On le sait tous, pour que nos artistes puissent être vus, entendus, protégés, il faut une scène si possible polyvalente, facile et rapide à ériger mais surtout solide et résistante dans le temps.
La bonne idée serait de partir d’une technologie éprouvée et économique comme le tube de chantier en y ajoutant la somme de trouvailles et de pièces spécifiques propres au spectacle. Ne cherchez plus, cela existe : ULMA.
Montage de la scène des Enfoirés à Bercy
Les tripodes de roulettes de près. Ils sont l’œuvre de Seven et portent 2,5 tonnes chacun. Ils sont réglables par vis comme les vérins standard ULMA.
Pour commencer notre reportage, Nous avons eu la chance d’assister au montage de la scène des Enfoirés à Bercy (j’y arrive pas avec le nouveau nom, j’en oublie toujours un bout !!), aussi rapide que malin par certaines trouvailles comme les tripodes de roulettes.
Cette dernière peut ainsi être montée en laissant l’emplacement final dégagé pour que les éclairagistes puissent assembler et équiper en toute quiétude leurs ponts. Il faut juste s’y mettre à une vingtaine de personnes pour rouler la scène en place car celle des Enfoirés pèse 40 tonnes à vide !!
Revenons à présent au point de départ, le tube de chantier.
Matthieu Chatelain, conducteur de travaux, en charge de la partie technique et supervisant le montage à Bercy, nous accorde quelques minutes de son temps pour un rapide tour d’horizon.
Matthieu Chatelain
« Ulma, société espagnole coopérative, est l’un des grands spécialistes mondiaux de l’échafaudage et du coffrage, présent dans 23 pays et 5 continents. Sous la conduite d‘Hervé Thiers, une division événements a été ouverte à Pau qui tire parti de la puissance technique et de l’expérience de son immense maison mère.
Qui dit événements dit scènes de concerts ou de festivals, mais aussi tout ce qui concerne la construction éphémère et tubulaire de passerelles, rampes, ponts, tours, escaliers bref, tout ce qui nécessite d’être construit sur site et porter une charge en toute sécurité.
Un exemple parmi d’autres est la série d’escaliers qui ont garni le stade de la Beaujoire à Nantes pour que le public ait accès à la pelouse et en ressorte lors du concert de Johnny Hallyday. L’avantage de la modularité des poutrelles est de pouvoir s’adapter immédiatement à tous les reliefs du sol.
Poser une scène sur un terrain en pente et y fixer un chapiteau simplifie et accélère énormément les chantiers et dans l’hypothèse où il faille créer un élément spécifique propre à l’événementiel, les ingénieurs d’ULMA sont capables de le penser, le fabriquer et le certifier auprès des organismes de contrôle, et le tout rapidement. Pour les 24 Heures du Mans, il a par exemple fallu couper en deux une maille, le carré de 2×2 mètres qui se répète pour composer la scène. Cela a été fait et validé dans les temps. »
Un plan large montrant trois escaliers assurant le passage des spectateurs des gradins vers la pelouse de la Beaujoire, le stade de foot de Nantes, pour la venue de Johnny Hallyday.
SLU : Quelle est la nature du plancher porté par chaque maille ?
Matthieu Chatelain : C’est du multipli de bouleau de Finlande avec 11 couches qui offre une résistance de 600 kg au m² ce qui pour une scène est largement suffisant.
SLU : Un éléphant pourrait monter…
Matthieu Chatelain : Un petit d’Asie alors, ça pèse dans les 2 tonnes. Tant qu’il ne se lève pas sur ses pattes arrière, ça passe (rires !) Le bouleau est un matériau durable et quasi indestructible. Certains éléments de plancher de notre stock ont dix ans. Les seules pertes que nous avons à déplorer sont dues à la casse durant la manutention ou à un chariot élévateur qui roule dessus.
Une vue en détail du plancher en multipli d’ULMA, ou comment monter en échafaudage une scène en quelques minutes
Le plancher est autobloquant. Chaque élément a deux petits taquets qui viennent s’insérer dans la poutre qui le porte et le dernier élément qui retient ses congénères est retenu par des pattes bien visibles ici.
SLU : Quelle est la hauteur typique d’une scène ?
Matthieu Chatelain : Cela peut aller de 20 cm à 20 mètres. L’avantage de l’échafaudage c’est de s’adapter aux demandes du client.
Pour Robert Hossein et “Une femme nommée Marie” à Lourdes en 2011, nous avons érigé des tours carrées de 8 mètres de côté et d’une hauteur de 25 mètres avec une toiture pour protéger les techniciens qui y travaillaient. Tout est possible.
Pour des structures standard de basse hauteur, nous avons des homologations type. En revanche pour les montages spécifiques, nous avons un bureau d’études qui valide les structures et un bureau de vérification dès que le public peut être impacté.
Les Quinconces à Bordeaux pour la fête du vin. Remarquez la hauteur de la scène.
SLU : Tu es conducteur de travaux, quelle est plus précisément ta fonction ?
Matthieu Chatelain : Chez ULMA Evénements nous avons trois branches. La première est la vente de matériel neuf. La seconde est la location de complément pour nos clients qui disposent déjà de structures ULMA en propre et enfin la location montée. Je m’occupe de cette troisième branche où il faut étudier, éditer les plans, livrer le matériel, trouver les équipes et superviser le montage.
Un petit bout de l’équipe en charge de monter la scène. Matthieu Chatelain (ULMA) est entouré de Olivier à gauche et Gégé à droite, de Seven
SLU : Les tubes sont en aluminium ou en acier ?
