2e partie : Mix musique, mix antenne et bonnes ondes !

Nouvelle Star 2015 avec Manu Guiot, Antoine Canin et Shitty

Après le chapiteau et une première partie de reportage au contact des artistes et du public, place maintenant à l’empaquetage du signal antenne en compagnie de deux spécialistes très complices : Manu Guiot pour le mix musique avec Silence et Antoine Canin pour le mix final avec Visual, sans oublier un certain Shitty pour la bonne humeur et les anecdotes qui ne le sont pas moins. Attention grand moment, au propre comme au figuré.

Dans l’Autre, le –petit- mobile son de Silence, Manu Guiot en charge du mix antenne, Morgan Roux son assistant et à droite Antoine Canin, ingé son pour Visual et grand défenseur de la synchro image son et de la phase respectée.

Dans l’Autre, le –petit- mobile son de Silence, Manu Guiot en charge du mix antenne, Morgan Roux son assistant et à droite Antoine Canin, ingé son pour Visual et grand défenseur de la synchro image son et de la phase respectée.

En route pour le car de Silence et, une fois n’est pas coutume, c’est dans l’Autre que nous sommes accueillis par Manu Guiot qui mixe l’antenne et Morgan Roux qui l’assiste, un mobile de plus petite taille et monté sur porteur. Datant de 1978 ou 1980, Shitty lui-même ne s’en souvient plus, il dispose malgré son âge des outils nécessaires et de la tranquillité indispensable au mix antenne, ainsi que de nombre d’effets et de moyens d’enregistrement modernes.

Deux grosses Genelec 1038B trônent face à la console mais à ce qu’il paraît, Manu leur préfère une paire de K&H O300 désormais appelées Neumann KH310. Comme le dit si bien Shitty, l’idée est d’avoir un truc simple mais efficace. Dans le car lui-même, outre Manu et Morgan qui l’assiste, un troisième poste de travail est dévolu à Stéphane Gaubert, le chef d’orchestre, qui est toujours présent lors du direct et peut donner des tuyaux à Manu. « L’Autre » est aussi très apprécié pour pouvoir écouter dans de bonnes conditions les candidats répéter sans l’ambiance type fourmilière du chapiteau.

Ne vous fiez pas à son apparence quelque peu décatie, « l’Autre » se porte bien et sort des mix sonnant fort et clair, surtout quand à son bord des techniciens comme Manu Guiot officient.

Ne vous fiez pas à son apparence quelque peu décatie, « l’Autre » se porte bien et sort des mix sonnant fort et clair, surtout quand à son bord des techniciens comme Manu Guiot officient.

C’est une fibre qui apporte les 64 canaux à la console de mix, la stage box étant placée à hauteur des retours et au pied des récepteurs HF et du patch analogique.

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SLU : La première chose que tu fais avec les 64 canaux…

Morgan Roux (assistant du mobile « l’Autre ») : Ils repartent en MADI vers le ProTools via une unité SSL XLogic Delta Link qui émule les 192io ce qui nous fait 64 canaux dans les deux sens. Le deuxième mac à notre disposition peut servir de sécu pour enregistrer les mêmes 64 canaux via le canal auxiliaire des cartes MADI. Tout est enregistré durant les répétitions pour nous permettre de retravailler les titres après coup et encoder des mix.

SLU : Je vois des onduleurs..

Morgan Roux : Oui absolument. L’un sert pour la console et l’autre pour les ProTools. Ils sont là essentiellement pour filtrer les micro coupures et permettre de sauver ce qui est en cours car si le jus tombe chez nous, il ne devrait pas y en avoir non plus sous le chapiteau (rires) ! Si on veut avoir plus de canaux, on ajoute dans le mobile une CL5 et on lie les deux ProTools au TC.

SLU : Votre horloge est maître ou esclave ?

Morgan Roux : Elle référence nos appareils numériques mais elle est esclave du blackburst envoyé par le car Visual.

SLU : Qu’est-ce que tu sors en termes de mix d’ici ?

Morgan Roux : Un AES, un AES sécu, un analogique sécu et le tout prend la direction du car Visual…

La porte capitonnée du car s’ouvre dans un chouette grincement faisant rentrer à la fois une bouffée d’air frais et deux personnes qui ne le sont pas moins, dont un personnage barbu et boulazéroté au look inratable et à la voix propulsant celle de feu Barry White dans la famille des castrats, bien aidé il est vrai, par un microbe farceur…

Shitty : Je te présente Antoine qui mixe et finalise le son antenne dans le car Visual.

« Frame chéri, j’aime quand nous sommes collés l’un à l’autre » dit le son à l’image…

SLU : Antoine, ton travail consiste donc à ajouter au mix musique tout ce qui manque…

Antoine Canin (Ingé son Visual) : Oui, tout ce qu’on entend. Les talks donc les juges, le présentateur, les ambiances sonores avec 10 micros et enfin les machines et autres jingles et musiques d’ambiance. J’ai d’ailleurs recalé ces micros en phase avec la sono de Silence en fonction de leur placement.

Placé à droite du rack de récepteurs Sennheiser et Shure avec sa nouvelle gamme Axient, la stage du car régie de Visual qui assure le mix final entre le mix musique et chant que lui envoie l’Autre, le car de Silence, et ce qu’il récupère tout seul, à savoir les 12 micros des candidats, les 8 talks, les mix secours qui sont fournis par Silence, un micro SOS en filaire et les micros d’ambiance.

Placé à droite du rack de récepteurs Sennheiser et Shure avec sa nouvelle gamme Axient, la stage du car régie de Visual qui assure le mix final entre le mix musique et chant que lui envoie l’Autre, le car de Silence, et ce qu’il récupère tout seul, à savoir les 12 micros des candidats, les 8 talks, les mix secours qui sont fournis par Silence, un micro SOS en filaire et les micros d’ambiance.

SLU : Et du délai de chaque enceinte…

Antoine Canin : Bien sûr puisque chaque enceinte peut avoir un délai différent pour assurer une couverture cohérente de la salle. Après je rajoute aussi le délai dû à l’image. En bout de chaîne, on est environ à 150 ms.

SLU : Tu intègres aussi le retard de la console de l’Autre ?

Antoine Canin : Bien sûr, je peux même te dire combien. Il est de 70 samples !

SLU : Le retard de 150 ms est variable en fonction des effets qui sont calculés à l’image ?

Antoine Canin : Non il est fixe. Ce serait ingérable sinon ! On retarde chaque caméra filaire sur la plus lente des caméras HF, à l’image comme au son et ensuite…

SLU : Mais c’est toi qui doit faire ça ?

Antoine Canin : Oui, je ne veux pas que d’autres s’en occupent et…

<<<<<< Est-ce qu’Antoine est dans le mobile son ? Il peut revenir dans le mobile Visual ? >>>>>>>

Manu Guyot (ingé son antenne) : Sur tous les trucs que j’ai faits avec lui, c’est toujours Antoine qui veut s’occuper de la synchro. Il ne supporte pas…

Antoine Canin : … Une baguette qui frappe un fut et le son qui n’est pas d’équerre ! Bon, je fais de mon mieux, rien n’est parfait.

SLU : Tu as donc la main aussi sur les délais image ?

Antoine Canin : Non, mais je communique les valeurs à mes camarades de la vidéo. Ils ont des chaînes de délai sous forme de cartes et ça ressemble un peu à ce qu’on a pour le son. Il y a un système par caméra. Ca me permet après d’être calé avec mes ambiances. Comme elles repassent dans les micros chant et talk, elles se retrouvent à peu près à un T.0 . Je refais mon calage chaque semaine, ce qui fait rire tout le monde. Enfin comme nous avons deux programmes à des timings différents, je retarde sur deux étages différents. Il n’y a rien de plus moche que de voir des DVD où parfois le son n’est pas calé. Il semblerait qu’aux USA ils soient en train de créer une machine qui calculera automatiquement le retard vidéo, de l’électronique comme des caméras et…Pardon, là il faut vraiment que j’y aille !

Manu Guyot : C’est un malade de ça ! C’est lui qui s’en charge toujours et qui insiste auprès des gens de l’image. C’est un très bon Antoine. Il est en CDI chez Visual, et je crois qu’en interne ils aimeraient bien le faire évoluer vers des postes plus en rapport avec son talent mais il préfère rester à la console. C’est son truc. C’est un homme de terrain qui conçoit tout de même les cars mais il ne veut pas abandonner le son et finir dans un bureau.

Le côté pile du chapiteau avec, alignés comme à la parade, les cars fournissant l’énergie, l’image et le son, entre autres.

Le côté pile du chapiteau avec, alignés comme à la parade, les cars fournissant l’énergie, l’image et le son, entre autres.

SLU : Tiens, quand on parle du loup… Antoine, ça t’arrive aussi de mixer le signal antenne complet ou tu préfères recevoir le mix musique et le finaliser et ambiancer comme tu le fais si bien ?

Antoine Canin : Mais non, toute ma vie j’aurais voulu être à leur place ! Ce sont des choix de vie. J’en fais de temps en temps.

SLU : Tu disposes se toute façon dans ton car régie de tout le nécessaire pour remplacer ce que fait Voyage dans son mobile…

Antoine Canin : Sur la Nouvelle Star ? (il réfléchit NDR) On pourrait le faire oui, mais il ne faut pas le faire. C’est impossible. Ici chez Silence quand ils ne mixent pas, ils préparent la suite. Moi au contraire je bosse aussi et spécialement entre les titres. Ce serait donc totalement ingérable dans mon camion.

Manu Guyot : Nous avons travaillé tous les deux dans son car régie à l’époque de One Shot Not (sublime émission de musique de et avec Manu Katché NDR) mais ce n’était pas du direct et on était à 4 mains.

Antoine Canin : Il faudrait avoir 2 régies séparées pour s’en sortir et, surtout, il faudrait pouvoir n’écouter que la musique et pas la somme d’ordres qui nous arrive sans arrêt dans les oreilles. J’ai appris à le faire, mais c’est difficile de se concentrer sur le signal antenne car les ordres qui fusent peuvent être super importants et je me dois de les intégrer à mon écoute. Il nous manque aussi de la place pour accueillir les gens et du volume pour avoir une meilleure écoute. Ca m’arrive de travailler avec des collègues et leur demander s’ils ont entendu tel ou tel message. C’est fondamental de rester à l’écoute car l’info que tu rates est toujours la plus importante et surtout personne ne te la redonnera. C’est trop tard. Je fais pas mal d’hélico, j’ai peut-être appris aussi grâce à ça.

Shitty : Tu sais ce qu’est le son en général pour un producteur ? C’est d’être certain que la script pourra parler à tout le monde ! Dans l’univers de la vidéo, ils ont une puissance de feu au niveau des ordres qui dépasse n’importe quelle installation audio.

Antoine Canin : Notre job est à 80% le déploiement et la gestion de l’intercom. Pour la Nouvelle Star nous sommes quasiment aux taquets avec une matrice de 110 par 110. (Le carré de 110 J’ai calculé pour vous, cela fait 12100 NDR). Et encore, il y a plus gros ! Je suis aidé par mon assistant pour l’interphonie car ça change tout le temps. Bien sûr il y a des directions qui sont programmées et qui sont assez évidentes, mais aussi plein d’autres qui changent à la dernière seconde. Ca m’arrive de gueuler un coup parce que je n’arrive plus à entendre le direct.

SLU : Comment vous partagez-vous le travail dans votre régie ?

Antoine Canin : Je laisse faire à mon assistant tout ce qui implique que je lève les mains de la console. J’évite de faire plein de choses à la fois et me concentre exclusivement sur le mix. Il lance les séquences à mon top, et s’il est pris ailleurs, je me débrouille.

La régie son du car Visual avec une « petite » Vista 9 Studer. Non visible à droite de l’image, la matrice d’interphonie et son écran de contrôle.

La régie son du car Visual avec une « petite » Vista 9 Studer. Non visible à droite de l’image, la matrice d’interphonie et son écran de contrôle.

SLU : Une Vista 9 ce n’est pas un peu gros pour un AES avec le mix musique et les micros des talks ?

Antoine Canin : Il y a plus que ça. J’ai aussi mes 10 micros d’ambiance, les 12 micros des candidats et toutes les machines et les jingles qui ponctuent l’émission et que nous envoyons en direct.

SLU : Tu mixes les voix lead ? C’est Manu qui le fait !

Antoine Canin : En effet, mais je prends la main sur le micro de chant à la fin du titre car le candidat s’en sert pour répondre à Benjamin Castaldi, l’animateur.

SLU : Donc tu fermes ton départ Manu

Manu Guyot : Non c’est Antoine qui nous ferme sur la Vista, et nous redonne la main et l’antenne au titre suivant.

SLU : Remarque il vaut mieux que vous ne jouiez pas le même micro tous les deux, on aurait un chouette peigne…

Antoine Canin : Ahh non, j’ai calé la console de Manu, nous sommes parfaitement en phase. Nous aurions tout au plus trop de niveau !

Manu Guyot : Il est terrible ! C’est un gars du son et il fait chier les gens de l’image pour être synchro ! Il est batteur en plus, tu comprends mieux pourquoi il y tient tellement !

Antoine Canin : Non mais soyons francs une seconde. Ici on est entre gens du son et on en parle, mais du côté de la vidéo, quand est-ce qu’on parle et on s’occupe du son ? Quand il y a un pépin, sinon on n’en parle jamais.

Manu Guyot : C’est vrai que c’est de notre côté que ça se passe avec Stéphane Gaubert le directeur musical et Laurent Marchi le producteur de l’émission. Ils ont la feuille tous les deux. En plus Laurent s’intéresse beaucoup à la musique et au son, ses remarques sont cohérentes, et il existe une bonne cohésion dans toute l’équipe ce qui est rare.

Shitty : Très rare. Nous avons toujours pris du plaisir à faire cette émission. Au niveau de l’esprit, elle est vraiment à part. On aime ou on n’aime pas le résultat à l’antenne mais nous ici, on s’éclate.

Manu Guyot : Bien sûr le son est très important pour la Nouvelle Star mais c’est rare dans l’univers de la télé que notre boulot et les gens qui le font soient autant considérés.

Antoine Canin : C’est certain ! Sans vouloir casser du sucre, il y a une expression qui est désormais ancrée dans l’inconscient collectif et qui résume bien la place qui est celle du son : on fait un raccord lumière, mais il y a un problème de son…

<<<<<< Est-ce qu’Antoine est encore avec vous ? On se débrouille mais ce serait bien s’il revenait dans le mobile Visual ! >>>>>>>

Polysonnant, performant, truculent, c’est Manu Guiot dans le tuyau !

Manu Guiot en plein direct en train de préparer le titre suivant. Bien visible au-dessus de sa tête, le bandeau avec tout à gauche les deux compresseurs Avalon et à droite le L2 Waves forcément très tranquille. Face à lui, 3 paires d’enceintes et bien visible à gauche de l’image, sous l’écran, son désormais célèbre dock Klipsch dont il se sert la plupart du temps et qui sonne dans son dos, une position inhabituelle dont il s’accommode fort bien.

Manu Guiot en plein direct en train de préparer le titre suivant. Bien visible au-dessus de sa tête, le bandeau avec tout à gauche les deux compresseurs Avalon et à droite le L2 Waves forcément très tranquille. Face à lui, 3 paires d’enceintes et bien visible à gauche de l’image, sous l’écran, son désormais célèbre dock Klipsch dont il se sert la plupart du temps et qui sonne dans son dos, une position inhabituelle dont il s’accommode fort bien.

Vous l’avez compris, le moment de grâce vient de s’arrêter net, Antoine bondit vers son car régie, le moment est idéal pour attraper Manu Guiot et lui poser quelques questions.

SLU : Manu ont te voit en studio, en concert, en télé… Plus polyvalent que ça !

Manu Guyot : Je ne saurais pas te dire pourquoi. J’ai mis les pieds dans le broadcast dans les années 90 en travaillant pour Jazz à Montreux, quelque chose de passionnant même si très dur puisque tu travailles une douzaine de jours de suite de 10 heures à 5 heures du matin dans un car garé dans le parking. Tu mixes en direct pour les radios et les télés qui veulent prendre du son sur le boîtier de presse et tu enregistres tout en multipiste pour la prod qui voudrait acheter tel ou tel concert, ce qui arrivait très souvent. Si dans les trois ou quatre jours personne n’était preneur, on effaçait la bande. Le regretté Claude Nobs avait de son côté toutes les images et notre mix. J’ai pris goût au broadcast à ce moment-là puis plus rien jusqu’à un coup de fil il y a quelques années de Manu Katché qui me dit : « Manu, j’ai une émission télé. Est-ce que tu pourrais me la remixer demain ? » Je l’ai fait, et dans la foulée j’ai continué durant les 4 années qu’a duré One Shot Not sur Arte.

SLU : Et Silence dans tout ça ?

Manu Guyot : Je connais Shitty depuis très longtemps puisque j’allais le voir à l’Olympia quand j’étais gamin avec ses groupes. On a aussi bidouillé ensemble chez Mettler à l’époque où je faisais le son de Sacha Distel. Il m’a remplacé pour Distel et on n’a pas cessé de se croiser et se recroiser jusqu’au jour où Stéphane Gaubert, le chef d’orchestre de la Nouvelle Star, m’a branché sur cette émission. Depuis, je collabore pas mal avec Silence puisque je mixe aussi Danse avec les Stars, les NRJ Awards et d’autres émissions. En fait je dois dire que j’aime assez mixer pour la télé.

Nouvelle Star 2015SLU : Moins répétitif qu’une tournée ?

Manu Guyot : Non, c’est différent. En fait ce que j’adore c’est le direct. Ca me fait penser que dans quelques semaines je repartirai en tournée.

SLU : Skip the Use ?

Manu Guyot : Oui, j’ai été de cette aventure en tant que co-producteur dès le début, et même si mes maigres moyens font qu’aujourd’hui le groupe vole de ses propres ailes, je reste le Papy Mougeot derrière la table. En 5 ans, on a du faire près de 600 concerts ensemble, donc la scène je connais un peu. Je suis un vrai indépendant, vrai de vrai, un intermittent qui ne déclare même pas ses Assedic car je gagne assez correctement ma vie. Je ne réfléchis pas trop et je prends ce qui vient.

SLU : Comment vis-tu le fait de ne pas être au contact avec les artistes en broadcast, de ne les voir qu’au travers d’un écran de télé ?

Manu Guyot : Ca ne me pose aucun problème. Je ne le regarde pas beaucoup l’écran. Je suis désolé de le dire aussi abruptement mais quand je mixe, je me fous d’avoir l’image, belle ou pas. Si un candidat ne chante pas dans le micro, je l’entends et je fais ce qu’il faut pour le corriger au travers de notre réseau d’ordre.

SLU : C’est mieux d’être séparé de celui de la vidéo ?

Manu Guyot : On n’est pas séparé, mais on peut se parler sereinement sans prendre des pincettes pour se dire les choses. Si on doit communiquer avec Visual ou la prod, on a des boitiers à cet effet. Ce double réseau nous permet aussi de parler en code quand on veut rester discret « Les carottes sont cuites ! Dou dou dou dou » (rires) !

Vous en rêviez, voilà les fameux boutons qui affichent les deux couleurs en fonction de ce que le membre du jury a pensé de la prestation des candidats. Sous la table, on remarque l’arrière des matrices de diodes. Solidaires avec les boîtiers de commande des led rouges ou bleues, on trouve aussi la « sucette » de sortie pour les ears visibles sur la table.

Vous en rêviez, voilà les fameux boutons qui affichent les deux couleurs en fonction de ce que le membre du jury a pensé de la prestation des candidats. Sous la table, on remarque l’arrière des matrices de diodes. Solidaires avec les boîtiers de commande des led rouges ou bleues, on trouve aussi la « sucette » de sortie pour les ears visibles sur la table.

SLU : Durant les répétitions tu encodes titre par titre ?

Manu Guyot : C’est ça, je fais les mémoires qui correspondent à l’attaque du morceau, et ensuite je mixe en fonction de ce que je reçois. J’ai suffisamment de temps pour bien travailler, et j’ai Antoine qui derrière finit le travail dans son car. J’ai entière confiance en lui. Je n’ai même pas besoin d’ouvrir ou fermer, c’est lui qui gère ça. J’ai juste le mix live à faire.

Shitty : Antoine est au contact de la prod et de la script. Il vaut mieux que ce soit lui qui ait la main sur l’audio de l’émission en fonction de ce qu’il entend et des instructions qui fusent. Quand deux personnes font la même chose et entendent les mêmes ordres, c’est le meilleur moyen pour se planter.

Manu Guyot : Et puis elle est ultra efficace la script, mais l’entendre mâcher du chewing-gum toute la soirée, ça manque de charme (rires) même si c’est évident qu’on a tous besoin de son travail car sans elle, rien ne marcherait. Les scripts mériteraient d’ailleurs beaucoup plus de considération. Elles sont le nerf de la guerre et ce sont les seules qui savent tout de tout et cadencent parfaitement une émission.

SLU : Tu vas aussi mixer les prochaines Victoires de la musique ?

Manu Guyot : Ohh non, je crois que c’est Jean-Marc Aringoli. (Shitty acquiesce NDR). C’est un vrai, un taulier, un cador, un mec crédible qui fait de la télé et qui ne se balade pas en tourbus. Moi à côté je suis un comic troupier (rire général). Non mais c’est vrai, Jean-Marc est un vrai technicien à l’aise dans cet exercice si particulier !

Shitty : Et le seul aussi qui, quand il a cinq minutes, ne va pas au troquet mais fait un stage (rires) !
Il passe sa vie à se former sur des trucs dont je ne sais même pas qu’ils existent !

Le « paquet cadeau™ Y. Jaget » de Manu Guiot et Antoine Canin. Compressera bien qui compressera le dernier.

Nouvelle Star 2015SLU : A propos de technique, comment traites-tu ton signal ?

Manu Guyot : C’est très simple. J’envoie tout sauf les voix dans une paire de compresseurs Avalon. J’avais songé à faire un groupe de traitement des voix mais j’ai abandonné l’idée car j’arrive à suffisamment les gérer en amont, sur la console. Enfin le tout passe par un L2 dont je me sers pour sa spécialité, le ratatinage impeccable que ça fait. Dans le temps j’utilisais la M6000 tc mais le Waves fait aussi bien l’affaire. Franchement, je me retrouve à tailler parfois 12, jusqu’à 14 dB de crêtes, et quand je réécoute après coup le résultat, je suis toujours étonné. J’ai sélectionné le peak à -9 et du coup mon signal ne dépasse pas d’un poil.

Shitty : Tu le vois plus que tu ne l’entends le L2 !

Manu Guyot : Si, tu l’entends dans le car, mais pas dans ta télé.

SLU : Mais tu ne lui rentres pas dedans comme un cochon…

Manu Guyot : Comme un [CENSURE]. J’ai même honte. Je me suis affiché sur mon analyseur Flux le signal avant limitation et après. Je peux t’assurer que ça ne bronche pas !

SLU : C’est bon après non ? Antoine, tu ne rajoutes rien..

Manu Guyot : Bien sûr…Bien sûr, un petit peu. Allez Antoine, dis la vérité !

Antoine Canin : (presque timidement) : Je remets une légère compression (fou rire général NDR) mais parfois je me demande pourquoi. Bon c’est vrai aussi que je rajoute pas mal de signaux par-dessus et que je sors un son aux normes. En revanche, je le fais moi-même à la main, je n’emploie pas de machines qui pourtant existent et marchent plutôt bien, puisque même Radio France les utilise sur les mix de classique. Une M6000 d’ailleurs

SLU : Et j’imagine qu’après en régie finale, chez D8, ils finalisent une dernière fois en fonction des départs antenne entre TNT, ADSL, Replay et j’en passe. Remarque, ce n’est plus votre problème.

Antoine Canin : Ahh mais si c’est notre problème. Par le passé, Shitty a même été en régie finale d’M6 car on s’était retrouvé une année avec les ambiances qui rentraient à -20 dans le mix classique, et étaient diffusées au niveau d’une tirette placée à 0, et cela juste par l’effet du traitement en fin de chaîne du diffuseur. On sait donc qu’il vaut mieux tasser nous-même, gérer ce tassement en amont des machines qui le feront quand même et beaucoup moins bien. En plus ça nous permet d’écouter sur le moment notre travail, et donc d’être maître de notre son. C’est sûr que c’est chouette sur le moment de laisser plein de dynamique mais le résultat après n’est vraiment pas bon.

SLU : Tu écoutes le retour antenne ?

Antoine Canin : Parfois. On reçoit aussi les SMS de gens en qui on a confiance. Ils nous donnent leur avis et nous détaillent les points qui méritent notre attention. N’oublions pas aussi qu’en fonction des départs et des types de box chez les gens, de grosses différences peuvent apparaître. Notre problème n’est d’ailleurs pas lié qu’aux compressions multibande et aux limitations en régie finale mais bien aux compressions de débit dans les tuyaux. Dans la Freebox par exemple, une fois que les images ont trouvé leur place, il ne reste pas grand-chose pour le son.

SLU : C’est donc la TNT pour vous qui offre le meilleur son ?

Manu Guyot, Antoine Canin et Shitty : Ahh oui, largement. C’est bien meilleur. Quand la fibre sera généralisée, il y aura moins besoin de tailler dans le débit de l’audio, mais avec le risque aussi que la logique financière ne pousse les opérateurs à ajouter plus de chaînes ou de services et non pas ne pas nous redonner de la place.

Klipsch, une marque historique et un dock qui va le devenir !

La désormais célèbre boi-boîte à Manu, bientôt plus connue que celle « à coucou » de Johnny. Nous avons cherché pour vous sur le site du fabricant américain Klipsch, mais elle n’existe plus. IL en reste pas moins qu’elle sonne bien, c’est indéniable.

La désormais célèbre boi-boîte à Manu, bientôt plus connue que celle « à coucou » de Johnny. Nous avons cherché pour vous sur le site du fabricant américain Klipsch, mais elle n’existe plus. IL en reste pas moins qu’elle sonne bien, c’est indéniable.

SLU : Deux mots sur tes écoutes. Tu utilises les grosses parfois ?

Manu Guyot : Très rarement. Je ne suis pas un fan de Genelec. J’ai du mal à comprendre le son qu’elles produisent. C’est désormais un peu ancré dans ma tête et j’avoue que je ne suis plus un juge impartial. Les K&H O300 (qui sont devenues Neumann KH310 NDR) en revanche je les aime bien. Je les ai découvertes dans ce car régie. Je trouve ça très bien, c’est solide, ça encaisse et j’ai failli m’en acheter une paire à Noël.

Cela dit, ma vraie écoute est un dock pour iPhone de marque Klipsh (posé derrière lui et face à Stéphane Gaubert NDR) dont je me sers depuis des années. Il a une entrée ligne en face avant et me délivre un son qui ressemble le mieux à ce que les gens peuvent entendre de chez eux. Je l’ai payé 50€ et c’est mille fois mieux que le Bose à 200 sacs ! Je l’ai trouvé par hasard chez Pixmania un jour où je partais et je cherchais un dock. J’avais pluggé mon iPhone dans un paquet de trucs tous plus détestables les uns que les autres, jusqu’à tomber sur ce petit machin qui a le son. La voix notamment ne reste pas dedans, elle sort bien. Bien entendu ça n’existe plus, c’était une fin de série et…non, je ne le vendrai pas (rires) !

SLU : Et les Auratone qui ornent ton bandeau de console ?

Manu Guyot : Parfois….mais moins depuis que je j’ai ce petit machin.

Shitty : Ce ne sont pas des Auratone mais des Avantone (rires)

Manu Guyot : J’ai beaucoup mixé avec des Auratone, je suis de cette génération-là, mais elles ont pris un coup de vieux car elles parlent trop du nez et ne ressemblent plus trop à l’écoute telle que nous la connaissons aujourd’hui. Les télés, mobiles et autres petits HP d’ordinateur sont au taquet à 200 et ensuite pissent de l’aigu.

Antoine Canin : 200 à 500Hz, c’est tout ce que je coupe…

Manu Guyot : Moi aussi le 500..

Antoine Canin : C’est indispensable de tailler car toutes les télés ont tendance à faire « wouwou » dans le bas. Si tu laisses du niveau autour de cette fréquence ça devient horrible.

Tout bon joueur de Tarot vous le dira, il faut amener le Grand au bout, l’atout numéro 1…

Le repas nous interrompt, du moins l’horaire à respecter pour être prêt à attaquer le direct. Le moment est donc idéal pour laisser traîner notre infatigable dictaphone et recueillir en guise de conclusion quelques mots de Shitty.

SLU : Elle paraît super bien étudiée la gamme Axient dont vous avez rentré un système complet.

