

Après une mise en bouche ”produit” avec nos impressions sur le système Leo, dernier né de Meyer Sound, place maintenant aux hommes sans qui ces boîtes seraient muettes : Jean-Marc Hauser au mix façade, Wilfried Mautret au système et Freddy Demanne en super assistant. N’oublions pas non plus Xavier Gendron et Sébastien Rouget, aux retours, que nous avons délaissés faute de temps, certainement pas faute d’envie.
Réputé peu bavard, c’est pourtant un Jean-Marc Hauser de compétition (et avec la puissance de feu d’un croiseur NDR) qui nous a accueilli aussi peu stressé que son artiste malgré le fait de jouer à Paris devant un parterre de VIP à vous paralyser la plus endurcie des équipes. Face à tant de bonne volonté, nous avons lâché les chevaux !
Avec un minimum d’effets
SLU : T’es pas un féroce au niveau des effets, la voix de Michel est très belle mais tes racks sont pourtant bien vides…
Jean-Marc Hauser : Y’a juste un Chandler LTD1 qui apporte sa couleur et prolonge chaque vibration de corde vocale par une harmonique, comme une sorte de Larsen qui n’en est pas mais donne beaucoup de relief et de présence, suivi par un Distressor dont je me sers très légèrement en termes de réduction de gain (un taux de 2:1 NDR). Disons que j’arrondis les angles (rires !). Pour la voix de Michel il ne faut rien de plus. Pour les effets je me contente ponctuellement de quelques réverbérations générées par la console elle-même et de la réverbération naturelle de la salle sauf dans certaines comme par exemple Pau. Au pire je prends une PCM80. Je ne coûte pas cher en périphériques !

SLU : Ta façon de travailler avec très peu d’effets est habituelle chez toi ?
Jean-Marc Hauser : Y’a 15 ans, j’en mettais des tonnes comme tout le monde. Je partais avec des racks bien pleins et puis les salles m’ont vite calmé. Je viens du studio donc les conditions d’écoute ne sont pas les mêmes.
Bien entendu avec certains groupes, il faut utiliser des effets. Je pense par exemple à Archive dont la musique en regorge. J’ai été voir Philippe Dubiche qui mixe ce groupe, et j’ai vu comment il bosse.
Dans le cas de Sardou, c’est de la variété donc le son doit être avant tout pur et compréhensible.
SLU : Je ne vois pas non plus beaucoup de diodes rouges sur la Vi au rayon ”dynamics”.
Jean-Marc Hauser : La dynamique est très libre. Je compresse un peu la basse, les chœurs pour les aligner et le piano ; quasiment tout le reste est libre.. Je ”gate” un peu la grosse caisse et les toms.
Je n’aime pas non plus les plugs. A Bercy on a déjà tellement d’éléments perturbateurs et qui colorent le son que je vais à l’essentiel.
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Mr Décapitator

SLU : Ton truc c’est l’égalisation ?
Jean-Marc Hauser : Oui, je taille à mort, c’est ma façon de bosser et j’ai toujours fonctionné ainsi. Ça te permet de ne pas mettre plein d’effets car le son est plus étagé et chaque instrument trouve sa place.
Sur la voix de Michel j’ai un coupe-bas à 195 Hz, puis j’enlève 9 dB à 250 Hz, 10 dB à 631 Hz, 12 dB à 2,7 kHz et 8 dB à 5 kHz.
Je suis Monsieur Jetaille ou Décapitator. C’est mon métier (rires) ! J’agis de la même façon en studio. Je perds fatalement du niveau mais ce n’est pas grave, de nos jours ça se rattrape. Ce qui compte c’est que ça soit cohérent à la fin. Il ne faut pas avoir peur de détruire pour reconstruire. Je ne dis pas que j’ai raison et que c’est la seule façon de bosser. Pas plus tard que cet été, j’ai vu aux Vieilles Charrues l’ingé de Sting. Il n’a pas touché aux EQ’s de sa Studer. Il a juste égalisé la façade, ”one, two, one two” et enclenché les coupe-bas sur quelques tranches. Appelons-ça du travail à l’ancienne.
