Scenotek réalise une salle d’expo pour la Caverne du Dragon

À l’extérieur du centre d’accueil, la campagne environnante givrée et brumeuse en ce début janvier rappelle les conditions terribles endurées par les poilus durant la grande guerre.

On l’imagine mal, mais les hauts lieux de la Grande Guerre drainent des foules importantes de touristes, notamment venus des pays frontaliers. C’est le cas du Chemin des Dames, et plus particulièrement de la Caverne du Dragon (Drachenhölle), située au sud du Département de l’Aisne, qui a connu un afflux important entre les deux vagues de Covid-19.

Ne disposant pas de salle pour ses expositions temporaires, le Conseil général de l’Aisne a souhaité y remédier, ce qui sera bientôt accompli avec l’aide de la société Scenotek. Scenotek est un jeune prestataire local, fondé en 2018 par Sébastien Morin, qui s’était déjà illustré en créant Avant-Scènes.

Tout comme dans le projet d’envergure qu’il a accompli pour le compte du Crédit Agricole dans la banlieue rémoise, il lui a fallu composer avec la difficulté de créer une salle extrêmement polyvalente, avec un équipement élégant et discret, le tout dans un budget serré.

Vue du hall d’accueil. Les actions qui vont bénéficier de la nouvelle salle se déroulaient dans l’essentiel dans le petit local visible à l’arrière-plan à gauche.

Aux prises avec le gros œuvre

Le local destiné à cet usage est un espace qui était cloisonné et servait d’espace de stockage. Les cloisons démolies dégagent une belle surface pour cet aménagement, une salle de 15 m x 7 m.

Vue principale du chantier en cours d’exécution avec les structures ASD et le revêtement acoustique absorbant. ©Scenotek

Le bâtiment est en béton brut, et l’une des grosses difficultés de l’emplacement choisi était un plafond présentant, sur les trois quarts de la salle, une hauteur de 4 m.
Plutôt que de partir sur des accroches type cimaise, la société a proposé l’installation d’une structure complète de type scénique, permettant de suspendre à la fois des panneaux, des œuvres diverses et des équipements de scénographie (Vidéoprojecteurs, moniteurs, écrans etc. ), de manière totalement souple et sans contrainte de charges.


Vue du chantier durant la mise en place de la toile tendue entre les structures d’accroche au plafond. ©Scenotek

Le client souhaitait dans un premier temps que l’on oublie la structure avec un faux plafond amovible, mais cette option, jugée trop onéreuse, a provoqué le désistement du prestataire chargé du plafond et un blocage du chantier.

Sébastien Morin, en charge de la scénographie du projet, a donc proposé une solution à la fois simple, flexible et esthétique : la pose entre les ponts alu d’une toile occultante et acoustique (750 g/m2) sur mesure, tendue, capable à la fois de dissimuler les imperfections du plafond en béton brut et de présenter un coefficient d’absorption acoustique élevé évitant les échos flottants entre le sol et le plafond.

Les éléments de structure standards en treillis (SZ290 ASD) sont installés en travers de la salle, ancrés dans le béton des murs grâce à des chaises ASD FM29. Ils permettent de suspendre des éléments, chaque point d’ancrage supportant 400 kg, ce qui confère à chaque poutrelle une capacité théorique de 800 kg.

Aperçu du plafond. La toile noire tendue entre les structures dissimule le gros œuvre et améliore l’acoustique. On note le rail d’éclairage LED qui ceint la salle, et, à l’intérieur, le rail qui porte les spots.

Les murs sont traités sur 4 faces avec un revêtement acoustique constitué de panneaux perforés posés sur un tapis de laine absorbante. Bien qu’en béton, la pièce globalement sombre a donc une acoustique mate et sèche propice à une excellente intelligibilité de la parole, et elle permet de bien mettre en valeur les œuvres éclairées. Le chauffage est assuré par des radiateurs de grande surface sur l’une des cloisons de la pièce.


Vue du coin de la salle qui accueille la baie et l’une des enceintes de diffusion. On distingue une surface de contrôle à gauche de la baie.

Un compromis souplesse économie

Compte tenu des dimensions relativement petites de la salle, notamment de la faible hauteur sous (faux) plafond, et de l’étroitesse… du budget, il n’était pas envisageable d’utiliser de manière généralisée des éclairages scéniques asservis pilotés par DMX.

Une des surfaces de contrôle. On accède à des scènes préprogrammées dans le contrôleur DALI via un écran tactile LCD.

La solution mise en œuvre est donc originale dans ce genre de contexte : il s’agit d’appareils architecturaux, commandés de manière centralisée et automatisée avec le protocole DALI.
L’ensemble des éléments techniques est regroupé dans une baie située dans un coin de la salle, où aboutissent toutes les connexions filaires.

