Le monde a beau se débattre englué dans une crise aussi moche que sévère, le marché des gros systèmes de Touring fait exception, porté par l’innovation et le besoin de renouvellement de parcs vieillissants. Annoncé depuis plus d’un an, l’ambitieux projet Energia d’Adamson cache une boîte intéressante à plus d’un titre, la E15. Nous avons profité d’un festival en plein air à Biarritz pour l’écouter. Nos oreilles nous disent merci, les riverains entourant le stade Aguiléra sans doute moins.
C’est L-Acoustics qui a dégainé le premier avec le K1, suivi par Adamson qui a dévoilé dès l’été dernier son nouveau produit phare l’E15, et depuis quelques mois JBL s’est joint au concert (c’est le cas de le dire !!) avec le V25 sans parler de Meyer qui arrive avec le LEO-M. Nous avons eu la chance de découvrir le V25 dernier récemment, nous connaissons fort bien le K1, place à présent au très innovant E15.
L’équipe son d’accueil de la grande scène du Big Fest au grand complet. De gauche à droite Julien Poirot de Waveform Audio, Raphaël Maitrat en charge de l’accueil console et Axel Vivini en charge du système en complément de Julien qui est reparti vers de nouvelles aventures avant l’ouverture des portes.
La Phase 2 du Projet Energia
Venant remplacer le Y18 et sans doute par la suite le Y10, le E15 marque une rupture assez nette avec le passé en abandonnant les haut-parleurs de 18 pouces pour des 15 ”, la taille communément adoptée par l’industrie audio, les moteurs JBL 2451 assez à la peine dans le haut du spectre pour des NH4 Adamson, et surtout en développant un module central très élaboré en aluminium dévolu au haut du spectre, la e-capsule. C’est sur cette sorte de boîte que viennent se fixer les deux caisses en bois des 15”, le système de rigging très innovant, et c’est à l’intérieur de cette même boîte que viendront se loger les futurs packs de processing et d’amplification en classe D. Plus tard Adamson complètera son offre par un network manager extrêmement complet. Le développement « à ciel ouvert » et en trois phases de cette boîte, un développement toujours en cours puisque la phase II concernant les amplis a été dévoilée cette année à Francfort, a donné lieu à une communication associant teasing et réseaux sociaux, bref, il était temps qu’on découvre la boîte qui se cache derrière l’énigmatique nom de « project energia » et qui désormais circule partout en Europe au sein de prestataires partenaires, et qu’enfin on fasse le point avec DV2, le distributeur français d’Adamson, partenaire de toujours de la marque canadienne.
Une vue d’ensemble de la scène du Big Fest adossée au stade d’Aguiléra. On distingue facilement les deux lignes de 10 E15 surplombant les 6 stacks de trois T21 posés au sol.
Rendez-vous est donc pris à Biarritz où, pour le compte du Big Fest, une scène a été dressée par MPM dans un vaste terrain adossé au stade de rugby de la ville, le lieu idéal pour écouter du son dans de bonnes conditions. A notre arrivée en fin de matinée ça joue déjà fort et clair. Julien Poirot de Waveform est en plein calage après avoir monté la veille. On retrouve deux lignes de 10 E15 secondées par 6 stacks de 3 T21, autant dire que même en extérieur, il y a du bas à revendre. Cinq Spektrix par côté couvrent le parterre en in fill et 4 Metrix jouent le rôle de lip fill. Quatre SX18 apportent, deux par deux, un peu de réconfort aux pauvres spectateurs se retrouvant face aux T21 et enfin quatre Y10 arrosent à cour depuis les subs un dernier coin oublié. N’y tenant plus j’apostrophe Julien.
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L’ensemble de la diffusion à cour. De gauche à droite on aperçoit tout d’abord un des 4 Metrix en charge des premiers rangs. Il est posé sur un rack siglé MPM au pied de la scène. A droite et accrochées à un moteur 4 Spektrix et une Spektrix Wave comblent le trou laissé par le système principal. Viennent ensuite trois stacks de 3 T21 posés au sol sur lesquels prennent place deux SX18 et tout à droite 4 Y10. Enfin au-dessus sont accrochées 10 E15.
Julien cale son système avec ”Pierre et le loup”
SLU : Ils ne créent pas quelques problèmes les quatre SX18 comme ça, orientés vers le public ?
