Big Mick, Metallica, Meyer & Midas. Part two.

On va vous faire un aveu. Big Mick était en forme et nous aussi. C’est donc reparti pour Metallica à Paris avec en guest Tom Lyon au système, Bob Cowan et Adam Correia aux retours et le VLFC !

Tom Lyon en charge des boîtes et Big Mick en charge de leur contenu. Une belle équipe.

Ou plutôt les VLFC, car la tournée est partie avec 48 unités de telle sorte à pouvoir faire bouger même un stade à ciel ouvert, autant vous dire que notre AccorHotels Arena en a pris pour son grade. On a pu s’en rendre compte dans la rue en attendant de pénétrer dans la salle. Pas facile d’arrêter des ondes aussi longues…

SLU : Raconte-nous les VLFC…

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Big Mick Hughes : Ahhhh ce sont de sacrés machins. Ils reproduisent le son entre 35 et 11 Hz, et j’ai un signal aussi bas en fréquence à leur donner. Je peux te certifier que ça marche ! On a commencé par vérifier si nous pouvions leur envoyer des fréquences aussi basses avec la Midas. Bingo, elle atteint les 7 Hz.

Un des quatre groupes de VLFC, un sub superlatif dont aucun chiffre n’a filtré en dehors de son poids de 135 Kg sans ferrures et 151 avec.

Ensuite on a suivi le trajet du signal et ici encore, pas de problème. Enfin avec Jay, mon assistant, on a dû trouver des messages sonores tirant parti de cette « nouvelle » octave en deçà de ce que l’on envoie aux subs habituels. Nous avons donc ajouté à des sons de flammes et d’orage, des fréquences autour des 15 Hz. Aucun signal musical n’est routé dans les VLFC, juste des effets sonores.

SLU : Tu ne vas pas me faire croire que tu n’as pas essayé…

Big Mick Hughes : Bien sûr que j’ai essayé. Évidemment, comment aurait-il pu en être autrement (rires) ! Mais c’est trop, ce n’est pas forcément musical sur des instruments acoustiques. J’en mets juste une lichette à un moment du show quand le groupe se sert de pads et sur l’intro de One et ses explosions.

SLU : Ce sont des fréquences très longues et pas très musicales..

L’arrière des VLFC typée Meyer avec le large radiateur, les grilles d’aération et la bavette protégeant les ports d’entrée.

Big Mick Hughes : Exactement, elles sont paresseuses, très lentes. Sur le pied, cela ramollirait terriblement le son. Sur une frappe ce serait mou, sur deux rapprochées, on perdrait toute précision.
Le VLFC ne produit pas de l’audio à proprement parler, il met très efficacement sous pression la salle. Si tu restes juste à côté quand ça joue, ça te coupe le souffle. On avait pensé en mettre tout autour de la scène mais ça la soulève (rires), du coup on les a répartis aux 4 coins de la salle. On en a en tout 48.

SLU : J’imagine que tout ce qui peut vibrer le fait.

Big Mick Hughes : Tout. Un jour on va casser quelque chose. On va finir par facturer les salles avec nos infras. Tous les vieux confettis et autres paillettes qui reposent sur les coursives tombent en pluie nourrie (rires). Le « Sonic Cleaning ! » On peut aussi casser les calculs rénaux. Quand tu restes devant le crash, c’est une expérience des plus étranges. Tu vois à œil nu les mouvements déments des membranes. Si tu résistes !

SLU : C’est toi qui as demandé les VLFC ou c’était un produit dans la roadmap de Meyer ?

Helen et John Meyer   Photo : Meyer Sound

Big Mick Hughes : Dan Brown qui a été manager de la tournée et designer du show voulait trouver une solution qui permette de garantir des effets spéciaux de qualité, sans le risque de la pyrotechnie qui a joué des vilains tours par le passé. Des belles flammes toutes simples et du son pour soutenir l’effet visuel. Il a donc demandé à Meyer un gros niveau dans l’extrême grave et le VLFC est arrivé.
On collabore très étroitement avec Meyersound. L’équipe nous accompagne au quotidien. Quant à John et Helen, ce sont des personnes adorables. On leur ferait des câlins tellement ils semblent être les grands parents idéaux (rires).

SLU : Le VLFC marche aussi en extérieur ?

Big Mick Hughes : Bien sûr. On les monte simplement en arrangements endfire pour leur faire délivrer encore plus de concussion (Une concussion (du latin concussio ; de concussum, supin de concussere : secouer) est, au sens étymologique du terme, une secousse, un ébranlement.)
Un des techniciens de Meyer m’a aussi montré un projet d’intégration des VLFC avec les 1100-LFC pour en faire une sorte de réponse globale aux besoins en fréquences basses et très basses, entre 11 et 85 Hz. Il y avait plein de couleurs et de chiffres très éloquents. Si tout ce que j’ai vu devient réalité, ce sera chouette (rires ) !

Des barrières à moins d’un mètre des VLFC, pas vraiment un problème tant ce type d’enceintes et les fréquences reproduites. On peut se faire malaxer les boyaux devant comme derrière…

SLU : Ils peuvent être accrochés ?

Big Mick Hughes : Oui, tout est prévu pour cela mais l’idée ne m’a pas traversé l’esprit…Pourquoi pas dans le fond, on perdrait l’effet de sol mais c’est à essayer. Cela dit, si j’ai le choix, je préfère accrocher encore plus de 1100 !

SLU : As-tu entendu parler des nouvelles normes françaises applicables au plus tard le 1er octobre 2018 ? On va passer à 102 dBA et 118 dBC en tous points d’une salle et en intégration 15 minutes.

Courbes pondération    Graphique :  JPLafont

Big Mick Hughes : C’est bien, plutôt confortable. Les gens de Bercy sont venus me rappeler hier que la limite est de 105 dBA en LEQ 10 minutes alors que j’étais à 101. 105 sur 10 minutes c’est vraiment trop fort. Je travaille avec comme base une différence de 10 dB entre A et C et ça me suffit. Quand tu joues en Suisse, la limite très stricte est de 100 dBA. L’avantage du A c’est que cette pondération laisse la porte ouverte au grave car elle l’intègre de moins en moins dès 500 Hz.

Tu peux donc charger la mule sur le pied, la basse tout en ayant un niveau A très acceptable. Nous sommes de grands tricheurs tous autant que nous sommes derrière nos consoles. Je ne te dis pas que je n’ai pas allègrement passé les 120 en C, ce serait mentir. Je l’ai fait un nombre incalculable de fois. Metallica a joué beaucoup plus fort qu’aujourd’hui.

Les grands gagnants du futur décret 102 vont être les riggers et les fabricants de moteurs, ponts, et tout ce qui permet l’accroche. Tout va devoir être en l’air pour gagner en C quelques dB dans le médium aigu et beaucoup plus dans le grave et l’infra…

SLU : Tu as changé ton mix avec le temps ?

Big Mick Hughes : Pas forcément le mix, mais surtout le matériel. Avec les nouveaux systèmes, j’ai la possibilité de délivrer un son meilleur et plus précis sans avoir besoin de bastonner comme par le passé, et personne ne vient me voir pour se plaindre d’un son trop faible. Pour la mesure, il va falloir apprendre à discriminer ce qui vient de la scène et ce qui du ressort du public. Bon courage pour le faire taire !
102 dBA va nous obliger à regarder les niveaux un peu plus souvent, ce qui n’est pas un mal. Après, tenir un niveau raisonnable et une bonne intelligibilité du chanteur dans des configurations circulaires est plus difficile car tirer de façon omnidirectionnelle génère plus de retours salle et donc un besoin en son direct plus important.

SLU : Je pense que la vraie difficulté sera de placer sa diff en sachant que la mesure pourra être faite en tous points de la salle où peut se trouver le public. Y compris devant une antenne de subs…

Big Mick Hughes : Ouch, pas facile. Il va falloir tout accrocher alors, ou quasi tout. Intéressant. Nous allons clairement devoir repenser nos designs. On a commencé sans le savoir puisque nos subs sont des arrangements endfire accrochés. On trouvera. Nous disposons de moyens très importants, mais quid des petits concerts où tout est posé sur les côtés de la scène et face au public ?

Une rapide balade dans la régie placée sur la dalle et adossée aux gradins, côté Leo, démontre la simplicité des outils utilisés par Big Mick pour cette tournée. Toutes les réverbérations sont notamment générées par la XL8, que ce soit pour le chant, les guitares ou la batterie, avec l’avantage de sources arrivant à la console déjà propres et belles.

Le point névralgique de Big Mick. Il fait quasiment tout le son de la tournée avec. Il ne reste que des broutilles en rack.

Big Mick Hughes : Oui le son qui m’arrive est vraiment bien et à part les voix, je n’ai pas beaucoup de boulot. Je ne me sers que des compresseurs de la table qui sont très bien. J’ai eu la chance de collaborer à leur définition et on dispose d’un bon choix de couleurs. Je ne charge pas trop la compression, on n’est pas en studio et les remontées de bruit peuvent être très moches.
En revanche je recrée l’effet « Transient Designer » en laissant exprès passer avec un temps d’attaque très long, un petit bout de pied et de snare que je « récupère » rapidement, juste pour avoir une belle attaque. En relâche sur la grosse caisse je choisis un temps long en indoor et plus court en plein air. Si je regonfle mon pied avec un temps court, j’excite trop la salle et perds en précision.

Quand on a connu le Klark, on a du mal à s’en passer, surtout maintenant où l’on peut prendre la main sur autant de groupes ou de sorties que votre table sait calculer. Big Mick peut intervenir sur 8 stems dont le gauche/droite, les toms, les over, la basse, la voix et j’en passe…

SLU : Tu n’es pas un adepte des serveurs de plugs pour pouvoir travailler finement chacun de tes sons ?

Big Mick Hughes : Naaaaaa, je n’ai pas besoin de tout ça, je suis un adepte du the less the better, surtout avec Metallica. En revanche j’égalise les toms en groupe des car je considère qu’ils ne font qu’un en termes de rendu. On appelle ça un drum kit.
Individuellement je corrige essentiellement au coupe-bas pour qu’ils sonnent suivant leur taille et puis je règle l’ensemble pour leur donner la couleur que je veux. Je fais pareil avec les over heads. Je les égalise globalement car en plus j’ai six micros, un sous chaque cymbale.

Si c’est Big Mick qui le dit…


SLU : D‘où te vient cette manière de repiquer les batteries, tu n’aimes pas travailler avec le son pris par en haut et complété par fût ? Peut-être avec le métal s’y prend-t-on autrement…

Un rack avec deux effets perdus au milieu des sources et de l’enregistreur Joeco, le DRV 3000 Korg qui fait le « Master, Master, Master… » pitché vers le bas et le D2 t.c. que Big Mick aime tout particulièrement.

Big Mick Hughes : Ohh non, c’est à cause des élévateurs scéniques qui font monter et descendre les kits sous le plateau. On ne peut pas laisser de vrais over heads, il n’y a pas la place. Et puis on travaille la batterie de la même façon, les 6 micros placés sous les cymbales repiquent aussi les fûts tu sais !
Sinon une solution qui délivre un max d’énergie consiste à placer deux SM57 comme ceci sur la peau de frappe …C’est la meilleure façon de s’y prendre mais c’est plus facile en studio que sur scène.

SLU : Combien de snapshots tu as sur ton XL8 ?

Big Mick Hughes : Un max (rires) Un ! Avec Metallica, le son est fait par le groupe et dans ce type de salle et avec une scène circulaire, des changements subtiles ne s’entendraient pas ! Si j’ai besoin de changer quelque chose, je le fais à la mano. Old school !
Le seul cas de figure où je mémorise un autre état c’est quand j’ai des alternances acoustiques / électriques, la batterie qui part sous la scène ou des trouvailles du genre. Et puis tu connais des guitaristes qui te font un solo au même volume chaque soir ? Moi pas !


Le dessous du rack qui porte la télécommande du 31 bandes Klark Teknik. Deux périphériques simples et pas chers. Le BBE 882 pour apporter fraicheur et attaque aux toms et le DBX 120A pour le tom basse. Tout le reste, est calculé par la console.

La musique est jouée par des humains qui vivent leur musique et peuvent te défoncer les peaux, là où le soir d’avant il tapaient poliment. Tu perds plus de temps à tout re-régler et mémoriser pour recommencer la date suivante. Le Next, Next, Next, ce n’est pas pour moi.

SLU : Et tu te verrais toi aussi faire le son de Justin Bieber ?

Big Mick Hughes : Mais oui ! Une bonne caisse claire, un pied bien fait ou une jolie basse, c’est bon pour tous les artistes ! Il y a des musiques que je préfère, mais dès lors que ça joue, que l’intention est là, pas de problème.

Le transport en AVB et le système avec Tom Lyon

Tout mixeur pour bon qu’il soit, a besoin de son alter ego au système, au transport du signal et à la technique au sens large du terme, surtout vu le nombre de boîtes en l’air. Ce rôle est dévolu à Tom Lyon et nous l’avons suivi quelques minutes sous les gradins de Bercy pour découvrir la dégelée de racks de processing nécessaire à la mise en œuvre d’un aussi gros kit Meyer.

Tom Lyon (un nom définitivement en symbiose avec ce qui garnit la salle) nous a débusqué quelques Galaxy. Et il y en a d’autres…

SLU : Le système, wedges inclus appartenant au groupe, qui assure alors la prestation technique audio pour fournir tout le reste ?

Tom Lyon : Il s’agit d’Ultrasound, une société basée en Californie. En fait, tout appartient au groupe, même les consoles… Ultrasound fournit la main d’œuvre et la mise en œuvre du matériel en étroite collaboration avec Meyer. Cette société stocke et entretient aussi le matériel durant les périodes où le groupe est off.

SLU : Ils sont de sacrés dépôts alors !

Tom Lyon : En y repensant bien, je crois qu’ils vont avoir du mal cette année. On a encore 24 1100-LFC dans la semi ;0)

SLU : Le design est de Bob McCarthy et tu le fais évoluer ?

Tom Lyon : C’est ça, Bob est le grand spécialiste Meyer qui est sollicité pour des tournées aussi grosses que Metallica. Il est le directeur de l’optimisation des systèmes, en clair il conçoit la diffusion des productions qui partent en Meyer. Il nous arrive de ne pas avoir les clairances attendues ou l’incapacité d’accrocher pour des raisons de poids, dans ce cas, je reprends la main et adapte le système en conséquence.

Si on compte bien, on a 40 Leo, 80 Lyon, 48 Leopard, 36 1100-LFC et 48 VLFC, soit 172 enceintes à processer et à alimenter en analogique. Les dernières enceintes du fabricant américain étant 100% numériques, on imagine que bientôt elles pourront l’être en numérique.

SLU : Comment transportes-tu le son issu de la XL8 de Big Mick ?

Tom Lyon : On sort en AES avec une sécu en analogique et on quitte les quatre premiers processeurs placés en régie et qui gèrent les différentes zones en ADB en direction de l’ensemble des autres Galaxy. Nous en avons en tout 24. C’est le plus gros réseau AVB jamais constitué par Meyer à l’instant où je te parle. Chaque zone de drive reçoit deux fibres A et B sur deux switchs séparés et un flux analogique en sécu. Je suis en charge d’effectuer cette bascule le cas échéant.

Compass au commet de sa forme. 172 enceintes et 24 Galaxy. On en voit 18 sur 24 dans la ligne « Inventory ». En dessous les 16 points de diffusion. Ne manquent que les 4 groupes de Sub et les 4 groupes de VLFC. Pas de tout repos tout ça…

SLU : Combien êtes-vous à vous charger de l’audio ?

Tom Lyon : Nous sommes 6 pour Ultrasound et 4 pour Metallica. 10 en tout. Mais nous disposons de bras en plus pour le montage et démontage.

SLU : Est-ce que vous parvenez à monter ce type de show dans la journée ?

