Ils sont 7 associés unis comme les doigts de la main…remarquez, vu le temps qu’ils passent sur leurs ordinateurs, avoir 7 doigts ne doit pas être un défaut.
Capables de tout faire dans la captation et le mixage TV, ils ont décidé de créer Easys, un outil conçu pour répondre aux attentes de la téléréalité et de tous ses dérivés. Visite chez des hommes qui ont définitivement un cerveau entre leurs deux oreilles.
SLU : Les Gens Du Son est née quand et sous l’impulsion de qui ?
Frédéric Filhol : Nous avons débuté en 2006 sous l’impulsion de 4 associés, un ingé son venant du mixage et les trois autres de la captation broadcast dont certains anciens permanents dans de grosses structures. J’ai été moi-même chez VCF pendant 11 ans, VCF devenu aujourd’hui Euromedia Group pour simplifier.
On a commencé en étant intermittents au début de la téléréalité et on a tout de suite perçu la demande des productions désireuses d’aller au-delà du mode de reportage technique classique de perche, mixette, HF en sacoche pour aller vers des services beaucoup plus évolués avec des couvertures globales, du multipiste, des solutions de monitoring développées.
On s’est aussi rapidement rendu compte qu’on passait des jours et parfois même une semaine entière à phosphorer et à trouver des solutions innovantes pour des grosses chaînes nationales…à l’œil. De vraies séances de pré-production. Il fallait vite structurer tout ça, le valoriser au mieux et surtout suivre aussi notre travail en post-production. En somme offrir des solutions globales.
On commençait à comprendre que de lâcher des fichiers audio et vidéo dans la nature avec pour seule référence commune du Time-Code, complexifiait beaucoup la tâche des gens de la post production, sans parler de la quête incessante au son qui soi-disant manque alors qu’il existe mais n’est pas clairement repéré.
Trois associés de LGDS sur 7 shootés dans leurs locaux de Malakoff. De gauche à droite, Vincent Givarch, ingé son grand spécialiste de la téléréalité, des étoiles (l’un n’allant pas sans l’autre) et surtout « chef de projet » d’Easys. Au centre Fred Filhol, ingé son, élément moteur et à la fois carburant d’LGDS et à droite David Cerf, encore un ingé son, grand amateur de cars régie et de régies fixes et de passerelles entre deux mondes.
SLU : On a des idées et des hommes. Quid des machines à l’époque ?
Frédéric Filhol : Tapages. Aujourd’hui encore nous nous fournissons auprès d’eux.
SLU : Mais comment vous a-t-on mis le pied à l’étrier de la téléréalité…
Frédéric Filhol : C’est grâce à VCF, à qui on a demandé de fournir une infrastructure technique allant au-delà de celle assez simple des journalistes reporters et qui n’aurait pas suffi pour une nouvelle émission qui allait démarrer : l’Ile de la Tentation.
J’ai été chargé de la réfléchir et de m’en charger. Dans la foulée on s’est occupé de Queer pour Glem avec un des techniciens qui allait devenir un de nos associés. On apportait du couplage d’antenne, de la multiplicité d’antennes de réception, la dématérialisation des média avec à l’époque du DVD-Ram…
SLU : Ouuuu, ce n’est pas de l’assurance tous risques ce support…
Frédéric Filhol : Exact. Je me revois encore avec nos enregistreurs PD6 Fostex où tu appuies sur stop et qui se mettent à tourner en boucle en affichant « writing » Les gens du son ont parfois dans le cœur le son qu’ils n’ont pas dans leurs enregistreurs (rires !). Le DV 824 Fostex rackable nous apportait 8 pistes facilement, mais parfois aussi quelques soucis… Après, sont arrivées des configurations direct to disk portatives sur disque dur et maintenant carte mémoire CF et nous concernant, nous avons fait le choix des machines Sound Devices 788 ou 664.
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SLU : Vous n’êtes pas un loueur de machines.
Frédéric Filhol : Absolument pas. Nous avons petit à petit investi dans un certain nombre d’appareils et de liaisons, mais cela répond plus à un modèle économique de prestataire technique équipé comme on en rencontre beaucoup dans le monde de la sonorisation. On complète avec ce qui nous manque auprès de loueurs comme Tapages, mais notre matériel ne sort jamais sans l’un de nous pour le mettre en œuvre sur un projet précis.
On ne veut pas s’endetter avec trop de matériel car cela sous-entend un autre phénomène qui est celui du choix par défaut, ou par présence au dépôt qui conduirait à dire qu’on prend ce qui nous arrange et pas ce qui convient à la situation donnée. On ne veut pas de ça. On a un peu de « HFerie », du Lectrosonics essentiellement, et on était chaud pour du Wisycom, mais le spectre HF est par trop instable en France pour se risquer à investir.
