Le musée Field d’Histoire Naturelle s’offre une cure de jouvence avec L-Acoustics.

Frost et Clearwing Productions installent des ARCS WiFo et des XT au Simpson Theatre de Chicago afin d’accueillir tout événement corporate jusqu’à des projections cinéma en 3D.

Avec ses grandes colonnes d’inspiration grecque et son plafond en staff culminant à plus de 7 mètres, la salle James Simpson, d’une jauge de 700 personnes, intégrée au musée Field, est très appréciée par les plus grandes sociétés américaines pour y accueillir leurs principaux événements corporate.
Tout récemment cette salle quasi centenaire s’est vue adjoindre un projecteur cinéma 3D/HD installé par D3D Cinema, ainsi qu’un ensemble surround L-Acoustics basé sur la gamme ARCS WiFo et XT grâce à la collaboration entre le cabinet de conception événementiel de Chicago, Frost et le prestataire technique Clearwing Productions, basé à Milwaukee.

Le système principal

Le système principal. On distingue à droite et gauche en front de scène, deux ARCS Wide accrochés. Au sol, en centre du fond de scène se trouvent deux SB18i et à l’aplomb de ce stack de subs, on aperçoit les deux ARCS wide de la voie centrale. Non visibles car cachés par une grille acoustique, quatre 5XT débouchent les premiers sièges depuis le nez de scène.

A la demande de Megan Henninger, responsable projet de Clearwing Productions, trois paires d’ARCS Wide ont été employées afin de reproduire les canaux LCR. Les deux ensembles gauche et droite sont accrochés horizontalement aux deux extrémités de la scène, la troisième paire est quant à elle située au centre, derrière le nouvel écran perforé et rétractable. Quatre enceintes coaxiales ultra compactes XT5 sont placées derrière une grille acoustique dans le nez de scène afin de déboucher les premiers rangs de sièges et une paire de subs SB18i placés l’un sur l’autre prennent place au centre du plateau afin de compléter la réponse dans le grave.

Les quatre 8XTi blanches du surround à cour

Les quatre 8XTi blanches du surround à cour, suspendues au plafond entre les colonnes du Simpson Theatre.

Le surround est assuré par 10 enceintes coaxiales 8XTi dans leur livrée blanche afin de se fondre au mieux dans la salle. Huit sont accrochées de part et d’autre de la salle, au plafond, entre les colonnes. Les deux dernières sont placées près du projecteur afin d’assurer un arrière gauche et droit. L’ensemble de ces 22 enceintes est alimenté par 6 contrôleurs amplifiés LA4.

Une paire de 8XTi complète la diffusion surround en fond de salle.

De part et d’autre du projecteur vidéo 3D, une paire de 8XTi complète la diffusion surround en fond de salle.

Un soin tout particulier a été porté au respect architectural du lieu comme le rappelle Megan Henninger : “Tout comme le musée Field construit il y a près de 100 ans, le Simpson Theater dispose de nombreuses surfaces en plâtre. Le client a souhaité que son aspect soit préservé et a refusé qu’on ajoute un quelconque traitement acoustique.

Malgré leur petite taille, la dynamique offerte par les 8XTi et leur finition blanche optionnelle a permis de les intégrer de façon très discrète. Les ARCS tout en ne bénéficiant pas du meilleur emplacement possible, compensent cette faiblesse par la précision de leur couverture et un rendu acoustique de très grande qualité”.

“En tant que fournisseur exclusif pour l’événementiel du musée Field, nous avons répondu à la demande d’augmentation du potentiel d’attrait en termes de location du Simpson Theatre” dit le responsable de Frost David Kelly. “Constatant le succès de la petite salle de cinéma 3D de 150 sièges située à l’étage, la direction du musée a fait le choix d’offrir le même type de prestation dans la plus grande afin d’augmenter ses revenus.

Une fois établi ce cahier des charges, notre travail a été de créer un système qui puisse satisfaire à nombre d’usages, depuis l’accueil d’assemblées d’actionnaires jusqu’aux meetings de lancement de produits, des concerts ou encore de projections de films 3D, et pour cela le catalogue L-Acoustics offre la meilleure réponse. Nous utilisons fréquemment notre système en Kara pour des prestations événementielles dans le grand hall du musée Field et connaissons bien la qualité acoustique et la fiabilité de cette marque offrant au public le plus beau rendu.

Depuis sa mise en service début juin, la direction du musée comme le spécialiste en projection D3D n’ont pas tari d’éloges quant à la nouvelle diffusion du Simpson Theatre.

Contacts :

www.l-acoustics.com
www.frostchicago.com
www.clearwing.com
www.fieldmuseum.com

Le Take the Crown tour de Robbie Williams en L-Acoustics

Démarré le 11 juin 2013 et ayant conduit l’artiste dans 11 pays durant l’été, “Take the Crown” est le premier tour des stades en solo de Robbie Williams depuis sept ans. Sherif el Barbari a créé le design de la diffusion et en a assuré le fonctionnement pour le compte de Britannia Row, le prestataire britannique historique de Robbie Williams avec près de 20 ans de collaboration mutuelle qui a fourni la totalité de la partie audio du tour.

ROBBIE WILLIAMS 1

La diffusion et l’amplification ne comportent pas moins de 64 K1, 32 K-SB, 44 SB-28, 24 V-Dosc, 240 Kudo, 24 Kara, 12 Arcs II et 150 contrôleurs LA-8. De l’avis du responsable des équipes audio de Britannia Row, Joshua Lloyd, “le K1 est l’un si ce n’est le meilleur système actuellement en vente” Il est totalement exploité sur cette tournée”.

Afin de raccorder visuellement avec les toiles de fond des écrans vidéo ainsi qu’avec le décor présent sur le plateau, les grilles avant des K1, K1-SB et Arcs II ont été peintes en or. Comme le dit Sherif el Barbari : “Quelle autre couleur irait mieux aux grilles des K1 que l’OR ? Le meilleur système de sonorisation actuel ne mérite que de l’or. Tout le monde a été particulièrement satisfait par ce look.”

ROBBIE WILLIAMS 2Une couronne de rappels a aussi été déployée dans les stades ou l’accroche a été possible, ce qui a apporté une amélioration très sensible du rendu dans l’ensemble des gradins.

La plus grande couronne de délais a été installée au stade de Wembley de Londres avec 14 ensembles de 9 Kudo pour un total de 126 boîtes. Selon Sherif el Barbari “Les 126 Kudo ont été utilisés pour couvrir les gradins du haut. La possibilité de choisir l’angle de couverture horizontale propre au Kudo a permis de minimiser les problèmes de recouvrement entre sources multiples. A cet effet la position 50° du K-Louver a été employée dès que possible. Nous avons reçu de nombreux éloges pour la qualité de la diffusion dans les gradins dès lors que nous avons pu déployer notre couronne de délais et spécialement à Wembley”.

Joshua Lloyd confirme : “la couronne de rappels a modifié sensiblement la couverture de chaque siège en délivrant le meilleur rendu possible. Même dans une position reculée du stade, le son garde toute sa proximité ce qui donne à chaque spectateur un super son et la meilleure immersion dans le show par une intelligibilité parfaite de chaque mot”.

ROBBIE WILLIAMS 3Une tournée de cette taille et couvrant 11 pays représente toujours un challenge même pour le plus expérimenté des responsables système. Grâce à Soundvision, le logiciel de prédiction de L-Acoustics, toutes les difficultés propres à ce type de show ont pu être traitées avant même le montage dans chaque salle. Comme le précise Sherif el Barbari : “Le nombre important de simulations que j’ai pu effectuer à l’avance dans Soundvision a prouvé une fois de plus à quel point cet outil informatique est essentiel face aux plannings ne tenant pas suffisamment compte du temps nécessaire au calage de systèmes comportant 36 points de diffusion ou plus. Sans cet outil, je n’imagine pas comment nous aurions pu réussir le premier show de la tournée à l’Aviva Stadium de Dublin où on nous a octroyé en tout et pour tout deux fenêtres de son d’une heure lors des deux jours de montage et ce, malgré un lieu complexe”.

Joshua Lloyd confirme une fois de plus : “Les retours ont tous été positifs y compris de la part du directeur musical et de la production elle-même”.
Sherif el Barbari : “Je voudrais enfin remercier les équipes audio de Britannia Row. Tout le monde a mis le paquet. J’ai apprécié les efforts et la détermination de chacun et je n’hésiterai pas à faire appel à leur talent à l’avenir”.

Britannia Row Productions : http://www.britanniarow.com
L-Acoustics : http://www.l-acoustics.com

Convertisseur numérique / analogique

MyDAC sounds good

Bien sûr on aurait dû s’abstenir, déontologie oblige, et résister au chant des sirènes à 192 kHz émanant de ces petits boitiers farcis au génie, les My de Micromega (marque HiFi réputée) et plus particulièrement le MyDac. Seulement voilà, on a craqué.

La raison de ce Disclaimer tient au tandem de techniciens à l’origine de la gamme My, Daniel Schär (fondateur de Micromega) et Claude Ducros (consultant pour Micromega, journaliste associé de Soundlightup et chef de notre labo). On a donc décidé de vous présenter ce convertisseur en dehors de tout banc d’essai, et de ne pas donner la parole à Claude, pourtant idéalement placé pour nous éclairer quant aux solutions adoptées dans son développement ! Pas de de mesures inédites ou de confessions sur le coin de l’oreiller quant aux produits à venir. Rien.

Disposant de trois entrées USB, Coaxial et Optique, le MyDac est un convertisseur numérique / analogique capable de nettement améliorer le son de votre installation, et surtout de faire de votre PC ou mac une diabolique pompe à musique, encore plus si vous avez pris soin de stocker cette dernière en FLAC ou tout autre format à la compression non destructive et que vous utilisez un player de qualité.

Tout a été pensé pour optimiser le plus possible l’étape fondamentale qu’est le retour à l’analogique du son, en quelque sorte sa seconde naissance. L’entrée USB est par exemple asynchrone avec une double horloge pour couvrir les deux fréquences de base 44,1 et 48 kHz et les multiples allant jusqu’à 192 kHz et 24 bits. Un soin tout particulier a été porté sur l’alimentation intégrée à très faible bruit séparée pour l’audio et les horloges, le choix des composants, l’absence de condos électrolytiques dans le trajet du signal (et sur l’alimentation audio), le niveau de sortie à très basse impédance, le jitter quasi nul et j’en passe.

Entrées optique, USB et coaxaile, sorties ligne et connecteur d’alimentation. Précision : l’USB2 Audio class1 est limité à 96 kHz. L’USB2 audio class2 à 192 kHz, nécessite un driver si vous avez un PC. Il se télécharge gratuitement sur le site micromega-hifi. Pas de problème avec les Mac.

Tout ceci fait que le MyDac mesure remarquablement bien, surtout quand on sait au prix public auquel il est vendu ; des performances techniques qui relancent le vieux débat : « est-ce que ce qui mesure bien sonne bien ?? » Dans le cas d’un appareil sensé restituer un son analogique à l’identique de ce qu’il était avant d’être saucissonné et transformé en wagons de bits, la réponse est oui sans hésiter. Survient alors la suite du débat. Que signifie bien sonner ? Dans le cas du MyDac, cela revient à se faire petit, plus petit encore que sa taille physique déjà très mini. Petit par son influence sur le rendu, petit par ses défauts tels que le bruit ou la diaphonie, petit par sa couleur ou sa personnalité que j’aurais bien du mal à vous décrire, petit comme son prix.