Julien Poirot (Ingé système et associé dans Waveform Audio) : Naaaan, ils jouent tout doucement, on ne les sent quasiment pas. J’aurais presque pu ne pas les sortir du camion si j’avais eu quatre autres Y10. Bon je te le concède, c’est un peu bancal, ce sont les 4 seules boîtes « tradi » de l’installation.
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Accrochées sous leur frame et arrosant le public au centre de la fosse 4 Spektrix et tout en bas une Spektrix Wave vues par derrière.
Deux survivantes, deux dernières enceintes « classiques », des SX18, utilisées ici pour donner un peu plus qu’une octave bien basse au public tassé devant les T21…
SLU : Pourquoi tu m’as bougé ce petit filtre qui se créait entre les Spektrix et mes Metrix en s’approchant de la scène, je n’ai plus rien de mal à dire !! (rires)
JP : Y’avait une milli !! C’est souvent que je retrouve ce type de mini décalage en plus ou en moins. On affine ça au dernier moment, en général avec Pierre et le Loup car sur une voix ça s’entend super bien.
SLU : !!??!!
JP : Pierre et le Loup raconté par Pierre Perret ! C’est excellent, sa voix est droite et agrémentée par quelques instruments classiques ; c’est parfait pour caler. Tiens écoute… « ..Chaque personnage de ce conte est représenté par un instrument différent…le petit oiseau par la flûte… »
Julien Poirot ingé système et associé de Waveform Audio face à son rack de drive.
J’en profite pour me rapprocher à nouveau de la scène en parcourant les 40 mètres de terrain qui la séparent de la régie, un terreplein poussiéreux qui, dans quelques heures, verra les rares touffes d’herbe qui s’y accrochent encore écrasées par des milliers de pieds vengeurs. « …le canard par le haut-bois… ». Enorme coup de bol, en ce 21 juillet le vent est très calme sur la côte basque, ce qui va nous permettre d’écouter les E15 jusqu’à leur portée maximale, ou en tout cas jusqu’à la distance voulue par Julien. « ..le chat, par la clarinette.. ». L’intégration des E15 dans le système est parfaite. Quand on sort de leur zone d’influence et qu’on plonge dans les fills, d’abord les Spektrix puis les Metrix, la couleur reste cohérente et le rendu bien décoiffant. Pas de peigne en vue. Bravo Julien « ..le grand pèèèeere par le basson.. ». Le temps de ce dernier étant compté, je repasse à l’attaque.
SLU : Il te sert à quoi l’afficheur de niveau AMIX ?
JP : A mesurer et surtout à enregistrer. On enregistre toujours tout. C’est important dans notre métier d’avoir une trace de notre travail. Par exemple entre le front de scène et la régie on a un seul dB d’écart. Plus tard la scène elle-même ajoutera du niveau, mais ce genre de performance mérite d’être stocké.
Une vue rapprochée de la ligne de cour de E15. On distingue nettement les leviers de fixation inter-boîtes de couleur noire ou bleu ciel pour l’avant. On aperçoit aussi ceux à l’arrière en dessous de la dernière boîte et de couleur rouge. On voit bien aussi la différence de finition entre le module central métallique et les deux caisses bois abritant chacune un 15’ Kevlar.
SLU : On en est où du développement de la boîte elle-même ?
JP : La chambre acoustique est finie, l’ébénisterie est finie, les haut-parleurs sont OK, le rigging c’est juste génial, aucune pièce rapportée, tout est sur l’enceinte, ce qui fait que tu ne peux rien perdre, ou alors l’enceinte elle-même (rires !). A l’instant où l’on se parle, elle pèse entre 70 et 75 kilos…
SLU : Ce n’est rien !
JP : Elle est très légère, et vu la façon avec laquelle est conçu le frame central en alu qui supporte l’accroche, on peut monter à des charges de 32 enceintes par côté. On verra si un jour on y arrive.
SLU : Donc, première phase réglée…
JP : Acoustique, pavillon, accroche, ça roule. La seconde concerne l’amplification. Ils travaillent d’arrache-pied chez Adamson depuis assez longtemps sur un module qui viendrait s’insérer dans l’e-capsule. Ce module comporterait à la fois l’amplification mais aussi le filtrage et le tout serait propriétaire. Inutile de te dire que c’est complexe à développer. J’ai entendu dire que ce serait pas mal abouti et que les tests auraient commencé, au moins les amplis. La troisième phase apporterait au système un vrai nodal au sol avec un système assez innovant de câblage distribuant réseau, signal et secteur et permettrait d’avoir le contrôle réseau AVB de l’ensemble avec un point en régie.
