Freevox présente le VTX A8 et le sub VTX B18. En écoute avec Bellote.

Lorsque Samsung a pris le contrôle de Harman, on a craint pour JBL, déjà bousculé jusque sur ses terres par des français, des allemands et même des canadiens. Il n’en est rien et le colosse au cartouche orange repart de plus belle avec les VTX A et le dernier né, le A8.

Il ne manque que la scène. Le son et la vidéo sont en place ! Remarquez à droite les wedges prêts à rugir.

La présentation en France de ce système a été l’occasion de rencontrer les équipes de Freevox et plus particulièrement Laurent Delenclos, le Directeur technique audio et Arnaud Leschemelle, le PDG de Freevox. Profitant de la disponibilité de ce dernier, nous lui avons demandé sa vision sur le groupe Harman suite à la prise de contrôle de Samsung et plus spécialement sur JBL.

Arnaud Leschemelle

Arnaud Leschemelle : Pour mieux comprendre Harman, il faut savoir que ce mastodonte est globalement composé de trois entités :
– l’automotive à savoir la voiture connectée et autonome avec toutes les technologies de pointe nécessaires, marché potentiellement colossal,
– le connected qu’on pourrait décrire comme la fourniture de services binaires pour les géants de la téléphonie et de l’informatique, une activité qui elle aussi va exploser quand la 5G permettra de quasiment tout connecter
et enfin le lifestyle ou la somme d’appareils audio visuels pour la plupart connectés connectés que le monde entier s’arrache.
JBL a triplé son CA sur des enceintes connectées en 3 ans. Samsung a donc acheté une somme immense de compétences toutes indispensables pour répondre au marché et à son évolution rapide et y apporte, au delà de ses moyens importants, une connaissance indispensable dans les réseaux, la téléphonie et la connectivité de masse.

Tout de magenta vêtu, merci Vari-Lite, le VTX A8

SLU : Le mariage semble des plus logiques, mais quid de Harman Pro et par exemple du retard pris par certains produits comme le A8 ?

Arnaud Leschemelle : Au moment où Samsung a pris le contrôle, Harman avait déjà lancé une profonde restructuration afin de créer des passerelles entre les marques et leurs R&D, surtout celles appelées à travailler ensemble au quotidien et aussi à repenser les sites de production et de gestion de marques parfois géographiquement émiettées et pas au mieux de leur compétitivité.

Ce travail de fond a dû être arrêté le temps de la transaction, ce qui a engendré des retards dans le développement, à plus forte raison que certaines équipes n’ont pas accompagné ces changements en quittant les sociétés du groupe. Changer une usine c’est facile, changer d’hommes ça l’est beaucoup moins, mais tout est rentré dans l’ordre et le futur s’annonce radieux avec énormément de nouveautés et d’avancées technologiques.

La salle de l’hôtel Hyatt Regency qui nous a accueillis. Des projecteurs ont aussi été présentés, donc, brouillard !

SLU : Connectées…

Arnaud Leschemelle : Forcément. De la même manière qu’une voiture ou un avion de ligne est connecté à son constructeur qui en suit la marche et garantit son bon fonctionnement, il va en aller de même avec les produits pro. Plus aucun ingé son ou éclairagiste ne se baladera avec des fichiers, même un plan de feu ou un patch audio. Tout sera prêt et fonctionnel à son arrivée sur les consoles car elles seront connectées. Et accessoirement à jour. Et si ce n’est pas ton matériel il suffira de taper login et password et la config se déploiera en quelques secondes.
L’arrivée de Samsung a révolutionné la manière avec laquelle les équipes de R&D travaillent et collaborent. Le développement chacun de son côté, c’est fini et la profondeur des changements que ce mode de travail et de conception génère va faire que certaines gammes ou produits vont être entièrement repensés comme les prochaines consoles Soundcraft, et d’autres très modifiés comme les prochains amplis Crown. Le futur s’annonce radieux.

Une A8 qui, grâce à la gentillesse de Bellote, a perdu sa face avant et nous montre ses 8 transducteurs, 2 graves, 4 médiums et 2 moteurs d’aigu.

SLU : Et le A8 dans ce tourbillon ?

Arnaud Leschemelle : C’est le premier produit de cette nouvelle ère Harman. C’est une enceinte super maligne, de la bonne taille pour tout type d’utilisation et de prestataire, aussi à l’aise en touring qu’en installation, richement dotée en accessoires, délivrant des spécifications de premier plan et qui génère des commandes !

On a bu du champagne hier pour notre travail, mais on a levé notre verre aussi à Harman qui travaille vraiment pour nous avec des produits faits pour plaire et ça vend partout, aux USA où une commande de 1000 A12 a été enregistrée, comme en Europe où JBL retrouve petit à petit sa place sur les riders. On a reçu notre stock de A8 presque en même temps que les USA.