Ecouté avec un grand nombre de sources sonores, d’enceintes analytiques et de casques circum et intra, le MyDac s’efface totalement derrière l’émotion de l’œuvre. Il est inutile de disserter des pages et des pages sur un rendu plus ou moins chaud, croustillant ou vanillé, le son paraît juste débarrassé du vilain ha »bit » qui l’encombre depuis toujours, un habit rêche et impersonnel, celui de l’enfance du numérique et qui a justement fait dire à tant d’oreilles averties que rien ne remplacera jamais l’analogique, et c’est vrai qu’il aura fallu être patients. Avec des convertisseurs aussi aboutis que le MyDac, on s’approche nettement du but.

Fluidité, naturel, espace, air, ce DAC enlève au son plus qu’il en ajoute, et c’est justement là qu’il excelle et restitue à chaque titre une fraîcheur et une somme de détails masqués jusque lors. J’ai d’une certaine manière la même sensation qu’à la vue des fresques de la Chapelle Sixtine avant et après restauration. On aime ou on n’aime pas ces couleurs clinquantes, mais revoir les vraies teintes masquées par 5 siècles de dépôts divers, est un grand moment, tout comme découvrir une petite percussion pourtant évidente, des crissements sur les cordes des acoustiques, des doubles croches sur le pied, une somme de détails qui sur certaines chansons qu’on connaît sur le bout des lobes, oblige à parler de redécouverte.

La famille My reçoit aussi, un ampli casque, le MyZic le complément du MyDac pour une écoute au casque de pur plaisir.

A l’heure où notre beau pays marche sur la tête et perd tous ses repères, notamment industriels, laissant croire qu’on ne peut plus et qu’on ne sait plus fabriquer et même concevoir en France, le MyDac offre le plus rafraîchissant des démentis. Non seulement ce convertisseur est truffé d’une ingéniosité Made in France, mais il est en plus la preuve qu’on peut être compétitifs même dans l’Hexagone puisqu’il y est entièrement assemblé.

Alors un grand bravo au duo Daniel Schär – Claude Ducros et à toute l’équipe Audis – Micromega, et bien sûr à Didier Hamdi qui a repris la marque en 2007 en fondant Audis, réorienté la gamme et voulu ce concept « My » de produits accessibles, fabriqués en France, sans sacrifices sur la qualité du rendu sonore.

Au fait, si vous doutez de l’honnêteté de cette déclaration d’amour et avalez sans migraine les compte-rendus format « chuipayéàlaligne » de nos illustres confrères de la presse audiophile du monde entier, Micromega a compilé sur son site moult critiques prouvant bien que parler de miracle à la française n’est pas faire preuve de flagornerie, juste de sereine lucidité.

Pour moins de 300€, le MyDac est l’assurance de tirer la quintessence de votre flux numérique, que vous soyez sur la route ou à la maison, et en ce bas monde où l’on doute de tout et de tout le monde, voilà une certitude pas chère payée.

Contact : http://www.micromega-hifi.com/

 

Séquence vidéo à Meriadeck

La Sexion fait la fête

La der de 2012, ça se fête, surtout quand on sait que ça va repartir de plus belle en 2013 !! Voici captés sur le vif à Bordeaux, quelques moments de plaisir de l’équipe technique et prod de la tournée de la Sexion, juste avant Noël.
Raphael Maitrat, Boule, Eric Bellamy, Stéphane Petitjean, Laurence Duhamel en pleine danse, non pardon, en plein boulot !!

Le Lego du son

L-ACOUSTICS ARCS WiFo

Accueil L-Acoustics

On connaissait le WiFi, place aux WiFo, la double dernière trouvaille anticrise, anti prise de tête et anti mauvais son de L-Acoustics, basée comme il se doit sur le fameux guide d’ondes DOSC pour le haut du spectre, mais agissant au sein d’une enceinte compacte, légère et s’utilisant aussi facilement et avec autant de combinaisons possibles que du Lego. Elle n’est pas belle la vie ?

ARCS Wide et ARCS Focus

Une ARCS Wide vue trois quarts arrière

Une ARCS Wide vue trois quarts arrière. Remarquez la poignée métallique barrant la découpe circulaire de transport. Cette même barre une fois défaite sert de couplage entre deux boîtes afin de permettre toute sorte de montage.

Bien entendu cette enceinte existe déjà au catalogue depuis plus de quinze ans et s’appelle ARCS (désormais ARCS II, il était temps !!) l’acronyme d’Arrayable Radial Coherent System, mais avec son unique directivité de 22,5° x 60°, un prix assez élevé et un fonctionnement en bi-amplification plus lourd et onéreux, elle manquait de polyvalence. L’idée a donc été de créer une véritable gamme intermédiaire entre les inusables coaxiaux à courte portée, et les plus puissantes lignes à courbure variable en ajoutant à l’ARCS II deux nouveaux modèles appelés ARCS Wide et ARCS Focus, idéaux en moyenne portée. Ouvrant à 30° pour le Wide et à 15° pour le Focus, la directivité verticale étant de 90° pour les deux, ces boites offrent une infinité de combinaisons suivant qu’on les place verticalement ou horizontalement. Même si d’apparence très proche de l’ARCS II, les Wide et Focus en diffèrent pourtant sensiblement. Equipées en 12 pouces pour le grave en lieu et place du 15, fonctionnant en passif et enfin disposant d’aimants en ferrite, ces deux boîtes se révèlent avec 36 et 38 kg plus légères, plus faciles à combiner et surtout beaucoup plus abordables avec un prix catalogue d’environ la moitié de celui de l’ARCS II !!

Les avantages de l’ARCS

Mais revenons tout d’abord quelques instants sur les avantages qu’apporte l’ARCS par rapport à un système point source. Le premier est le fait de transformer le front d’onde sphérique généré par le moteur aigu en un front d’ondes isophase, ce qui chez L-Acoustics s’appelle la WST ou sculpture du front d’onde. Contrairement à un line array où la courbure est variable, avec l’ARCS elle est constante, et cela simplifie considérablement l’exploitation puisque, même si l’on revient à une décroissance de 6dB par doublement de distance, on garde la même réponse tonale où que l’on soit, et on bénéficie d’une portée théorique déjà très confortable de 35 mètres. Le second avantage réside dans la possibilité de pouvoir combiner radialement autant d’éléments que l’on veut grâce à leur couplage non interférent apporté par le DOSC, couvrant ainsi très précisément la zone ciblée. Le troisième avantage est le niveau SPL nettement supérieur. Il est dû à la concentration du son dans un des deux plans et l’obtention de couplage dans le grave qui, contrairement au haut du spectre parfaitement sectorisé, augmente au fur et à mesure qu’on ajoute des boîtes créant un contour naturel, jusqu’à 10 dB pour 4 unités au lieu des 12 théoriques. Le dernier avantage réside dans la facilité de mise en œuvre, et ne nécessitant même pas d’outil de prédiction puisqu’il suffit de regarder la forme de l’enceinte pour connaître sa directivité et extrapoler son comportement. Bien entendu la Focus n’ouvrant que de la moitié de la Wide offre avec 127 dB deux dB supplémentaires de SPL max entre 100 Hz et 10 kHz et bénéficie d’un volume de charge légèrement supérieur pour le 12 pouces mais sans que cela n’apporte de différence dans le rendu.

Wide + Focus = WiFo

Assembler des éléments revient donc d’une certaine façon à créer un gros point source puissant, très directif et remarquablement cohérent où en plus il est possible de mélanger des Wide et des Focus grâce à leur balance tonale très similaire. Un exemple typique consiste à utiliser les boîtes en banane traditionnelle en plaçant des Focus en tête de ligne pour porter plus loin et des Wide en bas pour la proximité, une solution idéale pour les stades. On peut appeler ça une sorte de courbure variable mais faite avec des éléments en courbure constante !! Pour le reste les Wide sont plutôt conçus pour être exploités posés verticalement et en proximité du fait de leur couverture large et les Focus plutôt horizontalement et accrochés pour exploiter leur faisceau plus serré.

Amplification et presets

En termes d’amplification, comme les enceintes sont passives et d’impédance nominale 8 ohms, il est possible d’en alimenter 4 avec le contrôleur LA4 et le double avec le LA8. Les presets sont au nombre de deux. Un premier appelé ARCS-WiFo commun aux deux modèles sert dès lors qu’on utilise plus d’une boîte à la fois. Un second appelé WiFo-Fi est destiné à des applications où l’enceinte joue seule et naturellement renforce le grave en absence de tout couplage.

Nouveau caisson de grave SB18m

Puisqu’on parle de grave, le sub prévu pour les WiFo est le SB18m, « m » pour mobile. Il reprend les cotes des têtes et peut être accroché avec ces dernières même si habituellement il est plutôt placé au sol et sert de support à ces dernières ou bien reste au sol à l’aplomb de la ligne de têtes. Malgré une ressemblance acoustique et technique totale avec le SB18 avec lequel il partage les mêmes presets, le SB18m ne dispose pas des accroches standard et ne peut par exemple pas être employé avec du Kara. Autre différence, il affiche 10 kg de plus sur la balance à cause d’un aimant ferrite préféré ici encore au néodyme pour des raisons de coût, sans que cela ne soit un désavantage quelconque en termes de rendu ou de SPL. Le néodyme n’est en effet avantageux en dehors de son poids inférieur que sur des haut-parleurs devant générer des niveaux extrêmement élevés à très basse ou très haute fréquence. L’ensemble constitue donc une offre cohérente et très agressive compte tenu des prix habituellement pratiqués par L-Acoustics sur le reste de sa gamme, un bon point qui va faire des heureux.

Ecoute à Marcoussis

Conviés à une démo sur site à Marcoussis, nous avons pu écouter en extérieur trois configurations différentes d’ARCS-WiFo, soutenus pour l’occasion par des subs SB18m, une écoute d’une précision absolue aidée par l’absence de vent, la possibilité d’évoluer librement autour des boîtes et la qualité des sources jouées par François Chaumeil, ingénieur application, support technique L-Acoustics et DJ pour l’occasion. La première configuration consiste en deux SB18m au sol côte à côte et avec sur l’un des deux, 2 ARCS Focus couchés latéralement : une configuration classique de stade ou de bas de gradins et à longue portée.

Arcs focus et SB18m

Le premier ensemble constitué de deux SB18 au sol côte à côte, vraisemblablement un SB18 et un SB18m avec sur ce dernier deux ARCS Focus couchés latéralement, une configuration classique de stade ou de bas de gradins et à longue portée.

La seconde consiste en deux SB18m stackés au dessus desquels sont posés verticalement deux ARCS-Wide et enfin la troisième est un classique montage sur pôle, une barre enfichée dans un SB18m soutenant un ARCS-Wide tilté à -15°. La première impression est saisissante tant la couverture se révèle précise dans le pan géométrique de la boîte à 15 ou 30°. La sortie de la zone active implique une chute brutale du haut du spectre. Placés à huit mètres face à une enceinte, en se désaxant de quelques centimètres seulement, on perd réellement l’essentiel de l’énergie. La réjection est spectaculaire. Le contrat est bien rempli.


Arcs Wide et SB18m

Le second ensemble de deux SB18m stackés au dessus desquels sont posés verticalement deux ARCS Wide, un montage très classique en gauche/droite au pied d’une scène.

Vue arrière Arcs Wide

Une vue arrière du second ensemble constitué de deux ARCS Wide. La présence d’une bretelle entre les deux boîtes indique que le contrôleur qui les alimente est un LA8, seul habilité à le faire.

