d’ailleurs gardé une tendresse et un profond respect pour le mec qui nous demande des infos, qu’il soit client ou pas et quel que soit son niveau. Je sais d’où on vient et je ne mépriserai jamais la demande du musicien ou du débutant, parce que nous sommes passé par là !

SLU : Vous vouliez cibler la scène.

Didier Dal Fitto : Bien sûr mais à l’époque, la disco et les clubs poussaient comme des champignons. Une fois encore, c’est le marché qui décide.

Guy Vignet : Ils ont même pris la place des orchestres qui ont commencé à décliner.

SLU : Qui venait vous voir, les installateurs ? Vous n’étiez pas intégrateurs…

Guy Vignet : On l’est vite devenu ! Une Salle vide, une réunion de chantier, il y a tous les corps de métier, tu te lances, c’est obligé.

Didier Dal Fitto : Je me suis tapé du dessin industriel pendant 4 ans, les bases étaient là (rires) !

Guy Vignet : Au bout d’un quart d’heure de réunion, le « grand » (Didier Dal Fitto d’après le petit Vignet illustré) débusquait une erreur sur le plan : « Votre truc il n’est pas bon ! » Du coup ça nous donnait une vraie crédibilité.

Didier Dal Fitto : On bossait juridiquement, administrativement, comptablement comme techniquement en allant vite, droit au but. Quand tu démarres une société, tu n’as ni l’envie, ni le temps, ni la compétence de répondre aux appels d’offre. Les orchestres te payaient en cash le lundi, et les boîtes explosaient. Tout lieu peint en noir avec trois boules à facettes et une sono digne de ce nom marchait et générait des revenus importants. On répondait donc aux demandes.

Racks d'amplis Crown DC300A et PSA2, E2A Square 1000. Admirez les patchs maison

Racks d’amplis Crown DC300A et PSA2, E2A Square 1000. Admirez les patchs maison

Guy Vignet : Il fallait faire tourner la boutique même si ce n’était effectivement pas à proprement parler, ce vers quoi on désirait aller.

SLU : Quelles marques vendiez-vous à vos débuts ?

Guy Vignet : Que du bon. Les consoles Freevox de Gérard Poncet, Crown et QSC pour les amplis…

Didier Dal Fitto : Les amplis Crown, on allait les chercher juste à côté au Luxembourg car ils n’étaient pas encore importés en France.

Attention, anecdote (rires) ! Je me souviens en 1980, j’étais encore étudiant et je jouais pour un orchestre avec un mec qui avait monté un magasin pour équiper justement des discothèques. Un jour il y a Eric Alvergnat (Président de Dushow NDR) qui de retour de chez General Trading au Luxembourg, la boîte qui avait la carte Crown pour l’Europe, s’était arrêté dans la boutique pour discuter et peut-être proposer de travailler ensemble autour de certaines marques. (Rappelons que Dispatch n’est né qu’en décembre 82. Sacré Eric, déjà à l’ouvrage ! NDR)

Assemblage de systèmes modulaires

Assemblage de systèmes modulaires

SLU : En termes de diffusion vous installiez quoi ?

Didier Dal Fitto : On composait des systèmes, avec des ébénisteries fabriquées en Allemagne (copie de Martin Audio). La boîte qui faisait ça s’appelait Musik Produktiv. Nous allions chercher des caisses vides et on les équipait nous-mêmes avec des haut-parleurs JBL ou RCF suivant le budget du client.

Guy Vignet : Filtrage actif, multi-amplification…

Le Mythique PM353 conçu pour limiter la casse !

Le Square 1000 de E2A, aussi légendaire pour sa puissance et sa capacité à encaisser les courts-circuits (ahh la démo en mode poste à souder) que pour sa fragilité

Le Square 1000 de E2A, aussi légendaire pour sa puissance et sa capacité à encaisser les courts-circuits (ahh la démo en mode poste à souder) que pour sa fragilité

SLU : Ca cassait pas mal à l’époque non ?

Didier Dal Fitto : Non, pas forcément beaucoup plus. Nos clients nous faisaient confiance et ne touchaient plus trop quand c’était installé et calé. Des problèmes, nous en avons connu comme tout le monde avec, par exemple, les amplis français EAA. Aussi beaux et puissants, que fragiles.
On parvenait à convaincre un client d’acheter français et donc très cher, et au bout de trois mois en boîte à raison de 12 heures à fond bien au chaud, le mec t’appelait au secours, généralement en pleine nuit et forcément le week-End. T’avais pas intérêt à le planter, il fallait partir le dépanner avec un ampli le soir même et lui trouver une solution pour le lendemain.

1981. Wedges de conception maison qui deviendront les PM 353 en collaboration avec Atelier 33

1981. Wedges de conception maison qui deviendront les PM 353 en collaboration avec Atelier 33

A propos de casse à cette époque, nous avons même conçu un produit qui est devenu mythique : le PM353 dont peu de gens connaissent l’histoire je pense. Au début des années 80, nous avions rencontré Bernard Byk (ATELIER 33) qui était connu pour ses Fly Cases mais réalisait aussi de très belles ébénisteries d’enceintes « vides », libre ensuite aux clients d’y monter les composants de leur choix ; c’était un peu le DIY de maintenant. Nous, à Audio Services, nous avons réalisé nos premiers retours de scène à partir des ébénisteries Atelier 33 avec des composants Electro Voice et Emilar pour l’aigu.
Ca marchait très bien mais quand on cassait un aigü pendant le week-end, une partie du cachet partait en réparation. Un jour on en a eu marre et j’ai décidé de concevoir un retour de scène avec de bons composants mais qui ne coûtent pas cher quand il fallait changer un aigü. J’ai évalué et choisi un HP grave RCF et également un moteur RCF N580 pour l’aigu, les italiens n’avait pas une grande réputation pour les moteurs à compression a l’époque mais celui-ci marchait bien …

La doc du PM353 Atelier 33

La doc du PM353 Atelier 33

Guy Vignet : Et la membrane de rechange ne coûtait pas cher !

Didier Dal Fitto : A coté de ça, je me suis penché sur le filtrage passif pour obtenir une courbe de réponse plus linéaire que ce qu’on obtenait avec des filtres passif génériques de l’époque, histoire de faciliter le travail en retour.
On venait d’acheter un Apple II et avec le copain de classe Philippe Ticheur qui avait fait de la programmation, nous avons conçu un simulateur :
On rentrait la courbe d’impédance et la réponse en fréquence de chaque haut-parleur (point par point à la main !) et ensuite on pouvait concevoir le filtre passif avec linéarisation d’impédance SVP ! Bref, c’était super excitant, le retour marchait super bien, mais on y a quand même passé des nuits.