Matthieu Chatelain : On a beau travailler pour l’événementiel ou l’aluminium est très répandu, notre matériel est entièrement en acier. C’est plus solide aux chocs, plus résistant dans le temps, plus répandu et infiniment moins cher. L’aluminium nous ne le voyons que sur les ponts lumière pour des questions de poids.
SLU : Où êtes-vous basés ?
Matthieu Chatelain : Nous sommes basés à Pau où se trouve le gros de notre stock événements et sommes sur le point de développer une partie commerciale événements en région parisienne où l’on dispose déjà d’un gros stock mais plus orienté bâtiment.
Comme une grande partie du matériel est identique, je peux taper dedans sans problème. Je vais d’ailleurs aller chercher un petit complément à Bondoufle dans le 91 pour monter une structure additionnelle.
Pau, nous voilà !
Après cette entrée en matière parisienne, nous sommes partis en immersion dans les lisses et les planchers à Pau, siège d’ULMA Evénements, à la rencontre de son Directeur Hervé Thiers, pour une journée découverte de sa filiale et de la structure dans son ensemble.
Hervé Thiers, Directeur de la filiale Evénements d’ULMA mais pas que. Il est aussi commercial, concepteur, directeur des ressources humaines et j’en passe !
Autant vous dire qu’on est reparti chargés comme jamais en informations, en idées et en images de plus belles réalisations d’ULMA et vous allez voir qu’elles ne manquent pas.
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SLU : Monter de l’échafaudage paraît simple.
Hervé Thiers : C’est le cas, quand les personnes qui le font sont formées et qu’un projet a été fait et calculé avant. Les régisseurs ne sont pas tous suffisamment sensibilisés aux risques qu’ils encourent quand ils s’affranchissent de ce qui leur semble être une contrainte inutile. Ils sont les premiers responsables si quelque chose se passe.
J’ai souvenir d’un festival où après avoir loué de l’échafaudage, il a été décidé de monter une petite arche à l’entrée. L’arche est partie. Ils avaient juste oublié de mettre le lest et elle avait en plus été entièrement habillée. Il n’y a pas eu de dégâts mais depuis, on se charge du montage (rires).
Une maille dans toute sa splendeur. Sachant son importance et tout ce que l’on peut faire avec, elle méritait bien une image rien que pour elle !
La structure se prépare toujours avant sur plan et au bureau. Même pour nous qui sommes rompus à cet exercice, il n’y a jamais aucune improvisation sur site. On ne part pas sans savoir comment on va parvenir à monter une structure. Il faut en avoir sous la pédale pour accompagner les dernières demandes du client et pour l’imprévu.
SLU : Les prestataires son et lumière sont pas mal chahutés par les producteurs pour baisser les prix. Qu’en est-il de la structure ?
Hervé Thiers : Nous aussi, mais d’une façon plus radicale ou pernicieuse. S’il est possible de se passer de quelque manière que ce soit de la scène, de l’avoir en prêt ou en dotation par les collectivités ou encore de la réduire autant que faire se peut, c’est le choix qui sera fait. Les prix baissent aussi chez nous, mais nous sommes plus impactés par le manque de manifestations que par le prix.
Nous avons fort heureusement un marché assez intéressant en sous-traitance pour des prestataires qui n’ont pas de structure ou en tout cas pas de quoi aller au-delà de la toute petite scène avec des ponts alu pour l’éclairage, mais rien pour la couvrir. Certains ont peur de se lancer, d’autres le font avec une scène mobile qui est très chère à l’achat, manque de polyvalence et surtout est remisée au parking tout l’hiver alors qu’avec de la structure il y a toujours moyen de monter quelque chose en intérieur ou extérieur.
SLU : Pourtant on a l’impression que la scène mobile c’est simple rapide et efficace.
Hervé Thiers : Non pas vraiment Ca roule à 60 km/h maxi, il faut trois ou quatre personnes pour la mettre en œuvre, ça prend deux bonnes heures et demi pour la déployer, ça ne tolère que 40 ou 50km/h maxi de vent si vous voulez monter les bâches latérales, la charge admissible est très limitée en son comme en éclairage, et pour bien faire il vaut mieux ajouter des ponts et des pieds, et elle ne peut pas être déployée sur un sol en dévers ou bien qui est inaccessible au porteur.
Enfin il n’y a pas de place pour les régies sur les côtés et il faut donc rajouter des morceaux, bref, autant prendre une scène chez nous. On accepte deux tonnes sur le grill, une tonne par côté pour la diff et c’est monté en 4 heures, sans oublier que les tubes, on s’en sert toute l’année. Avoir un gros bazar qui coûte une fortune et ne tourne que de mai à septembre, ce n’est pas à proprement parler un bon investissement.
Une scène Basculo à peine livrée à Lacq, la ville du Sud-Ouest connue pour son gaz. On aperçoit des deux côtés des tours pour le son. Comme toujours avec ULMA, les parapets sont montés.
SLU : Quelques chiffres sonnants et trébuchants ?
Hervé Thiers : En tarif pro, une scène de 120m² complète avec les ponts en alu revient entre 50 et 60k€. Pour ce prix-là on a moins de la moitié en roulant. L’avantage c’est d’utiliser les ponts alu séparément, le podium séparément, podium qui peut être cassé en deux petites scènes ou bien en ce qu’on veut.
SLU : ULMA est pourtant 100% acier !!
Hervé Thiers : Absolument. Mais comme on vend des configurations complètes, vous me dites ce que vous voulez en marque et modèle et je me charge de vous le trouver.
SLU : Donc vous avez une sorte de prix mini avec de l‘aluminium qui vient de Chine.