 


Dans le second montage associant deux Wide posés verticalement, le passage d’une boîte à l’autre est virtuellement inaudible, ce qui prouve la qualité du guidage du haut du spectre. Les yeux fermés, il est impossible de repérer le point de transition entre deux fronts d’ondes. On décèle tout juste un petit accident de l’ordre de 2 dB au-dessus des 8 kHz et situé environ 10° au-delà du point de recoupement, un léger détimbrage facile à déceler en extérieur et avec un array de 2 boîtes mais certainement gommé en cas d’array de 3 éléments et plus, les quelques influences inter boîtes devenant plus nombreuses, à des fréquences plus basses et donc plus difficiles à repérer ou enfin en salle du fait des réflexions. N’oublions pas que nous avons ici des enceintes certes très directives, mais dont le front d’onde ne peut être assimilé à un rayon laser. Il est donc normal que le raccord entre deux unités qui doit par ailleurs être réussi à toute fréquence puisse provoquer, un peu comme deux lais de tissus cousus ensemble, soit une petite surépaisseur au centre, soit deux coutures repérables au-delà. L-Acoustics a fait le choix judicieux de raccorder parfaitement des unités entre elles en acceptant implicitement que cela puisse légèrement influer ailleurs, la perfection n’étant toujours pas de mise en ce bas monde !!


Arcs Wide et SB18m

Le troisième ensemble, un classique montage sur pôle, une barre enfichée dans un SB18m soutenant un ARCS Wide tilté à -15°, la solution idéale pour une petite salle tout en gardant une belle couverture, une portée intéressante et un gros niveau en grave

Détail de la platine WiFoSOCK

La platine WiFoSOCK venant se fixer sur l’embase prévue à cet effet sur l’enceinte et offrant 4 angles de calage, -15°, -7,5°, 0° et +7,5°. Dans notre image nous sommes à -15°. Cette platine permet de fixer une ARCS Wide sur un sub de type SB18 ou SB18m composant ainsi un montage d’une redoutable puissance.


Enfin l’écoute d’un line array placé horizontalement face à soi et non verticalement et accroché, permet de débusquer facilement le moindre accident aussi minime soit-il puisqu’il n’est pas adouci par le sol, les sièges ou simplement la distance et les réflexions. Cela dit, il suffit de tenter de raccorder deux enceintes à pavillon ou des coaxiaux pour comprendre à quel point un ARCS fonctionne bien et permet de s’affranchir de problèmes d’interférences sinon totalement indigestes. Le plan opposé à celui à 15° ou 30° couvre bien 90° avec une décroissance très progressive sur l’ensemble du spectre et aucun accident notable.Les extraits joués par François ont immédiatement permis de retrouver le pédigrée L-Acoustics dans le haut du spectre avec une belle dynamique, de l’énergie et un rendu naturel et même punchy dans la Focus comparé à la Wide dans la bande des 1 kHz/10 kHz où elle délivre 3 dB de plus avec son ouverture deux fois moindre. Très bonne articulation du médium avec une sonorité juste et timbrée des voix qui apparaissent aériennes. On sent que ces boîtes disposent de haut-parleurs modernes offrant une grosse excursion et une belle linéarité. On ne peut en revanche pas se prononcer sur le bas du spectre, les SB18m apportant leur dime de manière trop généreuse pour se forger une opinion. Quoi qu’il en soit, on sent ce système parfaitement à sa place dans le catalogue L-Acoustics sans que son positionnement prix n’implique de concessions audibles. En jouant avec le nombre de boîtes, leur placement et leur complémentarité avec les subs, on obtient un son consistant et avec assez de matière en haut et en bas pour satisfaire pleinement les utilisateurs et le public. Les WiFo ne présentent aucune difficulté ou piège majeur nécessitant la présence d’un technicien spécialisé et pour toute utilisation au sol, c’est réellement du plug and play contrairement à l’ARCSII qui avec son ouverture asymétrique, sa taille, son poids, sa bi-amplification et son prix, se destine avant tout au grand touring. Il y a fort à parier que les WiFo soient un succès et lui fassent de l’ombre dans toutes les applications et jauges moyennes voire au delà.

Un grand merci à toutes les équipes de L-Acoustics pour leur temps, leur gentillesse et la qualité des informations techniques et des éléments fournis.

Arcs II, mapping et réponse en fréquence

Un mapping et une réponse en fréquence illustrant les avantages du couplage d’éléments de type ARCS, ici des ARCS II ouvrant à 22,5°. On voit bien que le montage n’est pas interférent et qu’il permet de parfaitement couvrir une audience placée face au système composé de 4 boîtes. La réponse en fréquence montre le peu d’influence entre les 4 ARCS en se déplaçant de 0 à 45° entre 1 kHz et 10 kHz et même en dessous (Document L.Acoustics).

 

Mapping Arcs Focus

Un quadruple mapping démontrant la qualité de l’association entre des éléments ARCS entre 1 kHz et 10 kHz, ici des Focus offrant au total 60° de couverture. Appréciez aussi la précision des bords, gage de la constitution d’ensembles non interférents et avantage essentiel lorsque l’on veut éviter de toucher un mur ou un éléments réfléchissant ou encore concentrer le niveau sur la zone utile sans trop polluer d’autres scènes ou le voisinage (Document L.Acoustics).

 

Couplage 4 Arcs Wide

Le couplage de 4 ARCS Wide et l’effet naturel de contour en dessous de 1 kHz allant jusqu’à 10 dB à 100 Hz ce qui, pour certaines applications, peut rendre inutile l’usage d’un sub (Document L.Acoustics).

 

L Acoustics 4 Arcs Wide

Le même groupe de 4 ARCS Wide avec l’avantage lié à la technologie ligne source mais en courbure constante, ce qui permet de garder une balance tonale identique quelle que soit la distance, mais au prix d’une décroissance « standard » de 6 dB par doublement de distance. Cela est illustré par le graphique où le spectateur en vert placé à 32 mètres dispose de la même balance tonale que celui en rouge placé « 6 dB en avant » à 16 mètres et la même que celui en noir à 8 mètres de la scène (Document L.Acoustics).

Independence Boss in Paris…

Bruce Springsteen

Nuit de plaisir, nuit d’excès mais aussi nuit de rêve, Bruce Springsteen nous a offert le plus bel Independence Day que la France ait connu. Carré comme son E-Street Band, minéral malgré ses presque 63 ans, il a pulvérisé le transfo de Bercy avant de faire disjoncter 4 fois le POPB durant la balance ! Avid Venue et 160 boîtes L-Acoustics en tête, John « Coop » Cooper en chef dynamiteur et Soundlightup en chanceux témoin, on peut désormais vous le certifier, le rock ça conserve !!

John Cooper

Mister passion en personne, John « Coop » Cooper devant sa configuration Avid Profile.

C’est Coop en personne qui vient nous chercher à une porte du Palais Omnisport, et nous annonce que le transfo de la salle a lâché ce qui a engendré 3 coupures totales de courant (4 avec celle qui clôturera la balance NDR). On se dit qu’on va se faire tout petit et oublier notre interview. Le sourire et la sérénité de John ont vite fait de nous redonner des couleurs. Show WILL go on, vous verrez ! Il nous conduit directement dans les coulisses à jardin où l’on découvre le gigantisme de cette tournée quasi à l’étroit dans une salle pourtant spacieuse. On profite de notre présence auprès de ce que l’on pense être la seule table dévolue aux retours pour l’interroger rapidement sur les monitors avant d’attaquer sur la face.

Sur scène, 18 artistes, 104 sources au patch et un gros niveau

SLU : Quelques mots sur les retours ?

JC : Nous avons deux DiGiCo SD7, une à cour et une à jardin car avec 18 artistes sur scène, même si une table aurait largement suffit, un cerveau non ! (rires NDR) Nous avons 104 sources au patch. Je ne sais même pas combien de sorties Troy et Monty gèrent. Je sais que Troy (Milner, Ingé retours jardin NDR) a une cinquantaine de bus car tout le monde est en stéréo et Monty (Carlo Ingé retours cour NDR) doit en avoir autant, plus tous les wedges de Bruce et ses sides accrochés à la verticale de la scène : 4 Vertec JBL 4888 par côté. Bruce dispose de 4 wedges principaux, les deux intérieurs pour sa voix et les deux extérieurs pour les musiciens, sans oublier les sides pour l’ensemble du groupe. Le son que tu entends (très fort NDR) c’est le niveau de son ampli. On a donc été obligé de les orienter à 60° vers le haut pour les sortir des micros de chant…un peu ! La scène est très bruyante. Pour en revenir à Troy & Monty, je ne sais pas comment, même à deux, ils arrivent à s’occuper d’autant de mix ; moi je n’ai qu’un simple gauche droite à gérer, parfois guère plus, je me dis que c’est déjà assez. Je ne me vois pas distribuer 16 à 18 mix stéréo. C’est pourtant ce qu’ils accomplissent chaque soir.

Scène

SLU : La scène paraît assez haute.

JC : C’est voulu, ça permet de faire vivre tout un petit monde en dessous et puis quand on joue dans des stades, c’est indispensable. On appelle notre régie souterraine le « underworld » et c’est là que se trouvent les techniciens dévolus aux claviers, aux guitares, à la batterie et j’en passe. Chacun dispose d’un passage permettant de faire remonter l’instrument et réceptionner celui qui doit être accordé ou simplement rangé.

Les riggers

Les riggers ? Ils ont énormément bossé, mais comment faire autrement quand la scène est ouverte à 360°

SLU : Que je sache Solotech qui est le prestataire en charge de la tournée est très connoté Meyer, et là, à part les 8 Vertec JBL des retours, je ne vois que du L-Acoustics…

JC : Maintenant ils en ont, et beaucoup plus qu’avant (rires NDR). Comme tu le sais, historiquement c’est Audio Analysts qui a été le prestataire de Bruce et cette société a été rachetée par Solotech l’année dernière. Pour cette tournée nous avons lancé un appel d’offres auprès de 4 sociétés en sachant que je souhaitais disposer de K1 et de Kara. Un des prestataires retenus a bien entendu été Clair, grâce à son passé avec Bruce, seulement ils ne proposaient que de de l’I5 et je souhaitais avoir du K1

SLU : Qu’est ce qui te plait tant avec les K1 et Kara ?

JC : Selon moi, c’est le meilleur système disponible à l’heure actuelle, celui qui sonne le mieux. Ce n’est que mon avis mais pour ce que je recherche c’est ce qu’il y a de mieux, et je pense avoir quasiment tout écouté. C’est aussi le plus fiable et le plus prévisible dans son rendu au quotidien.

K1 et Kara

De gauche à droite on retrouve le système principal composé de 12 K1 et 6 Kara auquel sont accouplés 8 K1-SB, puis visibles à hauteur du raccord entre K1 et Kara, 4 LA-Rak. Encore à droite on distingue 12 Kudo très arqués, il s’agit d’une des 4 lignes dédiées aux spectateurs placés à l’arrière de la scène et enfin le side hang aussi en 12 K1 et 6 Kara.

SLU : As-tu entendu le nouveau système JBL ?

JC : Non, mais franchement j’ai beaucoup utilisé de produits JBL et particulièrement le Vertec, et je cherche maintenant autre chose. Pour être très clair, j’ai une ambition : délivrer la musique de Bruce Springsteen à son public de la façon la plus pure et naturelle possible sans être obligé de compenser telle ou telle faiblesse matérielle. Je ne recherche rien de plus, ni pour moi, ni pour qui que ce soit d’autre, juste le meilleur son pour mon artiste. J’ai eu la chance inouïe dans ma vie professionnelle d’avoir toujours pu accompagner et mixer les chanteurs ou les groupes que j’aime. Je connais nombre de confrères qui certes travaillent mais sans grand plaisir et sans aucune envie d’écouter dans leur casque la musique de leur artiste un jour de repos. Moi oui. J’ai eu beau apprendre le métier et toutes ses ficelles au cours des années, mon seul moteur reste la passion pour l’artiste, et j’ai une approche artistique plus que technique. Je suis passionné par la performance sur scène, et c’est cette même performance que je me dois de délivrer de la meilleure des façons au public chaque soir.

Coop aime L-Acoustics…
210 boîtes sur la tournée, dont 60 K1 !

retrouvez les 5 dV-Dosc

C’est le jeu du « retrouvez les 5 dV-Dosc » ceux qui arrosent le trou naturel se formant sur le centre du parterre entre les front fills et le système principal qui –ferme- à 35 mètres environ de la scène.