Bellote est arrivéééé, sans se presseeeer..

Bellote, directeur technique de Freevox mais très grand sondier avant tout.

Et là, arrive comme une fleur Laurent Delenclos, pour quelques mots d’explication sur ces deux nouveaux produits que sont le VTX A8 et le nouveau sub dédié VTX B18, le tout suivi d’une écoute trois étoiles. Du Bellote pur jus !

SLU : On a bien compris que Harman et JBL ont passé une année assez compliquée, mais l’était-ce autant de réduire d’un tiers l’excellente A12 et faire la A8 ?
(Voir sur SLU Les nouvelles VTX A12 JBL au coeur de Paris)

Bellote : Oh oui. Sur le papier tout paraît simple, on réduit de 30% le gros modèle et c’est fait, mais une fois arrêté le choix de rester en trois voies dont médium et aigu sont coupés par un filtre passif, il a en définitive fallu tout reprendre depuis le début. La seule chose qui a été reprise est le moteur d’aigu annulaire qui équipe en trois exemplaires la A12 et en deux la A8, le 2423K.

Les deux moteurs annulaires 2423K au cœur de la A8

Tout le reste a changé et a donc été spécialement repensé et développé dont les quatre 3,5” médium et les deux 8” pour le grave.

SLU : Est-ce que la polaire est aussi régulière que la A12 ?

Bellote : Absolument. Constante de 300 Hz à 18 kHz. La A8 ouvre à 10° verticalement et 110° horizontalement.

Quand on parle de polaire régulière… 250 Hz à 18 kHz

SLU : Pas de possibilité de changer la directivité horizontale ?

Bellote : Les trucs qui bougent ? (rires) Non, c’est une vraie 110° et, malgré cette ouverture, elle délivre 139 dB SPL pour un poids de 29 kg.

Le B18, un seul 18” mais comme souvent avec JBL, tout neuf. 135 dB de SPL Max !

SLU : Tu nous parles du sub ?

Bellote : Le B18 est un simple 18” équipé d’un tout nouveau transducteur, le 2288H.
Les ingénieurs de JBL ont réussi à augmenter la pression acoustique de 4 dB entre 60 et 100 Hz sans pour autant sacrifier la réponse dans l’extrême grave.

L’excursion de l’équipage mobile est de 9 cm et la technologie est comme toujours le Differential Drive mais de nouvelle génération. Le problème c’est que la pulpe de cellulose ne résiste plus à une telle excursion, on est donc passé à divers mélanges pour et c’est la fibre de verre mélangée au carton qui donne les meilleurs résultats entre légèreté, solidité et résistance dans le temps.

Le B18 et ses 4 évents à double profil accélérant et ralentissant l’onde arrière.

Ce sub marche en bass reflex et dispose de 4 évents très travaillés dit Slip Stream placés aux quatre coins. A l’arrière on retrouve un inverseur A/B permettant de ponter deux subs avec un connecteur NL4 et chacun prend le canal d’ampli qu’il veut.
Ici et du fait d’un Arc Sub, chacun est relié à une patte délayée d’ampli. En face avant on a aussi deux prises pour des montages cardio. Il pèse 68 kg et on peut en accrocher jusqu’à 16. Bien entendu il est de la taille de la A8.

SLU : Les accessoires paraissent bien fournis…

Trois accessoires sur une photo. A gauche et sur la A8 le MiniFrame en trois morceaux, le Rotating Clamp et à la base des deux A8, le Base Plate.

Bellote : Niveau accastillage c’est archi complet. On a deux frames, les deux sont légers et le plus petit qui en plus est démontable en 3 morceaux, accepte 10 boîtes ou un panachage entre boîtes et sub à hauteur de 300 kg. Autre nouveauté, une pince pour accrocher jusqu’à 500 kg de charge et qui dispose d’un roulement faisant tourner la charge sur 360° !

On a aussi une platine (Base Plate) pour stacker des têtes sur un sub en verrouillant l’ensemble grâce au trou pour un pied et l’ensemble peut facilement pivoter et s’incliner de -15 à +5. Ici encore tout se range à même l’accessoire pour ne jamais perdre de pièces. Ce Base Plate dispose enfin de 4 patins élargisseurs d’empattement afin de sécuriser un stack de 3 subs et 6 têtes qui est le maxi que l’on peut faire, et qui serait sinon en équilibre instable vu la faible emprise du sub au sol.

SLU : Comment on amplifie tout ce petit monde ?

Un VRack, à savoir 3 I-Tech 4x3500HD Crown.