Tom Lyon : On essaie de ne pas le faire si le planning le permet. On préfère arriver, tout sortir et préparer, et le lendemain monter et exploiter.
Si ce n’est pas possible, on quitte une ville le plus vite possible et dès que nous arrivons dans la suivante, on réattaque immédiatement. Le groupe préfère jouer dans des Arena pour la proximité avec le public, mais c’est évident qu’un stade rend les choses plus faciles pour nous.

Bob and Adam’s time !

« Voulez-vous rencontrer et interviewer Bob Cowan et Adam Correia qui s’occupent des retours du groupe ? » Vous imaginez notre réponse, nous voilà donc partis dans les coulisses et les loges de l’AccordHotel Arena où, la place faisant défaut sous et à côté de la scène, la régie retours a été reléguée. Un silence délicieux y règne, juste brisé par l’éclat de rire des deux techniciens déjà face à leurs Midas.

Adam Correia à droite mixe et distribue sur la Pro4 les signaux pour Robert et Kirk. Bob Cowan à gauche qui travaille sur la Pro9 qu’on devine derrière les deux, sert James et Lars. Derrière leurs sourires se cachent deux redoutables professionnels.

SLU : On n’a vraiment pas voulu de vous sur un des côtés de la scène alors ?

Bob Cowan : Non, nous nous sommes réfugiés ici pour le bien de la scénographie (rires). Sous la scène c’était aussi impossible, elle est trop basse et comporte pas mal de parties en mouvement.
On a l’habitude de toute façon de travailler comme ça car même dans les stades, nous ne sommes pas au contact des artistes. Les seuls qui restent sont les techniciens pour les instruments car il y a énormément de changements. Il y en a un à chaque angle avec sa réserve de guitares.

SLU : Vous mixez pour des ears mais aussi des wedges et je n’en vois pas en régie. Comment faites-vous pour juger un niveau ou un rendu sans la même enceinte près de vous ?

Bob Cowan : Entre des wedges près de la scène et baignant dans l’ambiance qu’entendent les musiciens et des wedges que nous aurions ici dans une pièce fermée, la différence est telle que ça ne servirait pas à grand-chose. Si par hasard un Larsen part, on l’entendra aussi bien et même certainement mieux dans nos ears que dans un wedge. On s’en sert toujours quand on est près du groupe.

SLU : Vous ne ressentez pas le besoin d’avoir au moins un sub pour vous apporter un peu d’ambiance pour vos ears et reproduire ce qui se passe sur scène ?

Bob Cowan : Je n’aime pas reproduire, je préfère marcher avec mon iPad – on est à 150 m de la scène – et effectuer sur site certains réglages en écoutant le résultat. Je peux te dire qu’on en use des semelles avec Adam ! Une fois que le groupe monte sur scène, tout doit être fait et calé, il ne doit plus être nécessaire d’effectuer des changements majeurs.

Une vue de la scène centrale prise du haut de la dernière corolle de sièges. On aperçoit à droite les deux boudins de câbles apportant  des victuailles au son, à la lumière, à la vidéo et aux très nombreux moteurs scéniques.

SLU : Ca ne te gêne pas de devoir te fier à des impressions à salle vide ?

Bob Cowan : Si j’étais à la face oui, sans doute, mais avec des ears, le son est assez cantonné, fermé. On est dans une sorte de bulle. Si la salle est vraiment très mauvaise, on peut percevoir un peu de réflexions en plus, mais pour le reste ça roule. Le groupe est relax et s’il devait y avoir le moindre doute, on balancerait à chaque date, ce qui n’est pas le cas.

Adam Correia : Nous faisons de notre mieux pour donner au groupe exactement le même son chaque soir. Théoriquement. C’est notre métier de leur permettre de retrouver leurs marques et de se sentir bien où que l’on soit. Travailler aux retours implique la plus totale régularité et précision. La seule chose qui change c’est la salle. Demain nous avons une date et, pour la première fois, une seule à Lyon, en général nous restons pour deux ou trois soirs. Cela ne changera rien à nos habitudes. Les backliners joueront, on fera un line check et on enverra le show sans problème.

SLU : Vous êtes des mecs fiables (rires)

Bob Cowan : Je pense oui !

Pendant qu’on parle, la salle se remplit…

SLU : Vous avez deux consoles. C’est pour vous partager le boulot ou pour bénéficier d’une redondance ?

Bob Cowan : On se partage le boulot. Je m’occupe du chanteur et du batteur et Adam du lead guitare et du bassiste.

SLU : Mais l’ensemble des sources est disponible sur chaque console…

Bob Cowan : Absolument, mais je ne travaille pas du tout comme Adam. Si je devais prendre sa console pour quelque raison que ce soit, j’aurais quelques minutes assez difficiles, sans parler du fait que nous suivons chacun nos deux artistes et nous leur donnons des wedges où qu’ils aillent.

SLU : Vos sorties alimentent les mêmes wedges ?

Bob Cowan : Oui absolument, chacun notre tour. Et je peux le faire à la souris si ma surface tombe. Je produirai quelques litres de sueur mais c’est possible (rires). Je plaisante beaucoup mais il faut que tu saches que c’est un boulot très intense. Il nous a fallu six bons mois pour mettre au point notre configuration numérique quand nous avons abandonné nos analogiques. On y a beaucoup réfléchi et on a travaillé sans le moindre musicien pour bien tout caler. On a joué des sons, des enregistrements multipistes de précédents shows pour bien emmagasiner le geste et la confiance. On a travaillé aussi avec des DVD de shows passés pour pouvoir répéter et presque mimer notre travail.

SLU : Vous aviez le multi du concert en question ?

Adam Correia : Bien sûr, ils roulaient synchro. Ça nous a permis de commettre toutes les erreurs et de les corriger, de trouver la bonne touche sans même réfléchir.

Bob Cowan : Durant le show, les gestes doivent être instinctifs. Tu n’as pas le temps de penser où se trouve tel menu ou telle commande, ça doit être instantané sans quitter des yeux ton artiste. Ce travail effectué seuls, en amont, dérive du fait que, par le passé, le groupe travaillait régulièrement dans sa salle de répète de San Francisco, ce qui lui permettait de prendre la route très facilement. On n’avait pas la moindre résidence. Aujourd’hui, les membres habitent plus loin les uns des autres et doivent donc répéter avant chaque tournée, ce qui nous permet de bénéficier de plus de temps avec eux pour tout caler.

Les écrans avec lesquels Bob et Adam surveillent les points de chant grâce à des caméras pointant le micro et donc l’artiste qui se présente devant. L’affichage central en rouge et jaune est certainement une caméra fonctionnant en faible luminosité afin de suivre les artistes même lors des changements de titre.

SLU : La transition numérique a été bénéfique pour le groupe ?

Adam Correia : Bien sûr. Il dispose maintenant de deux techniciens sur deux consoles donc de meilleurs suivis, une scène moins polluée et les quelques avantages propres au numérique.

Bob Cowan : Et on joue le rôle de leurs amplis guitare. On leur donne, avec l’aide des guitar techs, de quoi avoir le bon sustain et de quoi accrocher quand nécessaire.

Adam Correia : Quand on y pense, nous ne sommes que deux mixeurs avec quatre musiciens, pas de quoi se réveiller la nuit, mais je peux t’assurer que ça ne chôme pas ici durant le show. On est là pour rendre quelque chose de compliqué, le plus simple possible. On n’a pas le droit de se planter.

SLU : Est-ce que le show change chaque soir ?

Adam Correia : Oui. Il y a un corps commun et une partie qui en revanche change. Comme il n’y a aucune machine qui envoie des sons pré enregistrés, le groupe est libre de faire ce qu’il veut, comme il veut. Et il ne s’en prive pas.

Bob Cowan : Le plateau est tout petit comparé à ce qui se fait dans ce genre de salle ou ce que l’on trouve en festival où l’on a 40 mètres de bord à bord. Nous avons ici quatre points de chant et la transition de l’un à l’autre est très, très rapide. Nous ne savons d’ailleurs pas vers lequel ils vont aller. C’est presque un jeu pour nous de deviner sur quel micro ils vont chanter (rires).

Adam Correia : On passe notre temps à ouvrir et fermer des micros qui ne servent pas, à alimenter les wedges avec le bon instrument en fonction de qui se trouve à quelle place. Avec les DCA, on suit le mix en fonction des éventuelles demandes. On doit faire trois choses en même temps sur une seule surface et sur un seul layer.

Devant leur console respective, David à gauche et Bob à droite prennent volontiers la pose tout en ne quittant pas des yeux leurs écrans et ne quittant pas tout court leurs talkies qui n’ont eu de cesse de se manifester.

SLU : Ce qui est plus facile sur une analogique.

Bob Cowan : Exactement. Tu fais ce que tu veux en même temps sur tous les boutons sans te poser de questions.

SLU : Depuis quand avez-vous basculé en numérique ?

Bob Cowan : On est passé au numérique en 2013, beaucoup plus tard que le reste des copains (rires).

SLU : Vous êtes connectés avec le groupe ? Peut-il vous parler ?

Bob Cowan : Non, dans nos oreilles on n’écoute que le son que nous mixons et que nous envoyons vers la scène et c’est tout. S’il fallait que le groupe nous demande en plein concert de modifier sensiblement les niveaux ou la nature du mix, ce serait une TRES mauvaise soirée pour nous. On connaît nos artistes par cœur et on est là pour leur donner ce qu’ils attendent. En revanche, je leur parle pour leur rappeler l’arrivée d’un effet spécial ou la présence d’une trappe ouverte. La scène dispose de pas mal de mécanismes. Notre travail consiste à les mettre à l’aise, cette phase d’information en fait pleinement partie.

SLU : Quelles marques de ears et de liaisons utilisez-vous ?

Bob Cowan : Ultimate Ears pour tout le monde, et en ce qui concerne les liaisons on utilise deux marques. Les membres du groupe qui ont un mix stéréo sont équipés en Shure PSM1000 et ceux en mono ont du Sennheiser. Au départ tout le monde était en Sennheiser mais j’ai eu quelques problèmes de portée en stéréo sur nos scènes les plus grandes – elles peuvent être immenses – j’ai donc essayé et adopté le PSM1000. Ce n’est pas un problème de son, pas plus que de fiabilité, les Sennheiser sont indestructibles et à mon sens plus fiables que les Shure, mais ces derniers opèrent sur d’autres fréquences et une portée un peu meilleure.

Le MJF-210, deux 10” et un moteur de 4” aboutissant dans un guide 50° x 70° .  Photo Meyer Sound

Adam Correia : J’ai personnellement quand même une préférence pour la spatialité, l’ouverture offerte par le PSM1000 qui me paraît aussi un peu plus fidèle. Notre boulot étant de délivrer du bon son, cela y participe.

SLU : Pour les wedges vous employez les MJF-210 du groupe en grand nombre…

Bob Cowan : Oui, avec le renfort aux points de chant de quelques MJF-212 pour apporter plus de punch aux guitares.

It’s show time !

19h30. Nous laissons les techniciens à leur travail et nous gagnons la tribune VIP où nous attendent des sièges confortables mais pas idéalement placés. Un coup d’œil au système face à nous suffit à voir que Lyon et Leo se font des câlins pile dans la zone où se trouvent nos sièges. Dès les premières notes, on en profite donc pour partir en balade aussi loin que la sécu nous y autorise, retrouvant du coup un rendu exempt de toute interférence. Précisons tout de suite qu’il est totalement impossible de ne pas avoir des zones de recouvrement dans un montage aussi complexe que celui déployé en 360° horizontaux et près de 100° verticaux.

Ca pèse parait-il beaucoup, mais qu’est-ce que c’est joli quand tous les cubes s’animent et s’illuminent. Un super design

Imaginez une généreuse demi-sphère, ôtez un trognon qu’on appellera la scène et vous avez le challenge. Malgré le travail fait sur l’acoustique de Bercy durant le long chantier de réhabilitation et le design soigné de Bob McCarthy, les points de diff et leurs fronts d’ondes sont trop nombreux pour ne pas se croiser et surtout pour ne pas exciter une salle où pas un seul siège n’est n’oublié par la prod. En vieux briscards, nous avons jeté notre dévolu sur une belle ligne de Leo dans laquelle le mix de Big Mick prend toute son ampleur.

Très tranquille derrière son XL8 en plein show. Estomac vide n’a pas d’oreille, mec stressé non plus !

Chapeau d’ailleurs à « Big Mix » pour le rendu gros, gras et dense de Metallica avec un aigu très raisonnable, une voix qui respire et un pied qui, sans faire vraiment clic comme par le passé, garde une attaque bien audible et discriminante. Le groupe peut être fier de son travail comme celui de Bob et Adam en coulisses. Effectivement les trois membres « mobiles » du groupe, le batteur est bien obligé de taper assis, n’ont de cesse de se balader aux 4 coins du plateau certains d’être accompagnés par le binôme de l’ombre, un vrai ballet.

Au début du titre, on passe rapidement du son Leo au son Lyon. La différence entre les deux boîtes est assez claire avec plus d’assise, de densité et de dynamique pour le Leo. Usine de chapeaux en revanche à Meyer pour le VLFC qui nous renvoie en arrière de plus de 40 ans. Pour ceux qui ont connu le Sensurround de Cerwin Vega du film Tremblement de terre, c’est en quelque sorte la même sensation mais en beaucoup plus fort, plus bas et moins traînant.
Alimenté avec des sources qui exploitent son extraordinaire potentiel, le VLFC va faire le bonheur de nombre de parcs d’attraction et autres tournées à la recherche de grosses sensations. Attention en revanche en tournée aux nouvelles normes qui obligeront à « creuser » dans la durée du show pour laisser cet effet exister en LEQ.

James Hetfield et les trois autres membres de Metallica en plein show.

Un dernier mot pour l’équipe technique dans son ensemble qui a été d’une disponibilité rare, les gens de Meyersound qui nous ont chouchoutés et l’équipe de Best audio (et Lighting) (et thunder grâce aux VLFC) qui nous a invités. On en a pris plein le buffet, mais c’était bon.

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Eurolive, 1er prestataire français en GSL d&b

Qu’importe la taille quand on a la passion, ce sont nos amis rennais d’Eurolive qui raflent le pompon, et ont reçu en plein PL+S de Francfort où il fait fureur, leur kit de GSL d&b. Le premier en France. Reportage à venir pour Art Rock à Saint-Brieuc où il va dessouder de l’osselet.

De gauche à droite : Bob Le Louarne, Yacine Monnet, François Le Pallec, Jean-Philippe Esnault, Jean-Christophe Bocquenet et Matthieu Le Failler

Ils sont entourés par le kit fraichement déballé, les cartons sont encore au fond du dépôt. 20 GSL8, les versions longue portée ouvrant à 80°, 4 GSL12, les modèles de bas de ligne arrosant plus large à 120°, 12 SL-SUB pour renforcer un bas du spectre pourtant déjà très crédible et trois racks touring de 6 D80 chacun, deux prenant en charge les têtes des deux côtés et le troisième les douze subs. Autant dire que ce kit est prêt à l’usage et va s’ajouter à l’inventaire d&b d’Eurolive.

La formation va battre son comble durant quelques semaines chez Eurolive avant que les festoches du grand Ouest, ne viennent profiter de la puissance mais surtout la remarquable capacité des têtes GSL à pousser du son full range jusqu’au bout de la zone de couverture, sans pour autant baver en dehors.
Il est à ce sujet évident que le dernier venu de d&b va devenir la star du plein air et le chouchou des pauvres riverains avoinés des jours durant par les fuites « naturelles » des autres systèmes.

Il y a ceux qui le découvrent à Francfort, et ceux qui jouent avec à Rennes !

Le comportement de toute boîte dans le grave, ici le J8 qui s’en tire mieux que d’autres. Malgré tout, plus on descend, et plus il devient omnidirectionnel.

La même courbe mais cette fois avec un GSL8. Le grave est parfaitement guidé, même sur l’octave 30-60 Hz…

Voici du coup ce que donne dans NoizCalc, l’émergence typique d’une scène en J ou en GSL. Pour info la fréquence choisie est le 50 Hz et la décroissance est de 3 dB par changement de couleur, le rouge étant le >100 dB.