Pour le fun, une journée de travail de LGDS réduite à sa plus simple expression et tenant désormais en SSD 512 Go en boitier Delock!
SLU : Des solutions en numérique moins gourmandes en place existent.
Frédéric Filhol : Oui, mais dans notre métier, quand on court après quelqu’un équipé en analogique, le pire qu’il puisse nous arriver en cas de décrochage, ce sont les petits bruits blancs que la prod comme les téléspectateurs connaissent et ont intégrés. Au pire on pourra sous-titrer car on conserve de l’audio audible.
En numérique ça devient plutôt des borborygmes voire des coupures franches. On a par exemple testé du Sony et c’est excellent. Le son est reconstruit quand des paquets sont perdus.
En revanche, quand il en manque trop, tout s’effondre d’un coup et rend le son inexploitable, à tel point qu’on ne peut même pas le sous-titrer. C’est perdu. La latence du numérique en revanche ne nous gêne pas du tout.
Les Gens Du Son n’ont pas que des oreilles !
SLU : Revenons à la naissance de LGDS. Vous démarrez à 4 associés en 2006..
Frédéric Filhol : Oui, et maintenant nous sommes 7. Chacun est porteur d’affaires. Si l’un de nous souhaite proposer une solution complète à la Prod avec laquelle il travaille, il le fait, tout comme cette Prod peut souhaiter ne bénéficier d’aucun service au-delà de la présence de ce technicien. Nous offrons un service à la carte. Nous sommes en train de monter le dossier afin de disposer de notre Certification Sociale pour pouvoir embaucher des intermittents en plus de nous même quand c’est nécessaire.
SLU : Vous êtes donc côté Ficam et pas Synpase.
Vincent Guivarch : Tout à fait, pas de Label pour nous mais la Certification Sociale, ce qui implique aussi un certain nombre d’embauches en CDI et ce qui sous-entend une réflexion très précise sur l’avenir de notre boîte. Nous souhaitons être des prestataires de son lié à l’image, avec de l’expertise avant et après cette phase précise de captation qui en plus se déroule la plupart du temps à l’extérieur.
La régie audio de captation de La France a un Incroyable Talent 2015 avec Vincent Guivarch aux manettes. On devine derrière le MacPro en plein enregistrement
SLU : S’il fallait vous définir plus simplement ?
Frédéric Filhol : Nous sommes les bonnes personnes, les bonnes compétences avec le bon équipement au bon endroit. Vincent par exemple est le spécialiste de la régie démontée et du reportage, téléréalité et fiction. C’est un coureur de terrain.
David et moi passons beaucoup plus de temps en car régie et en consulting. Chaque membre de l’équipe a sa spécialité dont la somme nous permet de couvrir tout le spectre du son à l’image. Je suis aussi formateur à l’INA et responsable de l’intercom.
Je forme sur Riedel et Telex. David Cerf (un des 7 associés NDR) et moi sommes donc les mieux placés pour prendre en charge cette partie essentielle de notre travail et concevoir les meilleures solutions à nos clients. L’intercommunication devient stratégique pour, ne serait-ce que faire face au nombre de participants à des émissions de téléréalité qu’il faut suivre, équiper et ne plus lâcher.
Le réalisateur, mais aussi les journalistes et nous même devons toujours savoir qui est où et pour cela il est fondamental de pouvoir se parler à coup sûr sans déranger personne.
On va d’ailleurs vers une interphonie double entre plateau et coulisses, ces dernières étant une sorte de second plateau dans des émissions comme Incroyable Talent, et ce afin de limiter la gêne et les interférences d’ordres entre deux univers faisant partie de la même émission mais vivant à des temps et des rythmes différents. On ne raconte pas la même histoire. Bien sûr il existe quelques passerelles entre les deux réseaux.
La France a un Incroyable Talent et un Incroyable Prestataire
SLU : Explique-nous un projet type où vous avez apporté un nouveau workflow.
Frédéric Filhol : Prenons Incroyable Talent ou Vincent Guivarch (un des 7 associés NDR) officie depuis 7 ans. Cette émission comporte une partie scène et une partie coulisses et les 4 premiers épisodes sont essentiellement basés sur ce qui se passe derrière. Jusqu’à présent cette partie coulisses a été traitée en mode reportage pur avec cadreurs et ingés son pour récupérer des sujets.
Euromedia nous a demandé de faire évoluer le workflow afin de le rapprocher de celui d’une émission de téléréalité. Cela implique d’enregistrer en permanence des gens que l’on peut interviewer, mais dont on capture aussi et surtout des moments de vie. Il faut donc les équiper d’un pack HF et d’un micro.
A partir de là, des méthodes existent pour suivre qui dit quoi, à quel moment et où, mais nous proposons une solution numérique beaucoup plus puissante et efficace. L’avantage de Vincent dans le cas présent c’est sa parfaite connaissance de l’émission, des besoins en termes d’images, du ratio entre la partie « reportage » et celle « scènes de vie ».