Bellote : Le ratio est de 3 têtes pour deux subs et l’ampli n’est autre que le Crown I-Tech 4x3500HD avec 3 A8 en parallèle sur deux pattes et les deux subs sur les deux sorties restantes. Chaque 18” accepte 2000 W sous 8 ohms donc en mettre deux en parallèle serait un peu juste sur cet ampli.

SLU : En fait tu serais bien avec un 4 canaux plus puissant et autre moins puissant (rires). Bon, on écoute ?

 

La configuration choisie par Bellote est optimisée pour la salle et ressemble à un vrai petit système avec 5 têtes par côté accrochées sur pied et un mini Arc Sub de 6 B18 ouvert à 70°.
Pourquoi 5 A8 et pas 6 ? La taille de la salle et plus encore le plaisir d’en garder deux à portée de main et d’appareil photo pour bien les raconter expliquent la chose. Deux VRack prennent en charge tout le système et les 4 wedges VTX M20 en 2×10” et VTX M22 en 2×12” qu’on a aussi eu le plaisir d’écouter brièvement et qui tapent dur, surtout le M20. De vrais wedges.

L’exploitation standard du système avec la tête A8 coupée tout comme le sub B18 à 80 Hz. SPL avant tout.

L’exploitation en full range de la A8, elle descend jusqu’à 50 Hz, et les deux choix possibles pour le sub entre 60 Hz avec un petit recouvrement ou à 80 Hz avec un plus grand pour disposer d’un gros niveau de grave. Dans les deux cas, on obtient un peu moins de SPL.


Le premier extrait comporte un contenu riche et détaillé dans le bas et connaissant Bellote, il n’est pas là par hasard. Comme aucun des très bons morceaux d’ailleurs. L’articulation du grave de la A8 est clairement Hi-Fi, mais aussi très physique entre 80 et 300 Hz. Ces deux octaves sont stratégiques pour qu’une basse ait à la fois rondeur et un effet « SVT dans le dos » dans l’attaque et le ressenti. Une écoute sans sub explique la chose.

Bellote écoutant les yeux fermés son système en compagnie de Xavier Poulailleau.

La A8 en full range délivre beaucoup d’impact et de détail de « petite gamelle » et par le couplage des têtes (5 dans notre cas, mais avec plus cela doit être un délice) une extension et une assise très lisible. On ne perd aucune note jouée.
Le sub donne aussi de l’énergie là où c’est utile pour souligner cette attitude de la tête et dénote l’intelligence du développement de ce nouveau système. Plus tard, un titre très chargé dans le bas montrera que A8 et B18 sont aussi à l’aise dans la pop urbaine et dans tout genre de musique nécessitant un gros contour.

La réponse en fréquence et en phase de la A8. Difficile de faire mieux…

Le médium est membraneux, fluide, fidèle et trahit dans le bon sens l’enceinte trois voies ce qui est rare pour une 8”. L’aigu enfin est aussi beau que celui de la A12 et ses deux moteurs annulaires, permettent aisément à la A8 de fonctionner comme système principal malgré ses 110° d’ouverture latérale. Il y a de la réserve pour une enceinte de cette taille. Ces moteurs 2” ont la particularité de rayonner directement sur le guide d’onde isophase offrant une sensibilité importante et une distorsion très contenue.

Le coeur de la A8 avec l’un des deux 8” dont on appréciera le radiateur et les orifices de ventilation de la bobine, gages d’une compression thermique sous contrôle, les deux 3,5” cachés derrière leur petite charge et alimentés par le fil bleu outremer et enfin les deux moteurs annulaires directement raccordés au guide isophase, ce dernier débouchant en face avant, derrière la fine maille blanche.

Laurent un micro à la main. Non, il n’a pas poussé la chansonnette mais a fourni de quoi écouter ses wedges !

Le clou de cette écoute a consisté en une sortie de console (sans le chant) mixé par l’un des meilleurs mixeurs français. Ca sonne fort et fidèle. Très analytique sans être truffé de haut. La salle n’étant pas immense, il n’a pas été possible de juger la polaire mais la A8 ouvre manifestement très large et sans détimbrages en sortant de l’axe. Sans être cardioïde, cette tête est très propre à l’arrière et ne devrait pas être difficile à travailler. Un coup d’oeil au calage de Bellote sur Performance Manager montre la qualité de la boîte et du preset. Les retouches sont minimes.

Mon petit doigt m’a laissé entendre que la A8 va faire une apparition cet été sur un festival. On ira écouter de près pour valider cette première impression positive. JBL tient le bon bout et ça ne nous étonnerait pas que la famille A s’agrandisse dans le futur à la fois en nouveaux modèles mais aussi en nombre de boîtes chez des prestataires français.

Et d’autres informations sur le site JBL Pro et sur le site Freevox

 

Crédits -

Texte Ludovic Monchat - Photos  Ludovic Monchat et JBL

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