La doc Audio Services du PLM 353 resto

La doc Audio Services du PLM 353 resto

Une fois les premiers exemplaires réalisés pour notre parc de retours, il y avait de la demande et nous avons passé un deal avec Bernard Byk : lui réalisait le retour de scène tout assemblé suivant nos spécifications, il pouvait en vendre à ses clients et quand on lui en achetait il nous faisait une remise supplémentaire au titre de l’étude. Il accepte le deal mais il fallait trouver un nom.
Un jour Bernard appelle et demande quelle distance entre Paris et Metz ? je sors mon billet de train « Paris-Metz » de ma poche et le je lis « 353 km », ça y est, on a le nom : PM 353 !
Le nom reflétait parfaitement la collaboration entre Audio Services installé près de Metz et Atelier 33 installé à Bagnolet : c’était adopté ! Cette enceinte a eu une longue histoire ensuite…

La crise de la sidérurgie en Lorraine les pousse à Paris où ils nouent de nouveaux contacts

SLU : La période disco a duré combien de temps ?

Guy Vignet : Pas très longtemps, mais le temps m’a semblé long (rires) ! Ensuite vers les années 85-86 on s’est ouvert à de plus gros marchés.

Didier Dal Fitto : Nous avons tout de même douté quelque temps. Financièrement surtout car nous disposions déjà de trois ou quatre salariés. Il ne faut pas oublier qu’en 81, année où l’on vient de démarrer, Mitterrand arrive au pouvoir et lance le plan sidérurgie sur la Lorraine avec les licenciements qui s’en suivent. Nous n’avons pas été impactés dans notre cœur de métier, mais question élan, nous étions loin des 30 glorieuses.

A l'heure du disco ! Régie mobile... Pro !

A l’heure du disco ! Régie mobile… Pro !

Guy Vignet : Nous avons donc décidé de soulager notre boîte en travaillant à mi-temps en dehors. Moi j’ai rejoint une boîte dont nous étions actionnaires avec Didier Jory à Paris et qui s’appelait Entr’acte. Didier (Jory) était entre autre l’ingé son du Grand Orchestre du Splendid qui cartonnait, et Didier Dal Fitto a collaboré pendant deux ans avec Nexo avec qui nous étions assez proches. Cela nous a permis de garder nos salariés et de préserver leur emploi.

1984. Guy aux retours avec sa belle TAC bleue

1984. Guy aux retours avec sa belle TAC bleue

Didier Dal Fitto : Bien entendu, trois mois après la mise en place de ce plan de sauvegarde, tout le travail de fond que nous avions fait auparavant a porté ses fruits, et nous avons commencé à gagner des appels d’offres. Sans doute les choses se sont-elles décantées grâce à notre présence à Paris auprès des décideurs.

Guy Vignet : Peut-être avons-nous été trop téméraires de démarrer notre activité en Lorraine où la crise battait son plein, mais à la fois c’est chez nous, chez nos parents. Nous avons connu leurs difficultés, leurs efforts, on s’est dit qu’il ne fallait pas se barrer au moment où tant de personnes étaient accablées par la crise.
Sans humour, en 10 ans, tout un pan de notre industrie a été laminé. Nous étions attachés à cette région, même si nous n’avons pas avec Didier, des racines ancestrales. Je crois qu’à Paris tout aurait été plus rapide. Il y a des gens, ni mieux ni moins bien que nous, qui ont démarré leur activité dans la capitale bien plus vite qu’on ne l’a fait en région.

L’époque du Splendid et les premiers micros HF

1983. Cluster central au théâtre du Gymnase pour le Grand Orchestre du Splendid

1983. Cluster central au théâtre du Gymnase pour le Grand Orchestre du Splendid

SLU : Le Grand Orchestre du Splendid était omniprésent à l’époque…

Didier Dal Fitto : Ca cartonnait et quelle école pour moi ! J’ai énormément appris à leur contact. Il y avait des trouvailles scéniques comme des tournettes sous l’orchestre avec le multi qui devait suivre. J’ai vu arriver les trois premiers micros HF des USA, des Cetec Vega avec des têtes Shure. Personne n’avait vu ça !

Guy Vignet : C’était Claude Martinez, l’associé de Paul Lederman qui avait signé le bon de commande et avait promis au groupe ce qu’il se fait de mieux au monde (rires) !

Didier Dal Fitto : Ils étaient arrivés en 110V avec des transfos et avaient équipé les trois chanteuses qui du coup pouvaient descendre dans la salle en porte-jarretelles et s’assoir sur les jambes des gens dans le public, une fois encore du jamais vu !
Ce show avait été prévu pour 3 mois au Gymnase et en définitif il a été donné pendant près de deux ans et demi !


1983. Didier en séance de câblage dans les loges au Théâtre du Gymnase.

1983. Didier en séance de câblage dans les loges au Théâtre du Gymnase.

SLU : Mais du coup c’est grâce au Splendid que vous avez mis le pied à Paris…

Guy Vignet : Complètement. Anecdote gag ! Didier Jory s’était approché de Nexo que nous connaissions déjà. Eric Vincenot depuis son garage de la rue des Cascades à Ménilmontant nous passe un coup de fil : « ehh les mecs, je vais fabriquer un cluster central pour le Gymnase avec des pavillons pour le médium et l’aigu et un truc pour les basses.
En revanche il faudra aussi des consoles, des retours, bref, tout ça je ne l’ai pas et ce n’est pas ma tasse de thé. Ca vous dit de vous en occuper pendant trois mois ? » Si on fournit ça on n’a plus de matos…

1984. Régie retours et console TAC 24-8-2

1984. Régie retours et console TAC 24-8-2

Tempête sous un crane ! On finit par foncer et emporter à Paris tout notre matériel, notre console EAA, les amplis Crown, les retours, tout ! On fait le montage et le calage en trois semaines avec Didier, et je me retrouve, tout juriste que j’étais devenu, à souder des kg de XLR comme il se doit dans le sous-sol du théâtre (et sans aucun hors phase. Rires) !