Les deux se complètent mais chacune a ses avantages et ses limites techniques comme éditoriales. Afin de recueillir par exemple des moments précieux pour raconter une histoire, il faut équiper en HF et suivre tout le monde, car ces mêmes personnes avec plus de monde face à eux, une perche, une caméra en proximité, n’auraient pas le même comportement.
SLU : L’avantage avec vous c’est que vous garantissez qu’il y aura toujours du son à mettre en face de ce qui a été filmé…
Frédéric Filhol : C’est exactement ça. Nous mettons en boite sur multipiste un nombre très important d’heures de son. Dès qu’on équipe quelqu’un, ça tourne 13 heures par jour et sans poser la contrainte de savoir sur quelle caméra se trouve le son, avec quel micro cela a été enregistré. On gère cet aspect et on le garantit. La seule contrainte est de déterminer une zone de couverture HF à laquelle tout le monde doit adhérer, surtout la personne équipée.
L’avantage de travailler avec nous, c’est la qualité de la couverture mais aussi la précision du repérage qui détermine cette zone où tout ce qui sera dit, aboutira sur un disque SSD. On est à la tête d’environ 240 Go de rushes par jour de tournage.
Une vue de la palanquée de kits Acrobat de Riedel d’Incroyable Talent 2015, ou quand le DECT fait une percée dans l’intercom et en plus dialogue avec des talkies Motorola qu’on devine sur la table. On trouve tout chez Tapages !
SLU : Votre autre contrainte n’est pas l’autonomie des batteries ?
Vincent Guivarch : Non pas trop. Sur un émetteur 5212 Sennheiser on tient 15 heures. On réussit donc à enregistrer deux candidats qui eux sont « actifs » environ 4 heures.
SLU : Combien de fréquences vous consommez pour la partie coulisses / téléréalité ?
Frédéric Filhol : La saison dernière pour Incroyable Talent j’en ai booké 40 et Dushow qui prend en charge le plateau en a utilisé autant en comptant leurs divers micros, les intercoms Overline, des ears d’ordres Lectrosonics et les ears de retours.
Cette profusion de fréquences actives fait que pour l’intercom j’ai fait le choix du filaire et du DECT (Digital Enhanced Cordless Telephone), une technique qui, bien maitrisée en nombre d’antennes, marche très bien. Au-delà de ça, on a ajouté des talkies et des bases relai Tait, pour éviter les zones d’ombre et être connectés à l’intercom Riedel DECT. A l’analyseur de spectre ça frétillait (rires) !
SLU : Vous arrivez à dormir la nuit ?
Vincent Guivarch : Non, il y a des jours où on a du mal. A certains moments des émissions ou quand on a lancé Easys, la tension est très grande. On serre les fesses. C’est certain qu’on ne s’ennuie pas !
Un générateur de TC autonome Ambient avec quelques heures de vol et pas mal de temps passé à se frotter à d’autres appareils. Achhh Deutsche Qualität, ça marche bien (tant qu’on ne mesure pas le taux de CO2)
SLU : Vous parlez d’Euromedia, c’est un sacré mastodonte maintenant, et avec de grosses compétences…
Frédéric Filhol : Ce sont les seuls en Europe à pouvoir déployer, dans deux Algéco, 70 caméras sur 24H aux Urgences ou BabyBoom en une semaine d’installation. C’est impossible d’absorber de telles quantités auxquelles s’ajoutent 50 HF son, même dans le plus gros des cars, et ce savoir-faire s’étend au choix du matériel pour rester dans des budgets raisonnables, un paramètre forcément essentiel pour les clients.
Des techniciens d’autres pays sont venus voir ces installations françaises et ont été très impressionnés. La base de ce type d’émission est l’existence d’un aspirateur à images, un aspirateur à son et un troisième outil qui fait la liaison entre les deux. Historiquement c’est le Time-Code.
Nous travaillons avec des outils allemands de marque Ambient pour générer de manière autonome ce Time-Code, des générateurs qui sont démarrés chaque matin avec le TC de référence du car régie mais qui ensuite continuent de manière autonome leur petit bonhomme de chemin. Tous les matins on leur donne le « La » après recharge et ils dévient au maximum d’une image en 24 heures.
Sortez votre frontale, on part dans le gouffre de Dante
Un rack bien rempli de récepteurs Sennheiser 3732, 17 en tout, dont la sortie AES est ensuite convertie en Dante et distribuée vers les enregistreurs et les dalles de monitoring Easys. Le portable posé en tête de rack a la main et visualise l’état de tous les récepteurs
SLU : Vous nous détaillez votre chemin audio typique ?
Frédéric Filhol : On part généralement d’une grappe de récepteurs HF Sennheiser 3732 qui sortent en AES le signal de nos micros. On convertit ce langage dans une AVB Auvitran pour nous en faire du Dante qu’on va plus facilement brasser et véhiculer via des switchs.