SLU : Mais tout ça existe déjà avec Lab et Lake…
JP : C’est toi qui le dis, mais effectivement des spécialistes de la puissance et du processing tels que les deux que tu cites offrent tout ce dont a besoin l’E15 pour fonctionner parfaitement. C’est vrai aussi que le marché américain est friand de systèmes amplifiés, ce qui rend la démarche d’Adamson parfaitement cohérente. Enfin cet ampli est annoncé comme ne pesant pas plus de 10 à 15 kg ce qui ne compromettrait pas l’avantage poids évoqué précédemment. Ça fera toujours moins lourd que du Meyer (rires !!)
Quatre Y10 posées sur trois gros ventilos T2.
SLU : Ce retour au très répandu 15 pouces en lieu et place du 18 qui avait fait la réputation du Y18, t’en penses quoi ?
JP : On est partagé. Il y a les admiratifs du 18 pouces qui était bluffant dans le Y18 avec son médium. Je l’étais aussi et à titre personnel j’étais au départ un peu déçu de ne pas retrouver ce qui a caractérisé Adamson par le passé.
SLU : Mais ils vont peut-être t’en faire un modèle en 18…
JP : Ahh non, ils ne veulent pas (rires !!).
Les presets : angle large et angle serré
SLU : Vous en êtes où des presets, c’est typiquement ce qui évolue régulièrement lors du lancement d’une boîte.
JP : C’est le cas. Nous en sommes aux V2 avec deux presets différents. Un prévu pour les angles serrés, le narrow et un pour les angles ouverts, le wide. La chambre acoustique de l’E15 est maintenant très précise, ce qui fait que plus on ouvre les angles entre les boîtes et plus le couplage est différent, en tous cas beaucoup plus qu’avant. Aujourd’hui à Biarritz avec 10 boîtes et le besoin de porter relativement loin, je joue avec le preset « serré » 9/12 boîtes. Ça fait trois « plein-air » que l’on joue comme ça et à chaque fois ça nous permet de faire remonter à Adamson nos commentaires.
SLU : Ces presets vont-ils encore évoluer ?
JP : Bien sûr. Il faudra aussi qu’ils arrivent dans les librairies Lake. Au jour d’aujourd’hui, on reçoit des modules Adamson et on les charge dans les amplis PLM où le processing est fourni par Lake. L’évolution entre les V1 et les V2 est une légère amélioration de la réponse polaire et de la réjection à 500 Hz où précédemment on était embêté surtout dans des salles quand le système est placé très près des murs. Ils ont aussi travaillé le 2 à 4 kHz où subsistaient quelques accidents.
SLU : Pile dans l’axe on sent encore quelques duretés dans cette zone..
JP : Oui sans doute, mais me concernant ça ne me gêne pas plus que ça et je n’égalise pas en conséquence.
SLU : Le raccord en revanche entre les E15 et les T21 est réussi !
JP : On est d’accord et pourtant tout le monde était sceptique au départ. Adamson travaille d’ailleurs en ce moment sur un sub en 18 pouces avec de nouveaux haut-parleurs, un T18 qui est basé sur la même base de rigging que le E15, ce qui facilitera son emploi. Je reste un fan inconditionnel du T21 qu’on arrive à accrocher, ce qui limite la gêne pour les spectateurs placés devant. On atteint avec ce sub de vrais problèmes de santé publique car certains se collent exprès devant. La seule limite c’est le surcoût qu’engendre cette accroche mais dès qu’on peut on le fait. Clairement avec ce plateau (Big Fest NDR) on ne peut pas.
Bientôt une E12
SLU : On imagine qu’Adamson va décliner vers le bas toute une gamme…
JP : Ils développent un E12 avec une version qui ouvre un peu plus et qui pourrait faire un petit système Wave pour finir l’array. J’attends de voir la taille de la boîte car entre 12 et 15 elle ne devrait pas être tellement plus petite comme la Y10 par rapport à la Y18. Il y a sûrement des raisons commerciales bien précises à ce choix. Espérons qu’Adamson va garder son originalité.
SLU : Au niveau du son des E15, c’est acquis !