SLU : Vous avez donc tenu deux ans et demi et avez sans doute changé de matériel en cours de route…

Didier Dal Fitto : Oui bien sûr ! Nous étions partis en petits moyens, nous avons donc rapidement acheté une console Amek pour le Gymnase et du matériel pour continuer à exister en dehors du Splendid car nous avons senti que ça allait durer.

Guy Vignet : C’est un pari à quitte ou double qui a marché.


1985. Comme les grands.

1985. Comme les grands.

SLU : Il marchait comment le fameux cluster central d’Eric ?

Didier Dal Fitto : Bien, super bien. C’était en plus une super idée car on n’aurait pas su quoi mettre à l’époque dans un théâtre à l’italienne. Il avait ajouté plein de petites enceintes latérales pour y passer des effets.

SLU : Tu te souviens de quoi était composé le système ?

Didier Dal Fitto : C’était un système 3 voies. Il y avait en bas une enceinte de grave avec quatre 15” en radiation directe.

1985. Audio Services investit un nouveau local. A l'accueil c'est Françoise List

1985. Audio Services investit un nouveau local. A l’accueil c’est Françoise List

Pour le médium, Eric Vincenot avait déjà conçu un diffuseur pavillonné avec une pièce de mise en phase qui sera la voie médium du futur système modulaire Nexo. Au Gymnase, il y avait 5 éléments installés horizontalement.
Quand on l’a rencontré en 81, il travaillait encore à la conception de l’élément aigu mais rien n’était encore fait, du coup il y a mis un sacré coup et a réalisé les 4 premiers pavillons pour le Splendid pour couvrir les 3 directions, plus une vers le parterre.
Nous avons ajouté 4 gros moteurs a compression et avec ça le Splendid a parfaitement tenu la distance. Le résultat était même exceptionnel pour l’époque.

1986, premier gros marché : l’Arsenal de Metz

SLU : Et dans l’Est pendant ce temps ?

Guy Vignet : En 86 nous remportons notre premier beau marché avec l’installation de l’Arsenal à Metz, la première vraie salle « spectaculaire » de l’Est de la France. Un superbe auditorium créé par Ricardo Bofill pour l’architecture et un super acousticien chinois de renom. L’acoustique y est remarquable. Cette salle a été la réponse de l’état à la crise de la sidérurgie : de la rénovation urbaine et de l’équipement de prestige.

1989. Nouvelle salle de l'Arsenal à Metz

1989. Nouvelle salle de l’Arsenal à Metz

Didier Dal Fitto :: Nous avons ainsi découvert une autre facette de notre métier, celle de l’administration, de l’appel d’offres, de la négociation avec des architectes, des scénographes, etc. Nous avons aussi dû composer avec une acoustique remarquable pour du classique mais moins pour de la musique amplifiée. Quand nous sommes arrivés, on s’en doutait, eux pas du tout (rires) !

1986. Guy Vignet, Jean-Louis Querel, Didier Dal Fitto

1986. Guy Vignet, Jean-Louis Querel, Didier Dal Fitto

Guy Vignet : Mettre un système électro-acoustique dans ce genre de salle ce n’est pas facile du tout et aujourd’hui encore ils en souffrent.

Didier Dal Fitto : La complexité est allée au-delà des enceintes, il a fallu passer tous les réseaux pour les consoles. A l’époque nous avions installé avec Patrick Aufour des Saje et pour la diffusion du Nexo.

SLU : Vous étiez encore Audio Services ?

Guy Vignet : Oui puisque l’Arsenal a ouvert ses portes en 89 et que Lagoona est né en 1990. A ce moment-là on commence à être heureux. On commence à faire ce qu’on rêvait de faire quand on s’est lancé.

1989, Guy lâche la console retours

SLU : Et toi, XLR mises à part, tu as lâché définitivement l’audio.

Guy Vignet : Il y a un moment où j’ai dû faire un choix et j’ai le souvenir précis de ce jour. Je devais assurer les retours et j’ai dit que je ne pouvais plus bosser frénétiquement jusqu’à 16 heures au bureau et puis poser le stylo et courir sur scène tenir la console. J’adorais ça mais nous avions des collaborateurs qui savaient le faire aussi bien si ce n’est mieux que moi, et je fatiguais. Didier a tenu plus longtemps que moi la console et a peut-être pu s’amuser. De mon côté, à part à Forbach ou Saint-Avold qui signaient de beaux artistes comme Paolo Conte, Stéphane Grappelli ou Juliette Gréco, je n’ai pas eu que des stars (rires) !

J’ai une anecdote avec cette dernière. Tu as compris qu’on vient plutôt du rock, donc les instruments purement acoustiques on connaissait moins et l’accordéon je ne t’en parle même pas. J’étais sur le plateau et je trouvais justement que l’accordéoniste de Juliette Greco assurait vraiment bien. Je me le suis mis en pfl pour me l’écouter et je n’en revenais pas. Je me disais que ce mec faisait vraiment sonner et jazzer son instrument. Arrive la fin du show, elle présente ses musiciens «…et à l’accordéon, Marcel Azzola ! » Je peux te dire que ça envoie !

SLU : A l’époque de telles stars avaient-elles leur équipe technique ?

Didier Dal Fitto : Non pas du tout, c’était comme dans le jazz, on faisait confiance à l’équipe d’accueil. Cela nous a permis de travailler avec des gens formidables.

Guy Vignet : Les cachets étant serrés, ils servaient à l’artistique et les salles n’étant pas équipées par rapport aux fiches techniques, du coup les régisseurs disaient : « On a deux petits gars de Metz qui feront ça très bien ».

Didier Dal Fitto : En plus nous étions les seuls dans la région et même si Metz n’est pas très grand, le bassin de population dépasse le million d’habitants avec de grosses villes très proches. Nous avons bossé peut-être deux fois plus à Nancy qu’à Metz !

Je sais, c’est frustrant d’en rester là, d’autant qu’on va vous faire un aveu, l’épisode deux de la saga « c’est l’histoire de deux mecs » est aussi bien, voire mieux. Un peu de patience et on vous poste ça sur SLU.

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A l'Estival de Saint Germain en Laye

Le système Bose RoomMatch joue en live

Nous nous étions quittés avec les équipes de Bose France sur la promesse de se revoir afin d’écouter le système Room Match lors d’un live.
Promesse tenue grâce au festival l’Estival de Saint Germain-En-Laye et à Fréro Delavega qui s’est est produit dans le même théâtre Alexandre Dumas où nous avons découvert ces enceintes d’installation quelques mois auparavant.