Ce signal arrive d’abord à l’enregistrement sécu, une configuration en SSD où il va recevoir le TC. Ensuite il va partir vers la console qui elle aussi reçoit et brasse le TC où il va être écouté et où l’on va exclusivement régler le gain des différents micros. Ce signal est enfin dirigé vers l’enregistreur principal via un convertisseur Madi et une Madiface RME.
Cet enregistreur principal est un MacBook avec double SSD interne et externe sur boîtier Delock. Le premier enregistreur est utile au cas où la console tombe. On tourne en 48 kHz/24 bits, cette résolution apportant du confort dans les bas niveaux, et nous gardons le signal en numérique pour éliminer conversions et bruit de fond.
Là où il aurait fallu empiler les machines sur supports aussi exotiques qu’improbables pour obtenir difficilement la moitié moins de pistes, voici le recorder maitre de LGDS, un MacBook Pro avec deux SSD et Boom Recorder Pro. 64 pistes simples comme bonjour et quelques clicks dans Asterix, le switch TP Link qu’on devine dessous
SLU : Quel logiciel d’enregistrement utilisez-vous ?
Frédéric Filhol : Tu ne le connais sans doute pas, il s’agit de Boom Recorder Pro. Il est simplissime et permet d’enregistrer jusqu’à 256 pistes. Typiquement nous nous contentons de 64.
Son gros point fort est son patch de fichiers. On peut choisir le directory où va être enregistrée chaque piste, ce qui nous permet, par exemple, d’attaquer deux disques en même temps. Ou plus. A ma connaissance c’est le seul qui sache le faire.
SLU : J’imagine que tout ceci nécessite de faire très attention au brassage, affectation, câblage des signaux et des flux pour s’y retrouver.
Vincent Guivarch : Ce n’est pas difficile, il faut simplement faire preuve de la plus extrême rigueur dans la mise en place des moyens.
Frédéric Filhol : Comme je dis à mes élèves à l’INA, on fait de la tuyauterie mais comme le disait aussi ma grand-mère, moins il y a de robinets, moins il y a de fuites. Il faut donc veiller à simplifier les schémas (rires) !
Au revoir Mr. Coax, bonjour Mrs. Fibre
SLU : J’ai le sentiment que la partie HF de votre métier a beaucoup évolué depuis quelques années.
Frédéric Filhol : Oui terriblement, sans doute plus encore que ce qui se voit dans le spectacle vivant. La grosse différence est la possibilité que nous avons aujourd’hui de déporter les antennes de réception et depuis peu aussi celles d’émission, très loin des récepteurs et au plus près des émetteurs grâce à la fibre optique en lieu et place de l’ancien coaxial.
Une vue de l’arrière du concentrateur Coax vers fibre de Tapages ou comment se débarrasser élégamment de centaines de mètres de coaxial tout en approchant les antennes au plus près de l’action.
Le concentrateur côté face et annonçant fièrement la présence de 8 fibres, A et B, comme les coax qu’elles remplacent. Fabrication Tapages
Un progrès rendu possible par les solutions importées et distribuées par Tapages qui d’ailleurs développe ses propres systèmes. Pour mémoire, il y a quelques années nous devions transporter des centaines de mètres de coax qui, pour des raisons d’impédance, avaient la même longueur que le brin le plus long du couple en diversité. La fibre a révolutionné notre métier. Il en va de même avec le Wi-Fi et sa distribution.
Le boitier Tapages en charge de transformer un signal antenne en fibre, ce qui lui permet d’être véhiculé facilement et loin, très loin. Posée au-dessus, c’est son alimentation
SLU : Le système émetteur HF que vous employez le plus en ce moment est du Sennheiser…
Frédéric Filhol : Oui, du SK 5212 avec une capsule DPA 4060 omni avec la pince DPA en forme d’entonnoir qui rigidifie, prévient la casse et réduit les bruits de frottement.
SLU : Utilisez-vous une horloge master pour synchroniser console, Dante et enregistreurs ?
Frédéric Filhol : Oui, on a une horloge maître Rosendahl. Idéalement il faudrait qu’elle soit reliée à celle du car régie et à chaque caméra au travers du WordClock mais cela ne s’avère pas nécessaire pour la téléréalité et dans 99% des cas, un TC identique et généré dans chaque machine avec les boîtiers Ambient nous suffit.
Il n’y a pas une notion de synchro absolue des actions. Ca m’arrive d’alimenter le Rosendahl en référence vidéo et de me servir de son WordClock un fois aligné sur cette référence.
Une des premières décisions prises lors du montage de LGDS a été de partir sur de bonnes bases : « la synchro c’est en étoile et c’est allemand » et du coup on n’a jamais été embêté. Rien d’énorme en plus. Nous avons pris une Nanosynchs standard, même pas HD, et ça marche !