8 V-Dosc

Une vue des deux rappels composés de 8 V-Dosc et ayant en charge les spectateurs du fond de la salle.


SLU : Pour en revenir à Solotech, ils avaient donc peu de L-Acoustics dans leur dépôt et maintenant…

JC : Pour assurer cette tournée qui passe par des stades comme par des salles somme toute petites comme Bercy, ils disposent désormais d’environ 210 boîtes dont 60 K1, 24 K1-SB, 48 Kudo, 24 Kara, 24 SB28, 32 V-Dosc et un certain nombre de dV en lipfill. Ce soir nous n’avons déballé qu’environ 140 boîtes (en fait près de 160 ! NDR). Les deux lignes principales sont composées de 12 K1 prolongées par 6 Kara, et sur le côté elles sont renforcées par 8 K1-SB. Pour les côtés nous avons deux autres lignes de 12 K1 chacune. Pour couvrir les sièges arrière, nous disposons de 4 lignes de 12 Kudo chacune. Pour l’infra, nous avons deux ensembles de 4 SB28 montés avec un des quatre caissons à 180°. Ces deux stacks ont cachés sous la scène tout comme un nombre variable de dV qui nous servent à déboucher les premiers rangs. Nous avons aussi ce soir un cluster central de 6 dV placé en hauteur pour bien remplir entre les deux lignes principales.

SLU : C’est peut-être pour ça que demain le staff de L-Acoustics vient te rendre visite non ?

JC : (rires !) Oui, ils ont manifesté une certaine curiosité et veulent venir écouter ce que nous faisons ! Ils sont surtout intéressés par la façon avec laquelle j’utilise le K1 en tant que renfort latéral, alors que chez L-Acoustics ce rôle est dévolu au Kudo. Nous avons choisi de placer le K1 en main et side hang et de sonoriser l’arrière avec un grand nombre de Kudo, 4 lignes de 12 boîtes. Comme nous couvrons chaque salle de la tournée à 360°, j’ai choisi de le faire à l’aide de 6 points avec, comme ici à Bercy, un septième petit renfort central.

LA Network Manager en V2 et SIM3

Côte à côte deux logiciels créés par deux fabricants de matériel de diffusion, à gauche le tout nouveau LA Network Manager en V2 et à droite le vétéran SIM3.

Sans excès de subs

SLU : Le nombre de subs paraît bien faible comparé au nombre de têtes…

JC : Dans les stades nous en plaçons 12 par côté. Ici à Bercy 8 SB28 placés sous la scène, c’est largement suffisant. Si je mixais un super groupe de métal je ne raisonnerais pas de la même manière mais pour le style de Bruce, tout ce dont j’ai besoin c’est de retrouver à proximité du plateau le même niveau de grave que lorsqu’on s’en éloigne et que le couplage entre les lignes opère. Les SB28 ne servent qu’à alimenter le « pit », la zone de privilégiés qui est face à la scène. Par la suite, les K1 et les K1-SB prennent très bien le relai. Bruce lui-même n’aime pas l’excès de basses, et cela ne correspond pas à sa musique. Il aime un son chaud et plein, mais pas surchargé du bas. On fait donc notre possible pour bien raccorder entre cet apport de proximité et le grave envoyé par les lignes.

4 SB28 montés en cardioïde

« Bruce n’aime pas les basses » Voilà donc l’un des deux ensembles de 4 SB28 montés en cardioïde et caché sous la scène, un ratio têtes/subs assez bas même s’il ne faut pas oublier la présence de 16 K-SB, la capacité qu’ont les K1 à descendre et surtout le fait d’être dans une salle et pas en plein air.

SLU : La régie est proche de la scène il me semble.

JC : nous sommes à 105 pieds exactement (35 mètres NDR). C’est pile ici que les deux lignes de K1 du système principal se rejoignent.

SLU : Une personne invitée par Coop et impressionnée par son calme olympien lui demande comment il fait…

JC : Si ce type d’événement te tape sur les nerfs, alors t’as vraiment mal choisi ton métier (rires NDR). Y’a des centaines de trucs qui peuvent te faire tourner en bourrique chaque jour. Tiens je vous donne un exemple. Je me souviens d’un soir de concert au Giants Stadium (80.000 places assises à NY NDR) où derrière moi j’avais le Président de JBL, à côté de lui celui d’Harman, puis Albert Leccese disparu depuis mais à l’époque Président d’Audio Analysts, Ron Borthwick ingénieur en chef chez Clair Bros, et ça ce n’était qu’un des côtés ; de l’autre j’avais Bob Clermountain et Bob Ludwig (je ne vous ferai pas l’injure de vous dire qui sont ces deux oiseaux rares et au pédigrée aussi étoilé qu’une nuit d’été NDR). Vous l’avez compris, j’étais bien entouré, pas d’oreilles expertes, tout va bien (rires !!), et c’est dans ce cas de figure qu’il faut prendre de la distance et vous considérer comme, par exemple, face à un plateau où tout le monde serait nu et faire absolument abstraction en se disant « OK, je suis là, personne ne sait qui je suis et je vais mixer de la plus belle des façons». Il faut aussi savoir garder cette distance et cet esprit que vous soyez devant 1000 ou 100.000 personnes. Si vous travaillez trop du chapeau, vous serez vite rattrapé par l’anxiété et vous commencerez à accumuler les bévues.

Quatre des huit JBL VT4888

Quatre des huit JBL VT4888 utilisés en side pour compléter la couverture de la scène. A droite un des deux side hangs composé de 12 K1 et 6 Kara.

8 V-Dosc

Un des deux délais composé de 8 V-Dosc ayant en charge les spectateurs du fond de la salle.


SLU : J’ai vu une infinité de semis dehors. C’est un bon moyen de mesurer la « taille » d’un show…

JC : C’est exact, mais comme les tout grands shows, nous disposons d’une triple équipe de structure. Une monte, une exploite et une démonte constamment. Cela représente 12 à 14 semis. Nous avons, en ce qui nous concerne pour le son, l’éclairage et les instruments, 24 semis. Une tournée des stades normale de toute manière comporte, avec les groupes électrogènes, dans les 40 semis. Nous disposons de groupes Caterpillar en tandem, avec deux diesels 3840 accouplés. Un seul moteur suffit ce qui garantit une parfaite sécurité, on ne perd jamais le courant. Ils sont en chemin pour partie par bateau et le reste par avion.

SLU : La tournée se passe bien ?

JC : Très bien. Il faut malgré tout savoir que pour Bruce, on accepte de faire des choses assez spéciales. On a par exemple déchargé le 20 Juin dans le stade de Sunderland. Le lendemain matin, jour du show, on était sur le pont à 6h00 pour tout accrocher. Devine ce qui s’est passé ? Il est tombé des cordes sans discontinuer jusqu’à la fin du démontage en pleine nuit, show inclus. Le lendemain matin, 6h15 on attaque dans le stade de Manchester… On s’est pris là aussi des trombes d’eau quasiment toute la journée ! Un jour off et on était sur l’Ile de Wight pour le festival éponyme, un peu rincés, c’est le cas de le dire ! Tu sais, il n’y a pas beaucoup de tournées de notre taille qui se permettent de telles cadences. Pour nous l’impossible est la norme mais franchement, on le fait avec plaisir. Quand on voit Bruce sur scène, ce qu’il est capable de donner, on ne sent plus la fatigue. La moindre des choses est de suivre sa cadence !

Un show très sécurisé
Deux racks FOH de processeurs pour une Venue

La régie de Coop

La régie de Coop avec son fameux double FOH « on n’est jamais trop prudent » entourant un rack central contenant notamment l’ensemble de périphériques nécessaires à faire cohabiter deux cœurs, une fonction pour laquelle le système Avid n’est pas conçu…pas encore ! Remarquez aussi le ventilateur au sol prévu pour refroidir pour une fois l’homme et pas la machine !

SLU : Qui a conçu et fait le design de la diffusion telle que je la vois ce soir ?

JC : Je dirais que c’est moi, et les techniciens de Solotech ont rendu mes desiderata possibles. Il y a aussi eu un gros dialogue avec les gens de l’éclairage et de la vidéo afin que les trois cohabitent le mieux possible. J’ai aussi sur le terrain la meilleure équipe audio dont je n’ai jamais disposé. Avec moi nous sommes huit. Chaque ingé retour a son assistant, et quant à moi je dispose de trois ingés système ce qui n’est pas un luxe puisqu’en plus de mixer le show, j’enregistre chaque date sur deux ProTools, 104 pistes en tout. Je dispose aussi de deux moteurs FOH pour ma surface Avid, et je crois bien être un des seuls ingés son à faire ça avec cette marque. Ils sont liés en Midi l’un à l’autre et tout ce que je fais sur le premier est immédiatement répercuté sur le second. Bien sûr les 104 lignes audio sont envoyées aux deux en parallèle par des Madi Bridge RME. Un MixSwitch APB-Dynasonics me sert de matrice de sortie et récupère, outre les deux mix, aussi un playback et la voix de Bruce d’une des SD7 des retours au cas très improbable où les deux FOH m’abandonneraient.

Un gros plan du rack placé juste sous la surface Avid

Un gros plan du rack placé juste sous la surface Avid avec de haut en bas un Big Ben Apogee utilisé pour transformer un black burst en horloge plus digeste, un OctaMic II RME utilisé pour aller au-delà des 96 préamplis du stage Avid, l’APB-Dynasonics MixSwitch utilisé pour basculer automatiquement entre les deux FOH qui marchent en tandem, un HV-3D Millenia, un excellent préampli peut être en spare et enfin quatre Madibridge RME utilisés pour distribuer les signaux micros aux deux FOH.

SLU : Ils ont l’air un peu à bloc tes FOH…

JC : Il ne me reste qu’une entrée sur 96 possibles et j’ai donc dû ajouter un rack de 8 préamplis externes RME. Il ne prend en compte que des sources secondaires d’ambiance. Tous les micros de la scène rentrent sur des préamplis Venue. La distribution du stage rack sur scène vers les deux FOH est faite via des Madi Bridge RME. Enfin nous travaillons linkés à du time code et à une horloge commune afin de pouvoir travailler sereinement avec les gens de la vidéo et de pouvoir prendre de l’audio sur un ProTools ou l’autre. Au fait, ne dis à personne que j’ai encore une entrée sur la table sinon quelqu’un va la vouloir !! (rires !!)

Trois ”bonnes” raisons de choisir une Venue

SLU : Explique-nous ton choix de console Coop, j’imagine que t’as mixé avec tout ce qui existe dans ta carrière !

JC : Tout d’abord je peux avoir tous les modèles que je veux sur ce type de tournée. Le choix d’une Venue est dû à un certain nombre de bonnes raisons. Tout d’abord c’est la première console qui m’a permis d’utiliser des plugs, et ça c’est très important pour moi, des plugs de divers développeurs. Même si j’utilise beaucoup les Waves, je suis aussi fan de plugs plus rétro ou au contraire plus novateurs. La seconde raison est le rendu sonore et la troisième est la fiabilité. Je n’ai jamais eu de problèmes avec une Venue à part des bugs que je qualifierais de mineurs. Parmi toutes les plateformes de mixage numériques qui existent, c’est selon moi la plus stable et c’est précisément ce que je recherche pour Bruce. Comme je suis en contact avec les personnes qui développent le prochain modèle, je les ai encouragés à doubler le moteur, à travailler à des fréquences plus élevées et à avoir plus de sorties. J’ai toujours eu de bonnes relations avec eux.

SLU : Comment as-tu choisi la première fois cette marque ?

