Au festival Garorock

KS28, l’ultime pompe à basses avec JMSon

Lilly Wood and the Prick en plein show avec un gros, gros pied.

Lilly Wood and the Prick en plein show avec un gros, gros pied.

Tout juste présenté à Francfort avec sa bouille effrayante, le KS28 commence à apparaître au rythme des livraisons de L-Acoustics, et à ce jeu-là c’est JMSon qui a attrapé le pompon en premier avec pas moins de 32 nouveaux subs et 4 LA-RAK II.

Sébastien Menaspa, aussi détendu qu’attentif au bon accueil des équipes techniques qui se suivent à Garorock, et surtout ravi de poser devant ses nouvelles terreurs, les KS32 en montage 2 x 4. Show devant comme derrière ! Show !

Sébastien Menaspa, aussi détendu qu’attentif au bon accueil des équipes techniques qui se suivent à Garorock, et surtout ravi de poser devant ses nouvelles terreurs, les KS32 en montage 2 x 4. Show devant comme derrière ! Show !

Après deux sorties plus discrètes, Sébastien Menaspa a frappé un grand coup à Garorock, ou plutôt, Gare au Rock, surtout quand il y’a un tel boulet du côté de Marmande.
Cette année la météo n’en fait qu’à sa tête, c’est donc un sol sec et poussiéreux à l’extrême qui s’offre à nous dans les 22 hectares de la Plaine de la Filhole où, entre la Garonne et la ville de Marmande, se tient pour la 20e année et durant quatre longues nuits Garorock, le festival majeur du Grand Sud.
Accueillant et disponible, Sébastien Menaspa, qui a repris les rênes de JMSon la boîte familiale agenaise devenue le gros prestataire du Sud-Ouest, nous fait le tour du propriétaire. Les scènes qui nous intéressent portent le nom de Garonne et La Plaine.
Identiques en tous points, pas de jaloux chez les artistes, elles tournent le dos à la ville et sont collées l’une à l’autre par le petit côté ce qui facilite la transhumance des festivaliers et permet d’avoir plus de monde en cas de grosse pointure.

Promenons-nous près du bois, voir si les amplis sont là…

Rien de tel qu’une balade sous La Plaine à cour pour découvrir les panières de JMSon, 12 contrôleurs chacune soit l’équivalent de 4 LA-RAK. La bonne surprise est la présence d’un LA-RAK II avec trois LA12X, la nouvelle plateforme d’amplification et de processing de L-Acoustics.
Une panière suffit à alimenter 12 K1, 6 K1-SB, 3 Kara en “downfill”, 8 KS28, les “sides” sur scène et potentiellement beaucoup d’autres Kara pour les “fronts” puisque c’est un LA12X qui est mis à contribution, les deux autres bougeant les KS28. Trois autres panières identiques s’occupent de la diffusion de l’autre moitié de La Plaine et des deux côtés de Garonne. Ca commence fort !

SLU : Pas de soucis pour faire cohabiter les LA12X et les LA8 sur le réseau ?

Une des quatre panières hybrides concoctées par JMSon pour embarquer l’équivalent de 3 LA-RAK et un LA-RAKII. Ces panières sont conçues et fabriquées au sein de JMSon et les soudures sur alu sont de toute beauté. En bas à gauche, les trois LA12X et le switch distribuant le L-Net à tout le monde.

Une des quatre panières hybrides concoctées par JMSon pour embarquer l’équivalent de 3 LA-RAK et un LA-RAKII. Ces panières sont conçues et fabriquées au sein de JMSon et les soudures sur alu sont de toute beauté. En bas à gauche, les trois LA12X et le switch distribuant le L-Net à tout le monde.

Sébastien Menaspa : Non, il suffit d’attaquer d’abord les 12X et ensuite les LA8, puis de tirer le câble vers l’autre panière en répétant l’opération.

SLU : Et pour l’audio ?

Sébastien Menaspa : Du classique, câble AES de 100 mètres et analogique en sécu. On a trois lignes AES, une pour le “main”, une pour les subs et une troisième pour les “fronts” de telle sorte à permettre aux ingés son anglo-saxons de pouvoir agir simplement et rapidement sur la diffusion en pluggant les trois XLR à leur table en cas de besoin. Si l’AES tombe, l’analogique prend le relai automatiquement.

SLU : Tu disposes donc de 4 LA-RAK II, plus qu’il en faut pour tes 32 KS28, mais pas assez pour alimenter ton parc de K1. Tu vas renouveler tes amplis ?

Sébastien Menaspa : Oui absolument, pour toute ma diffusion.

La scène de La Plaine à cour avec les “sides” et les “infills” en Kara. Ces derniers ont eu le plaisir d’être sur deux canaux du troisième LA12X. Ouch, ça chatouille !

La scène de La Plaine à cour avec les “sides” et les “infills” en Kara. Ces derniers ont eu le plaisir d’être sur deux canaux du troisième LA12X. Ouch, ça chatouille !

SLU : Tu as quoi pour le moment ?

Sébastien Menaspa : Du LA8 et donc des LA12X, je n’ai pas de LA4X. Mon parc est standard et donc plus simple à exploiter, je n’ai qu’une référence et n’en aurai toujours qu’une à l’avenir avec les 12X. C’est beaucoup plus rapide comme ça, on ne se pose pas de questions.

SLU : Tu disposes des premiers LA12X. Pas de problèmes de jeunesse ?

Sébastien Menaspa : Non, c’est parfait. Hier soir je peux te dire qu’ils ont été bien testés (Muse NDR)

SLU : Oui c’était LA grosse affiche du festival, fallait pas se louper. Tu as du spare en cas de besoin?

Sébastien Menaspa : Bien sûr, je peux récupérer le LA12X des Kara et ajouter un LA8. Hier soir ils ont joué fort. Franck Surena (Responsable de clientèle L-Acoustics NDR) a apprécié, mais ils se sont bien servi des 3 dB entre les SB et les KS28 ! Les anglais ont été très contents. Ils ont commencé par demander ce qu’étaient ces subs qu’ils ne connaissaient pas, et ont été les voir de très près. Quand ils ont ouvert ils ont vraiment dit « ahh yes » et ont voulu qu’on les baisse. Durant le show ils m’ont demandé de les remettre à 0dB.

Alors ces KS28…

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SLU : A titre personnel, qu’est-ce que les KS28 apportent de plus ?

Sébastien Menaspa : L’impact, la portée.. On a constaté d’une année sur l’autre une grosse amélioration, et on m’a rapporté aussi une dispersion plus homogène. Il y a une réelle différence entre le couple SB28 & LA8 et celui KS28 & LA12X, du coup on va renouveler l’ensemble de notre parc de SB28, nous en avons 64 en tout, en KS28 et en faire de même avec les LA8, une centaine, en LA12X.

La méga soufflante de cour, mais pas que. Contrairement à d’autres subs qui déversent des hectos de basses liquides, les KS28 font dans le brutal et envoient des pains d’un grave aussi dur que froid, le parfait complément d’un système qui apportera de son côté le moelleux des octaves supérieures.

La méga soufflante de cour, mais pas que. Contrairement à d’autres subs qui déversent des hectos de basses liquides, les KS28 font dans le brutal et envoient des pains d’un grave aussi dur que froid, le parfait complément d’un système qui apportera de son côté le moelleux des octaves supérieures.

SLU : Tu comptes rentrer autant de KS28 que de SB28 là où la logique voudrait que tu n’en prennes à 3 dB de plus que la moitié ?

Sébastien Menaspa : La demande ne fait que croitre. Ces trois dB vont être une sorte d’acquis. Il ne va pas être possible de ne pas aligner autant de sub qu’auparavant, même s’ils sont plus efficaces. Quand on est passé du V-Dosc au K1, on n’a pas pour autant réduit le nombre de boîtes (et là, la différence est sacrément plus grande NDR). La demande ici aussi ne fait que croître.

Le système de cour de La Plaine, en tous points identique à celui de l’autre scène. 12 K1 prolongés par 3 Kara et 6 K1-SB, un kit que l’on rencontre dans des Zéniths alors qu’il suffit en plein air devant le double de public…

Le système de cour de La Plaine, en tous points identique à celui de l’autre scène. 12 K1 prolongés par 3 Kara et 6 K1-SB, un kit que l’on rencontre dans des Zéniths alors qu’il suffit en plein air devant le double de public…

SLU : As-tu une idée du nombre de personnes qu’il va y avoir devant les deux scènes ce soir ?

Sébastien Menaspa : Oui, environ 20 000 qui passent de l’une à l’autre et peuvent aussi aller vers les deux autres.
Hier soir pour Muse ils étaient 40 000 devant La Plaine ; du coup on avait ajouté deux “outfills” de 12 K1 et deux délais de 12 K2.

SLU : Quelle est la distance maxi avec le bout de la pelouse ?

Sébastien Menaspa : 180 mètres. La régie est à 50 mètres et le K1 est calé pour que la première boîte tire à 120 m.

SLU : Ambitieux (rires) ! Le vent dominant est comment à Marmande ?

Sébastien Menaspa : Plein ouest donc quasiment travers des scènes. Hier soir nous avons été un peu gênés.

JMSon investit massivement

SLU : On passe du coq à Lââm. Est-ce que JMSon ne serait pas le premier prestataire français à exploiter le couple KS28 & LA12X ?

Sébastien Menaspa : Je pense que oui, à moins que Dushow n’en ait eu aussi. J’ai passé la commande très tôt, c’est peut-être pour ça. Ce sont de très bons produits et l’évolution SB/KS me fait penser à celle entre le V-Dosc et le K1.

SLU : Tu t’en es collé pour cher sur le museau, comment s’en sort JMSon une fois les festoches où vous cartonnez terminés ?

Sébastien Menaspa : On a quelques tournées à une seule semi-remorque pour l’instant et on sonorise beaucoup de one shots. On fait des Zeniths, Toulouse, Limoges, Orléans et de la salle. On fait de l’événementiel mais très peu, notre matériel ne correspond pas trop à ce marché. Il y a quelques années, nous avions un gros creux l’hiver mais il tend à se combler de plus en plus.
Nous avons toujours un pic d’activités l’été mais forcément il est moins marqué qu’avant. Notre investissement est logique. On se doit d’évoluer et d’offrir les nouveautés et puis notre parc est amorti. Les SB28 ont par exemple 8 ans, c’est le bon moment pour les vendre.

SLU : Je vois du X15, tu en as acheté combien ?

Sébastien Menaspa : J’ai renouvelé tout mon parc de wedges, j’en ai désormais 48. Petit à petit je vais aussi rentrer des LA12X en lieu et place des LA8.

Le tourangeau Biga*Ranx en plein set avec un pied sur une X15 HiQ. Eh oui, pas de contrôleur pour lui demander de le retirer ;0)

Le tourangeau Biga*Ranx en plein set avec un pied sur une X15 HiQ. Eh oui, pas de contrôleur pour lui demander de le retirer ;0)

SLU : Tu penses être gagnant en termes de rendu avec les anciens systèmes habituellement sur du LA8 ?

Sébastien Menaspa : Il paraît oui, mais les délais de livraisons sont très longs. Je vais vite commander deux LA-RAK II de plus. Au fur et à mesure que je vais vendre mes LA-RAK en LA8, je vais les remplacer par des LA12X.

SLU : Es-tu mono marque pour ta diffusion ?

Sébastien Menaspa : Oui bien sûr d’autant que le nouveau wedge X15 est vraiment très bon, bien mieux que le 115Xt dont il me reste encore une dizaine d’exemplaires. Le X15 est beaucoup plus linéaire et précis. Latéralement c’est mieux aussi, l’ancien ouvrait de façon cylindrique à 50° alors que le nouveau ouvre en 40×60 ce qui est plus pratique.

La page du LA-Manager montrant les points d’égalisation pris sur le groupe des subs KS28 de La Plaine…

La page du LA-Manager montrant les points d’égalisation pris sur le groupe des subs KS28 de La Plaine…

L’onglet dédié à l’égalisation du système de cette même scène, c’est aussi light que possible ce qui se comprend en plein air sans aucune contrainte dans la zone de couverture.

L’onglet dédié à l’égalisation du système de cette même scène, c’est aussi light que possible ce qui se comprend en plein air sans aucune contrainte dans la zone de couverture.


SLU : Qui cale les systèmes chez JMSon, Garorock par exemple

Sébastien Menaspa : Ca dépend mais c’est assez souvent moi. Les deux scènes principales c’est moi.

SLU : As-tu bénéficié d’une aide pour le déploiement des KS28 ?

Sébastien Menaspa : Non, j’ai pour habitude de suivre la philosophie de L-Acoustics. On travaille simplement et efficacement. On a par exemple repris avec les KS28 le montage en deux colonnes de 4 subs qu’on a fait avec succès en SB28.

SLU : Qu’interposes-tu entre les sorties AES des consoles et les contrôleurs ?

Sébastien Menaspa : Absolument rien. Moins on en met et mieux ça sonne. Les ingés son accueillis adorent ce principe. Chez JMSon nous utilisons exclusivement les ressources offertes par les amplis et nous corrigeons le moins possible. Les KS28 sont droits et sur le K1 on a sept petits points. Le K1 en plein air, ça sonne tout seul.

La régie son et lumières de La Plaine du vendredi 1er juillet et en plein show de Biga*Ranx. On distingue notamment la SSL d’Ivan Herceg venu lui aussi prendre sa claque avec Lilly Wood & the Prick.

La régie son et lumières de La Plaine du vendredi 1er juillet et en plein show de Biga*Ranx. On distingue notamment la SSL d’Ivan Herceg venu lui aussi prendre sa claque avec Lilly Wood & the Prick.

JMSonLight&Up ;0)

SLU : En dehors du son, que fournissez-vous ?

Sébastien Menaspa : Tout. Les scènes, l’éclairage et la vidéo. La seule chose que nous n’assurons pas c’est la captation vidéo. Nous avons un peu d’équipement mais pas broadcast, d’où la présence d’un prestataire avec des cars régie. Pour les scènes il s’agit de Prolyte sur une base Lahyer. L’avantage ici c’est d’avoir une assise stabilisée qui nous facilite le montage et sécurise l’ensemble, d’autant plus que nous sommes dans une zone inondable. C’est pour ça qu’il n’y a pas d’habitations autour.

SLU : Qu’avez-vous en parc actuellement en diffusion ?

Sébastien Menaspa : Nous avons 48 K1, 24 K2 et 32 KS28, et nous vendons 62 SB28 et 30 Kudo.

La console d’accueil retours de La Plaine, une PM5D-RH officiellement en vente chez JMSon. Trois d’entre elles en fait.

La console d’accueil retours de La Plaine, une PM5D-RH officiellement en vente chez JMSon. Trois d’entre elles en fait.

SLU : En consoles ?

Sébastien Menaspa : Pro6, Vi6, CL5 et PM5D. Les consoles ne nous servent pas des masses car nous faisons beaucoup d’accueil et donc nous utilisons celles des artistes. Même en tournée on nous demande essentiellement la diffusion. La console qui marche fort en ce moment et qui est très demandée c’est la CL5 Yamaha.

SLU : En éclairage des nouveautés?

Sébastien Menaspa : Nous venons de rentrer des K20 Clay-Paky et des Viper Martin. Il y a du Robe à venir. Nous avons aussi beaucoup de VL 3000 Spot et des 3500 Wash.

SLU : Vous êtes combien de permanents et d’intermittents ?

Sébastien Menaspa : Nous sommes 10 salariés dont trois qui sortent souvent et beaucoup d’intermittents. Je travaille avec des locaux ; ils sont basés entre Bordeaux et Toulouse.

SLU : Il paraît que vous fabriquez à peu près tout chez JMSon…

Une des cantoches de grosse capacité et fabriquées entièrement dans les ateliers de JMSon. Remarquez les deux trous prévus pour les lames du Fen

Une des cantoches de grosse capacité et fabriquées entièrement dans les ateliers de JMSon. Remarquez les deux trous prévus pour les lames du Fen

Sébastien Menaspa : On fabrique le sol des scènes, bien entendu les racks, les chariots des subs, les praticables, les cantines à câbles, on adapte les roulettes et nous avons un atelier de soudure avec un soudeur et un atelier de menuiserie.
Nos chariots pour les subs ou les enceintes sont en alu ce qui les rend plus légers et insensibles à la rouille. Nous avons aussi un atelier de découpe de bâches.

SLU : Comme les bâches qui se trouvent sur les stacks de KS28 ?

Sébastien Menaspa : C’est ça. On ne se sert par des housses des fabricants, cela prend beaucoup trop de place à stocker durant une prestation et quand on n’en prend pas soin, elles se remplissent de poussière ou d’eau ! Avant d’acheter du L-Acoustics nous avons utilisé des Flashlight Turbosound. Nous en avions 130. Chaque enceinte avait sa housse.
Quand on les sortait toutes, on ne savait plus où donner de la tête ! Un jour j’en ai loué une centaine en Angleterre pour un grand événement autour de Big Ben. Les 100 enceintes me sont revenues avec les bâches balancées par-dessus. Les bâches c’est fi-ni (rires). D’abord nous ne faisons pas de location mais que de la prestation avec nos gars, ensuite nous avons nos porteurs et on sangle bien nos enceintes.

SLU : Vous avez 6 towers par scène ?

Sébastien Menaspa : Oui depuis cette année. Jusqu’à l’année dernière nous n’en avions que 4. Nous pouvons désormais accrocher 21 tonnes de charge par scène.

Les towers Prolyte, tout juste arrivés pour le festival, vus depuis la zone de stockage et de manœuvre centrale entre les deux scènes

Les towers Prolyte, tout juste arrivés pour le festival, vus depuis la zone de stockage et de manœuvre centrale entre les deux scènes

SLU : Pour le vent vous avez des stratégies ?

Sébastien Menaspa : Nous avons des super régisseurs qui font extrêmement attention à la météo. Les prévisions ont aussi fait de gros progrès. On sait par exemple que ce soir vers minuit nous aurons un peu de vent d’ouest. Il ne nous empêchera pas de travailler mais c’est dans 5 heures et on le sait déjà.

Un des 12 moteurs 2T tout un haut du tower avant de La Plaine

Un des 12 moteurs 2T tout un haut du tower avant de La Plaine

SLU : C’est vous qui avez installé les groupes électrogènes ?

Sébastien Menaspa : Non pas du tout, pas plus que la distribution générale. On gère simplement notre alimentation. 400 Ampères par scène pour l’éclairage et 250 pour le son.
Nous disposons d’environ 6000 A ce qui donne la possibilité à certains groupes d’apporter beaucoup de matériel lumière en plus. Rien que l’écran led en fond de scène tire 100 A par phase. La led commence à être de plus en plus gourmande.
A l’appel, quand on enclenche les moteurs 2T, chacun d’entre eux tire 140 A par phase et il y en a 12 pour monter le toit des deux scènes, ça te donne une idée de nos besoins.

SLU : J’imagine que vous avez vidé le dépôt pour monter Garorock.

Sébastien Menaspa : Ah non pas du tout. J’ai 4 structures en plus dont deux sont en train d’être montées à Argelès pour Les Déferlantes, une à Montauban pour un festival de variétés avec Obispo et une dernière à Bayonne avec Nekfeu et Jarre, entre autres. On a trois gros kits de son. Deux sont ici et le troisième part justement à Montauban. Dès que Garorock se termine, les deux kits partent. Du classique.
Cette année, j’ai un peu sous-traité. La troisième scène ici est équipée par Audio Pro, une boîte bordelaise basée à Mérignac, des gens très sérieux.

SLU : Vous devez avoir un très grand dépôt pour stocker tout ce matériel.

Sébastien Menaspa : Assez oui. Cela dit, les deux grandes scènes de Garorock viennent juste d’arriver. Elles ont été livrées ici en provenance de Hollande. Elles vont servir tout l’été et on verra après où les ranger (rires) ! Nous on travaille un peu comme ça !

Les deux scènes avec au centre et derrière l’écran central, une séparation qui sert surtout de lieu de stockage du backline qui est roulé en place pendant qu’une scène est off. Pratique et bien pensé.

Les deux scènes avec au centre et derrière l’écran central, une séparation qui sert surtout de lieu de stockage du backline qui est roulé en place pendant qu’une scène est off. Pratique et bien pensé.

KS28, l’écoute

Les présentations avec le couple KS28 et LA12X sont raides et vont bien au-delà du surprenant. 20 mètres derrière les subs d’une des deux scènes et pile dans l’axe d’un des stacks, j’ai du mal à parler tellement c’est fort et sec à la fois, un son totalement inédit dans l’arsenal L-Acoustics et qui me rappelle par sa dimension physique ce que produit le M-Force.
Un peu comme si on découvrait un fantôme sur une photo après le développement, regardez ce petit film. L’image est déformée par la pression sonore… (Ne vous fiez pas au son, le micro de mon I-Phone sature comme un malheureux…)

En se désaxant de la double antenne sur le côté, le niveau chute avec le retour à un son plus habituel et se mélangeant avec ce qu’envoie le K1. En intégrant le power alley, c’est le retour d’un rendu puissant, dur et avec un niveau SPL que des bouchons contiennent difficilement. C’est saisissant.
Côté public et à 50 mètres, au niveau de la régie, la dimension physique est toujours présente même si la distance l’atténue un peu, et on apprécie mieux un grave qui va de l’infra le plus brutal au grave texturé, précis, long et pour tout dire, nouveau.

L’évent d’un KS28 en bois cintré, un petit côté « chantmé » et old style dont on pourrait rigoler jusqu’au moment où ça joue

L’évent d’un KS28 en bois cintré, un petit côté « chantmé » et old style dont on pourrait rigoler jusqu’au moment où ça joue

Le raccord avec le K1 passe comme une lettre à la poste mais cette dimension très physique du bas, donne au K1 une couleur et sans doute une palette d’emploi totalement inédite.
Avec le KS28, on a le sentiment d’être face à une charge complexe par l’énergie délivrée en haut, comme s’il couvrait deux octaves, et à un bass reflex par l’extension qui paraît illimitée dans le bas mais sans se départir d’une nervosité quasi mécanique.
On a l’impression qu’une main vous attrape et vous secoue comme un pied de vigne chevauché par un enjambeur en septembre. Un des groupes dont je tairai le nom, trigge son pied avec une note basse.


L’ensemble est reproduit sans fioritures et, pardonnez mon avis artistique, toute sa laideur. On a l’attaque suivie d’une résonance très artificielle et sans aucune décroissance. On ne rate rien de ce bricolage sonore. Clairement le LA12X donne toute l’énergie impulsionnelle et une durée suffisamment longue (250 ms à 75% de la PMax) dont on besoin les deux haut-parleur assez déments qui équipent le KS28 et dont l’élongation atteint en crête ± 3,5 cm !
L’ébénisterie, fine comme du papier à cigarette, semble bien s’accommoder des monstres qui l’animent et que l’évent laisse respirer parfaitement. Florent Bernard nous avait dit avoir gagné 2,5 dB à la fréquence d’accord de 32,5 Hz par rapport au SB28 en employant une grille de protection incurvée au plus près du HP, là où l’air est le plus lent. A l’écoute cela ne fait aucun doute. Il y a fort à parier que LA12X et KS28 vont devenir la coqueluche de l’EDM et au-delà !

L’isocontour du KS28 en montage antenne non cardioïde. Chaque changement de couleur correspond à une chute de 3 dB. A 20 m à l’arrière du stack, on a tout juste -3 dB…

L’isocontour du KS28 en montage antenne non cardioïde. Chaque changement de couleur correspond à une chute de 3 dB. A 20 m à l’arrière du stack, on a tout juste -3 dB…

SB28 et LA8 prennent un sacré coup de vieux ce qui est une prouesse tant ce sub fait l’unanimité. L’énergie, la pression et la dynamique contenus dans une enveloppe de taille identique mais pesant 15% de moins du KS28, sont imparables.
J’avoue avoir eu un doute quant au choix d’L-Acoustics de garder un format aussi standard et d’apparence « normal » lors de sa présentation à Francfort. Il n’en est rien. Je pense qu’il va falloir assez vite former les utilisateurs à cette nouvelle machine à bourre-pif pour en faciliter la prise en main et les mixeurs devront eux aussi apprendre à maîtriser ce bas sec, râpeux et physique, pour en faire le meilleur usage dans le son de leurs artistes.

Une balade sonomètre en main explique un peu mes dires. A 90 mètres et malgré 5 nœuds de vent plein travers, la splendide projection du K1 et des K1-SB donne un LEQ de 103,5 dBA. Normal me direz-vous, sauf qu’une mesure en C oscille entre 118 et 120 dB ce qui prouve bien que ces 3 dB de SPL Max en plus mais surtout cette nouvelle explosivité du rendu des KS28 doivent être domestiqués. Même à 120 m, l’extrême grave garde encore des couleurs là où logiquement le K1 vient sonoriser la pelouse ou ce qu’il en reste.

Les deux scènes équipées à l’identique. Tout le parc de K1 de JMSon est accroché.

Les deux scènes équipées à l’identique. Tout le parc de K1 de JMSon est accroché.

On achève bien les articles..

La conclusion de la conclusion est qu’avec LA12X et KS28 on est parti pour un cycle long mais très vertueux, à l’image de la façon dont est cadencée la gamme d’enceintes de la firme de Marcoussis qui désormais dispose d’un ensemble récent, cohérent et puissant dont Kiva qui vient de boire sa lichette de potion magique en gagnant 6dB de SPL max comme par magie.
Enfin le reste de la gamme bénéficiera de la puissance sans fin de LA12X, dont j’ai hâte d’écouter l’effet sur le K1, sans parler à terme de l’AVB, du 96 KHz et des quelques ressources DSP supplémentaires embarquées. Vos banquiers et le marché de l’occase se frottent déjà les mains !

Pour avoir plus d’infos sur le couple LA12X et KS28, cliquez ici.

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Vous vouliez du rock and roll ?

Les Insus, encore Meyer que Téléphone

Les Insus Dushow et Meyer

A force de voir les vétérans anglo-saxons le faire sans vergogne, nos inoxydables rockers Aubert, Bertignac et Kolinka se sont joints à la fête avec une tournée 2016 maxi jauge et pleine à ras bord de public comme de décibels. Dushow a mis pour l’occasion les petits plats dans les grands retapant une paire de XL4 pour Bob Coke à la face et confiant à Aymeric Sorriaux un GROS système Meyer.
Ambiance détendue et machine à vanner dans les limiteurs, pas évident d’en placer une en régie au Zénith de Toulouse, on se lance pourtant, il y a tellement de matos et de techniciens à faire parler qu’il a beau être 15h30, il est préférable de s’y mettre tout de suite avec une première question toute simple.

Bob Coke

Bob Coke

SLU : Qui a dit, « pour cette tournée je veux du Meyer » ?

Bob Coke (ingé son face avec un lovely american accent to be cut with a knife comme on dirait dans nos contrées NDR)

Bob Coke : “Moi ! A fond.

« On va annuler, c’est trop grand ici ! » (rires !) Richard Kolinka vient de rejoindre la régie par les gradins et avant de saluer tout le monde, se fend de quelques bons délires…

Bob Coke : J’ai écouté du Meyer au Paléo et encore avant lors de la tournée des Black Crowes que j’ai mixée et j’ai énormément aimé la couleur, du coup j’ai demandé un design en Leo et Lyon…

Wilfried Mautret (assistant ingé système) : Et il l’a eu !

L’amitié franco américaine dans toute sa splendeur avec de gauche à droite Bob Coke the front man, Aymeric Sorriaux, the highly skilled tech & system manager et pour finir the machine gun Willlll Mautret

L’amitié franco américaine dans toute sa splendeur avec de gauche à droite Bob Coke the front man, Aymeric Sorriaux, the highly skilled tech & system manager et pour finir the machine gun Willlll Mautret

SLU : Tu nous expliques un peu ce que tu aimes en particulier ?

Bob Coke : L’aigu hi-fi et le bas mid sain et puissant. Le son tu l’as “here” (dans le pif !! NDR). Le cahier des charges pour cette tournée qui s’adresse à un public plus âgé que la moyenne est de délivrer un son puissant mais qui n’agresse pas, et pour ça, le bas médium Meyer est parfait. On a un son puissant, “in your face” et avec un aigu qui garde de la définition sans agressivité. Le management a aussi fait le choix de faire passer le son avant les lights ce qui est rare et de partir avec une déco très épurée, pas d’écran et juste un cyclo.

La grappe de bois de cour avec, de gauche à droite, 6 Leopard agissant en tant qu’infills, 12 Leo terminés par deux Lyon wide en main, 9 subs 1100-LFC en antenne cardioïde pour la projection et enfin tout à droite 10 Lyon pour les outfills.

La grappe de bois de cour avec, de gauche à droite, 6 Leopard agissant en tant qu’infills, 12 Leo terminés par deux Lyon wide en main, 9 subs 1100-LFC en antenne cardioïde pour la projection et enfin tout à droite 10 Lyon pour les outfills.

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SLU : Tu avais donc le droit de choisir ce que tu voulais accrocher ?

Bob Coke : Absolument, n’importe quel système, et je peux te dire que je me suis gratté la tête car on a eu des offres de toutes les marques réputées, et de nos jours, tout marche bien ! Comme j’ai choisi Meyer, j’ai eu les premières propositions de design d’Aymeric qui m’ont plu et que nous avons fait valider par la prod.

SLU : Aymeric, tu as fait le choix des subs accrochés et en montage cardioïde, trois ensembles de trois 1100-LFC accrochés serrés.

Aymeric Sorriaux : J’ai fait ce choix pour avoir plus de portée. Ma colonne n’est pas trop longue, d’abord pour ne pas masquer la vue au public dans certaines salles et aussi pour éviter l’antenne qui pince trop le faisceau et laisse la fosse un peu dégarnie.

SLU : Les subs au sol te servent à récupérer un peu d’effet ou bien à compléter ton dispositif en nombre ?

Aymeric Sorriaux : C’était prévu qu’il y en ait mais c’est vrai qu’il y a un tas de plus en bas. Je ne recherche pas spécialement de l’effet de sol car ce n’est pas ce qui sert avec ce type de musique et ce qu’aime Bob, en revanche ça complète bien le dispositif. 

Deux stacks de 1100-LFC toujours en montage cardio surmontés par deux UPQ. Sur le design initial, trois subs en plus auraient dû avoir le vertige et un seul stack rester sur le plancher des vaches.

Deux stacks de 1100-LFC toujours en montage cardio surmontés par deux UPQ. Sur le design initial, trois subs en plus auraient dû avoir le vertige et un seul stack rester sur le plancher des vaches.

SLU : Nous avons donc 30 subs 1100-LFC pour 12 Leo et deux Lyon en bas de ligne. Sacré ratio !

Aymeric Sorriaux : Il n’y a pas que ça. On a bien par côté douze Leo et deux Lyon Wide en principal, mais aussi 10 Lyon pour les outfills et 6 Leopard pour les infills.
L’idée c’est d’avoir du headroom et de la surface de membrane pour être confortable avec de la réserve.
Comme le dit Bob, c’est un système très puissant qui permet beaucoup de choses…

Ce n’est qu’une prédiction, mais la réalité perçue est exactement ce qu’indique ce graphique. Il y en a pour tout le monde où que l’on se place avec inévitablement quelques dB de plus à l’avant.

Ce n’est qu’une prédiction, mais la réalité perçue est exactement ce qu’indique ce graphique. Il y en a pour tout le monde où que l’on se place avec inévitablement quelques dB de plus à l’avant.

Pour l’infra et le grave on est logés à la même enseigne, celle de la régularité.

Pour l’infra et le grave on est logés à la même enseigne, celle de la régularité.

SLU : Comme jouer fort ?

Bob Coke : On est très tenté (rires) !

Wilfried Mautret : D’où ce qui est indiqué près du master, « verboten » prends-le en photo !

Attardez-vous sur la colonne dBA. Que vous soyez à 12 mètres comme à 58 m de distance de la diffusion, il n’y a que 2 dB d’écart.

Attardez-vous sur la colonne dBA. Que vous soyez à 12 mètres comme à 58 m de distance de la diffusion, il n’y a que 2 dB d’écart.

SLU : Et pour les premiers rangs qu’as-tu prévu ?

Aymeric Sorriaux : Des UPQ en near et des UPJ en front. Dans le design initial j’avais prévu des Mina en front et des UPJ en nearfill sur les côtés mais on en a parlé avec Wil (Fried Mautret NDR) durant la prépa et le raccord en phase est bien meilleur comme ça.
Intégrer un délai de compensation sur le main pour raccorder avec le Mina ce n’est quand même pas l’idéal.