La fameuse pince spécifique de DPA pour le 4060 dans les mains de Frédéric
SLU : Qui est maître du Dante ?
Vincent Guivarch : La console. On a essayé une fois de déclarer maître l’AVB d’Auvitran mais cela n’a pas du tout marché. Notre schéma est très simple. La console reçoit la Rosendahl et le signal de synchro part aussi vers l’AVB Auvitran qui effectue la conversion AES vers Dante.
Une autre sortie part vers les récepteurs 3732 qui sont en daisy-chain et une dernière dans l’enregistreur de secours 970 de Sound Devices. Enfin on respecte un ordre d’allumage précis pour que tout se passe bien en synchro comme en IP.
SLU : Vous ondulez pour éviter les embrouilles ?
Frédéric Filhol : Oui, généralement tout, même si ce n’est pas à ce point sensible puisque nous ne travaillons pas en direct. Disons que la « soupe réseau » l’est toujours.
As Easys as it gets
Deux dalles tactiles Elo avec Easys prêt pour l’action, à gauche en mode monitoring et à droite en log avec au centre, une enceinte amplifiée Thomann au rapport qualité prix assez imbattable et parfaite pour cet usage
SLU : Maintenant que nous avons fait un rapide tour de l’audio, entrons dans le vif du sujet, dans les fonctions d’Easys, votre logiciel propriétaire, ou comment gérer de façon rapide et efficace les médias capturés, en leur donnant des infos, bien au-delà du simple TC.
Le moment de la capture d’un visage afin de créer la fiche du participant et lui attribuer un micro. Simple et rapide
Frédéric Filhol : L’idée de ce logiciel nous est venue dès le lancement de LGDS ne serait-ce que pour trouver une parade au temps perdu à ouvrir et fermer des choses pour que des journalistes entendent. « Ici journaliste 2, est-ce que tu peux m’ouvrir les micros de Toto, de Brenda et de Fifou et mes les envoyer dans les ears ? » La première solution trouvée a été une dalle tactile pilotant un DME Yamaha. Je crois que cela se pratique encore.
Une vue de Capture avec les « cases » micro vides et celles déjà attribuées
De notre côté nous avons fait le choix de créer un logiciel de toutes pièces en nous servant au départ du « moteur » Max de l’Ircam qui fait appel à de la programmation objet que Vincent maîtrise. Problème, nous ne pouvions pas intégrer la brique iPhone à savoir la possibilité d’entrer des paramètres simplement et rapidement en n’étant pas physiquement sur ordinateur. Le temps nous étant compté, nous avons décidé de reprendre le tout et d’établir le cahier des charges de l’outil idéal.
Nous avons besoin de gérer le monitoring et d’effectuer l’allocation dynamique des HF c’est-à-dire la possibilité de capturer le nom et le visuel d’un candidat, de lui associer un HF libre, de faire en sorte qu’il apparaisse immédiatement dans toutes les dalles tactiles et d’enlever provisoirement ou définitivement ceux qui ne sont plus équipés. C’est à partir de ce projet que nous avons créée la version actuelle d’Easys.
Vincent Guivarch : Si tu prends Incroyable Talent ou Baby Boom, les participants n’arrêtent pas de se renouveler. Il faut donc les capturer à la volée, les insérer dans le workflow pour les enregistrer en les équipant d’un pack émetteur et d’un micro libre, et enfin donner à tout un chacun de l’équipe, du journaliste au réalisateur en passant par les techniciens son, la possibilité d’écouter leur audio librement via une dalle tactile.
L’écran de droite montre Easys en pleine utilisation sur Incroyable Talent 2015 ou comment écouter à la volée ce qui est toujours visible devant soi sur la dalle…
Il faut que ce soit simple, rapide et flexible. Que les gens qui saisissent et intègrent des participants soient par exemple au rez-de chaussée, la régie son au deuxième étage, les journalistes au 4e et le réal dans son car garé dans la rue, le processus doit être aussi simple et instantané.
Un simple iPhone équipé du soft maison et voici en quelques secondes une station de capture capable de faire apparaître sur le réseau tout nouveau participant. N’oubliez pas le micro et le pack !
SLU : Comment tous les postes fixes et les iPhones de saisie discutent-ils entre eux ?
Frédéric Filhol : Le signal en Dante passe classiquement en RJ45, notre couche spécifique d’infos suit le même chemin, il faut dire que c’est minuscule par rapport à l’audio. Derrière chaque dalle tactile nous avons un mac mini 1,4 GHz/8GB/500GB. Une licence Dante Virtual Sound Card est installée sur chaque poste.