Hervé Thiers : Nnnon !! (rire général !!) On ne citera pas de marques, mais je préconise toujours de la qualité et très souvent mes clients disposent déjà de ponts auxquels on ajoute parfois quelques bouts.
Basculo, il suffisait d’y penser
Le fameux pied Basculo facilitant terriblement le montage des ponts. Il nécessite seulement que la scène soit au minimum à un mètre de haut. Solidaire de la maille et donc de la scène entière, chaque pied porte 2 tonnes et plus encore si les deux vérins à vis sont descendus au sol. On les voit sur cette image. Gros avantage de ce montage, la scène toute entière devient le lest à raison de 45 Kg le m² ce qui fait, pour une scène standard de 120m², 5 tonnes de ferraille et bois.
SLU : Vous nous expliquez le coup des pieds basculants
Hervé Thiers : Le problème avec les scènes c’est la surface d’appui qui peut être encombrée, en pente, en pierre comme une fontaine à laquelle il faut s’adosser, puis de terre, bref, il faut pouvoir s’adapter.
Pour nous, aucun problème, on a un pied tous les 2 mètres donc on suit la pente. Ensuite il faut trouver de l’espace.
Quand on déploie des tours pour porter le toit et le grill, ces tours doivent voir la charge répartie au travers de croix de 3,5 mètres qui seront lestées pour les stabiliser.
A plat c’est déjà encombrant et long à monter.
En pente c’est l’enfer car il faut rattraper les niveaux avec des cales et en plus les tours auront chacune leur taille et dépasser plus ou moins en hauteur. Et il faut mesurer au millimètre près l’emplacement de ces 4 tours car la scène doit rentrer dedans.
Avec notre procédé, une fois que la scène est posée forcément à niveau, on fixe un morceau de tower dans l’embase solidaire d’un des côtés de la scène, on le bascule à plat, on finit de l’assembler et ensuite on le déploie de 90° verticalement pour finalement le verrouiller.
On fait cela quatre fois et c’est fini ; il n’y a plus qu’à assembler le grill et le lever.
Pas de pieds, pas de lests, pas de calculs savants, pas de surprises. Les 4 towers sont solidaires de la scène qui sert de lest et répartit la charge, et comme la scène est d’équerre, tout est droit.
C’est le système Basculo d’ULMA. Rapide, très rapide et sûr. A la scène viennent se greffer tout un ensemble d‘extensions sous forme d’options pour les régies, le son, la vidéo, le backstage, les rampes de chargement et déchargement, les escaliers des artistes et j’en passe. Tout est possible.
Un dessin résumant bien le principe Basculo / RNR. Rappelons que le berceau basculant RNR accroche tout type de mat alu sur sa plaque poutre.
SLU : Si on a bien compris, vous êtes concepteur et fabricant d’échafaudage et de pièces spécifiques pour le spectacle en acier mais quid des bâches par exemple.
Hervé Thiers : Je les calcule, les conçois et peux les fournir via des sous-traitants. Des bâches sur alu. Ca marche depuis des années et ça tient bien dans le temps.
Des chiffres et des tubes
SLU : Revenons aux chiffres mais cette fois-ci d’ULMA. Comment se répartit le CA entre la vente et la prestation et qui est le commercial ?
Hervé Thiers : 50/50 entre les deux et le commercial c’est moi. Cela fait trente ans que je suis dans le métier donc mon carnet d’adresses est assez épais. Cela me permet par exemple de bien connaître les groupes Scenio et Seven et d’être contacté pour les Restos du Cœur, ou pas (rires !!).
Hauteurs, arrondis, podiums, tout est possible. Ici les Enfoirés à Montpellier, une collaboration entre Seven et ULMA.
Toujours pour Seven qui est par ailleurs un spécialiste du rigging, nous avons accompagné la tournée de Mylène Farmer et avons eu beaucoup de travail notamment pour intégrer les quatre robots. On a dû pour cela assembler des mailles spéciales et construire des pièces uniques pour les accueillir car ils sont très lourds et ont des mouvements particulièrement brusques pour effectuer leur danse. On y a travaillé plus de six mois pour intégrer le berceau sur roues dans lequel ils se déplaçaient afin de le rendre suffisamment pratique pour une tournée.
Il a fallu même faire des repérages. Je me souviens de la Halle Tony Garnier. Pour être certain que nos solutions étaient viables, on s’y est retrouvé, tous les intervenants, et on a validé nos idées respectives. Il n’y a pas de modèle pour ULMA ou plutôt si, notre modèle se résume à l’honnêteté et à l’intelligence. On peut aider de plein de façons notre client qui a une affaire mais ne se sent pas prêt pour la réaliser.
Une application typique des petits poteaux de 20 cm pour ériger une scène à peine surélevée laissant respirer la pelouse, et offrant la solidité nécessaire à tout type de manifestation artistique. Celle-ci a été montée au stade Jean Bouin de Taverny en 2010 pour un rassemblement d’opposants au régime iranien
SLU : A quoi sert le large choix de mailles que vous proposez pour les scènes ?
Hervé Thiers : D’abord à pouvoir répondre à toute demande de taille ou de forme car il n’y a guère que les arrondis qu’on doit réaliser sur mesure, ensuite la capacité à prendre de la charge en fonction de la taille de la maille. Plus elle est petite et donc comporte de poutres et de pieds, plus grande est la portée. Quand nous avons dû assembler une scène pour recevoir un AMX30 et ses presque 40 tonnes, les mailles étaient trèèèès serrées (rires)
SLU : Et en termes de hauteur qu’est-ce que vous proposez ?
