Le Briteq BTI Blizzard BSW2 testé en live par Jocelyn Morel

Lorsqu’on tourne avec des Artistes, suivant les versions d’un spectacle, on est parfois en tournée avec notre propre matériel provenant d’un loueur, ou parfois lorsqu’on fait des sessions dans des salles plus intimistes, on est souvent amené à travailler « accueilli », c’est-à-dire avec matériel fourni sur place par les prestataires locaux ou par les salles, et correspondant à une demande assez précise sur fiche technique.


Tournée Unplugged’N Roll de Jean-Baptiste Guégan.

C’est le cas pour moi cette année puisque je travaille en ce moment sur une version « Unplugged’N Roll » d’une soixantaine de dates de concerts de Jean-Baptiste Guégan, destinée tout spécialement a des jauges plus petites que celles dont on a l’habitude.
Dans ce type de configuration, on est amené à nous proposer assez souvent des machines assez diverses, tant qu’elles répondent à l’équivalence de ce qu’on demande sur notre fiche technique. Et bien souvent, ce genre d’exercice peut nous réserver d’excellentes surprises (comme parfois des mauvaises…).


Tournée Unplugged’N Roll de Jean-Baptiste Guégan.

De nombreux fabricants et marques proposent aujourd’hui des appareils tout à fait sympas, voire parfois fantastiques. Certains sur le marché « prémium », sont destinés quasi exclusivement à satisfaire le très haut standard professionnel. D’autres, sur des marchés intermédiaires, répondent aux besoins de prestations et d’utilisateurs dont le modèle économique est parfois plus serré, mais avec une exigence de qualité.

Si l’offre de produits « low cost » est assez pléthorique, surtout depuis l’explosion de la vente en ligne, la qualité des appareils qu’on y trouve n’est en rapport qu’avec leur prix… Ce qui est formidable sur le papier ne pourra au mieux que servir à contenter quelques activités peu soucieuses et peu conscientes de la moindre exigence en matière de lumière…
Il existe fort heureusement certaines marques qui proposent des produits tout à fait intéressants, ne proposant pas, bien entendu, des performances égales à des machines « prémium », mais capable d’offrir une alternative raisonnable et efficace (voir très efficace) pour de la prestation professionnelle là où une maîtrise de budget est économiquement nécessaire.
Je suis très vigilant sur les matériels qu’on me propose, car en tant qu’éclairagiste pour un Artiste, je suis en quelque sorte « dépositaire » et responsable de ce qui va être vu par le public lors de la représentation. Une production, un artiste, a donc validé l’aspect visuel qu’on doit fournir sur chaque concert et c’est à moi de le « garantir ». C’est mon premier travail d’éclairagiste en tournée.


Tournée Unplugged’N Roll de Jean-Baptiste Guégan.

Je vais ici vous parler d’une machine que j’ai pu utiliser récemment lors d’un concert. Elle fait partie des bonnes surprises dont on peut disposer. La machine en question est de la marque Briteq. C’est une marque que je connais depuis un certain nombre d’années, notamment pour sa capacité à fournir certains produits économiques souvent efficients et professionnels pour les prestataires et installateurs. Si certaines marques me font « peur » quand on me propose des références, J’y vais à tâtons en passant du temps pour connaître les réelles capacités de ce qu’on me propose avant d’accepter (ou de refuser dans certains cas.)


Tournée Unplugged’N Roll de Jean-Baptiste Guégan

« S’adapter » signifie « trouver des solutions d’équivalence », pas « faire avec n’importe quoi. » Avec Briteq, c’est loin d’être le cas. Je connais le sérieux de la maison. J’ai donc pu avoir (et en avant-première) un produit qui a été présenté lors des derniers JTSE sur le stand Briteq / Hit Music : le BTI Blizzard BSW2.



Sous ce nom barbare et impossible se cache un joli bébé, un projecteur asservi à leds de type Spot / Beam avec moteur de leds blanches de 450 Watts, et classé IP65.

BTI-BLIZZARD-BSW2

J’avais pu en parler avec les gens de Briteq sur leur stand des JTSE, aucune démonstration n’était vraiment proposée, mais ses caractéristiques m’ont semblé intéressantes.

Lorsque la possibilité de les tester « en live » lors d’une date dans les Hauts de France s’est présentée, je l’ai saisie, vu que les caractéristiques de l’engin se prêtaient parfaitement à mes besoins.