Pour le poste de capture sur iPhone, ou pour administrer Easys éventuellement à distance on développe notre propre point d’accès professionnel et puissant en WiFi qu’on déporte en fibre optique duplex monomode pour des raisons de longueur car en Cat5 on est limité à 70 mètres. L’avantage est que c’est la même fibre que Tapages utilise pour déporter les antennes micro. L’application qui est dans l’iPhone est installée par nos soins et n’est pas disponible dans l’iStore.
SLU : Avez-vous pensé à une version spectacle vivant de votre application ?
Frédéric Filhol : On en a parlé à quelques personnes qui travaillent dans la comédie musicale et pourraient être intéressées par la facilité de monitoring de chaque micro sans avoir besoin d’aller à la console.
Une vue de détail des récepteurs 3732 a milieu desquels trône le convertisseur AES vers Dante AVB d’Auvitran. On devine les entrées AES en face avant
SLU : Mais ça implique que les micros soient multiplexés dans un flux Dante…
Vincent Guivarch : Non, pas forcément. Notre soft fonctionne en Core Audio, il n’est donc pas obligatoire d’être en Dante. On trouve pratique de n’avoir qu’une RJ45 à brancher mais en Madi cela fonctionne aussi bien, dès lors que la bonne carte est présente. Comme le Madi est bidirectionnel, nous avons aussi prévu la possibilité de faire du talk, une solution de dépannage et même plus pour les tournages où il n’y a pas d’intercom. Cela nécessite malgré tout une console externe pour router le flux vers les intéressés.
SLU : Combien de candidats et donc de flux pouvez-vous gérer dans Easys ?
Frédéric Filhol : 64 en tout, ce qui est déjà bien dense, mais l’apparence physique sur les écrans peut être changée.
Vincent Guivarch : Il existe 3 types d’interfaces. Il y a Capture qui permet de photographier le visage et d’intégrer en direct avec un micro et son nom tout nouveau participant. Il y a Console qui sert à l’écoute, la visualisation et le script des actions et enfin il y a Admin qui comme son nom l’indique, ouvre la porte à l’administration du système et la configuration « à chaud » qui se répercutera immédiatement dans tous les postes connectés. Certains flux peuvent être verrouillés et non modifiables et certains autres, typiquement ceux du présentateur ou de récurrents importants, peuvent arriver toujours au même endroit de la dalle pour les retrouver plus facilement. C’est flexible et puissant.
Ce qui peut planter, plantera…
SLU : La question qui fâche ? Et si ça plante ?
Vincent Guivarch : Nous avons beaucoup travaillé sur les modes dégradés. D’abord toute perte de paquets par exemple dans le WiFi est répertoriée, ce qui facilite le ré envoi de l’info manquante. On ne peut pas ne pas le savoir. Après plantage on retrouve aussi précisément les données d’avant plantage. Durant un plantage de TC, la console bascule sur l’horloge interne le temps de la retrouver.
SLU : Il n’y a pas de serveur en tant que tel…
Frédéric Filhol : Non en effet, nous avons fait le choix d’embedder le Web serveur dans l’application, c’est-à-dire que chaque application est serveur. Capture, Admin ou Console sont tous trois serveurs, ce qui fait qu’on touche chaque machine par son IP privative. Si quelque chose ne marche pas, l’adresse et donc la machine passe en rouge. On le sait tout de suite. On peut mettre jusqu’à 255 machines en réseau, autant que de masques de sous-réseau.
SLU : C’est toi qui a conçu tout ça Vincent ?
Vincent Guivarch : J’ai essentiellement spécifié et deux développeurs ont écrit le soft. Dans mon autre vie d’avant, j’ai fait de l’informatique et des sciences, ce qui m’a permis d’être à l’aise face à ce type de soft.
Frédéric Filhol : Il bossait au CNRS sur les étoiles notre Tournesol à nous (rires) !
Vincent Guivarch : (essayant de rester sérieux) (essayant de rester sérieux) On a lancé le développement pur et dur le premier juillet encore avant d’avoir eu le financement par les banquiers (pas facile de « vendre » aux hommes en cravate ce type de projet NDR).
SLU : Je pense que vous êtes dans les clous pour postuler à des aides à l’innovation et contrairement à ce que l’on croit, elles sont nombreuses et assez bien pourvues en enveloppes.
Frédéric Filhol : Oui mais comme tu le sais, dans les petites boîtes, on ne peut pas courir après les financements, construire le projet et en même temps continuer à travailler au quotidien pour pouvoir vivre…Mais on y pensera.
L’autre face d’Easys : le Log !
Durant Incroyable Talent 2015, une des consoles d’Easys en mode Log, une bonne façon de tester l’efficacité de la solution de saisie appelée à être rapidement déployée
SLU : Jusque-là nous parlons d’audio pur. Quand la partie log d’Easys est-elle arrivée ?
Frédéric Filhol : Quasi en même temps. Euromedia a trouvé la partie Audio intéressante mais nous a tout de suite demandé d’y adjoindre des capacités de renseignement sur ce qui se dit, à quel moment et à quel endroit, le fameux log, ce qui rend Easys une solution complète et fonctionnelle pour la téléréalité.
