Huracàn-X, un tonnerre appelé Ayrton

Premier projecteur Ayrton à atteindre les 1 000 W de leds, l’Huracán-X est un colosse de luminosité, bardé de technologies inédites dans la gestion des couleurs et effets.
Coincé sur sa stèle du Prolight+Sound, il a gardé secrets ses talents aux yeux du public. Yvan Péard, directeur du développement, a pris le temps de nous les livrer.

Le titan Huracán-X dévoilé en avant-première au Prolight+Sound

Yvan Péard : « L’Huracán c’est de l’horlogerie des temps modernes. Il est un peu plus gros, plus épais, plus large que Khamsin et utilise la base du Ghibli avec une alim de 1 400 watts. »

Avec 44 kg, un entraxe plus spacieux pour s’adapter aux nouveaux disques d’effets, une lentille de 178 mm et une taille qui dépasse les 80 cm de haut, l’Huracán est effectivement un géant chez Ayrton, mais reste comparable aux grands projecteurs à décharge connus du grand public.

Tout comme sa puissance, sa source native de 1 000 W de leds blanche et son refroidissement de compétition ont besoin de beaucoup d’énergie pour s’exprimer. Et ses 1 400 W de consommation électrique ne sont pas de trop pour délivrer le flux record annoncé de 50 000 lumens.

Mais loin de n’être qu’un canon à lumière, ce recordman bénéficie d’une gestion inédite de la couleur et des animations.

Yvan Péard : « Nous avons déposé un brevet sur ce système de mélange de couleurs soustractif complexe basé sur un mixage de couleurs CMY classique cyan, magenta et jaune avec l’ajout d’un système de mélange complémentaire de correcteurs de température de couleur CTO (O=Orange), CTB (B=Bleu) et CTP (P=Pink) ou Minus Green».

En clair, les trois drapeaux de trichromie classique CMY sont doublés avec leurs complémentaires : des correcteurs linéaires CTO, CTB et CTP (minus green). Pour bien comprendre ce système inédit de mix à 6 couleurs, la vidéo suivante permet de comparer les trois disques primaires et les trois correcteurs pastel.
Les teintes CMY sont remplacées en fait par du bleu azur, du violet et moutarde, permettant d’obtenir des mélanges rouge, vert et bleu très profonds en plus de doux lavis inédits. Chaque composante est filmée en dégradés progressifs sur vingt secondes.


Une roue de 6 couleurs très spécifiques termine ce processus complexe, ainsi que deux canaux DMX de couleurs préprogrammées en code E-Color, norme européenne commune pour les gélatines. Le premier canal E-Color est calibré visuellement en utilisant comme référence une découpe halogène équipée de la gélatine voulue, le deuxième en HMI 5600K. A chaque fois la valeur DMX sera identique au code couleur référence


Yvan Péard : « Nous allons mettre au point les algorithmes qui devraient permettre à des gens qui ont les triangles des couleurs sur leur console, GrandMA, ETC… d’exploiter à fond les possibilités de cette machine. C’est un système ambitieux, une des clés de l’Huracán, que l’on réserve à des machines haut de gamme. Pour ce faire nous utilisons les références E-Color en 3200K et lumière du jour 5600K. Un travail de titan ! »

Haut de gamme, c’est aussi le qualificatif à utiliser pour la gestion des gobos et effets. Sur les deux roues de 7 gobos verre HD rotatifs, 2 emplacements sont réservés à des cassettes interchangeables. Chaque cassette est composée d’un double gobo à rotation inversée, pour créer des projections 3D en jouant sur la focalisation.

Le tableau obtenu est hypnotique, avec ses pétales géométriques s’enroulant sans fin en arpèges de multiples teintes.


En supplément, deux prismes, un 4-facettes linéaire et un 5-facettes circulaire, sont ajoutés avant d’arriver sur deux nouveaux disques d’effets brevetés. Le premier est réservé aux animations graphiques complexes, la deuxième lance un véritable carrousel de couleurs.

Yvan Péard : « La roue d’effets à positionnement multiple permet de simuler l’eau, le feu, le soleil au centre et toutes les fuyantes… où on le souhaite.
Le but de cette invention est de positionner précisément cette roue d’effets dans le faisceau afin d’obtenir une multitude d’effets graphiques tels qu’un défilement horizontal, vertical ou axial avec possibilité de naviguer entre toutes ces positions. »

Si ces défilements continus d’animation sont amplement connus, avec un passage vertical marqué, il est plus rare de pouvoir l’utiliser à l’horizontale, et à notre connaissance jamais encore de façon circulaire.


Yvan Péard : « On a aussi une roue d’effets en verre, combinaison de Cyan Magenta Yellow qui se mélangent… On va pouvoir faire défiler de manière non focalisée les couleurs. Celles-ci pourront être mélangées avec les six couleurs du système de mixage pour faire apparaître et disparaître des couleurs. Une véritable explosion florale. »

Très Pop Art, les combinaisons possibles télescopent avec bonheur les effets typiques de bain d’huile des années soixante et le déconstructivisme géométrique des gobos choisis.



Pour parfaire ce tableau quasi idyllique, un iris, deux frosts et un système de quatre couteaux à fermeture totale sont intégrés avant la dernière pièce maîtresse de l’Huracán : un zoom impressionnant qui décuple le faisceau de 6.2° à 62°.

Ici en faisceau large !

Prévu pour l’automne, ce Profile représente la quintessence d’Ayrton, ou pour laisser les équipes d’Ayrton dire les choses plus franchement :

Yvan Péard : « Dans l’esprit c’est un Bad Boy*… capable d’envoyer le bois. On n’a jamais fait un truc aussi couillu ! »
*Bad Boy : projecteur culte et sans compromis inventé par PRG, utilisé exclusivement sur leurs opérations comme les cérémonies des JO ou l’Eurovision.

D’autres informations sur le site Ayrton et sur le site Axente

 

Crédits -

Texte et Photo Tristan Szylobryt

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