Hervé Thiers : Nous avons en stock des poteaux verticaux ou montants standard de 50 cm, 1 mètre, 1,5 mètres, 2 mètres et 3 mètres avec une connexion tous les 50 cm, mais aussi une petit poteau de 20 cm pour ériger des toutes petites plateformes très basses, et comme on ne fait rien comme tout le monde, on a fait des poteaux avec notre rosace de connexion tous les 25 cm au lieu de 50 et qui montent jusqu’à 1,50 mètres plus trois vérins à vis de 20 cm, de 50 cm et d’un mètre. Cela fait qu’en termes de hauteur, absolument tout est possible ; du coup on peut faire des rampes, des gradins, des podiums de tailles différentes comme à Bordeaux pour le Jumping où on a construit des gradins au sommet desquels nous avons érigé à 6 mètres de hauteur d’autres plateformes, rondes d’ailleurs, qui servent pour les restaurants.
SLU : Vous parlez de pièces rondes, vous n’en disposez pas au catalogue.
Hervé Thiers : Oui, mais dans la semaine nous les fabriquons. Nous sommes extrêmement réactifs et nous sommes entourés d’un réseau de sous-traitants locaux qui peuvent nous fabriquer une pièce ou une petite série de pièces dans la semaine. On favorise ce tissu local. Nous donnons aussi la possibilité à nos clients de se fabriquer certaines pièces spécifiques eux-mêmes en leur fournissant par exemple une tête non galvanisée pour qu’ils puissent souder dessus ce qu’ils veulent. On peut par la suite galvaniser le tout. Les décorateurs adorent cette possibilité.
SLU : Vous n’avez pas de numéro, vous n’embauchez pas d’intermittents..
Hervé Thiers : Pour les chantiers, nous sous-traitons à des sociétés que nous connaissons et qui tiennent sur les doigts d’une main et qui ne font que du montage d’événements, gradins, échafaudages et qui sont au régime général. La plus grosse emploie 15 bonhommes et tourne toute l’année avec.
Deux tours lumière placées derrières les gradins pour le festival Equestria de Tarbes qui se tient chaque année à la fin juillet.
Des outils informatiques simples mais performants
SLU : Vous nous décrivez votre logiciel d’aide à la création de scènes ?
Hervé Thiers : Il s’agit d’un tableur Excel dont il faut documenter les différentes cases comme le nombre de mailles et leur sens, la hauteur souhaitée, un escalier… On valide en voyant une première visualisation de ce montage et on peut obtenir automatiquement un plan. Pour être validée par un organisme agréé, une scène doit être accompagnée d’un plan de montage et d’une notice. Notre macro nous sort aussi la liste des éléments nécessaires à ce montage, le poids de l’ensemble, le volume, les cotes exactes, le poids au m², le prix public au m².
La visualisation 2D d’un projet improvisé lors de notre visite, une scène avec parapet et escalier. 30 mailles de 2 x 2 soit 100 m². Une macro aussi rapide qu’efficace.
La page listant les éléments nécessaires à la création de la scène. Les poids est aussi indiqué.
Nous disposons aussi d’une autre macro qui nous calcule la résistance et la stabilité d’une structure. Ici aussi nous répondons à toutes les questions qui comportent, par exemple, la surface qui sera bâchée et donc offrira une prise au vent plus importante ou bien la nature d’un cluster qui peut être du son avec hauteur, largeur et profondeur, son poids et sa hauteur par rapport au sol ou encore le dernier niveau de plancher si la tour en dispose.
On documente largeur et longueur de la tour et sa hauteur, puis la nature géographique et aérologique de l’emplacement choisi pour l’ériger. Le calcul va commencer par nous donner le poids du lest qui sera nécessaire pour sécuriser cette tour.
Il est donc très facile de savoir si la construction que l’on souhaite assembler, ou qu’un client nous demande, a une chance de voir le jour ou pas, quand l’on sait que par exemple on leste à concurrence de 200 kg le mètre carré. Si cela ne passe pas, on peut immédiatement élargir la maille ou doubler la tour. Cette macro nous informe sur la stabilité et donc la faisabilité d’un montage et est à notre usage exclusif.
Une caisse bois de vérins à vis prêts à la vente. Quand on songe au poids d’un seul de ces pieds, on imagine le poids de la caisse en bois. Vive le Fenwick !!
Une partie des lisses du stock spectacle d’ULMA, une bonne occasion pour Hervé Thiers de nous rappeler que ces éléments préfèrent travailler en traction qu’en compression et c’est pour cette même raison qu’une poutre alu triangulaire prend plus de charge pointe en bas qu’en haut car l’effort de compression plus défavorable va se répartir sur les deux membrures du haut, là où la traction plus favorable s’opèrera sur celle du bas. Un mat carré est avantagé car il peut être employé indifféremment.
SLU : Ici dans votre dépôt vos disposez du matériel neuf pour la vente et de celui qui vous sert pour les prestations.
Hervé Thiers : Oui, plus une partie qui sert à compléter le parc de nos clients. Quand il manque 20m² pour une prestation, cela paraît plus logique de le louer. Quand cela se répète, l’achat se justifie.
On accompagne toujours nos clients et on les aide à trouver le bon compromis en leur rappelant que le coût le plus important est le transport.
Autant avoir du stock de tubes dont le prix de location est très bas et peut servir à tout moment que réclamer sans cesse du réassort qui revient cher.
SLU : Qui dit vente dit aussi formation.