JP : Ahh ça on est d’accord et cela a été un grand soulagement quand j’ai entendu cette boîte la toute première fois. Avec le montage en 15 et deux fois 7 pouces contre les 18 et deux fois 9 pouces du Y18, j’avais peur de ne pas retrouver le médium Adamson. Il n’en est rien. (On confirme !! NDR)
SLU : En termes de portée ça me paraît tout bon aussi, avec un chouette grave même à 100 mètres.
JP : Je pense que c’est un bon système, ceci explique sans doute cela et il ne faut pas oublier que nous sommes avec une ligne assez courte. Nous jouons en ce moment aussi à Carcassonne avec six boîtes par côté et ça tient le choc dans le bas. Ils ont d’ailleurs tiqué quand on a accroché les six E15 en lieu et place des huit Y18 habituelles, ça faisait tout petit !! Leurs craintes n’ont pas duré longtemps !! Enfin je ne tape ici qu’à 65 mètres, c’est le cahier des charges du Big Fest, ce qui n’empêche pas le grave d’aller bien au-delà…
SLU : Il y a un gros boulet entre 125 et 250 Hz.
JP : Oui, je préfère laisser de l’énergie dans cette partie du spectre car quand de vrais instruments jouent en live, c’est intéressant. Il ne faut pas trop travailler le son avec des chansons masterisées même si elles permettent de savoir où l’on va. Les mixeurs enfin disposent d’un 31 bandes pour faire certaines corrections. Il faut d’ailleurs le remettre à 0 (rires !!)
SLU : J’ai vu que tu as calmé l’aigu. C’est quand même extraordinaire d’avoir ce haut de course avec des boîtes Adamson ! (rires !)
JP : Oui, j’ai un shelf à 8,2 kHz à -3 dB…
SLU : Tu filtres comment dans le bas les E15…
JP : Elles sont coupées à 60 Hz avec une pente que j’ignore, c’est dans le preset Adamson. En revanche moi je complète la dernière octave avec les T21 en 18 dB Butterworth.
Le rack de drive de Waveform Audio avec de haut en bas le bridge Ethernet Lab.Gruppen, les deux Lake LM26 pour les têtes, le troisième LM26 pour les subs, ensuite les patch analogique, AES et réseau, la distribution ondulée et, forcément, l’onduleur. Ce rack est auto éclairé.
SLU : Deux mots aussi sur Waveform. Vous en êtes où avec David (Nulli NDR). Les racks à vos couleurs pullulent sur ce chantier, elle est loin l’époque où vous arriviez avec vos oreilles et une tablette !
JP : Désormais nous essayons de fournir le noyau central d’une installation et tout le câblage audio. Pour le Big Fest nous sommes en numérique, en Dante. Une fois que nous numérisons une des consoles dans le Lake, nous ne quittons plus le domaine numérique. Nous travaillons avec des LM 26 et 44.
SLU : Plus de Dolby ?
JP : Si, on en a toujours en parc et on s’en sert par exemple avec du K1, mais pour des histoires d’âge et de politique, les updates ne permettent plus de charger comme on le voudrait les presets. Ce qu’on peut faire avec les PLM ou les LM, on ne peut plus le faire avec les Dolby d’où le fait qu’ils tournent de moins en moins.
Un rack au standard DV2 avec la connectique prévue à cet effet et équipé pour la baie de gauche de 4 amplis 20000Q et à droite de 4 amplis 10000Q. On distingue les plus puissants par le fin liseré orange qui souligne le bas de l’afficheur. La version la plus puissante est capable d’alimenter 3 boîtes par ampli. Rappelons que les 20000Q sont des amplis quadruples capables de sortir 5000 W par canal à 2,5 ohm.
Une vue de détail de la plaque de raccordement modulaire créée par DV2 et désormais standardisée. Remarquez le cache décoratif en cuivre aux couleurs de Waveform…
SLU : Donc, tu numérises avec le LM44 et…
JP : Et j’arrive en 4 canaux Dante au plateau. Gauche, droite, sub gauche et sub droit. J’ai aussi 4 lignes analogiques en spare. Ces 4 canaux Dante je les gère après avec trois LM26 qui contrôlent tous mes points de diffusion y compris 3 sorties séparées pour les subs, 6 lignes en fait. Dans ce même rack nous avons un switch pour le réseau, une plaque pour l’analogique et un onduleur pour éviter qu’en cas de microcoupure nous n’ayons à attendre que le réseau raccroche à nouveau via le switch. C’est notre rack standard de drive.