Un contrôleur DALI est intégré dans un tableau électrique, lui-même placé au fond de la baie. Diverses petites surfaces de contrôle dotées d’un écran tactile, guère plus grosses qu’un interrupteur standard, sont encastrées dans les murs.
Elles permettent de naviguer et déclencher diverses « scènes » préprogrammées dans le contrôleur, auquel on accède, pour la programmation, au travers d’un PC connecté temporairement via Ethernet.

Un des panneaux de connexions sur un mur (secteur, RJ-45, XLR mâle + femelle).

Le système est facilement extensible grâce à des éléments standards compatibles DALI. L’éclairage satisfait à la fois les critères techniques, notamment de souplesse, et esthétiques. Il se compose d’un rail de rubans à LED suspendu au plafond, d’une longueur totale de plus de 40 m, contrôlé par sections (chaque pan de mur) pour les œuvres le long des murs.

Le rail porte également un éclairage indirect vers le haut de même longueur (plutôt vu comme éclairage de service). Les parties directe et indirecte sont indépendantes et cumulables ce qui permet d’obtenir l’éclairage total de la pièce pour des réunions ou autres sans mettre en fonction des spots.

Pour satisfaire la polyvalence exigée par le client dans l’utilisation de la salle (location, séminaires, etc..), le rectangle principal extérieur se complète d’un rectangle intérieur plus petit et plus haut, sur lequel sont suspendus 40 spots LED de 17 W développant chacun 2 050 lm sur un angle de 23°. Ce rail est contrôlable sur 10 sections indépendantes pilotées en DALI. Cette configuration permet de régler et positionner les spots sur 10 zones distinctes.

Les spots sont interchangeables à volonté, le principe de commande retenu permettant un échange immédiat sans nécessité de programmation des spots.
En totalité cet équipement permet d’obtenir un rendement lumineux de 273 426 lumens pour une puissance de 2 113 W, ce qui correspond à 129 lm/W, une performance hors du commun en termes de rendement énergétique et extrêmement économique.
En ce qui concerne la température de couleur des rails et des spots, la société a choisi d’utiliser exclusivement du 4 000 K avec un IRC supérieur à 80, pour retranscrire le plus fidèlement possible les couleurs des œuvres.

Une connectivité prête à toute éventualité

L’éclairage complet de la salle est pilotable sur un écran tactile permettant de rappeler pas moins de 12 tableaux lumineux.

La console Qu-Pac d’Allen&Heath, provisoirement surmontée d’un récepteur de micro sans fil Shure GLDX4.

Le Son, quant à lui, est confié à une console Qu-Pac d’Allen&Heath. Sa conception permet, grâce à sa page Qu-Control (application sous iOS), de réaliser avec le client une connectivité sur mesure et sécurisée grâce aux différents USER.
Les 16 entrées XLR sont reportées en façade et permettant ainsi le brassage avec les entrées et sortie XLR de la salle.16 entrées et 24 sorties sont disponibles dans la pièce.

Pour la partie vidéo dont la régie sera équipée (lecteur multimédia, grille vidéo), il y a un patch manuel RJ45 permettant de brasser les 17 prises réparties dans la salle. Le protocole HDBaseT permettra la circulation de la vidéo dans les 2 sens et avec une multitude de résolutions vidéo disponibles.

La baie est principalement occupée par les câbles qui desservent les panneaux de brassage. ©Scenotek

Face avant de la baie avec les panneaux de brassage XLR et la console Qu-Pac. ©Scenotek


Les accès sont répartis dans la pièce sur des panneaux de connexions à tout faire, comprenant chacun une prise secteur (commandée depuis le tableau de la baie), une liaison RJ-45 et une connexion XLR mâle + femelle, installés sur tous les pans de murs, dans le sol et au plafond sur les poutrelles.


Une exposition est déjà programmée dans l’espace aménagé… Dès que le Covid le permettra.

Conclusions

Avec cette salle, le Centre d’accueil des visiteurs de la Caverne du Dragon va bénéficier d’un outil polyvalent, regroupant rationnellement diverses techniques audiovisuelles et muséographiques, notamment la projection vidéo avec des projecteurs à très courte focale, des expositions temporaires et des conférences, qu’il avait mis en œuvre à petite échelle dans certains recoins des locaux.

Scenotek s’est fort bien tiré avec élégance d’un projet sur lequel la concurrence était de mise, grâce à des solutions originales, astucieuses, esthétiques et efficaces, faisant face aux difficultés d’un gros œuvre préexistant et pas nécessairement adapté au projet, tout en ménageant le budget alloué.

Une exposition est déjà prévue dans cette salle dès que la situation sanitaire le permettra, et le succès technique du projet laisse augurer la mise en chantier prochaine d’une autre salle identique sur le site.

Plus d’informations sur :

– Le site de Scenotek

– Le site du Chemin des Dames

 

Crédits -

Texte : Jean-Pierre Landragin – Photos : JPL & Scenotek

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