SLU : Les amplis guitare sont très sonores. Avez-vous prévu une stratégie pour les spectateurs des premiers rangs ?

Wilfried Mautret : Oui, les fronts sont séparés en 2, les trois de jardin dos aux amplis de Jean-Louis ont un mix spécifique sans gratte et il en va de même pour les trois de cour qui complètent ce que les Vox de Louis envoient.

Qui dit Meyer dit processeurs, ici des Callisto 616 et distribution électrique au pied des enceintes.

Qui dit Meyer dit processeurs, ici des Callisto 616 et distribution électrique au pied des enceintes.

SLU : Comment tu drives ta diffusion ?

Aymeric Sorriaux : Nous avons en tout 104 enceintes avec trois Callisto par côté pour les gérer individuellement sauf les subs du sol qui sont ensemble. En tête il y a un LM44 car Bob est habitué aux plateformes Lake pour égaliser son master.

SLU : Les outils Meyer savent le faire non ?

Wilfried Mautret : Bien sûr, et en plus les Callisto sont synchronisés. Dès que tu fais une modif sur un, elle est répercutée sur les autres.

Les Insus Dushow et Meyer

Il faut bien 110 Ω pour avoir 105 dB ;0)

SLU : Bob, on nous a dit que tu as aussi demandé à avoir un câblage tout neuf.

Bob Coke : C’est vrai. Du 12 paires en 110 Ω avec des masses séparées.

Tout beau tout neuf, non tout douze paires à masse séparées ou comment améliorer encore un câblage qui, analogique oblige, se doit d’être irréprochable.

Tout beau tout neuf, non tout douze paires à masse séparées ou comment améliorer encore un câblage qui, analogique oblige, se doit d’être irréprochable.

SLU : Pourquoi ? Tu as eu des problèmes par le passé ou bien tu as voulu bétonner ton câblage pour être serein avec l’XL4 ?

Bob Coke : C’est une bonne question. On en a beaucoup parlé y compris avec XaXa (Gendron qui tenait les retours de Calo).

Aymeric Sorriaux : On a au cours de la tournée de Calogero changé entre masse commune et masse séparée. Bob m’a signalé une amélioration, nous avons voulu aller dans le même sens d’autant qu’on avait commencé le travail il y a un an pour divers projets. Nous avons donc tout changé, plaques, câbles, éclatés, prises

SLU : Pourquoi ne pas vous simplifier la vie en mettant des stages Midas ? Vous pourriez gagner le trajet du signal micro dans du câble…

Aymeric Sorriaux : Et rentrer en ligne ici ? Non, ce qui nous intéresse justement c’est d’avoir la qualité des préamplis de l’XL4. La console a été entièrement recapée (fort joli néologisme sur une racine anglophone NDR) 6000 condensateurs ont été changés pour lui redonner son plein potentiel électrique. Tous les switchs ont été aussi changés de même que les VCA.

Bob Coke : Le problème avec l’âge c’est que les chimiques sèchent, changent de valeur et le filtrage s’en ressent, notamment le coupe-bas.

Quand Dushow met le paquet, ça se voit. Voici l’assurance tous risques d’une vieille gloire comme l’XL4, des modules en pagaille récupérés auprès des services techniques des croisiéristes peu enclins à sortir le fer à souder en pleine mer.

Quand Dushow met le paquet, ça se voit. Voici l’assurance tous risques d’une vieille gloire comme l’XL4, des modules en pagaille récupérés auprès des services techniques des croisiéristes peu enclins à sortir le fer à souder en pleine mer.

Aymeric Sorriaux : On parle d’une XL4 mais en fait on en a retapées deux, dont une reste en stand-by chez Dushow en cas de gros pépin.
C’est Bernard « papy » Vainer, le spécialiste maison de l’usagé qui marche, qui a été chercher des pièces comme des tranches et des modules rarissimes tels l’automation, auprès des croisiéristes qui, pour d’évidentes raisons d’efficacité, en embarquaient un certain nombre d’avance.

SLU : Qui dépanne en tournée ?

Aymeric Sorriaux : En fonction de ce qu’il y a, soit on a le module ou la tranche pour remplacer ce qui ne marche pas avec retour à l’atelier Dushow chez Michel (Boterf, au SAV depuis 2000 NDR), soit on travaille avec lui en ligne pour qu’il nous aiguille. Tout à l’heure, nous avons réparé une alim de la console, celle de spare. On tourne avec trois alim en tout.

SLU : Comment faites-vous cohabiter les consoles face et retours, une analogique et une numérique ? Actif ou passif…

Placé dans le dos de Julien aux retours, le patch actif Klark Teknik ou comment bétonner encore un peu plus la cohabitation entre deux consoles qu’une génération sépare et accueillir comme il se doit tout Voyageur qui s’aventurerait pas là.

Placé dans le dos de Julien aux retours, le patch actif Klark Teknik ou comment bétonner encore un peu plus la cohabitation entre deux consoles qu’une génération sépare et accueillir comme il se doit tout Voyageur qui s’aventurerait pas là.

Aymeric Sorriaux : Comme nous travaillons en masses séparées, c’est un patch Klark Teknik actif, ce qui nous permettra un potentiel enregistrement si cela est décidé. J’ai deux sorties électroniques, deux transformées, plus une isolée. A la face on est sur transfo.

SLU : Ca fait long tout à coup le multi…

Aymeric Sorriaux : On est sur 100 mètres avec une rallonge de 50 en cas de besoin.
On tire les multis 12 paires en masses séparées pour la modulation, 48 paires en tout, un multi pour l’intercom, une fibre pour contrôler la diffusion et redescendre le signal une fois que le LM44 l’a converti en AES 96/24.
Pour faire ceci, on attaque la carte switch d’un Auvitran AVBx3 dans laquelle on a nos VLAN, comme ça on a nos commandes et l’audio lui-même.
En bas on attaque en AES les Galileo.
On aurait pu redescendre l’audio en analogique mais c’est plus simple comme ça, ne serait-ce que pour le redistribuer plus proprement dans les racks de drive. La console sort en analogique mais tout le reste se fait en numérique.

SLU : Sauf l’entrée des enceintes !

Aymeric Sorriaux : Un jour avec l’AVB ;0)

Les Insus Dushow et Meyer

Midas XL4. A-t-on fait mieux depuis…

SLU : Bob, on vient d’entendre la différence de son, d’attaque, de dynamique entre ce que nous ont fait entendre les trois backlineurs de la tournée et les membres du groupe. Quel usage fais-tu de ce qu’ils donnent en avant-première, ça n’a rien à voir ?

De gauche à droite Sylvain Coppain, le guitare tech de Jean-Louis Aubert, Pierrick Lapuyade en charge de la batterie de Richard Kolinka et enfin Christian Martin le baby sitter des grattes de Louis Bertignac et de la basse d’Aleksander Angelov, du backliner en or et qui n’a cessé de jouer et chauffer les vieux amplis, y compris pendant que la photo a été prise.

De gauche à droite Sylvain Coppain, le guitare tech de Jean-Louis Aubert, Pierrick Lapuyade en charge de la batterie de Richard Kolinka et enfin Christian Martin le baby sitter des grattes de Louis Bertignac et de la basse d’Aleksander Angelov, du backliner en or et qui n’a cessé de jouer et chauffer les vieux amplis, y compris pendant que la photo a été prise.

Bob Coke : Je me sers de leur travail pour écouter la salle essentiellement et puis comme Pierrick a changé de peaux à la batterie, j’ai comme ça une idée. C’est vrai, Richard tape complètement différemment sur sa grosse caisse, mais tu écouteras durant le concert, c’est encore tout à fait autre chose ! Il n’y a qu’Alex à la basse dont les balances ressemblent au show, pour tous les autres il faut attendre le concert pour écouter leur vrai son, la vraie énergie qu’ils donnent.

SLU : Pourquoi as-tu voulu une XL4…

Bob Coke : Le son, et puis le plaisir de travailler sans avoir la tête dans les écrans.

SLU : Mais si tu aimes le son Midas et les boutons, une XL8 aurait fait l’affaire non ?

Bob Coke : On dit qu’on a presque le son de l’analogique avec les bonnes numériques. Là on ne peut pas dire ça, on l’a (rires) ! Et puis c’est le groupe pour utiliser ce type de table. J’ai 5 mémoires mais elles sont pareilles. Deux guitares, une basse, une batterie et un piano sur un titre. 48 entrées…

Comme aurait pu dire un pubard en mal de retraite, si a 50 ans et t’as pas une XL4, t’as raté ta vie… Cherchez cela dit l’intrus, numérique et en équilibre précaire !

Comme aurait pu dire un pubard en mal de retraite, si a 50 ans et t’as pas une XL4, t’as raté ta vie… Cherchez cela dit l’intrus, numérique et en équilibre précaire !

SLU : Cela dit, c’est la première fois que je vois une XL4 aussi propre. On dirait une neuve.

Bob Coke : Dushow a vraiment joué le jeu. Ils se sont investis complètement dans le projet et puis, tu ne trouves pas qu’elle est belle ? (Bin si, forcément NDR). C’est une remarquable console que l’on ne croise plus que dans les festivals.

Repiquage et périphériques

Un Beta 52A, une façon de repiquer une grosse caisse, l’autre variante est cachée dedans !

Un Beta 52A, une façon de repiquer une grosse caisse, l’autre variante est cachée dedans !

SLU : J’ai vu que tu as deux micros sur la grosse caisse de Richard. Comment les remets-tu en phase ?

Bob Coke : On a un D6 Audix monté sur un kit Kelly Shu dans l’axe de la batte dedans et un Beta 52A Shure en sortie de peau de résonance.
Je me sers d’un des deux et n’ajoute l’autre que très bas, forcément avec une légère rotation de phase. En fait je joue avec.
EQ = Phase de toute façon ! Je favorise cela dit le D6. On verra ce soir avec les nouvelles peaux.


Du Shure que tout sépare avec l’incontournable SM57 devant le Fender De Ville et le tout récent KSM 313 à ruban sur les AC30 de Jean-Louis.

Du Shure que tout sépare avec l’incontournable SM57 devant le Fender De Ville et le tout récent KSM 313 à ruban sur les AC30 de Jean-Louis.

SLU : Quelques autres détails sur la captation ?

Bob Coke : Les toms sont en Audix, la caisse claire en 57 dessus et en KSM32 dessous. J’ai sur les amplis guitare des rubans Shure KSM 313 et des SM57, et des Khan DI sur les acoustiques et sur la basse. Cette dernière est aussi repiquée par un 421 Sennheiser. En fonction du show, de la salle et de comment ça se passe sur scène, je favorise l’un ou l’autre.

SLU : Tu as l’air de t’amuser en tout cas…

Bob Coke : Toujours, et je n’ai pas de formule pour faire du son. Ca dépend du groupe, de la salle, de la console, des instruments. Avec Calo, nous avions une grosse caisse fermée donc on a mis un D6 dedans et un 4030 Audio-Technica devant la peau. J’aime bien essayer.
Pour la batterie de Richard, j’ai dû tenir compte de sa gestuelle. Je suis très fan des 414 AKG, des 4050 ou des 4030 AT en overhead mais c’est encombrant. J’ai donc adopté les Beyer 930 qui marchent très bien et correspondent mieux à mes besoins. En pré-prod j’emmène énormément de micros et on essaie, un peu avec les backliners mais aussi avec le groupe. On bosse ! (rires)

La batterie de Richard avec des 930 Beyer placés assez haut pour le laisser jouer et surtout s’éclater avec le public. Derrière, un wedge Martin et un 900-LFC s’occupent de lui donner tout ce dont il a besoin pour être dedans.

La batterie de Richard avec des 930 Beyer placés assez haut pour le laisser jouer et surtout s’éclater avec le public. Derrière, un wedge Martin et un 900-LFC s’occupent de lui donner tout ce dont il a besoin pour être dedans.

SLU : Vous avez répété où ?

Bob Coke : A Planet Live, dans le gros studio de 450 m².

Aymeric Sorriaux : Le studio de Dushow aurait permis par sa taille et son acoustique une autre approche plus live, malheureusement il était déjà pris.

Grosse tournée oblige, Dushow s’est lâché et n’a pas hésité à signer ses racks du nom du groupe. La classe. Il en va de même des périphériques embarqués. Tous ne sont pas forcément insérés sur le trajet du signal, mais il y a vraiment de quoi s’éclater. Bob a bon goût !

Grosse tournée oblige, Dushow s’est lâché et n’a pas hésité à signer ses racks du nom du groupe. La classe. Il en va de même des périphériques embarqués. Tous ne sont pas forcément insérés sur le trajet du signal, mais il y a vraiment de quoi s’éclater. Bob a bon goût !

SLU : Venons-en au mix. Tu disposes d’une console réputée pour ses préamplis et ses EQ, et je vois que tu as inséré des VT737. Qui fait quoi dans ta chaîne ?

Bob Coke : Quand tu regardes la façon dont Jean-Louis et Louis sont sur scène, ils se placent juste dans l’axe de leurs amplis, je récupère forcément beaucoup de son de leurs grattes, c’est donc plus rapide et facile d’avoir deux égaliseurs différents pour les suivre.
La tournée a pas mal évolué d’un point de vue technique avec l’arrivée des ears donc cette flexibilité m’arrange.

SLU : Ca ne doit pas être évident quand même d’avoir autant de gratte dans le micro chant au niveau du son global…

Bob Coke : Mais non, ça fait partie du son. La guitare je la fais avec son repiquage et ce que m’envoie le micro chant. Je suis au fader pour garder l’équilibre entre les deux.
Cleaner sans arrêt ne sert à rien… Moi j’aime bien les sons forts, on attaque d’une autre façon les micros et ça va.
Bon, c’est vrai aussi que si tu as une scène très sonore et quelqu’un qui ne chante pas, là t’es en galère, mais Jean-Louis c’est l’opposé, il est très dynamique et je dois presque le retenir avec l’Avalon.

SLU : Faisons le tour de tes racks, il y a trop de bonnes choses dedans.

Le Glory Comp de Groove Tubes, un look vieillot pour un produit rare et sorti du catalogue du célèbre fabricant de tubes à vide américain passé sous contrôle de Fender depuis 2008. 100% tube y compris l’étage à gain variable opérant la réduction de dynamique. Remarquez le potard Glory offrant un choix glissant entre earth et heaven poussé à fond les ballons, un réglage qui semble taillé sur mesure pour toutes les stars qui nous ont quittés cette année…

Le Glory Comp de Groove Tubes, un look vieillot pour un produit rare et sorti du catalogue du célèbre fabricant de tubes à vide américain passé sous contrôle de Fender depuis 2008. 100% tube y compris l’étage à gain variable opérant la réduction de dynamique. Remarquez le potard Glory offrant un choix glissant entre earth et heaven poussé à fond les ballons, un réglage qui semble taillé sur mesure pour toutes les stars qui nous ont quittés cette année…

Bob Coke : Le groupe de basse incluant micro et DI passe par le Glory Comp de Groove Tubes (une rareté NDR). La tranche de l’XL4 qui reçoit la DI de la basse est égalisée en insert par la partie EQ d’un préampli Amek Neve 9098 et ce même son transite par un Distressor. Je cherchais une couleur spécifique et ce rack me la fournit.

SLU : Merci le dépôt de Dushow (rires) ! Les deux acoustiques ont droit à une autre rareté du moins en France, des Aphex 661 Expressor…

Bob Coke : Je ne m’en sers plus ! Les DI sont tellement bonnes que le style de jeu tout en douceur de Louis et Jean-Louis pendant les quelques respirations du show se passe totalement de compression. C’est plus joli sans. La batterie passe par des gates Drawmer, à part le tom aigu qui lui est travaillé dans un canal du Transient Designer SPL ainsi que les deux toms floor. Le quatrième canal était destiné à la basse mais il est by-passé.

Les Insus Dushow et Meyer

SLU : Dans le rack suivant on a ton traitement du master…

Bob Coke : Avec deux compresseurs différents, une copie de SSL et un VT747 Avalon. Parfois l’un, parfois l’autre.

Encore plus de jolis périphériques installés par blocs logiques et séparés comme il se doit par des grilles d’aération. Il n’y a pas que les tubes qui chauffent !

Encore plus de jolis périphériques installés par blocs logiques et séparés comme il se doit par des grilles d’aération. Il n’y a pas que les tubes qui chauffent !

SLU : Les deux ensemble ?

Wilfried Mautret : On a essayé (rires) ! On a TOUT essayé !

SLU : Pas mal de mixeurs se servent de l’EQ du 747 pour de rapides petites retouches…

Bob Coke : Non pas ce soir. Maintenant que tu m’y fais penser, je le fais parfois mais pas avec du Meyer. Il y a d’autres marques où le haut du spectre nécessite d’être un peu calmé et adouci à 2 kHz et 5 (les deux bandes qui relaxent les oreilles dans l’Avalon NDR), mais le Meyer est bon comme ça.

J’atténue juste très légèrement le grave durant la partie acoustique du concert. Dans quelques jours on attaque les festivals (ils y sont désormais en plein NDR) avec à chaque fois une diffusion différente et c’est là que cet outil redevient essentiel. J’adore la compression sur les généraux et je préfère que ce soit la voix de mon chanteur qui déclenche un peu de réduction de gain sur l’ensemble du mix plutôt qu’en amont sur elle toute seule. Tu verras, on compresse assez peu, quelques dB tout au plus.

SLU : Tu retouches pas mal le gain des tranches sur ta console, c’est habituel chez toi ?

Bob Coke : Ca m’arrive et puis une XL4 a des préamplis vivants que je fais parfois aller un peu dans le rouge sur certaines batteries pour obtenir une sonorité spécifique. L’approche numérique est plus technique et précise, ici on a une vraie analogique et on s’en sert à fond. Cela dit, je retouche pas mal aujourd’hui à cause de certaines modifications que les backliners ont apportées entre peaux et cordes.

Deux racks stratégiques avec les alimentations de l’XL4, les trois réverbérations tc à gauche et le « magnéto » 48 pistes à droite avec les unités SSL de conversion.

Deux racks stratégiques avec les alimentations de l’XL4, les trois réverbérations tc à gauche et le « magnéto » 48 pistes à droite avec les unités SSL de conversion.

SLU : Tu te souviens de ta première tournée avec une XL4 ?

Bob Coke : Bien sûr. Noir Désir. A l’époque je travaillais aussi avec une PM4000 Yamaha, mais aussi avec du numérique. Il ne faut pas se le cacher, avec cette table, on se fait plaisir. Tout le monde a la banane quand on lève le capot du flight, il y a même des jeunes dans certaines salles qui ne la connaissent pas. On va voyager avec pour les festivals. Elle est nickel et bien calée. Cela dit, il faut aller au-delà des à priori ; sur Calo j’avais une Pro9 et je me suis éclaté aussi et l’artiste a pu participer à l’encodage des délais et au travail sur le mix. C’est autre chose.

SLU : Tu peux plus peaufiner les effets avec une numérique. A ce propos, qu’as-tu ici ?

Bob Coke : Trois réverbes, une M6000 et deux D-Two TC. Une pour la batterie, une pour les instruments et une pour les voix. La musique de Téléphone est simple et les gens sont là pour la recevoir sans des tonnes d’artifices.

Magie du showbiz moderne, notre interview s’interrompt quelques minutes car les balances servent aussi de pré-concert avec une partie du public qui peut y assister agglutiné devant les crashs au contact de Louis et Jean-Louis qui, en vieux briscards, se prêtent bien volontiers au jeu. Le son n’est pas idéal à salle vide, mais pour ces quelques chanceux de toute manière hors du tir de la façade, assister à cette sorte de mise en bouche exclusive, suffit à leur bonheur.

SLU : On termine notre tour des racks ? Encore du SPL avec un super déesseur…

Bob Coke : Oui le 9629. Il est excellent et parfois je m’en sers même parfois trop sur Jean-Louis. Je retouche souvent le réglage en fonction de la capsule ou de sa façon de chanter.

Les Insus Dushow et Meyer

SLU : Parmi tes trois compresseurs XTA, deux sont affectés à tes overheads ?

Bob Coke : Oui absolument, ils sont là, ils bougent et…ils ne sont pas affectés (rires) ! Je les fais revenir dans un groupe pour apporter un peu de densité aux cymbales. Durant les répètes, un autre batteur a travaillé un peu à la place de Richard et il avait un jeu de cymbales très “bright” qui avait besoin d’être travaillé. Richard a des cymbales beaucoup plus épaisses et “dark” qui n’ont absolument pas besoin de tout ça. Certains périphériques que tu vois ne servent qu’à un titre ou bien ponctuellement. Le second Distressor appelé Kick SN me sert par exemple à ajouter un peu de niaque dans un groupe, à gagner un peu de couleur dans la batterie.

Non, Bob aime sa console mais pas au point de s’incliner devant, sauf quand il doit accéder à son « magnéto » Logic 48 pistes !

Non, Bob aime sa console mais pas au point de s’incliner devant, sauf quand il doit accéder à son « magnéto » Logic 48 pistes !

SLU : Elle en a plein de couleur ta batterie !

Bob Coke : C’est ça (il montre le bandeau des préamplis de l’XL4 NDR) sans parler du jeu de Richard sur une batterie bien réglée. Il s’en sert super bien.
Très honnêtement je ne connaissais pas Téléphone car, à l’époque où ils ont eu leur grande période, je n’étais pas en France. J’ai travaillé avec Jean-Louis qui a intégré quelques chansons de Téléphone dans ses tournées mais les avoir tous les trois c’est complètement autre chose.

SLU : Au fait Bob, ça fait un petit moment que tu sillonnes nos salles de spectacle. Comment es-tu arrivé en France…

Bob Coke : J’ai rencontré une française et mes enfants et petits enfants vivent en France.

SLU : Les américains pensent encore à toi ?

Bob Coke : En 2013 j’ai fait la tournée des Black Crowes. Ils ne m’ont pas oublié (sourire). Ca jouait fort sur scène et dans certaines salles de 2000 places, les amplis faisaient l’essentiel du boulot ! En mono !

SLU : J’ai remarqué à ce propos que tu travailles assez peu avec tes panoramiques.

Bob Coke : Hey, it’s rock and roll et c’est ma façon de mixer. Le rock c’est de l’énergie, il n’y a pas besoin de tout ouvrir, et dans une salle cela n’apporte pas grand-chose sauf à priver les gens d’un côté de ce que tu balances de l’autre.”

Les retours en Vouillon, Barbarat, Martin et SD7

Julien Vouillon

Julien Vouillon

Pas d’analogique à cour, pardon Bob, “stage left”, mais une SD7 aux mains du couple Julien Vouillon et Thomas Barbarat. C’est Julien qui répond à quelques questions.

SLU : Que mets-tu dans les wedges de chacun ?

Julien Vouillon : Pour Jean-Louis et Louis il n’y a que de la voix. C’est très rock’n’roll. Le mix est dans les sides. C’est un peu à la carte car chacun écoute sur scène à sa façon. Louis ne se sert que des wedges, Jean-Louis a des ears, Richard a des bouchons et Aleksander le bassiste a des ears.  

SLU : En nez de scène sous le caillebottis..

Julien Vouillon : Il y a deux wedges où le mix est complet plus un rappel des guitares pour leur permettre de bien s’entendre quand ils vont y faire un solo. Dans les sides, les guitares sont croisées : celle de Jean-Louis est du côté de Louis et inversement. Chacun entend sa guitare par ses amplis et en rappel par le side opposé. C’est exactement la configuration des 70’s, dans les règles de l’art.

SLU : Batterie et basse ?

Julien Vouillon : Ils ont un mix avec tout, plus un sub pour Richard et un rappel de basse de l’autre côté de la scène avec un autre SVT pour Aleksander. A l’ancienne. Au début on voulait même utiliser la même stratégie avec les amplis guitare et ne pas en mettre dans les sides.

Le rappel à jardin pour Aleksander Angelov, le bassiste de la tournée des Insus. Un second ampli Super Vacuum Tube ou SVT d’Ampeg, 300 watt 100% à tubes, une solution chic et chère.

Le rappel à jardin pour Aleksander Angelov, le bassiste de la tournée des Insus. Un second ampli Super Vacuum Tube ou SVT d’Ampeg, 300 watt 100% à tubes, une solution chic et chère. Certes leur look laisse à désirer, mais je peux vous assurer que ces Vox envoient le bois.

SLU : Tu aurais eu assez d’amplis ?

Julien Vouillon : Oh oui, ils en ont plein ! Aux répétitions il y en avait un nombre incroyable pour choisir ceux qui sont partis en tournée. Ils sont vraiment très bien équipés. Les membres du groupe ont souhaité être très proches donc sur 30 m² on a une batterie, deux SVT et sept amplis guitare. C’est sonore mais très efficace et franchement rock.

Thomas Barbarat devant la SD7. Pile derrière lui on aperçoit le patch actif Klark Teknik et tout à droite de la photo, les racks d’amplis PLM Lab.gruppen des wedges Martin, une configuration relativement simple et très rapide à monter.

Thomas Barbarat devant la SD7. Pile derrière lui on aperçoit le patch actif Klark Teknik et tout à droite de la photo, les racks d’amplis PLM Lab.gruppen des wedges Martin, une configuration relativement simple et très rapide à monter.

SLU : Le patch est assez petit, pourquoi une SD7 ?

Julien Vouillon : Habituellement j’ai besoin d’avoir beaucoup d’entrées et de sorties. Pour cette tournée j’ai surtout besoin d’avoir beaucoup de ressources car j’ai tout doublé pour pouvoir travailler différemment wedges et ears. Toutes les tranches sont doublées.
Le bac de gauche comporte toutes les ressources pour mixer les wedges et celui de droite est en charge des ears. Au centre j’ai mes VCA. Ca me change de n’avoir que 4 artistes et un patch de 30, mais cela n’est pas pour autant de tout repos car rien n’est figé dans le show.

SLU : Comment travaille-t-on en termes de monitoring quand on doit savoir ce qui se passe dans des wedges et des ears ? On passe son temps à enfiler et retirer ces derniers ?

Julien Vouillon : J’ai dû le faire en préprod. Ceci étant, j’ai commencé par caler les wedges, puis les ears et comme il y a moins de suivis sur les wedges, je garde plutôt mes ears. Enfin, un peu les deux, cela dépend de ce qui se passe sur scène.

Une vue de face d’un des deux sides tel que voulu par Julien avec, look oblige, les caches des Lyon retirés, ce qui laisse apercevoir le montage des deux 12” en dièdre rapprochant les centres acoustiques et prolongeant le guide d’onde. A la question de savoir pourquoi deux 900 au lieu de prendre un 1100, Aymeric précise que leur impact est supérieur, leur extrême grave légèrement inférieur et leur rendu plus proche des besoins du monitoring que ce qu’aurait pu offrir le 1100.

Une vue de face d’un des deux sides tel que voulu par Julien avec, look oblige, les caches des Lyon retirés, ce qui laisse apercevoir le montage des deux 12” en dièdre rapprochant les centres acoustiques et prolongeant le guide d’onde. A la question de savoir pourquoi deux 900 au lieu de prendre un 1100, Aymeric précise que leur impact est supérieur, leur extrême grave légèrement inférieur et leur rendu plus proche des besoins du monitoring que ce qu’aurait pu offrir le 1100.

SLU : Tu as recours aux snapshots ou joues tu le côté rock à fond ?

Julien Vouillon : Non impossible. Dès que tu as des ears, tu es obligé de gérer finement les niveaux, d’effectuer des suivis. Au début tu débrayes tout et puis, tu commences à programmer les mutes, deux, trois faders, puis tu encodes les égaliseurs, puis les envois et à la fin, comme c’est une SD7 avec énormément de ressources, tu peaufines et stockes tout.

SLU : Tu utilises quoi comme effets ?

Julien Vouillon : J’ai une TC6000 et une 480 Lexicon

SLU : Une seule ?

Julien Vouillon : Oui, je n’en ai qu’une et elle marche bien, je n’ai aucun souci de fiabilité. Je m’en sers pour les chants. La 6000 je l’emploie sur la batterie et les grattes acoustiques. Je traite aussi la basse dans un Summit et les overheads dans une paire de 160 dbx. J’ai aussi des Transient SPL et des gates externes sur la batterie. Pour être précis, je mixe la batterie pour les wedges avec des effets externes.

SLU : Tu préfères ça à ce que t’offre ta console ?

Julien Vouillon : Pour les ears, je me sers des effets intégrés mais pour les wedges je trouve ça plus pratique. J’ai en tout cas assez de ressources pour mixer aussi les premières parties.

SLU : C’est une table très bien fournie.

Julien Vouillon : Oui mais on a de tels besoins lors de shows comme Mylène ou Hallyday, que je me retrouve à 0 channel processing ! Bon, il faut dire qu’avec Johnny ils étaient 17 sur scène. Depuis 2010 et la version 1.7 de la table, je ne me sers que de cette console, je la connais bien !

Aymeric Sorriaux et Bob Coke

Aymeric Sorriaux et Bob Coke

SLU : Tu tournes à quelle fréquence ?

Julien Vouillon : En 48 kHz. En 96 je disposerais des mêmes ressources, ce n’est qu’à 192 où elle en perd. Le 96 est très utile pour la latence des convertisseurs qui est moindre, mais je ne suis pas tout à fait satisfait de l’aigu à cette fréquence. Je le trouve un tout petit peu artificiel et un peu trop présent.
J’ai mixé Mylène en 2013 en 96 et depuis je suis revenu au 48 qui sonne parfaitement bien. J’ai 2 millisecondes et des poussières de latence mais c’est jouable.
Je sais qu’avec M où ça jouait en wedges et en 96, le passage en 48 kHz a permis à Nico d’Amato de sortir plus de niveau avant le Larsen, ce n’est donc pas qu’une impression. De mon côté c’est la couleur qui me plaît moins car je travaille essentiellement avec des ears.

SLU : Au fait, quels wedges utilises-tu ?

Julien Vouillon : Le choix de Louis qui adore les Martin. C’est le wedge du rock anglais et une fois encore on est parfaitement raccord avec ce qu’on donne au public. C’est made in London !

L’EM3Pro, un vétéran des scènes françaises. Le modèle que vous voyez date de 2006. De nos jours, il est soudé et pas coulé dans l’acrylique et dispose d’un transducteur double pour le grave et l’aigu, là où l’ancien a un double basse et un simple aigu.

L’EM3Pro, un vétéran des scènes françaises. Le modèle que vous voyez date de 2006. De nos jours, il est soudé et pas coulé dans l’acrylique et dispose d’un transducteur double pour le grave et l’aigu, là où l’ancien a un double basse et un simple aigu.

SLU : Et pour les ears ?

Julien Vouillon : Earsonics, les EM3 Pro.

SLU : Tu n’aimes pas l’EM32 ?

Julien Vouillon : Il n’a pas assez de niveau et de rendement. Pour un chanteur de rock ça ne marche pas (116 dB/mW contre 124 dB/mW NDR). C’est un super beau produit à niveau faible ou moyen, mais si tu veux atteindre les niveaux requis par nombre d’utilisateurs professionnels, il n’y parvient pas. L’EM3 doit être taillé dans le médium pour devenir flat, mais ce médium va réapparaître au fur et à mesure du niveau délivré. Sa réponse dynamique n’est pas linéaire.
Ce qui pourrait être considéré comme un défaut n’en est pas un pour un artiste rock pour qui cette caractéristique se transforme en vrai avantage. Plus il pousse et plus “ça fait fort”. L’EM32 au contraire reste linéaire quel que soit le niveau, et quand tu pousses, il ne se déséquilibre pas dans le médium et ne donne pas à l’artiste la même sensation. Les transducteurs sont excellents, les mêmes que l’EM3, mais le filtrage beaucoup plus élaboré et par ailleurs rigoureux, capte une partie du rendement.

Aymeric Sorriaux du bon boulot avec du bouleau

L’heure du repas a sonné, et malgré un catering remarquable, notre appétit n’a d’égal que notre curiosité. Après Bob et Julien, c’est au tour d’Aymeric de s’allonger sur le divan imaginaire de notre dictaphone.

SLU : Cela a commencé quand ton amour pour le système ?

Aymeric Sorriaux : Depuis que je travaille. J’ai commencé comme intermittent en m’intéressant à ce domaine et je n’ai jamais arrêté sauf qu’étant désormais permanent chez Dushow, j’ai aussi une fonction de commercial. J’ai eu une évolution au sein du groupe depuis trois ans qui m’a amené à m’occuper de cette partie aussi mais sans délaisser les boutons. Depuis quelques mois d’ailleurs, je ne m’occupe plus que de ça. La notion commerciale est essentielle à bien comprendre chaque affaire, mais je préfère la technique. Bob a demandé à ce que je prenne la route avec lui, ce qui m’a comblé, d’autant que l’équipe est très bonne et je la connais depuis de nombreuses années.