Un des touring racks d&b vu côté pile. Donnez à manger aux D80, ils ont beau être alimentés au travers d’une prise 16A, ils doivent être comptés comme nécessitant 7 kVA par tête de pipe par un groupe électrogène.

Rien de tel qu’une vraie prestation pour enfin écouter dans de bonnes conditions le GSL. Ce sera chose faite fin mai grâce à Eurolive et le festival Art Rock de St Brieuc où il équipera la Grande Scène, bien entendu en Array Processing puisque ce système ne marche pas sans.
SLU sera bien évidemment sur place pour le montage et l’exploitation. Bob et son équipe sont prévenus ;0)

Prochainement aussi dans nos colonnes un reportage plus technique sur le GSL avec une inter de Werner ‘Vier’ Bayer et Matthias Christner qui, avec les équipes de la R&D de d&b, ont réussi à mettre au point une enceinte de touring 4 voies, cardioïde, embarquant 8 HP et ne consommant que deux pattes d’ampli. Pas si simple à faire…

Pour plus d’infos sur le GSL Avec :

Pour contacter Eurolive :

Masterclass RME/Audio-Technica le vendredi 20 avril 2018 matin chez STAR’S Music

La masterclass RME se poursuit avec une nouvelle date chez STAR’S MUSIC Paris. Rendez-vous au 11 boulevard de Clichy, le vendredi 20 avril dans la matinée sur une durée de 2h30.
Bertrand Allaume, spécialiste RME, présentera différents cas concrets de configurations pour découvrir toutes les solutions de la marque.

Au programme :

  • Configuration 1 : Home Studio orienté EDM : Solutions RME autour d’Ableton Live – Solutions RME autour de Msachine de Native Instruments
  • Configuration 2 : Project Studio orienté musicien : Solutions RME autour de Cubase de Steinberg – Solutions RME autour de Logic Pro X d’Apple
  • Configuration 3 : Studio avec Pro Tools : Solutions RME autour de Pro Tools d’Avid – Solutions MyMix pour Studio
  • Configuration 4 : Utilisation en “live” – Mix live avec envoie de streams audio – Utiliser son interface RME comme mixeur numérique

Matériel présenté :

  • RME : ARC USB, ADI-2 Pro, ADI-8 QS, Babyface Pro, Digiface USB, Fireface UFX+, Fireface 802, MADIface Pro, Micstasy, Octamic XTC
  • myMix : myMix Personal Monitor Mixer, IEX-16L-A, myMix Control

Retrouvez les détails et inscription de cette Masterclass en ligne sur Starsmusicblog

Le DPA D:vote 4099 passe en Core

Quand un micro est mécaniquement et acoustiquement bien né, que lui faut-il pour être encore meilleur ?
Une électronique plus dynamique et ajoutant moins de distorsion. Bingo, DPA l’a fait et désormais leur gros succès, le 4099, en bénéficie aussi.

Pas besoin de le présenter, le D:vote 4099, plus connu par son seul chiffre 4099, est certainement le micro miniature le plus employé sur scène et même en studio pour repiquer en proximité tout type d’instrument. Il dispose pour cela d’une remarquable gamme d’accessoires de montage permettant de le fixer virtuellement partout.

Voici un exemple de fixation plaçant le 4099 pile au bon endroit et découplé des vibrations.

Plus qu’un long discours, DPA affirme offrir 14 dB de dynamique en plus à distorsion égale, tout en reconnaissant que le 4099, comme tout autre micro, sature toujours soumis à de très fortes pressions.

Une nouvelle version appelée D:vote 4099 Core vient d’être lancée, dont la particularité est d’embarquer à même ce micro miniature, une électronique faisant reculer la distorsion, ce qui a pour effet d’augmenter la gamme dynamique et donc la clarté du son capté.

Deux modèles de micros sont proposés, le Loud SPL et le Extreme SPL qui offre un dB de plus de dynamique à distorsion égale. Le taux de distorsion harmonique totale à 1% est atteint à 131 dB SPL ce qui, une fois soustrait le bruit propre, laisse une dynamique de 109 dB.

La réponse en fréquence en fonction de l’angle, où l’on découvre que le 4099 est directif aussi dans le grave.

L’effet de proximité du 4099. A vous de jouer avec ce paramètre.


La technologie Core est aussi présente sur certains modèles de capteurs miniature D:screet et sur serre-tête D:fine outre les D:vote. Cette technologie améliore par ailleurs sa résistance à l’eau et à l’humidité grâce à un nano-revêtement et à une étanchéité hermétique de l’électronique.

Les modèles D:screet et D:fine disposant de la techno Core :

Pour plus d’infos visitez le site Audio2

Big Mick, Metallica, Meyer & Midas. Part one.

La mariée était trop belle pour lui refuser ma main (tenant un dictaphone). Big Mick Hughes, Metallica, l’AccorHotels Arena en scène circulaire centrale et les VLFC, une tempête d’infra à peine sortie des ateliers de Meyersound. Reportage obligatoire !

Et quand on dit que la mariée était trop belle, on exagère à peine, Big Mick nous a gâtés comme jamais au point que nous avons dû couper ce reportage en deux parties. Un immense merci pour l’heure et trois quarts passée à parcourir le son, le clic dans le kick et ses « marques » de prédilection que l’on appellera M³ pour Metallica, Meyer et Midas, mais pas que, vous verrez.
Cette icône du live ne mâche pas ses mots. Si vous n’aimez pas le son, il est encore temps de vite partir sinon, noir salle !

SLU : Comment trouves-tu le nouveau Bercy Mick ?

Big Mick Hughes : Honnêtement je ne me souviens plus trop bien de l’ancien. On parcourt le monde et on visite tellement de salles que j’en perds la mémoire d’autant qu’avec cette tournée, on aborde des dates très différentes. 180°, 360°, stades, tout y passe. J’ai constaté qu’ici où nous avons une scène centrale, le grave est généreux, le public d’une certaine façon en ajoute et après les premières secondes hier, j’ai dû rapidement rééquilibrer mon mix.

SLU : Comment est organisée la diffusion ?

[private]

Big Mick Hughes : La salle étant en hippodrome, pour le tir distant vers les deux grands virages, nous avons deux fois deux lignes de 10 Leo avec des rappels en deux fois 2 x 5 Lyon pour les gradins les plus hauts et distants. On a opté pour cette solution pour des questions de poids et de gêne visuelle. Pour le champ proche, nous avons deux fois deux lignes de 15 Lyon. Huit douches de 6 Leopard comblent le centre de chacun des quatre côtés et arrosent sous les 4 ensembles de subs. On n’a pas la possibilité de poser des enceintes sur le bord de scène et cette dernière est trop basse. Cela fait en tout 40 Leo, 80 Lyon et 48 Leopard.

Une vue générale de la diffusion. Pour vous la faire brève, tout ce qui n’est pas un cube noir (des panneaux vidéo) est du son avec 4 références, Leo, Lyon, Leopard et 1100-LFC. Les lignes les plus longues sont composées de Lyon, 8 sont des modèles M et les 7 du bas sont des W. Le rigging rien que pour l’audio nécessite 54 points.

SLU : Et pour le bas du spectre ?

Big Mick Hughes : Nous avons 4 arrays de 3 x 3 1100-LFC en endfire. Nous aurions aimé travailler avec notre ligne centrale de sub en montage TM-Array (Pour les extraterrestres qui ne connaîtraient pas ce montage génial de simplicité et d’efficacité, voici l’explication par le monsieur à qui on le doit et qui lui a légué ses initiales : Tom Mundorf. On aurait presque eu la place, mais le poids du son et surtout de l’éclairage est incroyablement élevé et il n’y avait plus de marge pile au centre pour cette quadruple colonne qui pèse tout de même 7 tonnes.

SLU : Pourtant tu es assez réputé pour obtenir ce que tu veux en termes de son…

Big Mick Hughes : Normalement oui, j’y arrive, mais comme tu le verras ce soir, le show a une scénographie magnifique et très particulière donc je suis presque content d’avoir laissé un peu de poids et de place aux éclairagistes. Le résultat est que nos subs ont été très avancés vers le public, là où j’aurais préféré qu’ils soient plus proches des têtes.

La solution trouvée pour répartir le plus de grave dans la salle en épargnant la scène tout en piquant le plus possible vers le bas. Quatre ensembles de neuf 1100-LFC comme celui-ci ont été accrochés.

SLU : Tu as déjà employé le TM-Array dans des configurations autres que la scène centrale ?

Big Mick Hughes : Oui mais une seule fois. C’était avec François Desjardins de Solotech, un type aussi adorable que compétent. La scène était plus avancée que d’habitude mais pas centrale.
François a donc opté pour un demi TM-Array, une config à 180°, mais comme les places latérales et in fine arrières aussi ont été vendues, on s’est retrouvé avec un TM-Array à 270° et puis un complet, et même comme ça, le rendu a été excellent.

Une source omnidirectionnelle unique et centrale, il n’y a rien de mieux. La création d’une colonne de 4 x 10 1100-LFC, évite d’arroser la scène et le plafond, et fournit largement de quoi couvrir une salle comme l’AccorHotels Arena. Pour ce soir, il va manquer des subs au sol mais James (Hetfield, la voix de Metallica NDR) a du mal à chanter avec.

SLU : Tu t’en tires en tiltant tes subs accrochés…

Big Mick Hughes : Oui exactement. On pousse un peu d’énergie vers le parterre à la fois mécaniquement par le décalage des hauteurs des trois sous-ensembles, mais aussi électriquement. Ce n’est pas parfait mais c’est une solution pratique. Je vais essayer d’autres subs sous la scène, peut être des 900-LFC. James n’aime pas la façon que j’ai de lui faire vibrer le plancher avec les 1100 (rires NDR). Je rigole mais s’il a du mal à chanter, il est de notre devoir de trouver une autre solution. Nous travaillons donc avec 36 subs et en avons 24 dans le camion qui peuvent être accrochés aux 4 coins en mode cardio.

Bob McCarthy   Photo : B. McCarthy

On finira bien par trouver avec Bob McCarthy qui est le grand spécialiste Meyer. C’est son design. Ici ça va, c’est à Lyon qu’on va se marrer. Elle est bien étrange cette Halle (rires)

SLU : Qui est le prestataire qui assure la tournée ?

Big Mick Hughes : C’est UltraSound sans l’être tout à fait. Tout le système appartient au groupe qui l’a acheté. De mon côté je fais de mon mieux pour rester à jour techniquement, je n’ai pas loin d’avoir la soixantaine. J’essaie de connaître tout ce dont j’ai besoin, et le reste c’est Bob qui le gère très bien. Déjà je me suis mis au digital, enfin presque (rires) !

SLU : Tu me tends une perche en or massif. Qu’est-ce qui a changé le plus depuis que tu as pris en main le son de Metallica ?

Big Mick Hughes : Ouwwwwwhhh. (Tentative de reproduction du bruyant soupir de Big Mick NDR)

SLU : Allez, tout ce qui a changé en dehors des micros car généralement ils sont inoxydables.

Big Mick Hughes : (souriant) Pas tant que ça, ils ont changé aussi et puis, il n’y en a pas tant que ça sur scène. Toutes les guitares par exemples passent par Fractal et arrivent donc en direct à la console. Il en va de même pour la basse. Il n’y a plus que des micros pour le chant et, bien sûr, la batterie.

SLU : Le micro de chant semble être un Shure…

Big Mick Hughes : C’est le cas. James préfère le look du Shure 55 et a donc abandonné l’Audio-Technica. Le 55 est superbe mais n’est pas ce que j’appelle un micro haute-fidélité ce qui lui a valu une égalisation des plus énergiques. Maintenant il marche.

SLU : Et sur la batterie ?

Big Mick Hughes : Sous les cymbales et sur les toms j’ai des DPA 4099, dix en tout. Dans la grosse caisse j’ai un Audix D6 et un Shure Beta91. Sur la peau de frappe de la caisse claire j’ai gardé le bon vieil Audio-Technica ATM23 accompagné en dessus et dessous d’une paire d’ATM450 side-address et un troisième ATM450 sur la charley.

L’ATM 450 Audio Technica, avec sa tête reléguée sur le côté comme les yeux d’une sole!

Le 4099 DPA. Est-il vraiment nécessaire de le présenter ?Est-il vraiment nécessaire de le présenter ?

L’AE 5400 Audio-Technica, un statique cardioïde au GROS son et l’ex micro chant de Metallica. Le look a eu raison du son.

Le fameux Shure 55 qui a pris la relève. Bon, c’est vrai qu’il a un look d’enfer, limite tête de mort !


SLU : Donc plus d’amplis guitare du tout ?

Le MJF-212 équipé avec ce qui se fait de mieux dans un wedge. Une paire de 12’’ et un gros moteur 4’’. La patate garantie.   Photo : Meyer

Big Mick Hughes : Non, Ils sont parfaitement servis par les wedges de Bob Cowan et Adam Correia et ont des points de chant ou de jeu bien précis où, en fonction de qui se place devant, leur instrument va arriver en plus des ears.
Ils ont pour cela les wedges, des MJF-212 qui ont un bas beaucoup plus riche par rapport aux 210 qui sont plus faits pour les voix. C’est avec les 212 que James accroche sa guitare.

SLU : OK pour le Shure 55, mais pourquoi ne pas avoir essayé d’y placer la tête de l’ancien Audio-Technica, l’AE 5400 qui te plaisait d’un point de vue sonore ?

Big Mick Hughes : Mais on l’a fait ! On a essayé du moins, mais la tête n’a pas assez d’air, elle respire mal et délivre un rendu un peu sourd et avec trop de grave. On a donc travaillé avec le capteur du 55. Nous en avons acheté 150 parce que cette tête est en définitive assez fragile et peut changer de son ou ne plus fonctionner en cas de chute ou à cause des conditions climatiques que nous rencontrons parfois. Une fois qu’elles ont pris la douche, elles ne retrouvent plus leur sonorité de sortie d’usine. On compare fréquemment entre un modèle neuf et celles qui sont sur scène et on écarte celles qui ont dérivé.

SLU : Et la correction que tu appliques…

Big Mick Hughes : Sur les 55 ? Je taille via un groupe où je route l’ensemble des micros, dans le bas médium. Il y en a vraiment trop, ce qui fait remonter le grain. Je suis à peu près convaincu qu’ils mettent là-dedans une capsule de SM58 ; la ressemblance est assez flagrante…

Une rare photo de TAC « Blue »    Photo : Viguier

SLU : Reprenons notre retour en arrière. Les micros ont changé, et puis ?

Big Mick Hughes : Évidemment les consoles ! Si je me souviens bien, la première que j’ai utilisée était une TAC Scorpion ou peut-être la TAC Blue, à cause de la couleur du bandeau. Puis j’ai adopté la Pro 4 de Midas.
Et puis la Pro 5 aussi car elle avait une cellule paramétrique sur le médium ce qui pour l’époque était dément (rires).
Je l’avais découverte sur la tournée d’Ozzy Osbourne où j’avais remplacé une fois l’ingé titulaire, et comme il n’est jamais revenu, je me suis retrouvé à la tête de Metallica et Ozzy avec la Pro 5.

SLU : Jamais de Yamaha ? C’était très répandu à un moment.

Big Mick Hughes : Siiiii, les PM3000 et PM4000. J’ai dû mixer sur à peu près tout ! L’ATI Paragon m’a laissé le meilleur souvenir, elle sonnait fabuleusement et avait des touches avec des afficheurs en couleur, comme un petit œil coloré qui apparaissait quand tu appuyais sur la clé. Un sacré engin. Ca me rappelle les DBX 160 qui avaient le même type de touche et qui étaient souvent employés dans les racks de drive des systèmes des prestataires. On retirait la touche, on mettait une goutte de peinture sur la pastille en couleurs et comme ça, on les by-passait sans qu’ils s’en rendent compte (gros, gros rire) !
J’ai un autre souvenir. Un jour on doit jouer au Civic Center de San Francisco vers 1987. J’appelle le prestataire, et il m’annonce que la console « it’s a gamble ». Je lui dis que non, je ne veux pas aller parier au casino. Il insiste. Non, je ne suis pas joueur ! Et enfin il m’annonce qu’il s’agit d’une Jim Gamble. (Jetez un coup d’œil sur Jim qui raconte sa passion, c’est énorme avec le lien ici).