SLU : Il faut quand même que les sources soient bonnes, que tu choisisses pile-poil tes micros et que tu puisses bien les placer…
Jean-Marc Hauser : Il faut que les sources soient clean, shit in, shit out (rires !).
Tout faire au SM 57 ?
SLU : Au niveau de ton repiquage, y’a des micros originaux ou bien t’es de la famille ”je pourrais tout faire en SM57” ?
Jean-Marc Hauser : Je pourrais tout faire en SM57. Globalement je me satisfais de tout et par exemple sur la ”ride” j’ai un SM57. J’adore ! Je ne veux pas avoir un truc fin, je veux un son clean et qui ne pisse pas.
Mon père est batteur de jazz donc la ride et la batterie en général, je sais comment la repiquer. Pour rebondir sur ce qu’on disait avant, je sais la prendre quand j’ai un bon batteur avec un joli son, et nos backliners font du très bon boulot. Enfin on a de très bons rapports avec les musiciens, donc on dialogue avec eux sur tout ce qui peut nous gêner et on corrige.
SLU : On va faire un tour sur scène voir ce que tu utilises comme capteurs ?
Jean-Marc Hauser : Pour Michel on a un émetteur de la famille 5000 avec une tête cardio Neumann 104, mieux que la 105. Non, ce que j’aime avant tout ce sont les micros sur le piano…
SLU : …Sur le piano ? Mais il n’est pas…
Jean-Marc Hauser : (mort de rire NDC) Mais oui, ce sont des DI, il est vide ! C’est le genre d’ânerie que j’adore, ”j’ai les micros du piano qui soufflent !” Sur les toms je me sers de Beyer et dans la grosse caisse j’ai un N/D868 ElectroVoice, un micro que j’ai découvert aux USA il y a une dizaine d’années, et que je place assez haut dans le fut, plus un Beta 91 posé à l’intérieur. Je mélange constamment les deux, et je les recale avec un petit délai très court pour les mettre en phase.
SLU : A moins que tu veuilles au contraire jouer sur les trous…
Jean-Marc Hauser : Ahh oui mais non, ce n’est vraiment pas bien. On a essayé pour cette tournée, et ça ne rend pas du tout. Ça m’arrive avec d’autres batteurs de mettre un Beta 52 et de le laisser hors phase avec l’autre micro. Tout dépend du son de la batterie. Pour Sardou j’ai opté pour un micro un peu plus dur. Le 868 ressemble à un vieux D12. Il a la même philosophie et se révèle assez polyvalent. Sur la charley je ne sais plus trop ce que j’ai, c’est un statique mais bon, un 57 ferait aussi bien l’affaire.
SLU : Tu m’as dit ne pas être un fan d’aigu mais quand on regarde ce que tu sors dans le Flux, ça reste droit jusqu’à 20 kHz !
Jean-Marc Hauser : Ahh ça c’est la console. Si on était avec une H3000, ça serait différent. Je l’aime bien la Vi6, elle envoie et elle va bien avec le Leo car elle est assez droite.
SLU : Comment arrives-tu à avoir ce grain sur Michel sans avoir de sifflantes.
Jean-Marc Hauser : Je n’aime pas les dé-esseurs, ça fait faire des ”cheus” à tout le monde. Michel n’en a pas besoin mais ça dépend des artistes. Sur quelqu’un d’autre ça pourrait se révéler indispensable.
SLU : Le micro aussi fait un sacré boulot…
Jean-Marc Hauser : Oui mais bon, un SM58 ça irait aussi bien. C’est certain que la tête 104 sur l’émetteur Sennheiser ça fonctionne, mais ça me ramasse beaucoup d’ambiance. J’ai un super aigu sur sa voix mais aussi les cymbales et la charley ! L’artiste est habitué à ce combo ; l’ensemble n’est pas lourd et il s’en sert très bien car il module et joue avec la distance entre bouche et capteur. Il a aussi un grain et un bas, un coffre très intéressant et qui ressort bien.
SLU : Je vois que tu emploies un octuple préampli Aphex 1788A.