Hervé Thiers : Bien sûr, quand on vend, la formation est incluse au contrat. Je ne livre rien sans expliquer à mon client et chez mon client, comment on monte la structure. Et pendant des mois et des mois, parfois des années, on revient le voir. Dès qu’il a besoin de quelque chose, il sait qu’il peut m’appeler 24h/24 pratiquement, 7j/7.
Il m’arrive d’avoir des coups de fil le samedi ou le dimanche parce qu’untel a un problème. Le service est essentiel. On accompagne souvent nos clients dans le développement via le parc de location en revanche on s’interdit d’aller prester dans des zones où l’on sait qu’un de nos clients est en mesure de prendre telle ou telle affaire, au contraire on l’aide à répondre à la demande. Au cas où personne ne peut s’en charger, ULMA traite en direct. C’est par la forte présence de la marque que nous avons pu l’imposer et lancer la division.
Un détail de la scène Basculo ou RNR avec ses 4 pieds basculants et solidaires des mailles composant la scène. Une idée tellement simple et pourtant géniale
SLU : Il y a les spécialistes de la structure mais aussi les petits et moyens prestataires qui recherchent des solutions plus simples, presque clés en main..
Hervé Thiers : C’est pour ces derniers que nous avons développé notre scène Basculo et que nous allons décliner ce procédé. Ils adorent. On essaye de vulgariser aussi la couverture de scène. On leur offre la possibilité de disposer d’une structure couverte de qualité de 100 -120 m² pour des dates ou des petits festivals. Il faut que ce soit léger, agile et qu’ils soient ainsi autonomes.
Quand j’y repense, j’ai fait pour ULMA ce que j’aurais voulu avoir quand j’étais moi-même prestataire. Combien de fois je me suis retrouvé à 4h du matin à monter des towers de 9 mètres de haut avec des embases à la noix avec la crainte de tout prendre dans la figure. Donc je me suis dit qu’il fallait inventer quelque chose qui en plus limite les risques pour tout le monde. C’est ainsi qu’est née Basculo.
ULMA Evénements en quelques chiffres
SLU : vous êtes combien chez ULMA événements ?
Hervé Thiers : On est une toute petite équipe, nous sommes 6. Blandine Cassou est au secrétariat administratif et logistique, Gilles Cazals est chef de parc, en charge des préparations des prestations et des expéditions des commandes clients, Matthieu Chatelain fait les études et s’occupe des chantiers, Olivier Loux Lamb conduit les chantiers, Camille Guittard est commercial et moi je dirige le tout. Nous avons enfin tous les services du siège comme la comptabilité, le bureau d’étude, la logistique, la direction des montages et j’en passe.
SLU : Quel est votre chiffre d’affaires ?
Hervé Thiers : Suivant les années, on est aux alentours de 2 millions, 2 millions et demi.
SLU : On a parlé de normes. Etant une filiale d’ULMA Construction, vous bénéficiez déjà de celles de vos produits communs…
Hervé Thiers : Exactement. On créé des éléments mais la base du produit, le tronc commun est toujours le même. Et ce tronc commun, l’échafaudage, est NF. Il bénéficie de toutes les qualifications de l’usine. On est aussi Qualibat mais en plus on est certifié qualification supérieure pour l’événement chez Qualibat.
Les escaliers par ULMA avec une vis quart de tour pour fixer chaque marche sur le limon, cette vis étant après verrouillée avec une pièce à taper qui la met sous tension, pièce qui est elle-même sécurisée par une goupille. Dit comme ça, cela paraît compliqué, c’est tout le contraire et ça ne nécessite aucun outil.
Une des vis quart de tour dans la main d’Hervé Thiers. Elles ont été créées pour les coffrages industriels d’ULMA
SLU : Quel gros chantier vous tient le plus à cœur ?
Hervé Thiers : Il y en plein, mais celui qui a représenté le plus gros challenge a été sans doute « Une femme nommée Marie » de Robert Hossein avec Jacques Rouveyrollis aux lumières, Alain Français au son et PRG pour le matériel.
Un spectacle qui a été donné et capté une unique fois à Lourdes et pour lequel nous avons monté 6 tours auto-stables de 24 mètres de haut sur des terrains avec des pentes très marquées sans jamais interrompre ni même gêner le flux de pèlerins qui ne s’arrête jamais, de jour comme de nuit. Nous avons travaillé durant deux mois toutes les nuits en sécurisant totalement nos zones d’intervention. La qualif supérieure Qualibat vient aussi de là.
Une des tours montées à Lourdes pour le spectacle de Robert Hossein. Photo prise de nuit puisque le chantier s’est entièrement déroulé la nuit. 24 mètres de haut et une nacelle spécialement confectionnée pour monter la technique à bon port. Un moteur aurait mis un temps incomparablement plus long.
Robert Hossein : « Le génie c’est 18 heures de travail par jour, et le talent c’est d’en trouver aux autres. »
Et si on parlait risques et comment les prévenir…
SLU : OK pour la sécurité du chantier et de l’ouvrage, mais comment on fait avec les divers éléments qui le composent comme les tubes ?
Hervé Thiers : A partir du moment où il a un point de rouille, le tube part au rebus. En échafaudage, comme tout est galvanisé à chaud, on ne peut pas avoir de rouille, mais un simple coup, ou une torsion et la sanction est a même. Le chef de notre parc inspecte chaque pièce lors du triage et du conditionnement. C’est aussi vrai pour le monteur qui doit écarter tout élément marqué. On part toujours sur un chantier avec des éléments d‘avance pour ça. Il faut savoir que les tubes d’échafaudage sont très codifiés en termes de qualité d’acier et de qualité de traitement.