Le concert de Fréro Delavéga, programmé le soir de notre écoute au théâtre Alexandre Dumas pour l'Estival.

Le concert de Fréro Delavéga, programmé le soir de notre écoute au théâtre Alexandre Dumas pour l’Estival.

Première constatation, la salle est vivante en ce soir de concert et bruisse de mille conversations entre des jeunes spectateurs et leur parents, et c’est ensemble qu’ils quitteront comme un seul homme les douillets fauteuils du théâtre pour se ruer à l’assaut du premier rang afin d’être au plus près des artistes sur scène.
Pas de soucis, deux RMU 208 veillent au grain depuis les deux subs RMS 218 sur lesquelles elles reposent et débouchent efficacement la petite zone d’ombre en nez de scène.

De gauche à droite Edouard Judlin (responsable commercial région IDF), Sophie Molitor la directrice commerciale de Bose Pro accompagnée de Romain Gamundi en charge de l’animation marketing et les relations avec la presse et Blaise Dupiellet le responsable du bureau d’études de cette même maison

De gauche à droite Edouard Judlin (responsable commercial région IDF), Sophie Molitor la directrice commerciale de Bose Pro accompagnée de Romain Gamundi en charge de l’animation marketing et les relations avec la presse et Blaise Dupiellet le responsable du bureau d’études de cette même maison

Nous retrouvons sur place Sophie Molitor la directrice commerciale de Bose Pro, Blaise Dupiellet le responsable du bureau d’études de Bose Pro et Romain Gamundi en charge de l’animation marketing et les relations avec la presse, sans oublier Thomas Weyant le régisseur son du théâtre accueillant les équipes techniques des différents artistes se produisant au cours du festival.

Le travail de l’ingé son du groupe nous permet de découvrir une diffusion efficace avec un aigu touffu, ciselé, très linéaire et quasi hi-fi, même aux niveaux propres à la sonorisation.
Le cahier des charges est donc rempli pour Bose même si la salle a du mal à se départir d’une certaine paresse dans le grave et le bas médium heureusement compensée par un bel impact.

La ligne de RoomMatch et de ses deux extensions de basses RMS 215 à l’épreuve du live

La ligne de RoomMatch et de ses deux extensions de basses RMS 215 à l’épreuve du live

Manifestement il est difficile de contrer ses modes propres et il n’est pas évident de mixer le dos contre un mur assez réfléchissant et dans une zone où les subs sont moins efficaces. Un très bon point en revanche pour la reproduction de la guitare acoustique, avec tout le détail des glissés de doigts sur les cordes. Bien aussi les voix une fois nettoyées dans le bas.

Bose RoomMatch A l'Estival

Sophie Molitor la directrice commerciale de Bose Pro en compagnie de Jérémy Frérot et Florian Delavega après le concert.

Peut-être faudrait-il songer à mettre à disposition des mixeurs de passage un preset « live show » plus compact, déjà nettoyé dans les quelques zones sensibles du bas du spectre afin de livrer un rendu plus dynamique encore et de placer la régie audio un peu plus bas, dans une zone où le rendu est plus proche de celui de la majeure partie du public.

Quoi qu’il en soit le pari est gagné pour Thomas Weyant et le staff du théâtre Alexandre Dumas.
Ils ont du son, beaucoup s’il le faut, sans avoir recours à de la location ponctuelle. 99% de la programmation du théâtre peut être satisfaite. Reste Iron Maiden ou AC-DC et encore, s’ils se produisent en version acoustique, qui sait ;0)

Plus d’infos sur SLU : Bose is Back avec les RoomMatch !
Sur le site Bose : www.bose.fr

 

Design audio et installation signés Giglam

Sa majesté the new Queen en L-Acoustics

Il faudra s’y faire, après 23 ans de plaisir et de son, le Queen abandonne, sans doute à la pomme, son écrin des Champs Elysées, et se replie quelques mètres plus loin 22 rue Quentin Bauchart, dans les murs de l’ancien Club 78.

A gauche Philippe Fatien, le maître des lieux et à droite Vincent Rautureau, gérant et designer de Giglam

A gauche Philippe Fatien, le maître des lieux et à droite Vincent Rautureau, gérant et designer de Giglam

Philippe Fatien n’a pas raté l’occasion d’offrir aux nuits parisiennes le club de référence où l’audio se taille la part d’un lion qui rugit dans la forêt de Marcoussis.
Dans le domaine du clubbing, on a pour habitude d’avoir un son bien gras, baveux avec un kick qui fait vibrer les pantalons et un volume à la limite de la législation, beaucoup moins d’avoir une écoute précise et une diffusion maitrisée.

Les temps ont changé, les designers sonores s’invitent désormais à la fête, les clients deviennent exigeants, et personne ne s’en plaindra. Immersion dans le reboot du Queen, où la nouvelle installation tout juste calée met déjà le feu aux nuits parisiennes…

La salle vue depuis le carré tournant le dos au bar. On voit parfaitement une grande partie de la diffusion dont deux SB18 cachés sous des alcôves dorées au pied des rappels en Arcs Wide. Tout au fond à gauche de l’image on aperçoit la rotonde

La salle vue depuis le carré tournant le dos au bar. On voit parfaitement une grande partie de la diffusion dont deux SB18 cachés sous des alcôves dorées au pied des rappels en Arcs Wide. Tout au fond à gauche de l’image on aperçoit la rotonde

Le système

N’y allons pas par quatre chemins, il y a assez de membrane au Queen pour équiper l’OIympia, un calage digne des plus belles tournées et une marque d’enceintes prestigieuse et française qui plus est… Champagne !

Le « casque » des DJ, ou comment ne jamais perdre le beat. 3 Kara posées sur un SB18, par côté. Autant dire que ne pas faire preuve de sagesse dans son emploi peut considérablement raccourcir la carrière des DJ.

Le « casque » des DJ, ou comment ne jamais perdre le beat. 3 Kara posées sur un SB18, par côté. Autant dire que ne pas faire preuve de sagesse dans son emploi peut considérablement raccourcir la carrière des DJ.

La régie est tout de Pioneer vêtue avec le kit standard que les DJ vedettes vont réclamer :
4 CDJ-2000NXS aboutissant dans une DJM-900 NXS.