Shitty : Absolument, elle va vers l’avenir. Nous avons acheté ces 16 liaisons spécifiquement pour faire la Nouvelle Star mais aussi et surtout pour faire évoluer notre parc et pouvoir disposer de suffisamment de fréquences quand on devra dégager de la TNT. C’est aussi un investissement en personnel car par exemple Thomas et Cyrille, que tu as interviewés, ont passé deux jours de formation chez Algam pour bien maîtriser le tout. C’est autre chose que de changer des piles ! Le prix aussi rentre en ligne de compte car si je ne peux pas au minimum louer un système le prix qu’il me coûte, à quoi bon l’acheter, aussi novateur et exceptionnel soit-il. Si je dis à un client que je vais lui mettre un nouveau micro qui vaut une fois et demi le prix de l’ancien, il me dira quoi à ton avis ? : « Mais, il ne marchait pas l’autre ? »

SLU : Comment ça se fait que vous ayez acheté plein d’APG et que vous ayez accroché de l’Adamson ?

Shitty : L’APG est du line-array, et ici cela n’aurait pas du tout marché. J’ai des DX15 et 12 qui auraient très bien fait l’affaire, que nous utilisons d’ailleurs comme retours mais nos excellents rapports avec Lagoona nous ont permis d’avoir des MH121 qui prenaient la poussière chez eux. Comme notre d&b était déjà installé ailleurs, on a été ravi de pouvoir bénéficier de ces têtes Adamson à prix d’ami pour les deux mois que dure l’émission. Nous sommes, de l’avis même de Didier Dal Fitto de DV2, le prestataire ayant le moins acheté de boîtes Adamson au monde et ayant pourtant fait le plus de pub à cette marque grâce notamment aux Victoires qu’on sonorise en E15 et cette année aussi en S10 (et Soundlightup vous racontera tout ça très prochainement ! NDR).

Une vue du plateau de la Nouvelle Star avec à droite l’emplacement de l’orchestre. En cherchant bien, on aperçoit quelques-unes des têtes MH121.5 Adamson pendues au milieu des motorisés.

Une vue du plateau de la Nouvelle Star avec à droite l’emplacement de l’orchestre. En cherchant bien, on aperçoit quelques-unes des têtes MH121.5 Adamson pendues au milieu des motorisés.

A quoi cela nous servirait d’acheter ces gros systèmes ? Ils ne sortiraient jamais ! On a un très beau partenariat avec Lagoona à qui on passe des régies, des liaisons et des consoles, et pour qui on gère des lieux comme le Palace, et qui en retour nous fournit entre autres la grosse puissance dont nous avons ponctuellement besoin.
Gilles Bedon (DG de Lagoona NDR) a dernièrement remplacé le Metrix d’un des studios de Radio France par un autre système plus puissant et nous a proposé de le reprendre. On a fait avec Incroyable Talent et ça marche très bien.

SLU : Ton APG tu le sors quand alors ?

Shitty : Typiquement sur The Voice. Ca plait au producteur et au chef d’orchestre et ça me couvre bien le studio avec un nombre de boîtes réduit. Le son est bon, et APG a pu convaincre grâce à nous quelques clients de la validité de ce produit et sur la possibilité de taper partout avec moins de boîtes. Mon problème en TV ce n’est pas de porter à 200 mètres, 25 me suffisent, mais il faut que je puisse passer au travers des 15 rideaux de projecteurs qui m’empêchent d’arriver en haut des gradins. Moi de faire un shoot où j’ai ± 0,2 dB d‘écart au siège 134, je m’en fous (rires) ! Je suis ravi de mon achat en APG, mais si tu fais un sondage, tu auras toujours des gens pour tailler telle ou telle marque et ne vouloir que du L, de l’Adamson, du Meyer ou du d&b. Tout le monde a raison, et ça me va très bien ! Je suis prescripteur. On ne me demande jamais une marque en particulier, juste un résultat garanti. Ca tombe bien, je sais faire !

Le moment du vote des téléspectateurs...

Le moment du vote des téléspectateurs…

SLU : Et on ne te demande pas non plus de pressions démentes ou de subs en pagaille !

Shitty : Bien sûr que non. Et puis tu sais, le son ça va au-delà de la technique, ça dépend aussi de la culture et de l’époque. Quand on a lancé Silence en 96, on a racheté la sono de Magma (groupe français historique et avant-gardiste mêlant jazz-rock et…tout ! NDR) qui était constituée d’enceintes Apogee, un peu l’esprit Meyer mais plus puissant et qualitativement au top. Ca valait un bras ! On a donc rentré ces têtes, et quand on a voulu les subs… Magma a tourné 10 ans sans subs. La musique ne s’y prêtait pas, Christian Vander refusait catégoriquement qu’on amplifie sa grosse caisse. Il exigeait le son acoustique. Quand il voulait de la basse, le bassiste se débrouillait avec son ampli. Les enceintes étaient réservées aux voix et à tout ce qui était en tessiture de voix qui devait être parfaitement reproduit. La sono résidente de l’Olympia était constituée de colonnes pour le balcon, tu rajoutais tes propres colonnes pour l’orchestre, et les retours, bin tu retournais deux colonnes et c’était bon ! Même à l’époque du Disco, la grosse caisse était devant mais il n’y avait rien à 30Hz. De nos jours on t’en colle partout, à t’en retourner l’estomac. Bon appétit !

Conclusion

Atypique et à la fois indispensable, Silence signe une fois encore un sans-faute, apportant toute son expérience et son talent pour faire du son d’une émission, une star à part entière. Plus que des monceaux de matos dernier cri, elle apporte ce qui fait vraiment la différence sur le terrain et dans les écrans : les hommes. Rompus à cet exercice qu’est le broadcast, ces derniers réussissent la synthèse entre plaisir du téléspectateur et bonheur du spectateur, sans oublier de jeunes artistes qui sont le pilier de l’émission et doivent donc être mis dans les meilleures conditions pour oublier leurs craintes et crever l’écran.

...Pour l’orchestre le bal est terminé, ils peuvent être payés ;0)

…Pour l’orchestre le bal est terminé, ils peuvent être payés ;0)

Bien sûr on aimerait que les budgets et les mentalités permettent à Shitty et ses équipes d’aller encore plus loin dans la diffusion sous chapiteau qui se révèle très piégeuse, mais même comme ça, on ne peut que saluer le résultat, et c’est bien là l’essentiel.

Ca sonne efficace en salle, ça mixe bien dans sa télé, et en Replay on peut savourer le travail alliant embonpoint et finesse de Manu Guiot. Chapeau aussi à Stéphane Gaubert et aux musiciens qui déchirent et font beaucoup plus qu’accompagner les candidats. Ils les portent. N’hésitez pas à savourer les titres postés sur D8, ils ne sont pas trop massacrés question compression de données.

Enfin n’oublions pas un dernier maillon sonore indispensable et qui prolonge le travail de Silence en s’y emboîtant comme une XLR dans son embase. : Antoine Canin. Il réussit la prouesse qu’image et son ne fassent qu’un. Il parvient à le salir proprement et il le cisèle dans le vacarme d’un car régie. On lui décerne volontiers un « le Silence est d’or » !

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Audiopole distribue les produits Ghielmetti en France

Audiopole est depuis le 1er mars 2015 le distributeur exclusif en France des produits du constructeur suisse Ghielmetti.
Ghielmetti, fondé en 1912 par Franz Ghielmetti à Berne, est aujourd’hui un constructeur majeur dans les domaines audio/vidéo professionnel, communication et industriel.

De gauche à droite Robert Habersaat, VP Sales & Marketing Ghielmetti AG, Jean-Philippe Blanchard, Directeur Broadcast Audiopole, Hans-Peter Schwaninger, CEO Ghielmetti AG.

De gauche à droite Robert Habersaat, VP Sales & Marketing Ghielmetti AG, Jean-Philippe Blanchard, Directeur Broadcast Audiopole, Hans-Peter Schwaninger, CEO Ghielmetti AG.

La qualité des produits et en particulier des patchs est mondialement reconnue. On les retrouve dans de très nombreuses installations, télévisions, car vidéo, théâtres et studios. La fiabilité est exceptionnelle et la longévité des patchs dépasse allègrement les 10 ans. La gamme actuelle comprend bien sûr les patchs audio mais aussi des produits moins connus comme des patchs vidéo, des unités de monitoring, des convertisseurs d’impédance, des routeurs et distributeurs audio, des produits industriels pour centrales électriques et même des systèmes de monitoring pour le contrôle aérien.

Logo GhielmettiRobert Habersaat, VP sales & marketing Ghielmetti nous déclare : « Je me réjouis de travailler avec Audiopole et son équipe commerciale qui a une parfaite connaissance et une grande expérience du marché audio professionnel en France. Audiopole est un partenaire idéal pour nous permettre d’offrir aux clients français un très haut niveau de service et de support sur les produits existants et à venir. »

Jean-Philippe Blanchard, Directeur chez Audiopole nous précise : « Nous sommes très heureux et fiers d’avoir été choisis par Ghielmetti, symbole de qualité et de fiabilité pour développer ses activités en France.
La gamme des produits complète parfaitement l’offre actuelle d’Audiopole et nous avons découvert avec plaisir que le catalogue ne se limitait par aux patchs audio mais aussi à d’autres produits très intéressants. En plus, Ghielmetti prévoit dans un futur proche de sortir de nouvelles gammes de produits numériques particulièrement novateurs et sommes impatients à l’idée de pouvoir vous les présenter»

 

 

 

1ere partie : Face, retours, patch et liaisons HF

Nouvelle Star 2015 avec Julien Martin, Stéphane Jacottin et Silence

Plus si Nouvelle que ça, la Star revient sur D8 avec ses candidats bluffants, son chapiteau chantant et une multitude de techniciens et de musiciens épatants, faisant de ce télé-crochet, un des rendez-vous incontournables du PAF. Malgré des budgets en laine lavée à 90°, Silence continue d’assurer voire d’investir car : « Quand on gagne un euro, on en dépense trois ! »

Confortablement installés dans le coin canapé qui sera quelques heures plus tard pris d’assaut par les candidats de l’émission, on retrouve de gauche à droite : Stéphane Jacottin, l’ingé son façade, Cyrille Castagné, assistant son, Thomas Foulon, assistant son, Julien Martin, ingé son retours et Shitty, l’âme avec Gilles Hugo de Silence.

Confortablement installés dans le coin canapé qui sera quelques heures plus tard pris d’assaut par les candidats de l’émission, on retrouve de gauche à droite : Stéphane Jacottin, l’ingé son façade, Cyrille Castagné, assistant son, Thomas Foulon, assistant son, Julien Martin, ingé son retours et Shitty, l’âme avec Gilles Hugo de Silence.

Vous ne connaissez rien au son télé ? Julien Martin, Stéphane Jacottin, Thomas Foulon et Cyrille Castagné vous offrent une première séance de rattrapage avant que Shitty, Manu Guyot, Morgan Roux et Antoine Canin n’enfoncent le clou dans une seconde partie très broadcast d’ici quelques jours.
Lovée au beau milieu de deux bras de la Seine, l’Ile Saint-Germain accueille dans son parc et pour la troisième fois de suite La Nouvelle Star et son chapiteau blanc, bien visible depuis les voies rapides rive gauche et rive droite. Placés stratégiquement autour du chapiteau, les cars régie image, son et le groupe électro sont reliés par un bel enchevêtrement de liaisons dont le seul point commun est la boue qui les recouvre. On est à la campagne ou on ne l’est pas.

Silence disposant de deux cars régie voire de 3 bientôt, c’est l’Autre qui est en place, le Mobile Son est, au moment de cet interview, le ventre à l’air en train de recevoir sa nouvelle console Studer et ses deux tables de prémix en vue des Victoires de la Musique 2015. Bien peu étanche, le chapiteau laisse s’échapper des flots de musique, et il en sera ainsi jusqu’à 18h30 où le silence se fait et petit à petit tout le monde rejoint le catering. Le direct ça n’attend pas.

Voilà ce que voient les candidats avant de passer dans le tunnel des gradins et d’atteindre le plateau. Bien rangés et de haut en bas les packs récepteurs Shure, les micros émetteurs Sennheiser pour les talks et enfin les nouveaux émetteurs main Shure appelés AXT200, ici montés en Beta 58. Derrière et en plein boulot Julien Martin devant sa PM1D. Bien visibles en face de lui les émetteurs des ears.

Voilà ce que voient les candidats avant de passer dans le tunnel des gradins et d’atteindre le plateau. Bien rangés et de haut en bas les packs récepteurs Shure, les micros émetteurs Sennheiser pour les talks et enfin les nouveaux émetteurs main Shure appelés AXT200, ici montés en Beta 58. Derrière et en plein boulot Julien Martin devant sa PM1D. Bien visibles en face de lui les émetteurs des ears.

Une fois pénétré dans le saint des sons, on débusque la console retours avec la désormais fameuse ronce de Maggi qu’il faut caresser pour la faire briller. Cette PM1D n’est pas la seule table déployée puisque elle est accompagnée par une LS9 pour les micros de talk et l’interphonie propre à Silence, mais aussi une M7CL pour la façade, une Vista 9 de Visual pour le mix final avec ajout des ambiances et enfin la console de mix musique antenne dans l’Autre.

Comme vous vous en doutez, il y a des stages en pagaille pour alimenter tout ce petit monde. Le patch musique comporte 48 paires et n’est routé via son stage que vers le car de Silence. Il y a ensuite le patch des talks, des spares plateau et des candidats qui lui au contraire prend trois directions, la salle, le car de Silence et celui de Visual. Mais donnons la parole à Cyrille Castagné, assistant son.

Axient, fait tout en numérique sauf la transmission du signal…malin !

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26 liaisons HF. Les dix du haut sont signées Sennheiser avec des 3732, les 16 du bas sont signées Shure avec la nouvelle gamme Axient comportant l’ensemble des modules nécessaires à son fonctionnement. Les trous que l’on aperçoit tout en bas ne sont pas des fours à pizza mais bien les slots dans lesquels glisser les packs spécifiques aux nouveaux émetteurs main.

26 liaisons HF. Les dix du haut sont signées Sennheiser avec des 3732, les 16 du bas sont signées Shure avec la nouvelle gamme Axient comportant l’ensemble des modules nécessaires à son fonctionnement. Les trous que l’on aperçoit tout en bas ne sont pas des fours à pizza mais bien les slots dans lesquels glisser les packs spécifiques aux nouveaux émetteurs main.

SLU : Il y a beaucoup de Shure. Comment cela se fait-il ?

Cyrille Castagné : La Nouvelle Star a toujours été en Shure pour toute la partie musique et chant ! En revanche le talk est en 5200 sur des Sennheiser 3732.

SLU : Ce ne sont pas de classiques UR4D…

Cyrille Castagné : Non, nous avons les tout derniers Axient. Nous les avons achetés spécifiquement pour la Nouvelle Star. Le système complet est composé de récepteurs AXT400, d’émetteurs micro main AXT200 équipés en Beta58, et d’émetteurs ceinture appelés AXT100.

Nous avons assez de liaisons pour l’ensemble des candidats mais comme le veut l’émission, ils ne sont plus que 8 cette semaine et sept ce soir. De là les trois récepteurs éteints.

Tout en bas, ce sont les deux unités de recharge des packs spécifiques des émetteurs main. Nous les avons configurés avec 4 modules doubles ce qui permet de recharger 16 packs en même temps. Ces deux racks sont aussi sur le réseau, ce qui permet de savoir comment se passe la charge depuis son ordinateur.

L’AXT610 Shure, un émetteur WiFi pilotant jusqu’à 16 émetteurs et disposant d’une portée pratique équivalente à celle du micro lui-même. C’est par le biais de ce boitier qu’est par exemple effectuée la programmation des fréquences des émetteurs. A la volée s’il le faut.

L’AXT610 Shure, un émetteur WiFi pilotant jusqu’à 16 émetteurs et disposant d’une portée pratique équivalente à celle du micro lui-même. C’est par le biais de ce boitier qu’est par exemple effectuée la programmation des fréquences des émetteurs. A la volée s’il le faut.

Thomas Foulon (assistant son) : On a aussi un rack de commutation Ethernet qui donne la main à l’ensemble des éléments du système Axient et s’appelle l’AXT620 et enfin le manager AXT600, le gestionnaire de spectre, qui gère toutes les fréquences. L’idée est qu’il en attribue une à chaque liaison et il en stocke en secours un certain nombre.

Dès qu’il trouve qu’une fréquence active est un peu perturbée, il va aller piocher dans sa réserve et ensuite, soit automatiquement soit après validation de notre part, il va basculer entre les deux.

Le système Axient vu de près avec dans les 3 racks du haut, la partie répartition d’antennes et la gestion de spectre AXT600 et en dessous les classiques récepteurs doubles AXT400.

Le système Axient vu de près avec dans les 3 racks du haut, la partie répartition d’antennes et la gestion de spectre AXT600 et en dessous les classiques récepteurs doubles AXT400.

Deux écrans d’un même ordinateur indispensables pour suivre l’état des liaisons micro. En haut de l’image, il s’agit de la visualisation du Wireless Workbench 6 et en dessous celle de Sennheiser qui porte le doux nom de Wireless System Manager. Entre les deux, dans le coffre ouvert, les images des candidats et le numéro de leur micro et de leur pack, attribués une fois pour toutes. Ils étaient huit au début du direct et plus que 7 à la fin. Thomas et Cyrille masquent très proprement un visage chaque semaine.

Deux écrans d’un même ordinateur indispensables pour suivre l’état des liaisons micro. En haut de l’image, il s’agit de la visualisation du Wireless Workbench 6 et en dessous celle de Sennheiser qui porte le doux nom de Wireless System Manager. Entre les deux, dans le coffre ouvert, les images des candidats et le numéro de leur micro et de leur pack, attribués une fois pour toutes. Ils étaient huit au début du direct et plus que 7 à la fin. Thomas et Cyrille masquent très proprement un visage chaque semaine.

SLU : Et reprogrammer aussi le micro à distance…

Thomas Foulon : Exactement. C’est l’AXT610 qui s’en charge en WiFi. Chaque liaison est sous ses ordres, 16 par boîtier, et permet non seulement de changer la fréquence à la volée, mais aussi de télécommander le gain de l’émetteur.

La portée de cet émetteur WiFi est identique à celle UHF du micro et en cas de doute on peut ajouter des émetteurs.

SLU : Mais c’est neuf de chez neuf vos racks Shure, il y a encore le film transparent de protection…

Cyrille Castagné : Tout neuf, ça vient de sortir du carton.

Les packs récepteurs Shure avec déjà prêt, le casque Westone UM10 adopté pour l’ensemble des candidats. Chaque pack est attribué à un candidat, ici Nelson et Emji. Mais non je n’ai pas dit qu’elle allait gagner !

Les packs récepteurs Shure avec déjà prêt, le casque Westone UM10 adopté pour l’ensemble des candidats. Chaque pack est attribué à un candidat, ici Nelson et Emji. Mais non je n’ai pas dit qu’elle allait gagner !

SLU : Je vois que les candidats sont tous en ears, quel choix avez-vous fait pour leurs liaisons ?

Thomas Foulon : Aussi du Shure, du PSM1000. Comme les micros chant sont en Shure, nous avons préféré n’utiliser qu’une seule marque pour simplifier la gestion réseau.

SLU : Malgré les ears vous avez conservé des wedges sous caillebotis…

Julien Martin (ingé son retours) : Oui des APG DX15 pour l’arrière. Les 6 wedges principaux à l’avant et face au jury sont équipés de Adamson. Le jury dispose en plus du son de salle, de 4 arrivées pour des ears filaires et de deux retours DX15 spécifiques et tournés vers eux.

Cachée comme souvent en télé, une DX15 APG, un retour apprécié car assez compact et passif, attend patiemment qu’une paire d’oreilles passe à proximité.

Cachée comme souvent en télé, une DX15 APG, un retour apprécié car assez compact et passif, attend patiemment qu’une paire d’oreilles passe à proximité.

Un des M15 Adamson ceinturant le bord de la scène circulaire où se produisent les candidats. Commutable en deux voies actives, elle dispose d’un guide d’ondes conique ouvrant à 50°.

Un des M15 Adamson ceinturant le bord de la scène circulaire où se produisent les candidats. Commutable en deux voies actives, elle dispose d’un guide d’ondes conique ouvrant à 50°.


Face à la PM1D de Julien, à gauche les huit amplis Fischer Amps en charge des in-ears et à droite les 12 émetteurs Shure PSM1000 au-dessus des combineurs d’antenne PA821A. Tout en bas, les deux émetteurs pour les backliners.

Face à la PM1D de Julien, à gauche les huit amplis Fischer Amps en charge des in-ears et à droite les 12 émetteurs Shure PSM1000 au-dessus des combineurs d’antenne PA821A. Tout en bas, les deux émetteurs pour les backliners.

SLU : En termes de départs, tu fournis du son aux musiciens sur des arrivées filaires…

Julien Martin : Oui, ils sont alimentés par des Fischer Amps mais peuvent tout aussi bien recevoir des packs si dans le titre ils doivent quitter leur place fixe au sein de l’orchestre. On envoie le mix filaire dans des départs connectés à des émetteurs.

SLU : Comment ça se fait que tu te sois encastré ainsi avec ta régie entre flight cases et M15 ?

Julien Martin : Je m’enclave un petit peu parce qu’au moment du direct il y a 30 personnes et ça court, ça parle sans arrêt. Derrière nous, il y a un point important dans l’émission où sont tournées des images pour le direct, d’où l’éclairage constant, les canapés et la déco.

SLU : Du coup tu gardes tes ears !

Julien Martin : Quasiment oui, au moins 70 % de mon temps. Les candidats chantent tous avec les ears, parfois une oreille et rarement aucune des deux sauf quand ils font un truc plus rock and roll au centre scène sans grands déplacements.

Une image du direct résumant bien les propos de Julien Martin qui nous explique ressentir le besoin de se barricader un peu afin de préserver son espace vital. On le comprend.

Une image du direct résumant bien les propos de Julien Martin qui nous explique ressentir le besoin de se barricader un peu afin de préserver son espace vital. On le comprend.

SLU : Quelle est ta manière de travailler. Ce qui est bon dans les ears est adapté pour les wedges ou bien l’envers ?

Julien Martin : Je suis assez « ça marche dans les ears, ça marche dans les wedges ». Je commence par construire un mix musique que je distribue à tout le monde dans les différentes zones, et ensuite je l’adapte pour chacun. Mon premier mix, je l’ai fait avec les ears.

La pédale magique de Julien Martin, récupérée dans la caverne de Gilles & Shitty Baba et bien utile pour garder ses mains sur le mix tout en contactant la ou les bonnes personnes. 4 directions et héritée d’une demande qu’avait faite un chef d’orchestre.

La pédale magique de Julien Martin, récupérée dans la caverne de Gilles & Shitty Baba et bien utile pour garder ses mains sur le mix tout en contactant la ou les bonnes personnes. 4 directions et héritée d’une demande qu’avait faite un chef d’orchestre.

SLU : L’égalisation des M15 est due à quoi ?

Julien Martin : Le plateau, le fait que les wedges sont sous caillebotis et assez loin, sans oublier la grille qui ajoute sa dose d’accidents. On est bien, ça sonne.

Un des innombrables Westone UM10 universels et mono transducteurs mis à la disposition des candidats.

Un des innombrables Westone UM10 universels et mono transducteurs mis à la disposition des candidats.

SLU : Comment t’y es-tu pris pour former les candidats aux ears ?

Julien Martin : On les a briefés au début sur comment les porter, sur quoi il faut se concentrer, comment il faut interpréter ce qu’on entend et on les informe au fur et à mesure du déroulement des “primes”.
Je mixe aussi avec moins de voix pour qu’ils sentent la musique et ne chantent pas tout seuls. Pour la plupart, c’est la première fois qu’ils jouent avec des musiciens. Il faut qu’ils ressentent tout ça et sachent rapidement se placer.

SLU : Tu as eu le temps de faire une vraie formation ?

Julien Martin : Le temps, non, mais cela s’est fait naturellement.

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs groupes

Le poste des retours de la Nouvelle Star comme si vous y étiez. Les trois écrans de G à D affichent l’égalisation des M15 Adamson via les PLM 10000 qui leur donnent la puissance mais pas que, au centre une réplique en plus grand de celui de la PM1D, un super affichage quand on pense à l’âge de la bête et à droite une mosaïque du plateau pour avoir une idée de ce qu’il s’y passe. En arrière-plan les amplis Fischer Amps et les émetteurs Shure. Une LS9 toujours Yamaha complète le dispositif en s’occupant des talkbacks entre les sondiers et les musiciens avec une quinzaine d’entrées brassées vers 12 sorties.

Le poste des retours de la Nouvelle Star comme si vous y étiez. Les trois écrans de G à D affichent l’égalisation des M15 Adamson via les PLM 10000 qui leur donnent la puissance mais pas que, au centre une réplique en plus grand de celui de la PM1D, un super affichage quand on pense à l’âge de la bête et à droite une mosaïque du plateau pour avoir une idée de ce qu’il s’y passe. En arrière-plan les amplis Fischer Amps et les émetteurs Shure. Une LS9 toujours Yamaha complète le dispositif en s’occupant des talkbacks entre les sondiers et les musiciens avec une quinzaine d’entrées brassées vers 12 sorties.

SLU : PM1D for ever ?

Julien Martin : Silence en a 4, et puis ça reste confortable et efficace. Je préfère cette table à d’autres plus à la mode mais dont le nombre de sorties est insuffisant et puis rien qu’en accès direct j’ai 48 faders…

SLU : Et une infinité de départs !

Julien Martin : Tout est full. Les 48 mix entre wedges et ears et 12 départs de matriçages sur des ears HF, sans oublier un mix SOS disponible pour la façade et l’antenne.

Le cœur de la PM1D, certes assez encombrant mais quand on pense à l’âge de la bête et au nombre d’entrées et sorties qu’elle offre, on ne peut que tirer son chapeau à Yamaha.

Le cœur de la PM1D, certes assez encombrant mais quand on pense à l’âge de la bête et au nombre d’entrées et sorties qu’elle offre, on ne peut que tirer son chapeau à Yamaha.

SLU : Effets internes ?

Julien Martin : Absolument. 100%. On les connait par cœur. Ils sont simples et efficaces. C’est d’ailleurs ceux que l’on retrouve dans les CL5…

SLU : Avec les nouvelles ressources DSP ? Ils doivent être plus travaillés, plus velours…

Julien Martin : Ahh… peut-être, mais je ne l’entends pas. Je ne dis pas que ce sont les meilleurs dans l’absolu mais ils sont largement travaillables.

SLU : L’emplacement des wedges paraît bien pensé. Tu as eu le temps de te pencher sur la question ?

Julien Martin : On a bien bossé en amont lors de la première saison du redémarrage de l’émission. Pour la façade c’est plus compliqué mais au niveau des retours on nous écoute.

SLU : Et c’est quoi ton actualité à venir ?

Julien Martin : Je vais partir avec Christophe Willem plus deux musiciens, et je tiendrai face et retours. Ce sera très chouette avec pas mal de trouvailles au niveau du son ! (Il ne faut pas nous dire ça, jamais, après SLU débarque NDR).

De fil en console on quitte le plancher des vaches pour grimper dans la structure érigée à même le gazon de l’Ile st Germain où est perchée la régie façade de Stéphane Jacottin.

SLU : On a dit que le patch musique est de 48 lignes et le patch total de 64. Qui limite ce nombre ?

Stéphane Jacottin (ingé son salle) : La console dans l’Autre. Elle accepte 64 entrées.

Le coin clavier de J-Ba Sabiani avec pas moins de 6 instruments dont un Wurlitzer, un Rhodes 73, UN VK8, un Nord lead 4, un Nord stage 2 et j’en passe. La variété des titres joués implique une telle palette sonore. A gauche la 01V96 qui premixe les synthés.

Le coin clavier de J-Ba Sabiani avec pas moins de 6 instruments dont un Wurlitzer, un Rhodes 73, UN VK8, un Nord lead 4, un Nord stage 2 et j’en passe. La variété des titres joués implique une telle palette sonore. A gauche la 01V96 qui premixe les synthés.


Un musicien et non des moindres, le HD24 Alesis dont on voit ici les 16 leds des pistes 1 à 16 illuminées. Normal, c’est le nombre qui joue sous chaque titre. Enfin, disons 15, la seizième et première dans la numérotation, contient le click qui heureusement ne passe pas en salle et à l’antenne ! Le HD24 est interfacé avec une paire de PRO8 Radial de couleur verte.

Un musicien et non des moindres, le HD24 Alesis dont on voit ici les 16 leds des pistes 1 à 16 illuminées. Normal, c’est le nombre qui joue sous chaque titre. Enfin, disons 15, la seizième et première dans la numérotation, contient le click qui heureusement ne passe pas en salle et à l’antenne ! Le HD24 est interfacé avec une paire de PRO8 Radial de couleur verte.