Une fois sur place, j’ai pu constater qu’elle sonnait vraiment bien, avec pour seul problème que tous les rotatifs tournaient dans le sens inverse d’une montre. Je te laisse imaginer ce que j’ai eu comme difficultés à travailler avec, d’autant qu’à l’époque il fallait reconstruire à chaque fois son mix. Je me souviens qu’on m’a demandé de grossir un peu le pied, et paf, j’ai viré tout le grave (rires).

Une XL4 telle qu’on en rencontre parfois lors de certains festivals où elle est encore demandée.

SLU : Et le numérique alors…

Big Mick Hughes : Le temps est malgré tout passé et même si je ne donnerai jamais à personne ma XL4, la plus fabuleuse console jamais créée, j’ai été consulté par Midas lors du développement de la XL8 que j’emploie toujours aujourd’hui, afin d’en faire une XL4 en numérique.
Du point de vue de l’ergonomie, elles se ressemblent, et puis tu mets du gain sur une tranche, tu la routes, tu pousses le fader et t’as du son. Je n’ai pas envie de jouer à la bataille navale pour faire mon métier. Je ne veux pas regarder un écran pour mixer.
Si j’ai une action à accomplir, elle doit être sous mon doigt. Mon assistant s’occupe d’éventuels problèmes et les règle, moi je mixe. Je dois me concentrer sur mon métier sans jouer l’informaticien de service. J’écoute mon groupe et je mixe.

SLU : Ton cahier des charges auprès de Midas a donc été de dire « je veux le cœur et l’âme d’une XL4, mais en numérique ».

Big Mick Hughes : Tout à fait. Les préamplis qui sont dans le stage et le spliteur DL431 sont ceux de la XL4. Ils aiment toujours être un peu maltraités. Si tu regardes mes faders, ils ne sont jamais à 0 car je travaille mon gain pour avoir la couleur que j’aime. Je ne mixe jamais à 0, pas plus que je n’utilise le trim numérique.
J’ai un étage d’entrée et un fader de sortie et là, tu as le son. S’il faut que les faders soient un peu en vrac, cela n’a aucune importance. Mais comme avec la XL4 il faut aller dans le jaune pour avoir le pied qui va bien, il faut bien penser après à baisser quelque part, sinon ton niveau va monter très, très haut (rires).

SLU : On sait pourquoi le son est meilleur dans le jaune, en tout cas pour le pied ?

Big Mick Hughes : Non. On pense qu’on bénéficie d’une sorte de compression dans les bus de mélange. On a tous constaté ce phénomène et on en joue. Tu charges le gain, ça sonne mieux.

La « petite » préférée de Big Mick mais pas que. Un certain Steph Plisson se régale parfois avec. 4 écrans dédiés aux voies d’entrées, aux effets internes et aux groupes et sorties. Le 5e affiche le niveau et l’analyse entre sortie table et mesure en salle. Tout à droite, l’enceinte posée est la petite dernière enceinte bi-amplifiée de Meyer, l’Amie (des petits déjeuners NDR) aussi à l’aise en studio, en ciné ou en tournée.

SLU : Mais j’imagine que les vrais défauts devenus des qualités recherchées de l’XL4, n’ont pas pu être transposés en numérique…

Big Mick Hughes : C’est impossible. Le clic du gate qui ouvre par exemple, la façon avec laquelle il ouvre ne peuvent pas être reproduits à l’identique, donc j’ai dû tricher. Je retarde chaque fût de 2,5 millisecondes. J’ai un trigger dans la batterie qui ouvre en temps réel. Cela permet à l’enveloppe totale du son d’être présente quand le gate ouvre. Je joue le « look ahead gate ».

S’il en restait qu’un…Le DS201 de Drawmer, un des meilleurs copains de la XL4.

C’est par le biais de ce stratagème que j’ai retrouvé une partie du son de mes gates Drawmer. Je ne peux pas en vouloir à Midas car cela est extérieur à leur console. Ce clic est important car il fait partie intégrante du son et apporte de la cohésion et de la précision à tout le kit.

SLU : C’est vrai qu’en plus ce clic est ta réputation…

Big Mick Hughes : C’est surtout la signature sonore du heavy metal ! Mixer un autre genre musical ne nécessite pas d’avoir cette attaque et ce son spécifique qui permet de traverser des murailles de guitare. Sans cette pointe, la grosse caisse ne serait qu’un rumble bien sourd. J’ai essayé, durant les 34 ans de Metallica, d’aborder leur mixage sous tous les angles possibles et imaginables. Je les ai tous essayés, je peux donc être serein aujourd’hui (sourire)

Je me demande si Big Mick arrive à faire bouger sa barbe avec les dB !

SLU : Te vois-tu continuer avec ce groupe pour toujours ?

Big Mick Hughes : …pfffffffff, je ne sais pas. Les années passent aussi pour moi.

SLU : Elles en sont où tes oreilles ?

Big Mick Hughes : Ca va, je fais régulièrement des audiogrammes et j’ai les problèmes de tout mec de 60 ans avec quelques belles encoches autour des 4 kHz.


SLU : Et c’est là que l’expérience et les outils rentrent en jeu.

Big Mick Hughes : Exactement. J’ai des repères visuels, des habitudes et des outils qui me permettent de ne pas être trompé par certaines salles. Je fais attention aussi au placement de la régie car le rendu d’une snare peut beaucoup varier. Les oreilles te donnent une impression qui peut être modifiée par un ensemble de paramètres. Le micro de mesure, lui, ne se trompe jamais.

Du bois dont on fait des châteaux, et pas qu’au figuré !

Le classique Martin modulaire, ici en 115 pour le grave. Ca fait presque drôle de revoir comme ça. Un seul ensemble…

SLU : Qu’est-ce qui a changé aussi dans la diffusion depuis tes débuts…

Big Mick Hughes : Tellement de choses. On empilait du bois, du Martin à n’en plus finir, des 2445 JBL par-dessus. Je trouve que ça sonnait bien. J’ai souvenir d’un spectateur américain qui m’a dit « je regrette l’époque des festivals où le son était massif et t’arrivait dessus, te passait presque au travers. Aujourd’hui, ces baguettes sonores sont juste propres, cliniques ».

Je garde dans mon cœur des configurations avec 168 double Bass Bin Martin, les 215. On en montait trois étages. On s’éclatait. A cette époque on pouvait avoir autant d’énergie dans le pied que dans la caisse claire. Boummmm Paaffff.
Le couple Midas et Martin faisait le son, et honnêtement tu ne pouvais pas avoir deux snares différentes. Aujourd’hui avec les line-arrays tu produis le son que tu veux vraiment.

Avec les châteaux Martin, les consoles Midas et l’AMS RMX 16 en non-linear, on avait tous le même, mais ça nous allait, et je me sers toujours de cette réverbération (rires).

Un gate derrière ce bijou pas très silencieux et voici comment faire « des caisses claires qui commençaient sur une face du 45T et finissaient sur l’autre » © J-Phi Bonichon ;0)

SLU : Dans la diffusion aussi le progrès est constant.

Big Mick Hughes : Oui, et on le doit au départ aux américains. En Europe on empilait et eux ont commencé à accrocher. Après les Martin, je suis passé aux HB3 de SSE, des enceintes que j’ai même emmenées en tournée aux USA, mais elles ont eu du mal.

Le couple magique MTL4 et MTH4.

Les salles européennes les plus grandes à l’époque, avaient une jauge de 8000 spectateurs là où les américaines, atteignaient facilement le double. On a aussi commencé à accrocher, mais c’était vraiment du bricolage car les boîtes n’étaient pas conçues pour ça.
Nous avons ensuite basculé sur le MT4 Electro-Voice qui était facile à mettre en l’air et quel système ! Pas de sub à proprement parler mais quelle patate et quel impact dans le grave ! C’était du Martin mais en plus pratique.
Le MT4 a fait le son de Metallica pendant très longtemps. Il a été leur signature. L’inconvénient c’est que pour un stade, il fallait 4 semies de bois, et ça c’est loin d’être apprécié par les prods.

Le Crest 8001. Il y avait plus lourd…Le 10001 !

SLU : Long à monter ?

Big Mick Hughes : Non pas trop, avec l’habitude on allait vite. Le plus compliqué était la manipulation des amplis. Ils étaient dans des trolleys de 18 amplis Crest 8001 avec le câblage. Je te laisse imaginer le poids… Ca ne chômait pas sur les rampes. (38 kg par ampli NDR…)

SLU : Mais on était encore en pleine époque interférente…

Tout a été dit sur le V-Dosc, sauf peut être « You better fucking listen to this »    Photo : Solarisnetwork.

Big Mick Hughes : Oui, mais à cette époque on ne comprenait pas le problème, jusqu’au jour où on m’a dit, dans un dépôt et face à six petites enceintes plates accrochées l’une contre l’autre, d’aller tout au bout du terrain, après le parking. « You better fucking listen to this » Du V-DOSC. La nouveauté c’était ça. On n’avait jamais rien entendu d’équivalent.
Pendant quelques années, on a essayé de reproduire à notre façon, avec les MT4, le principe du V-DOSC en assemblant de longues colonnes de boîtes par trois, en montage légèrement concave, et en tiltant le tout vers le bas, jusqu’au jour où, dans un club des docks de Hambourg en Allemagne, je suis tombé sur du V-DOSC. 6 têtes et 4 subs par côté.
J’ai travaillé mon pied, et il est sorti sacrément gros. A un moment où ça bastonnait déjà fort et très précis, j’ai demandé où on en était dans les limiteurs. « T’es à 50 % sur les amplis » Je n’en croyais pas mes oreilles. « Vas-y, ouvre ! » J’ai fait tomber des chaises posées sur des tables et vibrer les miroirs et les bouteilles du bar. Je n’en revenais pas. Comment pouvait-on tirer une telle pression de 6 boîtes. Et je n’étais toujours pas dans les limiteurs. Comme dans un dessin animé, une ampoule s’est allumée au-dessus de ma tête. Mais, c’est ça dont j’ai besoin!

Les modules du système Alpha. Quelques années plus tard Nexo a remis ça avec le STM…    Photo : Nexo

SLU : Comment s’est passée l’adoption du line-array ?

Big Mick Hughes : C’est drôle. On est parti avec du V-DOSC pour une tournée de salles de taille moyenne aux Etats-Unis sans rien, RIEN y connaître. Même pas une idée. Tous les matins on raccordait les boîtes avec la même forme en J et ça roulait plus ou moins bien. On a bien sûr été formé par la suite et c’était indispensable car le line-array était un autre monde.
Ensuite on est revenus quelque part dans le rang avec SSE et l’Alpha de Nexo, encore un chouette système où en plus on avait la possibilité de diriger un peu le haut du spectre. On manquait d’outils informatiques et de compétence pour tirer parti des line-arrays. Le progrès c’est bien quand ça améliore le quotidien et on n’y parvenait pas tous les jours. Le fait est qu’à chaque festival, on retrouvait des line-arrays, du V-DOSC et un jour je suis tombé sur du Milo de Meyer.

SLU : Ahhhh nous y voilà.

Big Mick Hughes : Oui. C’était en Islande. Pour la première fois j’ai trouvé un vrai aigu comme je l’aime. Depuis je suis fidèle à cette marque. Il faut avouer que le MT4 avec sa tête MH4 ou même le Nexo n’avaient pas un aigu très convaincant. Parfois on avait même du mal à en avoir (rires). Le Milo en donne. Il n’y a plus qu’à le mettre en forme.

Le Milo de Meyersound, une enceinte trois/quatre voies. Trois si l’on compte les deux 12‘‘, le moteur 4‘‘ et les trois moteurs 2‘‘ pour l’extrême aigu, mais 4 du fait des deux 12 qui partent de 60 Hz mais dont l’un des deux tire jusqu’à 600 Hz.    Photo : Meyer

Après les M, place aux L

SLU : Et puis est arrivée la famille des Leo…

Big Mick Hughes : J’ai eu la chance d’être consulté lorsque le Leo, la première boîte de la série, a été conçue. J’ai pu faire part de mon désir de retrouver, autant que possible, ce qui avait fait le charme des systèmes d’antan et qui avait été perdu avec les premiers line-arrays. Quand on regarde comment est fait un système Martin, le grave comme le médium et l’aigu, sont tous chargés.

La force du Leo, la proximité des transducteurs, gros, puissants et alimentés par trois amplis gavés à l’aide d’un transfo toroïdal gros comme un pneu de brouette ;0)    Photo : Meyer

SLU : Mais ce n’est pas évident à réaliser dans une si petite boîte ces charges, surtout pour le grave.

Big Mick Hughes : Et pourtant, John (Meyer NDR) est venu me voir un jour avec les prototypes du Leo qui comportent deux 15‘‘ et deux moteurs 4‘‘ démarrant à 400 Hz ! Comment s’y est-il pris… Pour moi un moteur déteste tout ce qui s’aventure sous le kilo et le meilleur moyen de raccourcir son espérance de vie c’est de le confronter à un pied et une snare. On est bon pour ramasser les morceaux (rires).

SLU : A défaut d’avoir un pavillon sur le bas, tu as deux gros 15”…

Big Mick Hughes : Oui, j’ai mon pavillon au-delà de 400 Hz, et le fait de ne plus avoir de filtre au-delà de cette fréquence très basse est super pour la phase et nettoie bien les voix. J’avais aussi fait remarquer que le Milo manquait de puissance comparé à d’autres boîtes. Les amplis étaient un peu légers, et quand on le poussait, on entendait ses limites. Avec Leo tu peux y aller tranquille.
Enfin je n’ai jamais été non plus un grand fan du 700-HP. J’ai donc demandé à ce qu’on étudie un sub pour accompagner cette nouvelle gamme, un sub qui puisse rivaliser avec la concurrence. Ils ont fait le 1100-LFC. Bonheur ! Il y avait à l’époque une différence de pensée entre Meyer qui était un fabricant de beaux produits, plutôt délicats et la réalité du terrain, plus industrielle et brute de décoffrage et que je représentais.

Les 1100-LFC à l’AccordHotel Arena, du grave comme l’aime Big Mick, sobre et puissant.

SLU : Il faut dire que si les anglais n’ont pas inventé la musique, ils ont eu un rôle plus que prédominant dans le rock et les outils pour le reproduire.

Big Mick Hughes : C’est vrai. Mais cette différence « sonore » entre nos deux pays (Big Mick est originaire de Birmingham en Angleterre et son accent n’a rien, mais alors RIEN d’américain ! NDR) vient peut-être des radios FM que les américains dès le plus jeune âge écoutent non-stop. Leur son FM est chargé en grave et extrême aigu, un vrai sourire.
Une sorte de CD comparé par exemple à un vinyle où le médium est plus présent. Les anglais et les européens en général venons plus des radios en ondes moyennes et donc le médium on connait (rires). Je ne parle même pas de la guerre des niveaux dans les radios qui a conduit à la même guerre sur CD. Les jeunes mixeurs sortent un peu de cette distinction et font tous du bon son.

SLU : Est-ce que l’on peut dire que cette tradition du son anglais se perpétue malgré l’arrivée du numérique ?

Big Mick Hughes : Oui, d’autant que tout n’est pas numérique (voire rien du tout dans par exemple la Leo de Meyer qui est une enceinte 100% analogique NDR) et même une console comme la XL8 se comporte bien peu comme un appareil numérique. Elle est capricieuse, elle a ses jours avec et ses jours sans et son fonctionnement varie de modèle en modèle. On en a deux complètes et je peux te garantir qu’elles sont « qwirky » une façon anglaise de dire uniques, spéciales.
J’ai une vieille Bentley qui m’en fait aussi des bonnes (rires) à en croire qu’en Angleterre on construit des produits supers, mais qu’on ne les termine vraiment jamais (rires). Pourquoi Martin n’a jamais évolué et conçu des enceintes que nous aurions pu accrocher nous aussi… Pense qu’on était obligé d’empiler du bois à n’en plus finir sur des plateformes, en le sanglant serré à s’en péter les mains, puisqu’après avoir monté notre édifice sonore par étages sur de la structure, on l’inclinait vers le bas (rires).