La diffusion Meyer prise en contre par les éclairages de Dimitri Vassiliu

La diffusion Meyer prise en contre par les éclairages de Dimitri Vassiliu

SLU : Vous avez historiquement deux marques de diff chez Dushow (trois depuis quelque temps grâce à Fa NDR) mais tu sembles plus Meyer…

Aymeric Sorriaux : Cela fait dix ans que j’assure en parallèle les démos de Best Audio, notre filiale dédiée à la vente et à l’installation de nos marques, ceci explique sans doute cela. Mais outre de belles prestas en Meyer, j’ai aussi l’occasion de monter des grosses configurations en L-Acoustics. Il faut être pluridisciplinaire même si c’est vrai que j’apprécie la marque américaine. Aujourd’hui je suis en Leo, mais je prépare les Eurockéennes et Musilac qui seront sonorisés en L-Acoustics.
Tous les systèmes sont désormais des formules 1 avec leurs avantages et leurs inconvénients. Les philosophies ont beau être différentes, les résultats sont bons dans tous les cas. Enfin, j’espère ! Wilfried tourne beaucoup en Meyer mais est tout aussi à l’aise avec du L-Acoustics et un jour il calera du d&b sans même s’en rendre compte (rires) !

Wilfried Mautret : Pourquoi pas ! Le plus difficile ce n’est pas le système mais essentiellement l’outil de prédiction et celui pour driver le système. Et un peu d’expérience avec aussi, forcément.

Aymeric Sorriaux : L’avantage aussi de tourner en équipe c’est de se compléter en prenant les avis de chacun. Personne n’a la science infuse. Si Wil a un avis sur ce que je suis en train de faire au niveau du calage, je vais l’écouter. On a plus d’expérience à deux et on peut gagner plus de temps en s’écoutant.

L’équipe son de la tournée réunie sur le parking du Zénith de Toulouse où nous avons tous dîné au soleil. De gauche à droite Aymeric Sorriaux, Bob Coke, Julien Vouillon, Wilfried Mautret et Thomas Barbarat

L’équipe son de la tournée réunie sur le parking du Zénith de Toulouse où nous avons tous dîné au soleil. De gauche à droite Aymeric Sorriaux, Bob Coke, Julien Vouillon, Wilfried Mautret et Thomas Barbarat

SLU : Vous avez deux gros parcs L-Acoustics et Meyer chez Dushow. Qu’est ce qui sort le plus ?

Aymeric Sorriaux : Les deux, mais chez L c’est le K2 qui est très demandé, plus que le K1 et chez Meyer le Leopard fait un malheur. Il a un rapport poids/puissance phénoménal et un excellent rendu. Nos deux gros kits en Leopard sont constamment sur la route et les 48 Leo tournent aussi beaucoup. La nouvelle gamme « de la savane » de Meyer, Leo, Lyon et Leopard, est une révolution par rapport à ce que l’on a pu connaitre avant.
Ca marche très bien en longue portée comme en petite jauge, et on retrouve une couleur homogène entre les différents types d’enceintes et un raccord en phase qui est juste parfait. Forcément, la taille des haut-parleurs fait que l’on peut entendre des différences de musicalité mais les réponses en fréquence sont vraiment alignées. Cela ne sert à rien, même si dans le Galileo on a les outils pour, de tordre un 12” pour lui faire passer le même ressenti qu’un 15”. Je pars du principe que si j’ai besoin d’un 12” ou d’un 15”, je fais le choix et je m’y tiens, en le laissant travailler dans sa zone de confort.

SLU : Le fait que le commercial ait aussi fait le design et cale tous les soirs est une nouveauté chez Dushow non ? On appelle ça comment, la transversalité sonore ?

Aymeric Sorriaux : Tu as raison. Dushow a décidé d’apporter à ses clients une expertise technique de plus en plus approfondie et de les accompagner au maximum. Je suis chef de projet donc je construis le dossier technique pour les clients et après on les accompagne sur la route.

Un affichage bien connu, celui de Lake, ici un LM44, qui nous apprend que quelques points ont été pris par exemple autour de 110 Hz et de 2 kHz, et que l’infra a été un peu calmé à partir de 40 Hz mais bien peu de chose.

Un affichage bien connu, celui de Lake, ici un LM44, qui nous apprend que quelques points ont été pris par exemple autour de 110 Hz et de 2 kHz, et que l’infra a été un peu calmé à partir de 40 Hz mais bien peu de chose.

SLU : Mais dans la constellation technique de Dushow il y a d’autres profils comme toi ? Où te situes-tu par rapport à Marco par exemple (Marc de Fouquières, le directeur Technique du groupe Dushow NDR)

Aymeric Sorriaux : Marco fait toujours des calages et s’occupe de certains gros dossiers mais je le remplace lorsqu’il n’a pas le temps ; je pense à la configuration des subs que j’ai refaite à la demande de l’Opéra de Paris. Chacun a ses dossiers mais on se les transmet quand c’est nécessaire.
Pour répondre mieux à ta question, on a aussi les plus jeunes du parc qui sortent en tant qu’assistants pour apprendre et enfin nous disposons d’un collège de techniciens son et lumière un peu plus confirmés qui peuvent partir pour accompagner des artistes sur la route. A la base, il y avait les chargés d’affaire qui géraient entièrement leurs dossiers et s’appuyaient sur les équipes de parc pour la technique, ou sur les équipes d’intermittents très proches de nous comme Wilfried.

Aymeric Sorriaux surpris sur le plateau avec Thomas Barbarat à droite.

Aymeric Sorriaux surpris sur le plateau avec Thomas Barbarat à droite.

Aujourd’hui on continue à s’appuyer sur ces derniers qu’on considère comme des gens faisant pleinement partie de l’entreprise, mais nous avons créé un pôle technique, on pourrait l’appeler en quelque sorte un bureau d’études, une cellule technique pluridisciplinaire avec des gens en capacité de répondre de manière plus approfondie et technique que ceux spécialisés dans le commerce.

SLU : Rares sont, je pense, les collaborateurs de Dushow qui n’ont pas mis la main au potard…

Aymeric Sorriaux : Bien sûr, mais ils ont pris goût à cette partie commerciale en tissant par ailleurs des liens très privilégiés avec nos clients, je pense à Benoit Soutenet, Alex Capponi ou Stéphane Sailly, le besoin de cette expertise en parallèle s’est faite sentir, d’où cette évolution.

Benoit Soutenet

Benoit Soutenet

Stephane Sailly

Stephane Sailly

Alexandre Capponi

Alexandre Capponi


SLU : Comment malgré tout gérer le quotidien et les dossiers en étant sur la route ?

Aymeric Sorriaux : Je travaille à distance, c’est l’avantage du monde moderne (sourire). Il faut savoir marier les deux sinon on part intermittent. J’ai tous les dossiers de l’été de Dushow sur le feu. mais c’est la vie (rires) !

Voilà… C’est fini…

Gros, très gros, le son emporte tout sur son passage, tout sauf le talent du groupe. Les années n’ont rien fait à nos « Fab four -1 » ou plutôt si, ils jouent encore mieux et disposent enfin d’un son en salle digne de leurs titres. L’amour de Bob pour l’aigu fin et naturel, un modèle du genre, le bas médium plein, massif et bien timbré autour duquel tout tourne, et le grave de course délivré par le système Meyer se confirme, de même que son goût certain pour le chiffre 105 qui semble avoir été créé pour lui !

Une image de l’analyseur Flux et du Compass durant le show. Les 7 types d’enceintes à droite de l’écran affichent du vert, pourtant ça pousse déjà pas mal. Vive le headroom quand on peut se le permettre !

Une image de l’analyseur Flux et du Compass durant le show. Les 7 types d’enceintes à droite de l’écran affichent du vert, pourtant ça pousse déjà pas mal. Vive le headroom quand on peut se le permettre !

C’est rock sur scène, ça l’est dans le bois. Rock in, rock out, libre adaptation du célèbre “shit in”, “shit out” qui n’a pas lieu d’être ici. Se balader dans les interminables gradins du Zénith de Toulouse dû à la patte de Christian Malcurt ne change pas grand-chose à l’affaire.
Ca sonne partout avec une belle qualité de projection de l’antenne de subs. Les renforts latéraux raccordent bien dans le système principal avec tout de même une couleur du grave et un rendu global plus secs, sans doute la directivité liée au montage cardioïde et en antenne des 1100 prive-t-elle un peu les côtés de la salle de leur action.
Les infills et les frontfills sont bien constructifs et apportent leur touche finale au côté massif et très musical de la diffusion dans son ensemble. Quand on se rapproche de la scène, les amplis de Jean-Louis et Louis font malgré tout le ménage. Les frontfills ont beau être « matricés » sans grattes, se retrouver dans l’axe des Vox et des De Ville déséquilibre un peu le mix même si pour les amateurs de guitare, leur son est splendide.

Les Insus Dushow et Meyer

Un grand bravo à Aymeric et Dushow pour cette « affaire » (t’as vu Aymeric, je m’y suis mis moi aussi NDR) rondement menée par une équipe de vieux briscards aguerris et complices en diable, comme ceux qui font le show sur scène.
Après les festivals, les Insus repartent en tournée pour 16 nouvelles dates à partir du 26 septembre. Si vous aimez le rock, le son franc et sans concession et préférez des lumières sobres, vous savez ce qu’il vous reste à faire, enfin…bon courage pour trouver des places ou des invites !

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A la Flèche d’Or

Elodie Martelet et Audio-Technica, unis pour le meilleur et pour le son

Elodie Martelet et Audio-Technica

Débuter sa carrière solo après The Voice et Résiste ça a de bon que le public vous découvre et vous savoure dans des petites salles. La Flèche d’Or fait partie de ces lieux magiques où proximité rime avec gros son dans une atmosphère inédite de vieille gare de début du siècle. Ajoutez le fait qu’Elodie Martelet a du talent, de bons musiciens et qu’Audio-Technica l’a endorsée et la soirée est forcément réussie.
Notre chaperon pour ce soir est Bertrand Allaume, le Chef produits pro d’Audio-Technica France, le mec qui connaît la marque comme vous la recette du riz blanc. Grace à son invitation, nous allons effectuer un tour d’horizon complet d’une gamme immense, d’abord avec les yeux et puis les oreilles.

Bertrand Allaume, bassiste, chaperon et fin connaisseur d’Audio-Technica et pourtant Dieu sait si le catalogue de cette marque est fourni ! Son poste complet est : Brand Manager for Audio-Technica, Audient, Apart Audio et Oyaide.

Bertrand Allaume, bassiste, chaperon et fin connaisseur d’Audio-Technica et pourtant Dieu sait si le catalogue de cette marque est fourni ! Son poste complet est : Brand Manager for Audio-Technica, Audient, Apart Audio et Oyaide.

SLU : Qu’est-ce qui lie Elodie et Audio-Technica ?

Bertrand Allaume : C’est un deal vieux de trois ans si ma mémoire est bonne. Elodie est endorsée et donc utilise les produits AT sur scène, notamment pour son chant et sa guitare.

SLU : Il lui va comme un gant son micro…

Bertrand Allaume : C’est vrai. C’est elle qui l’a choisi il y a quelques temps. Il s’agit d’un Artist Elite 6100, le top des micros main dynamiques chez AT.
Il est hypercardioïde. Les chœurs sont repiqués par des AE4100 qui sont cardioïdes.
Au fil du temps quand elle a évolué et a monté un groupe, on a décidé de lui filer un coup de main aussi pour ses membres. Ce soir par exemple le plateau est 100% Audio-Technica.


L’AE 6100 d’Elodie, un son de statique avec tous les avantages d’un dynamique, y compris un prix raisonnable.

L’AE 6100 d’Elodie, un son de statique avec tous les avantages d’un dynamique, y compris un prix raisonnable.

J’ai reçu le patch et j’ai proposé un ensemble de micros compatibles avec la liste fournie voire, selon moi, plus novateurs.

SLU : Dans la grosse caisse ce n’est pas un RE20 ?

Bertrand Allaume : Ehh non, c’est un AE2500. C’est plus petit que l’Electro-Voice et surtout cela fonctionne avec deux capsules parfaitement en phase, une grosse dynamique et une statique et les deux fonctionnent ce soir. Sur la caisse claire c’est un Pro 25ax, il y a l’ATM450 sur la charley, des ATM350 sur les toms, et on over des AT4049b.


Un micro bien pensé avec sa tête électret cardioïde déportée sur un côté ce qui lui ouvre plein de possibilités de placement, et un grave très rond mais qu’un coupe bas à 80Hz vient calmer en cas de besoin.

Un micro bien pensé avec sa tête électret cardioïde déportée sur un côté ce qui lui ouvre plein de possibilités de placement, et un grave très rond mais qu’un coupe bas à 80Hz vient calmer en cas de besoin.

Un des deux over, un AT 4949b, une tête omni sur un préampli qui peut embarquer aussi une cardio et une hypercardio.

Un des deux over, un AT 4949b, une tête omni sur un préampli qui peut embarquer aussi une cardio et une hypercardio.

SLU : Pour les amplis ?

Bertrand Allaume : Pour la basse en plus de la DI, il y a un ATM250 ce qui donne un son un peu plus chaud pour la variété. La guitare est repiquée devant l’ampli par un AT2031.

Un ATM250. Aimant au néodyme, grosse membrane, grave de course et niveau admissible de cheval. C’est l’un des micros instrument prévus pour tenir le choc quand les basses volent en escadrille.

Un ATM250. Aimant au néodyme, grosse membrane, grave de course et niveau admissible de cheval. C’est l’un des micros instrument prévus pour tenir le choc quand les basses volent en escadrille.

L’AT2031 fixé à même l’ampli Ibanez de David Certano, le guitariste du groupe. Un pied micro ou une pince en moins !

L’AT2031 fixé à même l’ampli Ibanez de David Certano, le guitariste du groupe. Un pied micro ou une pince en moins !

Le fil c’est bon pour les noeuds

Un ATH-E70 vu côté filtre passif, nécessaire puisque équipé de trois transducteurs.

Un ATH-E70 vu côté filtre passif, nécessaire puisque équipé de trois transducteurs.

SLU : Il m’a semblé voir de la HF, c’est vous aussi ?

Bertrand Allaume : Oui, on a une liaison pour la guitare d’Elodie.
Il y a aussi une grande première ce soir puisque le groupe teste les ear monitors M3 en HF avec les nouvelles oreillettes E présentées au NAMM et à Francfort et tout juste disponibles.
Ce soir nous avons des E50 et des E70. L’ATH-E50 est un universel mono transducteur là où l’ATH-E70 est un trois voies.


L’M3R d’Elodie, le récepteur de la gamme unique de liaisons pour Ear monitors au catalogue d’Audio-Technica.

L’M3R d’Elodie, le récepteur de la gamme unique de liaisons pour Ear monitors au catalogue d’Audio-Technica.

SLU : La liaison M3 est livrée avec un casque ?

Bertrand Allaume : Non du tout, l’artiste est libre d’utiliser son casque préféré. Dans le catalogue AT (rires !)

SLU : Tout le matériel ce soir, c’est exceptionnel quand même..

Bertrand Allaume : Bien sûr. Etre endorsé ne signifie pas avoir constamment une telle quantité de matériel. Ce soir nous avons cela dit mis le paquet, ça fait partie d’un deal qu’Elodie, étant jeune et adepte des réseaux sociaux, respecte parfaitement en communiquant très bien autour de la marque pour le marché francophone.

L’équipement de rechange d’Elodie, un récepteur ears M3R et un émetteur bodypack de la gamme 2,4GHz System10. Le jack pour sa guitare est déjà en place.

L’équipement de rechange d’Elodie, un récepteur ears M3R et un émetteur bodypack de la gamme 2,4GHz System10. Le jack pour sa guitare est déjà en place.

SLU : Mais les musiciens découvrent les ears en plus des micros ce soir ?

Bertrand Allaume : Non du tout. Elodie a été en résidence avec ses musiciens chez elle à Marseille durant une semaine et nous lui avons à ce moment-là fourni les liaisons et les micros pour que tout le monde puisse être à l’aise en s’en servant à l’avance.
Mais c’est du matériel de démonstration qui doit pouvoir être prêté à tout le monde, donc on le récupère pour qu’il passe de main en main auprès du plus grand nombre d’artistes.
Ce qu’Elodie a toujours avec elle c’est son micro de chant et son HF guitare, l’ATW1501, une liaison numérique de la famille System10.

SLU : Vous endorsez des artistes uniquement ou aussi des techniciens ?

Bertrand Allaume : Les deux. Il y a des techniciens qui adorent nos produits, on passe donc par ce biais là aussi pour les faire découvrir au plus grand nombre.

L’affiche du concert flanquée de la PLV Audio-Technica. Une belle collaboration qui de l’autre côté du Channel on qualifierait de win-win

L’affiche du concert flanquée de la PLV Audio-Technica. Une belle collaboration qui de l’autre côté du Channel on qualifierait de win-win

Ca ne fait que quelques mois que j’ai rejoint AT mais cela m’a déjà permis de constater la pluralité artistique de nos utilisateurs. Tous les styles musicaux sont représentés, du classique au jazz en passant par la variété ou le métal ce qui est notre force.

SLU : Le métal aime beaucoup vos micros !

Bertrand Allaume : C’est vrai, comme nos micros sont parmi ceux qui encaissent le plus sur le marché et accrochent pas ou peu, ils sont donc très recherchés chez les métalleux. On va donc s’y intéresser encore plus. Il y a une scène métal très active en France. Etant moi-même musicien je suis en train de la découvrir.

SLU : Tu accompagnes véritablement les artistes.

Bertrand Allaume : C’est une partie de mon travail. J’ai une relation technique avec eux pour les guider et les aider à faire le bon choix dans un très, très gros catalogue et après à bien utiliser nos produits.

2,4GHz plus de plaisir

Elodie en plein chorus avec son guitariste David Certano. Du fil pour lui et 2,4GHz pour elle.

Elodie en plein chorus avec son guitariste David Certano. Du fil pour lui et 2,4GHz pour elle.

SLU : Revenons sur la liaison de la gratte d’Elodie. C’est quoi la pédale au sol ?

Bertrand Allaume : C’est le récepteur de l’émetteur bodypack de sa guitare. Il s’agit d’une liaison numérique d’un nouveau genre appelée System10 et qui marche en 24 bit dans la bande des 2,4 GHz avec une particularité qui a toute son importance : il n’y a pas de compandeur sur le trajet du signal ce qui est bénéfique au son en plus du fait qu’on est en numérique. Les bassistes notamment vont adorer et j’en suis un.

Le récepteur format footswitch de la liaison 2,4GHz appelée System10, ou comment innover dans une bande de fréquence où il reste encore un peu de place. La commande à pied permet de basculer la liaison vers deux sorties différentes, ou bien de muter la seule employée. 8 émetteurs peuvent être synchronisés mais un seul, celui allumé, est exploité. Il suffit de l’éteindre et d’allumer le suivant et la base le reconnaît.

Le récepteur format footswitch de la liaison 2,4GHz appelée System10, ou comment innover dans une bande de fréquence où il reste encore un peu de place. La commande à pied permet de basculer la liaison vers deux sorties différentes, ou bien de muter la seule employée. 8 émetteurs peuvent être synchronisés mais un seul, celui allumé, est exploité. Il suffit de l’éteindre et d’allumer le suivant et la base le reconnaît.

Tu ne vois pas non plus les antennes car 2,4GHz c’est la bande de fréquence dévolue au wifi et elles peuvent être très petites. Attention, ça n’est pas du wifi, la latence serait trop importante. La portée est de l’ordre de 60 mètres et le fait d’avoir le récepteur aux pieds du musicien réduit encore le risque de décrochage.
Le footswitch permet de basculer le récepteur entre deux sorties ou bien de le muter et enfin tu peux le prendre sur la même alimentation que le reste de tes pédales.

SLU : Quelle est la latence ?

Bertrand Allaume : Faible, en dessous des 4 millisecondes. Ca ne pose aucun problème à un guitariste. La sortie peut être au niveau ligne ou instrument en fonction de ce qui suit le récepteur. La sortie ligne peut être symétrique.

Impossible d’en placer une dernière, le concert vient de commencer avec en première partie un guest qui chante très bien en la personne de Gwendal Marimoutou, sorti lui aussi de The Voice et faisant partie, comme Elodie, de la troupe de Résiste.

Gwendal Marimoutou en pleine action, de l’énergie à revendre et pour lui aussi le passage par The Voice et Résiste.

Gwendal Marimoutou en pleine action, de l’énergie à revendre et pour lui aussi le passage par The Voice et Résiste.

Rien de tel pour chauffer la diffusion résidente de la Flèche d’Or composée d’une paire de CQ2 par côté et de deux 700HP Meyer, et pour en faire de même avec le public. La jauge est de 500 debout.

L’arrivée d’Elodie rétablit un son live digne de ce nom, Gwendal utilisant des playbacks studio, et la première chose que l’on remarque c’est sa voix portée par une fraîcheur de tous les instants et mixée assez en avant. Les titres s’enchaînent à 100 dBA, le maxi pour une salle ayant connu quelques déboires liés aussi aux émergences, ce qui est largement suffisant vu sa taille.

Elodie Martelet

Elodie Martelet

L’absence de tout wedge rend le son d’ensemble très précis. Le grain sur la voix d’Elodie paraît venir d’un statique mais sans le moindre bruit de vent ou de coloration liée à la capsule hypercardioïde.
Sa voix est articulée et bien filtrée dans le bas où elle ne doit pas avoir grand-chose à donner. Il ne lui manque qu’un poil de déesseur.
Bonne batterie et basse bien placées dans le style recherché. Rien à redire non plus sur sa guitare qui transite par la fameuse porteuse à 2,4GHz.

Quand le progrès sonne et ne coûte pas un bras, ce qui est gênant pour jouer, on aime. Le public ne s’y trompe pas et porte son artiste avec un réel plaisir. Bonne continuation à elle comme à Gwendal et bravo à Audio-Technica pour son choix.

Elodie Martelet et Audio-Technica

 

Pour un concert Disney à la Waldbühne

L-ISA sort du bois dans le parc olympique de Berlin

Samedi 2 Juillet, le système L-ISA de L-Acoustics a été déployé à la Waldbühne de Berlin, la fameuse scène en plein air en plein cœur du parc olympique de la capitale allemande, pour un concert retraçant les plus beaux thèmes musicaux des films de Disney interprétés par le German Symphony Orchestra de Berlin.
L-ISA live est une nouvelle façon de penser la sonorisation qui offre son immersif et hyper-réalisme sonore à un plus large public.

Imaginé par Christian Heil, le fondateur de L-Acoustics, il améliore la relation entre ce qui est vu et ce qui est entendu, faisant disparaître tout ressenti électroacoustique ne laissant qu’un son naturel. La scène délivre ainsi des événements visuels que le son accompagne, ce dernier jaillissant littéralement du plateau ce qui a le don de capter l’attention du public sur l’œuvre interprétée.

La scène couverte avec le déploiement assez inhabituel, jusqu’à aujourd’hui, d’un gauche/droite en K1 et d’une armada de Kara, dévolu à l’ingénierie L-ISA et complété par un dispositif d’ARCS Focus sur pieds pour les premiers rangs

La scène couverte avec le déploiement assez inhabituel, jusqu’à aujourd’hui, d’un gauche/droite en K1 et d’une armada de Kara, dévolu à l’ingénierie L-ISA et complété par un dispositif d’ARCS Focus sur pieds pour les premiers rangs

L-ISA live requiert le déploiement d’un système frontal d’au moins cinq haut-parleurs, ou cinq lignes, alimentés au travers du processeur L-ISA qui offre la puissance du mixage objet de manière intuitive grâce au soft dédié : le L-ISA Controller. « Afin d’obtenir les meilleurs résultats, les enceintes doivent être placées dans des endroits bien précis afin de générer le sentiment de localisation du son recherché. » explique Sherif El Barbari, concepteur sonore et ingé système réputé, et désormais responsable application L-ISA.

« Puisque l’homme dispose d’une importante capacité de discrimination horizontale d’une source sonore, nous devons respecter une distance maximum entre deux enceintes afin de localiser parfaitement un événement dans son champ visuel. Notre discrimination étant moindre dans le plan vertical, cela nous offre la possibilité de placer nos lignes au-dessus de la source sonore repiquée et amplifiée. »

Une vue des cinq lignes de 8 Kara, la solution « live » de spatialisation L-ISA qui peut comporter plus de points d’émission

Une vue des cinq lignes de 8 Kara, la solution « live » de spatialisation L-ISA qui peut comporter plus de points d’émission

La Waldbühne est l’une des plus belles scènes à ciel ouvert d’Europe. Comme souvent, les règles d’urbanismes ont empêché de placer le système à une hauteur suffisante pour couvrir l’ensemble de la zone où peuvent prendre place jusqu’à 20 000 spectateurs. « Pour contourner cette limitation, nous avons conçu un système hybride associant un déploiement L-ISA et un classique gauche/droite pour le lointain. » continue Sherif.
« On a fixé cinq lignes de 8 Kara au-dessus de la scène pour le champ proche, une vraie révolution pour un public plutôt habitué à un son indirect et très peu spatialisé avec un gauche/droite, et avons accroché 8 K1 par côté pour couvrir le reste du public avec de bons résultats malgré la distance. »

De gauche à droite Holger Schwark, ingé FOH pour Disney in Concert, Sherif El Barbari, le Responsable application L-ISA et Jürgen Erhard, ingé système pour Soundhouse

De gauche à droite Holger Schwark, ingé FOH pour Disney in Concert, Sherif El Barbari, le Responsable application L-ISA et Jürgen Erhard, ingé système pour Soundhouse

Holger Schwark est un ingé son expérimenté et connaissant les lieux pour y avoir travaillé depuis 14 ans. Il est en charge du mixage de cet événement Disney pour la seconde année.
Il nous précise : « Depuis que j’ai appris l’existence de L-ISA, j’ai su qu’il fallait l’essayer à la Waldbühne. Cette édition de Disney in Concert en était l’occasion rêvée. L’organisateur nous a accordé à moi comme au prestataire Soundhouse sa confiance en acceptant ce design très novateur.
Il ne fait aucun doute qu’utiliser L-ISA est un réel progrès offrant à une plus large portion du public la possibilité de connecter le rendu sonore à ce qui se passe sur scène alors qu’habituellement le meilleur son, le plus précis n’est disponible qu’aux personnes placées au centre de la zone couverte. Mixer au travers d’un système L-ISA a été un vrai plaisir et une expérience enrichissante, ce qu’un nombre important de spectateurs a aussi salué, une indication intéressante. »

 

Le stade toulousain

Le stade Ernest Wallon avec Das Audio et Powersoft, c’est de la balle

Le logo du Stade Toulousain tel qu’il figure sur ce bout de gazon synthétique à la sortie du tunnel reliant les vestiaires à la pelouse, la vraie. Remarquez le T rappelant la tête d’un toro !

Le logo du Stade Toulousain tel qu’il figure sur ce bout de gazon synthétique à la sortie du tunnel reliant les vestiaires à la pelouse, la vraie. Remarquez le T rappelant la tête d’un toro !

Est-ce dû à ce côté simple, abordable, presque familial du rugby où on se tape dans la main plus que dans le portefeuille comme cela se pratique dans d’autres sports, le fait est que cette virée à Toulouse au Stade Ernest-Wallon a été un pur plaisir avec à l’arrivée, un son aussi rentre dedans qu’un ailier lancé pleine balle.
Restez avec nous et vous comprendrez pourquoi il n’est pas toujours nécessaire de se compliquer la vie pour bien faire. Même le taxi qui nous conduit dans l’antre du Stade Toulousain depuis l’aéroport nous met dans le bain avec quelques anecdotes bien senties sur l’ovalie.
Le rugby ici, c’est du sérieux.

Première surprise, on rentre dans ce stade à taille humaine comme dans une église, et tout ce qu’on récolte en croisant des gens dans les zones techniques et les gradins, ce sont de larges sourires et des bonjours bien sonores. Ces quelques minutes off avant le début du reportage nous permettent aussi de nous imprégner des lieux et de tirer le portrait d’Ernest-Wallon et du matériel tout neuf qui a classiquement rejoint l’extrémité du toit recouvrant les gradins. Deux systèmes cohabitent à quelques mètres de hauteur, celui d’apparence un peu défraichie mais parfaitement fonctionnel pour l’évacuation et celui tout neuf en charge du confort qui nous intéresse plus particulièrement.

Une vue aérienne du stade Ernest-Wallon

Une vue aérienne du stade Ernest-Wallon

Christophe Carles, le directeur technique audio d’Axente qui a personnellement participé à l’étude de cette installation répond à nos questions.

SLU : Comment Axente qui a fourni le matériel et l’étude, Triaxe qui l’a intégré et vous Stade Toulousain qui êtes maître d’œuvre vous êtes-vous rencontrés ?

Christophe Carles : Le Stade Toulousain, ayant identifié un besoin de renouvellement de la sonorisation de confort d’Ernest-Wallon, un stade qui lui appartient, a contacté un certain nombre de prestataires locaux. Le Stade Toulousain étant une société privée, il n’y a pas eu d’appel d’offres à proprement parler. Nous avons de notre côté fait le choix de proposer des enceintes DAS en tirant  parti d’une gamme standard et très complète constituée d’un deux voies en 15”, d’un en 12” et d’un double 6” existant en version WR pour weather resistant IP56 avec deux niveaux de protection. CX pour Covered Exposure, et DX pour Direct Exposure.

Tiré de la documentation Das Audio, la directivité horizontale de la 8826. A partir de 400 Hz, le montage des deux haut-parleurs de 6” devient directif. Le raccord avec le moteur annulaire est très réussi et le guidage du pavillon qui charge ce dernier, assez régulier

Tiré de la documentation Das Audio, la directivité horizontale de la 8826. A partir de 400 Hz, le montage des deux haut-parleurs de 6” devient directif. Le raccord avec le moteur annulaire est très réussi et le guidage du pavillon qui charge ce dernier, assez régulier

A part un pic à 15 kHz qui apporte une très belle finesse harmonique à l’extrême aigu, la réponse en fréquence de la 8826 est assez régulière avec une atténuation raide sous les 100 Hz. Sur le second graphique, en continu, la distorsion harmonique paire et en pointillé l’impaire. Les courbes sont rehaussées de 20 dB et la puissance appliquée est de 10 % de la capacité RMS. Ici encore de très bonnes performances.

A part un pic à 15 kHz qui apporte une très belle finesse harmonique à l’extrême aigu, la réponse en fréquence de la 8826 est assez régulière avec une atténuation raide sous les 100 Hz. Sur le second graphique, en continu, la distorsion harmonique paire et en pointillé l’impaire. Les courbes sont rehaussées de 20 dB et la puissance appliquée est de 10 % de la capacité RMS. Ici encore de très bonnes performances.

La polaire verticale de la 8826. Le trait bleu représente la directivité à 4 kHz, l’orange celle à 2 kHz.

La polaire verticale de la 8826. Le trait bleu représente la directivité à 4 kHz, l’orange celle à 2 kHz.


Nous avons ici 76 modèles 8826 en deux fois 6” et moteur annulaire 1” acceptant 200 W. Ce sont des CX puisque le toit les protège suffisamment. La 77e enceinte est une 12”, une WR-6412CX. Elle est accrochée à la verticale de la sortie du tunnel qui mène à la pelouse afin de booster l’arrivée des joueurs sur le terrain. Elle est aussi plus directive.

Dans la série « cherchez l’intrus » voici la seule enceinte équipée d’un 12” et d’un moteur 3’ avec une ouverture 60°x40° de l’installation. Appelée WR-6412CX elle est aussi certifiée EN-54 et est capable de délivrer 130 dB crête, 8 de plus que la 8826. Joli bébé destiné à secouer les joueurs à leur sortie sur le tapis vert.

Dans la série « cherchez l’intrus » voici la seule enceinte équipée d’un 12” et d’un moteur 3’ avec une ouverture 60°x40° de l’installation. Appelée WR-6412CX elle est aussi certifiée EN-54 et est capable de délivrer 130 dB crête, 8 de plus que la 8826. Joli bébé destiné à secouer les joueurs à leur sortie sur le tapis vert.

SLU : La pelouse n’est pas couverte ?

Christophe Carles : Non, cela ne nous a pas été demandé.

SLU : La diffusion précédente prenait en charge l’évacuation et le confort ?