SLU : Du coup vu le nombre de claviers et j’imagine de séquences, il y a forcément des prémélanges…

Stéphane Jacottin : Oui, le clavier le fait sur une 01V96 d’autant qu’il y a déjà 16 lignes prises par le HD24 Alesis, 15 de sons divers programmés et venant enrichir encore les arrangements de l’orchestre, et un click.

SLU : Ce click qui comporte aussi des repères vocaux, tu le distribues partout sauf dans les wedges ?

Julien Martin (ingé son retours) : Partout oui mais pas constamment. Bien sûr je l’envoie à tous les musiciens, mais pas forcément sur chaque titre et pour chaque candidat. En cas d’acapella, il y aura une demande pour que le chanteur ait aussi le décompte afin que tout le monde reparte en même temps. Tout est prêt et dispo dans le HD24. Jean-Baptiste Sabiani, qui tient les claviers et les séquences, s’en charge. Quand on fait la première répète de la semaine, le mardi matin, tout est organisé musicalement. Il fait ses séquences sur Logic et les couche sur l’HD24. C’est lui qui lance les titres. C’est à l’ancienne mais avoir une machine dédiée comme l’HD24, c’est plus sûr.

Les bassistes apprécieront la configuration de Rémi Léger.

Les bassistes apprécieront la configuration de Rémi Léger.

SLU : Du coup, tu as les 16 lignes de l’HD…

Julien Martin : Et le gauche/droite de sa Yam qui prémixe les claviers et en direct le Fender Rhodes, le Wurlitzer et la Leslie séparés. La Leslie est sous la scène et reçoit le VK8 Roland.

SLU : Le piano est repiqué ?

Julien Martin : Non c’est un Silent. Il est accordé chaque semaine mais juste pour permettre à Vincent Bidal de jouer sans casque durant les répétitions. Dès qu’il s’en sert dans le cadre de l’émission, il enclenche le mode silent et passe sur les échantillons internes. Donc pour répondre à ta question il l’est, mais par deux DI (rires).

La batterie partagée par Jean-Baptiste Cortot et Loic Pontieux avec derrière, un impressionnant stock de caisses claires, une très belle façon de changer de son entre deux titres. On aperçoit aussi sous la China verticale, le sub qui complète les ears des deux batteurs.

La batterie partagée par Jean-Baptiste Cortot et Loic Pontieux avec derrière, un impressionnant stock de caisses claires, une très belle façon de changer de son entre deux titres. On aperçoit aussi sous la China verticale, le sub qui complète les ears des deux batteurs.

SLU : Mais au fait Julien, tu ne tenais pas la façade aux NRJ Awards la dernière fois où nous nous sommes rencontrés ?

Julien Martin : Oui, et je fais aussi du calage système mais pour le reste je mixe beaucoup, beaucoup de retours, disons 80% de mon temps.

SLU : Il y a une collection incroyable de caisses claires. Ce sont celles de Loïc Ponthieu ?

Cyrille Castagné : C’est ça. Je crois qu’il en a 17 mais, pour le moment, il laisse sa place à Jean-Baptiste Cortot puisqu’il accompagne Véronique Sanson en tournée. La batterie est prêtée par Yamaha et les cymbales ont changé puisque les deux musiciens ne sont pas endorsés par la même marque.

Et le son, on peut le faire sans enceintes ?

Stéphane Jacottin, l’ingé face et Julien Martin l’ingé retours, les rois du chapiteau.

Stéphane Jacottin, l’ingé face et Julien Martin l’ingé retours, les rois du chapiteau.

SLU : Je ne vois pas beaucoup d’enceintes de diffusion…

Stéphane Jacottin : Si, si, il y’en a mais il faut chercher du regard sur les ponts, entre les projecteurs. Elles sont à 11 mètres de hauteur en douche, avec l’interdiction de dépasser les projecteurs. L’emplacement et le choix des enceintes était vite vu.

SLU : Qu’avez-vous choisi ?

Stéphane Jacottin : Des MH121 Adamson, rien de bien récent mais ça marche bien. Elles embarquent un 12’ kevlar et un moteur d’un pouce et demi. J’en ai certaines orientées vers la fosse et les autres couvrent les gradins. J’évite bien sûr la zone de l’orchestre. Comme souvent en télé, on a opté pour une multidiffusion. Enfin, j’ai quelques Bose sur les côtés pour préciser un peu les talks. En tout il y a 14 MH121.

La puissance des retours et des subs avec, assez rare pour être signalé, pas moins de 5 marques d’amplis. Et que du bon. De haut en bas et de droite à gauche nous avons du d&b, du Chevin, du Lab Gruppen, un Micro-Tech Crown et enfin 4 QSC. Cette variété est due à la mission confiée à Silence et qui n’est pas d’épater la galerie, mais bien de la sonoriser.

La puissance des retours et des subs avec, assez rare pour être signalé, pas moins de 5 marques d’amplis. Et que du bon. De haut en bas et de droite à gauche nous avons du d&b, du Chevin, du Lab Gruppen, un Micro-Tech Crown et enfin 4 QSC. Cette variété est due à la mission confiée à Silence et qui n’est pas d’épater la galerie, mais bien de la sonoriser.

SLU : Et pour le bas ?

Stéphane Jacottin : On a quatre subs sous les gradins. Deux SB218 L-Acoustics et deux B2 d&b. Ils sont indispensables pour remplir le bas.

SLU : Tu ne joues pas très fort…

Stéphane Jacottin : Oui, mais le fait d’être sous chapiteau fait grimper le niveau. A mon point de mix, je mesure parfois 110 dBA (placé en hauteur, face à la scène et à l’arrière des 4 membres du jury, mais hélas complètement sur le côté et pile devant une colonne bien habillée. NDR). Le chapiteau amplifie le son à certains endroits et le public est très, très sonore. Même la caisse claire seule, sans aucune sono, monte à près de 98 dB. Mon micro d’analyse est placé devant ma console.

La régie façade, simple et efficace : une M7CL, une paire de petites écoutes Yamaha pour les ordres, un sonomètre avec un affichage en dBA, un écran et…une belle colonne bien habillée pour être certain que Stéphane Jacottin ne puisse pas voir la scène sans se déplacer à gauche de sa table dans le royaume des motoristes du décor. Comme ça il n’y a pas de jaloux avec Julien Martin ! Remarquez aussi le petit routeur D-Link posé sur l’enceinte droite. Il permet une connexion sur la console via un ipad.

La régie façade, simple et efficace : une M7CL, une paire de petites écoutes Yamaha pour les ordres, un sonomètre avec un affichage en dBA, un écran et…une belle colonne bien habillée pour être certain que Stéphane Jacottin ne puisse pas voir la scène sans se déplacer à gauche de sa table dans le royaume des motoristes du décor. Comme ça il n’y a pas de jaloux avec Julien Martin ! Remarquez aussi le petit routeur D-Link posé sur l’enceinte droite. Il permet une connexion sur la console via un ipad.

SLU : Du coup comment mixes-tu ?

Stéphane Jacottin : Je cherche essentiellement de la précision. Ca ne sert de toute façon à rien de lutter contre le public, et surtout on est tenu par un niveau maxi au-delà duquel on gêne la diffusion TV. Si durant les talks le public est très bruyant, je vais suivre de mon mieux mais sans exagérer sinon je compromets trop le son des téléspectateurs qui devient tout délavé.

Je reçois des groupes du car de Silence car je n’ai pas assez d’entrées sur la M7CL pour avoir à la fois les sources, les micros chant et les talks. Pour te donner un exemple, j’ai un groupe batterie stéréo avec le pied sur une troisième tranche, la basse, les deux guitares et les claviers aussi en stéréo. Le fait d’avoir le kick seul me permet de l’envoyer séparément dans les subs.

SLU : En termes d’effets ?

Stéphane Jacottin : Je me sers de ceux internes à la console, sans abus. Le chapiteau en ajoute déjà suffisamment. Je mets une réverbération essentiellement sur le chant lead. Mon but c’est d’avoir un mix clair en sortant bien les voix.

SLU : C’est Manu Guiot qui t’empaquète les musiciens ?

Stéphane Jacottin : Oui, il sort 10 groupes qui s’ajoutent aux 16 pistes du HD24 que je reçois séparées. A ça s’ajoutent les magnétos du car, les jingles qui viennent ponctuer certaines phases de l’émission et bien entendu les ordres. Je suis moi aussi à l’arrivée de ce qu’envoie la LS9 qui se trouve en bas près de la PM1D. Comme tu vois, mes tranches sont à 0, ce qui prouve bien que ce que m’envoie Manu depuis le car est très cohérent.

SLU : Le click des musiciens et des artistes, tu le récupères ?

Stéphane Jacottin : Moi non, mais le car Visual oui. Ils ont une clé sur leur panel qui leur permet de l’écouter, on le leur envoie depuis les retours avec un direct out de la PM1D. C’est important surtout pour les candidats, ça les aide.

L’émetteur ATX200 le ventre à l’air et son pack Li-ion de 3,6V.

L’émetteur ATX200 le ventre à l’air et son pack Li-ion de 3,6V.

SLU : Ils se servent bien des micros ?

Stéphane Jacottin : Ca va. On a des Beta, et j’ai de la marge avant que ça accroche. Après le premier direct, on a pris un peu de temps avec Manu pour corriger quelques mauvaises habitudes chez certains d’entre eux comme d’écarter la capsule dès qu’ils portent un peu mais là ça va très bien. C’est vrai qu’ils voient certains artistes le faire, alors peut être prennent-ils exemple.

SLU : A quoi sert le petit routeur posé sur l’enceinte amplifiée de droite ?

Stéphane Jacottin : Vu l’endroit où est placée la régie audio, je n’entends pas un son suffisamment représentatif de ce que reçoit le public. Je me sers donc d’un ipad pour pouvoir me balader durant les répétitions et écouter zone par zone. Du coup le jeudi soir lors du direct, je sais mieux ce que je fais.

SLU : C’est toi qui a conçu le système de diffusion ?

Stéphane Jacottin : Conçu c’est un bien grand mot. On a utilisé les emplacements qu’on nous a réservés entre les projecteurs et on a optimisé les angles. On a accroché ponts en bas, et ensuite on a travaillé le calage à la Genie.

SLU : Mais vous n’avez pas d’Adamson, en tout cas de MH121, chez Silence…

Stéphane Jacottin : Exact. Nous les avons eues grâce à notre partenaire Lagoona. Les autres années, j’utilisais du Q7 d&b. Je préfère cela dit le rendu des Adamson, elles remplissent mieux le bas médium et son plus douces dans le haut. Cette année on est encore plus haut vis-à-vis du public, un bon mètre, ce qui fait qu’on tape moins dans la toile, on tombe en douche. Il n’empêche que faire du son dans un chapiteau reste un métier à risque (rires !)

SLU : En plus elle n’est pas très étanche, il ne sort pas grand-chose au-dessus de 4 000Hz, certes, mais le reste…

Stéphane Jacottin : Il paraît oui. Heureusement nous sommes au milieu d’un parc (rires)

Une fois finie la ballade au sein du chapiteau, en route pour le car de Silence où nous attendent Manu Guiot qui tient brillamment le mix musique, bien aidé par Morgan Roux, à en juger par ce que nos télés nous délivrent chaque jeudi soir.
On découvrira aussi Antoine Canin, un cador, non, elle est trop facile celle-là, un pro du son qui tel le village gaulois bien connu, résiste encore et toujours à l’envahisseur Caius Pixelus, et enfin on amènera le Grand au bout, l’atout numéro 1, Shitty, pour quelques réflexions bien senties dont il a le secret.

Rendez-vous ici même dans quelques jours pour la seconde partie de notre reportage sur la Nouvelle Star..

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2e partie : Mélanger avec un paquebot tout bleu

Calogero by Xavier Gendron : sans bons retours, pas de bons concerts

Suite et fin de notre reportage sur les retours de Calogéro effectué dans le nouveau Centre des congrés d’Agen.
Après avoir déclaré sa flamme pour les derniers wedges de Clair, Xavier Gendron nous explique pourquoi Midas est resté Midas malgré le passage au numérique, donne la parole à son assistant Romain Dambrine et en profite enfin pour remettre l’église au milieu du village. Amen !!

Une des projections synchrones rendant obligatoire l’utilisation d’un TC et donc d’un décompte pour que tout le monde soit bien calé.

Une des projections synchrones rendant obligatoire l’utilisation d’un TC et donc d’un décompte pour que tout le monde soit bien calé.

Midas, ça sonne comme l’analogique, et on n’est pas dépaysé

SLU : Comment te trouves tu avec l’XL8. On t’avait laissé avec deux Paragon !

Xavier Gendron : La technique m’embête au plus haut point. Je m’en sers et apprends à m’en servir parce que c’est indispensable à mon métier, mais ce n’est pas ce qui est fondamental. J’ai une numérique parce que elle était là, et je me suis engagé à ne pas tout changer.

Les trois mousquetaires des retours ! De gauche à droite Romain « Trent » Dambrine (Tech HF et séquences), Ronan Cassar (Assistant son plateau) et Xavier Gendron…mais est-ce encore nécessaire de le présenter.

Les trois mousquetaires des retours ! De gauche à droite Romain « Trent » Dambrine (Tech HF et séquences), Ronan Cassar (Assistant son plateau) et Xavier Gendron…mais est-ce encore nécessaire de le présenter.

Cela dit, au niveau du son, c’est peut-être ce que j’ai eu de mieux entre les mains. Tu mets une batterie dedans et tu as le son « blah » tout de suite. Ce n’est pas du tout la même chose que la Studer que j’aime beaucoup aussi, mais j’aurais tendance à dire que je préfère le son de la Midas. Il est moins clinique, moins propre. Ils ont manifestement réussi leur coup car quand tu tournes un bouton, t’as l’impression de le faire sur une XL4 et pas sur du DSP.

Au niveau ergonomie, tu fais exactement les mêmes choses, tu vas aux mêmes endroits et elle réagit quasiment de la même manière. Forcément les jeunes trouvent ça archaïque car tu as accès à tout, tout le temps. Tu n’es pas obligé de trafiquer tout dans tous les sens pour avoir les mains sur l’audio.

SLU : Es-tu un adepte de la double tranche pour tes sources afin de gérer indépendamment les wedges et les ears ?

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Xavier Gendron : Non, pas du tout. C’est la même chose qui va partout. Je pars du principe que le son principal c’est celui des wedges, c’est là où je veux que ce soit le plus efficace possible donc j’égalise mes sources en fonction de ça. Ensuite, en me servant de mes ears, je fais une EQ spécifique à chacun. Pour Calo par exemple, je flatte un peu l’aigu pour qu’il écoute moins fort et pour donner la clarté qu’il perd en partie dans ses ears car ce sont des modèles ouverts. Cela étant, je n’aurais pas travaillé de cette manière si j’avais eu des musiciens en wedges et d’autres en ears.

On fait du son ou pas, surtout en partant de la source, ici un superbe kit Gretsch avec une peau de résonance fermée devant laquelle trône un Audio-Technica 4040 pour les ballades et qui cache un D6 Audix pour les passages plus musclés. Xavier exploite lui aussi les deux micros en fonction des morceaux. Pour le reste, les toms sont en Audix, les over en Audio-Technica et la charley et la ride en Shure.

On fait du son ou pas, surtout en partant de la source, ici un superbe kit Gretsch avec une peau de résonance fermée devant laquelle trône un Audio-Technica 4040 pour les ballades et qui cache un D6 Audix pour les passages plus musclés. Xavier exploite lui aussi les deux micros en fonction des morceaux. Pour le reste, les toms sont en Audix, les over en Audio-Technica et la charley et la ride en Shure.

SLU : Tu utilises beaucoup d’effets ?

Xavier Gendron : Essentiellement des délais parce que la musique le demande. Je travaille beaucoup en relation avec Bob (Coke, ingé son FOH NDR). On n’a pas les mêmes machines mais on bosse dans le même esprit. Quand il accroche la note avec un effet de son côté, j’en fais de même du mien. Il y a une fin de titre ou je mets une réverbération de 25 secondes sur la dernière note de la voix et j’entends qu’il en fait de même dans les micros d’ambiance ce qui est très beau. C’est pour ça que quand Calo m’a demandé « j’aimerais bien une longue réverbe… », je lui ai dit que je savais faire (rires !).

J’en ai fait de même avec Damien Saez et c’est grâce à l’école Julio qui en est friand (Iglesias dont XaXa a longtemps fait les retours NDR). Ça m’arrive d’essayer des trucs durant les balances. L’autre jour, j’ai placé un délai qui part en pan dans la réverbe qui a plu à Calo. Il m’a demandé d’en mettre un poil moins et d’en parler à Bob. Comme on s’entend bien tous les deux, les idées de l’un sont naturellement prises par l’autre.

Un rack assez variés où tout en haut deux tc 2290 et le CPU d’une 480L vont générer une somme d’effets, puis encore plus bas le CPU tc et enfin tout en bas un DL451 va recueillir les in et out de tout ce petit monde.

Un rack assez varié où tout en haut deux tc 2290 et le CPU d’une 480L vont générer une somme d’effets, puis encore plus bas le CPU tc et enfin tout en bas un DL451 va recueillir les in et out de tout ce petit monde.

SLU : Les effets sont de ton ressort ou bien les as-tu trouvés de ton prédécesseur aux retours ??

Xavier Gendron : C’est moi qui ai fait venir les deux délais tc 2290. Ils ont beau être vieux, il n’y a rien de mieux. La couleur, le grain, il n’y a pas photo. ( http://www.tc2290.com/home.htm  pour les inconditionnels).
Rappelons qu’il est toujours recherché 30 ans après ses débuts ! NDR). Certes c’est un peu fragile ; du coup j’en ai deux, un servant de secours pour l’autre. J’ai aussi une 480 Lexicon que j’ai prise au cas où car c’est un outil que j’adore. Je m’en sers un peu sur la batterie. Sur la voix j’utilise une tc 6000. Je l’ai installée le premier jour et comme Calo a apprécié, je l’ai laissée.

SLU : Combien de traitements dynamiques ? Tu ne risques rien avec la Midas comparé à la Paragon (rires !)

Xavier Gendron : Pas grand-chose, j’ai six compresseurs actifs et deux gates. Je travaille comme d’habitude. Je ne modifie pas l’énergie qu’on m’envoie. Les retours sont faits pour que les gens puissent jouer ensemble, il ne faut pas modifier les équilibres sinon les musiciens se perdent. En plus, les snapshots que tu pourrais faire dans une salle ne marcheront pas dans une autre.

Deux télécommandes que 20 ans séparent et tout à gauche un poing lanceur de “fuck the shut up !” du plus bel effet.

Deux télécommandes que 20 ans séparent et tout à gauche un poing lanceur de “fuck the shut up !” du plus bel effet.

Du coup je considère que la XL8 est une analogique et je fais tout à la main sans aucune mémoire. J’aurais donc pu mixer sur deux Heritage avec comme seule limitation le nombre de mix car, mine de rien, ils ont beau n’être que 4 sur scène, quasiment tous les départs sont pris. Chaque backliner par exemple a son mix.

Franchement si je dois retravailler avec Calo et je trouve une paire de consoles analogiques en bon état d’entretien, je me ferai plaisir. Les prestataires qui en ont encore, les entretiennent de moins en moins. Je suis retombé sur une des Paragon que j’ai employée pour Saez en 2013 lorsque j’ai mixé quelques dates pour Ayo.

Pour cette tournée je n’employais que le matos que je trouvais sur place. Un jour on a eu une balance à 10h du mat. Tout le monde est retourné à l’hôtel sauf moi. Je n’ai pas décollé de la console que j’ai réparée et j’ai fini par faire ma sieste sous la table, passant encore une fois pour le dingo de service car, à chaque fois que je me réveillais, je la sondais rapidement… Les prestataires qui ont des vieilles analogiques ne s‘en occupent pas car elles ne sortent plus et ce serait une perte de temps et d’argent.

Qui dit richesse d’arrangements et retour aux ears dit aussi assistance d’un éditeur numérique pour ajouter quelques nappes de-ci de-là. C’est Romain Dambrine qui s’en charge. Il est aussi l’assistant attitré de Xavier et le baby sitter de la XL8. Un paquebot au gros son nécessitant parfois de quelques attentions due à son grand âge (pour du numérique s’entend !! NDR) mais aussi une des seules tables ayant par sa taille fait un peu oublier la PM1D.

Qui dit richesse d’arrangements et retour aux ears dit aussi assistance d’un éditeur numérique pour ajouter quelques nappes de-ci de-là. C’est Romain Dambrine qui s’en charge. Il est aussi l’assistant attitré de Xavier et le baby sitter de la XL8. Un paquebot au gros son nécessitant parfois de quelques attentions dues à son grand âge (pour du numérique s’entend !! NDR) mais aussi une des seules tables ayant par sa taille fait un peu oublier la PM1D.

SLU : Il n’y a pas non plus beaucoup d’XL8…

Xavier Gendron : Il n’y en a que 3, une chez Fa (musique), une chez Dushow et la dernière chez On-Off. Les gens de chez EVI ont été très efficaces car on a connu quelques problèmes au début de la tournée mais qui ont été réglés immédiatement. Je l’aime aussi pour ça… On dirait une analogique (rires). Dans le même petit festival, je revois encore le mec qui faisait les retours de Bernard Lavilliers, l’artiste qui passait après Ayo. Il était venu se placer derrière moi et avait lâché un : «woaaa, le son de la batterie, mais tu fais quoi dessus ?? » «Bahh…rien!!».

La Midas c’est un peu comme la Paragon, c’est gros et encombrant, mais quand on envoie du son dans le bois, ça met tout le monde d’accord. Il y a d’autres marques anglaises dont une est très à la mode. Au risque de créer une polémique, je préfère les consoles avec lesquelles on fait du son comme la Midas à celles qui brillent par leurs gadgets.

SLU : Comment tu t’en sors avec la latence d’une numérique, toi qui fréquentes encore volontiers les analogiques ?

Xavier Gendron : Je ne fais rien de spécial, je ne recale pas, et franchement avec une table comme l’XL8, la latence ne me gêne pas, contrairement à d’autres tables où elle s’entend plus.
Dans la Midas, quand tu mets une grosse caisse, elle sonne comme une grosse caisse sans besoin d’aller l’égaliser. Avec d’autres marques, c’est égaliseur obligatoire. Regarde mes EQ (il me montre, c’est très léger NDR), j’interviens à peine sauf sur le micro dans la grosse caisse qui ne dispose pas d’un évent. Je subis l’effet qu’on appelle de ballon de basket qui m’oblige à tailler un peu plus et à utiliser un compresseur de la table déclenché sélectivement à partir de la fréquence qui me gêne.

SLU : Tu ne te sers que des dynamiques de bord ?

Xavier Gendron : Oui absolument. J’utilise aussi une réverbe interne sur la caisse claire, un peu de 480 sur le reste de la batterie, un moteur de tc6000 et la tc2290 sur la voix de Calo et basta.

SLU : Les balances restent studieuses même après de nombreuses dates ?

Xavier Gendron : Ah oui, ça travaille toujours, ça peaufine sans arrêt mais sans prise de tête. Calo est un perfectionniste qui cherche le meilleur arrangement, y compris en tournée. Au début on balançait une heure et demi, dernièrement on dépasse rarement la demi-heure mais quoi qu’il en soit, ça reste sérieux. Ils peuvent faire un bœuf de 10 minutes mais ils enchaÎneront avec 4 morceaux du show. Le gros avantage, c’est l’ambiance qui est vraiment très bonne sur cette tournée.

Quatre DL431, la rolls du stage Midas pour un patch de 68 signaux. Confort à tous les étages, tranches d’avance en pagaille et simplicité d’exploitation via le partage des stages, un fait assez rare pour être signalé. Sous l’XL8, l’ensemble de hardware nécessaire à sa mise en œuvre. Midas a fait des progrès depuis.

Quatre DL431, la rolls du stage Midas pour un patch de 68 signaux. Confort à tous les étages, tranches d’avance en pagaille et simplicité d’exploitation via le partage des stages, un fait assez rare pour être signalé. Sous l’XL8, l’ensemble de hardware nécessaire à sa mise en œuvre. Midas a fait des progrès depuis.

SLU : Deux mots pour conclure. Clair et XaXa c’est pour la vie ?

Xavier Gendron : C’est vrai que je bosse beaucoup pour eux mais je ne sais pas non plus où mon avenir sera, mais (il réfléchit et son visage s’illumine NDR) probablement par là-bas. C’est en discussion. Je m’y reconnais et je m’y plais. J’aime leur philosophie de travail, le respect et la qualité du matériel.

SLU : Tu es américain (rires), mais que penses-tu de ceux qui disent que les français sont certes chiants comme des français mais qu’ils bossent mieux ?

Xavier Gendron : La vérité n’est pas dans un camps ou dans l’autre mais se situe comme toujours entre les deux. Du tac au tac, je dirais que les ricains font plus de la musique, mais j’ai vu des boîtes faire des choses bien et se planter en France comme aux US et des gens se vautrer lamentablement ou au contraire faire du très beau boulot au sein d’une même boite. C’est l’homme qui fait la différence.

Quoi qu’il en soit, je me reconnais de plus en plus dans la philosophie anglo-saxonne, y compris dans la façon avec laquelle sont montées les prods et les tournées. C’est aussi ma manière de travailler. Je suis convaincu qu’il y a un paquet de monde à qui tu ferais écouter mon mix et qui te listera mille défauts rédhibitoires. La vérité n’est pas là. Ce qui compte c’est que le chanteur sur scène prenne son pied. Le reste importe peu. C’est très facile d’aller dans une salle et d’être spectateur, mais un show c’est un tout. Critiquer est un art très français. Il ne faudrait pas oublier que ceux qui critiquent un travail sont ceux qui déjà n’ont pas été conviés à le faire. Il y a peut-être une raison. En termes d’approche du métier, nous n’avons pas de leçons à donner et peut être plus à en prendre.

Tiens, un exemple un peu vache mais qui illustre bien mes propos. Un bon nombre de boîtes françaises travaille avec un système en masse commune, qui ramène diaphonie et buzz, mais passe des heures à couper les cheveux en quatre et les décibels en huit. A quoi bon… On s’en fout de la courbe de réponse ou de la marque d’un matériel. Est-ce que ça sonne ou pas ? J’ai entendu des concerts à tomber par terre sur du L-Acoustics, du Meyer, du Clair et les pires bouses sur les mêmes systèmes, en France comme aux US. Le public s’en fout que le charley soit magnifique à 16 kHz ; ce qu’il veut c’est qu’on le fasse vibrer, qu’il entende les paroles et qu’il sorte de la salle emballé. Il en va de même avec l’artiste.

Calo ne va jamais me dire que le bas mid de la caisse claire est un peu trop prononcé. Il va sortir en disant que c’est génial ou en disant que ce n’est pas terrible et qu’il a eu des problèmes sur un morceau. Pour moi ce qui compte c’est la musique, et nous devons, nous les techniciens, avant tout retranscrire le mieux possible ce qu’on nous envoie et éventuellement, si j’ai le temps et qu’on me laisse le faire, mettre le petit truc à moi qui enjolive.
Et puisqu’on parle de techniciens, je voudrais terminer par un grand bravo et un grand merci à toute l’équipe qui tourne avec moi sur Calo. Face et retour on n’a que des bons !

Les séquences envoyées par Romain Dambrine

Romain Dambrine durant le show. Impossible pour lui de quitter son poste sauf déléguer le lancement des séquences à quelqu’un d’autre.

Romain Dambrine durant le show. Impossible pour lui de quitter son poste sauf déléguer le lancement des séquences à quelqu’un d’autre.

Très affairé avec nombre de joujoux tous plus intéressants les uns que les autres, Romain Dambrine, l’assistant de Xavier, prend aussi en charge l’envoi de séquences « enrichissantes » sous certaines chansons (nappes, percus et autres effets), mais cajole aussi l’XL8, gère les HF et a la bonne idée de répondre à nos questions !

SLU : Tu n’envoies que du son ?

Romain Dambrine : Non, j’alimente aussi en time-code le Catalyst. Je le synchronise pour que les vidéos qui ont des labiales soient bien calées avec le chant sur scène. Sur 22 chansons, nous avons seulement 6 titres time-codés.

L’arrière de l’enjoliveuse à nappage automatique qui est totalement redondée et sans KVM. Deux interfaces MIDI Motu 128, une paire de Fireface 802 RME et un SW8 Radial.

L’arrière de l’enjoliveuse à nappage automatique qui est totalement redondée et sans KVM. Deux interfaces MIDI Motu 128, une paire de Fireface 802 RME et un SW8 Radial.