Des racks de poteaux ou montants avec, si vous êtes observateurs, des marguerites tous les 50 cm et aussi tous les 25
On conditionne aussi les éléments pour que durant le transport, ils ne subissent pas de contraintes ou de coups. Enfin quand on quitte un chantier, on photographie le tout afin de disposer de plans de recollement et de preuves de bon achèvement, surtout si des différences existent entre le plan et ce qui a dû être exécuté pour tenir compte d’un imprévu.
SLU : Est-ce que la nature du sol compte comme un imprévu ?
Hervé Thiers : L’appui sol est du ressort du client. Nous ne sommes pas responsables. Juridiquement c’est au client de s’assurer que ce qu’il vous demande de monter, est possible à l’endroit où il est prévu de le faire. Bien sûr on va lui donner les valeurs et tous les éléments. Il nous arrive même de l’assister dans les calculs et éventuellement de trouver des solutions pour, par exemple, répartir le poids de telle sorte à tenir dans un gabarit donné. On peut adopter des plaques, multiplier les pieds mais quoi qu’il en soit, cela reste à la charge du client. L’avantage avec ULMA qui vient du bâtiment est aussi la capacité à réagir vite. Si on doit monter au-dessus d’un parking, on peut étayer par en dessous. Nous avons le savoir-faire et les outils.
SLU : Comment savoir en revanche si un sol va résister ?
Hervé Thiers : Il existe des essais dits à la plaque réalisés par des organismes agréés où va être mesuré l’enfoncement programmé d’une plaque de 50×50, ainsi que sa vitesse d’enfoncement. Si cela n’est pas possible, il reste le pénétromètre, une tige sur laquelle un poids précis est lâché d’une hauteur elle aussi prédéterminée afin de mesurer l’enfoncement qui en résultera. Nous reposons sur d’innombrables pieds, donc nous avons une tolérance, mais bien entendu nous n’acceptons pas que plusieurs ne portent pas de manière satisfaisante.
Encore une prouesse d’ULMA pour le Parc Asterix, une rampe de ski en échafaudage. Remarquez les pentes du terrain et les bidons en guise de lest. Impossible de venir ici avec des plots en béton.
SLU : Qui décide en dernier recours ?
Hervé Thiers : En tant que professionnels, nous calculons et signons un certificat de montage qui stipule que notre montage a été réalisé dans les règles de l’art. On fait aussi vérifier nos notes de calcul et la conformité de ce qui a été monté par rapport à ce qui a été calculé. Ce process est pratiquement systématique chez nous.
Un exemple de tour son autoportante avec triple lest et alcôve pour y installer des subs idéalement placés en termes de mise en phase et servant à leur tour de lest
Nous faisons partie du Syndicat Français de l’échafaudage, du coffrage et de l’étaiement, nous connaissons donc parfaitement les normes et il ne nous viendrait pas à l’esprit de ne pas les appliquer à la lettre. Enfin il faut savoir que l’échafaudage que nous employons n’a rien à voir avec celui des peintres pour des ravalements. Il est beaucoup plus robuste, lourd et, fatalement cher.
SLU : Les monteurs aussi ont des niveaux ou des certifications ?
Hervé Thiers : Oui tout à fait. Il y a l’aide-monteur, le monteur, le monteur concepteur-réalisateur et au niveau supérieur, l’ingénieur. Par exemple Matthieu a un niveau de monteur concepteur-réalisateur.
SLU : Vous dessinez avec quel outil ?
Hervé Thiers : Autocad 2D. On a des blocs qui sont déjà faits, on construit notre échafaudage, on sort des plans et si la complexité du projet l’exige, ça part au bureau d’étude à Paris, qui est en mesure de les passer en 3D. Dans ce cas, tout est simulé pour connaître les éventuels points de faiblesse structurelle.
Une tour où deux tonnes de diffusion sont accrochées à l’intérieur est standard, si en revanche c’est via une potence accrochée à la structure, il faut simuler.
Il n’y a pas que le lest qui compte, même s’il est essentiel. Une tour de 2,5 x 2,5 et 10 mètres de hauteur est standard, sauf quand on ne respecte pas les règles élémentaires.
L’échafaudage répond à des règles très strictes
Une tour lumière érigée pour le festival Equestria de Tarbes. On voit très bien la base de la tour s’élargir afin d’offrir plus de stabilité et plus de possibilité d’emport de lest.
SLU : On peut avoir des surprises avec des montages standard ?
Hervé Thiers : Oui cela peut arriver. Je vous fais un exemple. Un prestataire monte une 2 x 2 et 8 mètres de hauteur pour accrocher du son. Elle ne fait que deux mètres de côté car il n’y a pas de place. Il place sa poutre en haut, et 3 tonnes de béton en bas. Jusque-là, tout va bien. Arrivent les gens du son qui pour aller plus vite et accrocher plus facilement, ôtent la diagonale. La banane entière ne passe pas, alors ils retirent le lest. L’accroche a lieu. Arrive un gars de l’organisation et il fait bâcher la tour par souci esthétique. Fin de la journée, tout le monde s’en va.
Dans la nuit il y a un coup de vent et la tour part au tas. Heureusement il n’y avait personne. Elle a vrillé. Pas de diagonale, forte prise au vent, trop de charge et pas de lest. Combien de fois je vois des tours sans diagonales pour ne pas gêner la diffusion, combien de fois on me dit avoir mis « du lest », pas LE lest nécessaire et après calcul, mais bien « du lest ». On ne travaille pas au pif. D’autre fois on me dit avoir mis « du lest » qui pourrait aller sauf que c’est la charge utile qui est trop lourde et offre une trop grosse prise au vent. Dans cette hypothèse le lest va agir comme de bonnes racines pour un arbre. C’est le tronc qui va casser.