Christophe Carles : C’est exact. Après vérification de ses performances, elle ne prend désormais plus en charge que les messages d’évacuation, le reste a basculé sur le nouveau système. Il n’a logiquement pas paru nécessaire aux gestionnaires du Stade Toulousain de se lancer dans la réfection technique et administrative de la sono d’évacuation sachant qu’elle marche et dispose de toutes les autorisations nécessaires. Triaxe, l’intégrateur, a simplement programmé les matrices afin que si elles se déclenchent, la sono de confort est immédiatement coupée.

SLU : On visite la régie ? Qu’est-ce qui mélange les différentes sources ? Pierre Carrère (cogérant Triaxe) : Une console Allen & Heath Zed 18, 10 voies mono et 4 stéréo, d’où son nom.

La ZED18 d’Allen & Heath dans la régie son

La ZED18 d’Allen & Heath dans la régie son, pas vraiment exploitée à son plein potentiel puisque les micros, par exemple, sont connectés à la table Ecler qui reçoit ses généraux. Dommage, elle dispose de bonnes entrées et d’un égaliseur plus performant.

Du processing Yamaha et Das Audio

Sa sortie est connectée à l’entrée d’une seconde console datant de l’installation précédente, une Ecler Compact 5 qui comporte un certain nombre d’autres sources dont les micros HF et filaires. C’est cette console rackable qui alimente une matrice Yamaha MTX5-D pour numériser et convertir le signal en Dante afin que via une fibre il rejoigne l’autre côté du stade, les tribunes « i » et une seconde baie qui alimente les enceintes qui s’y trouvent. Cette matrice règle aussi les niveaux en fonction de la distance entre l’enceinte et les spectateurs. Par exemple dans les virages il y a un rattrapage. Pour info la régie son et le premier rack d’amplis et de processing se trouvent du côté des tribunes « c ».

Le rack de la sonorisation de confort présent dans la régie audio. Un second rack identique mais avec un ampli en moins est placé à l’opposé dans un vaste local situé sous les gradins de la tribune « i ». De haut en bas, le processeur 2060 Das Audio, la matrice Yamaha MTX5-D et trois amplis Powersoft Ottocanali 8K4. Remarquez la quantité industrielle de câbles. Ils n’ont beau faire que 2U, ces amplis ont 8 canaux…

Le rack de la sonorisation de confort présent dans la régie audio. Un second rack identique mais avec un ampli en moins est placé à l’opposé dans un vaste local situé sous les gradins de la tribune « i ». De haut en bas, le processeur 2060 Das Audio, la matrice Yamaha MTX5-D et trois amplis Powersoft Ottocanali 8K4. Remarquez la quantité industrielle de câbles. Ils n’ont beau faire que 2U, ces amplis ont 8 canaux…

SLU : Il y a aussi un processeur DAS AUDIO de chaque côté…

Christophe Carles : Oui, un 2060. Il processe et protège les enceintes en amont des amplis Powersoft Ottocanali 8K4.

SLU : Cela fait un peu beaucoup de processing non ? On en a dans la matrice, dans le 2060 Das Audio, potentiellement dans les Ottocanali…

Christophe Carles : C’est vrai, mais à l’époque de ce projet, l’ampli Powersoft Ottocanali 8K4 DSP & Dante venait à peine de sortir ou n’était pas encore disponible, d’où notre choix de raison pour la version 8K4 simple et la présence des 2060 Das Audio.

SLU : Il me fait penser à un autre processeur ton 2060…

Christophe Carles : Oui, c’est une base XTA. Das Audio a fait le choix de se concentrer à 100% sur son métier de concepteur et fabricant de haut-parleurs et d’enceintes en faisant appel à des spécialistes pour ses électroniques, donc XTA pour des processeurs externes et Powersoft pour les contrôleurs amplifiés. Das Audio a aussi demandé à MC2 de leur fournir des amplis en OEM mais avec Powersoft nous sommes mieux placés, d’autant que les presets Das Audio peuvent être embarqués dans les plateformes DSP de Powersoft.

A l’arrière des amplis Ottocanali, quelques-uns des câbles en 6 mm² et 10 mm² qui véhiculent le signal jusqu’aux enceintes. Du sérieux question section.

A l’arrière des amplis Ottocanali, quelques-uns des câbles en 6 mm² et 10 mm² qui véhiculent le signal jusqu’aux enceintes. Du sérieux question section.

SLU : Qui a fait le choix de la fibre optique pour transporter le signal ?

Christophe Carles : Ce choix était logique vu les distances et surtout cette fibre existait déjà sous la forme d’une rocade faisant le tour du stade et passant par les deux écrans géants. On a donc pu en bénéficier.

SLU : Puisqu’on parle de câbles, revenons au bon vieux cuivre et à ceux qui vont des amplis aux enceintes. On est en basse impédance…

Christophe Carles : Oui, vu les distances et le nombre d’enceintes, 77 en tout, la ligne 100 volts n’était pas nécessaire. Je fais toujours très attention à bien les dimensionner, pas forcément pour les pertes qui se chiffrent à quelques dizaines de dB mais bien pour maintenir un facteur d’amortissement relativement élevé, sachant que l’on ne peut pas faire de miracles. Les enceintes étant des 16 ohms et marchant par deux, chaque canal d’ampli est chargé en 8 ce qui est mieux pour le facteur d’amortissement. De mémoire, les enceintes proches sont sur du 6 mm² et celles plus éloignées reçoivent leur signal à l’aide de câbles en 10 mm². Il ne faut pas faire d’économies sur les câbles, jamais ! Triaxe a parfaitement respecté mes recommandations.

SLU : Et Powersoft dans tout ça ?

Christophe Carles : Le choix était évident dans notre portefeuille de marques d’autant qu’il y a une gamme très bien pensée pour l’installation qui s’appelle Ottocanali, qui marche bien, ne prend pas trop de place pour huit canaux de 600 W sous 8 ohms, ne chauffe pas et n’est pas gourmand en courant avec son PFC. C’est un produit de dernière génération en termes de qualité audio.

Le rack des sources et du mélange tel qu’il existait avant la refonte de la diffusion…et encore aujourd’hui. De haut en bas, la liaison Shure UR4D+, l’électronique d’évacuation Ateïs (les amplis sont dans une autre pièce), le SS-R200, un lecteur de fichiers sur carte mémoire Tascam et la console Ecler Compact 5

Le rack des sources et du mélange tel qu’il existait avant la refonte de la diffusion…et encore aujourd’hui. De haut en bas, la liaison Shure UR4D+, l’électronique d’évacuation Ateïs (les amplis sont dans une autre pièce), le SS-R200, un lecteur de fichiers sur carte mémoire Tascam et la console Ecler Compact 5

SLU : L’amplification est bien dimensionnée puisque vos enceintes acceptent 200W et sont en parallèle deux par deux sur chaque canal…

Christophe Carles : Oui, 77 enceintes pour 40 canaux d’ampli. Trois Ottocanali côté tribune « c » et deux côté tribune « i ».

SLU : Côté sources qu’y-a-t-il ?

Christophe Carles : L’animation est effectuée par un prestataire externe et il se sert des sources qui existaient déjà par le passé, notamment une liaison Shure UR4D plus un micro filaire en cas de problème HF.
Pour les “samples” il utilise un PC et un mac. Une dernière source est un “sample” de sirène de fin de mi-temps et de fin de match. Elle aussi arrive dans la console Ecler sur une tranche dédiée. C’est simple et assez fonctionnel, même s’il serait intéressant un peu plus tard de n’avoir plus qu’une seule console.

Paul Catuffe, le cœur d’Ernest-Wallon

Disponible, compétent et très sympa, Paul Catuffe est le manager du stade Ernest-Wallon pour le compte du Stade Toulousain. On profite de sa présence pour avoir l’avis du client.

SLU : Qu’est-ce que cette nouvelle sonorisation vous offre ?

Paul Catuffe : Tu as un meilleur son, une meilleure intelligibilité des messages du speaker comme de tous les signaux audio, y compris la musique qui passe bien mieux. Tout ça apporte un nouveau ressenti au spectateur qui se déplace à chaque match, un ressenti qui doit être unique.

De gauche à droite Paul Catuffe Stadium Manager pour le Stade Toulousain, Eric Constant, Chargé d’affaires Axente audio pour le Grand Ouest et enfin Christophe Carles, le directeur technique audio d’Axente.

De gauche à droite Paul Catuffe Stadium Manager pour le Stade Toulousain, Eric Constant, Chargé d’affaires Axente audio pour le Grand Ouest et enfin Christophe Carles, le directeur technique audio d’Axente.

On ne se rend pas forcément compte de la présence de cette diffusion, en revanche son absence serait pénalisante. C’est un plus qui, sans être mentionné ou souligné par les spectateurs, complète parfaitement leur expérience au stade.
J’insiste là-dessus car nous devons donner, par tous les moyens, envie au public de revenir. L’année dernière, notre ancienne installation était dégradée et on nous le faisait remarquer.
Pour que ça marche, nous avons besoin de beau jeu, de bonnes conditions météo, d’écrans géants et d’une bonne sono. Aujourd’hui notre sono booste, est définie, apporte quelques basses intéressantes quand on est assis en tribune et nous donne un vrai confort à stade vide comme plein ce qui est loin d’être le cas dans tous les stades. (Rappelons que la taille réduite, la forme et les abords dégagés d’Ernest-Wallon facilitent l’obtention d’un rendu de qualité NDR) Lors des premiers matchs, tout le monde a noté la qualité et le changement de notre diffusion et Midi Olympique l’a souligné dans ses colonnes.

SLU : Est-ce que vous avez un protocole d’essai pour le son avant son exploitation ?

Paul Catuffe : Non et il faut qu’on en mette un en place. Nous en avons un pour les écrans vidéo au pixel près, deux jours avant les matchs. On va corriger cela très rapidement car pour le moment on teste la bonne marche de la sono, mais dans sa globalité.

SLU : Quelques mots sur ce stade ?

Paul Catuffe : Il appartient à une association qui s’appelle « Les amis du stade » dont les membres sont les seuls décisionnaires pour tout ce qui concerne les gros travaux ou les modifications des lieux comme l’éclairage l’année dernière et le son cette année. Le Stade Toulousain de son côté gère son fonctionnement au quotidien. Le stade actuel a été reconstruit à neuf en 1982 à quelques encablures de l’ancien qui avait laissé sa place à la rocade toulousaine. Il dispose de 19500 places assises.

La proximité avec le terrain est bien réelle et il en va de même avec les enceintes Das Audio qu’on devine sous le toit et qui sont beaucoup plus proches qu’on pourrait le croire.

Une image d’Ernest-Wallon, l’antre du Stade Toulousain auquel un grand-angle farceur donne une taille inhabituelle. La proximité avec le terrain est bien réelle et il en va de même avec les enceintes Das Audio qu’on devine sous le toit et qui sont beaucoup plus proches qu’on pourrait le croire.

Pierre Carrère de Triaxe, l’intégration 24h/24h

Barbu comme un rugbyman mais ne disposant pas forcément de sa carrure, Pierre Carrère est le cogérant de Triaxe, un intégrateur audiovisuel intervenant en Normandie, Aquitaine et Midi-Pyrénées. De quoi parcourir quelques kilomètres chaque année.

SLU : Qui de Triaxe est en contact avec le Stade Toulousain ?

Pierre Carrère : C’est Olivier Jantin, papa depuis peu et donc dans l’incapacité d’être avec nous aujourd’hui. La maman va bien, et un futur pilier rejoindra un jour les rangs du Stade Toulousain ! (rires)

SLU : Quelles ont été les difficultés ou les spécificités de ce chantier ?

Pierre Carrère : Les longueurs de câble, la puissance demandée et, par exemple, l’impossibilité de venir avec des nacelles fixer les enceintes en passant par le terrain à cause des canalisations qui s’y trouvent. La solution est venue des cordistes qui sont montés et ont passé le temps nécessaire, temps qui manquait soit dit en passant, pour fixer et orienter les enceintes mais aussi passer les câbles. Et ils sont lourds à cause de leur section.

Paul Catuffe : Pour l’anecdote, le planning de déploiement était à ce point serré que les travaux se sont terminés un vendredi matin à 11 heures et le premier match a eu lieu le soir même à 21 heures. Ce jour-là, les gars ont bossé 30 heures d’affilée jour et nuit. Ils ont été remarquables.

Un des innombrables doublets d’enceintes Das Audio WR-8826CX dont on comprend le besoin de tropicalisation. Le bord du toit n’est pas bien loin. Les fientes ne sont pas les bienvenues non plus. Les angles sont à -15° et -90°. Il y a à peu près 15 mètres entre chaque point de diffusion sur la tribune en C et 11 mètres sur la tribune en I. Remarquez aussi le chemin de câble bien garni et qu’il a fallu fixer et remplir suspendu à un filin…

Un des innombrables doublets d’enceintes Das Audio WR-8826CX dont on comprend le besoin de tropicalisation. Le bord du toit n’est pas bien loin. Les fientes ne sont pas les bienvenues non plus. Les angles sont à -15° et -90°. Il y a à peu près 15 mètres entre chaque point de diffusion sur la tribune en C et 11 mètres sur la tribune en I. Remarquez aussi le chemin de câble bien garni et qu’il a fallu fixer et remplir suspendu à un filin…

SLU : Les enceintes Das Audio sont IP56, mais pas que, elles sont aussi EN54-24.

Pierre Carrère : Oui, ce qui apporte au Stade Toulousain la certitude de pouvoir un jour s’en servir aussi pour l’évacuation si l’ancienne installation encore en place ne peut, pour quelque raison que ce soit, assurer cette tâche. Il ne faudra pas les racheter. Ces enceintes ont en plus une qualité de restitution très bonne et elles arrivent à générer un peu de bas du spectre malgré la taille de leurs HP. Il faut dire qu’il y en a 76.

Christophe Carles : Elles ont un passe haut calé à 55 Hz pour les protéger, mais pour le reste, elles tournent en large bande sans aucune restriction. Ce finit par en faire de la surface émissive 152 gamelles de 6” !

SLU : Qui a fait l’étude acoustique et via quel logiciel ?

Christophe Carles : C’est moi qui m’en suis chargé avec Ease. La demande client était de couvrir uniformément du haut au bas des gradins avec de la pression et de façon intelligible. On l’a fait.

Une vue d’un des virages modélisés dans Ease et montrant le placement des enceintes 8826 avec leur angle de tir.

Une vue d’un des virages modélisés dans Ease et montrant le placement des enceintes 8826 avec leur angle de tir.

Quand on dit qu’il y a du son à Ernest-Wallon, les chiffres ne nous contredisent pas. 81% du public dispose du niveau nominal en SPL A, 8% de 3 dB de plus et 11% de 3 dB de moins. Bravo Christophe.

Quand on dit qu’il y a du son à Ernest-Wallon, les chiffres ne nous contredisent pas. 81% du public dispose du niveau nominal en SPL A, 8% de 3 dB de plus et 11% de 3 dB de moins. Bravo Christophe.

Ease démontrant la validité du placement des enceintes par exemple dans les coins où il paraît évident que 2 boîtes n’auraient pas suffi

Ease démontrant la validité du placement des enceintes par exemple dans les coins où il paraît évident que 2 boîtes n’auraient pas suffi


SLU : La prise de décision a été simple entre les différentes offres Paul ?

Paul Catuffe : Oh non, pas du tout. On a été noyé sous les propositions avec des explications très techniques, trop ! (autant que les règles du rugby ? NDR) Un des points positif avec Triaxe c’est d’avoir proposé l’écoute d’une enceinte avec la complicité d’Axente qui a fourni le matériel et l’autre point fort a été la proximité de Triaxe qui est implanté aussi à Toulouse ce qui s’est révélé pratique pour faire avancer le dossier.

Christophe Carles : Notre point fort a été de bien comprendre, en la dégrossissant, la demande du Stade Toulousain qui nous a dit avec ses mots ce qu’il voulait et nous a ensuite fait confiance pour y parvenir avec une solution qualitative et abordable. On ne s’est pas non plus encombré de chiffres, on n’aurait jamais eu le temps de lancer des analyses et mettre sur le coup un cabinet d’acoustique, le championnat n’attend pas. Comme le stade et à taille humaine et assez sain acoustiquement, nous étions confiants. La multiplication des points d’émission, 38 en tout, et la faible distance entre les enceintes et les spectateurs ont aussi joué en notre faveur.

SLU : Vous parlez de délais courts.

Pierre Carrère : Ils l’ont été. Nous avions initialement évoqué une prise de décision mi-mars pour respecter les délais. « Pas de problème ! » Nous avons eu notre validation début août pour une installation fin août (rires !) PC : Les acteurs qui se sont investis dans ce projet ont vraiment assuré et je voudrais en profiter pour les remercier aujourd’hui car malgré tout, l’ensemble de cette opération a très bien été géré du début à la fin. Il y a eu des moments… tendus (rires) mais quand on voit le résultat, on est très satisfait.

Le stade Ernest-Wallon depuis sa pelouse où nous avons pu déambuler librement, un plaisir simple mais impossible dans un stade de foot…

Le stade Ernest-Wallon depuis sa pelouse où nous avons pu déambuler librement, un plaisir simple mais impossible dans un stade de foot…

Quand « la buche » pousse une soufflante

Eric Constant : J’ai une bonne anecdote. Le premier jour où je viens en repérage dans le stade, je prends des photos des lieux et du matériel pour les envoyer chez Axente. Pendant ce temps l’équipe s’entraîne. J’entends alors un mec qui me hurle d’arrêter et je me rends compte qu’il s’adresse à moi. Il s’agissait de William Servat dit la Bûche (entraineur et ex joueur, 184 cm et 110 kg NDR) qui pensait que j’étais en train de filmer ses combinaisons pour le match du lendemain contre Clermont ! Comme première approche, ce n’était pas mal.

Paul Catuffe : Ca va, il ne t’a pas plaqué (rires !)

SLU : Comment s’est passé ce premier match avec vos nouvelles enceintes.

Paul Catuffe : Bien, très bien, trop bien même. En fait, les techniciens n’ont pas eu le temps de régler le son à stade plein, du coup et dans le doute quant au bruit ambiant de nos 19000 spectateurs, le niveau avait été calé beaucoup trop fort. On avait aussi pris de mauvaises habitudes avec notre ancienne sono. Tout est rentré dans l’ordre depuis, mais nous avons été très agréablement surpris par la réserve de puissance et la clarté du rendu!

Christophe Carles : Les enceintes sont de toute manière protégées par les processeurs Das Audio, et le niveau d’exploitation est laissé à l’appréciation de l’exploitant.

Pierre Carrère : En fonction de la nature de l’exploitation, le son peut être adapté, mais cela se fait à la console, simplement. Pour une convention à stade vide, il est facile de baisser le niveau.

L’équipe de cette journée toulousaine au grand complet avec de gauche à droite Alexis Lipoff, consultant en communication, en charge de Powersoft, Christophe Carles, le directeur technique audio d’Axente, Eric Constant le chargé d’affaires Axente audio pour le Grand Ouest, Paul Catuffe stadium manager pour le Stade Toulousain, et enfin Pierre Carrère, le cogérant de Triaxe

L’équipe de cette journée toulousaine au grand complet avec de gauche à droite Alexis Lipoff, consultant en communication, en charge de Powersoft, Christophe Carles, le directeur technique audio d’Axente, Eric Constant le chargé d’affaires Axente audio pour le Grand Ouest, Paul Catuffe stadium manager pour le Stade Toulousain, et enfin Pierre Carrère, le cogérant de Triaxe

Conclusion

Inutile de vous dire que nous avons demandé un micro pour écouter cette installation. Le ressenti donne instantanément la banane. L’impression est pleine, physique avec un vrai bas-médium teinté d’un grave discret par le remplissage apporté par la réverbération courte et assez dense dans le bas du stade vide. 3 dB de moins autour des 120 Hz sur le micro HF Shure ne lui feraient d’ailleurs pas de mal. La pression est réelle, avec une très belle dynamique portée par le montage à basse impédance choisi.
La discrimination des phonèmes est bonne et pourra l’être encore plus par l’emploi d’un « channel strip » dédié aux micros et calé avec soin. Le potentiel en SPL est quoi qu’il en soit bien réel grâce aux 40 kW Made in Italy et la qualité de rendu des petites têtes Das Audio. La couverture est soignée, le haut du spectre neutre et défini, et le résultat global respire le professionnalisme et semble prêt à assurer de longues années de tranquillité.

Un dernier mot enfin pour Paul Catuffe et l’ensemble des personnes que nous avons vues dans et autour du stade Ernest-Wallon lors de notre reportage. On connait tous les vertus du rugby. On n’en reste pas moins toujours étonné par la gentillesse, la franchise, la disponibilité et l’absence de « prise de tête » de ses acteurs et que l’on ressent dès la première poignée de main. Un grand merci enfin à toutes les équipes d’Axente, Triaxe et à Alexis Lipoff qui est venu représenter Powersoft. Vous l’avez compris, c’était une belle journée !

 

Avec Bosch, Electro-Voice et Dynacord

Allianz Riviera, la qualité allemande, la rigueur francaise

Allianz Riviera

Vous ne supportez pas le ballon rond, ça tombe bien, on n’en a pas vu rouler un seul lors de notre reportage et on nous a même interdit la pelouse dorlotée par le soleil de la French Riviera, non pardon, de l’Allianz Riviera, en revanche on a pu découvrir une installation bien pensée et faite pour durer.
Suivez-nous dans un reportage sentant bon le gazon tondu dans l’un des plus beaux stades français dû à la patte de Jean-Michel Wilmotte, son architecte, un reportage facilité par l’accueil remarquable de la presse technique française comme internationale à mettre à l’actif de Cécile Dehlinger et toute l’équipe d’EVI Audio France, bien épaulée par Bosch Security Systems Allemagne et le personnel du stade et de Vinci. Merci à toutes et tous.

Une photo réunissant les équipes françaises et allemandes présentes à Nice. De gauche à droite et de haut en bas : Thierry Guillemarre, Commercial PACA, Isère et Corse pour Bosch Security Systems, Géraldine Roblet Commerciale Sédentaire EVI AUDIO France, Jean Marandet, Directeur Technique EVI AUDIO France, Oliver Sahm, Directeur du support technique Audio Pro de Bosch Security Systems, Erika Goerge, Corporate Communications Manager de Bosch Security Systems, Helmut Seidl, Content & Creative de Bosch Security Systems et tout devant Cécile Dehlinger, Présidente de EVI AUDIO France

Une photo réunissant les équipes françaises et allemandes présentes à Nice. De gauche à droite et de haut en bas : Thierry Guillemarre, Commercial PACA, Isère et Corse pour Bosch Security Systems, Géraldine Roblet Commerciale Sédentaire EVI AUDIO France, Jean Marandet, Directeur Technique EVI AUDIO France, Oliver Sahm, Directeur du support technique Audio Pro de Bosch Security Systems, Erika Goerge, Corporate Communications Manager de Bosch Security Systems, Helmut Seidl, Content & Creative de Bosch Security Systems et tout devant Cécile Dehlinger, Présidente de EVI AUDIO France

Rembobinons le temps et remontons à la genèse de cette installation. C’est Jean Marandet le chef produits, responsable SAV et grand manitou de la chose technique d’EVI Audio France qui s’y colle.

SLU : On vous appelle un jour, et on vous dit qu’un nouveau stade va voir le jour à Nice…

Jean Marandet : Tout est classiquement parti d’un appel d’offres suite à l’étude effectuée par Grandmougin Conseils pour le compte de Vinci. Sur le cahier des charges que ce cabinet spécialisé dans l’audio a rédigé, tout est précisé, le zonage, la pression et le résultat escompté. Comme Vinci a souhaité avoir à faire à des fabricants et pas des installateurs comme c’est fréquemment le cas, nous avons répondu à l’appel d’offre et nous avons choisi Manganelli pour l’intégration puisque nous avons déjà collaboré avec eux pour d’autres installations dans des stades, notamment à Clermont et Lille.

Oliver Sahm, Director Tech Support ProAudio de Bosch Security Systems, un technicien avec un impressionnant portefeuille de stades et autres lieux immenses à son actif et aussi à l’aise avec EASE que les Bleus avec un ballon… Même plus ;0)

Oliver Sahm, Director Tech Support ProAudio de Bosch Security Systems, un technicien avec un impressionnant portefeuille de stades et autres lieux immenses à son actif et aussi à l’aise avec EASE que les Bleus avec un ballon… Même plus ;0)

SLU : Vous avez donc gagné.

Jean Marandet : Tout à fait, face à d’autres fabricants d’enceintes réputées pour bien marcher dans les stades. La simulation EASE a ensuite été faite par Oliver Sahm de Bosch qui a une grande expérience des stades et c’est lui qui a déterminé le nombre d’enceintes, le type, les inclinaisons et les emplacements.

SLU : Manganelli a aussi dû faire preuve d’imagination..

Jean Marandet : De compétence et d’endurance aussi, puisqu’ils ont conçu et fait fabriquer par des ferronniers spécialisés les pièces qui portent les enceintes, des pièces entièrement faites sur mesure, certifiées pour la charge et spécifiques à ce stade. On a juste utilisé les fixations d’Electro-Voice pour relier les enceintes entre elles. C’est aussi Manganelli qui a organisé le ballet des nacelles et des grues pour tout attacher avec la complicité d’alpinistes. Même les baies 19’’ qui portent les amplis, 4 au total, ont dû être grutées car elles ne tenaient pas dans les ascenseurs.

Une installation conforme avec la norme EN54

Une vue d’ensemble de l’Allianz Riviera et son impressionnante diffusion faisant tout le tour du toit. On aperçoit sur la pelouse deux jardiniers en train de la tondre, une opération quotidienne ou presque et garante de sa qualité. Le bruit de fond du stade est de 53 dBA en pleine journée, autant dire que c’est extrêmement calme. La jauge exacte est 36 000 spectateurs pour un match de foot et 34 000 en rugby à cause de la place nécessaire aux embuts.

Une vue d’ensemble de l’Allianz Riviera et son impressionnante diffusion faisant tout le tour du toit. On aperçoit sur la pelouse deux jardiniers en train de la tondre, une opération quotidienne ou presque et garante de sa qualité. Le bruit de fond du stade est de 53 dBA en pleine journée, autant dire que c’est extrêmement calme. La jauge exacte est 36 000 spectateurs pour un match de foot et 34 000 en rugby à cause de la place nécessaire aux embuts.

SLU : Tu peux nous détailler l’installation ? Elle a une particularité, celle de servir à la fois pour l’évacuation, les appels et la sonorisation générale…

Cécile Dehlinger

Cécile Dehlinger la Présidente d’EVI Audio France surprise dans la salle de presse de l’Allianz Riviera.

Jean Marandet : Oui, car elle est réalisée en conformité avec la norme EN54 ce qui, lors des sa conception, en a fait le premier stade européen à l’appliquer. Tout, des boîtiers d’appel, la matrice, la distribution du signal et les amplis, est alimenté via un onduleur.
La structure est assez simple.
La régie son est adossée au PC Sécurité. C’est là où se trouve la matrice Dynacord et un premier pupitre de paging qui peut déclencher les messages d’évacuation des deux zones distinctes : le stade côté gradins et le stade côté zones intérieures.
On peut déclencher séparément ou simultanément.
La centrale incendie a aussi la main sur ces messages et peut les déclencher de façon autonome. Cette matrice Dynacord alimente une seconde matrice, cette fois-ci Electro-Voice N8000, qui est en charge de la gestion sur l’audio à proprement parler via des DSP, et c’est cette dernière matrice qui va alimenter les quatre locaux techniques placés aux quatre points cardinaux du stade et dans lesquels le signal est amplifié et délivré via un câblage 100 Volt anti-feu, aux enceintes.

Un rack d’amplis vu de près avec de haut en bas les rocades en fibre avec le brassage apparent, les deux matrices Electro-Voice N8000, les deux unités de relais de modulation et de sortie HP Dynacord DCS400 et ensuite quelques amplis CPS 4.10 Electro-Voice. On aperçoit derrière, la porte d’entrée du local technique climatisé avec le coup de poing d’alerte incendie.

Un rack d’amplis vu de près avec de haut en bas les rocades en fibre avec le brassage apparent, les deux matrices Electro-Voice N8000, les deux unités de relais de modulation et de sortie HP Dynacord DCS400 et ensuite quelques amplis CPS 4.10 Electro-Voice. On aperçoit derrière, la porte d’entrée du local technique climatisé avec le coup de poing d’alerte incendie.

Dans chaque baie, il y a une matrice et un amplificateur de secours qui fonctionne grâce à une bascule automatique pour assurer le remplacement immédiat d’une unité défaillante.
Question sécurité et normes, les pièces disposent toujours d’au moins deux haut-parleurs câblés sur des lignes 100 V et donc sur deux amplis et deux locaux techniques différents pour éviter qu’une panne puisse laisser un lieu dans l’ignorance d’une alerte incendie, mais ce qui complexifie et rallonge considérablement le câblage des lieux.

Allianz Riviera

Le câblage à l’arrière de la baie, effectué à Clermont-Ferrand par un super fournisseur de Manganelli. Fatalement compliqué puisque les 4 entrées analogiques de chaque ampli doivent pouvoir être reroutées vers l’ampli de spare, de même que les sorties de ce dernier remplacer celles de l’unité défaillante. Chacune des 4 baies a été livrée testée.

SLU : C’est valable aussi pour la sonorisation des gradins ?

Jean Marandet : Bien entendu. Nous avons des locaux techniques aux quatre points cardinaux, mais ils alimentent à chaque fois 50 % seulement des enceintes d’une zone précise, les 50 % restants étant dévolus à d’autres amplis et un autre local technique.
Cela évite en cas de panne que la perte en niveau n’atteigne un niveau suffisant à obérer la compréhension du message émis.
Un mode dégradé est admis, mais pas l’absence totale de son.
Les lignes entre les amplis et les enceintes sont aussi contrôlées en permanence par l’utilisation d’une fréquence pilote inaudible car située à 19 kHz et à -35 dB. La norme EN54 l’exige.

SLU : Comment est transporté le signal ?

Jean Marandet : Nous avons deux boucles de fibre optique et deux switches Moxa pour une redondance complète.
Si en plus cette rocade entre les 4 locaux techniques est interrompue dans un sens, elle est rétablie dans l’autre en 20 millisecondes.
Sur les switchs il y a des VLAN pour différencier ce qui est audio et ce qui concerne le monitoring et le pilotage des électroniques. Nous utilisons le Cobranet qui nous donne pleine satisfaction et dont la relative latence ne nous gêne pas. A l’époque où nous avons travaillé sur ce stade, le Dante n’était pas encore suffisamment implanté.

Un des nombreux 31 bandes qu’il est possible d’insérer au gré de la matrice Electro-Voice N8000, un égaliseur affiché à la demande sur l’écran du poste sonorisation.

Un des nombreux 31 bandes qu’il est possible d’insérer au gré de la matrice Electro-Voice N8000, un égaliseur affiché à la demande sur l’écran du poste sonorisation.

La visualisation via IRIS-net de 6 amplis Electro-Voice, quatre CPS 4.10 et deux 8.5 avec l’affichage très complet de l’état de fonctions clé comme le mute, la protection, la température, l’impédance mini et celle maxi.

La visualisation via IRIS-net de 6 amplis Electro-Voice, quatre CPS 4.10 et deux 8.5 avec l’affichage très complet de l’état de fonctions clé comme le mute, la protection, la température, l’impédance mini et celle maxi.


SLU : Tu as cité une matrice Electro-Voice pour la gestion du signal, il y a donc la possibilité, en dehors des messages, de suivre en temps réel l’ensemble de l’installation et d’en modifier les paramétrages.

Jean Marandet : Tout à fait, avec IRIS-net on a fait un design sur mesure pour l’Allianz Riviera avec différents layers, on peut monter à 64, offrant la possibilité à l’exploitant de savoir s’il y a un problème, où il se trouve, sa nature et l’appareil ou l’enceinte défectueux, mais aussi de régler indépendamment l’ambiance sonore des 32 zones qui ont été délimitées, sans que cela n’ait d’incidence sur les messages de sécurité qui restent toujours prioritaires et à plein volume, que ce soit dans les gradins comme dans les salons, même si une zone est mise à l’arrêt car inutile. IRIS-net est extrêmement puissant, flexible et polyvalent puisqu’il pilote à la fois les matrices Dynacord comme les Electro-Voice, sans parler des amplis de cette même marque.