SLU : Pour le reste tu ajoutes quoi avec tes pistes audio ?

Romain Dambrine : Des ambiances essentiellement, de quoi étoffer les chœurs puisque les musiciens chantent vraiment, et puis surtout des nappes de synthés. Ils ne sont pas nombreux sur scène ! J’ai 8 sorties par interface, trois paires stéréo et deux clicks. Je dispose de deux unités totalement séparées chacune sur leur mac mini en rack. Les ordis sont montés à l’envers, comme cela j’ai accès facilement aux prises. J’ai exactement les mêmes disques durs dans les deux. et Ils sont verrouillés ensemble en MIDI clock. C’est compliqué à mettre en œuvre mais ensuite ça marche très bien et ça reste accroché dans les boucles, les loops, et ça suit les tempos…

SLU : Comment passes-tu d’une configuration à l’autre en cas de problème ?

Romain Dambrine : J’ai un switcher Radial SW8 pour passer instantanément de l’un à l’autre. Pour le Midi, j’ai bricolé une plaque. Je fais régulièrement des essais pour être certain que ça marche et certains soirs je joue avec la machine de sauvegarde. Pour éviter les switchers au maximum, j’ai deux claviers, deux écrans et deux souris. Les KVM ce n’est pas très fiable.

Une partie des ressources HF de la tournée, ici les émetteurs Shure de la gamme PSM 1000. En tout 32 liaisons sont déployées. Pour les micros et les packs émetteurs des instruments, c’est aussi Shure qui a été choisi avec des UR4D. Tout en bas de l’image, les DL451 en charge des sorties et le bridge Klark TekniK DN9650 qui fournit un flux MADI à Bob. N’oublions pas que certaines interfaces servent à la face, d’autres aux retours et certains autres aux deux !

Une partie des ressources HF de la tournée, ici les émetteurs Shure de la gamme PSM 1000. En tout 32 liaisons sont déployées. Pour les micros et les packs émetteurs des instruments, c’est aussi Shure qui a été choisi avec des UR4D. Tout en bas de l’image, les DL451 en charge des sorties et le bridge Klark TekniK DN9650 qui fournit un flux MADI à Bob. N’oublions pas que certaines interfaces servent à la face, d’autres aux retours et certains autres aux deux !

SLU : Comment gères-tu tes 32 liaisons HF ?

Romain Dambrine : En réseau, avec un routeur Wi-Fi pour me simplifier la vie. Il n’y a pas d’ordinateur dédié car je fais ça avec mon portable qui est dans mon sac à dos (rires).

SLU : C’est assez free style tes antennes ??

Romain Dambrine : (rires) Oh oui, il n’y en avait plus assez de la bonne marque et une est tombée en panne donc on a sorti ce qu’on avait et ça marche ! Il faut aussi dire que nous étions partis pour avoir des musiciens sur fil, et du jour au lendemain on a basculé en HF pour permettre la scénographie de l’ilot central, cela n’a pas simplifié les choses.

SLU : D’où vient le choix de Shure pour les émetteurs micro ?

Romain Dambrine : Je crois que des essais ont été menés mais sans plus, je ne suis pas décideur de ça. Je sais qu’une troisième marque a aussi été évoquée avant que le choix ne se porte sur Shure.

SLU : Tu as l’air très doué pour la technique et les montages bien pensés que je vois là…

Romain Dambrine : Et pourtant je suis plutôt mixeur. C’est la première fois que je m’occupe des séquences et que je monte en plus la configuration de gestion de ces séquences.

En guise de conclusion

Que dire de plus ? Avec XaXa, la passion parle et il est capable de vous écrire tout seul l’intro, le corps et même la conclusion d’un reportage. Il suffit juste d’avoir de la mémoire dans le dicta et des batteries d’avance ! On se fait littéralement avoiner par ses idées, ses avis tranchés et le bon sens presque “ricain” qu’il dispense largement. Ne parlons même pas de ses mix, on dirait qu’Audiard a inventé cette réplique pour lui : “ah, faut reconnaître que c’est du brutal”, et en même temps, quand on écoute attentivement son travail, on retrouve un respect des timbres, une recherche méticuleuse du placement des sources dans l’espace et des effets sobres et très bien fichus. Il a donc la capacité et le talent de faire beau tout en étant terriblement efficace, sans doute la transposition de son crédo : donner envie à l’artiste.

De gauche à droite Yohann Donati (Assistant son façade), Bob Coke (Mixeur FOH), Jean-Rémi « JR » Mazenc (Backliner guitare), Wilfried Mautret (Ingé système), Ronan Cassar (Assistant son plateau), Laurent « Lolo » Jourdain (Backliner batterie / guitare), Jean-Stéphane « John le toulonnais » Mostachi (Backliner Calo), Xavier Gendron (Ingé son retours) et Romain « Trent » Dambrine (Tech HF et séquences).

De gauche à droite Yohann Donati (Assistant son façade), Bob Coke (Mixeur FOH), Jean-Rémi « JR » Mazenc (Backliner guitare), Wilfried Mautret (Ingé système), Ronan Cassar (Assistant son plateau), Laurent « Lolo » Jourdain (Backliner batterie / guitare), Jean-Stéphane « John le toulonnais » Mostachi (Backliner Calo), Xavier Gendron (Ingé son retours) et Romain « Trent » Dambrine (Tech HF et séquences).

Le CM-22 ? Un magnifique wedge, une enceinte qui pourrait tranquillement figurer dans un salon telle quelle et en berner plus d’un à l’aveugle. Sèche, percutante, magnifiquement exempte de tout traînage, elle délivre une réponse, pardon, une baffe très droite, avec un extrême aigu de toute beauté. L’octave 60-120 est bien ronde, sans aucun bruit d’air, tout en gardant une attaque patateuse comme seul un 12 pouces sait le faire. Le reste du spectre étant flat, naturel mais musclé à la Hulk, on comprend mieux l’emballement de XaXa.

Je vois d’ici pleuvoir les critiques et les commentaires quant à l’indépendance d’esprit d’un technicien qui passe le plus Clair de son temps au sein de ce mastodonte américain. Il a suffi d’un titre, en Flac non masterisé et passé en sortie de mon DAC portable dans la paire de CM-22 en régie, pour comprendre son emballement. Clair tient là un vrai pur-sang qu’il faut savoir monter, et ça tombe bien, Xavier bien entouré par son équipe n’est pas le plus mauvais à ce jeu là.

Peut-être, mais c’est là un avis totalement personnel, des wedges seuls auraient suffi, surtout quand on a un tel spécialiste pour leur donner vie. Un dernier petit mot enfin pour Bob Coke et les gens de la façade que j’ai méchamment snobés. Qu’ils acceptent nos excuses, la prochaine fois ce sont eux qui devront nous déverser des tonnes de passion. L’entonnoir est prêt !

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1ère partie : mélanger wedges et ears avec succès

Calogero by Xavier Gendron. Sans bons retours, pas de bons concerts

Cela faisait deux ans que nous n’avions pas croisé le talent de Xavier « XaXa » Gendron, autant dire une éternité, c’est donc avec plaisir que nous avons été à sa rencontre à Agen, lors d’une date de Calogero pour qui il assure les retours.
Le verbe « assure » est utilisé fort à propos, tant il emballe son monde dans une bulle de son qui n’éclate jamais, contrairement à l’artiste qui le fait sereinement deux heures durant, face à 4 wedges époustouflants signés Clair.

Situé en périphérie d’Agen, le Centre des Congrès est tellement neuf qu’il vient à peine de sortir de terre pour le bonheur des agenais, et offre, dans sa salle principale, une grande latitude d’accueil. La scène qui y a été érigée n’occupe qu’une moitié de la largeur et laisse donc de la place pour que des blockistes aux backliners en passant par Xavier et ses innombrables racks d’amplis, tous trouvent leur place à jardin et cour.

Calogero par Xavier Gendron

A peine terminé, un moment de détente dont on taira la nature mais qui nous a causé des fous rires à répétition, XaXa s’est livré sans retenue, comme d’habitude au point de nous contraindre à vous livrer ce reportage en deux parties. Vous me direz, des contraintes de cette nature, on en redemande !

Xavier Gendron : La particularité (reprend ton souffle Xaxa ! NDR) de cette tournée est l’utilisation simultanée des wedges et des ears, chose que je n’avais jamais faite auparavant. Il y a pas mal de gens qui assurent les retours comme ça mais j’étais contre.

Le sextet à la tête du son de la tournée : de gauche à droite Yohann Donati (assistant son façade), Bob Coke (mixeur FOH), Wilfried Mautret (ingé système), Ronan Cassar (assistant son plateau), Xavier Gendron (ingé son retours) et Romain « Trent » Dambrine (tech HF et séquences).

Le sextet à la tête du son de la tournée : de gauche à droite Yohann Donati (assistant son façade), Bob Coke (mixeur FOH), Wilfried Mautret (ingé système), Ronan Cassar (assistant son plateau), Xavier Gendron (ingé son retours) et Romain « Trent » Dambrine (tech HF et séquences).

Des wedges et des ears…

SLU : Tu veux dire qu’il y a des gens en ears et d’autres en wedge, c’est ça ?

Xavier Gendron : Ah non, ici c’est tout le monde en ears, mais avec des wedges.

SLU : ?!

Xavier Gendron : Si, si… Il y a des collègues qui le font, et je dois avouer qu’avec des bons outils et bien fait c’est très intéressant. Il faut savoir que Calo veut un son très pêchu et qu’il s’est fait faire, par Franck (Lopez NDR) d’Earsonics, des ears ouverts avec des filtres réglables qui lui permettent d’entendre un peu de ce qui l’entoure, l’ambiance du groupe et le public.

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SLU : Comment sont ses filtres ? Très ouverts ?

Xavier Gendron : Oh non, de plus en plus fermés. Il a voulu essayer, ce qui se comprend puisque des artistes qui lui ont parlé de ce procédé s’en trouvent très bien, mais la preuve lui a été faite qu’il peut faire autrement et peut être mieux.

Calo est face à la mer, XaXa à sa XL8, et Romain Dambrine (assistant retours) aux deux écrans de l’enjoliveuse. Ca ne plaisante plus, la salle est comble et les K2 font pleuvoir dru les décibels.

Calo est face à la mer, XaXa à sa XL8, et Romain Dambrine (assistant retours) aux deux écrans de l’enjoliveuse. Ca ne plaisante plus, la salle est comble et les K2 font pleuvoir dru les décibels.

SLU : Mais tu es aux retours depuis le début ?

Xavier Gendron : Non, je suis arrivé sur l’affaire un peu au dernier moment puisqu’il y avait un autre technicien avec qui cela n’a pas collé. La première date que j’ai faite avec lui, c’était lors d’un show privé à Lyon pour Radio Scoop avec le matériel qu’on a trouvé sur place. On a discuté quelques minutes car je ne le connaissais pas plus que lui ne me connaissait. Cela s’est bien passé. On a fait une balance très rapide, et après le show il m’a demandé si les retours qu’il allait avoir en tournée allaient être les mêmes que ce que je venais de lui offrir.

Je lui ai dit que non car j’espérais avoir mieux que ce que j’avais trouvé sur place. Je ne citerai pas de marque mais ce n’était pas terrible, et il m’a parlé des wedges Clair 12-AM (2 voies actives, 12 pouces et 2 pouces NDR) qu’il avait entendus quelques années auparavant, à l’époque des Charts (séquence souvenirs, il s’agit du groupe d’origine de Calo des débuts 90, NDR) en ajoutant qu’on ne les trouvait pas en France. Je l’ai rassuré sur le fait d’avoir quelques contacts avec Clair. Disons que je bosse avec eux 99 % de mon temps ! (rires)

SLU : Il ne le savait pas ?

Xavier Gendron : Non, vraiment pas. Du coup j’ai appelé et j’ai fait en sorte d’avoir le tout dernier modèle de wedge, le CM-22, et surtout j’ai réussi à avoir ces enceintes dans le cadre d’une prestation de Dushow. C’est vrai que c’est un peu un choc des cultures mais Dushow a accepté, je les en remercie. Ils ont surtout compris ma démarche de faire en sorte que l’artiste soit content. Eric Alvergnat s’est déplacé pour écouter le son sur scène, et il a compris le pourquoi de ma démarche. On sortait d’un problème, il n’était pas question de courir le moindre risque. Tu te souviens pour le reportage sur Saez (Ahhh les Paragon. Cet article peut être consulté ici. NDR), j’étais déjà venu remplacer quelqu’un et du matériel qui ne convenaient pas à l’artiste. J’ai donc fait de mon mieux pour qu’il prenne, cette fois encore, pas simplement du plaisir mais surtout une gifle !

L’emplacement de Jan Pham Huu Tri avec tout ce qui suffit à son bonheur entre pédales, amplis et même un petit clavier. On aperçoit à droite le seul wedge CM-22 qui lui est dévolu et, accroché au pied micro, l’archet avec lequel il fera…chute ; la tournée tourne toujours, ne dévoilons pas tout !

L’emplacement de Jan Pham Huu Tri avec tout ce qui suffit à son bonheur entre pédales, amplis et même un petit clavier. On aperçoit à droite le seul wedge CM-22 qui lui est dévolu et, accroché au pied micro, l’archet avec lequel il fera…chute ; la tournée tourne toujours, ne dévoilons pas tout !

SLU : Il existe un distributeur Clair en France pour vendre les produits concus par cette société, mais comment as-tu fait pour avoir du matériel qui n’est ni en vente ni en location…

Xavier Gendron : C’est vrai que Clair ne fait sortir les CM-22 que s’il y a quelqu’un de chez eux sur la route. Comme je suis considéré comme un technicien maison, c’est comme ça que ça s’est fait. Plus précisément, on a joué trois fois à l’Européen à Paris, une petite salle de 600 places avec une scène de 6 mètres par 4 où j’ai mixé en sous-sol sans visu du plateau, juste une caméra toute pourrie sur Calo. On avait convenu que si ça n’allait pas, il pouvait me dire ce qu’il voulait carrément dans le micro. Ambiance club, quoi !

SLU : Tu n’avais pas encore ta grosse artillerie …

Xavier Gendron : J’avais des LE1500 Martin, de bons wedges si ce n’est que j’ai beaucoup gêné Bob Coke qui assure la face. C’est lors de la date suivante à Rennes que j’ai reçu les CM-22. Quand Calo est arrivé sur scène, il a eu la méga banane car il ne savait pas que j’avais réussi à les avoir. C’était un plaisir de le voir aussi heureux. Ensuite il m’a demandé s’il pouvait monter dessus (Xavier joint le geste à la parole et se hisse sur un des 4 wedges du patron NDR). Je l’ai rassuré, ils sont bien entendu prévus pour ça. Ils ne bougent pas et gardent tout leur équilibre. La grille elle-même résiste sans s’affaisser. Du coup, durant le show, il y a plein de morceaux où il est debout dessus. Et puis le son…

Le CM-22, ça sonne fort et Clair

SLU : Tu nous les feras écouter ?

Xavier Gendron : Bien sûr. Pour moi il y a un avant et après le CM-22. Il est équipé de deux 12’’ et d’un moteur 2’’. Il est bi-amplifié et dispose de presets spécifiques mis en œuvre dans les DSP du PLM 20000 qui en alimente deux. Il y a un preset pour un seul wedge, un second pour un wedge placé à gauche et un troisième placé à droite. Ne me demande pas comment sont faits ces presets, je ne le sais pas et c’est verrouillé.

Une vue en détail de l’évent des CM-22. Croyez-moi, ce n’est pas là que pour faire joli. Remarquez aussi l’épaisseur de la grille protégeant les transducteurs et la forme spécifique des découpes face au guide d’onde. Aucun hasard dans ce choix.

Une vue en détail de l’évent des CM-22. Croyez-moi, ce n’est pas là que pour faire joli. Remarquez aussi l’épaisseur de la grille protégeant les transducteurs et la forme spécifique des découpes face au guide d’onde. Aucun hasard dans ce choix.

Clair veut standardiser complètement son amplification et son processing, ils ont donc rentré des PLM20000 qui diffèrent en termes de conditionnement entre face et retours, mais sont les mêmes. Avec les retours est aussi livré un notebook Panasonic qui a la main sur les amplis. Il y a un ampli en spare et un filtre qui est là pour les subs. J’ai aussi reçu la distrib électrique et des cales spécifiques pour faire varier l’angle des wedges qui est fixe

SLU : Clair c’est de la “Bâle” !

Xavier Gendron : C’est Clair ! Regarde par exemple les petites étiquettes magnétiques sur les amplis, elles permettent de repérer quel ampli alimente quelle enceinte. Tout est organisé aux petits oignons. C’est réellement du plug and play.

Les 12-AM qui sont perchés tout en haut du décor où Calo lance le concert et revient faire un morceau à la guitare acoustique. Dixit XaXa, « je peux te dire que ça te masse bien le dos »

Les 12-AM qui sont perchés tout en haut du décor où Calo lance le concert et revient faire un morceau à la guitare acoustique. Dixit XaXa, « je peux te dire que ça te masse bien le dos »

SLU : Mais alimenter par exemple des 12-AM avec un PLM 20000, c’est pas 4 fois trop de puissance ? Les presets doivent être faits dans ce sens…

Xavier Gendron : Certainement, mais tu sais, même 20 ans après, ces wedges restent des valeurs sûres et avec leur compacité ils peuvent être mis partout.

SLU : Question conditionnement pour les amplis, tu es plutôt panière ou, comme je les vois ici, des petits racks à trois contrôleurs ?

Xavier Gendron : Non, surtout pas de panière. C’est lourd, encombrant et infiniment moins flexible que des petits racks que l’on peut ajuster comme on le veut en fonction des salles. Tels que je les ai installés devant la console, je les surveille et j’ai aussi une bonne visualisation de l’écran de l’ordinateur de contrôle. Je peux ainsi choisir d’afficher les wedges de Calo et connaître le niveau exact.
Enfin tout est archi simple à câbler et décâbler, et si tu restes après le show, tu verras qu’en moins d’une heure tout est casé dans le bahut. Les flights du câblage sont par exemple déjà prêts devant les amplis. Y’a qu’à les ouvrir et les remplir ! J’ai mes méthodes de travail et j’ai une très bonne équipe qui me suit, ce qui offre à tout le monde plus de temps libre après le montage pour se détendre et après le démontage pour se reposer.

SLU : Pourquoi tu as mis quatre wedges en arc de cercle ?

Xavier Gendron : Pour avoir la couverture et surtout le boulet nécessaire. C’est important de ne pas être obligé de driver une enceinte comme un malade. Je joue en stéréo avec deux gauche et deux droite. Le message qu’ils reproduisent est très basique tu verras.

Le point de chant de Calo avec ses quatre molosses prêts à le mordre. Remarquez le très large évent prenant toute la face avant et par lequel se déversent des tonnes de jolie purée digne de celle de Rebuchon. « He’s an audio guy ?? » Euh, non pas vraiment mais vous savez, en France, tout commence et finit toujours par une bonne bouffe !

Le point de chant de Calo avec ses quatre molosses prêts à le mordre. Remarquez le très large évent prenant toute la face avant et par lequel se déversent des tonnes de jolie purée digne de celle de Rebuchon. « He’s an audio guy ?? » Euh, non pas vraiment mais vous savez, en France, tout commence et finit toujours par une bonne bouffe !

SLU : C’est vrai que tu as les ears en plus…

Xavier Gendron : Musicalement je me régale, j’ai craqué pour l’approche pop « anglaise » de cette tournée. Ils ne sont que 4 sur scène mais ils jouent comme un groupe. Calo joue de la basse, guitare, clavier et les trois musiciens qui l’accompagnent permutent aussi et font les chœurs. C’est vraiment musical, et lors des balances, on parle musique.

SLU : Qu’est-ce que Calogero t’a demandé comme type de retours ?

Xavier Gendron : En discutant avec lui à l’Européen, j’ai compris son envie : être comme dans un club et faire de la musique. J’ai donc fait ce que j’ai pu pour aller dans son sens, tout en sachant que je suis arrivé une fois que tout avait déjà été imaginé, notamment le décor. Les retours par exemple avaient été prévus pour être placés sous des caillebotis…

SLU : L’influence de la télé !

Xavier Gendron : C’est ça. Mon job a donc été de dire non avec l’accord de l’artiste. Les amplis instruments ne devaient pas non plus être sur scène, ils y sont revenus.

Les sides signés Clair comme les wedges et disposant du dernier-né des subs désormais amplifié, le CP-218 surmonté par deux R4 dont mon flash dévoile le montage.

Les sides signés Clair comme les wedges et disposant du dernier-né des subs désormais amplifié, le CP-218 surmonté par deux R4 dont mon flash dévoile le montage.

SLU : Y’en a un pourtant qui est planqué dans un coin backstage.

Xavier Gendron : Ah oui, mais lui il joue vraiment très, très fort pour avoir un grain ; il valait mieux ne pas le laisser face au public. Du coup ces quelques changements font que, quand tu es sur scène, tu as un son de groupe bien ramassé, un son de plateau qui tient la route et qui est déjà construit avant d’ajouter des wedges. La balance a été faite d’abord ainsi.
Après nous avons ajouté les wedges et les sides pour compléter le tout. Les sides par exemple ne jouent pas très fort. Ils sont là pour donner une couleur à l’ensemble avec un mix complet.

SLU : C’est du Clair aussi ces sides ?

Xavier Gendron : Oui. En général ce sont les anciens de Clair qui se servent de ces modèles. Au sol tu as les nouveaux subs, les CP-218, un coup de bol car il y en a très peu en Europe. Clair en a de plus en plus car ça devient leur standard en tournée. Il s’agit de BT-218 bien connus mais avec de nouveaux HP et un ampli embarqué.
C’est d’ailleurs la première fois chez Clair qu’une enceinte est amplifiée et ça envoie le bois. Je devais avoir des modèles plus petits mais comme ils n’étaient pas disponibles, j’ai été surclassé (sourires). Au-dessus j’ai placé deux R4, un des best-sellers de cette marque, et qui en side fill est juste imparable. A la base, c’était des S4, les emblèmes de Clair…

SLU : Elles ont la même taille non ?

Xavier Gendron : Exactement. La R4 est une S4 coupée en deux, sauf que dans la S4 il a deux 18’’, quatre 10’’ et deux moteurs 2’’, et dans la R4 il y a un 18’, un 12’ et un moteur 2’ au centre. La différence est donc les quatre 10’ qui sont remplacés par deux 12’. Elles sont bi-amplifiées et linkées, j’ai suffisamment de puissance pour faire ça.

La puissance fournie par Clair pour mettre le feu à son bois. Tout en PLM20000 Lab Gruppen. Chaque ampli prend deux wedges ou deux R4 en biamp. Pour le fun, rappelons que chaque rack développe un total de 60 kW de puissance crête. Il y a dix ans, avec une telle puissance, on aurait fait une façade digne de ce nom. Il y a 20 ans on aurait dû vider quasiment le dépôt pour y parvenir. Il y a 30 ans, peut-être qu’en mettant ensemble les amplis de deux prestataires et en abattant une forêt de bouleaux finlandais on y serait arrivé, en passant pour un zinzin. Aujourd’hui des racks comme ça, on en aligne 4 rien que pour les retours…

La puissance fournie par Clair pour mettre le feu à son bois. Tout en PLM20000 Lab Gruppen. Chaque ampli prend deux wedges ou deux R4 en biamp. Pour le fun, rappelons que chaque rack développe un total de 60 kW de puissance crête. Il y a dix ans, avec une telle puissance, on aurait fait une façade digne de ce nom. Il y a 20 ans on aurait dû vider quasiment le dépôt pour y parvenir. Il y a 30 ans, peut-être qu’en mettant ensemble les amplis de deux prestataires et en abattant une forêt de bouleaux finlandais on y serait arrivé, en passant pour un zinzin. Aujourd’hui des racks comme ça, on en aligne 4 rien que pour les retours…

SLU : Ca doit avoiner ce machin.

Xavier Gendron : Ah oui, ça envoie vraiment du bois. J’ai mis un sub pour avoir un poil d’infra, mais je peux te dire que même comme ça, il y a déjà beaucoup de grave dans les sides. Quand ils s’en servaient en façade, elles étaient accrochées à l’horizontale, et tu créais des angles comme avec les S4. En side tu peux les accrocher ou, comme ici, les poser sur un sub pour avoir la bonne hauteur.

SLU : Elles ont des heures de vol mais paraissent bien entretenues…

Xavier Gendron : Le tissu a été changé et à chaque fois qu’elles rentrent, elles sont entièrement repeintes (il doit y avoir une sacrée couche de barbouille !). Ca m’arrive aussi de mettre un petit coup de bombe si les coups inévitables qu’elles prennent dégradent trop leur look.

Comment mélanger wedges et ears sans problème

SLU : Comment articules-tu le mélange entre amplis, wedges, sides et ears…

Xavier Gendron : Dans les ears je propose un mix complet selon les demandes de chacun, mais en insistant sur la brillance, l’image stéréo que certains des musiciens n’ont pas puisque ne disposant que d’un seul CM-22. J’en ai 8 en tout avec les deux que j’utilise. Tout l’aspect physique passe donc par de la membrane.

SLU : Et la phase de tout ça ?

Xavier Gendron : Elle se fait naturellement car avec des retours tu ne peux pas retarder l’un pour attendre l’autre. Les sources sont les mêmes mais gérées autrement et à des niveaux très différents. Oui, il y a forcément un déphasage ; c’est pour ça que progressivement j’ai baissé la voix dans les wedges de façon à atténuer ce problème car dans les ears on entendait la voix et par-dessus à nouveau la voix qui repassait dans le micro en sortant des wedges…

SLU : Forcément, même avec une faible latence, la table se fait entendre.

Xavier Gendron : Ca « phasait » oui, mais sinon c’est bluffant, ça marche bien. C’est assez physique sur scène mais ça correspond aux besoins de l’artiste. J’ai créé une zone de confort pour Calo avec derrière lui la batterie et ses deux amplis, un pour la basse « clean » et l’autre pour celle avec effets, et devant ses 4 wedges et les sides.

Dans l’enfilade des deux amplis de Jan Pham Huu Tri, la régie retours dont on distingue le paquebot baptisé XL8. Remarquez où l’éclairagiste farceur en chef a été placer deux Rollapix ! En jaune, des SGI RX de Radial. La TX est à l’autre bout d’une simple XLR.

Dans l’enfilade des deux amplis de Jan Pham Huu Tri, la régie retours dont on distingue le paquebot baptisé XL8. Remarquez où l’éclairagiste farceur en chef a été placer deux Rollapix ! En jaune, des SGI RX de Radial. La TX est à l’autre bout d’une simple XLR.

SLU : Comment est-il Calo, il parait super sympa.

Xavier Gendron : C’est quelqu’un d’extrêmement exigeant et qui a la feuille, grave mais vraiment ! Il y a une magie. On a accroché tout de suite. En plus j’adore sa pop et la pop en général que j’écoute chez moi. S’il y a un problème ou au contraire s’il est heureux, il te parle. Avec lui il y a une vraie communication. Je touche du bois, mais après 27 ans, c’est vraiment agréable d’avoir un artiste raisonnable avec des demandes pointues mais simples, aucun égo à satisfaire ou à gérer, que du bonheur. Les retours parfois, ce n’est pas que du son. Avec Calo on fait de la musique et quand je me plante, je lui explique et c’est réglé. Il y a une confiance qui s’est vite établie.

SLU : Mais lorsqu’on t’a appelé, tu étais libre ?

Xavier Gendron : Non, pas tout à fait. J’étais en train de faire la tournée de promo télé et radio de U2 pour Clair. Ils sont trois à s’occuper des retours et j’assistais l’un des trois (Xaxa assistant…non mais allô quoi ! NDR). J’avais une semaine de battement entre U2 qui terminait et Counting Crows avec qui je devais partir. Quand la prod, qui m’avait contacté depuis la France, m’a enfin dit que c’était pour Calogero et comment cela allait se passer, j’ai discuté avec Clair pour être remplacé sur Counting Crows et j’ai donné mon accord.

SLU : Tu avais déjà le CM-22 en tête à ce moment-là, non

Xavier Gendron : Bien sûr. Une fois que tu le connais un peu, tu as du mal après à t’en passer. Quand je suis convaincu d’une chose ou d’un produit, j’aime le montrer. Quand j’ai fait Jay-Z l’année dernière, on avait ça sur scène. Ce wedge a un boulet monstrueux, et à la fois quand tu écoutes de la musique comme tout à l’heure (mes titres et…je vous raconte après NDR) c’est large, précis. Aymeric (Sorriaux, responsable d’exploitation de Dushow NDR) qui est passé l’autre jour m’a dit qu’il avait l’impression d’entendre les écoutes du Voyageur… C’est ce genre de qualité et en même temps, si tu veux sortir quelque chose qui arrache, tu peux le faire aussi. En termes de pression, c’est l’équivalent d’une petite façade.