JC : La première fois que j’ai pu mettre mes mains sur une Venue a été assez spéciale (rires). Tu ne le sais pas forcément mais on fait les trucs un peu à la dernière minute dans notre métier (ohh que si NDR) et je me souviens d’avoir eu à gérer une répétition imprévue et pas de possibilité d’avoir le matériel à temps. Sentant une ouverture, je contacte vite des potes chez ce qui s’appelait à l’époque Digidesign pour leur demander si quelque part sur la côté Est il n’y aurait pas une table disponible dès le lundi suivant car bien entendu nous sommes un vendredi soir ce qui ne facilite jamais les choses. Coup de bol, on m’informe que Tony Bennett va finir son show à Atlantic City le lendemain soir et lundi matin on peut tout avoir. Du coup je pousse le bouchon un peu plus loin et demande aussi un ProTools pour enregistrer et, c’était il y a six ans, quelqu’un pour me connecter le tout et m’expliquer comment ça marche. On me dit OK, on t’envoie un Protools de New York avec un technicien senior. J’en aurai pour combien ? A moins que tu veuilles conserver les disques durs avec lesquels tu enregistres c’est gratuit pendant deux semaines.

ProTools

Un des deux ProTools servant à enregistrer les shows chaque soir, bien caché dans son rack 4U Magma juste au-dessus d’un des onduleurs de la régie, des boiboîtes bien utiles quand le secteur joue des tours !! Les périphériques tout comme les racks portent encore les étiquettes d’Audio Analysts Colorado Springs…

SLU : C’était gagné…

JC : Bien entendu, qui résisterait à une telle politique commerciale, sans oublier que grâce à ça j’ai pu arrêter de me trimbaler les enregistreurs déportés qui nous ont encombrés sur les tour précédents et que j’y ai gagné aussi le Virtual Soundcheck, une fonction très pratique et qui n’existait pas à l’époque. Il a fallu faire le tri entre les avis de personnes qui n’ont eu de cesse de me répéter que telle ou telle autre console sonnait tellement mieux, faisait plus de trucs, avait plus de sorties, en me posant les vraies questions comme de savoir si j’avais besoin de tout ça, si j’acceptais de me compliquer la vie à outrance ou si enfin cette prétendue supériorité sonore allait s’entendre dans les stades. Est-ce qu’en somme le jeu en vaut la chandelle ? Je me suis posé ces mêmes questions avec tous les produits qu’on m’a proposés depuis et la réponse a été que je ne ressens toujours pas le besoin impérieux de me lancer dans une nouvelle aventure. La DiGiCo SD7 est une très bonne table mais je me suis dit que la meilleure solution allait être de partir avec le système Digidesign. Pour moi la qualité sonore doit rimer avec fiabilité et commodité. Le fait de pouvoir passer un show entre une Profile et une D-Show, voire une SC48 en fonction de ses possibilités est un plus que j’ai demandé à Avid de garder sur la prochaine gamme.

SLU : A cause de ton switch entre FOH tu sors en analogique de ta table…

JC : C’est exact, mais la tranquillité n’a pas de prix. Je re-numérise juste après dans un des Dolby Lake, là-bas derrière, dans cette zone où je ne m’aventure plus (rires) ! J’ai toujours géré mon système jusqu’à cette tournée où honnêtement j’ai abandonné, ça devient trop technique pour moi, et surtout je dispose d’un trio de vraies pointures en la matière, Etienne Lapré, Klaus Bolender et John Bruey. Je préfère largement me concentrer sur le mixage et l’enregistrement de chaque show ce qui n’est déjà pas une mince affaire.

Posées sur les racks de drive, des cartouches LTO attendent d’être chargées

Posées sur les racks de drive, des cartouches LTO attendent d’être chargées avec les innombrables pistes et chansons enregistrées chaque soir.

SLU : Je vois qu’effectivement l’enregistrement prend de plus en plus d’importance dans le live.

JC : C’est fondamental dans le cas de Bruce. Pense que chaque show de la tournée est enregistré par deux machines en parallèle. Chaque disque est ensuite individuellement archivé sur une cartouche LTO. La première rejoint le centre de stockage de Sony à Stone Mountain en Georgie où sont conservés sous terre les éléments de ses artistes, la seconde part chez Bruce Springsteen dans le New Jersey où lui-même conserve la totalité de sa carrière et de ses shows depuis une bonne trentaine d’années. Il dispose d’une base de données en FileMaker Pro qui lui permet de retrouver chaque titre facilement puisque chaque élément qui pénètre dans ce dépôt souterrain dispose d’un barcode spécifique. Tu imagines aussi la variété des supports qui sont archivés…

Un kit de micros standard

SLU : Y’a-t-il quelque chose à mentionner de spécial au niveau du repiquage pour cette tournée ?

JC : Rien de spécial, je ne me sers que des standards du marché, les bons vieux indémodables et indestructibles SM58 pour les voix, SM57 pour les guitares ou alors des Sennheiser reconditionnés, des Heil PR22 et PR28 pour les toms, des Shure KSM137…

DW de Max Weinberg

Quand Coop dit qu’il ne fait pas de folies avec le repiquage des instruments il ne ment pas. Voici une vue de la DW de Max Weinberg. Les 3 cymbales sont reprises en dessous par des Shure KSM137, le pied par un Beta 52A, des Heil PR22 et 27 pour les toms et la charley a aussi droit à son 137. Sobre tout ça.

deux Vox bénéficient d’un repiquage bien distinct

Presque entièrement couchés pour tirer vers les étoiles et pas dans la tête des micros chant, deux Vox bénéficient d’un repiquage bien distinct, un cache en plexi isolant les amplis


SLU : Y’a rien de bizarre !

JC : Ah ne t’attends pas à voir surgir des Royer à ruban ou des âneries du même acabit avec moi. Cette tournée est un rouleau compresseur limite marteau piqueur question niveaux sur le plateau. J’aimerais bien pouvoir placer des capteurs statiques à large diaphragme pour les amplis guitare mais la repisse est telle que ce serait suicidaire. J’ai sur scène trois guitaristes qui jouent aussi fort qu’ils le peuvent durant tout le show…

Sur scène, ça joue très fort…

SLU : Malgré la taille des salles où vous tournez, est-ce que ce son qui vient de la scène te pose problème ?

JC : Non, pas forcément, je vis avec et je le couvre ce qui parfois me pousse à jouer un poil plus fort que ce que j’aime mais il y a un seuil en dessous duquel on entend une couleur et une provenance qui peuvent poser problème. En plus le fait de masquer le son de la scène réduit les problèmes de phase entre le son direct et celui forcément retardé par la chaîne numérique qui gère les micros. Il est vrai que si t’es dans les premiers rangs, tu peux percevoir quelques différences mais dès le quatrième rang tu es pris par la douche du système principal, et tout rentre dans l’ordre. Cela dit je suis certain qu’il existe des perfectionnistes dont heureusement je ne suis pas, des obsédés de la phase ou de la réflexion « comment arrivez-vous à accepter ce petit écho en provenance de cette baie vitrée… » qui se prendront toujours le beignet. J’ai passé ma vie à apprendre comment contourner ces problèmes pour maintenant arriver à faire abstraction et vivre avec. C’est vrai que cette salle (Bercy NDR) ne me paraît pas excellente mais bon, ça ne sert à rien de faire une fixation sur les choses que tu ne maîtrises pas sinon tu vas passer à côté de celles que tu maîtrises. Tu dois te concentrer sur l’essentiel, sur ce qui compte vraiment pour ton public, et il s’agit de la musique.

Coop : une vraie passion pour la musique…

SLU : Tu aimes la musique…

JC : Ah oui, plus que tout. Ça m’émeut au plus profond de mon être depuis ma plus tendre enfance. Je n’ai jamais joué d’un instrument mais j’ai, je crois, une bonne oreille musicale. J’ai aussi eu la chance de toujours travailler sur la musique que j’aime et en laquelle je crois. Je peux même aller assister en simple spectateur à des concerts sans faire de fixation sur le son.

SLU : Tu peux éteindre le « Coop » en toi comme tu veux ?

JC : Absolument. Si tu me demandes un avis critique sur le son, je peux te le donner mais je peux tout aussi bien savourer simplement les chansons. Ça m’arrive parfois durant les concerts de Bruce de redevenir un spectateur lambda l’espace d’une chanson. Je lève les doigts des groupes de la table et j’écoute, je me régale moi aussi. J’ai des confrères qui en font parfois trop ou pas assez mais quand ton mix est fait et que tout roule, à quoi bon tripatouiller ce qui marche en ajoutant l’ingrédient de trop. Laisse ton artiste s’éclater et savoure son show !! Ça arrive par exemple que Bruce éloigne à certains moments le micro de sa bouche volontairement pour donner au son de sa voix une couleur plus éthérée, presque fantomatique. Il ne veut en aucun cas que je coure derrière avec du gain pour rattraper ça ! J’ai dû apprendre à reconnaître et à respecter ses choix. Il y a deux ans lors d’un concert au Rock’n’Roll Hall of Fame, j’ai eu sur scène en plus de Bruce, John Fogerty, Billy Joel, Sam Moore…

SLU : Tu as mixé ou écouté ? (rires !)

JC : Holy sheet ! T’imagines le bol d’être le gars qui mixe toutes ces légendes en même temps ? Je n’en revenais pas, toutes ces stars ont bercé notre jeunesse avec Bruce et ce dernier les présente sur scène, chante avec eux, et… je suis derrière la console… Je n’en reviens toujours pas (Coop est vraiment aux anges NDR). Le jour où je serai blasé de ce qu’il m’arrive il faudra vite que je change de métier. Mon job c’est de l’émotion pure.

L’heure du line check a sonné et Coop nous demande quelques minutes pour l’effectuer. On en profite pour shooter à tout va ce qui est sans doute à ce jour la plus grosse installation en L-Acoustics vue à Bercy. Outre la face en K1 et Kara et les rappels arrière en Kudo, John a oublié de mentionner quelques délais pour le fond de salle, oh trois fois rien, juste deux fois 8 V-Dosc ce qui fait qu’avec les dV du front fill cachés dans la structure, on arrive à environ 160 boîtes. Je comprends mieux ses choix très dynamiques et conservateurs sur les micros…
Noir salle. Oui mais non, c’est plus qu’un noir salle, beaucoup plus. La diffusion vient de s’arrêter net et seul le paquebot de Coop, sauvé par ses onduleurs, reste illuminé au beau milieu des vagues de public qui arrivent sans discontinuer. Je guette le regard de John, il paraît fataliste et détendu pendant qu’en coulisses on s’active pour redonner, une fois encore, du jus à la salle toute entière. Comme il nous l’a annoncé en nous accueillant, le courant de Bercy fait des siennes ce 4 juillet, mais il est confiant dans son équipe pour trouver une parade avant le show. En trois minutes chrono, la salle retrouve des couleurs et nous du courage pour cuisiner encore quelques instants John…

Et des artistes de légende

SLU : Comment as-tu rencontré Bruce et comment es-tu devenu son ingé son façade attitré depuis tant d’années…

JC : Lors d’un break en tant que ingé façade pour Wynonna, une chanteuse de Country on m’a envoyé caler le système d’une autre artiste du nom de Nathalie Merchant qui avait comme manager Jon Landau, le même que Bruce. Comme cela arrive parfois, l’ingé de Nathalie a quitté le tour, et George Travis, le tour manager, m’a proposé de prendre le relai et de mixer pour Nathalie. Comme Jon a bien aimé mon travail, il m’a proposé de prendre en main la façade de Shaina Twain, une autre de ses artistes, ce que j’ai décliné car j’étais déjà booké. La même mésaventure m’est arrivée peu de temps après quand on m’a offert de mixer ce coup-ci les 132 dates du Reunion Tour de Bruce entre avril 1999 et le 1er juillet 2000. Pour des raisons familiales j’ai dû refuser. Vers la fin 2001 j’ai pris mon téléphone et j’ai appelé George Travis qui est aussi le tour manager de Bruce. « George, je ne sais pas quels sont tes plans avec Bruce mais j’aimerais beaucoup mixer les Christmas shows qui s’annoncent ». 11 ans et 500 concerts plus tard, je suis toujours là, je n’ai plus raté un seul de ses shows et franchement je voudrais continuer à travailler pour lui jusqu’à la fin de sa carrière.