Une image de la page principale d’IRIS-net affichant les tribunes et les 7 zones distinctes délimitées par des couleurs et où il est possible de régler le niveau mais aussi d’envoyer un message spécifique. A cet effet la zone en haut à gauche répertoriée 23 est la tribune des visiteurs, d’où la possibilité de l’avoir à part. La 8e et dernière zone n’est autre que l’ensemble de la pelouse

Une image de la page principale d’IRIS-net affichant les tribunes et les 7 zones distinctes délimitées par des couleurs et où il est possible de régler le niveau mais aussi d’envoyer un message spécifique. A cet effet la zone en haut à gauche répertoriée 23 est la tribune des visiteurs, d’où la possibilité de l’avoir à part. La 8e et dernière zone n’est autre que l’ensemble de la pelouse

Allianz Riviera : les chiffres

SLU : Le déploiement de matériel est impressionnant dans la toiture du stade. Tu nous donnes quelques chiffres ? TR, STI & consorts ?

Jean Marandet : Nous avons missionné un cabinet acoustique marseillais pour cela. Le Temps de Réverbération à gradins vides est de 3,4 secondes. La couverture est parfaitement homogène puisqu’elle tient dans une fourchette de 2 dB. Le SPL Max a été lui aussi mesuré à différents endroits et atteint bien les 103 dB requis et le STI moyen est de 0,54. La norme 60-849 qui régit le STI et exige qu’il se situe à 0,50 est très contraignante, trop même car je connais nombre de lieux recevant du public et qui n’ont jamais atteint ce chiffre pour diverses raisons.

Voici ce que Ease annonce en large bande dans les gradins avec 35 % de sièges recevant 102 dB SPL et 35 % reçoivent 103 % soit 70 % de l’audience à un dB près. Beau travail Oliver !

Voici ce que Ease annonce en large bande dans les gradins avec 35 % de sièges recevant 102 dB SPL et 35 % reçoivent 103 % soit 70 % de l’audience à un dB près. Beau travail Oliver !

La couverture de la pelouse, plus rarement utilisée sauf pour l’évacuation. 70% de l’audience à 4 dB près. On n’en fait jamais assez pour les stars du ballon rond !

La couverture de la pelouse, plus rarement utilisée sauf pour l’évacuation. 70% de l’audience à 4 dB près. On n’en fait jamais assez pour les stars du ballon rond !


Ease l’avait prévu, la réalité du STI mesuré est encore légèrement meilleure à 0,54

Ease l’avait prévu, la réalité du STI mesuré est encore légèrement meilleure à 0,54

Même sur la pelouse, l’intelligibilité est parfaite

Même sur la pelouse, l’intelligibilité est parfaite


Il est important de savoir qu’un client est parfaitement fondé à refuser la livraison d’une installation qui ne répondrait pas à la norme qui exige un STI de 0,50 au minimum car on parle bien aussi et surtout de messages d’évacuation et pas que de confort. Les traitements acoustiques améliorent considérablement les choses, j’en veux pour exemple le Vélodrome de St Quentin en Yvelines où pour prévenir des émergences vis-à-vis des habitations qui désormais l’entourent, un traitement très efficace a été déployé dans le plafond. Le résultat est un TR de 1,3 et un excellent STI.

SLU : Quel est l’écart demandé entre le bruit ambiant et le message délivré ?

Jean Marandet : La demande concerne la réserve entre bruit ambiant et niveau délivré. Si tu as 90 de bruit de fond, il faut au moins avoir 12 dB de marge, d’où les 103 obtenus.

La régie, le royaume de Gino Capocci

Gino Capocci à la régie son. Autant vous dire qu’il connaît déjà son stade sur le bout des doigts

Gino Capocci à la régie son. Autant vous dire qu’il connaît déjà son stade sur le bout des doigts

Comme souvent dans les stades, il y a un responsable technique des lieux mais qui ne peut pas être assimilé à un régisseur puisque ce rôle comportant aussi l’exploitation et l’accueil de l’artistique sur site est séparé en deux.
Nous avons donc d’un côté Gino Capocci, le responsable de l’exploitation et de la maintenance du stade pour le compte de Vinci et de l’autre la société Digital Vision qui est en partenariat avec le club de foot de Nice.

Gino Capocci : Les jours de match, je m’occupe de la technique pure en régie, courants forts et faibles inclus, là où Digital Vision prend possession de cette même régie, et gère l’ensemble du contenu vidéo et sonore dans le stade dont le speaker officiel. Nous avons quatre liaisons HF Sennheiser pour les micros et deux pour les ears monitors. C’est nous qui fournissons le matériel mais c’est Digital Vision qui l’exploite.
Nous avons aussi une boucle pour les malentendants avec une zone précise pour que ces derniers puissent être dans sa zone d’influence. Nous mettons aussi à disposition un PC dans notre baie dans lequel sont stockées toutes les chansons et les jingles utilisés pour l’animation du stade. Un KVM permet la bascule de l’écran servant à la visualisation d’IRIS-net vers l’affichage de ce PC.

Régie son

La régie son avec sa vue imprenable sur les gradins mais aussi une vitre qui la sépare avec l’ambiance qui y règne. Heureusement elle est ouvrable. Pour les sources et le mixage, rien de vraiment nouveau, la fiabilité et l’universalité de Yamaha et de sa 01V96 sont encore et toujours au rendez-vous-même si on aurait aimé qu’une chaîne de traitement plus complète et qualitative soit mise à disposition du micro HF du speaker du stade.

SLU : La console Yamaha 01V96 sort en analogique, qui convertit ?

Jean Marandet : C’est la matrice N8000 Electro-Voice qui reçoit aussi les informations prioritaires de la matrice de sécurité Dynacord DPM8016 mais aussi le paging. La N8000 convertit ensuite directement le signal en flux Cobranet, 4 flux qui sont reçus par les 4 autres matrices N8000 dans les locaux techniques.

SLU : La N8000 ne peut pas aussi envoyer les messages d’évacuation et connecter aux pupitres ?

Jean Marandet : Non, ce n’est pas son rôle. Elle sert à configurer, piloter en temps réel et monitorer une diffusion aussi complexe et éclatée qu’elle soit. Elle embarque énormément de ressources DSP. La matrice Dynacord au contraire est orientée sécurité et paging.

La baie maître avec les deux matrices aux rôles complémentaires. Pour Dynacord le paging et l’évacuation, pour Electro-Voice le zoning et le traitement DSP.

La baie maître avec les deux matrices aux rôles complémentaires. Pour Dynacord le paging et l’évacuation, pour Electro-Voice le zoning et le traitement DSP.

La baie des sources, des liaisons Sennheiser et comportant aussi l’unité centrale du PC dans lequel sont stockés les jingles sonores servant à l’animation des matchs.

La baie des sources, des liaisons Sennheiser et comportant aussi l’unité centrale du PC dans lequel sont stockés les jingles sonores servant à l’animation des matchs.


SLU : Les N8000 sortent vers les amplis en analogique ?

Jean Marandet : Oui car avant d’attaquer les amplis, ce signal transite par des cartes de relais pour le router en cas de besoin vers l’ampli de secours. Les sorties des amplis passent aussi par des relais pour les mêmes raisons. La bascule est automatique en cas de défaut qui, pour quelque raison que ce soit, interrompt le signal. Si le défaut est corrigé, l’ampli normal reprend la main via le retour des relais à la position par défaut.

Aussi impressionnante que jolie à voir, voici la sortie des lignes 100 V à l’arrière d’un des 4 racks amplis. La couleur « boîte noire » est due à la norme anti feu du fil CR1 C1

Aussi impressionnante que jolie à voir, voici la sortie des lignes 100 V à l’arrière d’un des 4 racks amplis. La couleur « boîte noire » est due à la norme anti feu du fil CR1 C1

SLU : J’imagine que tout ceci doit nécessiter de l’entretien..

Jean Marandet : Bien sûr. Manganelli a un contrat d’entretien et une astreinte.
Les jours de match, ils sont connectés en VPN sur le réseau pour pouvoir prendre la main en cas de problème. Enfin une fois par an, une maintenance générale est faite avec un dépoussiérage des électroniques.
Les amplis étant partie d’une installation EN54 gérant aussi la sécurité, ne sont jamais éteints, pas plus que les matrices.


SLU : Le fait que vous n’ayez qu’un seul système de sonorisation pour le confort et l’évacuation implique qu’il soit entièrement ondulé.

Gino Capocci : C’est le cas. La régie où se trouvent les matrices, les quatre salles techniques avec les amplis et plus généralement tout ce qui a trait aux messages d’urgence est raccordé à notre onduleur qui peut alimenter l’ensemble pendant une période d’une heure, largement suffisante pour permettre l’évacuation complète des lieux. La norme veut 30 minutes.
Nous avons fait des essais. L’évacuation de 30 000 personne prend ici 15 minutes. Nos locaux techniques sont par ailleurs climatisés, protégés par une porte blindée coupe-feu et indégondable toujours pour les mêmes raisons de sécurité. La lampe rouge au-dessus de la porte de chaque local indique si la tête du détecteur a déclenché.

Une des grappes de 4 enceintes coaxiales EVH 1152D certifiées EN54. La ferronnerie noire reliant les boîtes entre elles est au catalogue d’EV, celle anodisée en revanche est une fabrication sur mesure de Manganelli.

Une des grappes de 4 enceintes coaxiales EVH 1152D certifiées EN54. La ferronnerie noire reliant les boîtes entre elles est au catalogue d’EV, celle anodisée en revanche est une fabrication sur mesure de Manganelli.

SLU : A propos d’incendie, je vois que les câbles audio sont anti feu…

Jean Marandet : Oui c’est obligatoire dans la norme EN54. Ce sont des câbles de type CR1 C1 et ils véhiculent les lignes 100 V. Mais le secteur ondulé arrive aussi avec des câbles répondant à cette norme. On est encore plus dur en France que dans le reste de l’Europe.
En Angleterre on estime qu’un stade doit se vider en 6 minutes donc on part du principe que cela ne sert à rien de tirer ce genre de liaison. Quand les gaines auront brulé, il n’y aura plus personne dans les gradins…

Une diffusion signée Electro-Voice

SLU : Parfaite transition pour parler des enceintes Electro-Voice accrochées ici.

Jean Marandet : Ce sont des EVH 1152D certifiées EN54, et c’est la première fois que ces enceintes sont installées en France pour sonoriser des tribunes et la pelouse. Il s’agit d’un modèle à filtre passif.
Cette enceinte en 100 V – 400 Watt dispose de 5 types de pavillons différents. C’est un 15 pouces coaxial avec un moteur 2 pouces disposant d’une sensibilité moyenne très importante de 105 dB, moyenne car elle varie de 104 à 106 en fonction de l’ouverture.
On a au catalogue 40°x30°, 60°x40°, 60°x60°, 90°x40° et 90°x60°. Pour l’Allianz Riviera on a déployé 24 clusters de trois enceintes et 4 clusters de 2 enceintes dans les virages équipés de la version offrant une couverture de 90° x 60°, tandis que 10 enceintes en version 60° x 40° couvrent la pelouse.

Deux grappes centrales à 4 enceintes dont trois en 90° x 60° sont à chaque fois dévolues à la couverture des gradins et la quatrième, en version 60° x 40° est en charge de la pelouse.

Deux grappes centrales à 4 enceintes dont trois en 90° x 60° sont à chaque fois dévolues à la couverture des gradins et la quatrième, en version 60° x 40° est en charge de la pelouse.

SLU : Quel type d’ampli ?

Jean Marandet : Deux sortes différentes. Pour la grosse artillerie à savoir les gradins et la pelouse, on a 19 amplis CPS 4.10 à quatre canaux avec deux enceintes par canal. Avantage de ces amplis, ils peuvent travailler sur toute charge, basse comme haute impédance, voire de panacher sur les 4 canaux. Pour le reste de la sonorisation interne comme les salons et les couloirs, nous avons 15 amplis CPS 8.15, des modèles qui ne livrent que 500 W mais sur 8 canaux ce qui est beaucoup plus intéressant pour cet usage. Les deux modèles sont équipés de la carte de contrôle RCM-810 qui permet de les rentrer efficacement dans le réseau IRIS-net.

Câblage et programmation

SLU : J’imagine que le câblage n’a pas été une partie de plaisir, la norme EN54 ne facilite pas les choses…

Jean Marandet : En effet, cela a été un peu laborieux. Ce n’est pas Manganelli qui s’en est chargé, mais un sous-traitant de Jean Graniou, une filiale de Vinci qui s’occupe des courants faibles et des courants forts. L’essentiel en pareil cas c’est que les câbles ne dépassent pas les 600 mètres sinon cela devient très difficile d’arriver à faire un contrôle de ligne. On travaille avec des boîtiers auxquels il faut indiquer la longueur estimative de ladite ligne pour avoir une information fiable, et passée cette longueur maxi, ils ne marchent plus!

Sur l’écran en régie, la visualisation des zones. Chacune a dû être créée sur matrice Electro-Voice. Bien entendu cette dernière est esclave de la Dynacord et accepte sur ses ordres de basculer en un mode sécurité en activant toutes les zones en cas de message d’évacuation

Sur l’écran en régie, la visualisation des zones. Chacune a dû être créée sur matrice Electro-Voice. Bien entendu cette dernière est esclave de la Dynacord et accepte sur ses ordres de basculer en un mode sécurité en activant toutes les zones en cas de message d’évacuation

SLU : Qui a fait le design et ensuite programmé la configuration sur IRIS-net ?

Jean Marandet : Moi avec l’aide de Nicolas de Manganelli. Cela a pris pas mal de temps. Nous avons aussi bien entendu collaboré avec Bosch Security en Allemagne pour intégrer la partie de code liée à l’évacuation car la formule est longue et très complexe puisqu’elle comporte un nombre important de réinitialisations et de fonctions spécifiques.

Sur l’écran en régie, la visualisation des zones. Chacune a dû être créée sur matrice Electro-Voice. Bien entendu cette dernière est esclave de la Dynacord et accepte sur ses ordres de basculer en un mode sécurité en activant toutes les zones en cas de message d’évacuation

SLU : Qui a validé l’ensemble ? Le fait d’utiliser une seule et unique diffusion pour les trois fonctions Confort, Paging et Evacuation a dû compliquer le tout.

Jean Marandet : La commission de sécurité. On a tout programmé, on a chargé les matrices, on a testé et débuggé la configuration et ensuite la commission de sécurité est passée et nous a fait des demandes mineures de corrections, essentiellement quelques infos qui ne remontaient pas. Les corrections ont été apportées et après une nouvelle visite, le feu vert a été donné. Il faut savoir que le nombre d’essais à effectuer a été très important. Nous avons par exemple effectué des autotests en remplissant des tableaux Excel pour ne rien oublier.

La diffusion petit côté. On note l’absence de l’enceinte tournée vers la pelouse qui n’est arrosée (de décibels) que par les deux grands côtés. Les plus observateurs remarqueront aussi le montage spécifique et propre aux 4 coins avec deux seules enceintes, suffisantes pour les deux niveaux de gradins.

La diffusion petit côté. On note l’absence de l’enceinte tournée vers la pelouse qui n’est arrosée (de décibels) que par les deux grands côtés. Les plus observateurs remarqueront aussi le montage spécifique et propre aux 4 coins avec deux seules enceintes, suffisantes pour les deux niveaux de gradins.

Chaque ampli a été éteint, mis en défaut, déconnecté de son entrée, de sa charge et cela canal par canal pour être certain qu’IRIS-net fasse bien remonter son rapport de défaut. Le client demandait et a obtenu que la commission de sécurité valide la configuration et son fonctionnement et en a fait de même avec les mesures effectuées par un cabinet indépendant in situ.
Ces dernières devaient correspondre précisément au cahier des charges et aux simulations en SPL fournies par le soumissionnaire retenu pour mener à son terme le chantier. Le résultat a correspondu très précisément aux simulations fournies par Oliver Sahm mais ça, on n’en doutait pas, c’est un très, très bon ! (rires)

Conclusion

Remarquablement déployée et véritable vitrine du savoir-faire de Bosch Security Systems et de EVI Audio France, l’installation de l’Allianz Riviera est non seulement dans les clous de la norme EN54, mais elle fait aussi preuve d’une grande qualité de conception, d’installation et d’utilisation. Flexible, logique et puissante cette « plateforme de communication » apporte beaucoup de sérénité dans la prise de parole ou dans l’émission de messages sonores car il est impossible d’échapper au son, où qu’on soit.
Nous nous sommes baladés un HF à la main dans les gradins et malgré un niveau faible, voisinage oblige, on a pu constater le potentiel en SPL et la régularité absolue de la couverture. Même sans mesures, l’intelligibilité et la réponse en fréquence logiquement coupée dans le grave nous ont paru très bonnes. Cette qualité va bien au-delà des gradins et de la pelouse puisque Bosch a aussi équipé l’ensemble des espaces intérieurs et même l’extérieur du stade à l’aide de plafonniers, projecteurs de son et enceintes spécifique avec près de 900 unités.

Enfin la division vidéo surveillance de Bosch a aussi déployé un ensemble de surveillance très moderne et disposant des outils informatiques nécessaires à la gestion des supporters. Un petit regret malgré tout, celui de l’absence d’une chaîne de traitement pour les voix en dehors de ce qu’offre la console Yamaha en régie. Il existe aujourd’hui des channel strips abordables, voire des cartes PC puissantes et programmables avec lesquels il serait possible de pré formater le son et la dynamique des micros, augmentant la régularité dans le rendu, quelle que soit la personne et sa façon de s’exprimer. Cela mis à part, c’est un sans-faute sonore, digne de ce très joli stade.

D’autres informations sur les sites de :

Equipement :

  • 7 Matrices numériques Electro-Voice N8000
  • 8 Boîtiers muraux Electro-Voice PWS-4
  • 19 Amplificateurs Electro-Voice CPS 4.10 avec cartes de contrôle RCM-810
  • 15 Amplificateurs Electro-Voice CPS 8.5 avec cartes de contrôle RCM-810
  • 80 Enceintes Electro-Voice EVH1152D/96
  • 10 Enceintes Electro-Voice EVH1152D/64
  • 35 Enceintes Electro-Voice ZX1i-100T
  • 1 Matrice numérique Dynacord DPM8016
  • 5 Pupitres Dynacord DPC8015 avec deux extensions DPC8120
  • 7 Unités Dynacord DCS400 équipées de cartes DCS409R, DCS801R, DCS412R & DCS416R
  • 454 haut-parleurs de plafond Bosch LC1-WM06E8
  • 414 projecteurs de son Bosch LP1-UC20E
  • 1 lecteur enregistreur de messages Bosch LBB1965/00
  • 5 Alimentations 24V Bosch PLN24CH12
  • 76 Modules EOL Electro-Voice LML-1
Allianz Riviera Synoptique general

Allianz Riviera Synoptique general

 

Les Insus en tournée avec Dushow et Meyer

Un peu comme XaXa Gendron et ses Paragon, Bob Coke qui tient la face des Insus en tournée toute cette année 2016, a fait le choix de l’analogique avec des XL4 refaites à neuf par Dushow, et de Meyer avec un système qui déchire sa race confié aux bons soins d’Aymeric Sorriaux.

Très vite sur SLU on vos raconte ça…en long, en large et en hauteur. Ca ? C’est vraiment toi, et rien d’autre que toiiiiiiiiiiiiiiii

 

Avec 600 casques d'écoute

The Encounter, le chef d’œuvre en binaural de Gareth Fry et Pete Malkin

A gauche Garteh Fry, a droite Pete Malkin

A gauche Garteh Fry, a droite Pete Malkin

Londres 11h du matin. Je m’apprête à découvrir The Encounter et ses coulisses, une œuvre singulière au sein d’un des théâtres emblématiques de la capitale anglaise, le Barbican. La presse est unanime, c’est aussi déroutant qu’envoutant, et rien que les 600 casques d’écoute qui servent de diffusion en sont la preuve.

Nous avons rendez-vous avec Gareth Fry et Pete Malkin, les deux sound designers de cette œuvre, ainsi que l’A.S.D., l’Association of Sound Designers. Cette communauté anglaise regroupe des professionnels du son et de la création sonore, notamment autour du monde effervescent du théâtre anglais.

Portée par une éthique admirable, cette association promeut le partage du savoir de ses adhérents et leur entraide mutuelle, que cela soit en terme de matériel, de conseil, de formation ou bien les trois !
Très active, elle nous offre un peu d’humanité bienveillante sur la planète spectacle, peuplée de beaucoup de freelances qui, à force d’avoir la tête dans le guidon, n’échangent pas grand-chose et ne se regroupent que trop rarement.

Les membres de l’A.S.D. qui ont eu la chance d’assister à cette journée de présentation : une belle brochette de passionnés.

Les membres de l’A.S.D. qui ont eu la chance d’assister à cette journée de présentation : une belle brochette de passionnés.

La raison de notre petit rendez-vous matinal est un tour dans les coulisses du dernier OVNI théâtral de la compagnie Complicite, mis en scène et interprété par le talentueux Simon McBurney : « The Encounter ».
La pièce est tirée du roman de Petru Popescu et nous conte l’histoire du photographe Loren McIntyre, reporter pour le National Geographic, et de sa rencontre avec la tribu Mayoruna, perdue en forêt Amazonienne.
Un one man show sonore, du stand up binaural, une plongée auditive en Amazonie, on ne sait pas trop comment le qualifier… Un OVNI donc, mais surtout l’aboutissement de 5 ans de travail pour le sound designer Gareth Fry assisté de Pete Malkin. Nous aurons le plaisir de partager avec vous une interview de Gareth en bas de page, le meilleur donc pour la fin ☺

Je vous laisse chausser des écouteurs et déguster ce trailer :

« The Encounter » sera donné à Montpellier pour le Printemps des Comédiens du 16 au 18 juin, et ensuite à Lyon pour les nuits de Fourvière du 23 au 25 juin.

The Encounter Dates FR

Une réussite théâtrale et originale

On se sent plus dans un studio que dans un théâtre

On se sent plus dans un studio que dans un théâtre

Cette pièce est aussi le fruit d’une performance technique, tant dans sa conception que dans « l’interprétation » fournie par les deux opérateurs qui mixent les sons du show.
Une prouesse technique. La preuve en est qu’il y a plus d’opérateurs son sur cette production que de comédiens !
Pour vous délecter de cette production, il vous faudra donc chausser l’un des presque 600 casques audio installés dans les gradins du théâtre Barbican. Ainsi, peu de choses à montrer mais énormément à écouter !
De fait, le plateau est dépouillé. On aperçoit au milieu de la scène le fameux micro binaural de Neumann, le KU 100. Le mur du lointain, une imposante surface d’absorption acoustique de plus de 100 m², confère un côté rassurant (déformation pro) et nous annonce clairement la couleur…

La technologie binaurale

[private]

Mais avant d’aller plus loin, voici un court rappel de la technologie binaurale. Sautez ce paragraphe si vous n’en avez pas besoin, sinon jetez vous dessus car il a l’avantage d’être très court !

La technologie binaurale

La technologie binaurale

La prise de son binaurale est une prise stéréo, mais réalisée avec un dispositif qui simule une tête humaine. Le résultat s’écoute obligatoirement avec un casque stéréo et fournit ce que nous avons de plus crédible en termes de restitution d’environnement sonore, autant du point de vue de la localisation des sources, comme de celui de leur spatialisation.
C’est aussi ce que vous pouvez entendre appelé vulgairement « le son 3D ». Si vous n’avez jamais écouté de son binaural, voici ci-après le lien pour un exemple très connu : Celui du coiffeur !

Le schéma ci-contre explique rapidement le principe : Imaginons une source sonore située sur la droite qui arrive jusqu’aux oreilles de l’auditeur.
Le trajet de l’onde pour atteindre l’oreille gauche est ici appelé A et celui pour atteindre l’oreille droite sera appelé B.
Voilà les trois principes physiques grâce auxquels votre cerveau interprétera très fidèlement le son provenant de la droite :

  1. La différence de niveau : L’onde sonore s’atténue avec la distance parcourue. Très schématiquement, plus on est loin, moins on entend ! La distance A étant plus longue que la B. Le son perçu par l’oreille gauche sera légèrement moins fort.
  2. La différence de temps : en parcourant une distance plus longue, le son du trajet A arrivera après le son du trajet B. Cet infime décalage temporel suffit à votre cerveau pour interpréter et localiser le son à droite.
  3. La différence de timbre : c’est le gros avantage de la prise de son binaurale sur les autres techniques de prise en stéréo. Le son arrivant à l’oreille gauche n’est pas le même que celui qui arrive à l’oreille droite tout simplement parce que son trajet A passe par la tête de l’auditeur (en rouge sur le schéma). De fait, la boîte crânienne provoque un effet de masquage qui altère ce son. Ainsi en le comparant avec celui non altéré qui emprunte le trajet B, votre cerveau saura que ce dernier provient de la droite.
L’homme selon Neumann, ou le micro de captation binaurale KU-100.

L’homme selon Neumann, ou le micro de captation binaurale KU-100.

Autre avantage et non des moindres, le son binaural vous permet aussi d’interpréter les sons provenant de derrière… oui, seulement avec un casque stéréo ☺
Tous ces principes physiques, vous pouvez les reproduire avec le couple stéréo binaural de Neumann, le KU 100.
Vous l’aurez compris, le mannequin ou tout du moins sa tête est fait de matériaux qui reproduisent l’effet de masquage acoustique d’une tête humaine.
Tiens on vous donne un truc : flanquez-vous deux capsules DPA 4061 dans les oreilles et vous aurez un début de prise de son binaurale 😉
J’engage les plus curieux d’entre vous à aller écouter des fictions sonores, des documentaires audio, des concerts, le tout en binaural grâce à notre bon vieux service publique sur le site : Nouvoson Radio france

Immersion dans la jungle

Les casques Sennheiser HP 02-140 qu’on peut trouver sur chacun des sièges du Barbican.

Les casques Sennheiser HP 02-140 qu’on peut trouver sur chacun des sièges du Barbican.

On s’installe donc confortablement dans les fauteuils du mythique théâtre Barbican, juste en dessous de la régie. Gareth Fry se présente, introduit son installation et nous invite à chausser les casques audio situés sur nos sièges.
Pete Malkin est descendu sur le plateau où trône le micro KU 100. Il se place à quelques mètres dans le champ arrière gauche du micro et nous interpelle…
A ce moment, bien que nous voyions tous Pete nous parler à une vingtaine de mètres devant nous, malgré que nous soyons a peu près tous des techniciens aguerris genre « on ne nous la fait pas » l’effet de spatialisation est tellement crédible que nous nous sommes presque tous retournés vers la gauche, soit vers le mur. Un tel effet vous piège le cerveau et… la vue avec.
Pete continue ainsi à évoluer autour du mannequin pour nous démontrer la fiabilité de la spatialisation.
Quand on n’a jamais eu à faire à une tête artificielle et qu’on est passionné de son, c’est incroyable. Cela en devient presque gênant quand on commence à nous chuchoter dans le creux de l’oreille.

Pete commence à bruiter à la bouche quelques insectes et autres sons de jungle, à plusieurs endroits du plateau, en faisant des boucles à chaque nouveau son. Tiens, un système de loop au plateau !
On apprend que Pete contrôle grâce à un pédalier MIDI une session du logiciel Ableton Live situé en régie. En 10 secondes, on est immergé dans la jungle. L’audience restreinte et constituée de professionnels applaudit.

Le metteur en scène et comédien Simon McBurney saisi dans le travail.

Le metteur en scène et comédien Simon McBurney saisi dans le travail.

Suite à cet impressionnant début de présentation, on se demande maintenant à quoi servent sur scène les deux micros HF main Sennheiser G3, équipés de capsules cardioïdes 835. Démonstration faite, ils servent dans la pièce à la voix off !
On nous explique que dans un paysage audio très ouvert tel que l’est le son binaural, une piste mono se place d’elle-même dans le mix « au-dessus de notre tête ».
Parfait donc pour une voix off qui résonne dans nos pensées. On se servira ici des deux micros pour les différentes voix de chaque personnage.

Comment donc faire plusieurs voix avec un seul comédien ? Bien évidemment avec un bon comédien, mais aussi avec des effets de pitch de qualité grâce à deux bons processeurs d’effets Lexicon : le PCM 81 et sa nouvelle génération le MX 400 XL.

Visite en régie

La manière dont sont gérés ces effets de pitch mérite qu’on s’y attarde un peu. Pour cela on file en haut des gradins, faire un tour dans la régie d’Helen Skiera, opératrice sur le show.

Trouvez l’intrus…

Trouvez l’intrus…

Vertu d’un show bien optimisé, tout rentre sur une petite console Yamaha QL1 en DANTE. On peut voir Ableton Live tourner sur l’écran et c’est notamment grâce à lui qu’on pourra enregistrer et déclencher à la volée tout un tas de boucles audio. Le comédien, Simon McBurney, en déclenchera certaines depuis des pédaliers MIDI au plateau, et Helen déclenchera les autres depuis le contrôleur Novation Launchpad.

A pieds feutrés ☺

A pieds feutrés ☺

Concernant le plateau, le pédalier n’est pas un Keith mcMillen SoftStep pour rien. En effet c’est l’un des rares pédaliers silencieux, condition sine qua non quand on créé des boucles avec des micros sensibles. Personne ne veut percevoir un clic venant trahir la fin de chaque loop.
Vous aurez aussi reconnu le contrôleur à faders motorisés Behringer BCF 2000, qui sert aussi à piloter Ableton LIVE. Rien de nouveau donc pour les connaisseurs, mais tout même de quoi s’enfermer quelques heures à l’ombre d’un studio.
Ah si … Il y a quand même un truc bizarre entre les deux consoles… J’ai beau chercher dans ma mémoire, mais à part un nouveau pad pour jouer à Street Fighter je ne vois pas. Réponse de Gareth : « Oh yes. That is BOB ». C’est une interface MIDI faite maison, qui est reliée au logiciel QLAB.

On vous présente donc BOB, du fait maison !

On vous présente donc BOB, du fait maison !

« BOB » permet de changer le pitch sur les micros HF Sennheiser. Techniquement, c’est en fait QLAB qui pilote en MIDI la QL1.
Via une programmation intelligente du logiciel au travers d’une liste d’ordres MIDI, le soft agit comme des mémoires de scène pour rétablir sur la console QL1 les réglages propres à la voix de chaque personnage.
Pourquoi donc ne pas utiliser des mémoires de scène classiques qu’ont intégrerait dans une conduite ?
Tout simplement car il n’y a presque pas de conduite dans ce spectacle. En effet les phases d’improvisation sont trop nombreuses pour que l’opérateur ne connaisse pas sa configuration sur le bout des doigts et ainsi réagir rapidement pour suivre le comédien en temps réel. Passionnant n’est ce pas ? ☺

Helen Skiera

Helen Skiera

Performance théâtrale qu’on vous disait, mais aussi performance technique derrière la console ! Aux commandes de cette régie nous découvrons Helen !

SLU : Salut Helen, est-ce que tu peux rapidement te présenter ?

Helen Skiera : Je suis sound designer et compositeur. Je suis aussi musicienne et très intéressée par ce qui est créatif en son et dans le domaine de la musique.

SLU : On croirait voir une pianiste quand on te regarde travailler… Mais Helen… où est ta partition ?

Helen Skiera : On a essayé de travailler avec des conduites, mais ce spectacle étant très improvisé par nature, on a préféré garder la structure générale dans nos têtes et se tenir prêt à réagir en live à chaque nouvelle performance.

SLU : Mais c’est un micro serre-tête Countryman E6 que je vois sur ta joue ?

Helen Skiera : Oui, nous portons des micros pendant le show et pendant les répétitions. On s’en sert pour communiquer entre nous. Vu que tout le monde porte un casque, il est compliqué de communiquer en l’enlevant et en le remettant constamment. Ella, l’autre opératrice, et moi pouvons donc nous parler, parler à Simon ou à n’importe qui d’autre qui porte un casque. On a une série de boutons qui sont reliés à QLAB au travers duquel on pilote en MIDI la QL1 pour ouvrir nos micros aux bonnes personnes.

Un indice du temps passé derrière la console

Un indice du temps passé derrière la console

De gauche à droite : Guy Coletta, Simon McBurney et Helen Skiera. Excellente ambiance de travail !

De gauche à droite : Guy Coletta, Simon McBurney et Helen Skiera. Excellente ambiance de travail !

SLU : Quelle est pour toi la partie la plus difficile de ce boulot ?

Helen Skiera : C’est avant tout fatigant et demande une concentration totale. Mais la manière avec laquelle on se doit d’être absolument présent tout le temps, fait qu’on devient une partie intégrante du show bien plus qu’en étant opérateur traditionnel. Même si cela est difficile, c’est aussi ce qui fait tout l’intérêt de ce boulot.