Un seul ampli PLM 20 000 alimente trois E15
SLU : Les racks d’ampli paraissent aussi standardisés…
JP : C’est le cas. Les modules d’entrée et de sortie sont en fait des patchs modulaires conçus par DV2. Le châssis peut être équipé comme on le souhaite. Dans notre cas, ils disposent de modules Soca (pex.. NDR) pour les sorties HP, de modules analogiques pour la redondance, de modules AES pour attaquer les amplis par ce format et d’un module Giga (bit NDR) pour rentrer le réseau.
SLU : Comment sont amplifiés les E15 ?
JP : Avec des amplis Lab.Gruppen. Avec quatre PLM20000Q on peut amplifier jusqu’à 12 E15. L’avantage d’avoir des 20000Q par rapport aux 10000Q est de gagner 3 dB dans le grave et surtout de charger 3 enceintes par ampli ce qui est plus difficile avec le « petit » modèle où l’on se contente de 2 pour garder de la patate dans le bas. Les 20000 descendent parfaitement bien en impédance. Aujourd’hui nous fonctionnons avec 10 boîtes donc en deux fois trois et deux fois deux. Le 20000Q est l’ampli préconisé par DV2.
Les racks de FP+7000 Lab.Gruppen en charge d’animer les 21’ des T21.
SLU : Revenons aux racks d’amplis, ils sont aussi en orange à vos couleurs. Vous avez donc acheté des racks standards et les équipez avec les amplis du prestataire qui a eu le marché ?
JP : C’est cela. Nos propres racks au standard DV2 comportent le patch, switch, distribution et le drive et nous y plaçons les amplis en fonction des besoins.
SLU : Mais vous devez donc à chaque fois les balader vides depuis votre dépôt pour les « farcir » …
JP : Pour nous simplifier la vie, nous venons de déménager et louer un bout d’entrepôt chez MPM. Ca va faciliter notre relation avec cette société mais aussi DV2 et Adamson. Cela ne nous empêche pas de travailler par exemple avec Dushow auquel cas on prend notre matériel et on va intégrer ce qu’il faut dans leurs ateliers. Enfin Waveform est devenu un partenaire officiel Adamson en termes de support technique pour les E.
L’ensemble de la puissance de jardin. Ne manque que le drive qui est placé à cour.
Ayant la chance de pouvoir envoyer du son en extérieur, sans public, et en coupant le reste de la diffusion du Big Fest hors E15, on s’est régalé. Nous avons notamment joué quelques titres de la collection Sheffield Lab dont la dynamique, l’explosivité et l’absence totale de coloration permettent d’écouter une enceinte dans ses moindres recoins. Ces titres stockés en FLAC dans un iPad ont bénéficié d’une conversion de qualité via un Fostex HP-P1 et ont été joués à 100 dBA environ. Tout d’abord le grave reproduit par les E15 seules est remarquable. Sec, tendu, profond, c’est un vrai grave qui tape dans les poitrines et fait même un peu bouger les pantalons. Il raccorde très bien sur le bas médium qu’il complète idéalement d’un point de vue dynamique. L’ensemble est vraiment rock et fait pour la musique moderne. Par rapport au Y18, la patate est infiniment supérieure et le bas médium bien moins pataud et tordu. Sans aucune hésitation le rendu est meilleur dans le bas malgré l’abandon des gros 18 pouces. Une fois insérés, idéalement calés et fonctionnant à des niveaux raisonnables, les 18 T21 ajoutent une note physique au rendu des E15 sans pour autant dénaturer la patate et la dynamique de la boîte. Le médium est moderne, très bien projeté, dynamique et précis, ce qui donne cet effet magique au son qui vous caresse le visage au lieu de paraître sortir des boîtes avec une stéréo très large. L’aigu enfin tranche totalement avec les Y18. Là où l’ancienne boîte vedette d’Adamson était à la peine, et tout en grimpant assez haut ne donnait pas vraiment l’impression de passer les 8 kHz, la E15 envoie l’octave du dessus avec une facilité déconcertante et avec une couleur très moderne et pimpante, ce qui contribue une fois encore à élargir l’image et sortir le son de la ligne. C’est un aigu plein de peps et de personnalité tout en ayant une forte consistance et une densité proche d’une enceinte de studio, un haut du spectre dont il faudra savoir ne pas abuser. L’ensemble est plaisant, défini et surtout terriblement efficace et dynamique avec une assez nette couleur rock et « Adamson » sans pour autant que ce trait de personnalité ne soit comme