Jean-Marc Hauser : C’est un super préampli. Je m’en sers avec les Stentors car je n’avais pas assez d’entrées sur la Vi. Il est terrible, c’est un des meilleurs préamplis qui existent. Il a une patate monstrueuse.
SLU : La voix de Michel passe dedans ou juste dans le Chandler…
Jean-Marc Hauser : Juste le Chandler, et puis tu sais, dans une salle comme Bercy, la différence se mesure sans doute mais ne s’entend pas vraiment. C’est comme avec les préamplis de la Studer ou de la Vi. Si tu analyses, tu verras une différence mais quand tu mets une voix dedans et la passes dans une salle…
SLU : L’intelligibilité des textes est en tous cas très bonne.
Jean-Marc Hauser : Comprendre les paroles c’est un peu pour ça qu’on m’embauche ! On va dire que c’est quelque part ma spécialité. Il y a des artistes qui sont plus difficiles que d’autres dans leur chant, je pense à Eddy Mitchell dont j’ai fait la façade. Avoir beaucoup travaillé en studio et fait des disques me rend sans doute plus exigeant, et puis de toi à moi, quand on ne comprend pas ça m’ennuie ! (rires !) Enfin cette année on m’a demandé de travailler un son moins rock et « en dedans » en retenant un peu les guitares ; la voix en bénéficie. J’ai quand même gardé de l’énergie sur la batterie (on confirme NDR !)

SLU : Cette énergie et cette belle couleur rock sont aussi dues au Leo ?
Jean-Marc Hauser : Oui, la batterie sonne bien dans ce système. La grosse caisse, les toms, il y a un truc qui se passe. Dans le Milo, il n’y a pas cette dynamique. C’est un peu ce qui lui manque et pourtant j’adore cette boîte.
SLU : Michel chante avec des ears monitors. Est-ce que cela a changé ta manière de travailler ?
Jean-Marc Hauser : Non, pas vraiment. L’avantage que je vois à ce mode de retours est que je ne gêne pas l’artiste avec ce que je fais et qu’il n’a pas les retours de la salle qui lui pourrissent la vie. La variabilité de salle en salle ennuie tous les chanteurs et beaucoup passent aux ears pour cette raison.
Je pense aussi que la façon de chanter de Michel n’a pas changé, car il y a Xaxa (Xavier Gendron NDR) derrière qui mixe les ears comme des wedges.
Si tu envoies quelque chose de trop clean, de trop parfait, ça ne joue ni ne chante plus. Quand sur scène c’est trop compressé, personne ne fait plus gaffe à son niveau. J’ai parfois du mal à communiquer avec des confrères qui font du son de face ou du disque dans les oreilles des musiciens parce que du coup ils ne contrôlent plus. Ils peuvent y aller fort ou ne rien donner, c’est toujours pareil, donc ce qui arrive à la façade est décousu et parfois incontrôlable.
J’aime bien Xavier et Seb Rouget car ils bossent ”wedge” et se servent peu des mémoires de leur table donc le mec qui n’envoie pas s’en rend compte tout de suite. Trop de confort, ce n’est pas bon !
Des gens comme Andy Scott ou Yves Jaget, qui compressent beaucoup s’y retrouvent peut être ; leur philosophie en façade se rapproche de celle de certains confrères dans les retours. Moi je préfère plus d’air à la face comme dans les oreilles (Yves est attentif à ne pas trop gâter les artistes, cf « Christophe Willem en tournée » sur ce même site. NDR).
Demande de dynamique et d’énergie

SLU : Tu as l’habitude d’avoir une bonne écoute en studio. Sur scène qu’est-ce que tu demandes ? Le système est réglé pour la salle ?
Jean-Marc Hauser : Non, le système est réglé pour me faire plaisir mais je vais dans le sens du système. Je laisse faire les réglages et je fais du son après. Le calage doit être au top du système et de ce qu’on peut faire dans une salle, après je demanderai quelques légères adaptations par rapport à ma base de mix. J’aime avoir un système full range et pas traité, avec lequel je puisse faire ce que je veux. C’est pour ça que j’aime bien bosser avec du Meyer. Ce n’est peut-être pas le plus fin ou le meilleur dans l’absolu, mais ce que je veux c’est de l’énergie, et c’est ce qui différencie l’écoute en salle de l’écoute en studio où l’on recherche finesse et précision.