La deuxième opératrice du show : Ella Wahlstrom

La deuxième opératrice du show : Ella Wahlstrom

Merci Helen pour ces précisions. Effectivement il y a deux opératrices en régie sur cette production.
Comme mentionné plus haut, Helen s’occupe de toute la partie « live » en gérant les micros et les loops.
Mais la régie de The Encounter comporte aussi de nombreux bruitages qui sont envoyés à l’aide d’un autre ordinateur, encore une fois via une session du soft QLAB.
C’est le job de Ella Wahlstrom. Elle déclenche et mixe en direct plusieurs couches de sons. D’ailleurs, pour compléter cette expérience au casque, Ella a droit à des subs cachés sous les gradins, Quatre en tout !

Et on vous présente Ella dans une petite interview vidéo

Lors de la présentation, elle nous a gentiment diffusé le son binaural d’un Cessna, un petit avion monomoteur, passant au-dessus de nos têtes. Les subs sont bien là, on en a les guiboles qui tremblent, l’effet est très réussi, et on ne peut s’empêcher de penser à une petite scène mythique de la Mort aux Trousses… Sacré Alfred.

En parlant de diffusion de média, un point très, très intéressant, est que vous pouvez difficilement mixer avec du binaural… autre chose que du binaural. En effet, tous les sons stéréo classiques que vous voudrez utiliser, ressortiront aplatis en comparaison de la profondeur de champ du binaural.

The Encounter

Comment donc rajouter des bruitages à notre affaire ? Il y a bien des logiciels équipés de moteurs audio, pour la plupart provenant de l’industrie du jeu vidéo, qui proposent des rendus binauraux très crédibles, on pense notamment à Unity et Fmod.
Mais il y a bien plus simple, bien plus naturel et bien plus rigolo. En effet, la solution consiste à mettre une enceinte à chaque coin du plateau et d’y diffuser des sons via un mix quadriphonique. La tête Neumann KU 100 placée au centre récupère ainsi les sont spatialisés « naturellement ».
Pour ce faire, Gareth Fry a choisi des enceintes passives JBL EON 1500 réputées pour leur portabilité et leur puissance. Je vous laisse la surprise d’aller voir la pièce pour comprendre.

Pour bien saisir l’astuce, jetez un coup d’œil à l’implantation ci-dessous.

L’implantation réalisée par Gareth Fry. Vous pouvez voir les 4 enceintes aux quatre coins du plateau.

L’implantation réalisée par Gareth Fry. Vous pouvez voir les 4 enceintes aux quatre coins du plateau.

Tant qu’on y est, poussons le bouchon un peu plus loin. Pour nous faire voyager et pour placer ses sons exactement où il le désire, Simon Mac Burney utilise aussi de petites enceintes sans fil de bonne qualité, fraîchement produites à Bristol : les Minirig.

Simon en train de brandir une enceinte portable Minirig.

Simon en train de brandir une enceinte portable Minirig.

Ainsi le comédien peut « manipuler » un son dans le paysage sonore… Simple mais terriblement efficace !
Pour un son de meilleure qualité et une liaison plus stable, on ne les utilise pas en Bluetooth mais via leur entrée auxiliaire, cette dernière étant nourrie par un récepteur pour ear monitors Sennheiser G2.
Vous l’aurez compris, les concepteurs de cette pièce ont fait preuve de beaucoup de créativité pour donner au comédien de puissants outils, dédiés à façonner son édifice dramaturgique.

600 casques audio en salle.

The Encounter

Moins fun que le binaural mais non moins intéressant, concevoir cette installation a été un long processus, d’autant plus que le tout est amené à prendre la route pour suivre la tournée qui s’annonce déjà riche en dates.
Après moult recherches et essais, les équipes de Gareth Fry ont choisi de tout câbler en analogique, et vu le nombre de casques à alimenter, ça fait quelques kilomètres de cuivre !
En sortie de console on attaque des splitter 16X maison, à la sortie desquels le signal rentre dans de bons amplis casque 6 canaux, les ART Headamp 6. Le signal stéréo, prêt pour alimenter un casque audio, peut ensuite s’engouffrer dans un multipaire qui descend dans les gradins.
Arrivé à destination, il est encore splitté six fois pour alimenter six sièges soit 6 casques. Enfin seulement, le mix de « The Encounter » peut s’écouter confortablement dans l’un des très bons casques Sennheiser HP 02 – 140.
Oui, ça splitte dans tous les sens, et au final, chaque circuit de l’ampli casque alimente 3 unités ! Les impédances chutent, mais le ART HeadAmp 6 tient bon, on ne l’entend pas et le résultat est très correct. Bravo donc !

L’ampli 6 canaux ART Headamp 6

L’ampli 6 canaux ART Headamp 6

Un bon vieux contrôleur

Un bon vieux contrôleur

Tout ce réseau analogique est mis en œuvre et surveillé de près par le technicien Guy Coletta. Le plus étonnant dans tout ça, c’est le protocole de test. Le « line check » avant l’ouverture des portes.
Guy Coletta a fait le choix d’un contrôleur, pour vérifier le bon niveau électrique dans chaque câble si cela est nécessaire.
Mais il faut aussi vérifier individuellement chaque casque. L’opération prend plus d’une heure et est réalisée par 3 autres personnes.
On entend ainsi dans tout le Barbican un son très intelligible et provenant d’un peu partout à la fois, c’est la somme de ces centaines de paires de mini haut-parleurs qui diffusent en boucle le même son dédié au line check, une voix répétant inlassablement : « left ear, right ear… left ear, right ear … etc ». Le résultat est très étonnant ☺

Enfin, c’est avec beaucoup de plaisir que nous vous proposons une brève interview du responsable de tout ce chantier, le talentueux Gareth Fry. En préambule, le voici accompagné de Pete Malkin, nous parlant un peu de certains aspects de leur travail sur « The Encounter ».

Interview de Gareth Fry

Gareth Fry

Gareth Fry

SLU : Bonjour Gareth. Nous sommes très fiers de t’avoir avec nous dans les pages de SLU ! Peux-tu rapidement te présenter

Gareth Fry : “Bien sûr, je suis sound designer freelance, principalement dans le théâtre. J’ai commencé à travailler en Angleterre mais maintenant j’interviens régulièrement en Allemagne et aux Etats-Unis. J’ai commencé en tant qu’ingénieur du son en studio, et je me suis ensuite dirigé vers le théâtre et l’évènementiel car je préfère le live.

SLU : Qu’est ce qui t’as amené à créer une pièce de théâtre en binaural et depuis combien de temps travailles-tu sur ce projet ?

Gareth Fry : Cela fait maintenant 5 ans. On ne voulait pas particulièrement monter une pièce de théâtre en binaural. Avant toute chose, on voulait raconter l’histoire du roman « Amazon beaming » écrit par Petru Popescu. C’est l’histoire d’un photographe qui, après s’être perdu dans la forêt amazonienne, rencontre une tribu d’indigènes. Pour ce faire, nous avons essayé des formes de théâtre conventionnelles mais cela ne marchait pas. On a donc commencé a chercher des formes alternatives et ceci nous a amené au casque stéréo, puis au son binaural.

The Encounter

SLU : Hormis le fait d’avoir affronté une armée de moustiques pendant tes travaux en Amérique du Sud, quels problèmes as-tu rencontrés pour aboutir à ce projet ?

Gareth Fry : La première partie du challenge était d’enregistrer la plupart des bruitages en binaural, ce qui impliquait d’aller en Amérique du Sud, de trouver un avion Cessna et d’arranger une rencontre avec une armée de moustiques.
La deuxième partie a consisté à imaginer et réaliser un système pour distribuer du son à 600 personnes et ceci dans un procédé qui peut partir en tournée à travers le monde, dans un vaste éventail d’auditoriums.

The Encounter

SLU : Quel conseil peux-tu donner à quelqu’un qui voudrait se lancer dans un projet binaural ?

Gareth Fry : Evitez d’utiliser des casques sans fil. Les chutes de niveau, la mauvaise séparation entre les deux canaux et le bruit de fond élevé, font que vous n’aurez pas un résultat satisfaisant.

SLU : Tu es l’un des dirigeants de l’A.S.D. : l’Association of Sound Designer. Peux-tu présenter cette structure aux producteurs et ingénieurs du son français qui ne la connaitraient pas encore ?

Gareth Fry : Nous avons imaginé l’A.S.D. comme un réseau d’entre-aide pour les producteurs et ingénieurs du son. En effet dans notre métier, on est souvent amené à travailler seul ou en petite équipe, ce qui n’est pas très favorable aux échanges et à l’entraide. Notre but a été de créer une association qui puisse fournir de la formation, un support technique, organise des évènements et apporte un soutien juridique. Bref de l’aide et du soutien pour les problèmes que nous sommes amenés à rencontrer.

SLU : Ton prochain job ?

Gareth Fry : Harry Potter and the Cursed Child.

Merci Gareth pour ton temps précieux, tes très bons conseils, et cette générosité dont beaucoup devraient s’inspirer.

J’espère que cette virée londonienne vous a plu et vous a donné l’envie de voir cette pièce, profitant du fait que la tournée française démarre cet été !
Et rappelez vous, la technique est au service de l’art car certains maitrisent l’art de la technique. On se revoit bientôt pour un reportage au chaud… en Provence ! Peace. Maamo.

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Avec PRG France & Lagoona

Le concert du Champ de Mars, 100% Adamson

Concert de l'Euro 2016 à la Tour Eiffel

La scène en plein spectacle avec la Tour Eiffel comme décor lumineux. Le plus beau des clichés colorés

Concert de l'Euro 2016 à la Tour Eiffel

La FanZone du Champ de Mars le soir du concert d’inauguration, vue depuis la Tour Eiffel

Dans le cadre du Championnat d’Europe de football, Lagardère Sport a choisi PRG France comme partenaire technique pour la réalisation des prestations lumière, son et vidéo qui sont mises en œuvre sur la FanZone de Paris au Champ de Mars jusqu’au 10 juillet 2016.

Electron Libre a aussi choisi PRG avec la collaboration de Lagoona pour le grand show d’ouverture tout en Adamson, diffusé en direct sur TF1, et clôturé par David Guetta.

288 enceintes Adamson ont été nécessaires pour couvrir la scène et les 6 rangs de délais s’étirant sur le Champ de Mars dans l’alignement de la Tour Eiffel. La scène principale a reçu un système comprenant 12 E15 avec 3 E12 en downfill, complété par des S10. Des T21 ont été empilés pour renforcer le bas du spectre.

Concert de l'Euro 2016 à la Tour Eiffel

Les tours de rappel en Y18 et tout au bout, la scène qui semble enchâssée tel un joyau dans les pieds de la Tour Eiffel.

Les délais ont pour leur part vu le grand retour d’une boite certes âgée mais parfaite pour délivrer un son compact et avec beaucoup de grave, le Y18. 100 unités ont été accrochées dans ce qui doit être l’un des plus grands déploiements pour cette enceinte historique et ayant fait la réputation d’Adamson.

Concert de l'Euro 2016 à la Tour Eiffel

Le système principal en Adamson E15, E12, S10 et T21 à cour.

L’inventaire complet consiste en :

  • 24 E15,
  • 12 E12,
  • 16 S10,
  • 100 Y18,
  • 32 Y10,
  • 104 subs

L’amplification de cet ensemble a été l’œuvre de Lab.gruppen à l’aide de E-Racks, le transport du signal a été effectué en Dante et le processing en Lake.

Plus d’infos :

 

Avec Max Ménélec

TOP 55°, la tournée qui sonne même sur les bords

Tout a commencé par un mail de Maxime Ménélec qui disait précisément ceci : « Je suis au Zénith de Paris le 9 avril avec Steph et je voudrais te faire écouter quelques truks ».
Dictaphone OK, appareil photo OK, oreilles OK, nous voici partis à la rencontre de toute l’équipe de la tournée Top50 de passage dans la capitale où Max officie au système et fait des expériences, non pardon, des truks !

Max Ménélec et Frédéric Bailly de L-Acoustics, une association qui fait plein de décibels !

Max Ménélec et Frédéric Bailly de L-Acoustics, une association qui fait plein de décibels oui, mais cohérents !

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Maxime Ménélec a commencé en assistant Stéphane Plisson, époque MiniMax, puis il a pris en main le système de Steph, perdant au passage le Mini.
Depuis quelques mois et après avoir bien potassé des bouquins avec beaucoup d’images mais pas de jolies filles dedans, il est devenu KSE (K System Engineer) pour L-Acoustics, autant dire qu’il est reconnu comme étant un bon, surtout vu son âge.

Un coup d’œil dans la salle suffit à comprendre que ce ne sont pas les K1 en principal, ou les K2 en rappel latéral et downfill qui constituent la nouveauté à écouter. Pas non plus de KS28 ou de LA12X qui viennent d’être dévoilés à Francfort. La surprise de Max tient dans l’accroche et le calage du K2 dans le K1. Tout simplement. Simplement ? Pas tant que ça.
Après une poignée de main à Frédéric Bailly, ingénieur application Touring L-Acoustics; présent lui aussi dans la salle, on laisse Max s’expliquer.

Le système à cour tel qu’il apparait quand on rentre dans le Zénith. Le bas du renfort latéral est calé par le bas à hauteur des deux « downfills » en K2. Comme nous l’a avoué Max, ça passe tout juste entre les deux lignes.

Le système à cour tel qu’il apparait quand on rentre dans le Zénith. Le bas du renfort latéral est calé par le bas à hauteur des deux « downfills » en K2. Comme nous l’a avoué Max, ça passe tout juste entre les deux lignes.

Maxime Ménélec : “L’idée est d’avoir le minimum de recouvrement, juste une zone de raccord entre le K1 en principal et le K2 en rappel latéral. Ce dernier est déployé en ouverture horizontale 70°.
Ce montage très proche entre les deux lignes rend le grave le plus constructif possible. Quand on éloigne l’“outfill” du système principal, on créé des interférences dans le grave.

SLU : Qui a eu cette idée ?

Maxime Ménélec : L’idée vient d’une discussion avec Fred Bailly. Il y a deux ans lorsque nous sommes partis pour “Danse avec les Stars” avec Alex Ly, on a accroché la diff en K2 à l’avant du carré de danse, de sorte à bien couvrir le haut des gradins tout en plaçant du Kara pour arroser la fosse.
Ayant le choix de positionner les “outfills”, on a fait des tests avec deux lignes de 10 boîtes. On a commencé à placer les latéraux derrière le “main” de sorte à avoir le point arrière de l’“outfill” aligné avec les deux points du “main” et on a testé en découvrant qu’on était hyper constructif partout.

Le plan de rigg du montage « resserré »

Le plan de rigg du montage « resserré »

A la régie on n’a que 2 millisecondes de variation avec tout le système. Il n’y a que la petite zone d’overlap qui peut sous certaines conditions poser problème, si ce n’est qu’on ne l’entend pratiquement pas. Les systèmes actuels sont aujourd’hui très bien conçus en directivité et si tu penses bien ta ligne, normalement c’est presque gagné.

SLU : C’est exact, ça passe très bien. Du coup le délai entre K1 et K2 est de combien ?

Maxime Ménélec : 2 milli, et c’est le “main” qui est délayé sur l’“outfill” et non l’inverse, ce qui permet en plus de ne pas avoir de source virtuelle qui se crée en permanence. Dans une configuration habituelle où tu as délayé ton “outfill” placé à 5 ou 6 mètres de ton “main”, quand tu es en régie, c’est l’effet inverse qui se produit et tu créés encore plus de points d’interférence.
Avec des latéraux constitués de petites boîtes comme le Kara, ce n’est pas trop problématique car même avec 9 boîtes, on n’atteint qu’un petit contour, mais quand les “outfills” sont constitués de K2 et que t’en alignes 12, 16 mais même moins, le contour va générer beaucoup d’interférences dans la salle. Rien que ce soir, avec 6 K2, j’atteins déjà 8 dB, d’où l’idée de placer les “outfills” derrière et très près du “main”.

Le système vu de près. On aperçoit nettement les deux volets du système Panflex tirés sur les 6 K2. Chacun d’entre eux réduisant l’ouverture horizontale de 20°, on passe de 110° à 70°. Ceux des deux K2 qui prolongent et terminent la ligne de K1 en revanche sont repoussés car c’est justement l’ouverture latérale la plus large qui est recherchée.

Le système vu de près. On aperçoit nettement les deux volets du système Panflex tirés sur les 6 K2. Chacun d’entre eux réduisant l’ouverture horizontale de 20°, on passe de 110° à 70°. Ceux des deux K2 qui prolongent et terminent la ligne de K1 en revanche sont repoussés car c’est justement l’ouverture latérale la plus large qui est recherchée.

SLU : Vis-à-vis de la scène tu es placé comment ?

Maxime Ménélec : Le “main” est avancé à trois mètres, le point avant des K2 est à deux mètres et le point arrière à 40 cm de la scène.

SLU : Ce type de montage peut être déployé partout et pour tout type de prestation ? Il génère un poids moins réparti et une gêne visuelle un peu plus importante.

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Maxime Ménélec : Il y a toujours des situations où le poids et des aspects visuels priment mais pour des Zéniths où l’on dispose de capacités d’accroche importantes et où le son a son importance, ça devrait aller. Si tu as un bon rigger, ce n’est pas une purge au montage. Ce soir avec 10 K1 et 2 K2 en “down” plus les 6 K2 d’“out”, nous avons une charge totale de 1,2 T pour le “main” et 400 kg pour les K2, rien d’insurmontable pour des salles conçues pour ça.

SLU : Est-ce que selon toi ce type de montage est réalisable avec toute sorte de boîte ?

Maxime Ménélec : Nous avons la chance d’avoir du K2 qui offre plusieurs directivités symétriques comme asymétriques et dispose d’un très bon guidage qui permet de réaliser un “overlap” minime entre le “main” et l’“outfill”. Employer du Kara qui ouvre à 110° de façon fixe génère un peu plus d’interférences dans le médium et l’aigu car le recouvrement est forcément plus grand. Comme le délai ne peut être qu’un seul, il est essentiel de limiter cet “overlap” pour minimiser les interférences audibles.

Voici ce que donne un déploiement classique d’un renfort latéral, placé à 6 mètres du système principal et avec un azimut de 35° par rapport à lui. Nous sommes ici à 60 Hz. La comparaison avec le montage resserré est cruelle tant la « part des anges interférents » est importante

Voici ce que donne un déploiement classique d’un renfort latéral à 60Hz, placé à 6 mètres du système principal et avec un azimut de 35° par rapport à lui. La comparaison avec le montage resserré est cruelle tant la « part des anges interférents » est importante

Voici ce que donne le déploiement resserré entre principal et latéral à 60 Hz. Non seulement c’est parfaitement uniforme, mais en plus cela dénote l’absence totale d’interférences et donc l’exploitation parfaite de toute l’énergie délivrée par les enceintes.

Voici maintenant ce que donne le déploiement resserré entre principal et latéral toujours à 60 Hz. Non seulement c’est parfaitement uniforme, mais en plus cela dénote l’absence totale d’interférences et donc l’exploitation parfaite de toute l’énergie délivrée par les enceintes.


Le même déploiement classique mais à 125 Hz. Cela pourrait sembler pas mal, si ce n’est qu’ici aussi le prélèvement dû aux interférences s’apparente à l’imposition française. Massif. Comparez avec le montage resserré aux mêmes fréquences, cela se passe de tout commentaire.

Le montage classique cette fois à 125 Hz. Cela pourrait sembler pas mal, si ce n’est qu’ici aussi le prélèvement dû aux interférences s’apparente à l’imposition française. Massif. Comparez avec le montage resserré aux mêmes fréquences, cela se passe de tout commentaire.

Le même déploiement resserré à 125-250 Hz. Pas de lobes, juste un rendu uniforme et quasi cardioïde.

Le montage cette fois resserré à 125 Hz. Pas de lobes, juste un rendu uniforme et quasi cardioïde.


SLU : Tu as placé ta boîte basse de l’“outfill” à hauteur de la dernière K2 “down”, c’est voulu ?

Maxime Ménélec : On pourrait très bien remonter l’“outfill” et le tilter vers le bas. L’idée ce soir c’est d’avoir la même couleur entre les K2 qui finissent la ligne de K1 et les K2 des “outfills”. Les boîtes du bas tapent à la même distance du gradin, d’où ce choix de les avoir à la même hauteur. La position de l’“outfill” et sa hauteur ne sont pas neutres dans le rendu du grave du système principal. C’est un peu comme lorsque tu places des K-Sub derrière ton système. Suivant l’endroit où tu les places, tu fais varier la directivité de ton grave. Vlad ou Bellote ont déjà placé du K1-Sub en bas de ligne sous le K1 pour changer la directivité du système.

Les subs à cour, des SB28 en montage cardioïde. 6 unités, ce qui peut paraître peu mais qui se justifie pleinement quand on regarde les prédictions de Soundvision. Trois Kara et une 12Xt complètent le dispositif. Les premiers rangs bénéficient de 8Xt pour redonner un peu de présence devant.

Les subs à cour, des SB28 en montage cardioïde. 6 unités, ce qui peut paraître peu mais qui se justifie pleinement quand on regarde les prédictions de Soundvision. Trois Kara et une 12Xt complètent le dispositif. Les premiers rangs bénéficient de 8Xt pour redonner un peu de présence devant.

SLU : Dans la transition K1 vers K2 en tournant dans les gradins, on constate une différence de couleur logique dans le haut entre les deux boîtes mais aussi dans le bas.

Maxime Ménélec : C’est logique. Le K1 a un 15 pouces la où le K2 a un 12 pouces. Le rendu et la profondeur ne sont pas tout à fait les mêmes et puis les dix K1 ont un contour de 18 dB là où les six K2 n’en offrent que 8. Pas mal de l’énergie dans le bas du spectre vient du K1.

Tournée Top 50

K2, l’arme de sonorisation massive

SLU : Revenons à l’enceinte idéale pour ton montage. Faut-il un modèle qui guide très bien le son et, dans ce cas, K2 est-il la solution ?

Stéphane Plisson et Max Ménélec

Stéphane Plisson et Max Ménélec qui est en train de se faire méchamment chambrer par le plateau dans l’intercom ;0)

Maxime Ménélec : Ce qui est bluffant avec ce modèle c’est la cohérence que tu as entre les boîtes déjà dans la ligne, dans le médium-aigu et surtout dans l’aigu.
Quand tu ouvres les angles, l’aigu reste très bon, très naturel et cette qualité est propre au K2, on ne la retrouve pas forcément dans d’autres modèles. C’est un aigu qui monte très haut et qui est doux, mais qu’il faut bien entendu travailler comme dans toutes les boîtes du marché. Cette enceinte est réussie aussi par sa cohérence. Du grave à l’extrême aigu, tout se tient. Si tu as une bonne balance tonale, ça roule.

SLU : Commet fais-tu à donner des couleurs dans le bas à tes “outfills” quand ces derniers sont par exemple constitués de Kara ? Le contour que tu tires d’HP en 8’’ ne suffira jamais face aux autres références du catalogue L-Acoustics.

Maxime Ménélec : Il y a deux éléments clé du LA-Manager dont je me sers exclusivement, je n’emploie aucun autre processeur de son externe. Il s’agit du Zoom Factor et du LF Contour, plus les 8 points d’EQ. Cela marche très bien et c’est largement suffisant pour travailler car en dehors des modes de salle et d’un lissage de sa courbe, le système marche très bien ainsi. J’essaie toujours d’aller dans le sens préconisé par le constructeur du système, que je travaille avec du L-Acoustics, de l’Adamson, du d&b ou autre.

La Pro 9 de Maw, entendez par là de Stéphane !

La Pro 9 de Maw, entendez par là de Stéphane !

SLU : Revenons au K2 et à sa polaire. Elle est fatalement plus régulière que celle du K1, ces deux boites sont séparées par une dizaine d’années…

Maxime Ménélec : La polaire du K2 est monstrueuse. Elle a bénéficié à plein du travail fait sur K1 mais avec des outils plus modernes ce qui rend l’ouverture encore plus régulière et constante.

Même à des fréquences aussi hautes, l’interférence est minime : le résultat d’un recouvrement volontairement très limité entre les deux enceintes. En bleu on a la zone où chaque enceinte agit seule, en rouge la partie où la somme des deux se révèle interférente et en jaune, celle où, au contraire, la somme est constructive. En bougeant finement le délai, il est possible de choisir où « placer » ces accidents minimes.

Même à des fréquences aussi hautes que 1000 à 4000Hz, l’interférence est minime : le résultat d’un recouvrement volontairement très limité entre les deux enceintes. En bleu on a la zone où chaque enceinte agit seule, en rouge la partie où la somme des deux se révèle interférente et en jaune, celle où, au contraire, la somme est constructive. En bougeant finement le délai, il est possible de choisir où « placer » ces accidents minimes.

SLU : Est-ce que ton montage ne bénéficierait pas d’être bâti exclusivement sur K2 ?

Maxime Ménélec : Si à plein, c’est le meilleur résultat qu’on ait eu. K2 en “main” et en “outfill” ça marche du tonnerre et la balance tonale est naturellement identique puisque ce sont les mêmes HP.
Tu peux aussi par exemple choisir 70° en “main” et 90° en extérieur et tu peux jouer, autant sur la directivité horizontale, que verticale.
Tu peux aussi rediriger le lobe du grave de tout le système en jouant avec l’“outfill” dans la ligne pour le remonter ou le redescendre puisque tu es constructif partout dans le grave.
Si par exemple tu as un manque d’énergie dans une grande salle, tu remontes un peu l’“outfill” et ça va te redonner du contour en façade sans être interférent.


Le système à cour, photographié dans l‘axe du renfort latéral et donc à 55°de celui des K1. Les dix boites principales sont prolongés par deux K2 dont on aperçoit l’accessoire qui les raccorde aux K1.

Le système à cour, photographié dans l‘axe du renfort latéral et donc à 55°de celui des K1. Les dix boites principales sont prolongés par deux K2 dont on aperçoit l’accessoire qui les raccorde aux K1.

Pour résumer, l’“outfill” n’est plus une contrainte puisque tu as quelque chose qui est parfaitement constructif, mais il faut travailler et bien caler l’ensemble surtout quand tu as des gros “outfills” avec beaucoup de contour. J’aurais aimé avoir du K2 aussi en principal pour ce soir mais il est victime de son succès, du coup il est dur à trouver.

SLU : Comment as-tu déterminé avec précision que ton montage ouvert à 55° entre “main” et “outfill” passe et tient mécaniquement dans une salle ?

Maxime Ménélec : Soundvision est très précis, mais pour être sûr et certain de mon coup, je contrôle tout dans Autocad. Je ne le fais pas pour chaque date, mais pour le Zénith de ce soir, j’ai préféré le faire. Malgré tout, on a dû légèrement ajuster car les deux boîtes du bas sont à 5 cm. Mais ça passe (rires)

SLU : Ton résultat de qualité sur les extérieurs ne pourrait-il pas te permettre un tilt intérieur du système ce qui limiterait le nombre d’enceintes de complément pour boucher les « trous » ?

Maxime Ménélec : Je ne suis pas trop pour tilter vers l’intérieur. Je préfère que le système soit bien droit. Même si les polaires sont bien faites aujourd’hui, au centre et donc à la console, cela compliquerait le calage du médium et de l’aigu et le rendu ne serait pas pareil et uniforme.”

Tournée Top 50

Au plateau avec Axel Vivini

Quoi faire quand on est accueilli par les techniciens d’une tournée et qu’on meurt d’envie de les faire parler…On le fait ! Après Max, place à Axel Vivini qui assure les retours du groupe qui accompagne l’ensemble des artistes de la tournée, bien sûr de ces derniers ainsi que MC Toesca et sa légendaire patate. En plus, sur le plateau des X15HiQ brillent de mille feux, l’occasion de demander un avis éclairé sur ce nouveau retour.

Axel Vivini, ingé son retours de Top50, et pas que !

Axel Vivini, ingé son retours de Top50, et pas que !

SLU : Comment trouves-tu les X15 et leur rendu ?

Axel Vivini : “J’en ai parlé à Fred (Bailly NDR). Selon moi dans le grave comme dans l’aigu, on a trop de choses dont on n’a pas forcément besoin quand on mixe des retours. J’aimerais avoir un preset axé sur les retours qui réduise les informations pour les concentrer là où on en a vraiment besoin en wedge.
La X15 est une enceinte conçue pour être polyvalente, et c’est tout à fait le cas, mais en retours on n’a pas besoin d’avoir un aigu qui monte aussi haut avec autant d’énergie dans l’extrême aigu et c’est un peu pareil dans le grave. Il faut le raccourcir un peu pour se concentrer plus sur l’impact.
Ceci étant dit, c’est un bon et un vrai wedge avec une qualité importante qui est celle d’avoir la même balance tonale quel que soit le niveau auquel tu travailles, une balance naturelle et agréable. Tu prends ce wedge, tu fais trois points d’eq et c’est parti, la voix sort tout de suite. Ils ont oublié les Speakon sur les côtés mais ça mis à part, l’ébénisterie est top.

SLU : En fait tu aimerais avoir dès le départ un rendu plus ramassé…

Axel Vivini : Oui parce que tailler dedans enlève de la dynamique.

SLU : Quel preset utilises-tu, celui de base ou bien la version à basse latence ?

Axel Vivini : Celui de base. Il retarde un peu plus mais je le préfère car on n’est pas sur un point de chant lead mais bien sur une ligne de wedges où le son doit être uniforme et je trouve qu’il est mieux dans ce rôle.

L-Acoustics X15HiQ Horizontal

L-Acoustics X15HiQ

SLU : Comment trouves-tu la couverture du X15 ?

Axel Vivini : Il est hyper homogène et en plus le son sort vraiment de la boîte.
Pour revenir sur sa générosité dans les extrêmes, quand par exemple on utilise les wedges en ligne avant, entre les sides, ce sont ces derniers qui apportent le complément dont on a besoin dans l’aigu, le grave, l’ouverture et l’image. Dans les wedges je n’ai besoin que de précision et de projection.
Il est possible que prochainement L-Acoustics apporte des solutions soit dans le preset, soit dans les outils de contour. Quoi qu’il en soit, je suis heureux car c’est un bon outil de travail et comme on va le retrouver chez tous les prestataires, autant qu’il soit réussi, ce qui est le cas. J’ai 8 statiques devant, très peu de corrections et aucun problème.

Sans doute l’une des plus belles crises de rire de l’année. On vous racontera pourquoi dans quelques années, pour le moment il y a embargo

Sans doute l’une des plus belles crises de rire de l’année. On vous racontera pourquoi dans quelques années, pour le moment il y a embargo

SLU : Tu répartis comment entre wedges et sides ?

Axel Vivini : En bas je mets une voix assez brute, du pied et un peu de basse, les sources plutôt mono et dans les sides tout le reste pour élargir le plus possible l’image.
Les musiciens sont tous en ears avec les amplis AMP912 d’Earsonics. Comme ils ne bougent pas et qu’en HF on a de plus en plus de contraintes, autant les mettre en filaire, sachant qu’en plus ça sonne et que cet ampli est, à mon avis, ce que l’on trouve de mieux.

SLU : A quoi te sert le X32 Behringer ?

Axel Vivini : à gérer tous les talks. La première raison est que cela permet de décharger la console principale.
La seconde est que si j’ai un problème avec la console, je ne perds pas les talks. Si je dois rebooter ou si Steph doit le faire, le réseau d’ordre reste toujours actif et on peut continuer à communiquer.

Le X32 Behringer, ou, comme nous l’a expliqué Axel, une façon maline et rackable de faire son intercom.

Le X32 Behringer, ou, comme nous l’a expliqué Axel, une façon maline et rackable de faire son intercom.

SLU : En plus ça sort bien là-haut tes talks !

Axel Vivini : Ah je te remercie, au moins j’ai réussi ça (rires) !
Sans oublier que le rapport qualité/prix de cette table est imbattable.
En rack elle coûte dans les 1300 € TTC et sort d’origine en AES50 ce qui est très pratique si tu es en Midas ou bien en MADI via une carte optionnelle pour s’interfacer avec d’autres consoles. Je la pilote avec mon écran sous les yeux.

Tournée Top 50

Earsonics bien représenté

SLU : Tu utilises des Velvet de Earsonics en universel à ce que je vois…

Axel Vivini : Oui, ce sont de bons casques. J’en ai 14 paires et ça marche très, très bien. C’est assez proche de l’EM32 même si ça reste un universel avec toutes les contraintes propres à cette technologie et encore plus ici puisqu’on ne peut pas mouler des adaptateurs, la canule est plus grande que sur les autres universels. Ce casque a pas mal de headroom, et même pour les chanteurs qui écoutent fort, on peut garder un signal équilibré, et c’est une vertu très rare.