SLU : Et en dehors de Bruce tu travailles pour qui ?

JC : Lionel Ritchie, un sacré bonhomme, Sheryl Crow qui est un amour de chanteuse, et quand je suis disponible Ringo Starr. Quoi dire, c’est une légende à lui tout seul. Bien entendu pour ces trois artistes nous sommes plusieurs à travailler en fonction de nos emplois du temps. Je me considère bien entendu comme privilégié puisque Bruce et ces trois autres très grands artistes me réclament personnellement ce qui est extrêmement flatteur. Cela ne m’empêche pas de collaborer avec de nombreuses autres sociétés et artistes et qui sait, peut-être vais-je travailler à nouveau pour Solotech.

SLU : Pour rebondir sur Ringo, tu as donc eu la chance de mixer un morceau des Beatles…

JC : Deux en fait (rires). Pour les 70 ans de Ringo, j’ai eu la surprise d’avoir sur scène aussi Paul McCartney ! Je ne veux pas radoter mais j’ai une chance inouïe de faire ce métier et à ce niveau.

SLU : Tu as commencé en quelle année exactement ?

JC : En 1975. J’ai fini mes études en 76 et ai commencé à en vivre en 1977.

SLU : Une dernière question. Quel effet cela t’a fait de découvrir ton premier line array ?

JC : C’était au milieu des années 90, du V-Dosc, et je le dois à Brad Snow et sa société Snow Sound dans le nord-est des Etats Unis. J’ai été terrassé. Pour la première fois de ma vie j’entendais du bon son partout dans la salle. J’ai pourtant collaboré durant de nombreuses années avec d’excellents designers de systèmes d’enceintes traditionnelles avec des couplages optimisés mais ce qu’a fait Christian Heil est de loin ce qu’il y a de mieux en termes de guide d’ondes et Dieu sait s’il a depuis été imité sans que, selon moi, quiconque y soit parvenu ! Meyer fait de très bons produits et d&b aussi, mais L-Acoustics reste le champion et…(les talkies s’énervent NDC) Et je dois maintenant bosser (rires).

Le Concert

Le fan de toujours, Antoine de Caunes monte sur scène et du haut de son inénarrable anglais que Maurice Chevalier himself aurait adoubé, prévient les spectateurs que ce soir la panne sèche rôde mais, foi de rockeur, le cas échéant, Bruce reprendra immédiatement son show dès le jus rétabli. Des milliers de personnes se gondolent, d’autres sans doute un peu moins, les doigts croisés dans le dos. Pour la petite histoire, aucune interruption ne viendra troubler ce magnifique show de 3h35 de standards défilant comme à la parade et ponctués d’un « rappel » de plus de 45 minutes. Je n’en doutais pas seul un instant, Solotech a encore frappé très fort pour sa première collaboration avec le Boss. Est-ce les canadiens qui ont de la feuille ou cette société qui sait s’entourer des meilleurs ingés système, la débauche de moyens a malgré tout accouché d’une cohérence et d’une couverture impeccables. On ne peut que féliciter l’équipe du Boss qui a réussi à bien marier quasiment toute la gamme L-Acoustics ce qui n’avait pas été le cas lors d’une ancienne tournée de Céline Dion dans ce même Bercy toujours avec Solotech mais en Mica et Milo. Est-ce la taille de la salle, somme toute petite comparée aux Stadiums habituels, ou encore la patate du taulier sur scène, le niveau a été globalement trop fort avec un LEQ de 103,7 dBA mesuré sur 90 minutes de la première partie et 104,3 pour l’ensemble du rappel. Pour info le concert du lendemain a tourné trois dB plus bas. La puissance délivrée par les lignes de K1 est grisante d’aisance et paraît ne jamais s’arrêter, tout comme son aigu qui jaillit littéralement hors des boîtes avec une précision et une clarté qu’il faut manipuler avec soin. Bon mixage de Coop avec une voix s’insérant parfaitement dans un orchestre maitrisé de bout en bout, peut-être un peu trop compressé et produit, lui ôtant une partie de la force brute très métronomique et rock’n’roll du E-Street Band, je pense notamment à la caisse claire de Max Weinberg un peu en dedans ou encore à la basse et au pied qui à mon goût auraient pu être un poil plus secs et dynamiques et tirer encore mieux parti du bas des K1 et des K1-SB par côté.

Les lumières se rallument enfin. Le public sacrément avoiné par un show d’une rare intensité sort avec la banane, la même que Coop qui se retourne vers nous les yeux cernés et nous balance : « Les trois heures qu’on vient de vivre j’en fais cadeau, je préfère être payé pour les 21 autres !! »

 

Calé par Julien Poirot

ADAMSON E15 au Big Fest Biarritz

Le monde a beau se débattre englué dans une crise aussi moche que sévère, le marché des gros systèmes de Touring fait exception, porté par l’innovation et le besoin de renouvellement de parcs vieillissants. Annoncé depuis plus d’un an, l’ambitieux projet Energia d’Adamson cache une boîte intéressante à plus d’un titre, la E15. Nous avons profité d’un festival en plein air à Biarritz pour l’écouter. Nos oreilles nous disent merci, les riverains entourant le stade Aguiléra sans doute moins.

C’est L-Acoustics qui a dégainé le premier avec le K1, suivi par Adamson qui a dévoilé dès l’été dernier son nouveau produit phare l’E15, et depuis quelques mois JBL s’est joint au concert (c’est le cas de le dire !!) avec le V25 sans parler de Meyer qui arrive avec le LEO-M. Nous avons eu la chance de découvrir le V25 dernier récemment, nous connaissons fort bien le K1, place à présent au très innovant E15.

L’équipe son

L’équipe son d’accueil de la grande scène du Big Fest au grand complet. De gauche à droite Julien Poirot de Waveform Audio, Raphaël Maitrat en charge de l’accueil console et Axel Vivini en charge du système en complément de Julien qui est reparti vers de nouvelles aventures avant l’ouverture des portes.

La Phase 2 du Projet Energia

Venant remplacer le Y18 et sans doute par la suite le Y10, le E15 marque une rupture assez nette avec le passé en abandonnant les haut-parleurs de 18 pouces pour des 15 ”, la taille communément adoptée par l’industrie audio, les moteurs JBL 2451 assez à la peine dans le haut du spectre pour des NH4 Adamson, et surtout en développant un module central très élaboré en aluminium dévolu au haut du spectre, la e-capsule. C’est sur cette sorte de boîte que viennent se fixer les deux caisses en bois des 15”, le système de rigging très innovant, et c’est à l’intérieur de cette même boîte que viendront se loger les futurs packs de processing et d’amplification en classe D. Plus tard Adamson complètera son offre par un network manager extrêmement complet. Le développement « à ciel ouvert » et en trois phases de cette boîte, un développement toujours en cours puisque la phase II concernant les amplis a été dévoilée cette année à Francfort, a donné lieu à une communication associant teasing et réseaux sociaux, bref, il était temps qu’on découvre la boîte qui se cache derrière l’énigmatique nom de « project energia » et qui désormais circule partout en Europe au sein de prestataires partenaires, et qu’enfin on fasse le point avec DV2, le distributeur français d’Adamson, partenaire de toujours de la marque canadienne.

Une vue d’ensemble de la scène du Big Fest

Une vue d’ensemble de la scène du Big Fest adossée au stade d’Aguiléra. On distingue facilement les deux lignes de 10 E15 surplombant les 6 stacks de trois T21 posés au sol.

Rendez-vous est donc pris à Biarritz où, pour le compte du Big Fest, une scène a été dressée par MPM dans un vaste terrain adossé au stade de rugby de la ville, le lieu idéal pour écouter du son dans de bonnes conditions. A notre arrivée en fin de matinée ça joue déjà fort et clair. Julien Poirot de Waveform est en plein calage après avoir monté la veille. On retrouve deux lignes de 10 E15 secondées par 6 stacks de 3 T21, autant dire que même en extérieur, il y a du bas à revendre. Cinq Spektrix par côté couvrent le parterre en in fill et 4 Metrix jouent le rôle de lip fill. Quatre SX18 apportent, deux par deux, un peu de réconfort aux pauvres spectateurs se retrouvant face aux T21 et enfin quatre Y10 arrosent à cour depuis les subs un dernier coin oublié. N’y tenant plus j’apostrophe Julien.


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Rolland


L’ensemble de la diffusion à cour

L’ensemble de la diffusion à cour. De gauche à droite on aperçoit tout d’abord un des 4 Metrix en charge des premiers rangs. Il est posé sur un rack siglé MPM au pied de la scène. A droite et accrochées à un moteur 4 Spektrix et une Spektrix Wave comblent le trou laissé par le système principal. Viennent ensuite trois stacks de 3 T21 posés au sol sur lesquels prennent place deux SX18 et tout à droite 4 Y10. Enfin au-dessus sont accrochées 10 E15.

Julien cale son système avec ”Pierre et le loup”

SLU : Ils ne créent pas quelques problèmes les quatre SX18 comme ça, orientés vers le public ?

Julien Poirot (Ingé système et associé dans Waveform Audio) : Naaaan, ils jouent tout doucement, on ne les sent quasiment pas. J’aurais presque pu ne pas les sortir du camion si j’avais eu quatre autres Y10. Bon je te le concède, c’est un peu bancal, ce sont les 4 seules boîtes « tradi » de l’installation.


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4 Spektrix et tout en bas une Spktrix Wave

Accrochées sous leur frame et arrosant le public au centre de la fosse 4 Spektrix et tout en bas une Spektrix Wave vues par derrière.

SX18

Deux survivantes, deux dernières enceintes « classiques », des SX18, utilisées ici pour donner un peu plus qu’une octave bien basse au public tassé devant les T21…


SLU : Pourquoi tu m’as bougé ce petit filtre qui se créait entre les Spektrix et mes Metrix en s’approchant de la scène, je n’ai plus rien de mal à dire !! (rires)

JP : Y’avait une milli !! C’est souvent que je retrouve ce type de mini décalage en plus ou en moins. On affine ça au dernier moment, en général avec Pierre et le Loup car sur une voix ça s’entend super bien.

SLU : !!??!!

JP : Pierre et le Loup raconté par Pierre Perret ! C’est excellent, sa voix est droite et agrémentée par quelques instruments classiques ; c’est parfait pour caler. Tiens écoute… « ..Chaque personnage de ce conte est représenté par un instrument différent…le petit oiseau par la flûte… »

Julien Poirot ingé système

Julien Poirot ingé système et associé de Waveform Audio face à son rack de drive.

J’en profite pour me rapprocher à nouveau de la scène en parcourant les 40 mètres de terrain qui la séparent de la régie, un terreplein poussiéreux qui, dans quelques heures, verra les rares touffes d’herbe qui s’y accrochent encore écrasées par des milliers de pieds vengeurs. « …le canard par le haut-bois… ». Enorme coup de bol, en ce 21 juillet le vent est très calme sur la côte basque, ce qui va nous permettre d’écouter les E15 jusqu’à leur portée maximale, ou en tout cas jusqu’à la distance voulue par Julien. « ..le chat, par la clarinette.. ». L’intégration des E15 dans le système est parfaite. Quand on sort de leur zone d’influence et qu’on plonge dans les fills, d’abord les Spektrix puis les Metrix, la couleur reste cohérente et le rendu bien décoiffant. Pas de peigne en vue. Bravo Julien « ..le grand pèèèeere par le basson.. ». Le temps de ce dernier étant compté, je repasse à l’attaque.