Ajoutez un SM58 et le tour est joué. Non, pas tout à fait. Les «écouteurs» aussi ont changé. Exit les dV-Sub et les dV-Dosc d’antan, place aux SB18 sur lesquels prennent place trois Kara par côté, la nouvelle référence en clubbing.
Autant dire que rien ne peut déconnecter le DJ de son beat. On baigne dans le son et on peut mixer en totale autarcie. Vu la distance régnant entre la régie et le système principal, ça paraît un peu exagéré mais rien n’est trop beau pour ce club, et ce retour est désormais exigé pour accueillir les stars de la scène électro.

Les Arcs II de cour, le système principal en charge de la piste de danse. Trois fois 22,5° d’ouverture horizontale et 60° en vertical. Marchant deux par deux sur un LA8, il a fallu un second ampli pour la troisième tête de chaque grappe. Bien visible à droite, une Arcs Wide rafraichit les idées du carré VIP. Les plus observateurs remarqueront aussi une paire de 8Xt débouchant les premières tables du carré.

Les Arcs II de cour, le système principal en charge de la piste de danse. Trois fois 22,5° d’ouverture horizontale et 60° en vertical. Marchant deux par deux sur un LA8, il a fallu un second ampli pour la troisième tête de chaque grappe. Bien visible à droite, une Arcs Wide rafraichit les idées du carré VIP. Les plus observateurs remarqueront aussi une paire de 8Xt débouchant les premières tables du carré.

En principal, le Queen dispose de trois Arcs II par côté et de quatre SB28 placés sous la régie. Sur la piste on est servi. Une première ligne de délais composée de deux grappes de 4 Arcs Wide recharge le SPL au bout de la piste. Un second rang de délais composé de deux paires d’Arcs Focus et Wide, un montage hybride prévu par le fabricant et donnant une ouverture totale de 45°, prend en charge la fin de la zone assise arrière et le bar.

Pour aider les SB28 dont les danseurs doivent absorber une partie de l’efficacité, huit SB18 distribués à des points clé, représentent autant de «low spots». Tout n’est pas parfait et certains d’entre eux s’avèrent un peu interférents malgré le calage plus que soigneux dont on reparlera plus tard avec son auteur Florent Pancrazi. Si le grave était discipliné ça se saurait ! Enfin les carrés VIP latéraux disposent de couples d’Arcs Focus et d’Arcs Wide pour que personne n’hésite à se lever et danser même au milieu des tables.
Ne vous fatiguez pas, on a compté pour vous. Ce ne sont pas moins de 16 HP de 18”, 6 HP de 15”, 18 HP de 12” et 24 moteurs 3” qui s’agitent, sans compter les quelques 8Xt et 5Xt et bien sûr le « casque » du DJ mais qui aurait plutôt tendance à faire des siennes dans le champ proche si ce dernier se laisse aller sur le volume.

La Pro1 Midas en charge d’apporter plus d’entrées micro, la conversion numérique du son issu de la console DJ Pioneer et aussi de réguler finement des éventuels écarts de niveau liés à l’usage des filtres et autres effets par les DJ.

La Pro1 Midas en charge d’apporter plus d’entrées micro, la conversion numérique du son issu de la console DJ Pioneer et aussi de réguler finement des éventuels écarts de niveau liés à l’usage des filtres et autres effets par les DJ.

Tout cet ensemble est contrôlé et amplifié par cinq LA8 et sept LA4X rackés au sous-sol bien au frais près des machines à glaçons, un sous-sol plus que total puisque la surface est équivalente à celle de la salle, un immense avantage dans une ville comme Paris ou le mètre carré est cher.
Entre les sorties analogiques de la console Pioneer et les contrôleurs, une Pro1 Midas permet d’ajouter les entrées micro nécessaires en cas de gros événement, sert de main invisible pour contenir les niveaux via des compresseurs insérés sur les tranches de la DJM-900 et enfin tient lieu de convertisseur 96/24 pour attaquer la puissance. Un opérateur présent chaque soir assure l’accueil, l’allumage et l’extinction du système. Pour des grosses dates, un technicien de Giglam vient prêter main forte.

Vincent Rautureau, fondateur et PDG de Giglam, revient avec nous en détail sur l’installation du lieu en compagnie de Florian Pancrazi qui a assuré le calage de l’ensemble.

« Tout ce qu’on a fait cet été en festival à Ibiza c’était de l’Arcs ! »

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SLU : Vincent, une question nous brûle les lèvres, L-Acoustics n’étant pas la marque la plus clubbing qui soit, pourquoi ce choix ?

Vincent Rautureau : Nous leur sommes fidèles depuis que nous avons testé cette marque en musique électronique sur des grosses audiences. Nous avons une grosse culture festival électro, et tout ce que nous avons fait à Ibiza cet été nous a confortés sur l’utilisation de la série Arcs, et la gamme Focus / Wide qui nous a agréablement surpris par sa finesse de restitution.

Le système principal de cour en Arcs II et un des rappels du carré VIP en Arcs Wide vus par la régie technique. Tout à droite on aperçoit le côté gauche du « casque » DJ composé de 3 Kara posées sur un SB18.

Le système principal de cour en Arcs II et un des rappels du carré VIP en Arcs Wide vus par la régie technique. Tout à droite on aperçoit le côté gauche du « casque » DJ composé de 3 Kara posées sur un SB18.

SLU : Le cahier des charges du Queen était-il précis ? Quelles étaient les ambitions concernant le son ?

Vincent Rautureau : Notre ambition, partagée avec le patron du Queen, était de remettre à niveau l’industrie de la nuit parisienne. Nous voulions le meilleur son de la capitale, faire un bond dans le temps, exploser ce qui existe. D’après ce que nous avons entendu et lu à droite à gauche, sur les forums spécialisés notamment, la clientèle est hyper satisfaite. Le show d’ouverture a même été remis en place ; les gens l’attendent, comme au bon vieux temps (rires !)

« On ne voulait pas que du gros son »

La salle des machines située sous la régie DJ avec ses 64 kW savants. Cinq LA8 en charge des Arcs II, des SB28, des Kara et des SB18 du « casque ». Le reste de la diffusion est contrôlé et amplifié par sept LA4X. Le LA4X tout en bas de la pile, est en spare.

La salle des machines située sous la régie DJ avec ses 64 kW savants. Cinq LA8 en charge des Arcs II, des SB28, des Kara et des SB18 du « casque ». Le reste de la diffusion est contrôlé et amplifié par sept LA4X. Le LA4X tout en bas de la pile, est en spare.