par le passé trop prégnant. Une balade sur les côtés permet de constater que l’E15 ouvre large et globalement les 90° annoncés sont bien là à -6 dB, il m’a tout même semblé que le haut médium plonge avant l’aigu mais avec une décroissance très homogène, ce dernier tenant bon même légèrement au-delà de 45°. Pile dans l’axe de la chambre on ressent une certaine âpreté dans le médium et une petite bosse. Sans doute les prochaines versions des presets lisseront cela et renverront l’énergie de ce léger pic plus vers les bords qu’au centre. Poussées bien au-delà de 105 dBA, les deux lignes de dix E15 n’ont pas manifesté de signes d’essoufflement dynamique sauf peut-être un certain durcissement dans le médium mais sans trop détimbrer, pour le reste ça tape dur avec un aigu de course que les presets actuels ne retiennent pas encore assez, surtout à haut niveau. De toute évidence l’association E15 et PLM20000Q fonctionne bien. Signalons enfin que lors des balances, tous les ingés son ont émis des commentaires positifs voire élogieux tel qu’un « C’est énorme !! » de Popeye ou encore « Il faudrait que vous me donniez ça à chaque fois » du mixeur de Shaka Ponk. On les comprend !!
Les détails du projet Energia Par Didier Dal Fitto
Désireux de faire un point le plus complet possible, nous avons contacté Didier Dal Fitto, le directeur technique de DV2 qui distribue Adamson en France afin de recueillir son avis technique mais aussi commercial sur le Projet Energia.
SLU : Où en sommes-nous en nombre de boîtes en circulation en France ?
DDF : La montée en puissance du parc de E15 s’est faite par le biais de prestataires partenaires, les deux premiers ayant été MPM dans le nord et SLS dans le sud à la fin de l’année dernière, ce qui a permis à ces deux sociétés de faire tourner les premières configurations de 16 ou 24 boîtes de façon assez confidentielle. Dès le printemps Concept Audio, une troisième société cette fois-ci dans le grand ouest, a rejoint le pool de partenaires beta testeurs avec 36 E15 pendant que MPM et SLS ont augmenté leur parc ce qui fait qu’actuellement il y a environ 120 boîtes en France en comptant les 24 de démo de DV2.
SLU : Tu parles de béta testeurs. Faut-il entendre que l’E15 n’est pas encore réellement en vente ?
DDF : C’est un peu compliqué. Au départ du projet, derrière Energia se cachait une boîte, l’E15, mais aussi de l’électronique embarquée, du réseau AVB, du contrôle et le transport audio. Ce projet est en développement depuis plus de deux ans. Vraisemblablement l’électronique apparaîtra sur des produits à venir. En attendant, pour le E15, nous avons normalisé à DV2 pour la France et le Benelux un kit d’amplification et de processing basé sur le PLM20000Q.
SLU : Le E15 est donc en vente tel quel avec ses amplis Lab et pourra être retrofité avec les cartes Adamson ?
DDF : Exactement. L’E15 existera en fait en deux versions. Ce sera aux utilisateurs de faire ce choix si les amplis en développement donnent satisfaction et apportent une plus-value technique. Bien que la boîte soit très compacte l’espace pour insérer les packs d’amplis et de processing est prévu.
SLU : C’est Adamson seul qui développe cette électronique embarquée ?
DDF : Oui absolument. La société est dirigée par Brock Adamson, et c’est un homme qui a de la suite dans les idées et aime plus que tout garder la main sur la conception et la fabrication de ses produits. C’est idéal car par exemple il a développé des haut-parleurs propriétaires très novateurs, ça l’est en revanche moins en termes de temps de développement et d’acquisition de savoir-faire.
SLU : Les phases 2 et 3 risquent-elles d’être un peu retardées ?
DDF : Oui car Brock Adamson s’est attaqué à un projet ambitieux : ampli haut de gamme, processing évolué intégrant des fonctions innovantes, transport audio numérique du signal AVB, logiciel de « contrôle global » BluePrint… Cela nécessite beaucoup de temps de R&D. Il a créé une excellente boîte au niveau acoustique et mécanique que nous avons dotée de ce qu’il y a de mieux aujourd’hui sur le marché avec Lake pour le traitement du signal et Lab Gruppen pour la puissance. Ajoute le transport du signal en Dante et on est vraiment dans une configuration optimale.