La machine se présente sous la forme d’une belle lyre de type « spot ». Elle peut proposer aussi de faire du « Beam » car son zoom de belle amplitude permet de serrer le faisceau jusqu’à 3°. Son zoom maximum de 30° n’est pas forcément aussi large que sur certaines machines de très haut standard professionnel, mais on dépasse largement la plupart de ce qui se fait sur des machines économiques.


Tournée Unplugged’N Roll de Jean-Baptiste Guégan

Le BTI Blizzard BSW2 (désolé pour le nom, ce n’est pas moi qui l’ai choisi…) est également présenté comme pouvant servir de projecteur « wash ». Heu alors… Bon… Là, non… Il est présenté comme un wash parce qu’il a un filtre frost… J’ai essayé la chose un peu dans tous les sens… Il s’agit d’un faisceau spot, avec un frost… ni plus ni moins.

Un frost efficace et très sympa, mais il faut arrêter de considérer que l’ajout d’un frost transforme un faisceau « spot » en faisceau « wash » ça n’a rien à voir… (et en plus on s’en moque car ces projecteurs étant complémentaires, dans 98 % des cas, on a quasiment toujours besoin des deux, et certainement pas de l’un à la place de l’autre !)

Mais ça ne rend pas ce sympathique projecteur moins efficace pour autant. C’est un excellent petit Spot/Beam. Et quand je dis « petit » ça n’est pas péjoratif, il est plutôt compact. Sa source LED de 450 W le place dans la catégorie des « petits » projecteurs (la gamme habituelle des projecteurs spot à LED pro s’étale d’environ 300 W jusqu’à 1 250 W) mais tout comme l’ensemble de ce qui se fait sur le marché, il bénéficie des avancées considérables qui ont été faites en matière d’optique, et son flux lumineux le placera d’emblée dans la cour des projecteurs « qui envoient du steak ».


Tournée Unplugged’N Roll de Jean-Baptiste Guégan.

Le fait qu’il soit IP répond à une préoccupation assez prédominante du marché qui est celle, d’une part, de l’étanchéité pour un usage extérieur en toute quiétude, et d’autre part, celle d’un entretien simplifié au minimum… De nombreux prestataires, et au plus haut niveau, s’équipent en lyres IP qui leur permettent de s’affranchir des nombreux nettoyages… Exit les sessions de passages de soufflette, de chiffons, et de cotons-tiges pour redonner de la lumière à des machines remplies de poussières et de crasse en tous genres…

Les couleurs sont très belles, les teintes sont précises, les pastels sont particulièrement nickels. J’utilise pas mal de teintes un peu « difficiles » pour les trichromies, comme certaines déclinaisons de CTO et d’ambrés, certains lavender un peu pâles, et je dois dire que mes attentes ont été comblées.
Ayant eu ici des modèles de présérie, j’ai pu voir de légers paliers dans les transitions de la couleur, venant a priori d’un software qui demande encore certaines écritures dans les semaines à venir, mais rien d’alarmant. Nous étions 3 techniciens dans la salle à nous en rendre compte. Le public n’a strictement rien remarqué.


Le kit de gobos tournants est très intéressant et varié. Les gobos fixes sont plutôt destinés à sculpter le faisceau en mode « Beam » mais peuvent se combiner parfois avec bonheur aux gobos tournants. La roue d’animation quand a elle est vraiment sympathique, créant un effet de passoire à rotation infinie vraiment intéressant. Bien plus intéressant par exemple que des stries continues mais qui ne peuvent fonctionner qu’à la verticale.
Le flux de lumière est chouette, ce projecteur a une vraie belle « patate ». Nous étions dans une salle assez petite, mais ses qualités le rendront parfaitement à l’aise dans des volumes plus grands.

Il serait injuste de dire qu’il équivaut en tout point à certaines machines du marché « prémium » dont l’ensemble des éléments (optiques, software, lumière, etc.) sont évidemment bien plus aboutis et technologiquement plus pointus. Il n’en demeure pas moins que ce BTI Blizzard BSW2 est aujourd’hui sur le marché et qu’il constitue une alternative économique très intéressante pour ceux qui veulent s’équiper en machine professionnelle.
Capable de répondre aux attentes d’éclairagistes exigeants. Il aura vraisemblablement une place méritée dans les parcs de location, et sera fort bien accueilli par les utilisateurs, même ceux qui peuvent être sceptiques quant à l’utilisation de marques qui sortent des quelques grands standards du marché, pour peu qu’ils se donnent la peine de l’essayer.

 

Crédits -

Texte & photos : Jocelyn Morel

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