SLU : Il te sert à quoi l’afficheur de niveau AMIX ?

JP : A mesurer et surtout à enregistrer. On enregistre toujours tout. C’est important dans notre métier d’avoir une trace de notre travail. Par exemple entre le front de scène et la régie on a un seul dB d’écart. Plus tard la scène elle-même ajoutera du niveau, mais ce genre de performance mérite d’être stocké.

Une vue rapprochée de la ligne de cour de E15

Une vue rapprochée de la ligne de cour de E15. On distingue nettement les leviers de fixation inter-boîtes de couleur noire ou bleu ciel pour l’avant. On aperçoit aussi ceux à l’arrière en dessous de la dernière boîte et de couleur rouge. On voit bien aussi la différence de finition entre le module central métallique et les deux caisses bois abritant chacune un 15’ Kevlar.

SLU : On en est où du développement de la boîte elle-même ?

JP : La chambre acoustique est finie, l’ébénisterie est finie, les haut-parleurs sont OK, le rigging c’est juste génial, aucune pièce rapportée, tout est sur l’enceinte, ce qui fait que tu ne peux rien perdre, ou alors l’enceinte elle-même (rires !). A l’instant où l’on se parle, elle pèse entre 70 et 75 kilos…

SLU : Ce n’est rien !

JP : Elle est très légère, et vu la façon avec laquelle est conçu le frame central en alu qui supporte l’accroche, on peut monter à des charges de 32 enceintes par côté. On verra si un jour on y arrive.

SLU : Donc, première phase réglée…

JP : Acoustique, pavillon, accroche, ça roule. La seconde concerne l’amplification. Ils travaillent d’arrache-pied chez Adamson depuis assez longtemps sur un module qui viendrait s’insérer dans l’e-capsule. Ce module comporterait à la fois l’amplification mais aussi le filtrage et le tout serait propriétaire. Inutile de te dire que c’est complexe à développer. J’ai entendu dire que ce serait pas mal abouti et que les tests auraient commencé, au moins les amplis. La troisième phase apporterait au système un vrai nodal au sol avec un système assez innovant de câblage distribuant réseau, signal et secteur et permettrait d’avoir le contrôle réseau AVB de l’ensemble avec un point en régie.

SLU : Mais tout ça existe déjà avec Lab et Lake…

JP : C’est toi qui le dis, mais effectivement des spécialistes de la puissance et du processing tels que les deux que tu cites offrent tout ce dont a besoin l’E15 pour fonctionner parfaitement. C’est vrai aussi que le marché américain est friand de systèmes amplifiés, ce qui rend la démarche d’Adamson parfaitement cohérente. Enfin cet ampli est annoncé comme ne pesant pas plus de 10 à 15 kg ce qui ne compromettrait pas l’avantage poids évoqué précédemment. Ça fera toujours moins lourd que du Meyer (rires !!)

Quatre Y10 posées sur trois gros ventilos T2.

Quatre Y10 posées sur trois gros ventilos T2.

SLU : Ce retour au très répandu 15 pouces en lieu et place du 18 qui avait fait la réputation du Y18, t’en penses quoi ?

JP : On est partagé. Il y a les admiratifs du 18 pouces qui était bluffant dans le Y18 avec son médium. Je l’étais aussi et à titre personnel j’étais au départ un peu déçu de ne pas retrouver ce qui a caractérisé Adamson par le passé.

SLU : Mais ils vont peut-être t’en faire un modèle en 18…

JP : Ahh non, ils ne veulent pas (rires !!).

Les presets : angle large et angle serré

SLU : Vous en êtes où des presets, c’est typiquement ce qui évolue régulièrement lors du lancement d’une boîte.

JP : C’est le cas. Nous en sommes aux V2 avec deux presets différents. Un prévu pour les angles serrés, le narrow et un pour les angles ouverts, le wide. La chambre acoustique de l’E15 est maintenant très précise, ce qui fait que plus on ouvre les angles entre les boîtes et plus le couplage est différent, en tous cas beaucoup plus qu’avant. Aujourd’hui à Biarritz avec 10 boîtes et le besoin de porter relativement loin, je joue avec le preset « serré » 9/12 boîtes. Ça fait trois « plein-air » que l’on joue comme ça et à chaque fois ça nous permet de faire remonter à Adamson nos commentaires.

SLU : Ces presets vont-ils encore évoluer ?

JP : Bien sûr. Il faudra aussi qu’ils arrivent dans les librairies Lake. Au jour d’aujourd’hui, on reçoit des modules Adamson et on les charge dans les amplis PLM où le processing est fourni par Lake. L’évolution entre les V1 et les V2 est une légère amélioration de la réponse polaire et de la réjection à 500 Hz où précédemment on était embêté surtout dans des salles quand le système est placé très près des murs. Ils ont aussi travaillé le 2 à 4 kHz où subsistaient quelques accidents.

SLU : Pile dans l’axe on sent encore quelques duretés dans cette zone..

JP : Oui sans doute, mais me concernant ça ne me gêne pas plus que ça et je n’égalise pas en conséquence.

SLU : Le raccord en revanche entre les E15 et les T21 est réussi !

JP : On est d’accord et pourtant tout le monde était sceptique au départ. Adamson travaille d’ailleurs en ce moment sur un sub en 18 pouces avec de nouveaux haut-parleurs, un T18 qui est basé sur la même base de rigging que le E15, ce qui facilitera son emploi. Je reste un fan inconditionnel du T21 qu’on arrive à accrocher, ce qui limite la gêne pour les spectateurs placés devant. On atteint avec ce sub de vrais problèmes de santé publique car certains se collent exprès devant. La seule limite c’est le surcoût qu’engendre cette accroche mais dès qu’on peut on le fait. Clairement avec ce plateau (Big Fest NDR) on ne peut pas.

Bientôt une E12

SLU : On imagine qu’Adamson va décliner vers le bas toute une gamme…

JP : Ils développent un E12 avec une version qui ouvre un peu plus et qui pourrait faire un petit système Wave pour finir l’array. J’attends de voir la taille de la boîte car entre 12 et 15 elle ne devrait pas être tellement plus petite comme la Y10 par rapport à la Y18. Il y a sûrement des raisons commerciales bien précises à ce choix. Espérons qu’Adamson va garder son originalité.

SLU : Au niveau du son des E15, c’est acquis !

JP : Ahh ça on est d’accord et cela a été un grand soulagement quand j’ai entendu cette boîte la toute première fois. Avec le montage en 15 et deux fois 7 pouces contre les 18 et deux fois 9 pouces du Y18, j’avais peur de ne pas retrouver le médium Adamson. Il n’en est rien. (On confirme !! NDR)

SLU : En termes de portée ça me paraît tout bon aussi, avec un chouette grave même à 100 mètres.

JP : Je pense que c’est un bon système, ceci explique sans doute cela et il ne faut pas oublier que nous sommes avec une ligne assez courte. Nous jouons en ce moment aussi à Carcassonne avec six boîtes par côté et ça tient le choc dans le bas. Ils ont d’ailleurs tiqué quand on a accroché les six E15 en lieu et place des huit Y18 habituelles, ça faisait tout petit !! Leurs craintes n’ont pas duré longtemps !! Enfin je ne tape ici qu’à 65 mètres, c’est le cahier des charges du Big Fest, ce qui n’empêche pas le grave d’aller bien au-delà…

SLU : Il y a un gros boulet entre 125 et 250 Hz.

JP : Oui, je préfère laisser de l’énergie dans cette partie du spectre car quand de vrais instruments jouent en live, c’est intéressant. Il ne faut pas trop travailler le son avec des chansons masterisées même si elles permettent de savoir où l’on va. Les mixeurs enfin disposent d’un 31 bandes pour faire certaines corrections. Il faut d’ailleurs le remettre à 0 (rires !!)

SLU : J’ai vu que tu as calmé l’aigu. C’est quand même extraordinaire d’avoir ce haut de course avec des boîtes Adamson ! (rires !)

JP : Oui, j’ai un shelf à 8,2 kHz à -3 dB…

SLU : Tu filtres comment dans le bas les E15…

JP : Elles sont coupées à 60 Hz avec une pente que j’ignore, c’est dans le preset Adamson. En revanche moi je complète la dernière octave avec les T21 en 18 dB Butterworth.

Le rack de drive de Waveform Audio

Le rack de drive de Waveform Audio avec de haut en bas le bridge Ethernet Lab.Gruppen, les deux Lake LM26 pour les têtes, le troisième LM26 pour les subs, ensuite les patch analogique, AES et réseau, la distribution ondulée et, forcément, l’onduleur. Ce rack est auto éclairé.

SLU : Deux mots aussi sur Waveform. Vous en êtes où avec David (Nulli NDR). Les racks à vos couleurs pullulent sur ce chantier, elle est loin l’époque où vous arriviez avec vos oreilles et une tablette !

JP : Désormais nous essayons de fournir le noyau central d’une installation et tout le câblage audio. Pour le Big Fest nous sommes en numérique, en Dante. Une fois que nous numérisons une des consoles dans le Lake, nous ne quittons plus le domaine numérique. Nous travaillons avec des LM 26 et 44.

SLU : Plus de Dolby ?

JP : Si, on en a toujours en parc et on s’en sert par exemple avec du K1, mais pour des histoires d’âge et de politique, les updates ne permettent plus de charger comme on le voudrait les presets. Ce qu’on peut faire avec les PLM ou les LM, on ne peut plus le faire avec les Dolby d’où le fait qu’ils tournent de moins en moins.


Un rack au standard DV2

Un rack au standard DV2 avec la connectique prévue à cet effet et équipé pour la baie de gauche de 4 amplis 20000Q et à droite de 4 amplis 10000Q. On distingue les plus puissants par le fin liseré orange qui souligne le bas de l’afficheur. La version la plus puissante est capable d’alimenter 3 boîtes par ampli. Rappelons que les 20000Q sont des amplis quadruples capables de sortir 5000 W par canal à 2,5 ohm.

plaque de raccordement modulaire créée par DV2

Une vue de détail de la plaque de raccordement modulaire créée par DV2 et désormais standardisée. Remarquez le cache décoratif en cuivre aux couleurs de Waveform…


SLU : Donc, tu numérises avec le LM44 et…

JP : Et j’arrive en 4 canaux Dante au plateau. Gauche, droite, sub gauche et sub droit. J’ai aussi 4 lignes analogiques en spare. Ces 4 canaux Dante je les gère après avec trois LM26 qui contrôlent tous mes points de diffusion y compris 3 sorties séparées pour les subs, 6 lignes en fait. Dans ce même rack nous avons un switch pour le réseau, une plaque pour l’analogique et un onduleur pour éviter qu’en cas de microcoupure nous n’ayons à attendre que le réseau raccroche à nouveau via le switch. C’est notre rack standard de drive.

Un seul ampli PLM 20 000 alimente trois E15

SLU : Les racks d’ampli paraissent aussi standardisés…

JP : C’est le cas. Les modules d’entrée et de sortie sont en fait des patchs modulaires conçus par DV2. Le châssis peut être équipé comme on le souhaite. Dans notre cas, ils disposent de modules Soca (pex.. NDR) pour les sorties HP, de modules analogiques pour la redondance, de modules AES pour attaquer les amplis par ce format et d’un module Giga (bit NDR) pour rentrer le réseau.

SLU : Comment sont amplifiés les E15 ?

JP : Avec des amplis Lab.Gruppen. Avec quatre PLM20000Q on peut amplifier jusqu’à 12 E15. L’avantage d’avoir des 20000Q par rapport aux 10000Q est de gagner 3 dB dans le grave et surtout de charger 3 enceintes par ampli ce qui est plus difficile avec le « petit » modèle où l’on se contente de 2 pour garder de la patate dans le bas. Les 20000 descendent parfaitement bien en impédance. Aujourd’hui nous fonctionnons avec 10 boîtes donc en deux fois trois et deux fois deux. Le 20000Q est l’ampli préconisé par DV2.