SLU : Le choix de la console est dû au style musical ?
Jean-Marc Hauser : Oui, pour de la variété j’aime bien une numérique qui a ses avantages, mais dès que je fais du rock, je reviens à une analogique comme la H3000 qui est plus simple, plus immédiate et sonnera un poil moins dynamique et plus chaleureux, exactement ce qu’il faut pour ce genre musical. Pour Sardou la Vi6 convient très bien car j’automatise certaines égalisations liées au changement d’instrument sur une même tranche. Un coup j’ai un piano (moche NDR), un autre des cordes, après c’est un orgue, puis à nouveau le piano. Dans ce cas il faut une numérique. La Vi6 en plus est simple, et me permet de m’en servir un peu comme une analogique. Je tiens compte aussi du système de diffusion que je vais utiliser pour choisir ma table. Si je suis accueilli quelque part et que j’arrive sans rien, s’il y a du L Acoustics ou du d&b, je vais plutôt prendre une PM3500. Cela dit, j’ai déjà fait des concerts avec une 02R ou une Venice. Il faut s’adapter à tout. Ce qui est certain c’est que je fais un son adapté au live. Si tu enregistres et réécoutes hors contexte mon droite/gauche, ça ne va pas être terrible.
SLU : Comment fais-tu alors quand tu répètes une tournée ?
Jean-Marc Hauser : Quand on travaille en studio, j’écoute, je fais mon patch mais je ne mixe pas. J’attends la première résidence dans une vraie salle pour le faire. Je travaille avec la philosophie d’un système. Si tu recherches la perfection et essaies de retrouver ce que t’as dans ton casque, tu vas perdre des heures et pourrir tes boîtes, en taillant dedans comme un porc.
SLU : Tu as quand même fait quelques retouches à Bercy.
Jean-Marc Hauser : Oui, c’est normal, certaines sont dues au système lui-même et d’autres à la salle, mais j’essaie de ne pas trop intervenir sinon il n’y a plus d’énergie. Je taille en amont dans ma console. Ce boulot me revient, et chaque salle implique certains changements. Tous les jours je demande une balance avec les musiciens pour avoir la bonne couleur. Mon mix n’est pas figé.

SLU : Tu n’es pas un adepte du virtual sound check ?
Jean-Marc Hauser : Si bien sûr, si c’est possible, c’est aussi bien. J’ai aussi quelques titres à moi mais très peu. Je les écoute juste pour avoir un repère, pas pour tout changer. En festival c’est pareil, j’écoute le rendu général et je m’adapte. Je ne vais pas tenter de faire tout changer pour moi en faisant ma diva, même quand il m’arrive de tomber sur des gars pas au top. Je trouve que c’est génial d’arriver à tirer du beurre d’un truc bancal, en tous cas du beurre rance parce que parfois on ne peut pas faire autrement (rires !).
SLU : Comment trouves-tu le Leo au bout de quelques dates ?
Jean-Marc Hauser : Je connais bien le M3D et le Milo, je m’en sers depuis 10 ans. Le Leo a beaucoup plus de dynamique, une image impressionnante, une belle linéarité et une grosse couverture. N’oublions pas non plus qu’il envoie car nous tournons à 12 boîtes par côté, ce qui pour une salle comme Bercy paraît juste. 16 par côté, comme on fait avec les M3D, ce serait bien. Le sub 1100 aussi donne bien car il me rappelle le 650…
SLU : Sous stéroïdes !
Jean-Marc Hauser : (rires) Oui ! A l’époque où l’on avait du V-Dosc et que ses presets n’étaient pas encore au point, on utilisait des 650 car je n’arrivais pas à me servir des SB 218 !
Les rites de passage du studio au live
SLU : A propos d’époque, quand tu es arrivé dans le petit monde du son live, comment as-tu été accueilli ?