SLU : Penses-tu qu’un prestataire global comme Clair arrive à faire des enceintes aussi bien qu’un fabricant ?

Xavier Gendron : Ça a toujours été le cas. Pour moi il y a des avantages et des inconvénients à fabriquer ses propres enceintes. L’inconvénient c’est que ça te coûte très cher à faire. C’est donc un luxe, d’autant que des produits comme ce wedge ne sont pas en vente. Ensuite c’est très dur à mettre en œuvre. Tout le monde a voulu des CM-22 dès qu’ils ont été présentés. Si je ne dis pas de bêtises, il ne doit pas y en avoir plus de 2000. L’avantage est qu’il y a une vraie participation des gens qui l’utilisent. Pour moi c’est essentiel. Il y a notamment Dave Skaff qui a tenu les retours de U2 pendant plus de 20 ans, une tronche. Durant une des tournées de U2, on a diné plusieurs fois tous ensemble à l’invitation de Clair. Quand je dis tous, j’entends nous qui nous occupions des retours de Jay-Z et étions 4 personnes, ceux de U2 qui étaient aussi 4, les assistants qui étaient aussi des mecs de retours.

Une vue plongeante sur la scène depuis le piano avec, à droite le coin clavier de Cyrille Nobilet, au centre celui de Calo et à gauche celui de Jan Pham Huu Tri. En tout 6 CM-22, qui avec les deux de Xavier font huit. Le compte est bon.

Une vue plongeante sur la scène depuis le piano avec, à droite le coin clavier de Cyrille Nobilet, au centre celui de Calo et à gauche celui de Jan Pham Huu Tri. En tout 6 CM-22, qui avec les deux de Xavier font huit. Le compte est bon.

Tout le monde déballait ce qu’il avait à dire sur ses envies ou ses besoins. Un jour au cours d’un des diners, Dave Skaff a dit que malgré la montée des ears, la demande en wedges existait toujours et comme ça faisait longtemps que Clair ne sortait pas de nouveaux modèles, il se demandait comment faire en sorte de mettre la barre beaucoup plus haut. 4 ans et plusieurs prototypes plus tard, le CM-22 a été dévoilé. La première fois que j’ai pu l’écouter, je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Clair a déposé un grand nombre de brevets dont notamment la grille qui, en plus d’être solide, joue un rôle dans la diffraction de l’aigu.

SLU : Est-ce que la qualité de cette boîte, en dehors de son rendu et de sa puissance, la rend facile à travailler ?

Xavier Gendron : Bien sûr. Quelle que soit par exemple la salle, je ne retouche pratiquement pas mes Eq. Le kit CM-22 et PLM 20000 sonne quasiment bien tel quel. Je casse simplement un peu la trompe car tout le monde est en ears mais si l’un des musiciens ou même Calo a un problème avec les ears, il peut faire son show avec les wedges et avec le son du plateau qui est très cohérent.
Tout le monde est à l’écoute de ce qu’on dit, ce qui rend le travail génial. JR, Lolo et John, les trois backliners, ont fait en sorte de trouver le meilleur équilibre pour les niveaux des instruments. Il en va de même avec Bob Coke qui tient la façade et peut préférer qu’on monte un peu les amplis et qu’on baisse les wedges dans certaines salles. Calo, qui est un super musicien et surtout un mec intelligent, nous suit toujours.

Calogero par Xavier GendronSLU : Tu parles de la puissance du CM-22 comme étant supérieure à toutes les autre références du marché…?

Xavier Gendron : Lors de la dernière tournée d’Aerosmith, on avait mis 12 CM-22 à Steven Taylor pour bien couvrir une avancée de scène. Avec une autre référence, on aurait dû en mettre bien plus. Pareil avec Ozzy Osbourne de Black Sabbath. Il est passé de 6 SRM, un très bon wedge Showco / Clair à 4 CM-22. Idem pour Jay-Z. On a très sereinement troqué 10 SRM derrière lui à 6 CM-22. Le niveau est tel que la réserve parait sans fin. Je n’ai jamais fait cliper les amplis.

SLU : Mais cet aigu tout fin, puissant et tellement naturel, il n’a pas tendance à titiller les capsules?

Xavier Gendron : Non, Clair a beaucoup travaillé la directivité et la phase. J’entends vraiment le son provenir d’une source et pas d’une trompe et d’un cône et….je ne sais pas comment dire mais il y a une résistance au Larsen qui est…

Romain Dambrine (assistant de XaXa NDR ) : Une réjection !

Xavier Gendron : Ah bon ? Non, une résistance, la réjection c’est pour le micro (rires !). Il y a un des musiciens, Yann, qui fait des chœurs avec une voix assez grave mais qui a besoin que je la lui sorte dans les retours. Je peux te garantir que si du coup tu pousses un 1-2 dans son micro, tu tombes à la renverse.

SLU : Tu parles de cohérence et de respect de la phase, tu es donc fan des retours coaxiaux !

Xavier Gendron : Je le reconnais, c’est très bien mais d’abord j’ai du mal à gérer la directivité de ces enceintes et puis il me manque quelque chose d’essentiel sur un plateau. Elles ne mordent pas. Quand tu as une scène bruyante, tu as besoin que la voix passe au travers de tout, parfois donc il faut qu’elle morde.

SLU : Je ne vois pas de sub pour le batteur…

Xavier Gendron : Si, si il en a un mais petit et caché dans le décor. Je le fais jouer d’ailleurs très peu car Franck Lopez d’Earsonics qui bosse très bien, a sorti un nouveau modèle de ears, les EM32 qui descend assez bas et du coup c’est suffisant pour Christophe. Lui qui était pourtant farouchement anti ears, les adore.

La batterie de WW comme encastrée dans le décor faisant la part belle à toute sorte de boîte. On dirait un vieux sound system de rave ! De part et d’autre, les deux amplis de Calo montent la garde et permettent à ce dernier d’avoir toute la rythmique bien présente dans son dos, sans même besoin de wedges de rappel.

La batterie de WW comme encastrée dans le décor faisant la part belle à toute sorte de boîte. On dirait un vieux sound system de rave ! De part et d’autre, les deux amplis de Calo montent la garde et permettent à ce dernier d’avoir toute la rythmique bien présente dans son dos, sans même besoin de wedges de rappel.

SLU : Tu « ambiances » tes ears avec 4 micros dont deux KSM32 et deux canon mais dis-nous, tu vas chercher loin en termes de pointage…

Xavier Gendron : Toujours. Le problème des micros canon comme le MKH 8070, c’est que si tu pointes trop vers le public proche, tu entends clairement les discussions des gens, ce qui peut être un avantage mais surtout un inconvénient. La présence des 8070 est due à un panne sur d’autres micros canon ; je les ai essayés et trouvés très bons, du coup je les ai gardés.
Dans les salles un peu pourries, je vais avoir tendance à ne les ouvrir qu’entre les morceaux mais dans celles disposant d’une bonne acoustique, je les laisse ouverts, ça donne une image stéréo et une espèce de chaleur au rendu. Je pense que cette gestion des ambiances plaît à Calo, et je considère qu’un artiste ne doit jamais être coupé de son public. Je lui livre quelque chose de très vivant qui marche plutôt bien.

Le vrai challenge que nous avons, c’est d’offrir à l’artiste un son cohérent et très proche à chaque date. Les deux premières dates, je n’ai pas bien géré les délais et il m’a dit « Ce n’est pas grave, c’est du live !! » Il a conscience qu’on vit un moment et que la vraie beauté du live, c’est ce côté instantané qui peut être beau ou moins beau quand tu vis une galère, mais qui reste instantané.

SLU : Tout le monde a la même marque et le même modèle de ears ?

Xavier Gendron : Oui, des Earsonics ouverts. Je crois d’ailleurs qu’on a complètement fermé la paire du batteur.

L’habituel rack roulant, disposant de tout ce qu’il faut afin de mettre en œuvre un ensemble de liaisons HF. Bien visibles, 4 boîtes siglées Earsonics prouvent que Franck Lopez a fait un carton !

L’habituel rack roulant, disposant de tout ce qu’il faut afin de mettre en œuvre un ensemble de liaisons HF. Bien visibles, 4 boîtes siglées Earsonics prouvent que Franck Lopez a fait un carton !

SLU : Tu en as une paire toi aussi ?

Xavier Gendron : Oui bien sûr, si ce n’est qu’au tout début, quand je suis arrivé, je n’en avais pas et, le temps d’en faire faire une paire, j’ai bossé avec autre chose, pas du tout du Earsonics d’ailleurs. Au début j’ai donc mixé les ears de Calo avec juste un peu de voix, la basse et les effets. Du très minimaliste, tout le reste était dans les wedges. Ses ears étaient complètement ouverts. Une fois que j’ai reçu ma paire j’ai rectifié immédiatement car ça ne le faisait pas, mais alors pas du tout (rires !). Cela crée un effet « tunnel » assez logique mais franchement moche.

Très rapidement j’ai donc proposé autre chose, en introduisant beaucoup d’ambiance et nous en sommes aujourd’hui au filtre quasiment fermé. Avant chaque show j’écoute le public et règle mes micros d’ambiance en conséquence en placement et en EQ. Ce soir par exemple j’ai taillé beaucoup le grave et même du bas médium car ça polluait trop mon mix mais c’est variable. Calo m’avait prévenu quand on s’est rencontré qu’il enlevait parfois une oreille. Je lui ai dit que ce n’était pas nécessaire ; du coup j’y vais, quitte à salir un peu le mix.
C’est essentiel de donner à l’artiste un bain complet, comme si ses oreilles étaient libres. Il doit prendre du plaisir et quand il fait chanter son public, il doit l’entendre. Même si ça phase un peu ou que ça délave parfois son mix, ce n’est pas grave. On n’est pas en studio, je ne suis pas en train de faire un mix de CD. Si je réécoutais après coup, ça ne me plairait certainement pas mais sur le moment c’est ce qui fonctionne et je ne réfléchis pas.

SLU : Tu as recréé ton fameux cocon de son avec les wedges, les sides, les instruments et les amplis. Le fait d’ajouter des ears ne compromet pas tout ?

Xavier Gendron : Je vois ce que tu veux dire. D’abord il est important d’être certain que si l’artiste enlève ses ears, il ait ce cocon de son avec suffisamment de voix pour poursuivre le concert. Je peux te dire que même avec les seuls wedges, tu as les effets, la stéréo et tout ce qu’il faut pour s’éclater. Ensuite, quand je travaille avec les seuls ears, je fais en sorte de donner à l’artiste quelque chose qu’il oublie mais qui à la fois lui donne envie d’y aller. C’est même la clé. Monter sur scène peut finir par être un boulot répétitif, il faut donc qu’au moment où l’artiste arrive devant son public, il reçoive dans ses oreilles ce qui va le botter et le mettre dans le bain immédiatement.

AllAcess-CalogeroRendez-vous lundi prochain pour la suite de ce reportage en compagnie de Xavier.

Pour vous mettre l’eau à la bouche on parlera console, effets, latence et on donnera la parole aussi à Romain Dambrine qui assiste XaXa sur la tournée de Calo, sans oublier de vous livrer nos conclusions.

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Le prestataire indien Audio Design rejoint L-Acoustics avec le K2

Audio Design est désormais considéré en Inde comme l’un des prestataires les plus importants par sa taille et sa réputation, fournissant au marché local et international un panel complet de solutions techniques.
Au-delà de prestations audio, vidéo et lumière de très haut niveau, cette société offre aussi un équipement scénique complet à bon nombre de grands festivals et concerts en Inde grâce à ses 100 collaborateurs. La preuve de ce positionnement entièrement tourné vers la qualité vient d’être confortée avec l’acquisition d’un système conséquent en K2.

Non, il ne s’agit pas de Marcoussis mais bien des locaux d’Audio Design lors de la formation sur le K2 et plus généralement les produits L-Acoustics. On reconnait une ligne de 12 K2 et au sol deux stacks de 4 SB28 chacun.

Non, il ne s’agit pas de Marcoussis mais bien des locaux d’Audio Design lors de la formation sur le K2 et plus généralement les produits L-Acoustics. On reconnait une ligne de 12 K2 et au sol deux stacks de 4 SB28 chacun.

Nombre de stars internationales comme indiennes ont bénéficié des services d’Audio Design parmi lesquelles Bryan Adams, Lady Gaga, David Guetta, Hardwell, Martin Garrix, Tiesto ou Guns & Roses.

Audio Design est devenu l’un des principaux prestataires spécialisés dans le touring en Inde” nous dit Navneet Wadhwa son directeur. “Afin d’être en mesure de répondre à la croissance du marché du concert, nous avons décidé d’augmenter notre parc matériel et de rejoindre pour cela la famille L-Acoustics”

Avec 30 K2, 28 SB28 et tout un ensemble d’autres matériels et accessoires, Audio Design introduit pour la première fois ce modèle phare de L-Acoustics en Inde grâce à la complicité de Hi-Tech Audio Systems Pvt. Ltd., le distributeur exclusif de la marque pour ce pays, basé à New Delhi.

“La qualité de l’ensemble des produits L-Acoustics est sans discussion” affirme Rajan Gupta, le directeur de Hi-Tech Audio Systems Pvt. Ltd. ”Elle est confortée par la popularité de cette marque auprès de l’ensemble des ingénieurs du son et des designers système. C’est aussi celle qui se retrouve en tête sur les fiches techniques. Nous savions que l’introduction en Inde du K2, le produit phare de L-Acoustics allait être couronnée de succès et allait conforter le positionnement de Audio Design comme société à la pointe de la technologie”.

Fraichement déballés, des couples de SB28 et de 115XT s’alignent devant un montage de deux SB28 surplombés par 4 K2. La formation bat son plein chez Audio Design !

Fraichement déballés, des couples de SB28 et de 115XT s’alignent devant un montage de deux SB28 surplombés par 4 K2. La formation bat son plein chez Audio Design !

Les équipes techniques de Hi-Tech Audio Systems et d’Audio Design ont toutes deux bénéficié d’une formation théorique et pratique sur le rigging et l’exploitation de ce nouveau système conduite par Ben Philips. “Je suis enchanté d’accueillir Navneet Wadhwa et ses équipes dans le Rental Network du K2” ajoute Peter Owen, Regional Sales Manager de L-Acoustics.
“L’Inde est un marché très important pour nous, non seulement grâce aux artistes locaux mais aussi grâce aux stars internationales qui s’y produisent. Avec les concerts et les festivals qui s’annoncent, le K2 ne va pas chômer.”

Navneet Wadhwa ajoute, “Notre choix du K2, non seulement prouve la confiance que nous portons à la marque et son produit, mais nous aide aussi à renforcer notre parc et à l’offrir à un ensemble de clients et d’usages très variés – de l’événementiel au touring en passant par la comédie musicale. Avec ses dimensions réduites, son poids plume et sa remarquable puissance, le K2 est le système le plus polyvalent du marché et le premier choix pour tout ingé son.”

Une autre vue du matériel déployé pour la formation dont ont disposé les équipes d’Audio Design sur le K2 et plus généralement les produits L-Acoustics. On reconnait outre une ligne de 12 K2, 8 SB28 posés au sol surplombés par 4 x 115XT.

Une autre vue du matériel déployé pour la formation dont ont disposé les équipes d’Audio Design sur le K2 et plus généralement les produits L-Acoustics. On reconnait outre une ligne de 12 K2, 8 SB28 posés au sol surplombés par 4 x 115XT.

Le nouveau système a été immédiatement déployé dans le cadre du concert de Atif Aslam et Arijit Singh à Gurgaon, couvrant une audience de près de 15 000 spectateurs.

“On se rend immédiatement compte que cette boîte va devenir la coqueluche du marché” conclut Navneet Wadhwa. “Nos équipes sont désormais entrainées et disposent de la certification K2, ce qui nous donne un avantage certain.

Nous sommes certains d’avoir effectué un bon investissement. Le système est très demandé et le support produit de la part de Hi-Tech Audio Systems et L-Acoustics s’est révélé fantastique, une association gagnante.”

 

 

 

2e partie : le calage système

GAD au Palais des Spots…et des boîtes avec Stéphane Jouve et David Nulli

GAD

Professionnel chevronné et ayant géré les HF de tournées majeures en France, Stéphane Jouve a été à deux doigts de raccrocher le cordons.
C’est avec lui qu’on reprend notre immersion dans le monde de Gad et de ses 20 dates au Palais des Sports de Paris. 
Si vous avez raté la première partie, elle est ici pour vous.

Stéphane Jouve. Ce que le diagnostic immobilier y a perdu, le showbizness le retrouve !

Stéphane Jouve. Ce que le diagnostic immobilier y a perdu, le showbizness le retrouve !

SLU : La dernière fois qu’on s’est vu c’était à Bercy pour Sardou fin 2012, non ?

Stéphane Jouve : Je crois oui, je ne sais plus trop, ça fait longtemps en tous cas (sourires).

SLU : Tu es un parigot ?

Stéphane Jouve : Pas du tout. J’ai pas mal bourlingué entre la Picardie et l’est, mais depuis sept ans je me suis fixé dans l’est de la France. J’avais décidé d’arrêter complètement le métier à la fin de Sardou dont certaines dates ont été annulées. Comme pendant presque un an à la suite de cette tournée je n’ai rien fait, j’ai décidé de tourner la page.

SLU : Quelles sont tes autres passions ?

Stéphane Jouve : J’étais parti pour exercer dans la branche du diagnostic immobilier. Rien à voir avec le spectacle.

Stéphane Jouve, « alias Junior », un rescapé de l’intermittence

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SLU : Tu aurais pu tirer un trait sur tout ton passé, ta compétence, ton expérience ?

Stéphane Jouve : (sans hésiter) Oui ! J’en avais marre des tournées, marre de ne plus être à la maison. Je saturais. Je voulais retrouver un rythme de vie normal. J’ai commencé à 19 ans et arrivé à 41, j’ai eu la certitude d’avoir bien donné, le sentiment d’avoir fait le tour.

Le pack émetteur de Gad avec en arrière-plan son micro omni DPA. Non vous ne rêvez pas, c’est bien une chaussette qui entoure le câble micro. Comme l’artiste n’aime pas avoir ce dernier lui coller dans le dos dès qu’il commence à transpirer, cette maille noire a été détournée de son usage premier et ça marche !! C’est Lydie l’habilleuse qui a eu l’idée après avoir rencontré le même problème avec un autre chanteur.

Le pack émetteur de Gad avec en arrière-plan son micro omni DPA. Non vous ne rêvez pas, c’est bien une chaussette qui entoure le câble micro. Comme l’artiste n’aime pas avoir ce dernier lui coller dans le dos dès qu’il commence à transpirer, cette maille noire a été détournée de son usage premier et ça marche !! C’est Lydie l’habilleuse qui a eu l’idée après avoir rencontré le même problème avec un autre chanteur.

SLU : Tu es pourtant là et bien là.

Stéphane Jouve : En juin dernier, David (Nulli NDR) cherchait du monde et notamment quelqu’un pour s’occuper des HF. Il m’a appelé, et de fil en aiguille (du fil ? Drôle d’expression pour un spécialiste des HF ! NDR) il m’a proposé l’idée de rentrer en fixe chez MPM. On a laissé passer l’été et depuis le 15 septembre 2014, je suis salarié en CDI.

SLU : Eh hop, un intermittent de moins !

Stéphane Jouve : Oui, et ce n’est pas pour me déplaire. J’ai déjà travaillé indirectement pour MPM à de nombreuses reprises via Stéphane Plisson et Laurent Midas, mais jamais en local. J’ai toujours enchaîné les tournées, même depuis 7 ans que j’habite dans l’est, ce qui fait qu’ils ne me connaissaient pas. Sans David, jamais je n’aurais été embauché là-bas.

SLU : On peut décrocher ainsi de la tournée ?

Stéphane Jouve : Ah mais oui. Quand tu satures et que tu veux voir grandir tes filles, tu fais le nécessaire. Je travaille désormais d’une autre façon, même si tu me retrouves à nouveau en déplacement à Paris.

Mon vrai job se passe au dépôt, mais je suis aussi appelé à renforcer les équipes sur des affaires importantes pour MPM en termes de taille ou d’image. Je ne partirai en revanche plus en tournée. Etre ici pour Gad est donc normal puisque cette tournée n’a cessé de grandir, et comme je connais bien la production et Michel Marseguerra, cela me donne un rôle nouveau et passionnant.

Le rack de Gad en personne avec les récepteurs Sennheiser délivrant le flux AES vers le Lake LM44 positionné juste au-dessus.

Le rack de Gad en personne avec les récepteurs Sennheiser délivrant le flux AES vers le Lake LM44 positionné juste au-dessus.

SLU : Si tu avais quitté, tu aurais tiré un trait définitif sur le métier ?

Stéphane Jouve : (il réfléchit) Je crois oui. Je serais allé voir quelques concerts de temps en temps et j’aurais gardé le contact avec certains potes mais en prenant du recul. L’avantage aujourd’hui est que tout en étant entouré des mêmes machines, je ne fais plus le même boulot et n’ai plus les mêmes responsabilités. Je fais le chemin inverse de plein de personnes du dépôt qui veulent absolument partir.

Un autre avantage est d’avoir justement au dépôt des gens qui savent exactement comment cela se passe sur scène, les vrais besoins propres à la tournée et la somme de petits détails que te donne l’expérience emmagasinée à chaque date. J’ai une forme de liberté mais je sais aussi aller à l’essentiel quand c’est nécessaire.
Inutile de te dire que rien ne quitte le dépôt sans avoir été testé en long, en large et en travers. Je pense que ça peut être une force pour les sociétés d’avoir des personnes qui ont pas mal tourné et ont, même si personne n’est infaillible, généralement un coup d’avance.

Les accus NiMH Fischer Amps en cycle de charge. Avec 2850 mAh au sommet de leur forme, ils remplacent désormais avantageusement toute pile.

Les accus NiMH Fischer Amps en cycle de charge. Avec 2850 mAh au sommet de leur forme, ils remplacent désormais avantageusement toute pile.

SLU : Au dépôt tu gères donc la HF…

Stéphane Jouve : C’est ça, tout le parc HF, micros comme ears, et je prépare les régies. En plus de ça je sors sur des opérations locales, le style de prestation où l’on ne place pas des intermittents mais plutôt des permanents afin de regagner un peu sur le marché local que l’on a tendance à délaisser au profit des tournées. C’est bien d’avoir des gens d’expérience et un super service quand on est une petite MJC ou une école.

Entre temps, ma femme a trouvé du boulot à Paris, ce qui me permet de dormir dans notre petit studio tous les soirs (rires !). L’énorme avantage aussi d’avoir rejoint MPM est de travailler à 30 minutes de chez moi, dans une boîte qui ne cesse de grossir et qui est malgré tout encore familiale, accessible et où on n’est pas trop nombreux. C’est un peu le contraire de Dushow, un groupe pour lequel j’ai énormément travaillé et gardé de très bons contacts. Ca fait du bien de se retrouver dans une société à taille humaine.

SLU : Tu rejoins une histoire qui n’est pas déjà écrite.

Dans une des loges à l’arrière du plateau, le stock d’émetteurs et de récepteurs qui attendent sagement leurs utilisateurs. Il s’agit ici de l’équipement des chœurs gospel avec des micros DPA cardioïdes.

Dans une des loges à l’arrière du plateau, le stock d’émetteurs et de récepteurs qui attendent sagement leurs utilisateurs. Il s’agit ici de l’équipement des chœurs gospel avec des micros DPA cardioïdes.

Stéphane Jouve : Exactement. C’est l’occasion de faire évoluer, d’apporter quelque chose et c’est dans cette optique que David m’a appelé. On travaille à notre rythme et en définissant nous-mêmes les priorités. On a par exemple décidé de renouveler un câblage vieillissant.
On essaye de faire la synthèse entre ce que j’ai pu apprendre au contact de Clair Bros comme de Dushow. Avec Franky Heitz qui est responsable du son chez MPM et David, on a proposé à la direction des solutions qu’on aura l’occasion de mettre en œuvre courant 2015. C’est passionnant.

SLU : Donc tu es heureux !

Stéphane Jouve : Oui !

SLU : Toujours Junior (rires) ?

Stéphane Jouve : Oh tu sais, je suis certain qu’il y a plein de gens qui ne connaissent même pas mon nom alors pour ceux qui veulent m’appeler ainsi, ce n’est pas un souci, j’assume !

Le calage de la diffusion

David Nulli

David Nulli

Retenu à Woippy le jour de notre passage au Palais des Sports, David Nulli le directeur technique de MPM et grand ordonnateur du système déployé pour les 20 dates dans la capitale, a bien voulu répondre longuement à nos questions par téléphone.

SLU : Ce n’était pas évident de faire cohabiter des Kara en side et ton système, même si on entend que les deux sont alignés l’un sur l’autre.

L’ensemble du système et des retours. De gauche à droite neuf E15, avec derrière six T21 et en side faisant face à l’objectif, six S10. On aperçoit tout en bas les six Kara des retours.

L’ensemble du système et des retours. De gauche à droite neuf E15, avec derrière six T21 et en side faisant face à l’objectif, six S10. On aperçoit tout en bas les six Kara des retours.

David Nulli : Non en effet. On a construit le système autour d’une problématique bien précise, l’ouverture de scène à 26 mètres. On savait que, pour cette raison, on allait devoir installer un line source en side.

J’ai donc travaillé de façon à avoir entre les deux des cumuls d’énergie et non des annulations. Nous avons aussi voulu rester sur une même couleur que les Arcs Wide dont on se sert en tournée et qui sont bluffants, d’où le choix des Kara.

On aurait aussi pu opter pour des S10, nous en avons environ 80 chez MPM mais ils sont tous sur la route. Il aurait été difficile d’en trouver encore pour en mettre au plateau, et Guillaume (Muhlmann, ingé son retours) comme Eric (Gabler, Ingé FOH) ne voulaient pas changer d’une date à l’autre puisque le premier show à Paris a suivi à 24 heures d’intervalle une date en province. Ils ont fait le choix de préserver l’artiste, ce qui se comprend parfaitement.

SLU : Bien sûr !

David Nulli : Pour en revenir à ta question, j’ai réglé le système principal pour limiter ce phénomène et bien couvrir les premiers rangs mais c’est vrai qu’il y a pas mal de pollution de la scène. On a pensé à utiliser de l’Arcs II qui ouvre beaucoup moins et peut mieux cibler la zone qui nous intéresse que le Kara, mais Guillaume et Eric avaient fait leur choix qui convenait à l’artiste.
Avec Gad et les micros omni, face et retours forment un tout qu’il faut savoir gérer en préservant sa voix chaude pour lui et pour le public qui l’identifie immédiatement, tout en lui permettant de bien s‘entendre même quand les musiciens jouent derrière. Ce n’est vraiment pas simple.

Les retours à cour, 6 Kara et un SB28. Non visibles des Arcs tapissent le fond de plateau de bonnes ondes.

Les retours à cour, 6 Kara et un SB28. Non visibles des Arcs tapissent le fond de plateau de bonnes ondes.

SLU : Quel est le rôle des SB28 des retours ?

David Nulli : De recentrer et donner un peu de précision au grave sur scène. Ils jouent très doucement car entre les T21 et les E218 placés sous la scène, du bas du spectre il y en a pas mal !

SLU : Explique-nous le montage à 180° d’un des 218.

David Nulli : J’ai fait ce choix pour Paris après l’avoir fait à Bruxelles dans une salle assez différente où cela s’est révélé très convaincant. Je trouve le E218 très intéressant car placé entre le 219 et le nouveau sub qui va arriver avec le S10. A la base il a été conçu pour compléter le E12 et fonctionne en passe-bande un peu comme le T21, et comme ce dernier il est quasiment omni, ce qui nous a poussés à travailler un peu la réjection à l’arrière.

Le résultat de ce test est très probant, et ce d’autant plus que les presets cardioïdes créés par Didier Dal Fitto (dir tech de DV2 et beaucoup plus pour Adamson NDR) sont vraiment très puissants et fonctionnent très bien. Contrairement au T21, dans la même situation sous la scène, le E218 m’apporte pas mal de précision vers 55/60 Hz.

Un des quatre E218 cachés par un velours sous le nez de la scène.

Un des quatre E218 cachés par un velours sous le nez de la scène.

SLU : Est-ce qu’il monte aussi haut que le T21 sans perdre d’efficacité là où c’est le plus utile?

David Nulli : Il monte presque comme le T21, mais ses HP étant plus petits et plus nerveux, on a beaucoup moins de son qui bave autour de 80 Hz. Je me suis permis de le laisser monter justement jusqu’à 80, une chose que je fais très rarement avec des subs, et ça complète bien pour les premiers rangs en n’apportant pas que de l’infra.