SLU : Les presets sont déjà en phase 2, ça va encore évoluer ?
DDF : Oui bien sûr. Nous en avons deux à l’heure actuelle et peut être trois dans le futur, avec, comme te l’a dit Julien, un pour les petits angles et un pour les configurations plus ouvertes. Ils sont en version 2.3. Nous avons au cours de l’été, en liaison avec le Canada, fait des correctifs en bénéficiant de la très belle saison qu’ont vécu les prestataires partenaires et la variété de styles musicaux qu’ont reproduit les E15. Nous avons aussi baissé le haut du spectre car, comme tu l’as remarqué, il y en avait un peu trop, et amélioré le contrôle de la directivité dans la zone des 2 à 4 kHz. Parmi les grosses opérations, la E15 a sonorisé dans les mains d’Audiolite les Vieilles Charrues avec des lignes de 24 boîtes par côté sur la grande scène ce qui, avec des délais placés à 120 mètres, a facilement permis d’en couvrir 250. Les ingés son étaient étonnés de la qualité de ce qui leur arrivait en régie à 75 mètres de la scène !!
Bientôt une E12 et un nouveau sub
SLU : Les gros 18 pouces des Y18 c’est donc du passé ?
DDF : Oui d’autant qu’Adamson prépare pour la fin de l’année une E12. Le 18 pouces a été une piste qui a créé un système atypique même si très apprécié. Il fallait en revanche revenir vers un système plus moderne, plus compact donc le 15 pouces s’imposait de lui-même pour des raisons de taille. En autre avantage de la réduction des boîtes, on a gagné un degré en ouverture verticale. On a donc désormais 7 positions qui vont de 0 à 6° et la boîte ouvre à 6°.
SLU : Est-ce que c’est Adamson qui produit les moteurs des E15 ?
DDF : Non. C’est un tout nouveau moteur à compression de 4 pouces avec une sortie d’un pouce et demi co-développé par Adamson et Eighteen Sound, un constructeur italien montant, dynamique et très inventif, qui a travaillé sur un cahier des charges très précis. Les italiens sont très forts et fournissent près de la moitié du marché mondial des haut-parleurs en OEM !! Adamson de toute manière ne voulait plus de moteurs JBL pour diverses raisons dont la difficulté de justement faire bouger une si grosse maison afin d’apporter les modifications souhaitées. Tout est nouveau en termes de haut-parleurs dans la E15. Le 15 pouces Kevlar qui existait déjà a été adapté pour cette enceinte, le médium en 7 pouces Kevlar a été développé spécifiquement et les moteurs ont été changés. Tout a été pensé et rien n’a été emprunté au Y18.
SLU : On parle aussi d’un nouveau sub…
DDF : Oui absolument. Il viendra en complément du T21 qui est une grosse machine infra qu’on peut accrocher mais qui est le plus souvent au sol car très lourde. Il sera beaucoup plus petit et léger et donc fait pour être accroché et très complémentaire de la gamme E.
SLU : Peut-on dire que l’E15 est officiellement en vente ?
DDF : Oui, et pour encore enfoncer le clou, nous allons organiser fin septembre une présentation officielle durant deux ou trois jours avec une écoute du système tout près de chez nous au Galaxie d’Amneville. Ce sera d’une certaine manière le point d’orgue et l’an zéro de l’E15 avec une boîte parfaitement finalisée et des blocs de puissance standard et par ailleurs identiques chez tous les prestataires déjà équipés.
SLU : Est-ce que la gamme Y va continuer en parallèle aux E ?
DDF : Les Y18 et 10 vont continuer à vivre leur vie. Même si ce sont des systèmes en quelque sorte âgés, ils jouissent d’une bonne cote et d’une bonne valeur sur le marché de l’occasion. A terme ils seront discontinués, sans doute le Y18 avant le Y10 qui n’a pas encore de remplaçant officiel. Il faut savoir aussi que nous sommes parfaitement en phase avec notre temps et l’économie mondiale, le système E15 coûte moins cher que le Y18, ce qui prouve la bonne approche industrielle d’Adamson et la maîtrise de ses coûts de fabrication. On est en gros à 10% moins cher.
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