Jean-Marc Hauser : Ils m’ont bien tailladé jusqu’au moment où je me suis rebellé et j’ai remis les pendules à l’heure. Quand tu sors du studio, tu ne sais pas trop faire ça alors j’ai appris…
SLU : Comment es-tu arrivé du studio à la scène ?
Jean-Marc Hauser : Un peu par hasard. J’ai travaillé dix ans en studio avec Laurent Voulzy dont le producteur à l’époque était Claude Wild. On s’entendait bien avec Claude. Je venais de mixer l’album de Laurent et de dépanner Claude pour son fils alors, en 97, il m’a dit tout de go : « tu feras Eddy Mitchell ». Ce à quoi j’ai répondu « non, je ne ferai jamais Eddy Mitchell ». J’ai fini par dire que j’acceptais mais à condition d’être bien assisté, et c’est à cette occasion que j’ai connu Freddy (Demannes NDR) et Tristan Devaux qui sonorisait beaucoup de jazz et connaissait le truc. On a tourné ensemble en MSL4 puis en V-Dosc. J’avais déjà fait un peu de live mais c’était des soirées hard rock au Gibus pour dépanner le mec de Hard Rock magazine ! J’avais deux spécialités, Voulzy et le métal (rires !)
SLU : Tu ne fais plus du rock ?
Jean-Marc Hauser : Non, les rockeurs ne veulent plus de moi car il parait que je suis trop connoté variet’. En revanche Sardou me prend car je fais du rock ! Je suis avec lui depuis 2004 !
Wilfried roule sa bosse dans le grave
Toujours aussi accessible et précis dans ses propos, Wilfried Mautret a volontiers pris la suite de Jean-Marc pour nous parler plus de gamelles et moins de consoles, avec une sérénité de vieux briscard. Pourtant, ni l’artiste, ni la marque d’enceintes, ni le prestataire ne sont de petit calibre…
SLU : Je pense qu’on a une bosse dans le grave vers le tiers de la salle que ce soit à l’orchestre ou en grimpant dans les sièges latéraux.

Wilfried Mautret : J’ai pourtant déjà taillé pas mal les Milo. C’est le Leo qui envoie fort dans le bas. Il faudrait encore écarter les deux lignes pour avoir un son plus diffus.
SLU : Oui mais tu as déjà dû remplir le centre avec des petits rappels en Mina.
Wilfried Mautret : J’aurais pu faire autrement simplement avec des JM1P ou des MSL pour déboucher devant, mais comme la scène doit être parfaitement dégagée, j’ai utilisé les Mina en accroche centrale, en lip et en front, cachées derrière des projos. Des MSL4 auraient mieux raccordé de par leur rendu plus rauque, chaud et chargé en bas médium.

Les Mina marchent très bien mais on ne peut pas non plus leur demander, avec des 6,5 pouces, de faire le même bas que les Leo qui ont des 15” (rires !). Enfin on a essayé de ne pas trop agresser les gens des premiers rangs. Ce n’est pas un concert de rock !
SLU : Ton antenne de subs placée très haut à cause des lumières est piquée vers le bas ?
Wilfried Mautret : Oui, électriquement via quelques délais très courts, et comme tu l’as vu, elle est cardioïde. C’est la première fois que je fais ce montage mais je dois dire que je suis très agréablement surpris par le résultat. La propagation est presque déroutante. Le manque d’interférences est flagrant.
Bien sûr il y a des endroits où il y a un peu trop de bas mais le son n’est qu’un compromis, et dans ce cas, tailler ne résout rien.
Certaines hauteurs par exemple sont des compromis pour satisfaire tout le monde. Le bas de mes lignes doit être à 10 mètres pour ne pas boucher la vue aux gradins latéraux où prennent place les invités, mais dans l’ensemble je ne me plains pas, on est très bien servi sur cette tournée. Bien sûr l’idéal serait d’avoir 16 Leo par ligne et faire les latéraux avec la même référence d’enceinte…(le Père Noël se repose quelques jours, il vient de finir une grosse tournée, mais je vais lui en parler ! NDR )
SLU : Tu coupes à combien entre têtes et subs ?