Il a un chouette impact bien homogène entre, disons 55 et 80, quelque chose de très intéressant et qui complète le T21 en mode accroché.

Le renfort central bouche trou en six S10 placés en douche et venant combler les oubliés du système principal.

Le renfort central bouche trou en six S10 placés en douche et venant combler les oubliés du système principal.

SLU : Dans quelle famille tu te situes, les amateurs de la radiation directe ou celle des bandpass ?

David Nulli : J’aime bien ce sub dans un rôle bien précis. Je suis d’abord super content qu’Adamson nous ait sorti un sub à radiation directe. Le 219 est un super produit, et c’est ce qu’il fallait dans la gamme. Il est compact, performant et puissant, avec un impact remarquable. Ils l’ont vraiment réussi.

Pour répondre à ta question, je ne suis pas contre les bandpass, d’autant que le dernier né est équipé d’HP de 18 pouces qui génèrent quelque chose d’assez nerveux. Je pense qu’ils peuvent être utiles en complément d’autres subs. Je les vois bien accolés ou au-dessus d’autres systèmes pour compléter leur réponse.

SLU : J’ai pu écouter dans de bonnes conditions les S10 et j’ai le sentiment que leur potentiel n’est pas encore exploité.

Un des deux délais en six S10 venant arroser le fond de salle. En tout trente S10 sont déployées au Palais des Sports en cinq lignes de 6 têtes.

Un des deux délais en six S10 venant arroser le fond de salle. En tout trente S10 sont déployées au Palais des Sports en cinq lignes de 6 têtes.

David Nulli : Je dirais que c’est normal, le preset n’en est à l’heure actuelle qu’à la version 0.1 et le produit n’est pas vraiment encore sur le marché. Je crois que pour le moment le travail au niveau du preset a porté sur le grave afin de lui donner tout son impact sans pour autant aller baver dans le bas mid, d’avoir en somme une réponse homogène entre 80 et 250 Hz. Je pense que Didier (Dal Fitto NDR) et Julien (Poirot NDR) sont en train de faire évoluer les presets en ce moment-même car beaucoup de travail reste à faire.

Je trouve que le S10 se marie bien en complément système des E12 et 15. On n’a pas besoin d’avoir le même aigu que les E car il sera exploité en champ proche. Enfin n’oublie pas que le calage a été réalisé avec en tête le meilleur rendu d’une voix et d’un DPA omnidirectionnel, j’ai donc évité que l’aigu ne soit trop éthéré et qu’il se marie le mieux possible avec les Kara. Le S10 a un gros potentiel. Son accroche est géniale et reprend toute la technicité déployée sur le E15. Ca va vite et bien à mettre en l’air.

Ensuite le S10 est équipé de deux 10 pouces, et même si je ne l’ai écouté que sur trois configurations et que je manque de recul, il peut être employé en tant que système principal avec une dynamique et une très bonne percussion dans le grave. J’ai aussi fait quelques mesures sur l’ouverture horizontale en envoyant un collègue avec un micro et à un moment, j’ai cru qu’il s’était arrêté tant elle est régulière. Tout ce qui est couleur et contour va être travaillé car les HP sont bons, l’ouverture aussi et le rendu est très Adamson.

MPM et David Nulli : une vieille histoire

Ce qu’il convient d’appeler désormais de vieux amplis, des Lab.Gruppen fP7000 stéréo et sans processing mais délivrant 3500 W sous 2Ω, une puissance engloutie par les 21 pouces des T21 qui présentent justement 2,2 Ω d’impédance. Chaque ampli (2 canaux) ne prend en charge qu’un seul sub puisque mettre les deux 21 pouces en série leur ferait perdre tout intérêt et en parallèle leur ferait perdre leur ampli …

Ce qu’il convient d’appeler désormais de vieux amplis, des Lab.Gruppen fP7000 stéréo et sans processing mais délivrant 3500 W sous 2Ω, une puissance engloutie par les 21 pouces des T21 qui présentent justement 2,2 Ω d’impédance. Chaque ampli (2 canaux) ne prend en charge qu’un seul sub puisque mettre les deux 21 pouces en série leur ferait perdre tout intérêt et en parallèle leur ferait perdre leur ampli …

SLU : Vous avez donc rentré 80 S10 chez MPM. Combien de 218 ?

David Nulli : Nous en avons 4 mais en prêt. Nous n’avons pas encore économiquement fait les arbitrages nécessaires à son éventuelle acquisition. Je pense qu’on partira d’abord sur le sub du S10 qui sera, si j’ai bien compris, une moitié de E219. On a 18 E219, et là aussi on va renforcer notre parc. Pareil pour du S10 , afin d’avoir de quoi faire du petit gauche/droite et du renfort un peu partout. Pour revenir à ta question concernant le E218, nous avons déjà une centaine de T21, ça deviendrait compliqué après de tout bien faire tourner.

SLU : Justement, est-ce que la venue des 219 et 218 ne compromet pas un peu la carrière du T21 chez vous à MPM par exemple ?

David Nulli : On peut se poser la question mais il ne faut pas oublier que le T21 est un sub ultra puissant qui sur des grosses configurations est assez bluffant. Nous avons monté dernièrement pour les Scorpions un système en Y18 et T21, et les deux s’associent à merveille et délivrent un GROS son. Il peut aussi s’associer au 219. Pour moi il faut avoir les deux, T21 et 219 pour être en mesure de répondre à toutes les demandes.

SLU : Un des inconvénients du T21 c’est qui est ampliphage !

Deux racks de PLM avec pour celui de gauche en 20000 les E15 à nourrir et pour celui de droite, assez rare pour être montré, un 10000 en charge des Kara.

Deux racks de PLM avec pour celui de gauche en 20000 les E15 à nourrir et pour celui de droite, assez rare pour être montré, un 10000 en charge des Kara.

David Nulli : Ce n’est pas faux ! Le 219 « mange » deux fois moins d’amplis, et pour le T21 en termes de préparation et conditionnement, il faut conserver des fP7000 en lieu et place des PLM qui alimentent le reste de la gamme, ce qui n’est pas pratique sans oublier qu’il faut des LM26 car le 7000 n’est qu’ampli.

A long terme le but est d’avoir du PLM 20 000 partout et de distribuer le signal à l’ensemble du système en Dante. On va rapidement passer les 7 000 en 20 000 pour avoir une homogénéité de conditionnement et faciliter son utilisation.

SLU : Cela nous donne l’occasion de rebondir sur ton rôle au sein de MPM. Tu es désormais en charge de trouver des réponses à ce type de problématique…

David Nulli : Exactement. Cela fait 6 mois que j’ai rejoint cette société que nous avions déjà ralliée avec Julien parce qu’ils étaient intéressés par notre connaissance de la diffusion. De notre côté, nous avions besoin de souplesse en termes de matériel et MPM dispose d’un énorme parc. Nous avons donc réuni nos bonnes idées de part et d’autre et on s’est rattaché il y a environ un an et demi. Après le départ de Julien, j’ai réfléchi et décidé de répondre aux opportunités qui s‘offraient à moi au sein de cette société. En plus MPM et moi, c’est une vieille histoire car j’y ai commencé encore étudiant en 1995. Je m’y sens un peu comme chez moi.

SLU : Quelles sont tes missions ?

David Nulli : Ça va des achats au conditionnement du matériel en passant par le process de tests au dépôt ou encore la formation des techniciens sur le terrain. C’est très large. Il y a énormément de tâches et on avance vite dans une ambiance encore très humaine. On m’offre beaucoup de liberté. C’est très intéressant pour quelqu’un comme moi qui a beaucoup d’idées et qui n’avait pas forcément la puissance économique pour les mener à terme. On a désormais un panel de techniciens compétents que je forme à ma façon de travailler, des personnages comme Stéphane Jouve, aussi adorables qu’expérimentés. Les préparateurs au dépôt sont aussi en train de s’imprégner de notre façon de travailler. Cela va être bénéfique pour nous comme pour nos clients.

Waveform Audio existe toujours

SLU : Qu’en est-il de WA (Waveform Audio). MPM a racheté tout le capital et ton ex-boîte va-t-elle disparaître ?

David Nulli : Pas du tout. MPM est majoritaire dans WA mais j’ai toujours une certaine autonomie et un volant de clientèle formée de productions et de techniciens comme Stéphane Plisson entre autres qui font toujours confiance à Waveform. En intégrant MPM, j’ai eu le choix de garder WA ce que j’ai fait, et je pense une cela ramène une certaine expertise par le biais des techniciens que j’emploie. Waveform n’est pas mort, loin de là, même si j’ai perdu des clients lors de mon rapprochement avec MPM et de ma prise de fonction, ce qui est logique.

SLU : Le fait que Waveform existe encore en tant que société, ça vous permet aussi de placer « diplomatiquement » des systèmes là où on ne les attend pas, non ?

David Nulli : Exactement. Cela, permet de rallier un peu les gens. On avait au sein de WA une image neutre et non commerciale de ce qui peut intervenir entre les productions et les prestataires, et on a voulu la garder. Ma venue au sein de MPM a aussi permis d’établir un meilleur dialogue avec cette société et c’est une bonne chose.

SLU : MPM est arrivé avec une réputation discutée à défaut d’être discutable.

David Nulli : Oui, ils ont pas mal bousculé l’ordre établi avec une vraie envie de prendre leur place sur le marché. Moi qui ai forcément vu des devis venant d’un peu partout pendant des années, je peux certifier que l’ensemble des sociétés est pratiquement au même tarif. La vraie différence se fait sur la façon de travailler et le personnel fourni, la qualité du matériel et son entretien, le conditionnement et la réactivité. Les clients ont besoin de forces sur le terrain et de gens qui savent de quoi ils parlent. MPM a pris le bon virage pour offrir le meilleur service. C’est pour cela que je les ai rejoints. J’ai senti que leurs convictions rejoignaient les miennes, et ils avaient envie de miser sur l’humain et la compétence. Je n’ai jamais eu à rougir du travail que l’on fait chez MPM.

Une Soca plus un Speakon 8 pour les subs, un Speakon 8 pour les S10, deux Soca pour les E15 et deux Speakon 4 pour les Kara auxquels s’ajoutent 8 câbles moteur. Un sacré boudin loin d’être léger à digérer ou, plus sérieusement, à monter avec le bois. Merci à Thibaud d’avoir posé le long de ce tronc électrique !

Une Soca plus un Speakon 8 pour les subs, un Speakon 8 pour les S10, deux Soca pour les E15 et deux Speakon 4 pour les Kara auxquels s’ajoutent 8 câbles moteur. Un sacré boudin loin d’être léger à digérer ou, plus sérieusement, à monter avec le bois. Merci à Thibaud d’avoir posé le long de ce tronc électrique !

SLU : Il me semble aussi, de ce que nous a dit Stéphane Jouve, que tu as proposé un peu plus de CDI dans un monde d’intermittence avec des arguments tout à fait valables…

David Nulli : Cela vient de mon expérience avec WA. Le jour où j’ai cessé d’être intermittent et où j’ai créé ma structure, le regard des gens sur moi a changé. Je crois qu’il est très important d’avoir des collaborateurs rattachés à la société et qui la représentent. Les intermittents sont indispensables et nous en avons plein et de très bons, il n’y a aucun problème là-dessus, mais je pense qu’il est important d’avoir un peu plus de permanents pour faire des prepas et surtout de les faire sortir pour bien exploiter un matériel forcément très familier, représenter la société et servir de passerelle pour faire remonter encore plus vite les éventuels demandes ou problèmes rencontrés.

C’est une vraie solution d’avenir, mais ce n’est que mon avis. Nous avons 4 ou 5 permanents à des postes différents qui vont sur les chantiers, et la complémentarité avec des intermittents marche vraiment bien. Le travail qui a été fait au Palais des Sports en est le parfait exemple. Thibaud, Stéphane et tous les autres, qui ont monté et géré ce chantier avec moi, ont pris les choses en main et tout c’est si bien passé que je n’en ai plus entendu parler.

SLU : Vous en êtes où en termes de marques avec MPM ?

David Nulli : Nous en avons deux, L-Acoustics avec le Kara, les Arcs, les MTD115 et du 8Xt, de très bons produits très demandés et dont le stock grossit, et puis un très gros parc Adamson. Je trouve que c’est bien d’offrir aux clients deux choses différentes, deux couleurs, deux façons de travailler, même si c’est évident que nous proposerons toujours les gros systèmes en Adamson. Nous avons avec cette marque et la série E15 et 12, un produit qui marche et qui est très recherché sur le marché. Même les Y sont encore beaucoup demandés spécialement en Belgique et en Allemagne.

Avoir des gros systèmes L-Acoustics ne se justifierait pas contrairement au Kara qui est très bon, se met en œuvre facilement et peut être exploité par de nombreux techniciens. On doit avoir une centaine de têtes et elles sont tout le temps dehors parce qu’il y a un réel engouement sur le marché. On a aussi des Arcs car c’est une excellente enceinte pour faire des side, et qui correspond parfaitement à ce dont nous avons besoin pour assurer des One Man Show. En termes de parc, je crois que nous avons de l’Arcs première génération, des Wide, des Focus et on va rentrer bientôt de l’Arcs II. On peut monter un kit sympa en L-Acoustics car nous avons aussi 16 SB28. On n’est en revanche pas parti sur le LA-Rack car la façon dont il est proposé par le fabricant et le nombre d’enceintes dont nous disposons ne s’accordent pas.

SLU : Alors comment vous drivez et amplifiez les boîtes L-Acoustics ?

David Nulli : On a des LA8 pour toutes les locations parce que c’est plus simple, que les gens veulent avoir des configurations qu’ils connaissent et que cet ampli marche très bien. Mais tu te doutes que j’ai fait des essais avec du PLM que je considère comme étant le meilleur produit actuellement sur le marché. Entre puissance, transport, et traitement, je ne peux plus m’en passer. Ca m’arrive aussi, lorsque c’est moi qui gère le système, de tourner en PLM avec des Kara et c’est… (il cherche ses mots NDR) Il y a quelque chose d’autre, c’est différent. Rien que de pouvoir rester en Dante, ça simplifie tout en termes de logistique et d’un point de vue acoustique, ce n’est pas pareil, le rendu est beaucoup plus chaud.

SLU : Le transport en Dante nécessite des précautions ?

David Nulli : Non, pas spécialement. On « ondule » tous les switches et tous les processeurs comme les LM44, ordinateurs de régie ou Driverack. J’avais fait avec Julien beaucoup de tests sur le Dante, et ce qui nous a semblé le plus simple c’est « d’onduler » l’ensemble du réseau. Ca évite les micro-coupures et le ré-adressage qui prend du temps.

SLU : Un dernier mot. Tu dois y être aussi pour quelque chose dans cette idée de processing système inséré sur la voix non ?

David Nulli : On y a pensé avec Julien et Eric (Gabler NDR) qui est un collègue et aussi un ami. Au moment où Gad a commencé à casser la baraque et à investir des salles et des festivals toujours plus gros, Eric qui le suit depuis toujours, a eu besoin d’une solution sur mesure. Il t’a sûrement raconté tout le cheminement jusqu’au Lake dont il est vraiment accro ! Il dessine parfois des courbes qui font peur et pourtant ça marche. En termes de grain, de phase, de dynamique, ça sonne ! Il ne touche pas à la console pas plus qu’au système. Il se contente de travailler sur son LM44.

SLU : Le rôle dévolu à ce processeur est énorme. Vous voyagez avec un spare ?

David Nulli : En France et dans des pays où l’on en trouve facilement, non, car je n’ai pas souvenir d’avoir eu un plantage avec ces machines, en revanche on va partir en juin aux Etats Unis et par sécurité, je vais en emmener un deuxième.

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Logiciel de prédiction 3 D

Blueprint AV d’Adamson est disponible avec une présentation en ligne

Blueprint AV, le soft de prédiction acoustique 2D et 3D d’Adamson est désormais disponible pour mac et PC. Bâtir son espace est simple et intuitif, et il suffit après de choisir son enceinte dans le catalogue Adamson pour se rendre compte très précisément du rendu potentiel.

Blueprint Adamson

Pour découvrir cette application, deux ingénieurs d’Adamson, Brian Fraser et Jeremiah Karni, proposent une série de « Webinars » en ligne.

Brian Fraser

Brian Fraser

Jeremiah Karni

Jeremiah Karni

Six sessions de présentation en ligne et en anglais de Blueprint AV vont être accessibles, avec, pour chacune d’entre elles, un nombre de slots limité à 100 personnes. Il est donc important de choisir précisément son jour et son heure et prévoir de ne pas être dérangé.


Pour ce faire, cliquez sur l’un des six liens ci-dessous et suivez les instructions sans tarder, certaines sessions ont déjà quasiment fait le plein.

28 janvier 2015, 18h : https://attendee.gotowebinar.com/rt/7517940805533773825
28 janvier 2015, 22h : https://attendee.gotowebinar.com/rt/6419259309036753409

29 janvier 2015, 14h : https://attendee.gotowebinar.com/rt/1483154688252671489
29 janvier 2015, 18h : https://attendee.gotowebinar.com/rt/2211531663631045377
29 janvier 2015, 22h : https://attendee.gotowebinar.com/rt/9219380073935798273

L’obtention d’une licence d’utilisation de Blueprint AV se fait directement sur le site Adamson à la page https://www.adamsonsystems.com/index.php/support/software/blueprint-av/blueprintav/buy-blueprint-av

Avec au choix une licence individuelle bi-machine au prix de 159,99 $ ou bien une licence société acceptant 6 ordinateurs au prix de 359,99 $. Pour vous faire une idée plus précise de cet outil, une version de démo valable un mois est également disponible à la même adresse en bas de page. Les participants inscrits bénéficieront automatiquement de cet essai gratuit.

Adamson Blueprint capture

Pour toute question, Julien Poirot est à votre disposition en lui écrivant à [email protected] . Attention, si c’est la première fois que vous communiquez avec lui, il faudra souscrire à la routine anti-spam et répondre à l’automate de vérification.
Enfin si vous voulez avoir un très succinct aperçu de Blueprint AV, cliquez sur le lien ci-dessous : https://vimeo.com/adamsonsystems/blueprintav

 

 

 

 

 

 

 

Une hirondelle ne fait pas le printemps, mais la Midas ProX oui !

Attendue pour la fin 2014, les premières commandes françaises de ProX seront honorées à partir de mars 2015, soit comme une console entière, soit sous la forme d’un upgrade pour les Pro6 et Pro9. Mise à la disposition de certains prestataires aux Etats-Unis et en Asie, elle termine sa période d’essai en affinant son logiciel, le hardware étant finalisé et un batch en fabrication au moment où vous lisez ces lignes.

La face avant de la ProX avec le nouveau bac central qui est à remplacer sur la Pro9 en cas d’upgrade. Bien visible dans l’écran de droite UNCL.D !

La face avant de la ProX avec le nouveau bac central qui est à remplacer sur la Pro9 en cas d’upgrade. Bien visible dans l’écran de droite UNCL.D !

Montrée aux JTSE, nous n’avions pas résisté à l’envie de la prendre en photo et surtout de faire parler Gilles Gautrois, le technico-commercial en charge du nord-ouest chez EVI et avant tout un homme de terrain chevronné et reconnu. Quelques questions portant sur les différences majeures entre la gamme Pro 3-6-9 et la X.

SLU : On parle beaucoup de la puissance de la ProX. Qu’en est-il exactement ?

Le rack Neutron avec son subtil mélange de puissance de traitement des voies sur une base FPGA et MMID et de calcul des effets en DSP 40 bits à virgule flottante. Un panneau d’affichage indique clairement ce qui va ou pas en termes de calcul mais aussi de connexion avec les unités déportées ou d’horloge.

Le rack Neutron avec son subtil mélange de puissance de traitement des voies sur une base FPGA et MMID et de calcul des effets en DSP 40 bits à virgule flottante. Un panneau d’affichage indique clairement ce qui va ou pas en termes de calcul mais aussi de connexion avec les unités déportées ou d’horloge.

Gilles Gautrois : Les DSP ont beaucoup évolué par rapport à ceux équipant les Pro 3-6-9. De processeurs de deuxième génération, on est arrivé à des DSP de quatrième génération. Le rack Neutron qui les embarque est aussi totalement nouveau et dispose de 4 emplacements pour les accueillir, emplacements qui sont pleins à la livraison.

La liaison entre les éléments constituant la console et son environnement n’a pas changé, en revanche la capacité de traitement de la console permet d’avoir nettement plus d’entrées, typiquement 144. Chaque tranche dispose de 5 types de compresseurs, les 4 EQ paramétriques, les 3 expandeurs, tout est là et personne connaissant les consoles Midas ne va être perdu.

Une vue de détail des fameuses commandes lumineuses à couleur et à texte variables. Sur la ProX,il y en a 58.

Une vue de détail des fameuses commandes lumineuses à couleur et à texte variables. Sur la ProX,il y en a 58.

SLU : 144 mono ?

Gilles Gautrois : Midas ne fait QUE des tranches mono, et les sorties au nombre de 93 sont aussi mono. Il est possible de linker deux entrées ou deux sorties, ce qui évite de bouger deux faders en même temps mais par définition on est toujours mono car on ne peut pas affecter deux préamplis à la même tranche.

Au-delà des 144 entrées, s’ajoutent 24 retours Aux avec moins de capacités de traitement mais il n’est pas interdit de leur affecter des préamplis micros. Le seul problème c’est que dans ce cas, il n’y a plus de possibilité de retour des effets internes car il faut bien les router quelque part, soit sur des tranches « full processing » soit sur ces « aux return ».

Max Menelec (encadré par Gilles Gautrois (EVI) à droite et Ludo (Soundlightup) attend avec impatience que la bonne fée Midas transforme la Pro 9 en Pro X

Max Menelec encadré par Gilles Gautrois (EVI) à droite et Ludo (Soundlightup) attend avec impatience que la bonne fée Midas transforme la Pro9 en ProX

SLU : Tu nous détailles les sorties ?

Gilles Gautrois : En termes de bus de traitement, la ProX dispose de 72 « Aux send » et 24 matrices en sachant que chez Midas les deux sont un peu imbriqués. Chaque départ Aux est bien entendu configurable pré ou post, en groupe ou bien en N-1. Les matrices reçoivent le gauche/droite, les aux et même les tranches. Cela nous amène à comptabiliser le total de 96 départs potentiels.

Ca commence à être énorme d’autant que chaque départ bénéficie du même traitement sans AUCUNE restriction. On retrouve les mêmes cinq compresseurs au choix, un égaliseur paramétrique à 6 cellules au lieu de 4 puisque les coupe-bas et haut ne figurent pas au programme, sans oublier le graphique. Attention en revanche, ce n’est que graphique OU paramétrique. La légende dit que c’est pour éviter de trop tordre la phase qui, comme la latence, est particulièrement prise en compte chez Midas.

L’ égaliseur dynamique qui va être repris tel quel avec ses 4 bandes utilisables en série, en deux fois deux cellules, ou en 4 fois une, histoire de se faire 4 déesseurs …

L’ égaliseur dynamique qui va être repris tel quel avec ses 4 bandes utilisables en série, en deux fois deux cellules, ou en 4 fois une, histoire de se faire 4 déesseurs …

SLU : En termes d’effets, comment se situe la ProX par rapport aux 3-6-9 ?

Gilles Gautrois : Comme le DSP est beaucoup plus puissant, on a jusqu’à 24 machines d’effet disponibles. Ce chiffre ne varie pas puisque le rack Neutron comporte 4 slots et que la console est livrée avec 4 cartes DSP, donc il n’y aura pas de mauvaises surprises mais pas non plus de possibilité d’évolution, cela étant, 24 effets c’est énorme. D’ailleurs le chiffre de 24 appelle un bémol puisque dans l’ensemble de la ProX, le nombre d’effets simultanés est la seule variable et nécessitera une très simple gestion de la ressource DSP.

Pour ce faire, il suffit d’aller dans les préférences et choisir. On peut par exemple avoir 23 effets et 4 GEQ (égaliseur graphique NDR), 22 effets et 8 GEQ mais si je veux avoir 24 effets, je n’ai plus du tout d’égaliseurs graphiques. Cela n’affectera absolument pas quelqu’un qui fait de la façade et dispose généralement de l’ensemble des outils propres à cette fonction dans ses amplis ou dans des racks externes de traitement. Un ingé retours en revanche gardera 15 effets et gagnera 36 graphiques suivant la règle d’un effet pour 4 GEQ. Cela reste confortable.

Le SDP pour Smart Dynamic Processor, une nouveauté très « L2 like » signée Midas et prête à venir finaliser le gauche/droite. Les crêtes n’ont qu’à bien se tenir.

Le SDP pour Smart Dynamic Processor, une nouveauté très « L2 like » signée Midas et prête à venir finaliser le gauche/droite. Les crêtes n’ont qu’à bien se tenir.

SLU : Il n’y a aucun sacrifice nulle part si je choisis 24 réverbérations ?

Gilles Gautrois : Aucun. Il y aura toujours 144 entrées full processing, 24 retours d’effets, 96 sorties et le tout à 96 kHz natif.

SLU : Y’a-t ’il de nouveaux effets internes proposés avec cette table ?

Gilles Gautrois : Oui. Nous avons par exemple le SDP pour Smart Dynamic Processor, une sorte de maximiseur (Pas vrai Max ! NDR) qui marche très bien.
Il y a aussi l’égaliseur dynamique 4 bandes qui s’utilise en insert et remplace aisément des BSS 901. Bruno Viricel qui a créé Robin de bois en aurait fait grand usage avec sa Pro6 sauf que 8 chanteurs, 8 effets, il se serait retrouvé à sec. Avec la ProX, la question ne se pose plus.

l’UNCL.D, la distorsion multi-bande de Midas, une nouveauté attendue car disposant d’un nombre important de commandes comme la fréquence de transition entre les trois cellules, le type de distorsion, le drive, le squash et j’en passe. Tout un programme…

l’UNCL.D, la distorsion multi-bande de Midas, une nouveauté attendue car disposant d’un nombre important de commandes comme la fréquence de transition entre les trois cellules, le type de distorsion, le drive, le squash et j’en passe. Tout un programme…

8 cellules de traitement des sifflantes en un seul effet ne prenant qu’un slot de processing. C’est nouveau et ça s’appelle De-Esser.

8 cellules de traitement des sifflantes en un seul effet ne prenant qu’un slot de processing. C’est nouveau et ça s’appelle De-Esser.


Pour en revenir aux nouveaux effets, on a UNCL.D, une distorsion multi-bande très bien fichue avec beaucoup de réglages. Il y a aussi un dé-esseur octuple à savoir qu’il prend huit points de patch et peut donc œuvrer sur huit signaux.

 

 

 

 

 

 

 

Première partie : Mix façade et retours

GAD au Palais des Spots…et des boîtes avec Eric Gabler et Guillaume Muhlmann

Franchement, il n’avait pas besoin de ça pour briller. Séducteur en diable, drôle à en avoir mal au bide, Gad Elmaleh a fêté en fanfare ses 20 ans au Palais des Sports de Paris nanti d’une installation au bas mot superlative !
Spécialiste des « comiques » et partenaire de longue date, MPM a offert à cet événement un écrin de son et de rayons que nous avons pu visiter grâce à la complicité de David Nulli.
Matos en exclu, trouvailles en pagaille et franchise à tous les étages, on vous Gad en 2015, à tel point qu’on vous offre ce gros reportage en deux épisodes !

GAD

A peine franchi la porte du mythique Palais, un dôme autoportant bâti tout en alu par la société Eiffel au début des années 60 et qui a vu tant de combats de boxe s’y dérouler, c’est un gros, gros son qui nous colle au tapis, un air connu qui annonce la couleur de l’invité surprise du surlendemain : Johnny. Toute la musique que j’aime résonne fort et clair, joué d’une très belle façon par les musiciens, et des bons, d’un Gad en pleine forme et qui s’escrime dessus. La surprise est de taille même si David nous a prévenus de l’envie de l’artiste de se faire plaisir à lui comme aux presque 100 000 personnes qui sont venues parfois de très loin pour ces 20 représentations exceptionnelles.

Thibaud le Boucher et Eric Gabler

Thibaud le Boucher et Eric Gabler

Nous sommes accueillis par Thibaud Le Boucher qui assiste Eric Gabler à la face. Merci à lui pour la visite guidée. Un passage devant le plateau laisse apercevoir la pression qui y règne.

Deux sides de 6 Kara en douche épaulés par un SB28 au sol par côté ainsi que des Arcs en arrière scène, l’immergent de bonnes ondes à défaut d’être très étanches. Outre ces quelques boîtes dévolues aux retours, ce qui laisse pantois c’est le système.