SLU : Et délivrer du son Club avec du matos qui n’est pas spécialisé pour ça à l’origine, cela implique quelles contraintes techniques ?

Vincent Rautureau : Nous avons effectivement aggloméré plein de contraintes et pleins d’objectifs mais nous n’imaginions pas de le faire avec autre chose que du L-Acoustics.
La nouvelle génération d’enceintes L-Acoustics est riche, on a de tout en possibilités de directivité et de couleur sonore, Il n’y a que les LA8 et leur puissance disponible qui auraient pu nous en dissuader. Quand ils sont au clip, avec du SB28, on sent que les boîtes peuvent encore pousser ! Les amplis sont forcément un peu à la traîne sur de la musique aussi compressée, mais dans un club fermé, on a déjà largement de quoi faire. (SLU : Il n’est pas impossible que L-Acoustics nous gâte lors prochain Prolight + Sound à Francfort !)

Nous voulions le boulet mais aussi et surtout de la qualité. Il y a des DJ qui envoient des sons très produits et très qualitatifs ; nous voulions leur faire honneur, et leur donner un lieu où leurs productions très léchées puissent s’exprimer. L’avis de ces artistes est très important pour nous, le son compte de plus en plus pour les clients, c’est très attendu, très commenté. Cela devient un critère non négligeable pour les clubbers.

SLU : Je reviens sur les choix techniques. Pour la diffusion en club, normalement on mettrait des subs de grandes dimensions avec une charge offrant extension et rondeur, des 15” pour le kick et l’attaque, et des têtes. Ici vous avez choisi uniquement des SB28 en radiation directe et des têtes !

Vincent Rautureau : C’est un choix délibéré de notre part. Notre client n’avait pas de demande particulière, mais la restitution correspond pleinement au style et aux programmes qui passent au Queen. En revanche ça ne pardonne rien, les mauvais masters s’entendent, c’est assez étonnant !

Sagement cachés dans leur alcôve en béton sous la régie DJ et ceinturés par quelques-unes des innombrables machines à fumée, quatre SB28 s’occupent de la dernière octave posés sur des tapis en gomme.

Sagement cachés dans leur alcôve en béton sous la régie DJ et ceinturés par quelques-unes des innombrables machines à fumée, quatre SB28 s’occupent de la dernière octave posés sur des tapis en gomme.

Les basses fréquences sont confiées à quatre SB28, posés sur des tapis de gomme. Le grave est directif vers l’avant car les SB28 sont encastrés dans le socle en béton. Nous avons ajouté des subs sur les extérieurs pour compléter.
Le choix des Arcs se justifie aussi par le contrôle de la directivité qui est parfait chez L-Acoustics. Ici un line-array n’a pas de sens. Le couplage dans le plan horizontal marche très bien.

SLU : Concernant l’égalisation, est-ce que vous avez plusieurs presets pour différents types de musique ?

Florian Pancrazi de Décisions Acoustiques, assez calé pour caler sans caler 42 enceintes dans un espace somme toute pas immense.

Florian Pancrazi de Décisions Acoustiques, assez calé pour caler sans caler 42 enceintes dans un espace somme toute pas immense.

Florian Pancrazi (associé de Décisions Acoustiques, designer, ingé système) :
On a fait une égalisation plutôt « loudness » qui correspond bien à l’électro moderne, proche de la deep electro, et c’est 90% de la musique qui passe ici. Même la Nu-disco, qui est jouée tous les lundis soir, a un kick très moderne.
On couvre tous les besoins avec cette couleur sonore. Il n’y a que pour certains événements live qu’il faudrait revoir le preset mais pour l’instant ça fonctionne bien comme ça.
Tout est verrouillé, nous n’avons laissé la main que sur le niveau des retours et celui du fumoir !

Limiter ? On n’a aucun limiteur !

SLU : Concernant le limiteur, vous avez fait quel choix ?

Florian Pancrazi : Il n’y a aucun limiteur (rires…) ! Il ne nous a pas été demandé. Nous avons calé le niveau une fois pour toutes, on sait qu’à 0 dB de sortie console on a 102 dB sur la piste. Un petit compresseur d’entrée sur la Pro1 évite les gros pics, liés à l’utilisation de filtres par les DJ en live par exemple.

SLU : Les retours DJ sont calés comment temporellement ?

Florian Pancrazi : Le problème comme souvent avec les DJ, c’est qu’on voudrait les aligner sur la face mais ça créé un décalage dont ils se plaignent. Du coup on est obligé de les caler à temps-zéro et de couvrir la face. C’est ce qu’ils demandent dans 100% des cas.

SLU : Tu nous parles du calage en salle ?

Une vue de Soundvision montrant la couverture offerte par les têtes soit 6 Arcs II, 18 Arcs WiFo et quatre 8Xt. Efficace.

Une vue de Soundvision montrant la couverture offerte par les têtes soit 6 Arcs II, 18 Arcs WiFo et quatre 8Xt. Efficace.

Giglam design installation Queen L-Acoustics

Florian Pancrazi : Les Arcs II qui arrosent la piste forment le plan 1, et on ajoute du délai pour les autres sources en se basant sur la phase.
Nous avons fait une analyse en multi micro pour voir les impacts de chaque réglage dans chaque zone à couvrir, et nous avons joué sur les délais pour faire des choix pertinents.
Au final les subs, ne sont quasiment pas interférents malgré leur nombre. Mais ils ne sont pas dans leur fixation définitive, il va falloir qu’on revienne faire des essais une fois qu’ils seront encastrés.

SLU : Comment êtes-vous parvenus à décrocher l’installation du Queen ?

Vincent Rautureau : Ayant à notre actif l’ancien Queen dans sa version 2 et le Mix, nous avions la confiance de Philippe Fatien, le gérant du Queen, et il l’a renouvelée en nous confiant le design du nouveau Queen. Mais ça restait un challenge. Le projet est ambitieux et audacieux. Il a fallu mettre la barre très haut.

A gauche Vincent Rautureau, gérant de Giglam et Designer du Queen et à droite Florian Pancrazi de Décisions Acoustiques, complice de Giglam, sound designer et caleur système du Queen.

A gauche Vincent Rautureau, gérant de Giglam et Designer du Queen et à droite Florian Pancrazi de Décisions Acoustiques, complice de Giglam, sound designer et caleur système du Queen.