Wilfried Mautret : Tu oublies que c’est du Meyer (rires). Tout est fait, si je puis dire, en usine. Le Leo coupe à 60 Hz tout seul. Nous n’intégrons de notre côté aucun filtre.
SLU : Tu as un preset pour ce type de montage cardio ?
Wilfried Mautret: Ah non, pas du tout. Tu prends ton MAPP Online et tu simules. Meyer commence simplement à introduire des réglages dans le Callisto pour que les courbes de phase correspondent bien entre leurs enceintes, et que le raccord soit le plus simple possible. Ils recherchent la cohérence dans le grave lorsque tu mélanges leurs gammes. Ça s’appelle le Delay Integration. On peut aussi maintenant corriger chaque sortie. Le U-Shaping remplace le True Shaping du Galileo, et ce de manière beaucoup plus fine qu’avant. On dispose pour cela de 4 bandes avec la possibilité d’avoir une pente asymétrique entre 6 dB/oct et 12, 18, 24, 30, 36 et 48 dB/oct.
”Leo rétrécit les distances”
SLU : T’en penses quoi du Leo.
Wilfried Mautret : Je suis étonné par la propagation du son. On a fait Bruxelles et jamais je n’avais eu un tel rendu tout là-haut, quelle que soit la solution retenue. Forest n’est pas un lieu facile, mais avec Jean-Marc on a eu le sentiment que la salle avait rétréci en profondeur et qu’on était plus près des boites que d’habitude. Je ressens la même chose ici à Bercy alors même qu’on est à 55 mètres du système. J’ai l’impression d’être comme au Zénith de Paris. Je trouve que, d’une certaine manière, le Leo rétrécit les distances et n’excite pas trop la salle.
Ce ne sont bien sur que mes premières impressions, nous utilisons le Leo que pour la 7e fois ce soir. Je t’en dirai plus quand je l’aurai écouté en plus petit nombre et dans d’autres salles.
Avoir la fibre pour garder le contrôle

SLU : Comment transportes-tu le signal vers les boîtes ?
Wilfried Mautret : Je sors de mon ”stage rack” à cour, et j’attaque un Galileo en AES qui distribue toujours en AES vers 4 Callisto, deux à cour et deux à jardin, et ce sont ces derniers qui convertissent en analogique pour les diverses enceintes. Comme la régie est assez loin des processeurs, nous avons tiré une fibre avec un FANMux pour avoir la main sur les machines et les boîtes. Le trajet est très long, et du simple CAT5 aurait été limite. Le touret de fibre fait 150 mètres, et il n’en reste pas beaucoup. La Vi6 communique aussi en fibre avec le stage car la limite est de 80 mètres en CAT5.
SLU : Vous avez, du fait des 3 tables différentes, un split à l’ancienne…
Wilfried Mautret : Oui, une entrée et trois sorties, une avant transfo pour l’alim fantôme et deux après. C’est du Jensen.
SLU : Seb (Sébastien Rouget NDR) qui mixe les retours des musiciens, travaille sur une XL8. Vous auriez pu vous raccorder simplement sur les sorties de ses préamplis DL431 !
Wilfried Mautret : On pourrait, on pourrait…Mais on n’aurait plus la main sur le gain. On pourrait aussi partager les préamplis de la Vista de Xaxa (Xavier Gendron NDR) ou ceux de Jean-Marc, mais une fois encore, nous avons préféré cette solution qui est plus complexe mais aussi plus fiable.
Si tous les gars du monde…
SLU : Quand avez-vous su que vous alliez avoir du Leo ?
Jean-Marc Hauser : On pensait repartir avec Michel en Milo. Nous avons été conviés à une démo dans le nouveau studio chez Dushow et nous avons écouté un système venu spécialement d’Europe du nord. On nous a proposé de rentrer 24 boîtes. Comme ce système nous a bottés, on a dit banco !