SLU : Ce n’est plus vraiment votre métier que de développer ça…
Frédéric Filhol : Non, d’autant que je me souviens d’être arrivé un matin face à mes associés, alors qu’Easys Audio était enfin spécifié, bouclé question financement et parfaitement sur les rails, et leur dire « les gars, on va tout changer, on va faire du log ! »
Les réactions ont été mitigées d’autant que nous avions mis du temps à bien prendre nos marques et à figer le projet initial. J’ai tenu bon car la demande était et est toujours très forte d’avoir un outil à la fois complet mais tout autant simple d’emploi et à la mise en œuvre.
Le but consiste à générer un fichier XML contenant un certain nombre de champs renseignés à la volée par des opérateurs qui écoutent via Easys l’audio et créent sa carte d’identité. C’était donc logique que cette partie de log fasse partie aussi d’Easys.
L’XML par la suite est récupéré par les deux principales machines de montage image que sont Media Composer d’Avid et Final Cut d’Apple et ces derniers créent des locators, des balises qui contiennent les informations. Si je veux par exemple tous les endroits où l’on parle de Jean-Claude, je fais une recherche par ce prénom et la timeline va se positionner partout où cela est le cas.
Une capture d’écran de l’iPhone de capture avec un certain nombre de micros verrouillés afin d’éviter tout simplement de couper la chique au présentateur ou encore aux micros perche qui par définition ne seront pas attribués ou désattribués
SLU : Mais du coup pour développer cette extension d’Easys vous avez dû apprendre trois métiers, celui de logger, celui d’homme de l’image et celui de créateur de progiciels.
Frédéric Filhol : C’est cela. Nous avons aussi profité de la flexibilité de notre soft pour offrir des cases qui peuvent être nommées à la volée. C’est par exemple pratique de savoir que c’est la Camera 1 qui filme Pierre qui pique une rogne. On ajoute donc la case –Cam1- et on clique dessus quand Pierre s’énerve, comme ça le monteur sait où aller chercher le plan. Mais on peut aussi placer des déroulants pour ne pas encombrer la face avant des dalles. Ou un peu des deux. On fait ce qu’on veut et on peut changer d’avis autant qu’on veut.
Typiquement la caméra peut être un bouton à cocher, le lieu en revanche doit être un déroulant car il en existe beaucoup où peut se dérouler l’action. On peut aussi ajouter un listing d’émotions en une seconde.
La programmation de cet outil est instantanée et colle totalement aux besoins et au style de la prod qui va l’exploiter. Bien sûr on peut éditer chaque log, remonter dans le temps, les lire et ajouter des détails. Je peux tout aussi bien écouter un micro et logger ce que je vois sur une autre caméra.
SLU : Peux-tu emmener avec toi les fichiers XML pour suivre telle ou telle histoire ?
Frédéric Filhol : Oui, sur la dernière version d’Easys il est possible d’exporter en PDF le fichier. Autre nouveauté prévue, l’auto-log qui créé un événement automatique d’arrivée d’un nouveau participant et donc d’un nouveau micro dans l’émission et son départ et la fermeture provisoire de son micro.
Pour une fois le son est déclencheur et pas dernière roue du carrosse
SLU : Le son reste essentiel…
Vincent Guivarch : Tout à fait et ce qui nous frappe c’est le nombre de personnes qui, dans le cadre d’une émission de téléréalité, écoutent et alertent quant à la survenue d’un événement qui mérite qu’on s’y intéresse et qu’on y rattache au plus vite des caméras. Le son est la clef de voute.
Les loggers font face à une dalle immense où toutes les caméras arrivent et passent des heures à rentrer des infos, à écouter voire à suggérer des actions. Aujourd’hui on peut quasiment tout filmer et enregistrer de l’audio en continu en créant une base d’informations colossale. Il faut pouvoir la renseigner de manière hyper précise pour lui donner vie. 4 à 5 indications sont suffisantes. Ici encore le trop est l’ennemi du bien.
SLU : Où en êtes-vous en termes de disponibilité d’Easys ?
Frédéric Filhol : Lors d’Incroyables Talents de cette saison, Easys a été employé en monitoring et Easys Log était dispo mais en test. Une autre solution a été employée par sécurité par Euromedia, IP Director d’EVS, un système plus complexe mais qui insère le log comme des metadata directement dans les médias vidéo et qui gère les flux vidéo. Une super solution mais extrêmement onéreuse.
EASYS Scripting
SLU : Easys paraît simple à l’emploi mais son déploiement nécessite sans doute de vous avoir. Avez-vous songé à comment le commercialiser ?