On est loin du petit bois juste bon à allumer le feu comme dirait un rockeur bien connu, là on a le nécessaire pour un concert, un vrai. Quelques volées de marches et nous arrivons dans la régie du Palais des Sports, très haut perchée mais bénéficiant de ce fait d’une vue imprenable et d’une écoute très « public ».
C’est là qu’on retrouve Eric Gabler en train de finir les répétitions des musiciens et de Gad pour Johnny et aussi en pleine rigolade. Normal, Claudia Tagbo prend possession du plateau. La vue de là-haut est encore plus belle à cause d’un subterfuge qui rappelle furieusement le piano d’un certain Gilbert Bécaud.

Eric Gabler, le patron du son

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SLU : On voit bien pourquoi tu l’as placée aussi basse ta console, mais c’est agréable à travailler ?

Eric Gabler (Ingé son façade) : Je suis celui qui met toujours la console au ras du sol. Souvent on est placé à l’aplomb de la scène, je suis donc obligé de trouver une parade. Je n’aime déjà pas avoir un mur devant, ce n’est pas bon pour le son, et puis, quand tout est noir, les écrans numériques te flashent à la figure et plus ils sont bas, moins c’est gênant ! D’autre part je suis assis et même très bien assis (sourires). Si j’ai des tops main droite, si j’ai besoin de toucher quelque chose dans mes racks, je suis bien comme ça.

SLU : Gad et toi c’est depuis longtemps ?

Eric Gabler : Depuis 15 ans ! Du coup comme d’année en année je suis toujours là, je suis un peu fiché « comique », ce qui m’a encore plus poussé dans la sono des comiques avec Michael Youn, récemment Kev Adams. Je suis connu comme un spécialiste du « one man show ».

SLU : Tu dois être assez sollicité comme mec pour des places (son portable n’a de cesse de s’illuminer NDR)

Eric Gabler : Ahh tu crois (rires)? Oui beaucoup en effet…

Eric Gabler de dos face à la scène. Le portable, tout à droite et manifestement connecté à un Lake, n’est autre que l’unité pilotant le LM44 en charge de l’égalisation de la voix de Gad.

Eric Gabler de dos face à la scène. Le portable, tout à droite et manifestement connecté à un Lake, n’est autre que l’unité pilotant le LM44 en charge de l’égalisation de la voix de Gad.

SLU : Mais tu sais mixer autre chose qu’un comique !

Eric Gabler : Oui tu vois, sur ces 20 dates nous avons un chouette micmac de comiques, de musique et de plein d’autres choses. Si une tournée part, on va s’éclater. La décision n’est pas encore prise, sinon je vais reprendre tranquillement mes comiques et l’accueil au Bataclan.

SLU : Tu y as raté Camélia Jordana !

Eric Gabler : Oui exact, mais je ne peux pas être partout.

SLU : Tu fais partie de MPM ou tu es intermittent ?

Eric Gabler : Aucun des deux, je suis gérant de société. J’ai un studio de musique à la porte de Montreuil, le Studio 440 (www.studio440.fr).

SLU : Et c’est par ce biais que tu as appris la prise de son et le mixage orchestre…

Eric Gabler : Oui, mais j’ai aussi grandi au Bataclan, dans son univers de musique, ça facilite les choses !

Le DPA 4066, micro serre-tête incontournable

SLU : On pourra donc faire savoir à la terre entière que tu sais aussi mixer de la zique et pas que mettre des micros cravate (rires) !

Eric Gabler : Merci voilà ! Ahh mais ce ne sont pas des micros cravate mais des tours de tête équipés en DPA 4066.

Le rack de Gad en personne avec les récepteurs Sennheiser délivrant le flux AES vers le Lake LM44 positionné juste au-dessus.

Le rack de Gad en personne avec les récepteurs Sennheiser délivrant le flux AES vers le Lake LM44 positionné juste au-dessus.

SLU : Raconte-nous le cheminement de ton signal.

Eric Gabler : D’abord je sors en AES du récepteur Sennheiser, ensuite je rentre directement dans un Lake qui me sert à égaliser…

SLU : C’est la config légère sur la route ?

Eric Gabler : Non c’est *MA* config et c’est la seule que j’utilise, en tournée comme ici au Palais.

SLU : Tu aurais pu profiter ici du stage de ta console et c’était réglé.

Eric Gabler : J’aurais pu oui, mais je ne le fais jamais. Ca fait des années que je ne fais plus ça ! Je me sers très rarement des consoles qui pour moi ne sont plus que des surfaces de contrôle pour avoir des faders. Le son est réglé autrement. J’ai commencé avec des XL42 Midas tant que le numérique n’était pas là ; puis lorsqu’il a été disponible, j’ai fait le choix d’être autonome pour pouvoir régler mon DPA en étant moi-même sur scène car Gad demande beaucoup de pression dans ses retours. J’ai réfléchi à comment être au plus près de lui et de manière autonome pour pouvoir régler au mieux son micro et j’ai fait le choix de l’ordinateur.

SLU : Tu gères face et retours ?

Eric Gabler : Oui absolument. Juste pour ces 20 dates et du fait de la présence de nombreux musiciens et guests, c’est Guillaume Muhlmann qui mixe les retours, sinon je fais les deux depuis ma tablette en WiFi en me baladant partout.

Une régie particulière

Voici ce qu’Eric programme sur le LM44 pour sculpter la voix de Gad. Promis, ça sonne !

Voici ce qu’Eric programme sur le LM44 pour sculpter la voix de Gad. Promis, ça sonne !

SLU : Donc ton idée, c’est de gérer la voix pour face et retours avec un processeur de diffusion pour avoir la main dessus.

Eric Gabler : C’est exactement ça. J’ai commencé avec un XTA géré par Audio Core qui au début récupérait la sortie analogique d’une table qui ne servait que comme préampli. Ce n’était pas très pratique mais je n’étais déjà plus scotché à ma console. Après sont arrivées les consoles DiGiCo que je pilotais à distance et enfin je suis passé aux Galileo Meyer puis les Dolby et aujourd’hui les LM44. Je fais donc le son du micro de Gad à l’aide des outils que comporte ce type de processeur.

SLU : Tu préfères la flexibilité et la puissance d’égalisation d’un LM44 à la commodité d’une console ?

Eric Gabler : C’est ça. Je peux tailler beaucoup plus finement avec des filtres à phase linéaire et je suis sur scène pour bien me rendre compte de leur effet. Je suis le monsieur qui taille, qui taille, qui taille parce que je dois gérer un micro omnidirectionnel au sein de beaucoup de retours. Comme Johnny va venir chanter avec Gad, je vais avoir deux micros main, sinon on ne quitte jamais le DPA, même lors des passages chantés du show. Tout est en omni.

Le pack émetteur de Gad avec en arrière-plan son micro omni DPA. Non vous ne rêvez pas, c’est bien une chaussette qui entoure le câble micro. Comme l’artiste n’aime pas avoir ce dernier lui coller dans le dos dès qu’il commence à transpirer, cette maille noire a été détournée de son usage premier et ça marche !! C’est Lydie l’habilleuse qui a eu l’idée après avoir rencontré le même problème avec un autre chanteur.

Le pack émetteur de Gad avec en arrière-plan son micro omni DPA. Non vous ne rêvez pas, c’est bien une chaussette qui entoure le câble micro. Comme l’artiste n’aime pas avoir ce dernier lui coller dans le dos dès qu’il commence à transpirer, cette maille noire a été détournée de son usage premier et ça marche !! C’est Lydie l’habilleuse qui a eu l’idée après avoir rencontré le même problème avec un autre chanteur.

SLU : Et s’il s’approche de la batterie ?

Eric Gabler : Tu ne crois pas si bien dire. Il y a une chanson Gospel dans le show et il y va. Je baisse de 10 dB et heureusement en général il ne chante pas quand il est tout près de l’instrument. Au fur et à mesure qu’il s’en éloigne, je remonte le niveau. Année après année, je me suis habitué à ce son de DPA omni.

En tant que technicien cela te pourrit la vie, mais j’ai appris à m’en dépatouiller avec le Lake et mes autres outils qui ont vachement évolué ces dix dernières années. Quand je coupe le micro de Gad, ça change radicalement mon mix, et il en va de même quand parfois je coupe durant les balances, les retours plateau. C’est le jour et la nuit. Je suis DPA dans ma tête.

SLU : Revenons à ta chaîne de voix, le LM44 travaille aussi en dynamique ou seulement en super égaliseur.

Eric Gabler : Je ne fais qu’égaliser avec. La dynamique et la couleur je les gère avec un Tube-Tech. Plus exactement, je me sers d’un compresseur multi-bandes en insert de tranche après EQ, une unité numérique XTA marchant en AES et ensuite j’ai un CL2A Tube-Tech en analogique et sortie de groupe. C’est mon kit de base, et qui me suit partout avec le LM44, l’ordinateur pour avoir la main dessus et mon réseau WiFi. La console n’a que peu d’importance, je prends celle que je trouve et je peux tout faire tout seul même si en général nous sommes au moins deux.

Deux éléments clé du son de Gad. En bleu, un D2 de XTA, un égaliseur dynamique à quatre cellules et disposant d’entrées et sorties numériques, la main de fer dans un gant de velours. En dessous un CL 2A Tube-Tech, nécessaire pour donner tout son grain à la voix de Gad.

Deux éléments clé du son de Gad. En bleu, un D2 de XTA, un égaliseur dynamique à quatre cellules et disposant d’entrées et sorties numériques, la main de fer dans un gant de velours. En dessous un CL 2A Tube-Tech, nécessaire pour donner tout son grain à la voix de Gad.

SLU : Ta configuration paraît super maline mais elle nécessite impérativement ta présence pour la mettre en oeuvre non ?

Eric Gabler : Quand le DPA est de sortie, je suis souvent là. Gad aime aussi beaucoup le stand-up à l’américaine avec le brave SM58, en filaire qui plus est. Il a fait plein de voyages et de shows aux Etats Unis où cela se pratique énormément.

Il y a eu une phase où il écrivait et jouait son show dans une petite salle de 300 places à Paris, la Nouvelle Eve, avec guéridons et champagne, et où il avait adopté le 58 filaire. Il ne voulait pas autre chose.
Il s’est produit à Londres dans une salle d’un millier de spectateurs, l’Empire O2 je crois, avec la même config micro qu’à Paris et n’a pas trouvé ça terrible. Grande scène, fil à la patte, ça ne convenait plus.

SLU : Le son est tout de même meilleur avec un fil.

Eric Gabler : Oui ben non (rires). Ca ne me convient pas. Gad joue pas mal avec le SM58, donc le son bouge sans arrêt. Soit il le place très près de sa bouche, soit très loin soit entre les deux. Parfois il le pointe vers le haut, d’autres fois vers son torse. Pour moi c’est beaucoup plus compliqué et ça marche en définitive beaucoup moins bien qu’un DPA, malgré ses contraintes, car ce dernier va rester toujours bien en place. Je ne dis pas que le look du 58 n’est pas dix fois mieux, mais quand tu essaies de faire chanter quelqu’un dans ce micro en réglant le son pour une distance de 15 centimètres et qu’ensuite il le colle aux lèvres, je te laisse imaginer le massacre (rires) !

SLU : L’égalisation que je vois sur ton ordinateur, c’est la base à partir de laquelle tu travailles ?

Eric Gabler : Non, je n’ai pas de « base », c’est celle que j’ai faite à partir de ma voix (bonne et timbrée, idéale pour s’approcher de celle du patron NDR). Tous les jours on est flat, pas ici pour les 20 dates puisque l’acoustique reste la même, mais en tournée on repart toujours de zéro. Même si on a les mêmes enceintes tous les jours, on recommence. Je travaille au paramétrique et au graphique, un peu au feeling du jour. Avant je n’utilisais que le paramétrique mais depuis un an je me suis mis au graphique et pour ce que j’en fais, je le préfère. J’ai donc deux modules distincts qui aboutissent à deux sorties : GAF FOH et GAD MONITOR. Même ici où l’on dispose d’une console de retours, je garde la main sur les retours et le son de sa voix. On se connait très bien et je guette ses éventuels petits signes pour réagir. J’ai par ailleurs une visu bien meilleure que lui de la scène. Je garde le doigt sur deux faders de la table, Gad FOH et GAD Mon.

SLU : A quoi te servent tes autres jouets que je vois dans tes racks ? J’ai l’impression que tu t’es fait plaisir !

Eric Gabler : Il faut bien. On fête les 20 ans, non ? En plus c’est pour Gad, ce n’est pas dans ma chambre ! Le compresseur DBX 160SL sert à finaliser dans un groupe tout le gospel en le compressant. Le Phoenix est inséré sur le groupe des musiciens dans leur ensemble, sans le gospel ni Gad donc, basse, batterie, guitare et claviers et je rentre dedans assez fort.

Le BlackBox recorder JoeCo surplombé par un rack de disques est protégé par un onduleur. Il est là pour enregistrer chaque date en multipiste.

Le BlackBox recorder JoeCo surplombé par un rack de disques est protégé par un onduleur. Il est là pour enregistrer chaque date en multipiste.

Du beau monde très loin des plugs. Tout en haut et bien bleu, un très bon compresseur DBX, e 160SL en charge des chœurs gospel, une partie géniale du spectacle. Sous la grille d’aération pour le Phoenix, on trouve le SubSynth 120A de DBX, la machine à faire baver les subs. Encore en dessous et inséré sur un groupe des 4 musiciens, le Phoenix de Thermionic Culture, un compresseur idéal en mastering pour gonfler, colorer et donner de la cohérence à un mix.

Du beau monde très loin des plugs. Tout en haut et bien bleu, un très bon compresseur DBX, e 160SL en charge des chœurs gospel, une partie géniale du spectacle. Sous la grille d’aération pour le Phoenix, on trouve le SubSynth 120A de DBX, la machine à faire baver les subs. Encore en dessous et inséré sur un groupe des 4 musiciens, le Phoenix de Thermionic Culture, un compresseur idéal en mastering pour gonfler, colorer et donner de la cohérence à un mix.


SLU : Et le géné de sub-harmoniques 120A DBX ? C’est pour dépoussiérer les T21 ?

Eric Gabler : C’est ça, et les E218 aussi. Je fais passer dedans la grosse caisse, la basse, tom basse, tom floor. C’est un super appareil.

Le E15 s’impose

SLU : Es-tu satisfait de ton système ?

Eric Gabler : Avant qu’Adamson sorte le E15, on a eu pendant longtemps du Y10 et j’ai eu la chance de pouvoir essayer le gros modèle, le Y18 dans le même genre de configuration, disons un Zénith de 5000 places. Je me suis rendu compte à ce moment-là de l’importance pour moi d’avoir de gros HP pour mon omni. Même si de telles enceintes sont démesurées aux yeux de certaines personnes dans le cadre d’un one man, j’ai réussi à avoir un bien meilleur grave et surtout un meilleur contrôle du bas. Très content du Y18, j’ai énormément apprécié l’arrivée du E15 et j’ai surtout vu le travail que font Guillaume Muhlmann qui cale le système en tournée et David Nulli.

L’ensemble du système et des retours. De gauche à droite 9 E15, avec derrière 6 T21 et en side faisant face à l’objectif, 6 S10. On aperçoit tout en bas les 6 Kara des retours.

L’ensemble du système et des retours. De gauche à droite 9 E15, avec derrière 6 T21 et en side faisant face à l’objectif, 6 S10. On aperçoit tout en bas les 6 Kara des retours.

Leurs courbes parlent pour eux. Avec le E15 elles sont beaucoup plus flat qu’à l’époque Y ! J’ai aussi aimé la façon avec laquelle le système réagit immédiatement et très précisément à des coupes que tu entends parfaitement. Même un seul dB s’entend et je travaille au dB près. J’ai aussi constaté qu’entre salle vide et pleine, les réglages varient très peu comparé à la période Y10 et 18 où il fallait beaucoup retoucher durant les 30 premières minutes du show. Le E15 me comble vraiment.

SLU : Tu tournes toujours avec cette référence ?

Eric Gabler : Pour les grandes jauges, oui. Pour celles entre 1500 et 2000, on a décidé de partir en Kara parce qu’elle est aussi très, très bien cette boîte. J’ai ressenti le même plaisir à sa sortie que lors de l’arrivée du E15. L’omni DPA marche très bien avec. Avant que cette boîte apparaisse au catalogue de L-Acoustics, on partait en SpekTrix pour les salles moyennes et je n’étais pas fan avec le DPA. Le Kara au contraire avec les SB28 convient très bien et m’apporte précision et bas du spectre pour bien faire péter les bandes son.

L’arrivée de vrais musiciens dans les dernières tournées a compliqué la tâche de cette petite enceinte ; cela dit on a sonorisé l’Agora d’Evry, 2800 places, avec un bon résultat. Gad ayant eu de très bons retours du E15, sa précision et la pression qui plaisent au public, il nous a demandé de l’employer le plus possible, ce qui fait que j’ai demandé à David Nulli qui me proposait du E12 de rester avec le E15.

SLU : Le 12 par rapport au 15 ne représente qu’une baisse de quelques dB que tu compenses facilement si nécessaire avec quelques boites en plus…

Eric Gabler : Guillaume (Muhlmann NDR) m’a dit qu’effectivement il retient un peu le bas des E15 dans le filtrage…Je n’ai pas encore eu l’occasion d’écouter du E12 mais ça viendra.

SLU : Et le S10 ?

Eric Gabler : Il vient de sortir, j’ai donc demandé à David Nulli de m’en mettre rapidement sur la tournée. Il a pu m’en sortir un peu pour ces 20 dates. Etant un adepte des Zéniths et donc des raccords entre système principal et compléments latéraux, j’ai pu apprécier la qualité de ce raccord entre E15 et S10 ou plutôt de la non différence entre les deux. Ca matche vraiment bien. Quand on change de zone on garde une couleur similaire. Je suis assez content. Je n’ai en revanche pas écouté le S10 en principal.

SLU : Tu aimes compléter tes E15 par quel sub ?

Eric Gabler : Les T21. On a dans le show un effet de guitare perçu que Gad appelle la guitarbouka et qui sort super bien avec ce sub et comme on l’a toujours employé pour le créer, j’en suis fan et surtout aucun autre sub ne le reproduit aussi bien. J’utilise les subs comme des effets et ils sortent sur un aux à certains moments. Nous avons aussi pour ces 20 dates des E218 mais j’avoue ne pas avoir d’avis car ils sont sous la scène mélangés aux T21 et on en a beaucoup d’accrochés ! Après la découverte de la régie et surtout du savoir-faire très spécifique qui est nécessaire pour repiquer et mixer un artiste comique, place à la diffusion avec Thibaud Le Boucher en guise de Monsieur Loyal.

SLU : Nous avons combien de boîtes par côté ?

Thibaud Le Boucher (Assistant son façade) : En principal nous avons 9 x E15, 6 x T21, 6 x S10 en outfill, 6 x S10 en downfill et 6 x S10 en délai. Sous le nez de la scène il y a xix Metrix pour les spectateurs des tout premiers rangs et quatre E218 en complément des T21. Rappelons qu’il s’agit du « petit » sub Adamson initialement prévu pour accompagner les E12 en l’air mais qui est capable aussi, grâce à son rendement et à sa charge passe-bande, de compléter des installations plus ambitieuses et être laissé au sol pour jouer avec ce dernier, ce qui semble le but recherché ici.

SLU : Qui a effectué le design de cette diffusion ?

Thibaud Le Boucher : David Nulli, c’est lui qui a tout conçu. Malgré le fait qu’avec le montage en passe-bande, les 218 tirent un peu plus devant, un des quatre subs sous la scène est tourné à 180°. Tout est contrôlé et amplifié par le triptyque PLM 20000, 10000 et FP7000.

SLU : Quelle est ta fonction précise Thibaud ?

Thibaud Le Boucher : Je suis l’assistant d’Eric. Avant qu’il n’arrive j’allume la diffusion, je vérifie que rien n’ait bougé et je fais le line check.

SLU : Qui dirige les équipes de MPM sur cette prod ?

Thibaud Le Boucher : Eric mixe mais est aussi le chef d’équipe pour MPM et est au contact de l’artiste et de la prod.

SLU : Tu viens de l’est toi aussi ?

Thibaud Le Boucher : Ahh non, je suis parisien. J’ai eu la chance de faire mon stage après le BTS chez MPM et j’ai enchaîné avec eux. Je suis intermittent et étant basé à Paris, je m’occupe beaucoup des prestations de MPM qui se passent dans la capitale et pour le reste je tourne, notamment avec Gad. Cela étant je connais bien la route qui mène à Metz et je vais assez régulièrement au dépôt rendre visite à l’équipe et aussi mettre les mains sur le matos. On a le droit ! La balade du Palais des Rires (Claudia Tagbo est encore plus drôle en répètes qu’en show et elle est déchainée ! NDR) continue avec une halte auprès de Guillaume Muhlmann, le complice de toujours d’Eric Gabler pour Gad et qui, pour ces 20 dates, a délaissé le système pour prendre en charge les retours.

Et les retours ?

Guillaume Muhlmann en pleine action aux retours. Il a beau fixer loin devant, il ne voit pas grand-chose, le plateau est équipé en mode télé question décors et c’est donc par ce biais technique qu’il a une visualisation de ce qu’il s’y passe.

Guillaume Muhlmann en pleine action aux retours. Il a beau fixer loin devant, il ne voit pas grand-chose, le plateau est équipé en mode télé question décors et c’est donc par ce biais technique qu’il a une visualisation de ce qu’il s’y passe.

SLU : Cela aurait été difficile de gérer les retours depuis la face cette fois…

Guillaume Muhlman (Ingé son retour) : Oui, la présence des musiciens sur scène a rendu nécessaire le mix avec toute la proximité requise. J’ai beau être plus porté sur le système et m’occuper de la diffusion de Gad depuis une dizaine d’années, j’ai une certaine connaissance des ears, j’aime beaucoup le mix studio et surtout j’ai un bagage assez complet en diffusion et acoustique pour me mettre au service des musiciens et assurer leurs retours. Je dois avouer que c’est aussi un travail très intéressant, différent mais très complémentaire avec ce qui se passe devant. Le vrai challenge, Eric a dû te le dire, c’est la gestion du DPA omni.

SLU : Je vois que tu as la main sur le niveau de Gad, mais Eric aussi. Comment faites-vous ?

Guillaume Muhlman : Toute la chaîne voix est en AES donc cela n’impacte pas la qualité audio. Il me donne un niveau en sortie de sa table qui rentre en AES dans la mienne. Cela permet à Eric qui voit Gad mieux que moi, puisque je ne dispose que d’un petit monitor, de suivre ses requêtes à la volée. En plus avec ce micro, c’est important d’avoir la main sur les deux niveaux face et retours car 2 dB sur l’un ou l’autre ça change tout. Je garde bien entendu la main sur les sorties vers les différentes enceintes et c’est d’ici que tout est matricé. Si jamais il y avait le moindre problème, je peux tout aussi bien travailler sans son fader et cela est aussi vrai dans l’autre sens si ma table venait à tomber.

SLU : Je vois que tu as la même visualisation qu’Eric sur le LM44 de Gad.

Guillaume Muhlman : C’est normal, nous sommes à deux dessus, on se le partage. Il est maitre et moi esclave mais nous avons accès tous les deux aux mêmes réglages et on visualise en temps réel ce qui se passe sur la sortie FOH ou Mon.

Les retours à cour, 6 Kara et un SB28. Non visibles des Arcs tapissent le fond de plateau de bonnes ondes.

Les retours à cour, 6 Kara et un SB28. Non visibles des Arcs tapissent le fond de plateau de bonnes ondes.

SLU : Pourquoi avoir choisi du Kara comme retours ?

Guillaume Muhlman : En tournée nous utilisons de l’ARCS Wide mais pour ces 20 dates on nous a demandé de bien dégager le cadre de scène d’où le Kara. Les ARCS sont sur pied à l’arrière de la scène en débouchage. Je garde ce renfort ouvert tout le temps pour permettre à Gad de se balader librement sans avoir de zones d’ombre.

SLU : J’ai un peu l’impression que devant la scène le remélange des retours et de la face crée des interférences. Les deux ont été alignés ?

Guillaume Muhlman : Oui, la face est calée sur le Kara. Les ARCS sont assez loin derrière et concernent vraiment une zone précise et assez sélective qui ne doit pas venir polluer devant.

SLU : Le Kara ouvre large…

Guillaume Muhlman : Le Kara ouvre très large ! Gad aime bien la proximité et les enceintes traditionnelles. Du coup il n’est pas fan des line-arrays où la pression reste constante quelle que soit la distance avec les boîtes. Il aime bien avoir plus de son en se rapprochant de la source donc on a triché sur le shoot des side de sorte à ce qu’il n’y ait pas trop de recouvrement au point central et qu’il arrive à retrouver un peu de pression en se rapprochant du système. On a réussi à avoir moins de pression au centre et plus sur les extérieurs.

Dans une des loges à l’arrière du plateau, le stock d’émetteurs et de récepteurs qui attendent sagement leurs utilisateurs. Il s’agit ici de l’équipement des chœurs gospel avec des micros DPA cardioïdes.

Dans une des loges à l’arrière du plateau, le stock d’émetteurs et de récepteurs qui attendent sagement leurs utilisateurs. Il s’agit ici de l’équipement des chœurs gospel avec des micros DPA cardioïdes.

SLU : Comment travailles-tu à la console ?

Guillaume Muhlman : Je « splite » pour avoir des départs side et ears à cause des égalisations très différentes sur les deux. Le Kara est égalisé pour le DPA avec un shelve dans l’aigu qui le tasse pour éviter les problèmes. C’est mieux ainsi, au lieu de tailler dans le micro.

SLU : Combien de signaux gères-tu ?

Guillaume Muhlman : En tout on a un 48 paires qui arrive de la scène et un 24 éclaté qui gère uniquement les HF, la « HFrie » en somme dont le Gospel, les talks, les guess et j’en passe. On a donc une mixette pour le réseau d’ordres et quelques trous dans la grosse table en spare, au cas où.

Guillaume Muhlmann, le complice d’Eric Gabler et qui suit Gad Elmaleh avec ce dernier en s’occupant du système, mais aussi parfois du mix face et qui tient ici les retours. Vous avez dit polyvalent ?

Guillaume Muhlmann, le complice d’Eric Gabler et qui suit Gad Elmaleh avec ce dernier en s’occupant du système, mais aussi parfois du mix face et qui tient ici les retours. Vous avez dit polyvalent ?

SLU : Comment travaillez-vous en tournée ?

Guillaume Muhlman : Nous sommes trois. Eric à la face, moi au système et nous avons un assistant. Il se peut qu’il soit absent, dans ce cas je le remplace. Je suis très polyvalent puisque j’aide aussi au plateau en fonction des besoins.

SLU : C’est vrai qu’on a l’impression que vous n’avez qu’un micro à gérer. Vous avez bien plus que ça…

Guillaume Muhlman : On doit faire en sorte que l’ensemble du spectre de ce micro soit toujours parfaitement géré et offrir le meilleur rendu à toute la salle. Même en ce qui concerne la diff, il y a des différences vis-à-vis d’une configuration musicale. Dans notre cas, l’objectif premier est l’intelligibilité, idem pour la couverture et les recouvrements. Le one man est une très bonne école car le DPA peut très bien aller dans certaines salles et pas du tout dans d’autres.

SLU : Vous n’avez pas essayé d’autres têtes plus directives ?

Guillaume Muhlman : Si mais elles ne conviennent pas chez DPA. On a essayé la marque Countryman car ce sont d’excellents micros qui marchent très bien sauf que leur connectique est trop fragile.

Un des racks placés près de Guillaume Muhlmann aux retours et siglé à la fois MPM et WA. Un chouette mélange de trois marques, Sennheiser, Shure et même tout en bas Lectrosonics, une marque prisée pour la mesure HF, entre autres. Encore plus bas, un rack tc electronics héberge une réverbération tc6000, un modèle qui gagne petit à petit le cœur des mixeurs face comme retours.

Un des racks placés près de Guillaume Muhlmann aux retours et siglé à la fois MPM et WA. Un chouette mélange de trois marques, Sennheiser, Shure et même tout en bas Lectrosonics, une marque prisée pour la mesure HF, entre autres. Encore plus bas, un rack tc electronics héberge une réverbération tc6000, un modèle qui gagne petit à petit le cœur des mixeurs face comme retours.

SLU : Vous n’avez aucun outil à part vos oreilles pour rattraper un accrochage ?

Guillaume Muhlman : Non. Eric a testé un Sabine mais ça n’allait pas et dernièrement il a essayé le 5045 Neve, un appareil qui te permet de gagner en « headroom » de manière plus intelligente et moins audible qu’un Feedback Exterminator. Apparemment le nombre trop réduit de commandes l’a refroidi, mais c’est une machine qui devient très à la mode. Pour le moment donc c’est tout à l’oreille.