Un personnage, un vrai personnage qu’on écouterait des heures durant.

SLU : Est-ce que tu peux m’expliquer ce que Meyer entend par Linear Line Array ? On sait bien qu’un haut-parleur ne l’est pas, pas plus que nos oreilles (sourires) !

Big Mick Hughes : Ce qu’il faut entendre c’est que la relation de phase entre chaque fréquence est la même et donc l’enceinte est capable de reproduire chaque fréquence au même volume. Je travaille avec trois affichages. Je suis d’abord le niveau avec 10Eazy, ensuite avec SMAART j’ai une trace qui me donne le niveau électrique qui sort de ma console et enfin une seconde générée par le micro de mesure.
Tu ne peux pas savoir à quel point l’énergie électrique que je sors de la XL8 se retrouve à l’identique en énergie sonore. Il y a quelques années, la trace console et celle micro de mesure avaient de grosses différences, avec les Leo, on retrouve ce que l’on envoie. Bien entendu cette affirmation se heurte à la réalité du terrain et aux lois de la physique. En fonction de la distance, l’aigu varie. Si tu es à 55 mètres par exemples et que tu baisses le niveau, la première chose que tu vas perdre c’est l’aigu.

SLU : Ce fonctionnement le plus linéaire possible est important pour toi ?

Big Mick Hughes : Oui. C’est moi qui me charge de la couleur et du son du groupe. Ce que je demande, c’est un outil qui projette le mieux possible, pas qu’il fasse le son à ma place. J’ai besoin d’une boîte de pastels et d’une feuille blanche. Mais sans qu’il en manque un, car si on me demande de l’orange et je ne l’ai pas…

SLU : Le Leo est entièrement analogique là où le Lyon, le petit frère, dispose d’un filtrage numérique et une alim à découpage. Je crois. Est-ce que les deux sont compatibles ?

Big Mick Hughes : Électroniquement le Lyon est conçu pour être acoustiquement proche du Leo donc oui ça va, mais le Leo étant beaucoup plus puissant que le Lyon, on fait en sorte et en fonction des salles de le caler pour encore gommer ce qui reste. Et on fait bien en sorte de demander au gros de ressembler au petit et pas l’inverse!

Une ligne de 15 Lyon et le pommeau de douche de Leopard

SLU : Et les douches en Leopard, pourquoi…

Big Mick Hughes : La scène est très basse. Il est donc difficile d’y poser des enceintes sans tirer pile dans la figure des gens agglutinés aux crashs. Se prendre à un mètre et demi un line array n’est pas sympa. On veille aussi à tirer dans la zone où les Leo et Lyon ne vont pas et pour ça, envoyer du son depuis le haut, cantonne sa zone d’influence bien mieux que lorsqu’on tire à l’horizontale. Il marche bien pour ça le petit Leopard, il est très précis.

SLU : Ton mix doit être mono j’imagine.

Big Mick Hughes : Quasiment. Ca ne servirait à rien dans le cas d’une scène centrale de jouer une sorte de stéréo. Tu imagines le gars qui est devant une ligne et rate l’autre guitare durant tout le show ?

SLU : Rock = mono ?

Big Mick Hughes : Oui, quasiment. C’est rarissime que je m’aventure avant 11h et après 13h. J’ajoute un soupçon d’espace et c’est très bien comme ça. Un line array c’est très directif et tout mettre d’un côté revient à perdre en énergie et faire des malheureux. Il est vrai aussi que travailler en mono est loin d’être évident car il faut donner de la place à chacun.
Je le fais à la console en donnant par exemple aux deux guitares une couleur différente, mais il faut que sur scène il y ait aussi une certaine discipline. Et travailler en circulaire est encore différent car tu as énormément de sources sonores qui excitent la salle et créent des interférences. Je mixe face à une, parfois deux lignes, mais il y en a six autres qui me compliquent la tâche. Heureusement qu’à salle pleine, l’absorption joue son rôle.

Beaucoup d’enceintes, 168 têtes et 36 subs. Heureusement que l’ancien Bercy a été très matifié.

SLU : Et comment appréhendes-tu chaque salle quand tu arrives ?

Big Mick Hughes : Je commence par travailler mon pied pour qu’il soit le plus gros possible. Ensuite j’ouvrertie inférieure de l’assise la basse et je fais en sorte qu’elle épouse bien le pied et ait toute sa place et sa densité. Un grave tenu et bien plein. J’ai eu du mal hier ici car la salle paraît plus mate dans le haut du spectre et assez absorbante, du coup le grave ressort beaucoup.

Un détail du traitement dans l’AccorHotels Arena avec ces diffuseurs venant casser les echos sur ce mur.

Il en va de même pour le dessous de l’assise et qui, en absence de spectateur, ne présente plus une surface plastique réfléchissante. Bien vu.


SLU : Tu disposes de personnes qui peuvent se balader durant un show pour te donner des impressions autres qu’au point de mix ?

Big Mick Hughes : Oui bien sûr, mais ce sont leurs impressions et ce n’est pas facile d’en tenir compte comme si c’étaient tes oreilles qui avaient entendu.

Non, ce n’est pas fini ! Enfin, pour cette première partie oui, mais vous en avez encore autant voire plus avec Big Mick, Tom Lyon en charge du système et Bob Cowan et Adam Correia qui s’occupent des retours du groupe. Sans parler des VLFC, des éoliennes à l’envers. Quelques jours de patience et ce sera en ligne sur SLU.

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Formation à l’ArrayProcessing au De Roma d’Anvers avec Amptec

Gros, très gros spécialiste belge, Amptec assure vente et intégration de marques comme d&b, DiGiCo, Universal Audio ou DPA, mais assure aussi de la formation. Nous avons été au De Roma d’Anvers mieux comprendre et écouter l’ArrayProcessing.


Régulièrement en effet, la newsletter d’Amptec nous invite à des formations sur le terrain. Nous sommes donc récemment partis à Anvers dans la salle De Roma, célèbre pour avoir entre autres accueilli des vedettes du calibre de Lou Reed, Cliff Richard ou encore Paul McCartney, pour découvrir, pratiquer et écouter l’algo magique de d&b.

La fameuse salle, équipée de manière permanente d’un système d&b, 12 V12 et 2 V-SUB par côté, plus une toute belle DiGiCo SD10.

Amptec a eu dans ses mains le dossier « de Roma » en 2016 et y a réalisé un travail remarquable, la salle étant loin d’être acoustiquement saine. Suite à une expertise d’Eddy Bøgh Brixen (expert en acoustique), l’accent a été mis sur l’absorption dans le grave.

Eddy Bøgh Brixen

Puis le déploiement en ArrayProcessing du système V de d&b et un travail spécifique au niveau des subs ont redonné des couleurs et un rendu optimisé en termes de cohérence et de niveau.
Beaucoup d’enjeux et de challenges ! De quoi être heureux quand Davide Zuccotti, education et support manager d&b, nous explique le fonctionnement de l’ArrayProcessing.

David Zuccotti en personne. Ne vous fiez pas à son jeune âge. Cet ingénieur du son de formation sait de quoi il parle.

Soyons clairs, la technologie n’est pas neuve et nous en avons déjà parlé dans un précédent article de SLU.
Ce qui nous intéressait lors de cette formation dans le De Roma n’était pas de faire un doublon, mais bien de donner aussi objectivement que possible, un second avis sur l’ArrayProcessing, et suivre l’évolution des algorithmes.

Avant d’aborder la théorie liée à cette nouvelle technologie, faisons un rapide point sur quelques principes acoustiques fondamentaux.

La diffusion Point Source traditionnelle bénéficie d’une décroissance de volume équivalente à -6dB par doublement de distance. Le Ligne Source (qui bénéficie d’un front d’onde homogène) bénéficie d’une décroissance de -3 dB par doublement de distance. Pour cela il doit respecter les 5 critères de la WST (Wavefront Sculpture Technology) édictés par Christian Heil, Marcel Urban et Paul Bauman dont on vous offre le lien pour télécharger le célèbre papier blanc de l’AES de sept.2001

Selon Christian Heil, ce n’est qu’en respectant scrupuleusement ces 5 critères que l’on pourra bénéficier du fameux -3dB/doublement de distance, ou -3db/dd. Ce couplage parfait permet à un système d’obtenir des niveaux plus puissants pour une puissance électrique équivalente. Les développeurs de d&b ont mis au point un algorithme améliorant encore ces performances jusqu’à offrir, sous certaines conditions, une atténuation quasi nulle par doublement de distance. Une sorte de saint Graal.

Pas si vite papillon… (et gaffe à tes ailes, le mur du son n’est pas loin)

Une panoplie d’ingénieurs du son, en train d’écouter un responsable de chez Amptec. Mais néanmoins perplexes car la photo est prise avant l’écoute.

Cette mise en forme du son s’opère dans les amplis dernière génération de la marque (D80, D20 pour le touring et 30D et 10D pour l’installation) et uniquement avec les enceintes d&b. Impossible donc de demander au DSP de votre vieux D12 d’en faire autant.
L’idée qu’un algorithme (aussi bien élaboré qu’il soit) modifie le son du système afin de mieux répartir pression et balance tonale dans la zone de diffusion, va à l’encontre de ce qui a été longtemps enseigné dans les écoles. De là le scepticisme de certains !

Davide de chez d&b nous présente les manettes avec lesquelles on peut contrôler l’ArrayProcessing :

Simulation sur l’Array Calc d’un système comprenant 12 V12. En bas à droite vous voyez la réponse en fréquence de votre système pour 2 fréquences de votre choix, ici : 4000 Hz et 250 Hz. Un système parfait nous montrerait deux courbes parallèles relativement proches.

  • 9 presets différents peuvent être rappelés très facilement et en moins d’une seconde. Attention cependant, ce rappel est audible, il faut basculer entre deux morceaux.
  • 3 zones distinctes peuvent être découpées et bénéficier de paramètres modifiables séparément. Cela est idéal si par exemple vous voulez travailler différemment la fosse, le sous balcon et le balcon.
  • Dans chacune des zones, on peut préciser la chute de volume souhaitée (-3db/dd, ou -1db/dd par exemple), la température, l’humidité, le type d’auditeur (listening pour des auditeurs ou réflecting pour des zones à idéalement ne pas sonoriser).
  • On dispose ensuite d’une commande type crossfader « Emphasis » permettant de naviguer entre le mode Power où la pression est la priorité de l’algorithme, et Glory qui au contraire travaille la balance tonale mais consomme du SPL et peut, sous certaines conditions extrêmes, rendre le process audible.
  • Tout à droite, un afficheur à 20 segments appelé Realizer indique la quantité de processing demandée par votre sélection de paramètres. Si vous atteignez le rouge : impossible de valider votre preset qui en demande trop et à coup sûr impacterait trop le rendu sonore.

La salle des machines du De Roma. 10 amplis 30D soit 40 canaux de 1 kW et autant de ressources DSP.

Bien entendu, si l’algorithme est gratuit dans ArrayCalc, son exploitation ne l’est pas tout à fait.

  • Ce processing nécessite que chaque enceinte soit processée séparément. Cela revient à dire qu’il faut un ou deux canaux d’ampli par boîte suivant le modèle.
  • L’algorithme ajoute 5,9ms de délai au système (en plus des 0,3ms initiales). Considérez donc que votre line-array recule acoustiquement de 2m.
  • L’algorithme ne fonctionne pas de la même manière sur tous les line-array d&b. Par exemple, il est compatible avec la série T mais n’est pas initialement prévu pour ce système (qui, à la base, est conçu pour mettre beaucoup de boîtes par ampli).
  • Pour tirer au mieux parti de l’algorithme, celui-ci demande des mesures rigoureuses et précises à 10 cm près.

Essais Off-Line

Après ce bref rappel théorique, nous n’avons pas pu nous empêcher de sortir notre ArrayCalc pour simuler quelques essais d’ArrayProcessing.

Premier slot : Bypass. Celui-ci est fixe et imposé par d&b, il permet d’écouter facilement votre système sans ArrayProcessing pour effectuer des comparaisons rapides.

Second slot : premier essai de l’équipe SLU. Nous avons appelé ce preset, useless.
L’ArrayProcessing est employé très, très raisonnablement et laisse une décroissance et une balance tonale sage. On constate du coup que le Realizer ne grimpe pas aux rideaux.


Troisième slot : SLU joue avec les commandes et crée du -0 dB par doublement de distance sur les premiers 45 mètres en recherchant essentiellement le SPL. On l’a nommé Power.
Pas de doute, les DSP vont chauffer ! Nous sommes à la limite du rouge et cela se voit dans les graphiques. Le niveau est élevé mais il y a de forts écarts fréquentiels … pas top point de vue balance tonale.


Quatrième slot : on commence à faire un preset qui pourrait être utile ; -2 db/doublement de distance, sur 85m ! On l’appelle Glory car on y a été cher du slider.
Une fois encore, nous avons joué avec les limites de l’algorithme et le dernier segment du Realizer n’est pas loin ! Pas étonnant vu ce que l’on demande à nos DSP. Le résultat dans le second schéma est quant à lui bluffant d’efficacité. De 200 Hz à 10 kHz, les courbes sont parallèles et proches. Tout indique que la balance tonale sera très équilibrée.


Cinquième slot : mise en situation ; une zone Presse est installée sur le balcon et on souhaite limiter au maximum le niveau sonore dans cette zone sans pour autant affaiblir les deux zones plus proches de la scène.
11 dB séparent la zone rouge de la verte. Idéal pour ce genre de situation. Ce preset a été réalisé grâce au « plane offset » que vous voyez sur la gauche de l’image de gauche.

Écoute réelle

Tout ça sur le papier c’est très bien, et un peu flippant. On joue avec notre ordinateur avec des images. Le moment est venu d’écouter la réalité de l’Array Processing.

David Zuccotti nous informe de comment aborder cette écoute comparative.

Davide nous invite à effectuer plusieurs écoutes du système de la salle De Roma avec et sans ArrayProcessing. Un test A/B, comme on les aime : même musique de référence, même volume d’écoute. d&b ne cherche pas à nous cacher quoi que ce soit. Davide nous met en garde et préconise que nous bougions dans la salle car c’est l’image globale de la balance tonale qui est modifiée. Difficile donc de se faire un avis sans se déplacer.

La première écoute nous fait comparer le système flat sans processing par rapport au preset « full » de l’ArrayProcessing. Comprenez par full : balcon compris. Soyons honnêtes, le système sonne bien dans les deux configurations. Les 12 V12 par côté sont efficaces pour une salle comme le De Roma. Difficile de se rendre compte, sans se déplacer, de l’utilité du processing.
Après plusieurs écoutes nous ressentons globalement un mieux, sans qu’il soit flagrant. Le medium semble mieux réparti notamment au balcon où l’on ressent moins de résonnance après l’activation de l’ArrayProcessing. D’un autre côté il est vrai qu’une diffusion bien conçue, installée et calée, peut n’avoir besoin que d’un petit coup de main pour en finaliser le rendu, c’est donc rassurant de constater que la mise en marche de l’algorithme n’apporte pas d’effets secondaires.

La seconde écoute en revanche nous a totalement conquis. La salle étant souvent occupée sans public au balcon, les gérants ont souhaité avoir un preset « parterre seul » où l’énergie inutilisée au balcon puisse l’être ailleurs, une récupération toujours salutaire en termes de moindre excitation de la salle. A l’étage, nous avons la sensation que les boîtes du haut sont coupées. A l’orchestre en revanche, la mise en marche du preset non seulement n’apporte aucune perte dans le bas médium, mais la précision de la restitution augmente et l’absence des réflexions du balcon fait grimper la définition. On est clairement bluffé.