Je suis en tous cas ravi que Dushow nous ait accordé sa confiance pour tester le Léo, d’autant qu’on a eu quelques pointures pour nous aider à le monter ici à Paris. Je pense à David Homer et Typat (Patrick Passerel NDR). À quatre avec Freddy cela a été du gâteau, à plus forte raison qu’on ne se cache rien et qu’on se file toujours nos plans et des coups de main. Pas plus tard qu’hier, j’ai envoyé les images de la config à Bellote. On peut avoir des marques préférées, mais on avance tous dans la même direction. Et si demain je dois accrocher du JBL ou du E15, je le ferai avec plaisir. Chaque système a ses avantages et il faut donc avoir l’esprit ouvert et être prêt à répondre à n’importe quelle demande.
SLU : Wilfried, avec Jean-Marc, ça se passe comment ?
Wilfried Mautret : Super bien, c’est mon mentor, et on se dit tout très librement. Si par exemple à un moment il chargeait l’aigu au risque de faire écrêter les amplis, je le lui dirais et il réagirait sans se poser mille questions. Il sait que si je lui demande quelque chose ce n’est pas pour l’embêter ou me faire briller.
On a tous le même but. La force de Jean-Marc c’est aussi de mixer en donnant de la place à chaque instrument par le biais de ses corrections, tout en construisant un mix cohérent. Quand tu veux isoler un instrument dans son mix, tu y parviens parfaitement, mais dès que tu prends du recul, tu retrouves l’ensemble. C’est certain que quand tu écoutes son mix à la maison, cela fait assez drôle et ne sonne pas comme un disque mais c’est voulu, il travaille avec ce qu’il a et pour ce qu’il a en face de lui. Il n’est pas du genre à trouver son mix mortel en râlant sur les autres s’il ne sonne pas.
L’écoute
La transition est toute trouvée. Je suis d’accord avec Wilfried, le travail de Jean-Marc est aussi épuré que précis et riche, malgré une quasi absence d’effets, et convient très bien au style voulu pour cette tournée.
La batterie est massive et très présente, quasiment sans compression, et laisse avec les autres instruments parfaitement la place à la voix de Michel Sardou.
La caisse claire est remarquable, et son rendu en salle serait presque à sampler tellement il est juste.
Le grave est bien exploité avec un contour raisonnable ne venant pas ralentir ou trop prolonger les frappes.
L’ensemble est épais et cogne, avec une grosse dynamique totalement sous contrôle grâce aux musiciens et à l’artiste tout en maitrise, mais aussi grâce au travail de Jean-Marc qui ne quitte pas ses groupes et réagit au doigt et..au doigt dès que cet équilibre est menacé. L’idéal.
On a beau connaître les textes des chansons par cœur, l’intelligibilité n’en est pas moins totale, l’effet de la couleur du Leo dans le bas mid et médium qui prolonge naturellement la clarté de la tête Neumann bien travaillée dans le Chandler et le Distressor.
Quelques bruits de vent courts sur patte trahissent le jeu de l’artiste avec son capteur et son plaisir à aller chercher du grain une fois sa voix en température, quatre chansons tout au plus le soir de notre visite.
La répartition du grave dans la salle paraît maitrisée grâce au point unique d’émission cardioïde de l’infra, si ce n’est que le Leo envoie aussi beaucoup d’énergie ce qui créé, à environ 30 mètres face à chaque ligne, une zone où le couplage assez souple entre les 1100 et les Leo charge le bas. Il suffit de sortir de l’axe des lignes pour retrouver une balance tonale beaucoup plus juste.
Comme déjà précisé dans notre précédent article, le raccord entre les Leo et les Mica ne marche pas trop, non que cette dernière boîte ne soit pas de bonne qualité, mais le saut générationnel, la couleur chaleureuse et timbrée et la réserve dynamique du Leo, rendent les Mica d’une platitude que même la plus virulente des égalisations ne rattrapera pas.
Il en va de même avec le Milo même si la puissance de cette boîte est supérieure. Le médium et le haut du spectre, mais aussi la dynamique et la projection du son sont franchement différents. La faute en revient au Leo et sans doute un peu aussi au fait que le principe même d’un filtrage fermé à la Meyer rend difficile la cohabitation de ce nouveau gros cogneur avec ses prédécesseurs.
Quoi qu’il en soit, son association avec le son de Jean-Marc Hauser est une réussite et devrait assurer sa promotion tout au long de la tournée de Sardou en 2013.
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