SLU : Tu fais comment pour juger de la pertinence d’une demande ? Tu écoutes ne serait-ce que quelques secondes au niveau de chaque artistes ?

Axel Vivini : Oui bien sûr, mais tout comme Ben Rico, on règle une fois pour toutes un volume fixe sur les packs et autres amplis, et c’est nous depuis les régies qui déterminons le niveau, ce qui nous permet, en AFL, d’écouter exactement ce qu’ils entendent. Après, je n’écoute pas tout le temps à leur niveau…

SLU : Faut préserver l’outil (rires)

Axel Vivini : Exactement ! Je ne peux pas le casser. De là l’avantage d’avoir des casques qui ont une balance tonale régulière à tous les niveaux.

SLU : La régie retours est mise à disposition par WIP ?

Axel Vivini : Oui absolument, la boîte de Laurent Midas.”

Nelly, assistante plateau, Steph Plisson, dans ta face et Axel Vivini dans tes retours.

Nelly, assistante plateau, Steph Plisson, dans ta face et Axel Vivini dans tes retours.

Et Steph il ne parle pas ?

Bien sûr il a parlé, mais pour mettre en avant ses collaborateurs, son équipe, celles et ceux qui travaillent avec lui et font de chaque date une réussite pour le public comme pour les artistes.

Appelons ça l’esprit « MaWip » car il sait à quel point le matériel c’est bien, mais l’humain passe avant, même quand il fait des blagues de potache ! Surtout quand il les fait d’ailleurs, pas vrai Max !

Conclusion

Il ne fait aucun doute que le montage serré des “side hangs”, les latéraux en bon français, marche sacrément bien et pas uniquement sur des graphiques qui en démontrent la justesse théorique. On a beau se balader de long en large, le grave est omniprésent et on coulisse avec une absolue fluidité du K1 au K2.
Certes, tout n’était pas parfait et quelques K2 en plus pour avoir un contour plus flatteur vis-à-vis des K1, et une ligne plus droite pour retrouver le haut si naturel du K2 n’auraient pas été de refus, mais une fois qu’on a dit cela, il paraît difficile aujourd’hui d’accrocher des renforts latéraux autrement que comme ça, surtout si ces derniers sont de taille respectable et donc en mesure de creuser le grave façon gruyère.

Outre le bas du spectre, le médium et l’aigu passent aussi comme une fleur, à en croire que c’est facile de raccorder deux lignes. Juste le rendu d’ensemble et les voix nous ont paru lors des premiers titres un poil trop forts et rêches, après, est-ce que le K1, une bête taillée pour les grands espaces et conçue pour avaler les distances, est le choix idéal dans une salle somme toute petite, à vous de trancher !
Un dernier mot pour les lights, ça devient une habitude, mais quand il s’agit de distribuer les bons points, ce n’est pas la plus mauvaise. Efficaces, justes, colorés et avec quelques jolies trouvailles, ils ont apporté du rythme et du liant au show, un peu comme le fait Marc Toesca chaque soir. Bravo Aldo.

L’équipe son FOH et lumière au grand complet avec Fredéric Fayard dit Aldo, concepteur lumière de la tournée, Stéphane Plisson, ingé son façade et en dessous Max Ménélec ingé système et Thierry Cunche, barbu mais pas barbant sur ses lumières

L’équipe son FOH et lumière au grand complet avec Fredéric Fayard dit Aldo, concepteur lumière de la tournée, Stéphane Plisson, ingé son façade et en dessous Max Ménélec ingé système et Thierry Cunche, barbu mais pas barbant sur ses lumières

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Info prestataires

Melpo casse sa tirelire

Melpomen Martin Mac Aura

La saison des festivals, les bien nommés « festoches » approche et les prestataires complètent leurs parcs pour être en mesure de suivre, voire devancer les demandes des équipes artistiques.
Melpomen a cassé sa tirelire notamment chez Martin et L-Acoustics.
Peut-être sont-ils en train de les déballer alors que vous lisez ces lignes, le fait est que ce sont bien 48 Mac Aura, les indémodables et ultra prescrits wash/beam qui rentrent en parc.
Si vous avez envie de vous replonger dans les entrailles de ce projecteur, voici de quoi lire utile avec le banc d’essai dans SoundLightUp via le lien ci-après : Martin Mac Aura XB contre Mac Aura

L-Acoustics KS28

L-Acoustics KS28

Le son n’est pas en reste puisque Thierry Tranchant annonce fièrement l’arrivée des deux nouveaux poids lourds de Marcoussis pour venir donner un coup de jeune au bas du spectre de l’offre melpomienne en L-Acoustics, le KS28 et son  » moteur V12  » dernier cri, le LA12X.

L-Acoustics LA12X

L-Acoustics LA12X

Pour tout savoir sur les KS28 et LA12X, le plus simple est de lire ces quelques infos glanées auprès de Florent Bernard.
On peut lui faire confiance !
Voir l’article SLU avec le lien ci-après : L-Acoustics LA12X et KS28 en détail avec Florent Bernard

Ils seront prêts à prendre la route et les entrailles des spectateurs au début de ce mois de juin, accompagnés par un panachage de X8, X12 et X15 HiQ.

L-Acoustics X8, X12 et X15 HiQ

L-Acoustics X8, X12 et X15 HiQ

D’autres informations sur les sites : Martin, L-Acoustics, Melpomen.

A Radio France

Le Grand Auditorium de la Maison de la Radio en Adamson S10

Le cluster central vu de près. Initialement équipé de 20 têtes en trois lignes il a ensuite évolué vers la configuration actuelle en 4 lignes et 25 enceintes assurant une couverture plus uniforme.

Le cluster central vu de près. Initialement équipé de 20 têtes en trois lignes il a ensuite évolué vers la configuration actuelle en 4 lignes et 25 enceintes assurant une couverture plus uniforme.

Le nouvel Auditorium de la Maison de la radio, édifié sur l’emplacement des anciens studios 102 et 103 de la Maison de la radio, est une salle de concert exceptionnelle conçue en forme d’arène et dotée d’un orgue monumental. La grande série de travaux entreprise en 2003 et confiée par Radio France au cabinet Architecture Studio afin de mettre aux normes le bâtiment de la radio, a été l’occasion de repenser certains espaces.

Une vue permettant de voir la potence maintenant le tilt de la ligne de 5 boites côté orgue.

Une vue permettant de voir la potence maintenant le tilt de la ligne de 5 boites côté orgue.

L’objectif premier étant de mettre à la disposition des formations musicales de la Maison ; l’Orchestre National de France, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, le Chœur et la Maîtrise de Radio France, d’un ensemble de salles de répétition et de concert conformes aux exigences acoustiques d’aujourd’hui.
L’Auditorium dispose de 1461 places installées en balcons et réparties tout autour de la scène et des musiciens. Cette architecture unique offre un champ de vision inédit. Le spectateur n’est jamais à plus de 17 mètres de la scène et bénéficie ainsi d’une relation de proximité et d’intimité avec les musiciens.

C’est le cabinet Nagata Acoustics, spécialiste en ingénierie du son et connu pour avoir contribué à la conception de plus de soixante-dix salles et le cabinet Jean-Paul Lamoureux Acoustique qui ont pensé l’acoustique de l’Auditorium.
Dans cette salle, tout est conçu pour que le son circule et se réfléchisse grâce à des parements de bois sur les balcons et à des polycylindres situés à l’arrière des gradins. Le plafond a, quant à lui, été équipé d’une lentille réfléchissante appelée canopy, afin d’optimiser la propagation et la réflexion acoustiques, utile à la relation entre les musiciens eux-mêmes et à la qualité sonore diffusée dans la salle.

Le cluster et son placement à l’aplomb de la scène et des musiciens.

Le cluster et son placement à l’aplomb de la scène et des musiciens.

C’est à Bruno Lompech, responsable du service sonorisation à Radio France, qu’est revenue la lourde tâche de concevoir un système de diffusion apte à renforcer et soutenir certains programmes dans un environnement acoustique assez hostile à l’amplification. 
Le chalenge a été relevé avec élégance en intégrant un système Adamson S10 installé en position centrale et constitué de 4 lignes distinctes.

A la verticale du système, le rack de 4 amplis Lab.gruppen D120:4L, la version installation des PLM 12K44 et partageant avec ces derniers nombre de technologies ainsi que la puissance totale disponible sur les 4 canaux : 12 KW. On aperçoit aussi les deux Lake LM44.

A la verticale du système, le rack de 4 amplis Lab.gruppen D120:4L, la version installation des PLM 12K44 et partageant avec ces derniers nombre de technologies ainsi que la puissance totale disponible sur les 4 canaux : 12 KW. On aperçoit aussi les deux Lake LM44.

L’amplification s’opère grâce à des contrôleurs Lab.gruppen D120:4L, conçus spécifiquement pour l’installation, avec processing Lake intégré. Deux Lake LM44, dont un sert en miroir pour assurer la redondance, dirigent et pilotent les flux audio au protocole Dante.
La mission a été confiée à la société Lagoona au travers d’un appel d’offre, et les travaux ont été réalisés sous la direction de Denis Fenninger avec la collaboration et l’assistance de Pascal Guillaume de DV2 pour le calage.
Pour répondre aux exigences de Radio-France et de son responsable de la régie des grands studios, Pascal Baranzelli, un réseau redondant dédié a été déployé sous la maîtrise de Jérémy Manissier de Lagoona dans ce vaste terrain d’opération.
Equipé de nombreux switchs, il permet de placer la régie en divers points de la salle et bascule automatiquement en AES, sans interruption de l’audio, en cas d’incident sur le réseau Dante.
Déjà déployé sur de nombreux événements, le système a démontré sa souplesse d’exploitation et un rendu à la hauteur d’un lieu exceptionnel.

D’autres informations sur le site de Lagoona et sur le site de DV2

 

Nouveauté Infocomm Las Vegas

L-Acoustics dévoile le Line-Array ultra compact Kiva II

L-Acoustics Line-Array ultra compact Kiva II

L-Acoustics Line-Array ultra compact Kiva II

Aujourd’hui, L-Acoustics a dévoilé Kiva II, la nouvelle version du plus petit line-array à son catalogue offrant 6 dB de SPL Max en plus, le passage à 16 ohms pour rationaliser les ressources d’amplification et une nouvelle ébénisterie repensée.

Malgré son format ultra compact, le Kiva II est bâti autour du concept fondateur des lignes sources grand format de L-Acoustics, la WST ou Wavefront Sculpture Technology™, grâce auquel il est en mesure de fournir une portée importante et une couverture homogène.
A cet effet, cette nouvelle enceinte adopte un montage coplanaire en K de ses transducteurs, ce qui permet d’offrir une ouverture symétrique horizontale de 100°, sans lobes secondaires et sur la totalité de sa bande passante utile.

Pesant 14 kg, soit à peine un kilo de plus que son prédécesseur, il bénéficie d’un accrochage discret par le haut facilitant son implantation dans tout projet architectural fixe ou bien événementiel où la discrétion est essentielle. Kiva II répond aussi parfaitement aux besoins des déploiements multi canaux L-ISA™.

« Kiva II garde les lignes élégantes de cette enceinte, mais la comparaison s’arrête là » nous explique Cédric Montrezor, le directeur applications dédié aux installations chez L-Acoustics.
« Avec 137 dB de SPL Max et pour l’équivalent de « 1,5dB » de prix public en plus comparé à l’ancien modèle, Kiva II est désormais la référence dans sa catégorie en termes de ratio taille/SPL. »
« Au-delà de cet impressionnant niveau maximum, nous avons aussi renforcé sa résistance à l’humidité, ajouté des indicateurs de verrouillage du système d’accroche et conçu de nouveaux accessoires afin d’en étendre les possibilités de déploiement. »

Kiva II va être officiellement présenté au salon Infocomm 16 au Las Vegas Convention Center du 8 au 10 juin 2016 sur le stand L-Acoustics C12116 et sera disponible à la fin de l’année 2016.

SSL, Adamson & Beyer

Lilly Wood and the Kick. Pour l’amour du pied avec Ivan Herceg

Il y a à peu près deux ans, on s’est pris une claque avec Ivan Herceg à la face de Lilly Wood & the Prick au Zénith de Paris. Quelle mouche nous a piqué d’y retourner ? Nul ne le sait si ce n’est que paf, il a remis ça le bougre.
Exit le d&b de 2014, cette fois c’est Adamson qui s’y colle et rien ne change. On pourrait lui ressortir des colonnes Golden Sound, ça sonnerait encore, d’autant plus qu’SSL s’est joint à la fête. En route au pays des astuces et du joli son. Qui tape.

Les loges du Zénith et le fameux lustre digne d’un opéra

Les loges du Zénith et le fameux lustre digne d’un opéra

La première question de ce reportage est en fait un SMS échangé quelques jours avant de se retrouver au Zénith. Au fait, tu auras quoi en diff ? « Je ne sais pas trop, je me renseigne.» La réponse ne se fait pas attendre. « J’aurai celle de Parov Stelar, le DJ qui joue la veille, ce sera de l’Adamson. »
Bonne surprise, c’est un chouette système en E15 et T21 avec quelques S10 pour n’oublier personne, et il y a de quoi faire. La première partie termine sa balance, le moment est parfait pour aller s’isoler en loge, celle des techniciens, cachée dans la ruche derrière la scène du Zénith où l’on retrouve un semblant de calme. On est accompagné par Ivan, Julien Ravary qui mixe les retours et Bruno Azoto, un backliner qui aime beaucoup la technique et réciproquement !

Surprise dans les coulisses du Zénith, l’équipe son de tournée avec de gauche à droite Ivan Herceg Mr. FOHman, Elizabeth Liotta assistante plateau et backlineuse en chef, Bruno Azoto backliner en chef et Julien Ravary, ingé son retours. En chef lui aussi, il n’y a pas de raison.

Surprise dans les coulisses du Zénith, l’équipe son de tournée avec de gauche à droite Ivan Herceg Mr. FOHman, Elizabeth Liotta assistante plateau et backlineuse en chef, Bruno Azoto backliner en chef et Julien Ravary, ingé son retours. En chef lui aussi, il n’y a pas de raison.

Des hommes, des machines et Bruno Azoto !

Qui dit Lilly Wood dit pas mal de machines qui viennent compléter les parties jouées live et donner au son le côté produit qui caractérise le groupe. Backliner polyvalent, super à l’aise aussi avec ces machines, Bruno nous explique la configuration mise en place pour la tournée et qu’il déploie et choie chaque soir.

Bruno Azoto face à ses machines et notamment ses deux Mac. On n’est jamais trop prudent avec l’informatique. Outre les machines, les ordinateurs, les claviers, il s’occupe aussi des guitares et de la batterie. Comme il le dit si bien : « J’accorde, je change cordes et peaux, je règle et je répare, mais c’est uniquement parce que le nombre de grattes n’est pas énorme. » C’est ça, c’est toi qui l’es !

Bruno Azoto face à ses machines et notamment ses deux Mac. On n’est jamais trop prudent avec l’informatique. Outre les machines, les ordinateurs, les claviers, il s’occupe aussi des guitares et de la batterie. Comme il le dit si bien : « J’accorde, je change cordes et peaux, je règle et je répare, mais c’est uniquement parce que le nombre de grattes n’est pas énorme. » C’est ça, c’est toi qui l’es !

Bruno Azoto : Nous travaillons avec Live, qui synchronise tous les pads, les synthés, les échantillonneurs. Les chansons sont complétées, et de ce même Live partent tous les tops de synchro pour les lumières et tous les “Program Change” pour les machines. Tout le show, sauf quelques chansons acoustiques, est synchronisé.
Tout le monde utilise des ears donc il y a des clicks et quelques tonalités pour démarrer certains titres.
Trouver la bonne note quand le titre démarre par la voix ce n’est pas évident. Il n’y a en revanche pas de décomptes. On a un très bon batteur qui mène la danse et tout le monde s’y retrouve.

SLU : Qui dit ordinateur dit sécu. Tu as quoi comme solution, deux ordinateurs ?

Bruno Azoto : Oui, deux ordis qui peuvent basculer grâce à un switch Radial, le SW8. Chacun a sa carte son avec les niveaux calibrés pour qu’il n’y ait pas de surprise en cas de bascule.
Les deux jouent en parallèle, et si quelque chose ne va pas, c’est moi qui bascule. Il y a possibilité de le faire autrement mais comme je suis présent, on a choisi de le faire de cette façon-là d’autant que c’est plus sûr ainsi.

Le Roland A300 qui permet à Mathias Fisch, le batteur de la tournée de déclencher par titre l’ensemble des éléments sonores de complément. Chaque note est un play et une touche de stop arrête la lecture du Live. La présence de ce contrôleur évite d’avoir un ordinateur sur scène.

Le Roland A300 qui permet à Mathias Fisch, le batteur de la tournée de déclencher par titre l’ensemble des éléments sonores de complément. Chaque note est un play et une touche de stop arrête la lecture du Live. La présence de ce contrôleur évite d’avoir un ordinateur sur scène.

Ivan Herceg : Il n’y a pas non plus de séquences omniprésentes. Le groupe a enregistré des percussions en Afrique, ou de très jolis cœurs que l’on retrouve sur le nouvel album.
Il faut bien s’en servir pour que le concert ressemble à l’original.

SLU : Tu ressors des stems ou des sources individuelles ?

Ivan Herceg : Oh non des prémix. Dans la paire 1 et 2 j’ai tout ce qui est percussif et dans la 3 et 4 tout ce qui est harmonique, des synthés de guitares, des chœurs, d’autres voix…


C’est qui le Boss de Nili la chanteuse ? Moi ! Très simple d’utilisation et surtout alimenté par un signal propre provenant de la console de retours et pas un micro branché directement dans le Roland.

C’est qui le Boss de Nili la chanteuse ? Moi ! Très simple d’utilisation et surtout alimenté par un signal propre provenant de la console de retours et pas un micro branché directement dans le Roland.

Bruno Azoto : Il y a aussi des sons spécifiques qui sont déclenchés depuis la scène par un Akai pour avoir un effet de scène et faire en sorte que tout ne semble pas venir de nulle part par exemple durant les intros.

Ivan Herceg : On a transvasé des sons dans l’échantillonneur. Nili la chanteuse a aussi un sampler de voix RC-505 Boss qui est relié au Live d‘Ableton, ce qui fait qu’il est toujours calé.
Si par inadvertance elle se décale légèrement quand elle boucle sa voix, le tout se remet en place au tempo tout de suite.
Ca fait un sacré réseau entre les machines mais ça marche bien.


Quand on parle de Beyer, voici en bas de rack les récepteurs de la gamme TG1000 qu’on commence à retrouver sur pas mal de scènes pour une raison aussi simple que : « ça sonne ».

Quand on parle de Beyer, voici en bas de rack les récepteurs de la gamme TG1000 qu’on commence à retrouver sur pas mal de scènes pour une raison aussi simple que «ça sonne»

SLU : Le MIDI quand c’est chargé engendre une certaine latence. Ce n’est pas gênant ?

Bruno Azoto : Non. Je ne suis pas sur des grandes distances et j’ai un routeur MIDI MX-8, un vieil appareil très simple et pratique.
Le patch via des XLR se fait directement avec lui, sans avoir besoin d’employer des ordinateurs et des plugs. Je peux tirer des longueurs allant jusqu’à 20 mètres.
Je ne passe en revanche pas d’une machine à une autre comme cela se faisait avant. Trois machines en Through et tu perds des infos.

SLU : On parlait de latence du MIDI sous certaines conditions. Vous utilisez des HF numériques Beyer. Eux aussi en génèrent un peu. C’est le revers de la médaille de leur super son.

Julien Ravary : Oui dans les 2 millisecondes mais le groupe s’en accommode très bien et n’a pas manifesté de gêne. Il y a des chanteurs très sensibles et d’autres pas.
Quoi qu’il en soit, 2 ms cela reste très peu marqué. Il y a aussi des ingés retours qui dosent des petits retards dans les ears pour offrir aux artistes un son bien spécifique et déconnecté de la boîte crânienne.
Peut-être cela n’est pas un problème dans le fond (sourire).

SSL, Super Son Ludo !

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Ivan Herceg : Sur les consoles SSL, il y a un réglage de délai et un correcteur de phase avec plusieurs courbes. Tu peux faire tourner la phase à la fréquence charnière qui t’intéresse. Peut-être est-ce possible de travailler une résonnance crânienne de cette façon-là, en opposant la phase uniquement sur la partie qui le gêne. Ca mérite de s’y pencher.

Julien Ravary : De mon côté, et après avoir fait pas mal de tests avec tous les micros, j’inverse la phase de la voix dans des ears. Je propose du moins d’écouter, et avec Lillywood tout le monde a adopté cette méthode.

SLU : Ta console quoi qu’il en soit génère de la latence.

Julien Ravary : Oui, malgré le fait qu’on soit à 96 kHz natif, elle en créé un peu, de là le fait aussi de tenter d’autres combinaisons en termes de phase avec des ears.

SLU : Puisqu’on parle console, qui a lancé l’idée des SSL ?

Ivan Herceg : C’est moi. Je l’ai proposée à Dushow. J’avais découvert cette table il y a quelques années, elle devait encore être en 1 (point) quelque chose et très peu de gens tournaient avec. J’ai écouté un peu d’audio sur un multipiste, la prise d’un concert. J’ai un peu joué avec l’égaliseur qui m’a paru bien et surtout j’ai vu son potentiel en termes d’ergonomie, de personnalisation de la surface et de puissance de traitement. Et puis c’est une SSL…

La chambre d’Ivan. Bien rangée avec sa console de jeu, une SSL Live L300

La chambre d’Ivan. Bien rangée avec sa console de jeu, une SSL Live L300

SLU : Le nom joue autant ?

Julien Ravary : Oui absolument, ça ne peut pas être mauvais

Ivan Herceg : Le nom joue, mais quand tu branches un micro et que tu écoutes ce que cela donne, ça donne.

Julien Ravary : Même si ta mémoire auditive n’est pas apte à te permettre de juger si tel ou tel son est « meilleur » que celui que tu as en mémoire…

Ivan Herceg : Plus précisément une personne qu’on ne citera pas et qui est de la profession prétend qu’on ne peut pas juger le rendu d’un SM58 dans un casque, ou plus précisément, ton cerveau ne peut pas imprimer les caractéristiques d’un rendu pour, par la suite, affirmer que cela est plus ou moins bon que dans d’autres cas de figure. Il faut pour cela travailler en comparatif A/B. Selon cette théorie donc, toute ton éducation de l’oreille tombe à l’eau.

Ingé Light : Nicolas BRION

Ingé Light : Nicolas Brion

SLU : Cet anathème sur la mémoire auditive a été lancé quand et où, à défaut de savoir par qui ?

Ivan Herceg : Chez Dushow durant la configuration des SSL où j’ai lancé : « viens écouter juste un 58 dans un casque que tu connais ! » avec le succès que tu imagines. Je ne suis, cela étant, pas d’accord avec lui (nous non plus NDR). Quand j’ai branché mon casque, j’ai trouvé que ça sonnait –chantmé-. C’est peut-être le préampli micro, peut-être l’ampli casque voire les deux, mais quoi qu’il en soit, ça s’entend. Quand on a ouvert les premières tranches sur le système, on a tous, tout de suite vu qu’il se passait quelque chose. T’es moins obligé d’égaliser, de chercher. Ca sonne tel quel et plus vite comme une très bonne console de studio.

SLU : Son ergonomie est assez différente de celle des autres numériques. Vous vous y êtes fait rapidement tous les deux ?

Julien Ravary : La grille de routing est la plus déroutante mais sinon ça va assez vite. Les layers se configurent comme tu en as envie. Il y a la possibilité de travailler en tactile avec l’écran principal ou sur des rotatifs juste à côté. Le channel strip entier est mis à la disposition de l’utilisateur et chacun travaille à sa guise et rien que ça c’est vraiment bien.

Ivan Herceg : Tu peux même ajouter une troisième variante à la « DiGiCo style » en te servant de l’écran et des commandes en-dessous de l’écran avec les flip-fader, les query.. Elle ne t’impose pas une manière de t’en servir.

Sacré Ivan, même sur une numérique, il attaque au ruban adhésif. Ils vont être contents chez Dushow ;0)

Sacré Ivan, même sur une numérique, il attaque au ruban adhésif. Ils vont être contents chez Dushow ;0)

Julien Ravary : Je pense qu’elle doit juste manquer de répondant en prestation quand par exemple on a des grands changements de patch et en festival cela ne doit pas être non plus très simple mais pour une tournée on s’éclate.

Ivan Herceg : Il ne faut pas perdre de vue que par essence cette table est vide et tu créés ton environnement. Il est aussi impossible de rattacher deux tranches en une stéréo. Il faut en créer une et ensuite lui affecter une source.

Julien Ravary : Le gros avantage est de pouvoir restructurer la console pendant que l’audio tourne. Elle ne génère pas de coupures.

Ivan Herceg : Il est possible aussi de retirer une tranche d’un layer sans perdre l’audio qui continue à jouer et de la placer partout ailleurs. Le layer manager est le point fort de cette table.

SLU : Vous partagez les mêmes préamplis via le réseau Blackmagic, mais c’est toi JR qui as la main sur le gain analogique !

Julien Ravary : Absolument. Nous avons un seul préampli avec en plus un coupe-bas analogique et après conversion, chaque console reçoit son signal. Si je touche pour quelque raison que ce soit au gain analogique, de toute façon le niveau de la console façade est compensé automatiquement.

Ivan Herceg : On se parle pas mal. Si par exemple je me retrouve avec une source à admettons -11 ou alors +14 au trim, cela veut dire qu’il y a un problème de gain en tête qui doit être réglé. On parle d’un offset numérique qui doit rester dans les 5/6 dB.

Julien Ravary : Pour avoir une course de fader logique, tous mes trims sont en négatif entre -6 et -7 et le gain est cohérent en entrée. On se connait depuis 4 ans et on a passé du temps à établir ces gains.

Ivan Herceg : On a commencé les répètes avec des stages séparés sans se concerter, et un jour on a comparé. On a trouvé des gains à ¼ de dB près et quelques-uns avec 15 dB d’écart. On a travaillé, fait des choix et trouvé les bons compromis.

Les deux stages SSL côté pile avec pour chacun 32 voies d’entrée. Les prises apparentes en face arrière ne sont que les sorties d’un split prévu pour alimenter une télé ou qui que ce soit d’autre.

Les deux stages SSL côté pile avec pour chacun 32 voies d’entrée. Les prises apparentes en face arrière ne sont que les sorties d’un split prévu pour alimenter une télé ou qui que ce soit d’autre.

SLU : Reste la question de la sécurité qu’on nous objecte fréquemment pour justifier le maintien de deux stages séparés.

Julien Ravary : Oui ce n’est pas faux, d’autant qu’hier soir on a eu 32 préamplis qui ont fait des caprices. On s’est posé la question de quoi faire car nous ne disposons pas d’un secours. Pour bien faire, il faudrait qu’on parte avec un spare. Splitter le signal analogique sonne moins bien. La solution de simplicité et de meilleure qualité est donc, si la production est d’accord et le prestataire en mesure de fournir, d’avoir un stage prêt à prendre la relève, ce que l’on a ce soir. Dushow a assuré.

Ivan Herceg : Dushow a même fait mieux puisqu’on devait partir avec deux Live 300 et en fin de compte on est parti avec une 500 et une 300 avant de revenir à nos deux 300 actuelles.

SLU : Le passage entre la 500 et la 300 n’a pénalisé personne ?

Julien Ravary : Non, c’est moi qui l’avais et comme les User Keys de SSL sont très bien faits, j’ai pu « retirer » un bac de 12 faders où j’avais tous mes départs en visuel et les gérer uniquement à l’aide des User keys à la demande. J’appelle le départ, je le mets en solo et je flipe la console en même temps. C’est grâce à la V3 que cela est possible. Du coup je garde un bac de 12 pour les entrées et un de 12 pour mes groupes avec lesquels je mixe. On a commencé à tourner l’été dernier même si la vraie tournée a commencé en novembre, donc les mix sont bien en place.

SLU : Les titres ont donc évolué ?

Ivan Herceg : Oui, l’été dernier, après une première résidence où nous avions la console, on est parti pour la saison des festivals, et en novembre on a travaillé d’autres titres et le show actuel avec une nouvelle résidence et un passage dans un studio d’enregistrement pour préparer les stems, les éditer et charger les machines : un très gros boulot. On n’a pas tout fait, loin de là, mais on a collaboré à la mise à niveau de l’ensemble.

Attention, Beyer revient !

Les deux émetteurs Beyer TG1000 avant le show. Vous ne connaissez pas cette tête ? C’est normal, il s’agit d’une Telefunken M80 !

Les deux émetteurs Beyer TG1000 avant le show. Vous ne connaissez pas cette tête ? C’est normal, il s’agit d’une Telefunken M80 !

SLU : Comment vous êtes-vous retrouvés avec du Beyer en HF ?

Ivan Herceg : Il y a trois ans sur la tournée précédente, nous nous étions fait prêter un TG1000 lors du Zénith de Paris qu’on avait trouvé très bien.
Julien a tourné avec Skip the Use avec la même référence, et quand nous avons attaqué cette tournée, on a fait un deal avec la marque pour avoir la possibilité d’essayer plein de modèles assez librement.
Le groupe est endorsé. L’avantage du Beyer c’est de pouvoir prendre d’autres capsules, d’ailleurs nous avons du Telefunken, la M80.

SLU : Pourquoi ne pas être resté avec les têtes TG ?

Julien Ravary : Après avoir fait des tests, on est parti sur la TG V70 qui est hyper cardioïde et isole bien du bruit de la scène. Nili la chanteuse a trouvé l’aigu un peu coloré, quelque chose de très habituel quand la directivité est resserrée, et a demandé à tester d’autres têtes.

Ivan Herceg : Avec la Beyer, on avait une grosse présence, une très belle assise de la voix qui du coup était facile à mixer en façade, un aigu gérable avec les outils de traitements modernes…

SLU : (je l’interromps) C’est Julien qui ne savait pas mixer ses retours (rires) !

Julien Ravary : Non même pas, elle était ravie. Nous avons d’excellents ears, des EM32 d’Earsonics, qui sont assez neutres et pas trop dans l’aigu, assez agréables à l’écoute.

Un Telefunken filaire caché dans l’avant-scène. Ca sent bon le spare. Mais pas que, il s’agit du spare du spare puisqu’un second HF est prêt pour Nili. Au cas où toute la HF est en rideau, le fil reprend ses droits.

Un Telefunken filaire caché dans l’avant-scène. Ca sent bon le spare. Mais pas que, il s’agit du spare du spare puisqu’un second HF est prêt pour Nili. Au cas où toute la HF est en rideau, le fil reprend ses droits.

SLU : Comment a-t-elle en ce cas entendu le mauvais côté de tout micro hyper cardioïde ?

Ivan Herceg : En écoutant les enregistrements MADI que je fais des dates, et c’est vrai que quand tu passes ton temps en studio à enregistrer ta voix avec des U47, tu sais ce qu’est un bel aigu et forcément tu ressens un manque avec des capteurs de scène. On a cherché, on en a essayé 8 ou 9 et notamment toute la gamme Beyer comme le 96 statique qui est remarquable mais capte trop de plateau, et le consensus s’est fait autour du M80.

SLU : Il faut dire que ton implantation de scène met la batterie dans la capsule de chant !

Ivan Herceg : Oui elle est très proche et n’est même pas sur un pratos. Si on avait eu plus de recul, le 96 aurait été jouable alors que là, chaque coup de snare ou de charley me déclenchait les délais et la réverbération sur la voix, surtout dans des salles réverbérantes. Ce n’était pas gérable.

SLU : Vous avez essayé uniquement durant les balances ?

Ivan Herceg : Non, balances et concert sont trop différents. On a testé des têtes durant de vraies dates. Comme les statiques ne marchaient pas, on en est revenu aux dynamiques, les modèles approchant le rendu d’un statique dans le haut du spectre pour garder de l’air dans le mix, et dans cette catégorie le Telefunken M80 a fait l’affaire.

Julien, mesure-moi un mouton ;0)

SLU : Vous voyagez avec quoi en tournée ?

Julien Ravary : Toute la scène et les régies, y compris les subs batterie et clavier car on avait du mal à avoir les deux dans certaines salles. La seule chose que je demande ce sont des sides.