Les racks de FP+7000 Lab.Gruppen

Les racks de FP+7000 Lab.Gruppen en charge d’animer les 21’ des T21.

SLU : Revenons aux racks d’amplis, ils sont aussi en orange à vos couleurs. Vous avez donc acheté des racks standards et les équipez avec les amplis du prestataire qui a eu le marché ?

JP : C’est cela. Nos propres racks au standard DV2 comportent le patch, switch, distribution et le drive et nous y plaçons les amplis en fonction des besoins.

SLU : Mais vous devez donc à chaque fois les balader vides depuis votre dépôt pour les « farcir » …

JP : Pour nous simplifier la vie, nous venons de déménager et louer un bout d’entrepôt chez MPM. Ca va faciliter notre relation avec cette société mais aussi DV2 et Adamson. Cela ne nous empêche pas de travailler par exemple avec Dushow auquel cas on prend notre matériel et on va intégrer ce qu’il faut dans leurs ateliers. Enfin Waveform est devenu un partenaire officiel Adamson en termes de support technique pour les E.


L’ensemble de la puissance de jardin

L’ensemble de la puissance de jardin. Ne manque que le drive qui est placé à cour.

Ayant la chance de pouvoir envoyer du son en extérieur, sans public, et en coupant le reste de la diffusion du Big Fest hors E15, on s’est régalé. Nous avons notamment joué quelques titres de la collection Sheffield Lab dont la dynamique, l’explosivité et l’absence totale de coloration permettent d’écouter une enceinte dans ses moindres recoins. Ces titres stockés en FLAC dans un iPad ont bénéficié d’une conversion de qualité via un Fostex HP-P1 et ont été joués à 100 dBA environ. Tout d’abord le grave reproduit par les E15 seules est remarquable. Sec, tendu, profond, c’est un vrai grave qui tape dans les poitrines et fait même un peu bouger les pantalons. Il raccorde très bien sur le bas médium qu’il complète idéalement d’un point de vue dynamique. L’ensemble est vraiment rock et fait pour la musique moderne. Par rapport au Y18, la patate est infiniment supérieure et le bas médium bien moins pataud et tordu. Sans aucune hésitation le rendu est meilleur dans le bas malgré l’abandon des gros 18 pouces. Une fois insérés, idéalement calés et fonctionnant à des niveaux raisonnables, les 18 T21 ajoutent une note physique au rendu des E15 sans pour autant dénaturer la patate et la dynamique de la boîte. Le médium est moderne, très bien projeté, dynamique et précis, ce qui donne cet effet magique au son qui vous caresse le visage au lieu de paraître sortir des boîtes avec une stéréo très large. L’aigu enfin tranche totalement avec les Y18. Là où l’ancienne boîte vedette d’Adamson était à la peine, et tout en grimpant assez haut ne donnait pas vraiment l’impression de passer les 8 kHz, la E15 envoie l’octave du dessus avec une facilité déconcertante et avec une couleur très moderne et pimpante, ce qui contribue une fois encore à élargir l’image et sortir le son de la ligne. C’est un aigu plein de peps et de personnalité tout en ayant une forte consistance et une densité proche d’une enceinte de studio, un haut du spectre dont il faudra savoir ne pas abuser. L’ensemble est plaisant, défini et surtout terriblement efficace et dynamique avec une assez nette couleur rock et « Adamson » sans pour autant que ce trait de personnalité ne soit comme par le passé trop prégnant. Une balade sur les côtés permet de constater que l’E15 ouvre large et globalement les 90° annoncés sont bien là à -6 dB, il m’a tout même semblé que le haut médium plonge avant l’aigu mais avec une décroissance très homogène, ce dernier tenant bon même légèrement au-delà de 45°. Pile dans l’axe de la chambre on ressent une certaine âpreté dans le médium et une petite bosse. Sans doute les prochaines versions des presets lisseront cela et renverront l’énergie de ce léger pic plus vers les bords qu’au centre. Poussées bien au-delà de 105 dBA, les deux lignes de dix E15 n’ont pas manifesté de signes d’essoufflement dynamique sauf peut-être un certain durcissement dans le médium mais sans trop détimbrer, pour le reste ça tape dur avec un aigu de course que les presets actuels ne retiennent pas encore assez, surtout à haut niveau. De toute évidence l’association E15 et PLM20000Q fonctionne bien. Signalons enfin que lors des balances, tous les ingés son ont émis des commentaires positifs voire élogieux tel qu’un « C’est énorme !! » de Popeye ou encore « Il faudrait que vous me donniez ça à chaque fois » du mixeur de Shaka Ponk. On les comprend !!

Les détails du projet Energia Par Didier Dal Fitto

Désireux de faire un point le plus complet possible, nous avons contacté Didier Dal Fitto, le directeur technique de DV2 qui distribue Adamson en France afin de recueillir son avis technique mais aussi commercial sur le Projet Energia.

SLU : Où en sommes-nous en nombre de boîtes en circulation en France ?

DDF : La montée en puissance du parc de E15 s’est faite par le biais de prestataires partenaires, les deux premiers ayant été MPM dans le nord et SLS dans le sud à la fin de l’année dernière, ce qui a permis à ces deux sociétés de faire tourner les premières configurations de 16 ou 24 boîtes de façon assez confidentielle. Dès le printemps Concept Audio, une troisième société cette fois-ci dans le grand ouest, a rejoint le pool de partenaires beta testeurs avec 36 E15 pendant que MPM et SLS ont augmenté leur parc ce qui fait qu’actuellement il y a environ 120 boîtes en France en comptant les 24 de démo de DV2.

SLU : Tu parles de béta testeurs. Faut-il entendre que l’E15 n’est pas encore réellement en vente ?

DDF : C’est un peu compliqué. Au départ du projet, derrière Energia se cachait une boîte, l’E15, mais aussi de l’électronique embarquée, du réseau AVB, du contrôle et le transport audio. Ce projet est en développement depuis plus de deux ans. Vraisemblablement l’électronique apparaîtra sur des produits à venir. En attendant, pour le E15, nous avons normalisé à DV2 pour la France et le Benelux un kit d’amplification et de processing basé sur le PLM20000Q.

SLU : Le E15 est donc en vente tel quel avec ses amplis Lab et pourra être retrofité avec les cartes Adamson ?

DDF : Exactement. L’E15 existera en fait en deux versions. Ce sera aux utilisateurs de faire ce choix si les amplis en développement donnent satisfaction et apportent une plus-value technique. Bien que la boîte soit très compacte l’espace pour insérer les packs d’amplis et de processing est prévu.

SLU : C’est Adamson seul qui développe cette électronique embarquée ?

DDF : Oui absolument. La société est dirigée par Brock Adamson, et c’est un homme qui a de la suite dans les idées et aime plus que tout garder la main sur la conception et la fabrication de ses produits. C’est idéal car par exemple il a développé des haut-parleurs propriétaires très novateurs, ça l’est en revanche moins en termes de temps de développement et d’acquisition de savoir-faire.

SLU : Les phases 2 et 3 risquent-elles d’être un peu retardées ?

DDF : Oui car Brock Adamson s’est attaqué à un projet ambitieux : ampli haut de gamme, processing évolué intégrant des fonctions innovantes, transport audio numérique du signal AVB, logiciel de « contrôle global » BluePrint… Cela nécessite beaucoup de temps de R&D. Il a créé une excellente boîte au niveau acoustique et mécanique que nous avons dotée de ce qu’il y a de mieux aujourd’hui sur le marché avec Lake pour le traitement du signal et Lab Gruppen pour la puissance. Ajoute le transport du signal en Dante et on est vraiment dans une configuration optimale.

SLU : Les presets sont déjà en phase 2, ça va encore évoluer ?

DDF : Oui bien sûr. Nous en avons deux à l’heure actuelle et peut être trois dans le futur, avec, comme te l’a dit Julien, un pour les petits angles et un pour les configurations plus ouvertes. Ils sont en version 2.3. Nous avons au cours de l’été, en liaison avec le Canada, fait des correctifs en bénéficiant de la très belle saison qu’ont vécu les prestataires partenaires et la variété de styles musicaux qu’ont reproduit les E15. Nous avons aussi baissé le haut du spectre car, comme tu l’as remarqué, il y en avait un peu trop, et amélioré le contrôle de la directivité dans la zone des 2 à 4 kHz. Parmi les grosses opérations, la E15 a sonorisé dans les mains d’Audiolite les Vieilles Charrues avec des lignes de 24 boîtes par côté sur la grande scène ce qui, avec des délais placés à 120 mètres, a facilement permis d’en couvrir 250. Les ingés son étaient étonnés de la qualité de ce qui leur arrivait en régie à 75 mètres de la scène !!

Bientôt une E12 et un nouveau sub

SLU : Les gros 18 pouces des Y18 c’est donc du passé ?

DDF : Oui d’autant qu’Adamson prépare pour la fin de l’année une E12. Le 18 pouces a été une piste qui a créé un système atypique même si très apprécié. Il fallait en revanche revenir vers un système plus moderne, plus compact donc le 15 pouces s’imposait de lui-même pour des raisons de taille. En autre avantage de la réduction des boîtes, on a gagné un degré en ouverture verticale. On a donc désormais 7 positions qui vont de 0 à 6° et la boîte ouvre à 6°.

SLU : Est-ce que c’est Adamson qui produit les moteurs des E15 ?

DDF : Non. C’est un tout nouveau moteur à compression de 4 pouces avec une sortie d’un pouce et demi co-développé par Adamson et Eighteen Sound, un constructeur italien montant, dynamique et très inventif, qui a travaillé sur un cahier des charges très précis. Les italiens sont très forts et fournissent près de la moitié du marché mondial des haut-parleurs en OEM !! Adamson de toute manière ne voulait plus de moteurs JBL pour diverses raisons dont la difficulté de justement faire bouger une si grosse maison afin d’apporter les modifications souhaitées. Tout est nouveau en termes de haut-parleurs dans la E15. Le 15 pouces Kevlar qui existait déjà a été adapté pour cette enceinte, le médium en 7 pouces Kevlar a été développé spécifiquement et les moteurs ont été changés. Tout a été pensé et rien n’a été emprunté au Y18.

SLU : On parle aussi d’un nouveau sub…

DDF : Oui absolument. Il viendra en complément du T21 qui est une grosse machine infra qu’on peut accrocher mais qui est le plus souvent au sol car très lourde. Il sera beaucoup plus petit et léger et donc fait pour être accroché et très complémentaire de la gamme E.

SLU : Peut-on dire que l’E15 est officiellement en vente ?

DDF : Oui, et pour encore enfoncer le clou, nous allons organiser fin septembre une présentation officielle durant deux ou trois jours avec une écoute du système tout près de chez nous au Galaxie d’Amneville. Ce sera d’une certaine manière le point d’orgue et l’an zéro de l’E15 avec une boîte parfaitement finalisée et des blocs de puissance standard et par ailleurs identiques chez tous les prestataires déjà équipés.

SLU : Est-ce que la gamme Y va continuer en parallèle aux E ?

DDF : Les Y18 et 10 vont continuer à vivre leur vie. Même si ce sont des systèmes en quelque sorte âgés, ils jouissent d’une bonne cote et d’une bonne valeur sur le marché de l’occasion. A terme ils seront discontinués, sans doute le Y18 avant le Y10 qui n’a pas encore de remplaçant officiel. Il faut savoir aussi que nous sommes parfaitement en phase avec notre temps et l’économie mondiale, le système E15 coûte moins cher que le Y18, ce qui prouve la bonne approche industrielle d’Adamson et la maîtrise de ses coûts de fabrication. On est en gros à 10% moins cher.

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