C’est cette dernière écoute vraiment concluante, qui nous a convaincus de l’intérêt de ce système. L’ArrayProcessing est sans aucun doute une évolution très importante dans le monde de l’audio. C’est un outil remarquable avec lequel la distribution de l’énergie et la balance tonale peuvent être lissés et complétés bien au-delà du calage mécanique et des plateaux FIR. Le slogan de d&b qui parle de démocratisation du son est en grande partie vrai, tout comme l’est aussi le risque d’en faire trop et de jouer aux apprentis sondiers en oubliant d’utiliser ses oreilles…

Une vue du balcon prise depuis la scène.

L’option « -0db par doublement de distance » risque d’attirer des foules, mais il faut garder à l’esprit que ce genre de processing extrême crée des petits dégâts collatéraux qui ne sont pas forcément compris/entendus pas tous les techniciens y ayant accès. Il faut aussi veiller à ne pas sous dimensionner ses systèmes pensant que l’ArrayProcessing va recréer les dB manquants ou encore placer des boîtes nettement moins puissantes en side en espérant rattraper une balance et un SPL identique au système de face par exemple dans le grave.

Il faut « nourrir » l’algorithme en bois afin de lui donner les réserves nécessaires pour transformer vos rêves les plus fous en son et à ce prix, vous obtiendrez des résultats remarquables, comme l’a fait Amptec au De Roma. Un dernier clin d’œil. On pense que l’ArrayProcessing est plus orienté ingé système que mixeur. A méditer…

Les hommes de l’ombre comme on aime les appeler, toujours prêts à nous faire des tests AB comme on les aime.

Plus d’infos sur :

Prolight + Sound 2018, Amadeus lance son processeur de son spatial HOLOPHONIX

Amadeus présente un processeur de spatialisation du son de qualité audiophile, conçu en collaboration avec le STMS (Sciences et Technologies de la Musique et du Son) ; laboratoire fondé en 1995 et hébergé à l’IRCAM associant le CNRS, Sorbonne Université, le Ministère de la Culture et l’IRCAM autour d’une thématique de recherche interdisciplinaire sur les sciences et technologies de la musique et du son. Il est en démonstration au PL+S de Francfort.

Au salon Prolight + Sound 2018 à Francfort, Amadeus, comptant parmi les premiers fabricants de systèmes de sonorisation et de moniteurs de studio sur mesure, lance HOLOPHONIX™, un nouveau processeur de traitement du signal, conçu pour la spatialisation sonore et les expériences immersives en temps réel.
Le processeur HOLOPHONIX embarque plusieurs techniques de spatialisation telles que Higher-Order Ambisonics (2D, 3D) Vector-Base Intensity Panning (2D, 3D), Vector-Base Amplitude Panning (2D, 3D), Wave Field Synthesis, Binaural, entre autres, permettant de positionner et de déplacer des sources sonores de manière intuitive dans un espace 2D et/ou 3D.

« Le projet de développement HOLOPHONIX est assurément le plus ambitieux et le plus excitant que nous ayons initié depuis longtemps », explique Michel Deluc, Directeur R&D de la marque Amadeus. Le processeur HOLOPHONIX propose un environnement extrêmement avancé permettant de mixer, de réverbérer et de spatialiser des matériaux sonores provenant de divers dispositifs, selon plusieurs techniques de spatialisation développées par le laboratoire STMS (Sciences et Technologies de la Musique et du Son). Ce système poly-algorithmique de spatialisation sonore unique en son genre offre par ailleurs la possibilité de sélectionner et de combiner ces techniques (ou algorithmes) en temps réel.
Les relations entre Amadeus et l’IRCAM (Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique) ont commencé à la fin des années 1990. Au fil des années, Amadeus a conçu plus de 339 enceintes sur mesure installées au sein de l‘Espace de Projection de l’IRCAM, salle à acoustique variable destinée à la recherche sur les systèmes de reproduction du champ sonore, dont WFS (Wave Field Synthesis) et Ambisonics 3D.

L’Holophonix et sa magnifique face avant

« Le projet HOLOPHONIX hybride une pluralité de talents issus des plus prestigieuses institutions musicales, théâtrales et scientifiques françaises, dont les expériences et les compétences sont aussi riches que complémentaires », révèle Gaetan Byk, Responsable Marketing de la marque Amadeus.
« Notre grande proximité avec les équipes de l’IRCAM et leur confiance à notre égard depuis plus de 20 ans nous ont inévitablement amené à nous rapprocher en vue d’intégrer au sein du processeur HOLOPHONIX une large partie de leurs technologies liées à la spatialisation du son. Nous souhaitions parallèlement offrir à nos futurs utilisateurs un outil simple, intuitif, ergonomique, parfaitement optimisé au regard des contraintes liées au spectacle. Le concours de contributeurs issus de prestigieuses institutions françaises, comptant parmi les premiers utilisateurs et bêta-testeurs de cet outil, a été essentiel. »

Parmi ces derniers on retrouve Jean-Marc Harel du Théâtre de La Gaîté Lyrique, Marc Piera du Théâtre National de Chaillot, Dominique Bataille et Samuel Maitre du Théâtre du Vieux-Colombier, l’un des trois théâtres de la Comédie-Française, et Dewi Seignard du Centre culturel Les Champs Libres à Rennes. Michel Deluc a travaillé en étroite collaboration avec les concepteurs de l’interface graphique, Thierry Coduys et Guillaume Jacquemin, également développeurs du logiciel ‘IanniX’.

Le processeur HOLOPHONIX est logé dans un magnifique châssis de 3U de hauteur, en aluminium usiné et anodisé. Sa face avant est façonnée à partir d’un bloc d’aluminium dans un style qui rappelle les aspects esthétiques et techniques des produits Hi-Fi audiophiles développés par Amadeus. Avec ses deux alimentations redondantes et ses disques SSD, le matériel est entièrement redondant pour une fiabilité absolue. HOLOPHONIX est compatible Dante et peut être interfacé avec la plupart des périphériques Dante-compatible du marché.

La visualisation d’Holophonix

Au-delà du Dante, le système peut également être configuré à la demande pour les formats MADI, RAVENNA ou AES67. « Le processeur HOLOPHONIX offre une fonction de matriçage en entrée et en sortie afin de choisir pour chacun des canaux entrants le mode de rendu. Il permet nativement la gestion des 128 entrées et 128 sorties en 24/96kHz, extensibles à 256 ou 384 », explique Michel Deluc.
Le processeur HOLOPHONIX est articulé autour d’un puissant moteur de réverbération algorithmique multicanal. Il offre la possibilité aux créateurs de combiner différentes réverbérations artificielles, permettant ainsi de fusionner des matériaux sonores de façon homogène et de travailler la profondeur apparente des plans sonores.

« En utilisant plusieurs techniques de spatialisation en deux et/ou en trois dimensions, le processeur HOLOPHONIX offre une plate-forme extrêmement évoluée capable de mixer, réverbérer et de spatialiser des matériaux sonores provenant de divers appareils », explique Thierry Coduys, le Responsable du Développement, très impliqué dans la création du processeur HOLOPHONIX. Artiste polyvalent, musicien, créateur polymorphe, Thierry Coduys a travaillé aux cotés de grands noms tels que Luciano Berio, Pascal Dusapin, Philip Glass, Karlheinz Stockhausen ou encore Steve Reich, entre autres.

Le processeur offre un nombre quasi illimité de bus de spatialisation, chacun capable d’exécuter l’un des algorithmes sonores embarqués dont Higher-Order Ambisonics (2D, 3D) Vector-Base Intensity Panning (2D, 3D), Vector-Base Amplitude Panning (2D, 3D), Wave Field Synthesis, Angular 2D, k-Nearest Neighbor, Stereo Panning, Stereo AB, Stereo XY, Native A-Format Ambisonics, Native-B Format Ambisonics, Binaural.

« Cela permet à l’utilisateur de contrôler les sources sonores en utilisant différentes techniques. Pour chaque projet, on évalue et on écoute les algorithmes et on les choisit sur le site en fonction de leur cohérence avec le système électro-acoustique principal et des attentes artistiques du compositeur ou des interprètes », explique Thierry Coduys.
« L’algorithme binaural a été conçu pour aider les ingénieurs et les producteurs à préparer leur production à l’aide d’un casque d’écoute conventionnel, en leur donnant l’expérience d’une image 3D complète de leur mix, afin de concevoir des trajectoires d’objets sonores.

Le processeur comprend également une centaine de fonctions de transfert liées à la tête (Head Related Transfer Function, HRTF) disponibles dans le format de fichier SOFA », ajoute Thierry Coduys. La fonction de transfert relative à la tête (HRTF), parfois appelée aussi fonction de transfert anatomique (ATF), est une réponse qui caractérise la façon dont une oreille reçoit un son à partir d’un point dans l’espace. L’Audio Engineering Society (AES) a défini le format de fichier SOFA pour le stockage de données acoustiques orientées spatialisation, comme les HRTF.

Le processeur HOLOPHONIX fonctionne également avec un logiciel de contrôle de spectacle et les stations de travail audio (DAW) courantes compatibles avec le protocole OSC (Open Sound Control) comme Ableton Live, Cubase, Digital Performer, IanniX, Logic Pro, Mandrin, Max, Nuendo, PureData, Pyramix, QLab, Reaktor, REAPER, Reason, Traktor.
Cela permet aux compositeurs d’ajouter un niveau de contrôle aux systèmes logiciels, matériels ou réseau existants utilisés pour des créations originales in situ, comme les installations ou les spectacles qui incluent un contenu graphique, vidéo et/ou sonore.


Les détails techniques des algorithmes contrôlés par le système matériel HOLOPHONIX révèlent sa puissance et sa profondeur :

  • VBAP (Vector Base Amplitude Panning) 2D ou 3D : La technologie VBAP nécessite de connaître par avance la position des enceintes, et utilise les trois enceintes les plus proches de la position voulue de la source. Cette approche utilise la composante directionnelle des vecteurs de chacune des deux ou trois enceintes les plus proches de la source sonore.
  • DBAP (Distance Based Amplitude Panning) 2D : La technologie DBAP définit un pan-pot d’amplitude sur un ensemble d’enceintes dont la position n’a pas besoin d’être connue. Les facteurs de gains pour chaque enceinte sont établis sur un modèle d’atténuation de distance entre la position de la source sonore et chacune des enceintes.
  • High-Order Ambisonics 3D : La technologie Ambisonique nécessite de connaître par avance la position des enceintes et propose la reconstruction d’un champ acoustique par décomposition sur une base d’harmoniques sphériques.
  • WFS (Wave Field Synthesis) 2D : La technologie WFS propose la reconstruction d’un champ sonore sur une zone étendue. Elle consiste à reformer un front d’onde par superposition d’ondes secondaires émises par un réseau d’enceintes.

« Chaque paramètre du processeur HOLOPHONIX peut être surveillé et contrôlé via le protocole Open Sound Control (OSC). Ce format de transmission de données entre ordinateurs, synthétiseurs, robots ou toute autre appareil ou logiciel compatible a été conçu pour le contrôle en temps réel. La transmission de données utilise le protocole réseau UDP (User Datagram Protocol), avec une vitesse et une souplesse très améliorées par rapport au MIDI », explique Guillaume Jacquemin.
Le processeur HOLOPHONIX est également compatible avec la plupart des séquenceurs du marché (Ableton Live, Cubase, Digital Performer, IanniX, Logic Pro, Mandrin, Max, Nuendo, PureData, Pyramix, QLab, Reaktor, REAPER, Reason, Traktor…), permettant ainsi aux compositeurs de superposer une couche de contrôle sur des systèmes existants (installations, performances, matières graphiques, vidéos ou sonores…), que ceux-ci soient logiciels, matériels ou en réseau dans le cadre de créations originales in-situ.

« L’interface Web HOLOPHONIX Controller est compatible avec tous les systèmes d’exploitation (OS) d’appareils qui intègrent un navigateur Web ; et notamment iOS, macOS, Windows et les environnements Android. Elle offre une visualisation tridimensionnelle du lieu et facilite le pilotage et l’interaction en temps réel de l’utilisateur avec tous les objets sonores, haut-parleurs et autres paramètres divers. Cette interface permet également l’importation de dessins 2D au format CAD et leur représentation sous forme de projections axonométriques et ainsi leur visualisation en trois dimensions », ajoute Guillaume Jacquemin.

Des démos du processeur Amadeus HOLOPHONIX vont avoir lieu chaque jour du 10 au 13 avril 2018 matin au Prolight + Sound dans le Hall 3.1 stand B15 avec Thierry Coduys qui l’a codéveloppé aux manettes. Le processeur Amadeus HOLOPHONIX va être disponible en 2018, son prix sera annoncé ultérieurement.

Pour plus d’informations, visitez le site Holophonix et le site Amadeus

Shaka Ponk Back Stage, interview vidéo d’Alex Bucher

Lors du reportage de Shaka Ponk, nous avons filmé Alex Bucher, concepteur lumière de la tournée et promené notre caméra pour découvrir les détails de son kit. Nous partageons aussi quelques belles images des techniciens de Dushow et d’Alabama chargés du montage à Bercy.

Interview d’Alex Bucher. Alex, mais pas que lui, fou rire garanti.

Back Stage à Bercy, les techniciens de Dushow.









Photos : Domi – http://domidecker.fr/dushow

ESL distribue les moteurs EXE Technology

EXE Technology fabrique et distribue dans le monde entier une large gamme de moteurs à chaîne pour le spectacle.
D’un très haut niveau de sécurité, précis et robustes, ces moteurs sont fabriqués et assemblés en Italie.

La gamme des moteurs EXE-Rise est très large et peut répondre à tous les besoins. Elle comprend des moteurs de classification D8 en 250, 500, 1 000 et 2 000 kg, et des moteurs classé D8+ en 150, 300, 600, 800 et 1 200 kg.
Une version 250 kg alimentée en monophasé est également disponible, idéale pour des installations où le courant triphasé est inexistant.

Certains modèles peuvent être équipés d’une cellule de charge EXE-Cell. Cette interface autonome intégrée au palan est en connexion directe avec un crochet de corps spécial et permet, grâce à un écran LED, de voir et de contrôler en temps réel la charge levée.


Pour plus d’informations, visitez le site d’ESL

 

Televic Conference présente son unité centrale AE-R

La société belge Televic Conference présente Plixus AE-R (« Audio Engine with Recording »), une toute nouvelle unité centrale pour systèmes de conférences. La nouvelle machine ne nécessite plus de PC pendant la réunion et facilite la combinaison de configurations câblées et sans fil.
Elle offre également aux utilisateurs une interface entièrement nouvelle qui facilite la mise en place, la conduite et l’enregistrement des réunions.

Didier Rosez, Chef de produit chez Televic Conference indique : « Notre tout nouveau Plixus AE-R est la pierre angulaire d’une flexibilité incomparable : combiner des solutions câblées et sans fil en une seule installation, séparer ou réunir facilement différentes salles sans fil, étendre la portée d’un réseau de conférence sans fil : tout cela est désormais possible ». Pour simplifier les choses, la nouvelle unité centrale Plixus AE-R est équipée d’un simple bouton de volume et d’un bouton d’enregistrement en face avant (accompagné d’un voyant indiquant l’état de l’enregistrement).

La carte Dante optionnelle 64E/S

Le serveur Web intégré permet d’accéder à l’ensemble des fonctions de réunion dans une interface entièrement nouvelle. « Le serveur Web a été conçu de toutes pièces pour simplifier la gestion et la configuration », explique Ronan Dezyn, chef de produit chez Televic Conference.
« L’enregistrement multicanal de 4 flux audio sur la mémoire interne ou sur un disque USB externe peut être réalisé en un seul clic », ajoute-t-il.
En fin de compte, la nouvelle machine offre aux intégrateurs la possibilité de concevoir des salles de réunion plus flexibles.

« Plixus AE-R est un outil polyvalent dans notre architecture de conférence. En ouvrant la possibilité de travailler avec des environnements filaires et sans fil, nous offrons aux clients la liberté de concevoir des solutions de conférence adaptées à leurs besoins », explique Bart De Ruyck, spécialiste marketing produits de conférence.