D’autres fois le poids du lest dépasse la capacité de charge du plancher de la tour qui est simplement trop petite et trop haute. S’il faut 10 tonnes de béton sur une maille de 2 x 2, ça ne passe pas. Donc je leur dis qu’il faut agrandir la tour. « Oui mais je ne peux pas ». Si tu ne peux pas, tu ne la montes pas. Pas à 10 mètres.
SLU : Quelles solutions sont possibles pour renforcer une tour ?
Hervé Thiers : Plein ! Si par exemple Si je fais une tour de 2 x 2 ou 2,50 x 2,50, je remets deux petites mailles d’un mètre de chaque côté et derrière. Je leur fais donc une maille qui va renforcer la tour sur trois côtés. Sur cette maille-là, je place le lest, ça leur laisse le milieu libre. Ils peuvent y mettre leur subs et monter leur ligne sans être gênés.
Il faut comprendre qu’un renforcement doit être cohérent et ne pas avoir de point faible car de toute façon, le calcul sera effectué en partant de ce point faible. Il faut un carré. Une tour de 6 x 2 de côté verra ses caractéristiques basées sur le côté de 2 mètres, pas celui de 6.
SLU : Donc on ne renforce pas simplement la structure qui fait face au vent dominant.
Hervé Thiers : Non. Quand on fait une note de calcul, ce qui est obligatoire, je le rappelle, on sélectionne sur une carte une zone de vent qui est codifiée, c’est-à-dire zone 1, zone 2, zone 3. Cela nous donne les valeurs maximales à prendre en compte, et on obtient un coefficient qui s’affiche. Ensuite nous avons deux autres choix. Site exposé et bord de littoral. Forcément le coefficient grimpe si on les coche. On n’a rien inventé, ce sont des normes très précises et avec un marge de sécurité importante, mais tat mieux, un orage est par exemple complètement imprévisible.
Une autre utilisation des pieds Basculo / RNR
Certains corps de métier comme la vidéo ont du mal à comprendre notre absolu respect des règles et des prédictions des notes de calcul, mais la structure c’est un vrai métier qui se réfléchit, comme le courant, si ce n’est que quand ce dernier tombe, ça disjoncte, le groupe s’arrête, on plante tout mais en général on apprend vite et ça ne fait pas des morts. Quand une tour tombe…
Quand on monte une tour auto-stable, la loi, et c’est la seule chose que dit la loi, c’est qu’il faut fournir une note de calcul. Le jour où il y a un pépin, le Préfet va demander cette note. Pas de note, menottes.
SLU : Avez-vous eu à gérer de conditions aussi difficiles que celles qui ont conduit à l’accident du festival de Pukkelpop * ?
*(Le jeudi 18 août 2011 un orage d’une rare violence s’est abattu sur ce festival belge. Deux chapiteaux se sont effondrés, ainsi que des installations métalliques et des écrans géants faisant 5 victimes et de nombreux blessés graves.)
Hervé Thiers : Non, pas de cette gravité. Une tour résiste à tout, en revanche, et je me répète, quand elle est habillée, ses performances changent. Une bâche verticale soumise à un vent de 100 km/h, opère une pression de 70 kg par mètre carré. C’est la raison pour laquelle je préfère faire mes calculs de résistance en présélectionnant un vent de 150 Km/h et avoir ainsi une marge importante.
En juillet dernier à Strasbourg, nous avons érigé des tours de 10 mètres de haut et 6 de côté pour le rassemblement de 15 000 scouts. Une des tours portait notamment la régie technique à trois mètres et les poursuites tout en haut. J’ai fait le choix de la sécurité et bien m’en a pris. Durant la nuit, un orage avec des vents culminant à 130 Km/h s’est abattu sur le rassemblement. Tout a été balayé sauf les échafaudages. On a retrouvé les poursuites pendues au bout de leurs élingues et pourtant elles étaient très grosses. C’est vrai qu’une tour de 6 mètres de côté revient plus cher qu’une de 4, mais il ne faut jamais lésiner sur la sécurité.
Toujours à Nantes pour Hallyday, l’astucieux dessin d’une des volées de marches qui se coupe en deux. Remarquez les très nombreuses mains courantes.
Chez Ulma, on ne transige pas car on ne sait jamais si, par exemple, sur une scène où ne devraient se trouver que des personnes ayant un contrat de travail, ne va pas exceptionnellement monter du public invité par les artistes. Il faut dans ce cas un garde-corps de type ERP. Dans le doute, je le propose toujours à mes clients d’autant qu’une recommandation de la CRAM le conseille vivement à partir de 40 cm de hauteur et que cela ne revient pas plus cher. Il suffit de l’habiller avec un peu de coton gratté et ce n’est même plus moche !!
SLU : Y’a-t-il des textes de loi quant à la nature du lest employé, eau ou béton ?
Hervé Thiers : Il n’y a pas à proprement parler de texte de loi sur les lests, simplement du bon sens. Du fait des risques de fuite, la solution des lests a eau est utilisée quand il n’est pas possible de faire autrement, comme par exemple dans des sites difficilement accessibles, et elle est utilisée avec beaucoup de précautions pour éviter ces fuites. Une surveillance est par ailleurs effectuée pour s’assurer de l’intégrité des bidons. On emploie sinon des lests béton via un chariot élévateur ou une grue sur camion et leur poids est généralement d’une tonne par élément.