Ivan Herceg : La diffusion, on la prend dans les salles où nous nous produisons. C’est notre premier Zénith non équipé. Pour le reste, ce sont des SMAC de jauge entre 800 et 2000 déjà équipées.

Pour les sides c’est L-Acoustics qui s’y colle avec l‘antépénultième version du sub de L-Acoustics depuis la sortie du KS28, puisqu’ici il s’agit du vaillant SB218 (136 dB SPL Max à comparer aux 140 du SB28 et aux 143 du KS) et de l’ARCS première génération.

Pour les sides c’est L-Acoustics qui s’y colle avec l‘antépénultième version du sub de L-Acoustics depuis la sortie du KS28, puisqu’ici il s’agit du vaillant SB218 (136 dB SPL Max à comparer aux 140 du SB28 et aux 143 du KS) et de l’ARCS première génération.

SLU : Les sides, alors que tu es à 100% en ears, c’est pour mettre un peu de pression sur scène ?

Julien Ravary : Oui, et aussi pour sauver la situation si tout à coup quelque chose devait planter avec les ears. La scène mesure 10 mètres de large et rentre partout, je n’ai pas besoin de matraquer.
On a un peu triché en écartant la scénographie et en la plaçant un peu en perspective pour donner l’illusion d’une taille plus grande ce soir, mais si tu regardes bien, la largeur de notre scène reste à 10 mètres.

SLU : Tu es serein aussi parce que tu te sers de tes ears, donc tu peux donner à tes artistes un son cohérent quelle que soit l’acoustique de la salle.

Julien Ravary : J’ai fait le même type de tournée aussi en wedge. Je suis un aficionado de la mesure, quelque chose sans doute dû à mon parcours d’étudiant.
Donc je pars du principe que quand j’arrive dans une salle où se trouvent des wedges que je ne connais pas ou qui ont l’air dépareillés, je vais tenter de me rapprocher d’une balance tonale qui me plaît en les mesurant tous.
Parfois, quand Ivan a un gros doute, je mets mon nez aussi devant.


SLU : Non, pas possible, tu ne te souviens pas de ce qu’est un bon son (rires) !

Julien Ravary : Mais si justement, la mesure me permet de m’approcher d’un protocole plus pragmatique.

SLU : Couleur tonale je veux bien, mais comportement dynamique…

Julien Ravary : Ahh c’est sûr, mais l’avantage de mesurer déjà c’est de se reposer les oreilles. On fait une « photographie » de chacun des wedges, une attitude moins empirique qu’en branchant un micro et en parlant dedans avec un micro, d’autant que ces allers-retours incessants entre scène et console pour corriger ce que j’ai entendu, je ne sais pas le faire ! Ce dont j’ai besoin c’est d’avoir un tableau clair pour pouvoir peindre dessus.

Les deux compères du son, Ivan Herceg et Julien Ravary. Vous remarquerez le regard d’Ivan, il devait penser déjà à la légende de cette photo en se demandant s’il serait mieux avec son bonnet ;0)

Les deux compères du son, Ivan Herceg et Julien Ravary. Vous remarquerez le regard d’Ivan, il devait penser déjà à la légende de cette photo en se demandant s’il serait mieux avec son bonnet ;0)

SLU : Le gros avantage de la mesure c’est aussi de débusquer les enceintes en panne ou par trop rincées…

Julien Ravary : C’est précisément ce qui nous est arrivé par exemple à la Laiterie, une salle équipée en PS15 où on a trouvé un trou à 1 kHz sur un certain nombre d’enceintes. Cela permet de savoir pourquoi la voix est un peu en dedans et de ne pas creuser le grave pour la ressortir. Cela prend un peu de temps le matin, mais on travaille bien plus sereinement après.

SLU : Ivan, as-tu souvent demandé à Julien de mettre son nez « devant » durant cette tournée ?

Ivan Herceg : Non pas trop. La qualité des installations fixes a bien progressé et nous avons la chance de ne plus trop nous produire dans des tout petits clubs où parfois on croise encore des systèmes un peu –roots-. La moyenne d’âge des installations et leur calage sont satisfaisants, tout comme la compétence des gens qui nous accueillent.

Bruit rose ou bruit de baguettes

SLU : Tu écoutes quoi pour te familiariser avec la diff des salles ? Quelques titres en Virtual ?

Julien Ravary : Non il n’écoute plus rien. C’est vrai, les gars de la salle sont très emmerdés et viennent me voir : « mais il n’écoute rien votre gars à la face ? »

Ivan Herceg : Non, plus de musique ou si peu. J’écoute beaucoup le bruit rose. « Alors maintenant que tu l’as joué en long, en large et en travers ton bruit, tu veux passer de la musique ? » Ce que j’écoute alors c’est le batteur. Grâce à lui, j’ai l’instrument de plus large bande, sinon je joue nos titres en boîte. Retoucher une diff à partir d’un CD masterisé est un non-sens, et quand le groupe arrive, tu relâches tout ce que tu as tripatouillé, alors pourquoi perdre du temps et user tes oreilles. Autant jouer aux échecs, surfer ou aller à la pêche (rires) !

Ingé Light : Nicolas BRION

Ingé Light : Nicolas Brion

SLU : Mais tu as donc mémorisé la façon dont le bruit rose doit jouer dans une salle et comme tu le sais désormais, c’est impossible (rires) ! Content d’avoir des E15 ce soir ?

Ivan Herceg : Oui absolument, même si j’aurais préféré avoir les nouveaux subs (les E219 NDR) à la place des T21. Cela dit ça marche très bien, et à la régie j’ai un très beau grave. Les T21 sont stackés en cardioïde. On joue aussi dans un petit Zénith à 3500 places ce qui est bon pour le son.

SLU : Etes-vous impactés par une forme de désaffection des spectacles vivants après les attentats ?

Ivan Herceg : Non, pas avec nos artistes, les salles sont quasiment pleines ou bien pleines à chaque date, et il n’y a pas eu une seule annulation, mais on a entendu parler d’autres tournées qui ont plus de mal.
Il faut savoir que le nouvel album de Lilly Wood and the Prick est sorti le 13 novembre 2015, autant te dire que l’actualité ne les a pas aidés… L’avantage avec ce groupe, c’est d’avoir un public très fidèle et pas trop jeune qui les suit et donc pas sujet à des phénomènes de mode, quelle que soit l’actualité discographique ou le buzz.

Julien Ravary : Et quand on dit « quasiment pleines » on est à 80% !

Le plateau nous attend

Le canon AKG pointé sur le dôme de la ride, la meilleure solution pour se débarrasser de la crash à effets qui lui est très proche.

Le canon AKG pointé sur le dôme de la ride, la meilleure solution pour se débarrasser de la crash à effets qui lui est très proche.

SLU : On fait un tour sur scène ? Tiens, un canon sur la ride, ça commence bien…

Ivan Herceg : C’est vrai qu’à part pour repiquer des ambiances pour les ears, personne ne sort de micros canon. C’est un préampli AKG 451 E monté en CK8.
Comme tu le vois, les deux cymbales sont très proches, et celle du dessous envoie une note très diffuse là où celle du dessus est intéressante pour son dôme.
Je le repique très précisément avec ce capteur, d’autant que (il prend une baguette et tape, ouch, la vilaine !) elle est assez envahissante. Le canon par au-dessus marche mieux selon moi que le simple cardio par en dessous.

Le micro à tout faire de Beyer et le spécial kick d’Audix côte à côte. Bien employés dans de la belle futaille bien réglée et jouée, c’est très intéressant comme résultat.

Le micro à tout faire de Beyer et le spécial kick d’Audix côte à côte. Bien employés dans de la belle futaille bien réglée et jouée, c’est très intéressant comme résultat.

Autre plan que j’apprécie particulièrement c’est le double micro dans la grosse caisse en veillant à bien aligner les capteurs.
J’ai essayé le SM91 mais je préfère le M88 Beyer et le D6 Audix et encore, au départ on aurait dû avoir un Bock mais on l’a cassé donc on s’est rabattu sur le D6 et ça marche pas mal du tout (très bien même NDR), c’est naturel. Le M88 sert à apporter le haut/mid car il n’a pas beaucoup de bas.
Il a un côté très punchy un peu typé « boite à rythmes années 80 » et le D6 fait le reste. Ils s’accordent très bien. Ils marchent constamment ensemble d’où la mise en phase parfaite. Juste dans quelques titres je modifie légèrement l’équilibre entre les deux. Il y a aussi un trigger qui permet de faire varier la sonorité de ce pied.

Belle à voir et belle à entendre, la Gretsch de Mathias Fisch. Peu de fûts mais un gros son. Derrière on aperçoit son sub SB18 L-Acoustics. Comme le dit Ivan, l’avantage de ce modèle est d’être musical et de bien s’accorder avec la face. Cela n’a pas été le cas avec d’autres modèles qui sonnaient de façon assez antinomique avec le système.

Belle à voir et belle à entendre, la Gretsch de Mathias Fisch. Peu de fûts mais un gros son. Derrière on aperçoit son sub SB18 L-Acoustics. Comme le dit Ivan, l’avantage de ce modèle est d’être musical et de bien s’accorder avec la face. Cela n’a pas été le cas avec d’autres modèles qui sonnaient de façon assez antinomique avec le système.

SLU : Et le reste de la batterie ?

Ivan Herceg : C’est plus classique sauf le nouveau pied K&M qui est très pratique et dégage bien le sol. J’ai un i5 Audix en top sur la caisse claire et du 535 AKG pour le timbre, et pour la charley on a aussi opté pour de l’AKG451 avec la capsule pliable. Pour les over, on a des Beyer MC930 qui sont vraiment top. Un peu plus ouverts que des Neumann. Pour les toms on a des D2 et D4 Audix.

Le tambourin magique. On distingue bien les deux piézos plaqués contre le manche et le SM 57 pointé vers les cymbalettes.

Le tambourin magique. On distingue bien les deux piézos plaqués contre le manche et le SM 57 pointé vers les cymbalettes.

Sur le tambourin il y a un SM57, mais avec un système maison que personne n’utilise. Il faut bien qu’on ait quelque chose à raconter !
C’est un piézo pour tambourin, deux capteurs, un à gauche et un à droite. Leur fonction est de (gaffe, néologisme féroce NDR) sidechainer l’ouverture du gate du tambourin.
Non, un simple gate ne marche pas car j’ai une réverbération très longue dessus et Mathias fait grand usage de ses toms basse notamment, ce qui me génère une queue de comète moche et dont on ne comprend pas trop ce qu’elle fait là.
On a pas mal cherché en changeant le positionnement du micro de repiquage mais rien ne vaut un nettoyage piloté par la source elle-même.
Pour la basse j’en reviens à ma solution de la tournée précédente avec du Radial JDX en sortie de tête et la JDV en classe A. Repiquer avec un micro un ampli de basse n’est pas aisé et les DI marchent très bien en tenant compte de l’impédance du HP.

La caisse claire dont on aperçoit, sur la gauche du micro, le trigger. On distingue aussi la tête orientable CK8 bien pointée sur la charley.

La caisse claire dont on aperçoit, sur la gauche du micro, le trigger. On distingue aussi la tête orientable CK8 bien pointée sur la charley.

Mathieu Denis, le bassiste, se sert de son Ampeg pour avoir du son, des sensations physiques dans son dos, mais dans ses ears, il a le mélange des deux boîtes en phase. Le ressenti et la précision.

SLU : Tu parlais avant de son normal pour le pied, mais le groupe est très produit, tu dois donc déclencher des trucs non ?

Ivan Herceg : Oui absolument. La caisse claire a un trigger, le pied aussi et en plus ce dernier a une seconde pédale qui ne sert que pour jouer le kick electro.

Assez rare surtout sur scène pour qu’on lui tire son portrait. Une des stars de l’analogique avec un son aussi gros que gras, le Prophet-600 d’Augustin.

Assez rare surtout sur scène pour qu’on lui tire son portrait. Une des stars de l’analogique avec un son aussi gros que gras, le Prophet-600 d’Augustin.

L’ampli de Clément, le guitariste du groupe avec, remarquez les attaches, deux micros dont un, à gauche le SM57, est le couteau suisse des plateaux, et à droite un Sennheiser 421 ancienne génération. Pile poil de quoi restituer le son bien pop du groupe. Gros et bien crunchy.

L’ampli de Clément, le guitariste du groupe avec, remarquez les attaches, deux micros dont un, à gauche le SM57, est le couteau suisse des plateaux, et à droite un Sennheiser 421 ancienne génération. Pile poil de quoi restituer le son bien pop du groupe. Gros et bien crunchy.

On parle un peu retours ?

SLU : Julien, ce sont quand même de sacrés sides pour des artistes équipés en ears deux ARCS par côté et un SB218 !

Julien Ravary : Oui si on veut. Un sub et deux têtes c’est équilibré, et pour moi les sides doivent être un rappel de ce qui se passe en façade. Les ARCS seuls n’envoient pas assez de bas. Je mixe aussi des façades, et j’ai une idée précise de ce que je veux entendre. On a beau être plus près des sources, je veux que le son soit aussi équilibré, mais si Ivan coupe la face, on se rend compte que je ne sonorise pas la salle avec ! C’est un complément, et si j’ai un problème de HF, je suis tranquille.

SLU : Tu as quoi comme émetteurs de ears ?

Julien Ravary : Du Shure, PSM1000. Ca marche très bien.

SLU : Ils s’accordent bien avec les Earsonics ?

Julien Ravary : Oui. Les EM32 sont beaucoup moins brillants et durs que les SM3. Les 32 sont travaillés différemment. Le bas mid et l’aigu sont très agréables. En live on se retrouve avec des capacités nouvelles.

Ingé Light : Nicolas BRION

Ingé Light : Nicolas Brion

SLU : Pas de générateurs de brillance ?

Ivan Herceg : Avec la SSL ce n’est pas nécessaire (il rigole NDR)

Julien Ravary : Non, j’évolue dans ma petite carrière de sondier et je n’en ressens pas le besoin. On peut très bien mixer en sachant ce qui va manquer une fois passé l’émetteur et le récepteur. Je parle souvent avec Joël Riaud (commercial et coach France pour Variphone), notamment, de la fatigue auditive et de la répétition de cette fatigue. Je fais très attention à ça, surtout aux retours. La surbrillance est quelque chose qui enjolive et te permet de mieux vendre ton mix mais à la fois de fatigant pour l’oreille.
C’est pareil avec les wedges. Les presets semblent souvent être faits pour tirer loin, mais quand tu te retrouves avec le wedge à moins de 2 mètres, l’aigu t’arrache la tête. J’ai pris pour habitude de creuser en plateau au-delà de 4 kHz. Je ne cherche pas de la pression en plus et du Larsen en moins en taillant la fréquence qui accroche, j’agis pour établir la meilleure balance tonale. Enfin quand un musicien te demande plus de niveau, il faut discuter avec lui avant de simplement céder.

Pas d’Ivan sans ses jouets

Le coin des goodies d’Ivan sous sa console, employés en sus des effets internes à la SSL

Le coin des goodies d’Ivan sous sa console, employés en sus des effets internes à la SSL

Un coup d’œil à la régie façade sous la SSL permet de débusquer encore quelques jouets qui en plus, comme d’hab avec Ivan, sont employés avec moult fourberies.

SLU : Le Fatso est attribué à quel groupe ou instrument ? Et tu nous racontes le reste ?

Ivan Herceg : Le Fatso est sur deux lignes de basse, le SSL XLogic est inséré sur le master de la console mais side-chainé avec une matrice.
C’est la matrice du mix sommé en mono et prélevé pré fader master, du coup cela agit en tant que threshold à distance. Cela me permet de toujours avoir la main sur la compression et d’éviter que les morceaux « vénères » soient trop compressés et les slows pas du tout. Le Distressor est sur la voix lead, la M4000 et le D-Two sont insérés en numérique, ce dernier a été modifié pour permettre ça.
Le DBX 120A me sert à ajouter un peu d’infra dans certaines salles et en fonction du système dont je dispose. Ce soir il est relâché. Le Space Echo de Roland…comme son nom l’indique, c’est un original et on n’a pas fait mieux.

SLU : Et l’Avalon ?

Ivan Herceg : Il est aussi inséré sur le master de la table, derrière le SSL. Le compresseur est off, et je me sers du side-chain threshold comme EQ. C’est possible si tu le réinjectes dans le mix. Je m’en sers un tout petit peu pour creuser ou pour ajouter un poil de haut. C’est très variable et ce que tu vois maintenant ne va peut-être pas être affiché durant le show.
Tout ce que tu vois en rack ne m’empêche pas de me servir de pas mal d’effets internes à la SSL, notamment des modulations, une réverbération, des multibandes et des délais. Enfin je me sers du 32 bandes toujours de la console, en EQ façade.

Lilly Wood and the Kick

Ingé Light : Nicolas Brion

SLU : Tu façonnes à l‘ancienne mais du bout des doigts, et le plus que je vois ce sont -3dB.

Ivan Herceg : Bien sûr, elle a déjà été alignée au Lake, c’est suffisant !

Le système Adamson avec Nico Meynard

Le système principal en E15 Adamson, 12 têtes par côté

Le système principal en E15 Adamson, 12 têtes par côté

On a déjà dit que le système est composé par MPM en Adamson. 12 E15 sont mises en œuvre par côté ce qui, pour un petit Zénith, est gage de gros son et de joli grave qui tape bien. On verra plus loin que c’est exactement le cas.
Côté sub, le T21 est de sortie avec par côté et au sol, 6 unités en stacks de 2 x 3 en montage cardio et 4 dernières unités en 2 x 2 en montage cardio au centre, soit le « whopping » nombre de 16 subs et 16 Lab.gruppen FP7000 pour donner vie au ballet jaune.
Histoire d’adoucir un peu la volée de Kevlar et apporter un semblant d’équilibre aux lécheurs de crashs, quatre S10 en deux fois deux sont prévus en in et outfill sur les deux stacks centraux de T21.

Il en va de même pour le reste du nez de scène où quatre Metrix localisent le son au sol et rééquilibrent le rendu en débouchant les premiers rangs. Vous l’avez compris, c’est une très belle configuration, très généreusement dotée.
Malgré un écartement raisonnable, une bananette de 6 S10 vient renforcer le début du parterre. Les sides bénéficient de la même tête à tout faire avec ici aussi, 6 S10, un nombre suffisant vu la petite taille des tribunes à arroser.

La bananette centrale en S10, une pluie de dB venant du ciel et arrosant un poil trop le point chant.

La bananette centrale en S10, une pluie de dB venant du ciel et arrosant un poil trop le point chant.

SLU : Nico, tu es en charge du système.

Nicolas Meynard : Oui, mais ce n’est pas moi qui ai conçu, calé ou installé, cela étant j’ai l’habitude de travailler avec MPM et Adamson donc je ne me sens pas trop dépaysé (rires) !
Pour être tranquille, je suis venu hier soir voir cette installation durant le show de Parov Stelar et j’ai accueilli ce matin l’équipe de Lilly Wood sans problème.


Nicolas Meynard, en charge du système pour MPM et de l’accueil de Lilly Wood

Nicolas Meynard, en charge du système pour MPM et de l’accueil de Lilly Wood

SLU : Tu te sens à l’aise avec des designs impliquant trois points d’émission pour les subs ?

Nicolas Meynard : Oui parce que quand tu pars avec deux points en gauche droite, tu vas toujours avoir un trou dans l’infra, en général une sorte de couloir de part et d’autre de la régie.
Avoir un sub central te permet, en jouant sur le délai que tu appliques entre lui et les latéraux, de combler en partie ce trou. Forcément en régie ça te crée un lobe un peu désagréable qu’il faut un peu tailler, mais ça te ramène de l’homogénéité même si le centre est un peu perdant.
Pour d’autres tournées le choix peut aussi être d’accrocher les subs. Tout est possible. Je viens de terminer Gims (Julien, si tu nous écoutes ! NDR) et on avait du E15 avec du E219 accroché et au sol, le raccord entre les deux est parfait.

Les T21 en montage cardio, ici les deux stacks de cour.

Les T21 en montage cardio, ici les deux stacks de cour.

Le T21 est différent, la charge n’est pas la même mais ça n’en reste pas moins une machine à boulet. Il met tout le monde d’accord. S’il est bien travaillé et en taillant dedans pour le calmer dans le haut, quand tu envoies une grosse caisse avec, ça fonctionne. Très bien même.

SLU : Le montage d’un rappel central en douche, ça ne ramène pas plus de problèmes que de SPL quand l’ouverture est aussi faible ?

Nicolas Meynard : Ca en ramène un peu.. On l’a mis un peu bas. Il aurait été plus haut et moins tilté, cela aurait été plus intéressant. J’ai baissé son niveau car je vais mixer les retours de la première partie et au point de chant lead, on l’entend un petit peu. J’ai retiré 4 dB pour être tranquille.

SLU : Ce n’est pas plus intéressant de monter un peu les lipfills et les infills ?

Nicolas Meynard : Si, mais en même temps c’est utile pour recentrer ton image. Il faut juste passer du temps à aligner tout ce petit monde avec les délais. Les Metrix avec des gens debout devant, ne portent pas bien loin, c’est très petit comme enceinte et il y a quatre T21 qui envoient…

Des FP+ 7000, le moteur des T21 et pour les plus observateurs d’entre vous, des fP6400 toujours d’attaque !

Des FP+ 7000, le moteur des T21 et pour les plus observateurs d’entre vous, des fP6400 toujours d’attaque !

SLU : A ce propos, le montage cardio des subs était nécessaire ?

Nicolas Meynard : Ahh oui, c’est nécessaire parce que sinon c’est vite le bazar. Avec la scène en bois, tu te retrouves avec des résonances hyper désagréables.
Le montage cardio n’est pas utile tout le temps mais c’est sacrément agréable.
Le preset marche bien, mieux avec 3 subs dont un est à 180° qu’avec deux.

Conclusion

L’afficheur du garde-fou 105 dBA rappelant que la pondération LEQ comporte une fenêtre de mesure glissante de 10 minutes. Attention, l’ordinateur avec le logiciel de mesure et de stockage des données est hébergé dans les bureaux du Zénith. Tout dépassement ou valeur étrange génère rapidement une visite en régie ;0)

L’afficheur du garde-fou 105 dBA rappelant que la pondération LEQ comporte une fenêtre de mesure glissante de 10 minutes. Attention, l’ordinateur avec le logiciel de mesure et de stockage des données est hébergé dans les bureaux du Zénith. Tout dépassement ou valeur étrange génère rapidement une visite en régie ;0)

Toujours aussi méticuleux, malicieux et adepte du gros son, Ivan forme avec Julien Ravary un joli binôme où l’expertise acoustique se complète d’un sens artistique et d’un flegme indispensables au plateau et au-delà. Quand Ivan précise qu’il écoute la batterie pour se dégourdir les osselets dans une salle, il ne se rend pas forcément compte qu’il a fini par faire de cet instrument sa spécialité.

Cette fois encore, et par la magie du triptyque source, captation et diffusion, il nous a sorti une batterie qui vaut 18,5/20. Je sais, ma fille me dit souvent qu’elle aurait détesté m’avoir comme prof parce que je ne mets jamais de 20/20, mais j’y ajoute la mention « qui déchire » OK ?
La grosse caisse est notamment un modèle du genre que les E15 et surtout les T21 bien taillés viennent magnifier avec leur méchant punch. Bien maîtrisés et sans abus, il peuvent être exploités même dans des « petites » salles. Ce pied gros, dur, et musical à la fois, porte littéralement le groupe.
Il en va de même pour les petits effets grâce à un aigu travaillé en finesse, bien servi par les E15 qui savent garder une infinie douceur dans la démesure de décibels.
Bien aussi la voix de Nili qui, adossée au Distressor en 5:1, est reproduite avec un beau piqué et une clarté totale, sans ressentir pour autant de dureté ou se faire tailler par des sifflantes. Beau boulot.

Ivan et en arrière-plan Nicolas Brion en charge des lumières

Ivan et en arrière-plan Nicolas Brion en charge des lumières

Un mot enfin sur l’éclairage de Nicolas Brion qui a préféré laisser parler son travail sans oser le commenter. Il aurait pu. Il le fera certainement la prochaine fois, d’autant qu’il a du talent, et a capté l’essence du groupe et d’un effet à la mode de chez Ayrton pour bâtir une offre artistique très belle, changeante, colorée et rock. Pile dans la cible.
Ajoutons les titres et le talent de Lilly Wood et le son un poil trop fort mais terrorisant d’Ivan, et vous avez là un très, très bon moment.

La morale de la morale

Questionné sur son amour du pied, nous avons recueilli quelques jours après le Zénith, une dernière confidence assez révélatrice d’Ivan : « Le premier concert auquel j’ai assisté est AC/DC au Bourget en 1982. Au premier coup de kick sur Hells Bells, j’ai probablement dû reculer d’un mètre… ceci expliquant peut être cela. »

Lilly Wood and the Kick

Ingé Light : Nicolas Brion

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Plateforme de mixage virtuelle

Avec Plisson, bye-bye les boutons, place à l’eMotion

Ce n’est une surprise pour personne, les consoles aussi sont en train d’être réinventées et commencent à bénéficier de l’approche innovante de développeurs informatiques pour qui châssis, boutons et poids sont aussi utiles que la grêle pour un viticulteur.
Waves a lancé sa eMotion LV1, une plateforme de mixage virtuelle et sacrément maline, devinez qui plonge en premier ? Stéphane Plisson bien sûr.
Insatiablement curieux et défricheur dans l’âme, Stéph Plisson vient donc de se doter, au sein de sa société MAW, d’une configuration de mixage Waves eMotion LV1. Je ne sais pas s’il est adepte des sports extrêmes, mais entre sa Midas XL8 et cet ensemble virtuel, on frise le grand écart facial.

Voilà à quoi ressemble une régie 64 voies mono/stéréo, 32 sorties, 8 effets par tranche, 2 PC et deux serveurs SoundGrid Extreme pour la sécu. Si vraiment ça vous manque il est possible d’y ajouter des packs de faders, des vrais ! A gauche, les deux tactiles Dell émulent la console et les effets. L’écran de droite reprend quant à lui la visualisation de Tracks Live.

Voilà à quoi ressemble une régie 64 voies mono/stéréo, 32 sorties, 8 effets par tranche, 2 PC et deux serveurs SoundGrid Extreme pour la sécu. Si vraiment ça vous manque il est possible d’y ajouter des packs de faders, des vrais ! A gauche, les deux tactiles Dell émulent la console et les effets. L’écran de droite reprend quant à lui la visualisation de Tracks Live.

Pour ceux qui auraient raté un épisode, l’eMotion LV1 est la partie soft déclinée en 3 versions à 16, 32 ou 64 voies, d’une console virtuelle de mixage offrant 36 bus, 16 DCA, les traitements de base par tranches de type Waves eMo et ensuite via SoundGrid, huit plugs Waves ou issus d’autres marques par voies d’entrée ou de sortie.
Du sérieux acceptant de tourner en 96kHz et mixant en 32 bit à virgule flottante. L’interface purement visuelle prend place sur des écrans tactiles, jusqu’à 4 pour les amateurs de sensations fortes, et le soft est hébergé sur mac ou PC au choix.

L’écran principal de mix de l’eMotion LV1 avec la visualisation de la tranche 1 sur la moitié supérieure.

L’écran principal de mix de l’eMotion LV1 avec la visualisation de la tranche 1 sur la moitié supérieure.

Bien entendu, outre ce premier hôte, trois autres éléments s’avèrent indispensables :
Du calcul, des entrées/sorties avec des convertisseurs et enfin un routeur Gigabit pour faire communiquer tout ce petit monde. Stéph a fait le choix de partir en virtuel pour la tournée TOP50 qui réattaque le 22 mai aux Mureaux, ainsi que pour les Kids United, en concert à l’Olympia le 21 mai et ensuite en tournée dans toute la France.
Sa configuration comporte un DiGiGrid IOC pour le monitoring en régie, les sorties talks et la diffusion en AES, une unité parfaite pour accompagner la console et lui donner 8 entrées et sorties analogiques, 16 entrées et sorties AES et ADAT et enfin deux sorties casque.

La face avant de l’IOC, une interface pratique et pour tout dire indispensable, ne serait-ce que pour avoir une prise casque et de quoi interfacer une vieillerie ou deux en régie.

La face avant de l’IOC, une interface pratique et pour tout dire indispensable, ne serait-ce que pour avoir une prise casque et de quoi interfacer une vieillerie ou deux en régie.

Labellisée Soundtracs, la face arrière de l’IOC. Ca nécessitera un peu de soudure pour exploiter son potentiel mais le bonheur est à ce prix.

Labellisée Soundtracs, la face arrière de l’IOC. Ca nécessitera un peu de soudure pour exploiter son potentiel mais le bonheur est à ce prix.

Le serveur SoundGrid Extreme, deux U et beaucoup de puissance pour émuler une « grosse » console et lui donner tous les effets auxquels nous sommes tellement habitués et attachés.

Le serveur SoundGrid Extreme, deux U et beaucoup de puissance pour émuler une « grosse » console et lui donner tous les effets auxquels nous sommes tellement habitués et attachés.

Pour le calcul, il embarque deux SoundGrid Extreme Servers, un servant de sécu.
Basés sur une architecture PC et disposant d’un processeur Intel i7, ils offrent assez de puissance pour mettre en œuvre 500 instances de E-Channel stéréo SSL de Waves ou encore de compresseur multi-bande C4, une paille !
Enfin en guise de stage…Steph s’équipe d’une interface DiGiGrid MGO, une passerelle faisant communiquer l’univers MADI avec le SoundGrid.
Il n’y a plus qu’à aller récupérer les lignes préamplifiées et converties par les bons soins de la console retours.

Le plus petit « stage » du marché ou comment jouer le coucou et récupérer les micros préamplifiés et convertis dans le flux MADI de la console retours, et en le transformant en DigiGrid.

Le plus petit « stage » du marché ou comment jouer le coucou et récupérer les micros préamplifiés et convertis dans le flux MADI de la console retours, et en le transformant en DigiGrid.

Ajoutons deux écrans tactiles Dell, un clavier avec une souris (cher ça !!) et deux PC, un dédié à la console et le second en spare et portant le soft Tracks Live qui sert au Virtual Sound Check comme à l’enregistrement des dates, et la boucle est bouclée. Prix public et sans compter les plugs, cette configuration tutoie les 14 k€, mais comme nous le dit l’intéressé « c’est le début de ce que sera le son demain, j’en suis certain.»

Une voie totalement « dépliée » telle qu’elle peut apparaitre dans un écran, le second servant plutôt pour la gestion et l’affichage des plugs.

Une voie totalement « dépliée » telle qu’elle peut apparaitre dans un écran, le second servant plutôt pour la gestion et l’affichage des plugs.

Gros avantage enfin quand on se lance dans l’aventure de « l’écran bleu » (promis Steph, je ne la ferai plus jamais !) le support technique Waves se révèle extrêmement efficace notamment grâce à Messenger.

Ümit Tom Ceyhan qui se trouve être toulousain, est présent, réactif, et va jusqu’à prendre la main sur l’ordinateur via Team Viewer en cas de gros pépin. Autant dire que ça rassure.

Inutile de vous préciser qu’après cette mise en bouche, on vous préparera un vrai reportage où l’on mettra les mains sur la bête pour en voir la réactivité, l’ergonomie et la qualité des traitements de base. J’en vois un qui doit être content de voir que Steph s’est lancé, pas vrai Bibou ;0.

Stephane Plisson Waves eMotion

En attendant voici les premières images du concert donné dimanche 15 mai aux 3 Pierrots à St Cloud de Kids United et mixé à l’aide de l’eMotion LV1.

Comme le dit Steph qui nous a fait avoir ses commentaires :
« Le premier show avec console virtuelle est fait. Nickel !
Je vais optimiser mais dans les grandes lignes c’est top. Je vais ajouter des faders car ce n’est pas simple de gérer 10 chants sur des collégiales en live sur un écran ! Je vais prendre une surface Euphonix Avid Artist Mix. C’est tout petit et ça marche très bien.
Avec un seul chanteur ça irait tout seul mais dans le cas présent c’est chaud. Mais nous l’avons fait. À suivre »
Euuh Steph, t’as déjà vu la vitesse à laquelle un gamin tape des SMS sur son mobile sans même quitter le prof des yeux?
Tu t’y feras à tes faders et puis qui sait bientôt on pourra peut-être remplacer les tirettes par des avatars des instruments voire les visages des chanteurs qu’elles gèrent. C’est ça le virtuel. Tu pouvais faire ça avec ta XL4… ;0)