Caractéristiques principales :

  • Coffret rackable 19 pouces 1 U 195 mm de profondeur
  • 4 ports de conférence (RJ-45, Cat 5e blindé, longueur maximale 400 m). Connexion des micros en chaîne ou en boucle (redondance)
  • Compatibilité Dante avec module interne optionnel (64 entrées/64 sorties 24 bits/48 kHz)
  • 1 port de contrôle (RJ-45, IP à 100 Mbits/s)
  • 1 entrée audio symétrique (XLR, niveau nominal +4 dBu, maximal +24 dBu)
  • 1 sortie audio symétrique (XLR, niveau nominal +4 dBu, maximal +24 dBu)
  • 1 entrée audio asymétrique (Cinch, niveau nominal -10 dBV, maximal +10 dBV)
  • 1 sortie audio asymétrique (Cinch, niveau nominal -10 dBV, maximal +10 dBV)
  • Audio 24 bits, 48 kHz. Traitement interne de la dynamique avec commande de gain et limiteur et noise gate programmable en seuil, rapport, temps d’attaque et de retour.

Enregistrement :

  • Mémoire interne 8 Go, format MP3 à 64, 128, 196, 256 kbits/s (capacité équivalente à 100 heures d’audio simple flux à 128 kbits/s)
  • Support externe : port USB 2.0 prenant en charge des disques de capacité maximale 500 Go formatés en NTFS.
  • Alimentation externe 90-264 V AC 47-63 Hz .
  • Sortie pour alimentation par câble : 48 VDC – 2 A

Page officielle du produit sur le site Televic et d’autes informations sur Televic France.

La lumière d’Alexandre Bucher sur la tournée Shaka Ponk

L’un des tableaux issus du design très travaillé d’Alex, du plus bel effet ! Nous remarquerons les morceaux de structures circulaires recréés en vidéo !

Shaka Ponk, le très populaire groupe « Electro hard rock » débridé et énergique revient sur scène pour une tournée dans tout l’hexagone avec un design lumière d’Alexandre Bucher qui intègre le binôme RoboSpot / BMFL FollowSpot de Robe et deux nouveaux drones Elation, le Rayzor et le Dartz, petites sources à leds présentes en grand nombre.
Cette entrevue nous permet de remarquer le travail d’Alex Bucher l’éclairagiste des Shaka à l’origine du design lumière également pupitreur sur cette tournée. Nous sommes au Zénith de Lille où l’équipe et le groupe ont posé leurs flight cases pour leur résidence et la première date de la tournée.

La grande équipe qui entoure les Shaka Ponk nous fait l’honneur de prendre la pose quelques jours avant la première représentation au Zénith de Lille.

Un premier coup d’œil à la scène révèle un plateau riche en décors et en détails ! Les sources lumière au sol cohabitent avec la végétation (réelle et artificielle), les pierres ou murs en ruines sont reproduits avec réalisme. On découvre des lyres wash intégrées à certains praticables ou dissimulées derrière des roches. Nous comprenons alors l’envergure technique de cette nouvelle tournée « made in Shaka ».

Alex Bucher

Nous rencontrons Alexandre Bucher, lors des répétitions à quelques jours de la grande première.

SLU : A quel moment arrives-tu dans la création ?

Alexandre Bucher : « Pour Shaka Ponk, les toutes premières discussions remontent à 2 ans quand nous avons entamé le « brainstorming » autour du décor, mais mon arrivée réelle dans la conception s’est faite au mois de mai 2017, lorsque le groupe a démarré ses premières répétitions avec les images créées par Jules et Paul Briand pour le show.
Nous avons commencé à décortiquer l’ossature du spectacle, la scénographie, la mise en scène en corrélation avec la vidéo, avant même de parler de technique lumière. Il nous fallait une base très solide à ce niveau car énormément d’éléments de mise en scène sont directement liés à la vidéo. J’ai dû ensuite créer ma lumière autour de cet univers alliant déco et vidéo.”

Interview de Paul et Jules Briand qui ont réalisé les images 2D et 3D du Show de Shaka Ponk

Interview d’Alex Bucher

SLU : Quelle est la place de la lumière par rapport à la vidéo ?

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Alexandre Bucher : “Pour ce show, nous fonctionnons toujours ensemble, j’essaie d’être toujours en accord avec la vidéo. La lumière apporte une vraie plus-value en termes de dynamique. Elle ajoute des directions, accentue des visuels diffusés sur les écrans, notamment les « pods » qui forment un élément central d’un point de vue lumière. Ces modules qui renferment les Rayzor Elation ont été dessinés dans un but d’intégration total avec la déco et la vidéo. Ils jouent à certains passages bien choisis et créent un dynamisme supplémentaire à l’ensemble pour en décupler l’impact visuel.

Une ambiance post-apocalyptique bluffante où la vidéo et la lumière éclairant les éléments de décor, s’imbriquent parfaitement.

SLU : Ces fameux « pods » renferment un nombre conséquent de projecteurs, sont-ils pixel mappés avec la vidéo ?

Alexandre Bucher : Il n’y a pas de lien avec les média serveurs, ils sont matricés directement depuis ma console lumière.

Le faisceau virtuel qui « éclaire » le musicien, l’une des nombreuses interactions entre vidéo et éclairage réel.

SLU : Peux-tu nous en dire plus sur la création de cet élément scénique ?

Alexandre Bucher : A l’origine je cherchais une galette de leds sur lyre motorisée d’au moins 80 cm de diamètre, voire 1 mètre mais je n’ai jamais réussi à trouver cette source qui puisse combiner la taille, le faisceau et la mobilité pan/tilt. J’ai donc dessiné une carcasse pour y incorporer en nombre des projecteurs plus compacts.
Dushow, qui fournit l’éclairage de la tournée, m’a montré plusieurs machines dont le fameux Rayzor 360 Elation que j’ai adopté.

Détail des pods imaginés par Alexandre qui abritent 19 Rayzor Elation. On aperçoit au second plan les B-Eye K20 Claypaky installés sur pantographe.

Il me fallait un projecteur qui puisse entre autres délivrer un faisceau à la manière d’un B-Eye avec une seule led allumée, disposant d’un zoom de grande amplitude.
Le gros avantage de ces machines c’est le pan/tilt continu ; il arrive que je les retourne complètement pour éclairer l’intérieur du pod, dégageant ainsi une autre ambiance à l’instar d’une très grosse lentille de projecteur.
La partie fabrication, fixation et mobilité de ces Pods a été confié à CMDS (qui a confectionné la déco), prenant en compte toutes mes contraintes techniques.


SLU : Les mouvements verticaux de ces pods sont-ils pilotés en DMX depuis la console lumière ?

Alexandre Bucher : La mobilité de ces pods est acquise via des moteurs asservis mais ils ne sont pas gérés en DMX. Ce n’était pas compatible pour diverses raisons, notamment au regard de la sécurité. Ces éléments sont dirigés par un opérateur dédié qui dispose de ses mémoires. A la fois lui et moi avons la même cue-list, et c’est moi qui commande ses actions via un système de témoins lumineux déclenché par mon pupitre.

Les Rayzor en action lors d’un effet de retournement où la lumière éclaire l’intérieur du pod.

SLU : Parle-nous du nouveau système de poursuite RoboSpot Robe. Pourquoi et comment l’as-tu intégré au show ?

Alexandre Bucher : Nous retrouvons deux de ces pupitres inclus dans mon kit, c’est un produit que j’ai pu expérimenter sur la tournée de Vianney. Pour Shaka Ponk je cherchais une poursuite avec le dimmer et les couleurs pilotables en DMX, répondant aux besoins d’un spectacle très précis au niveau des tops et du time code. Un poursuiteur averti s’en sortirait peut-être, mais la tâche aurait été compliquée de mon point de vue, ça n’aurait pas été réalisable dès la première représentation.
Nous avions déjà rencontré ce problème lors de la tournée précédente, où la conduite de la poursuite n’a pu être vraiment acquise qu’après la dixième ou quinzième représentation. Malgré l’automatisation du pilotage, il y a quand même une présence humaine derrière les actions du projecteur pour suivre les artistes et avoir la main sur certains paramètres. Le concept fonctionne vraiment bien, évidemment une petite phase d’adaptation est nécessaire pour les poursuiteurs mais le résultat correspond vraiment à mes attentes.”

Le pupitre RoboSpot avec, de haut en bas, l’écran relayant l’image captée par la caméra située sur la tête du BMFL FollowSpot, puis la petite console permettant au poursuiteur de gérer quelques paramètres de la machine, et pour finir le guidon qui translate les mouvements de l’opérateur en déplacements de la lyre.

Faisons un aparté à cette interview pour revenir sur le fonctionnement du RoboSpot : Il s’agit d’un pupitre de commande déporté dédié au BMFL, version FollowSpot, dépourvu de ses effets pour ne laisser que les fondamentaux, à savoir le dimmer (et strobe), les couleurs, l’iris, zoom/focus et évidemment les mouvements pan/tilt. Le pupitre RoboSpot nécessite donc un opérateur pour gérer les déplacements du BMFL auquel il est assigné.
Il dispose d’un guidon mobile équipé de poignées pour diriger la position du faisceau et modifier ses paramètres. L’ensemble est surmonté d’un écran dont l’image retransmise est captée par une caméra fixée sur la tête de la lyre. Le prototype ayant été présenté lors du Prolight+Sound 2017, c’est la première fois que nous voyons cette machine en action.

Alexandre Bucher : “Ce système n’a clairement pas le même toucher et la même approche qu’une poursuite classique, mais à la fin du premier filage, les opérateurs avaient déjà acquis un certain coup de main. L’intégration de cette machine au kit lumière est un atout indéniable. Les faisceaux des poursuites traditionnelles traversant la salle peuvent parfois être désagréables visuellement dans la fumée, ici ce n’est pas du tout le cas, les BMFL FollowSpot sont accrochés au pont de face. Je pilote, depuis ma console, toutes les fonctions, à l’exception du pan/tilt et de l’iris.

Les deux BMFL FollowSpot accrochés sur le pont de face

Les opérateurs ont donc le contrôle total des mouvements et du diamètre du faisceau. Ils disposent d’un grand master sur leur pupitre pour avoir la main en cas d’imprévu, par exemple des artistes qui sortent de scène à un moment où le dimmer est envoyé en DMX.
Parmi les améliorations souhaitables à mon avis, la présence d’une roue de gobos serait vraiment intéressante ainsi qu’un verrouillage du pupitre de commande utilisable lorsque l’opérateur n’est pas à son poste, car n’importe qui touchant le « guidon » fait obligatoirement bouger le projecteur.
Au niveau des presets de positions, la sauvegarde est possible mais vu que le manipulateur n’est pas motorisé et prioritaire sur les presets, il suffit de le toucher pour que la tête de la lyre se mette dans la position du pupitre. Peut-être qu’un guidon motorisé pourrait pallier ce problème ? Malgré ces quelques détails, le système s’avère très convaincant et redoutablement efficace!

SLU : Quel est l’avis des poursuiteurs sur le sujet ?

Alexandre Bucher : Sur cette tournée les techniciens affectés à la poursuite ont appréhendé rapidement le fonctionnement et le toucher du système et ne semblent pas frustrés de ne pas avoir la main sur la totalité du pilotage de l’appareil. Cependant, nous pouvons facilement imaginer que ça pourrait être le cas pour des poursuiteurs experts. Après il ne faut pas voir le problème sous cet angle, car ça peut être frustrant pour le technicien, mais l’innovation sert le show, ce qui est primordial. Nous sommes avant tout au service des artistes et du spectacle.

Frah au centre d’une révolution endiablée du public, éclairé par le faisceau d’un BMFL FollowSpot. L’artiste est mis en valeur par un faisceau de contre à l’opposé de celui d’une poursuite classique.

SLU : Peux-tu nous faire un résumé du reste de ton kit lumière ? On voit par exemple des panneaux leds de quoi s’agit-il ?

Alexandre Bucher : Ce sont des stroboscopes StormLite de Starway. Je cherchais des strobes de couleur faisant également office de source pour un certain type d’éclairage, et c’est ce produit qui a le mieux répondu à mes attentes malgré un poids un peu élevé. Certaines autres machines proposant les mêmes fonctions n’étaient pas aussi performantes lors de la gradation des couleurs.

SLU : On voit aussi un peu partout sur scène une nouvelle petite source Elation…

Trio de Dartz, le nouveau beam à leds Elation installé au sol dans la végétation luxuriante du décor omniprésent.

Alexandre Bucher : C’est le Dartz. Il me fallait des petites sources au sol, plutôt de type beam, qui ne prennent pas de place sur le plateau et qui soient pêchues. Après plusieurs tests chez Dushow je suis tombé amoureux de cette source et de ses fonctions.
Quand on l’allume en faisceau serré, le rendu est sans équivalent avec les autres projecteurs led de ce type et de cette puissance actuellement, avec un spot net, la présence de gobos, deux prismes combinables (pour des effets vraiment chouettes) et le pan/tilt continus. L’inconvénient c’est l’absence de zoom, mais la défocalisation ouvre un peu le faisceau. Le frost est lui aussi appréciable pour éclairer les musiciens en bain de pieds sur certains tableaux.

SLU : Elation est un nouvel acteur sur ce type de prestations, as-tu rencontré des soucis depuis que tu utilises ces machines, par exemple au niveau de la calibration des couleurs ?

Alexandre Bucher : Non, nous n’avons pas eu ce type de soucis, la calibration des couleurs est plutôt bonne. Évidemment il y a quelques points qui mériteraient d’être améliorés mais qui ne sont pas graves. A la réception nous avons dû faire quelques changements de paramètres dans le menu de l’appareil car certains modes ne sont vraiment pas cohérents avec une utilisation professionnelle. Je pense par exemple au mode « veille » activé par défaut à la sortie d’usine avec pour résultat, au bout d’un quart d’heure d’inactivité, l’extinction des machines, ces dernières mettant une dizaine de secondes à revenir à leur état après avoir renvoyé une info DMX.

Les faisceaux des beam Dartz dont l’ouverture peut être décuplée grâce aux prismes.

SLU : Et les Fresnel ?

Alexandre Bucher : Il s’agit de l’éclairage public, des Fresnel 2 kW (tungstène) trouvés chez Dushow, dans l’optique du décor « jungle » un peu cinématographique.

L’audience déjà surchauffée éclairée par les Fresnel 2 kW.

SLU : La déco est omniprésente sur scène, par quel moyen la mets-tu en valeur ?

Alexandre Bucher : Avec des Mac Aura XB. Une grosse partie y est dédiée, intégrée dans le décor et donc invisible du public. Ces machines font parfaitement le job.

De nombreux éléments du kit lumière sont totalement invisibles pour le public comme cet ensemble de Mac Aura XB intégrés dans un praticable transparent au sol. Un élément unique qui ne nécessite pas de démontage lors du transport.

SLU : Explique-nous l’implantation des pantographes dans ta scénographie

Alexandre Bucher : Ce sont clairement des éléments de décor qui apportent un plus à la mise en scène. Accrochés à chaque unité j’ai un B-Eye et un Stormlite. Le pantographe en lui-même est aussi éclairé par un PAR à leds. J’en suis très content, mais mon équipe un peu moins (rires) !
Ce sont des éléments qui nécessitent un lourd protocole de mise en place et de fonctionnement, mais une fois que ça tourne, il n’y a plus de soucis. De toute évidence ce n’est vraiment pas un produit de touring, mais plutôt axé studios TV. Dushow l’a détourné en y apportant quelques modifications dont un protocole de pilotage. En Europe on ne trouve pas de pantographe vraiment adapté aux tournées.

SLU : Comment éclaire-t-on Shaka Ponk, ont-ils des demandes particulières ?

Alexandre Bucher : Rien de vraiment trop spécial malgré un niveau d’exigence élevé. Nous utilisons beaucoup les latéraux, ainsi que les projecteurs en douche qui sont au final plus présents que la face qui elle se limite souvent à l’éclairage des deux chanteurs. Les moments où le public est vraiment éclairé sont plutôt rares afin de mettre en valeur des passages où un vrai échange s’opère entre l’audience et les artistes.