Les délais étaient serrés aussi. On a fini le design en mai 2015, attaqué la démolition le 6 juillet, et l’installation s’est faite entre le 10 août et le 3 septembre, soir de l’ouverture Nous avons géré els décors, le courant faible son/lumière, les charpentes métalliques…

SLU : Et toi Florian comment es-tu intervenu ?

Florian Pancrazi : Je suis associé chez Décisions Acoustiques qui collabore beaucoup avec Giglam et fait aussi aussi beaucoup de calage système et de mixage son pour le spectacle vivant.

Vincent Rautureau : On s’appuie sur des hyper spécialistes comme Florian. Notre équipe technique étant toujours sur la route en tournée, nous faisons appel aux meilleurs. Dès qu’un projet audio arrive, nous le travaillons collégialement.

Une écoute puissante et pleine, mais qui ne pardonne rien !

Le couple Arcs Wide et Focus, 45° de banane garantie. Au-dessus le modèle Focus, reconnaissable à sa boite présentant un plus petit angle (et un volume de charge légèrement supérieur) et au-dessous la Wide et ses 30° d’ouverture.

Le couple Arcs Wide et Focus, 45° de banane garantie. Au-dessus le modèle Focus, reconnaissable à sa boite présentant un plus petit angle (et un volume de charge légèrement supérieur) et au-dessous la Wide et ses 30° d’ouverture.

Place à l’écoute, c’est peu de le dire que nous en crevons d’envie. Florian nous passe quelques pistes qui correspondent aux titres habituellement joués au Queen. C’est tout de suite une grosse, grosse claque d’autant que Flo attaque à 0 dB sans aucune sommation.
On a tout, le grave est présent sans être agressif et l’on sent la pression acoustique remplir tout le club. L’ensemble est très homogène avec une bonne intelligibilité pour ce type d’endroit, d’autant que la pièce ne dispose d’aucun traitement acoustique spécifique et qu’elle est vide.

De gros rideaux délimitent les zones VIP, ça aide sans doute ! Le SPL tourne autour de 103 dBA. C’est fort, d’autant que la dynamique tient dans un trou de souris. Le rendu ni pâteux ni poussif est au contraire quasi Hi-Fi, comme une chaîne qui aurait bu une grosse gorgée de potion magique. On regrette malgré tout un manque d’impact.
On est bien levé du sol par les SB28 et l’ensemble de membranes qui s’agitent, mais il nous manque un peu d’impact « sale » entre 100 et 200 Hz pour que le pied tape bien dans le torse. Certaines fréquences ont été légèrement taillées pour éviter toute forme d’émergence. On a peut-être un peu perdu à ce niveau-là.

Un des 8 SB18 habilement disséminés dans la salle pour venir apporter un renfort de grave aux différentes têtes. Pas facile à caler dans les SB28, mais globalement efficaces. Pas facile d’être assis juste à côté ;0)

Un des 8 SB18 habilement disséminés dans la salle pour venir apporter un renfort de grave aux différentes têtes. Pas facile à caler dans les SB28, mais globalement efficaces. Pas facile d’être assis juste à côté ;0)

Nous écoutons, à notre demande, quelques morceaux de disco des années 70-90 en haute résolution, avec des pieds à l’ancienne et plus de dynamique, mais comme c’était prévisible, on perd beaucoup de gras, de rondeur dans le bas et si on pousse le niveau, le haut médium colore rapidement. Manifestement le calage est conçu pour 3 dB de dynamique et des sons énormes, actuels en somme. On nous confirme que même la soirée Disco du lundi soir ne joue que des titres réorchestrés ou rhabillés de gras de la tête aux pieds. Les pieds surtout.

Quoiqu’il en soit, le son est propre défini, riche, dense. On a très bien l’effet loudness dont on nous parlait Florian. Il est très flatteur sur la musique jouée au Queen. La phase est maitrisée, la directivité aussi. Où que l’on aille, le son est présent avec un léger répit dans les carrés VIP et au bar, mais si léger. L’égalisation du système et la qualité des enceintes permettra sans doute de passer la soirée entre 102 et 105dB en sortant sans mal au crane, tout au plus un peu de coton mais, comme toute bonne chose, il suffira de ne pas en abuser.
Notre conseil : écoutez au bar, en face de la piste de danse, c’est ici qu’on a la meilleure restitution et la meilleure image stéréo : merci au couplage Arcs Wide + Arc Focus en rappel et à l’efficacité et qualité de rendu des ensembles 12” + moteur !

SLU : Vincent parle nous de ta société GIGLAM, vous êtes nés dans l’électro, dans l’installation ?

Vincent Rautureau : Nous sommes nés dans le spectacle et l’événementiel. J’ai commencé à 17 ans, au grand désespoir de mes parents ! J’ai toujours voulu travailler dans cette industrie. J’ai commencé avec Barakuda.
J’ai ensuite été DG de Stagecraft, qui a intégré le groupe Novelty dont j’ai été un des responsables et j’en suis sorti pour développer Giglam. Depuis 2009 nous avons signé de belles réalisations : l’Aéroport de Nice, le Queen, la gare du Nord bientôt. Notre chiffre d’affaires de 3,8 M€, n’est pas énorme mais la boîte nous appartient. Nous avançons avec nos passions, nos envies et on se fait vraiment plaisir.

La salle vue depuis le côté du bar. Bien visible un SB18 mais aussi des Arcs en hauteur.

La salle vue depuis le côté du bar. Bien visible un SB18 mais aussi des Arcs en hauteur.

Giglam a trois types de client : la partie live et event, les clubs et les festivals et enfin depuis 5 ans nous développons le retail. Ça va du light artwork au show permanent visuel. Grâce à Unibail, nous avons gagné le « Digital Dream », l’installation des 3 écrans de 250 m² aux 4 Temps à la Défense. La perception qui vient du clubbing et de la scène fait qu’on a de belles choses à raconter dans le retail.

La plus petite enceinte au catalogue de L-Acoustics, la 5XT, ici employée dans la rotonde, une des rares zones volontairement oubliée par le boulet régnant partout ailleurs dans l’établissement

La plus petite enceinte au catalogue de L-Acoustics, la 5XT, ici employée dans la rotonde, une des rares zones volontairement oubliée par le boulet régnant partout ailleurs dans l’établissement

Nous sommes un opérateur atypique, sans outils, sans investissements lourds, qui s’appuie sur les opérateurs dont c’est le métier. On se concentre sur les idées et les risques que nous avons envie de prendre, en travaillant avec des designers et des architectes.
Tout ce que nous avons connu avec la prestation nous sert pour nos productions, et nous essayons de réinventer chaque sujet, d’oublier nos réflexes. Nous signons 300 designs par an en évitant de tomber dans la facilité. J’ai la chance de beaucoup voyager et de pouvoir m’inspirer de ce qui se fait ailleurs dans le monde.