Vincent Guivarch : Cela fait appel à des connaissances en informatique, réseau, Wi-Fi… Ca marchera par licence mais on n’a pas encore arrêté notre choix. Pour le moment on s’en sert lors de prestations de Les Gens Du Son dans le cadre d’un service global autour du son.
Et quand on dit autour, on étend bien notre raisonnement jusqu’au monde de la post-production. On songe à en faire venir des membres sur des tournages pour qu’ils appréhendent nos conditions de collecte du son qu’ils auront à travailler par la suite. Un tournage est par définition toujours différent et imprévisible.
SLU : Qu’est-ce qui pourrait arriver en termes de nouveautés sur le logiciel ou les interfaces ?
Frédéric Filhol : Idéalement avoir une télécommande déportée de la grande dalle sur iPad par exemple, ce qui permettrait de basculer la console en remote, de chausser un Ear monitor en profitant des couvertures Wi-Fi et monitoring HF, et de partir sur les lieux mêmes du tournage, par exemple autour de la piscine des Marseillais, pour logger face à l’action. Pour certaines émissions pouvoir observer ce qui se passe hors cadre aide à la qualité de son travail.
SLU : On a parlé de nombre d’émissions qui utilisent ou pourraient utiliser vos services et Easys en particulier. Vous en avez quelques autres en tête ?
Frédéric Filhol : Oui, outre celles que nous avons déjà citées, il y a toutes celles où, au départ, de très nombreux candidats passent par des phases de présélection comme La Nouvelle Star, MasterChef, les Pâtissiers… Easys serait très pratique pour ce type d’émissions.
SLU : Qui sont vos clients ?
Vincent Guivarch : Freemantle, Endemol, Shine, ou même la télévision française. Tapages aussi…
Comme dirait la pub : « Et c’est pas fini ! »
SLU : Il m’a semblé voir vos noms dans feu Rising Star, une émissions dont nous avions couvert les lumières magnifiques et allions en faire de même avec le son.
Frédéric Filhol : Oui, on s’est occupé de l’habillage sonore pour le direct de cette émission, une autre de nos activités, et je tenais personnellement le mix antenne, talks et intercom pour Euromedia avec un collègue. Benoit Gilg pour Yasta, un type super brillant qui a fait un très beau travail, s’est occupé de la captation musique, et enfin Dushow était en charge du son salle et retours. Une superbe installation numérique en boucle Optocore pour relier les 4 consoles avec un mix 5.1.
Nous avons beaucoup appris sur le mix multicanal musique, même si nous gérons ce type de configurations chaque semaine via Canal+ grâce aux retransmissions de matchs de foot. On a eu de grandes discussions avec Pierre Laqueyrerie, l’ingé système de M6 qui diffusait l’émission, au sujet par exemple de la divergence des voix. Les laisse-t-on au centre, les pousse-t-on dans la stéréo, tout est possible en mix musique, sauf d’abimer la réduction stéréo LtRt du flux 5.1 car rares sont les téléspectateurs qui sont équipés et il ne faut pas oublier tous les autres.
David Cerf de chez nous a enfin conçu les ponts Midi entre son et éclairage pour faire en sorte qu’au lancement des ambiances, les éclairages suivent.
SLU : Vous créez les habillages sonores ?
Frédéric Filhol : Non, nous les gérons en direct et en envoi et pouvons aller chercher ceux qui nous semblent correspondre à l’émission sur des banques sonores ou en recueillir chez le producteur, mais nous ne composons pas. Il y a un spécialiste pour ça qui est le Studio du Petit Pont. Nous proposons des solutions d’envoi de ces ambiances utilisant Live d’Ableton, mais en configuration double et redondée avec entrée et sortie par GPI pour dialoguer avec la console lumière.
Conclusion
Sereins, profondément compétents, capables de conseiller, d’innover et de déployer des solutions pétries d’intelligence, les LGDS boys nous ont épatés et appris beaucoup sur leur métier et ce qu’ils y apportent au quotidien. De l’interphonie à la captation, du log au mix, ils disposent d’un éventail de moyens techniques et de savoir-faire, mais avant tout d’une infinité de pinces avec lesquelles enlever les épines du pied aux prods, quelque chose qui rassure et construira leur succès.
A la question de savoir quelle autre société fait la même chose qu’eux en France et même en Europe, en intégrant autant de compétences, la réponse est pas grand-monde en dehors du groupe Euromedia et quelques spécialistes de la téléréalité. Si on ajoute Easys, il y a fort à parier que nous entendrons parler des sept garçons dans le vent un bon moment, d’autant que la téléréalité semble se renouveler sans cesse en générant des besoins en captation toujours plus spécialisés et pointus, des besoins en Gens du Sons et en Cervelles Bien Faites.
En attendant ils ont carbonisé la mienne, heureusement qu’ils devaient aller chercher leurs enfants, sinon j’y serais encore ;0)..
D’autres informations sur http://www.lesgensduson.com/
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