Sur ce tableau, les pods mobiles combinés aux faisceaux des Rayzor nous feraient presque croire à la présence d’ACL à quelques degrés Kelvin près !

SLU : Parle-nous du pilotage, comment contrôles-tu tout ce petit monde ?

Alexandre Bucher : Le show est time codé. Bien entendu certaines choses sont restituées en live, quand le groupe est plus libre au niveau du temps. Très honnêtement j’aurais aimé en mettre beaucoup moins sur le Time code, mais après d’une nuit de programmation avec Jeff qui encode avec moi, nous nous sommes rendu compte que trop d’éléments faisaient que ce n’était pas jouable, trop d’interactions avec l’écran et les mouvements du décor. J’aime la restitution live mais le show ne le permet simplement pas, ce serait trop égoïste de le faire en live et ça ne servirait pas le spectacle. Les artistes ont donc en permanence un métronome qui tourne, sur lequel une piste de Time code pilote tous les déclenchements du show.

SLU : Et la vidéo ?

Alexandre Bucher : Je me suis occupé de la vidéo jusqu’au début des pré-productions chez Dushow. J’avais installé un Modulo PI dans le studio pour diffuser les images sur un écran pendant les répétitions. J’ai fait l’encodage et le suivi jusqu’aux pré-prods quand l’équipe vidéo d’Alabama a repris le poste. Sur le média serveur (qui reçoit le time code des musiciens), j’ai la main en DMX pour régler les niveaux du mur à leds et quelques autres points techniques comme la commande de la grille entre les médias serveurs (main et spare).”

L’aboutissement du travail entre la déco mobile et la vidéo.

SLU : Peux-tu nous raconter ton parcours professionnel ?

Alexandre Bucher : Lorsque j’étais au collège, je passais beaucoup de temps dans un théâtre, et je me suis de plus en plus intéressé à la lumière ainsi qu’au son. L’éclairage n’était pas encore une évidence pour moi, parallèlement, j’ai commencé à travailler (ou plutôt bricoler) l’été dans une petite boîte de presta et j’ai trouvé ça vraiment sympa. C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’en faire mon métier.
Continuant mes études, un cursus plutôt classique, j’ai obtenu mon BAC scientifique, toujours avec l’idée de devenir éclairagiste. J’ai ensuite démarré une formation à l’IGTS Grenoble, en alternance chez Lagoona à Strasbourg. Hélas l’expérience à l’IGTS fut de courte durée (4 mois) car je m’ennuyais beaucoup, pas dans les matières en rapport avec le son et la lumière mais pendant l’enseignement du cursus général. Lagoona m’a proposé de m’engager en fixe. J’y suis resté 4 ans et j’ai beaucoup appris.

Alex concentré devant son pupitre pendant le show.

Par la suite je suis devenu intermittent pour diverses entreprises et 3 ans après j’ai rencontré Frédéric Fayard (« Aldo ») de Concept K où je suis resté pendant 4 ans. J’y ai rencontré Thomas Dechandon, et assez rapidement nous avons entrepris notre premier chantier qui était en fait l’avant-dernière tournée des Shaka Ponk (j’étais son assistant). Puis nous avons entrepris toutes les tournées ensemble en formant un binôme réellement complémentaire.
Il y a 2 ans j’ai quitté Concept K pour créer à 4 personnes 4eleven, une SAS où nous sommes donc tous associés.
 C’est en mai 2017 qu’a débuté mon travail sur le design de cette nouvelle tournée de Shaka Ponk, il s’agit de mon deuxième design lumière, le premier était celui des Zéniths lors de la dernière tournée de Vianney. »

Nous retournons voir Alexandre au Zénith de Toulouse où nous avons le plaisir d’assister au show du groupe. Nous en profitons pour lui demander comment s’est passé ce début de tournée :

Alexandre Bucher : « Très bien dans l’ensemble, nous n’avons pas été confrontés à des soucis majeurs, il y a quelques éléments qui nécessitent un certain rodage comme les pantographes parfois un peu capricieux, mais globalement c’est très positif.”

La scène apparaît soudainement plus profonde lorsque les pods sont repris sur les écrans vidéo, l’effet est réussi !

Le concert

Les pods asservis sont l’élément central de la mise en lumière. Ils apparaissent et disparaissent à profusion. Même si nous avons déjà vu des luminaires motorisés de ce type par le passé, la concentration de machines ainsi que leurs possibilités, créent de nouveaux effets, notamment lorsque les sources sont retournées.
On observe une multitude de mouvements implicites, la déco s’éclaire de l’intérieur, le contraste futuriste de ces groupes de sources, l’ambiance de jungle et de ruines produit un fort impact, jusqu’à modifier le visuel scénique global lorsque les pods sont au plus bas. Les grappes de machines se retrouvent juste au-dessus des artistes et cassent l’impression de hauteur rendant la scène plus intimiste.

Les proportions conséquentes de la scène du Zénith se font presque oublier lorsque les Rayzor se retrouvent très proches des artistes…

… Soudainement les pods se mettent en mouvement libérant des faisceaux créés par ces mêmes sources.


Parlons maintenant du contraste général de la lumière. La musique que nous distillent les Shaka, très énergique et où les artistes se donnent à fond, fait immédiatement monter la température en salle. Quelques tableaux sont travaillés sous une palette de teintes pastel, relativement froides et assez étendue, qui se traduit par du blanc, du vert et du cyan. Les CTB, souvent utilisés, collent parfaitement avec le décor et l’ambiance qu’ils dégagent rend l’atmosphère du concert très électrique. A l’inverse quelques passages chargés de rouge ou de Congo ponctuent et appuient un titre soit plus feutré soit encore plus énergique.
Nous retrouvons aussi ces teintes par moments sur des visuels moins saturés où elles apportent un contraste percutant. Nous comprenons le choix du time code pour ce spectacle. Les tableaux, même les plus simples visuellement, sont très découpés et ponctuent beaucoup d’éléments musicaux. Le rendu du Dartz Elation est vraiment intéressant, quand on sait que sa source lumière est un moteur de leds de seulement 50 W ! Les faisceaux sont précis et les effets un atout indéniable.

Fin du show des Shaka sous les Rayzor et B-Eye K20, le tout renforcé par les Dartz au sol.

La démonstration en live du RoboSpot est tout à fait concluante, le groupe et particulièrement les chanteurs débordent d’énergie et n’hésitent pas à faire un bain de foule ou à chanter un titre au beau milieu des gradins. Il aurait été simplement impossible à une poursuite classique de suivre les artistes dans cette configuration. Nous pouvons imaginer que des projecteurs asservis du kit auraient pu être utilisés pour éclairer une position déterminée des chanteurs dans les tribunes, mais le RoboSpot permet de s’affranchir de ce genre de contrainte et offre aux artistes une liberté de mouvement totale.

Alex ne nous avait pas menti quand il nous décrivait les nombreuses interactions entre la vidéo, les artistes et la lumière. A plus d’une reprise, l’illusion opère. Des faisceaux virtuels apparaissent sur l’écran et sont modélisés, voire prolongés sur scène par de vraies sources, et ce genre d’effets apparaissant dans ce décor très travaillé, fonctionne à merveille.
Sur plus de deux heures de show, nous avons assisté à une vraie communion entre les artistes et leur public, qui durant tout le concert ont échangé leur énergie et leurs émotions, appuyés par une lumière bien dosée, percutante ou en retrait aux bons moments.
Les décors redoutablement efficaces, la scénographie globalement imposante nous transportent dans l’ambiance distillée par le groupe, sans excès ou superflu. L’objectif final n’est pas d’être dans la démonstration de force à gros coups de faisceaux ou d’effets mais bien de s’intégrer totalement dans « l’univers Shaka Ponk » sans pour autant leur voler la vedette.

Les plans de l’ensemble scénographique du MonkAdelic Tour

Visualisation 3D de l’ensemble scénographique du MonkAdelic Tour.

Les équipes du MonkAdelic Tour

REGIE :
Régisseur Géneral : Tristan Charleux
Régie Artistes : Mathilde Sirmel
Régisseur Plateau : Charles Exbrayat
BACKLINE :
Backliner : Pierre Balle
Backliner : Marc Vong
SON :
Sonorisateur Façade : Didier Théry
Sonorisateur Retour : Rémy Blanchet
Assistante Retour : Elsa Deftari
Technicien Système : Fabien Aubert
Technicien Système : Thomas Meynié
LUMIERE :
Designer : Alexandre Bucher (société 4eleven)
Pupitreur : Jean-François Bonnement
Régisseur Lumière : Patrice Giono
Chef d’équipe Lumière : Florian Jeannin
Bloqueur : Yannick Creff
Technicien Lumière : Nicolas Bedois
Technicien Lumière : Vincent Fransot
VIDEO :
Création d’images 2D et 3D : Jules et Paul Briand
Chef d’équipe Vidéo : Damien Lamblard
Technicien Vidéo : Hugues Lemaire
Technicien Vidéo : Marc Sertorius
DECO :
Technicien Déco : Patrice Dieu
Technicien Déco : Sylvain Violet
RIGG :
Chef d’équipe Rigg : Xavier Marchand
Rigger Asservis : Raphael Kessler
Rigger : Frédérique Wassmer
Rigger : Marc Mitsushima
Les prestataires :
Son diffusion : MPM
Son Régie: Dushow
Lumière : Dushow
Vidéo : Alabama
Structure : Seven
Fabrication déco : CMDS Factory et Ginger Prod

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La société nationale de radio et TV israélienne a déployé un réseau Dante de grande envergure

Succédant à l’ancienne radio-télévision israélienne, la Société publique de radiotélévision israélienne (IPBC) a commencé à émettre le 15 mai dernier.
La création du nouveau réseau, connu publiquement sous le nom de KAN, a inspiré une nouvelle conception technique du flux de travail et de l’infrastructure avec l’installation d’un réseau Dante desservant plus de 20 studios…
Une des principales stratégies de conception de la société israélienne d’intégration de systèmes « Broadcast Design LTD » a consisté à établir une dorsale informatique pour tous les systèmes et opérations techniques, avec un réseau audio sur IP Dante d’Audinate pour supporter tout le transport audio multicanal à faible latence destiné à la télévision et la radio.

En plus de simplifier la gestion et le routage des signaux, d’améliorer la qualité audio et de renforcer la redondance, la solution Dante a réduit considérablement les coûts de main-d’œuvre et d’équipements.
« Avec plus de 20 studios à construire, nous avons permis à notre client de réaliser une économie immédiate d’environ 15 000 dollars par rapport à une solution matérielle dédiée en utilisant une carte son virtuelle Dante pour l’installation de la distribution audio sur PC », a déclaré Micha Blum, propriétaire et président de Broadcast Design.
« Ensuite, nous avons économisé environ 15 000 $ en utilisant un commutateur administré standard et en éliminant tout le câblage et les connexions qu’auraient nécessité l’intégration d’un système traditionnel. Avec Dante, on branche le câble réseau et c’est fini. Cela aurait demandé des semaines au lieu de ne prendre que quelques jours. De plus, le retour sur investissement sera immédiat quand IPBC décidera d’ajouter de nouveaux canaux audio au réseau dans le futur. Dante offre l’évolutivité et la flexibilité nécessaires à la croissance contrairement au matériel classique. »

D’après Blum, le projet utilise plus de 200 cartes son virtuelles Dante, qui sont installées sur plusieurs stations de travail PC dans plus de 20 studios et sur de nombreux bureaux de presse, de montage et de production. Les cartes son virtuelles Dante fonctionnent conjointement avec les 32 serveurs informatiques standards qui prennent en charge le système d’automatisation Audisi-One du réseau.
De plus, des modules Dante ont été ajoutés à la console audio DHD 52/RX* de l’installation et aux unités de traitement numérique du signal 52/XC2 associées. Comme l’audio sur les produits DHD dispose de modules Audinate dédiés, les opérateurs ont la possibilité d’envoyer en quelques secondes l’audio des cartes son virtuelles Dante dans tout le bâtiment, et directement à la console de diffusion depuis n’importe quel PC du réseau. Les opérateurs utilisent également le réseau Dante pour envoyer de l’audio aux codeurs de streaming en direct.

A partir de leur système d’automatisation, les 20 studios prennent en charge trois chaînes de télévision hertzienne (plus les signaux séparés pour la diffusion par câble et satellite), huit stations FM et sept sources de radio Internet, avec des projets pour passer à 40 studios en ajoutant des chaînes de radio et de TV supplémentaires. Chaque studio dispose de son propre processeur de signal numérique DHD audio 52/XC2 compatible Dante et d’un commutateur local sur le réseau Dante, ce qui permet de partager du contenu de manière très efficace tout en renforçant la redondance du réseau. Les solutions audio DHD gèrent également la conversion MADI/Dante dans les studios TV.

« Tous les PC de studio se connectent au commutateur administré principal, mais pour diverses raisons, on peut déconnecter et reconnecter n’importe quel studio », a déclaré Blum. « Nous aurions pu ajouter un gros processeur audio DHD dans la régie principale et acheminer tout sur un seul commutateur, mais on a préféré avoir un module audio DHD dédié compatible Dante dans chaque studio. Cela fournit un niveau de redondance supplémentaire sur le réseau que seul Dante est capable de fournir, car chaque studio peut fonctionner comme une architecture autonome ».

Les studios de télévision disposent d’hybrides téléphoniques MAGIC THipPro IP d’AVT** (Audio Video Technologies) compatibles Dante. Chaque appareil intègre 16 hybrides et une sortie hybride pour prendre en charge l’interphone, une voie d’ordres, les reporters sur le terrain et les appels en direct sur les lignes directes répertoriées. Blum ajoute que la solution compatible Dante d’AVT a permis d’importantes économies pour le projet.
Les trois appareils AVT fournissent 48 hybrides au total, alors que dans une solution traditionnelle, l’espace et la quantité de câblage nécessaire pour intégrer et prendre en charge ces unités aurait été très importants. Cela représente un gain de surface substantiel pour les studios et la régie.

« A ma connaissance, c’est l’une des plus grosses installations Dante dans le monde pour la télévision et la radio », a ajouté M. Blum. « La grande capacité et la souplesse de dimensionnement qu’il offre pour ouvrir de nouveaux canaux audio est infinie, elle n’est limitée que par le nombre de studios qu’on peut construire à l’intérieur du bâtiment ».

Plus d’infos sur :

 

Focusrite Plug-in Collective d’avril, avec Sound Radix

Bonne surprise du Focusrite Plug-In Collective. Du 29 mars au 3 mai 2018, tout enregistrement d’un appareil Focusrite, fera bénéficier gratuitement du plug SurferEQ 2 Boogie et de 25% de réduction sur le SurferEQ 2 complet de Sound Radix.

Dans le cadre du Plug-In Collective, entendez par là la communauté entre Focusrite, vous et nombre de développeurs de plug-ins, vous avez la possibilité, une fois enregistré votre interface, de télécharger une version gratuite et totalement fonctionnelle de nombreux plugs.

Ce mois-ci, Sound Radix vous propose le SurferEQ 2 en version Boogie, un égaliseur paramétrique trois bandes, dont deux peuvent être commutées en mode shelf, tandis que la centrale peut être commutée en mode static ou surf. Le mode surf s’appuie sur la hauteur d’un instrument monophonique ou une source vocale et peut adapter en temps réel, les fréquences de ses bandes par rapport à la musique. En conservant l’équilibre harmonique naturel de la source sonore, il adapte le timbre de la source aux notes jouées.

Le SurferEQ 2 en mode complet avec ses 7 cellules.

Si cet égaliseur intelligent vous séduit, la version complète SurferEQ 2 est proposée durant la même période à -25%. Écoutez avec un bon casque la démo, c’est redoutable d’efficacité et d’une richesse créative presque dangereuse. ;0)

Vidéo d’introduction à Surfer EQ 2 ci-dessous :

D’autres informations sur le site Focusrite et sur le site Algam-Entreprises