SLU : Et ici le matériel est loué ?

Vincent Rautureau : Oui, ça se fait de plus en plus. On le propose depuis huit ans. C’est une formule idéale pour le propriétaire et pour nous. Par rapport à l’investissement pur, on a souvent du meilleur matériel, et les loyers restent finalement raisonnables. Au Queen, c’est un contrat de 36 mois, ensuite le propriétaire aura plusieurs options.
D’ici là nous serons prêts à proposer un update, car nous aurons découvert de nouvelles gammes de son ou d’éclairage. Le matériel repris est reconditionné et prêt pour vivre une seconde vie. L’avantage des produits haut de gamme comme L-Acoustics, Midas ou Pioneer, c’est qu’ils gardent une valeur résiduelle non négligeable.

SLU : Comment t’y prends-tu pour le design d’un club ? Tu cherches avant tout le son, l’éclairage ? As-tu des ratios en termes d’investissement ?

Vincent Rautureau : J’avance les 2 en même temps car ils sont interdépendants, sans oublier la déco et les effets spéciaux. Il y a des équilibres qui fonctionnent bien tout en les adaptant à chaque club. 45% audio et 55% lumière reste un bon ratio. Quand un client nous dit qu’il ne faut investir que 20% du budget dans le son, on lui explique que ça ne marche pas. On défend nos dossiers avec de la vidéo, des modélisations 3D, plus qu’avec des devis. Nous faisons des essais audio chez eux, ou on les emmène dans des clubs qui sont équipés.

Une des deux grappes de rappels composée de quatre Arcs Wide, ou comment parfaitement couvrir un angle de 120° en horizontal et de 90° en vertical.

Une des deux grappes de rappels composée de quatre Arcs Wide, ou comment parfaitement couvrir un angle de 120° en horizontal et de 90° en vertical.

SLU : Tu travailles avec d’autres marques que L Acoustics ?

Vincent Rautureau : Pour l’instant en club, nous installons du L-Acoustics ou du Funktion One, suivant la même méthode : on cale, puis on verrouille. Nous avons la chance d’avoir de bons opérateurs. Mais avec ces deux marques, nous sommes en mesure de répondre à l’ensemble des demandes.
En festival nous utilisons d’autres marques réputées de Touring. Aujourd’hui il y a énormément de systèmes qui fonctionnent très bien.

SLU : Des projets à cour terme ?

Vincent Rautureau : Il y en a plusieurs. On vient de terminer l’aéroport de Nice le T1. Audiolead nous a livré le matériel, 180 HP ! Un parcours client sur lequel nous avons beaucoup travaillé, une aventure digitale incroyable avec des images au sol. Giglam a piloté l’intégration de bout en bout.

SLU : Pour en revenir aux clubs, quelle image as-tu de l’offre française ?

Vincent Rautureau : Les patrons de clubs comprennent maintenant qu’il faut avoir un bel objet et proposer une expérience hors du commun. Je sens un vrai changement, poussé par l’étranger. J’ai visité en France des clubs qui n’ont pas évolué depuis 20 ans, une hérésie ! Une salle doit être mise à jour tous les 3 ans. Il faut aussi que ce soit propre, que ça sente bon.
Depuis que le tabac est interdit, la climatisation est devenue essentielle. Ici au Queen, le service est parfait, les serveuses sont jolies, tout est fait pour que le client se sente bien, qu’il soit bien accueilli, reconnu, c’est essentiel…

Une vue de la salle avec à gauche les trois Arcs II de jardin face à la piste. Bien visible en haut à gauche, une Arcs Wide arrose avec le couple Arcs Wide et Focus qu’on distingue devant la première colonne couverte de miroirs, le carré VIP.

Une vue de la salle avec à gauche les trois Arcs II de jardin face à la piste. Bien visible en haut à gauche, une Arcs Wide arrose avec le couple Arcs Wide et Focus qu’on distingue devant la première colonne couverte de miroirs, le carré VIP.

Quand tu vois les clubs à Berlin ou à Las Vegas, tu prends des claques. Le métier de designer et de scénographe a été réinventé au cœur de cette industrie. Ce qui est monté à l’étranger, tire la demande française. On nous réclame souvent de refaire ce que nous avons réalisé à Ibiza ou ailleurs en Espagne, c’est assez étonnant ! Il faut partir à l’étranger, monter des gros trucs pour qu’on finisse par te les demander ici en France…

Conclusion

Magnifique, accueillant et disposant du dernier cri de l’équipement technique lumière et son en grande partie français, c’est assez rare pour être signalé, le Queen prend sans effort la tête des clubs de la capitale et au-delà. Dans un style élégant et policé qui sied au positionnement de l’établissement, le rendu sonore est tout bonnement spectaculaire.

Quand on associe un son aussi gros que possible et de tels éclairages, les nuits sont plus belles.

Quand on associe un son aussi gros que possible et de tels éclairages (dont le reportage sera posté dans quelques jours), les nuits sont plus belles.

Pas un centimètre carré de l’établissement n’échappe à l’avalanche de dB bourgeois mais terriblement efficaces que Giglam et Florian Pancrazi ont su concevoir, déployer et caler, mais plus encore, le Queen est équipé pour recevoir facilement les stars des platines, un peu comme un super circuit attire inévitablement une manche du championnat du monde de Formule 1.
Malgré tout, peut être qu’un limiteur mono bande de qualité ne serait pas de trop pour que les 64 kW aux bornes des contrôleurs restent exploités avec toute la sagesse requise.

Un grand bravo à Philippe Fatien et Giglam pour avoir su imaginer, budgéter et proposer un tel bijou aux fêtards de Paname. Le grand Serge chantait : « Si tu aimes la nitroglycérine, c’est au Bus Palladium que ça s’écoute. » Pas que…

Plus d’infos sur Giglam : http://www.giglam.fr/
Arcs Wide et Arcs Focus sur SLU : http://www.soundlightup.com/archives/reportages/l-acoustics-arcs-wifo.html

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