De la technique à la structure, le parcours d’un passionné
SLU : Quel est ton parcours Hervé ?
Hervé Thiers : J’ai commencé en étant musicien, batteur, puis j’ai tenu le son et la lumière d’une disco mobile. Disons que j’ai toujours eu les mains dans la technique, si ce n’est que pour mettre du beurre dans les épinards. J’étais le mercredi chez un charpentier et le samedi matin chez un maçon. Une très bonne école, d‘autant que j’ai aussi fait des études de métreur/dessinateur en bâtiment génie civil. Inconsciemment, cela m’a mené au métier que j’exerce maintenant.
Plus tard j’ai eu une petite boîte de son et d’éclairage. Un parcours assez atypique car quand j’ai démarré la technique, on était très peu nombreux. Quand j’ai commencé le laser pareil, ce qui ne nous a pas empêchés de réaliser les premiers spectacles pyro-symphoniques ou les jets d’eau. On était bien branché dans l’événementiel et on a réalisé par mal de plans pour le groupe Accord et plus généralement des sons et lumières. En m’intéressant plus à la scène, je suis arrivé un jour à Marciac et j’y suis resté 15 ans parce que un copain qui s’occupait de l’éclairage m’a dit : « je n’y arrive plus, est-ce que tu veux reprendre ? ».
Reconnaissable au premier coup d’œil, le grand dais de Marciac où des centaines d’artistes jazz se sont produits.
SLU : Tu as donc commencé à travailler sous chapiteau…
Hervé Thiers : Oui, un vieux deux mâts marron et beige assez moche et sombre, donc j’ai cherché une solution. J’ai réfléchi à des pieds, c’était trop compliqué. J’ai alors pensé à épouser, avec un échafaudage, toute la forme du chapiteau, faire une scène en arrondi, inventer un petit cocon pour y placer la scène. En téléphonant à diverses boîtes, je suis tombé sur l’agence d’ULMA à Bayonne, et ça tombait bien car ils souhaitaient sortir du simple bâtiment.
J’ai travaillé avec eux et on a développé ensemble le plancher et plein de produits orientés scène. Comme j’étais arrivé physiquement et au niveau vie de famille au bout de la première partie de l’histoire, j’ai basculé. Du jour au lendemain j’ai eu la voiture, la carte bleue, et surtout carte blanche pour développer cette filiale Evénements. Et puis ça répondait à une envie. Etant gosse je passais des heures et des heures avec Lego et Meccano (rires !!) Je piquais des pelotes de laine et je tirais des fils partout pour réaliser des téléphériques et autres grues (on est nombreux à avoir fait ça ! NDR)
L’air de rien ce vérin à vis qui permet le parfait ajustage du pied par rapport au sol, porte la bagatelle de 7 tonnes. Sa couleur particulière est due au traitement de bichromatage qui permet le vissage contrairement à la galvanisation.
Le crochet, ici sans la galvanisation, une pièce essentielle et qui se trouve au bout de chaque lisse. Avec l’habitude, le montage peut aller très vite puisque la manipulation est minime, crochetage et verrouillage. ULMA peut fournir des crochets seuls afin de permettre par exemple à des décorateurs, d’y souder des pièces spécifiques.
SLU : A propos de longes et autres filins, c’est quoi la tour des pompiers ?
Hervé Thiers : C’est une première mondiale que nous avons mise au point chez ULMA Evénements. Il s’agit d’échafaudages qui se comportent comme des tours de manœuvre démontables et évolutives pour l’armée ou les pompiers. On peut simuler des appartements de plusieurs étages, et du fait du faible nombre de cloisons, cela offre une vision parfaite de l’exercice aux équipes d’encadrement. Le cadre légal étant très contraignant, cela nous a pris quatre ans pour mettre au point et valider ce produit avec des équipes d’ingénieurs et de nombreux essais à la ruine, mais cela se vend très bien.
SLU : Vous nous précisez le cadre et l’utilité des essais à la ruine ? Vous en réalisez ici sur site ?
Hervé Thiers : Oui nous l’avons déjà fait, nous disposons pour cela d’un dynamomètre et de tireforts. C’est un essai indispensable pour vérifier et certifier par des documents officiels la limite de rupture d’une pièce. Nous en faisons surtout réaliser au CEBTP qui dispose de hangars où des presses et des vérins autorisent toutes les mises en condition extrêmes.
Nous montons par exemple notre escalier et leur confions pour des essais à la ruine ce qui nous informe de la façon dont par exemple les marches ploient avant de céder, en combien de temps cela se produit et à quel poids cela intervient. Grace à cela nous pouvons déterminer les charges d’utilisation.
CONCLUSION
Quand on part en reportage, généralement on revient en ayant appris quelque chose qu’on s’empresse de vous transmettre. Dire que cette virée à Pau chez ULMA ne fait pas exception à la règle est un total euphémisme tant on a découvert la richesse de l’échafaudage. Oui, ce n’est que de la ferraille diablement bruyante, mais l’infinité de combinaisons mécaniques couplée à l’intelligence de l’homme la rend noble et peut aboutit à des solutions aussi rares qu’indispensables.
On croit volontiers Hervé et Matthieu quand ils nous disent qu’ils s’amusent avec leurs tubes car la structure c’est ludique, et les seules limites sont celles imposées par la sécurité. Comment enfin ne pas tirer son casque de protection à Hervé Thiers, dont la truculence n’a d’égal que l’inventivité, la compétence et le respect inconditionnel des règles de sécurité. ULMA sait tout faire et, pour paraphraser un slogan connu, le meilleur projet reste à faire.
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