SLU : L’émetteur de Gad ?

Guillaume Muhlman : C’est un Sennheiser SK5212. Il en porte un seul et vu sa fiabilité, on ne va pas l’encombrer avec un second pack. Il tient à sa liberté. Il y a en revanche un spare qui l’attend en cas de pépin.

SLU : Tu vas faire les retours de Johnny dans deux jours (rires !)

Guillaume Muhlman : Oui, tout le monde m’a déjà appelé pour me faire part de ses avis. Guitares à fond, batterie à fond (rires !!) On verra bien. On est là pour ça et on fera de notre mieux.

Conclusion provisoire

Pas facile de contenter tout le monde, artiste comme le public. On a une preuve magistrale du dicton « le son n’est que compromis »  avec le subtil encastrement entre retours et face, entre Kara + SB28 et Arcs d’un côté et le système en E15 de l’autre complété par un downfill en S10 et des lipfills en Metrix. L’ensemble marche et cela d’autant mieux qu’aux manettes des super techniciens font attention à ne pas laisser filer le moindre dB qui se paie cash avec un omni, et que la salle est saine et tapissée de public. Il n’empêche qu’on aimerait qu’L nous sorte un Kara en Panflex (je plaisante !!).
Peut-être aussi que quelques K2 –fermés- à 70° et dont la directivité du bas mid est aussi très bien gérée, auraient mieux contenu le son dans le cadre de scène. L’alignement temporel effectué entre système et retours a en tous cas bien circonscrit le problème en offrant aux premiers rangs un son certes un peu plus fort et moins linéaire, mais gardant toute l’intelligibilité qui fait le fort de l’installation.

Un grand coup de chapeau à ce sujet à Eric et Jérôme pour la parfaite gestion du fameux omni DPA et pour la mise au point de la chaine numérique auquel il est raccordé, une solution compacte et accessible par ordinateur qui montre la parfaite maîtrise acoustique et ergonomique d’un problème qui n’en est plus. Sur le papier, cela semble moins intuitif qu’une console. Il n’en est rien, et outre la finesse de correction et la qualité des filtres à phase linéaire de Lake, le compresseur multibande et le bon vieux Tube-Tech donnent à Gad un confort et une sérénité d’esprit qui doit lui être précieuse.

La technique n’est jamais aussi belle que quand elle se fait oublier. Quoi qu’il fasse et dise, tout sort fort et clair, sans la moindre distorsion, sifflante, ou dominante. Gad en plus réajuste souvent son micro. Loin du tic, cela dénote une habitude salutaire prise avec le temps et qui lui permet de bien s’entendre tout en facilitant le travail en aval.
Gros clin d’œil à Eric, le plus « comique » des ingés son mais qui sait aussi faire sonner un basse/batt quand l’occasion se présente à grands coups de 120A DBX et de Phoenix dont les aiguilles n’ont pas chômé. Bravo aussi à David Nulli pour son design clairement taillé pour l’artiste et faisant la part belle à la voix, sans oublier d’être patateux, spectaculaire et avec un bas du spectre alliant l’impact des E15 et toute la bave des T21 et des E218.

Pass All Access GadL’apport de ces derniers n’a pas pu être quantifié, on aura certainement l’occasion de les réécouter dans de meilleures conditions. Il en va de même pour les S10 dont les presets vont probablement encore évoluer pour leur donner un médium et un aigu plus proches de celui des E réputé pour sa précision et finesse outre sa force, sachant que le moteur est identique même si employé différemment.

Rendez-vous très vite pour la deuxième partie de ce long reportage avec l’interview d’un pro au sourire discret qui a été de toutes les aventures et non des moindres, Stéphane Jouve dit Junior et un long entretien avec David Nulli, directeur technique de MPM et toujours amateur de l’orange fluo de Waveform Audio.

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Rencontre au Casino de Paris

Derya Uzun pilote Arthur H dans son univers musical

La dernière fois que nous avions eu l’occasion de discuter avec Derya Uzun, c’était à Bercy en 2008 où il était garde forestier du bois de Popeye pour NTM, une superbe installation tout en Meyer.
Bien des choses ont changé depuis et le système a laissé la place au mix. Définitivement ? Nous lui avons posé cette question et bien d’autres lors d’une date d’Arthur H au Casino de Paris, une rencontre passionnante avec deux esprits bien pleins et clairement faits l’un pour l’autre!

Derya Uzun

Derya prenant connaissance du track listing du soir à quelques minutes du début du concert.

Ce qui ne gâche rien, le design et le calage du système sont très bien réalisés et la balance de la première partie nous permet d’en juger aisément dans une salle qui, malgré l’absence de tout siège à l’orchestre, sonne assez mat et bien, grâce à ses velours, stucs et autres boiseries.
Le maître de céans n’étant pas à sa Midas, il vient nous rejoindre rapidement pour une interview qui va se révéler d’une richesse qui me rappelle les cafés que j’aime tant, forts avec du dépôt au fond de la tasse. 

Du mix au système et du système au mix

Arthur H et Derya UzunSLU : On te connaissait sur du système, te voilà derrière une console, tu me diras, les deux sont compatibles…

Derya Uzun : Tu vois que tu as bien fait de venir (rires). Non, je n’en fais plus du tout du système. La fois précédente où nous nous sommes vus lors de la date de NTM, c’était déjà une exception, et je l’avais fait pour filer un coup de main à Popeye qui venant du studio n’était pas forcément à l’aise avec la diffusion. Il commençait en plus la tournée par la date de Bercy. En fait j’ai cessé de m’occuper du système quand j’ai commencé ma collaboration avec Arthur.
J’ai enchaîné les tournées de M et de Calogero en 2003 et 2004 en m’occupant des boîtes pour les deux, et j’ai arrêté avec Calo pour attaquer avec Arthur quand on m’a proposé de tenir sa façade. Je cherchais depuis longtemps un artiste dont m’occuper. J’ai voulu commencer ma carrière par l’étude et la pratique des systèmes de façon tout à fait intentionnelle. J’estime que c’est une des clés de la sonorisation, et j’ai désiré maitriser au mieux cette partie essentielle.

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SLU : Pourquoi donc ce besoin…

Derya Uzun : Ça faisait une dizaine d’années que je bidouillais de mon côté au mix quand un jour je me suis retrouvé au cours d’un GGRROOSS festival en première partie de NoirDez’ devant 10 000 personnes et à la tête d’une diff très conséquente. Ce jour-là j’ai compris qu’il fallait que je maitrise aussi et surtout ce paramètre.

Trois 12Xt veillent au confort des spectateurs du balcon et spécialement de ceux assis dans sa partie arrière, un luxe apportant un soupçon de clarté en plus au tir des Kara.

Trois 12Xt veillent au confort des spectateurs du balcon et spécialement de ceux assis dans sa partie arrière, un luxe apportant un soupçon de clarté en plus au tir des Kara.

SLU : Doit-on comprendre que ce jour-là tu en as ch.. des ronds de chapeau ?

Derya Uzun : (rires) ! Ahh oui, comme tout le monde ! C’était impressionnant. Je quittais les petits clubs et me retrouvais avec mon petit groupe devant une foule compacte…ça ne s’improvise pas ! Je me suis donc mis à fond dedans au travers d’études.

Par la suite j’ai travaillé pour Dispatch. Cela a très bien fonctionné car je suis arrivé avec le V-DOSC et la demande était très, très forte.
Comme au début nous n’étions pas très nombreux, globalement deux avec Laurent Delenclos (Bellote si tu nous écoutes ! NDR), on a beaucoup bossé ensemble en s’entendant très bien. Après nous sommes partis chacun de notre côté.
Toutes les tournées que j’ai suivies m’ont permis de bien comprendre le système mais aussi de m’imprégner du mixage façade auprès des ingés son que j’ai assistés, une étape qui m’a beaucoup servi par la suite et sur laquelle je comptais aussi dans le cadre de ma formation. Il n’y en a pas un qui est pareil et chacun t’apporte sa touche en fonction du show qu’il a à mixer et de sa personnalité.

SLU : Comment en es-tu venu à Arthur ?

Derya Uzun : Il a décidé en 2005 de changer d’équipe technique. La manageuse de Matthieu Chédid a parlé à celle d’Arthur en lui parlant de quelqu’un qui aurait pu l’intéresser. J’ai été présenté, j’ai commencé avec Arthur, et depuis quasiment dix ans je n’ai plus arrêté. Il y a un temps où l’on m’a bien entendu beaucoup rappelé pour faire du système, on a tous des étiquettes qui nous collent à la peau, mais j’ai refusé et petit à petit j’ai gagné ma nouvelle image. Je n’ai plus calé à part de très, très rares exceptions. Bien entendu je vérifie et cale toujours si nécessaire mon propre système quand je mixe dessus…

Jean-Baptiste Boitel dit JB, ingé système venu donner une touche concert à l’installation conçue au départ pour la comédie musicale Mistinguett’.

Jean-Baptiste Boitel dit JB, ingé système venu donner une touche concert à l’installation conçue au départ pour la comédie musicale Mistinguett’.

SLU : Tu n’as pas oublié comment ça marche (rires !)

Derya Uzun : Non, je n’ai pas perdu la main et c’est normal, j’ai beaucoup travaillé pour ça, mais désormais quand c’est possible, j’ai un assistant qui s’occupe du système.
Nous sommes ici au Casino de Paris où se joue Mistinguett. Le responsable de la diffusion de cette comédie musicale est Arnaud Bessat. Il fait ça très bien. Nous utilisons les boîtes en place pour Arthur.

Je voulais avoir quelqu’un de l’extérieur pour optimiser le système en vue d’une exploitation concert, quelqu’un qui me connaît très bien.

J’ai donc demandé à Jean-Baptiste Boitel dit JB, qui est un ingé système que je respecte beaucoup, de venir le faire. Il est vraiment ma seconde oreille. Je l’ai laissé caler à son aise et ensuite j’ai optimisé en fonction de ce que j’entendais en fonction des différents endroits de la salle.

Une tournée intimiste

SLU : Le reste de la tournée se passe dans des salles de quelle jauge ?

Derya Uzun : On fait du 1 000 à 1 500 mais on ne s’empêche pas de jouer aussi dans des clubs de 500 places. Le Casino de Paris qui contient 2 000 spectateurs s’est rempli en un mois et demi. On reviendra à Paris au Grand Rex et on se prépare à une grosse saison de festivals. On prend toujours la diff qui y est installée car pour moi c’est aberrant de voyager avec des boîtes pour ce type de jauge. En général on trouve du matériel très correct.

SLU : Ca t’oblige en revanche à retravailler ton mix tous les soirs entre salles et enceintes différentes…

Derya Uzun : De toute façon, même si j’avais mon système, il y a un paramètre qui est essentiel et qui est la salle. Elle change à chaque date donc j’ai beau régler mon système pour entendre ce que j’ai envie d’entendre, il y a toujours des ajustements à faire sur les parties critiques du spectre à savoir le grave et l’extrême aigu et aussi en termes de dynamique pour compenser les écarts existants entre marques et modèles différents. Je retravaille donc toujours à la console. J’ai besoin d’un système qui respire, qui a un spectre équilibré, et si je repère des défauts, je n’hésite pas à les corriger à la console. Si je n’y arrive pas, je regarde mon analyse et si nécessaire j’interviens sur le système.

SLU : Tu n’as pas grand-chose à bouger sur un système de salle qui est déjà en place. L’emplacement, le design, les angles, tout est figé…

Derya Uzun : Oui, mais je demande toujours à avoir la possibilité d’intervenir dans les réglages et modifier ce qui ne me va pas.

Une surprise de taille, heureusement calée assez doucement et placée au tout début du balcon, près du cadre de scène à cour, deux SB28 et une 12Xt en déboucheuse.

Une surprise de taille, heureusement calée assez doucement et placée au tout début du balcon, près du cadre de scène à cour, deux SB28 et une 12Xt en déboucheuse.

SLU : Tu peux arriver à prendre la main dans des salles où il y a un système résident et calé ?

Derya Uzun : Sans problème. C’est spécifié sur ma fiche technique, et on commence à me connaître. Les régisseurs savent que je ne fais pas n’importe quoi avec et j’ai vraiment besoin de ça. Complètement.

SLU : Ils te laissent faire puis reloadent leurs réglages ?

Derya Uzun : Y’a des salles qui ont gardé le mien (rires) ! C’est vrai ! Bon, ça m’arrive de rater mon coup, c’est du live qui se passe en une journée et on n’est pas infaillible mais la fois d’après ça marchera. D’autres fois tu trouves tout de suite le truc, ça dépend des sensations du soir, à vide, salle pleine…Les derniers logiciels constructeur, que ce soit chez d&b ou chez L-Acoustics pour ne citer que ces deux-là très répandus, te donnent accès directement aux DSP des amplis.

SLU : Comment travailles-tu. Tu arrives et écoutes quoi pour apprivoiser ta salle ?

Derya Uzun : Je commence par écouter des titres que j’ai toujours avec moi et qui ont énormément de dynamique. Je n’utilise jamais de CD surproduit. J’écoute attentivement chaque titre car il recèle en lui les spécificités que je recherche. Un met en relief le grave, un autre le bas médium, un pour le haut médium, un pour l’extrême aigu et un dernier pour la dynamique globale. J’écoute en me baladant dans la salle, et j’essaie de me rendre compte de l’espace dans lequel je suis.

SLU : Tu apprivoises salle et système..

Derya Uzun : Exactement. Une fois que j’ai fait ça, si je suis satisfait, je fais juste quelques légers ajustements de goût. A l’inverse, si je vois qu’il y a un vrai problème, je passe à l’analyse pure et je sépare tout. Je refais le calage des subs, je refais les niveaux, je refais l’égalisation, parfois je repasse tout le système entièrement flat, je repars de zéro et je refais un calage comme si je venais de monter les boîtes. C’est vrai que, comme tu l’as dit, j’aimerais parfois modifier aussi les angles ou les positions, parfois les deux mais tu ne peux pas. C’est par exemple la contrainte ici où l’on joue avec un système très ouvert qui est twisté vers le centre. Même si ça fonctionne bien ainsi, j’aurais personnellement rapproché les deux lignes pour réduire l’ouverture.

SLU : Tu as une bananette de Kiva..

Derya Uzun : Exact, ça rattrape bien le trou au centre mais le fait d’avoir une grande ouverture et un système twisté vers le centre, ça crée une redondance au milieu qui n’est pas idéale…

La diffusion pour le balcon avec 9 Kara surmontés par deux SB18 qui prolongent la ligne en renforçant et en précisant la portée du grave issu des têtes. Au centre, assez rare pour être signalé, 8 Kiva, le poids plume de L-Acoutics, vient renforcer la pression sur le parterre dans les zones « oubliées » par les deux lignes de Kara.

La diffusion pour le balcon avec 9 Kara surmontés par deux SB18 qui prolongent la ligne en renforçant et en précisant la portée du grave issu des têtes. Au centre, assez rare pour être signalé, 8 Kiva, le poids plume de L-Acoutics, vient renforcer la pression sur le parterre dans les zones « oubliées » par les deux lignes de Kara.

SLU : Revenons à la tournée. Si tu es quasi content mais veux faire quelques légères retouches, tu te sers de quoi ? Les 31 bandes de ta Midas ?

Derya Uzun : Bien oui, je n’ai que ça. Bien entendu en fonction du budget de la tournée, je peux avoir d’autres outils. Il m’arrive d’avoir la possibilité de partir avec mon Lake, et là c’est fantastique. Depuis que cette machine existe, je crois que c’est 2002 ou 2003, on a vécu une vraie révolution car c’est l’outil rêvé pour ce genre de job. Parfois j’en dispose, mais sur cette tournée j’ai mis le budget dans autre chose donc je ne l’ai pas, et c’est pour ça aussi que je demande à avoir la main sur le système afin de limiter mes interventions sur le graphique. C’est là, ça peut t’aider, mais ce n’est pas fait pour caler un système.

SLU : Tu peux tout aussi bien corriger à la source…

Derya Uzun : C’est tout à fait ça. Le travail à la console est extrêmement important pour garder la dynamique. Je ne veux pas tuer mon système à 125 Hz si j’ai un problème avec un instrument à cette fréquence.

Une des nombreuses déclinaisons de la gamme Midas, la Pro2, ou comment faire compact et puissant.

Une des nombreuses déclinaisons de la gamme Midas, la Pro2, ou comment faire compact et puissant.

SLU : Maintenant que tu tiens les rênes du mix, tu saisis la difficulté de se faire comprendre par ton ingé système ?

Derya Uzun : C’est difficile pour un mixeur de dire ce qu’il veut. J’ai été assistant et je me souviens du mal qu’avaient certains à s’exprimer, mais aujourd’hui où j’ai les deux facettes, je vois tout à fait pourquoi. Cela me permet aussi d’affirmer à quel point un ingé système est performant s’il s’est confronté au mixage car il saisit les problématiques du mixeur qu’il assiste et est plus à même de les comprendre et de les résoudre.

Arthur H et Derya UzunTous les systèmes marchent bien aujourd’hui, ce n’est que le lieu dans lequel ils sont déployés et l’homme qui les fait marcher qui font la différence. Il ne faut pas oublier aussi que tu peux faire sonner tes enceintes de manière fantastique mais derrière tu as un mixeur et il faut s’adapter à ce qu’il a envie d’avoir et d’entendre.

C’est ainsi que j’abordais cette partie de mon métier sans me mettre aucune barrière ni règle, en dialoguant et sans m’interdire aucun chemin aussi tortueux soit-il pour parvenir à le satisfaire. Aujourd’hui je tiens le même discours avec les gens qui m’assistent.

… Et du mix live au studio

SLU : Il y a des gens qui commencent par le studio, tu l’as fait par le système, tu n’as pas envie de t’intéresser à ça maintenant ?

Derya Uzun : Tout à fait. Quelle que soit la porte d’entrée, j’ai toujours voulu travailler dans le live. J’adore ce moment instinctif, ce moment présent qui ne dure qu’un temps et m’a toujours fasciné, aussi bien artistiquement que techniquement. Aujourd’hui, pour boucler la boucle, je m’intéresse de plus en plus au studio, un lieu qui m’inspire par son côté labo. La scène m’apporte toujours autant de plaisir mais le studio est un complément indispensable parce que tu ne fais pas du tout les mêmes choses qu’en live. J’adore par-dessus tout la musique. J’ai réalisé l’avant-dernier album d’Arthur avec lui, et dans un monde idéal, j’adorerais mener ces deux carrières en parallèle.

SLU : Tu commences à investir ?

Derya Uzun : Un peu car c’est inévitable. Quand tu veux expérimenter, ce qui est le propre du studio, il faut du matériel et un lieu à toi, quel qu’il soit. Vouloir mettre le pied dans le studio sans avoir ton ProTools par exemple est illusoire. Tu y seras confronté très vite et comme en plus les budgets ont rétréci, il vaut mieux que tu sois à l’aise avec ce logiciel.

SLU : Où as-tu travaillé pour l’album d’Arthur ?

Derya Uzun : Au studio Black Box, un endroit super où tu n’as vraiment que du matériel des années 60 et 70, des micros fabuleux qui m’ont fait comprendre la différence entre un capteur de studio et un micro de scène, et m’ont permis de pas mal expérimenter. Ce studio dispose aussi d’une console Flickinger et d’un MCI JH24, et j’ai adoré enregistrer sur bande. J’ai été ému quand j’ai entendu ma première prise car j’ai retrouvé le son de mes albums de chevet, les références sonores de mon époque qui étaient pour la plupart analogiques. Tu portes cette sonorité en toi et quelque part tu la recherches, et même si tu t’adaptes aux outils actuels, c’est tout de même là que tout a commencé et c’est ta référence.

Une vue de l’enfilade assez classique d’écrans qu’affrontent mixeur et ingé système avec celui de la Pro2, celui du ProTools, celui de l’analyseur, puis celui du Lake et enfin le LA Manager.

Une vue de l’enfilade assez classique d’écrans qu’affrontent mixeur et ingé système avec celui de la Pro2, celui du ProTools, celui de l’analyseur, puis celui du Lake et enfin le LA Manager.

SLU : Et le ProTools alors (rires) !

Derya Uzun : Mais on avait les deux ! On enregistrait sur bande et on rebasculait après sur le Tools pour disposer de ses outils. Je me souviens de la première fois que j’ai écouté de la bande magnétique. C’était à Aubervilliers, il y a 13 ans. On m’a passé un enregistrement de Sting fait pour Taratata. Cela a été une fantastique expérience.

SLU : Si tu achètes du matériel, vas-tu continuer à te vendre comme intermittent ou vas-tu monter une société ?

Derya Uzun : Je suis en pleine réflexion par rapport à ça depuis un certain temps. Je n’ai cela dit pas encore franchi le pas.

L’entente artiste-technicien

SLU : Qu’est-ce qui fait que depuis tant d’années Arthur et toi filiez toujours le parfait amour ?

Derya Uzun : (Rires) ! Il y a tellement de choses ! C’est un artiste que je respecte énormément. C’est un explorateur qui n’hésite pas à prendre des risques artistiques, qui est très exigeant mais sait aussi avoir un lâcher prise et se jeter dans le vide pour obtenir le meilleur, toujours le meilleur. Il n’est jamais négatif et son univers est multiple. Quand il sort un album, tu ne sais jamais dans quel sens il va aller. Il expérimente… (long silence NDR) Il a une force incroyable dans tous les sens du terme et je le respecte encore plus aujourd’hui pour son courage et cette démarche artistique unique. J’ai du mal à mettre des mots l’un derrière l’autre mais il m’apporte énormément par son aspect créatif et son exigence. Il m’a appris énormément.

SLU : Tu parles d’apprentissage à ses côtés. Quel type ?

Derya Uzun : Par rapport à la musique. Arthur a une écoute très objective. Il réagit toujours avec des remarques très pertinentes. Sur le moment, tu peux passer à côté par manque d’expérience ou par manque d’écoute, mais dès que tu comprends, tu apprends énormément. C’est difficile à conceptualiser mais quand Arthur a une remarque, j’ai appris à y faire attention musicalement et artistiquement car à chaque fois ça me fait avancer. C’était dur au départ car il avait déjà une forte expérience et j’ai eu le sentiment de partir de zéro.

Arthur H et Derya Uzun

 

Je suis arrivé avec un artiste déjà conséquent, un bel album, une tournée qui marchait bien et moi j’étais tout, tout petit. Autre avantage, Arthur a toujours de très bons musiciens. Artistiquement et techniquement, il m’a énormément appris et humainement…c’est plus personnel mais c’est pareil. Si cette relation devait s’arrêter demain, quelque chose de normal et de possible car Arthur aime aller toujours plus loin, je garderai ça en moi très longtemps.

SLU : Comment s’est montée cette tournée ?

Derya Uzun : On a discuté avec Arthur six à huit mois avant le départ pour connaître ses envies et ses ambitions et ensuite j’ai négocié un budget avec la production pour disposer d’une régie façade qui y réponde. Je souhaitais avoir une Pro2 parce que je l’apprécie vraiment depuis qu’elle existe. Je souhaitais aussi pouvoir gérer la voix et certains effets en externe et pas uniquement avec ce qu’offre la table. J’ai été entendu même si je fais énormément de choses avec la console. Le petit bonus c’est mon virtual sound check !

SLU : Ce n’est quand même pas la dernière des nouveautés avec des tables numériques.

Arthur H et Derya UzunDerya Uzun : A la base ce n’était pas possible sans rajouter de l’interfaçage. Je voulais avoir en plus ProTools en termes de player, le mec chiant. Comme la seule possibilité sans interface Avid c’était le DANTE, mais que ce protocole n’était pas directement compatible avec Midas, j’ai eu mon moment de chance quand sont arrivés les modules compatibles DANTE pour les DN9650. J’ai donc mis dans mon mac le dernier OS Yosemite et PT11.

A en croire les sites des constructeurs, rien n’est compatible, ni chez Audinate, pas plus que chez Apple, comme chez Avid. Il n’empêche que ça marche, et je suis très heureux car je peux faire bénéficier Arthur, les musiciens comme moi-même de cette possibilité ! Pour moi c’est l’une des révolutions que l’on a dans le live avec le line array.

Pour la première fois, on a un peu de temps sur scène pour essayer, rectifier, écouter… Je ne règle en revanche pas mon système avec le virtual sound check ; je sais ce que je veux obtenir et j’ai peu de surprises quand je joue mon premier titre. Bien sûr, j’ai des différences en termes d’acoustique liées à la salle, mais ce qui m’intéresse avant tout c’est d’essayer des idées qui me sont venues la veille, corriger en sachant qui de la salle, des musiciens ou de moi a posé problème. Je n’aime pas trop écouter mes enregistrements sur des petites enceintes, je préfère le faire avec parcimonie sur le système.

Quand on vous dit que ProTools est dans la place ! Visible sur cette image le nettoyage effectué par Derya et permettant de retrouver les concerts par ville ou salle avec Sotteville, Roanne, Bordeaux, le Bikini, La Rochelle, Caluire…

Quand on vous dit que ProTools est dans la place ! Visible sur cette image le nettoyage effectué par Derya et permettant de retrouver les concerts par ville ou salle avec Sotteville, Roanne, Bordeaux, le Bikini, La Rochelle, Caluire…

SLU : Tu enregistres tout, tous les soirs ?

Derya Uzun : Oui, mais les disques ont beau atteindre 1 et même 2 To, je fais le ménage, je ne garde pas ce qui me paraît sans intérêt. Quand durant les répétitions j’ai réussi à faire fonctionner mon engin (et comme personne n’avait tenté la manip j’ai dû me débrouiller seul), Arthur a manifesté son intérêt et m’a demandé de mettre de côté les enregistrements pour un éventuel usage ultérieur.

SLU : Comment se fait-il que tu considères le virtual sound check comme une révolution. Tu fais quoi des consoles numériques…

Derya Uzun : Mais elles existent largement depuis plus de 20 ans. Elles ont fait des progrès mais c’est désormais vieux comme technologie. Pense à la 02R, aux magnétos numériques en studio, aux réverbérations numériques, tout cela existe depuis très longtemps, et pourtant quand tu arrives dans une salle, il n’est toujours pas systématiquement possible de te brancher en AES sur la diffusion. Ca vient, mais pas si vite que ça.
Je trouve cela étrange dans la mesure où c’est le jour et la nuit de caler ton mix en sortant en AES ou en analogique. La dynamique n’a plus rien à voir, le spectre change, tes sensations ne sont pas les mêmes. Bien sûr tu peux réadapter, mais ce n’est pas la même chose et pourtant il m’arrive de ne trouver que des prises analogiques pour attaquer la diffusion de salles assez récentes très bien équipées.

Numérique ou analogique ? Une touche des deux …

Un vieux rack Projectis n’ayant pas encore été mis à jour avec le nom du groupe, DUSHOW. De haut en bas, les deux de-esseurs DBX 902 et le compresseur Distressor servant à façonner la voix d’Arthur H, le MAXX BCL Waves qui renforce légèrement le grave sur le gauche/droite, le D-Two tc, le 4000 tc, la PCM92 Lexicon, un increvable H3000 Eventide, une PCM91, un lecteur de CD Tascam et le DN9650 Klark Teknik grâce auquel Derya s’est offert son Virtual Sound Check !!

Un vieux rack Projectis n’ayant pas encore été mis à jour avec le nom du groupe, DUSHOW. De haut en bas, les deux de-esseurs DBX 902 et le compresseur Distressor servant à façonner la voix d’Arthur H, le MAXX BCL Waves qui renforce légèrement le grave sur le gauche/droite, le D-Two tc, le 4000 tc, la PCM92 Lexicon, un increvable H3000 Eventide, une PCM91, un lecteur de CD Tascam et le DN9650 Klark Teknik grâce auquel Derya s’est offert son Virtual Sound Check !!

SLU : Tu me parles d’analogique et de numérique avec le même amour. Comment tu te situes entre les effets en rack et leur cousins en plug ?

Derya Uzun : (Sourire). Le plug était ma première idée car j’ai goûté aux UAD que j’ai trouvés fantastiques en termes de rendu. Waves fait ça aussi très bien. J’ai particulièrement été bluffé par les réverbérations d’Universal Audio, mais, MAIS c’est un budget et surtout une latence qu’il faut gérer et ça, je déteste. Le son est top mais pas la latence donc sur cette tournée j’ai laissé tomber. Mais j’y reviendrai très vite.

J’ai travaillé sur d’autres tournées avec des tc 6000 ou des Lexicon 960, mais pour celle d’Arthur, j’avais envie d’avoir plusieurs étages de réverbération avec un vrai choix de textures. Une 960 ou une 6000 c’est merveilleux, mais tu colores avec le son tc ou Lexicon tout ton mix ce qui me semble être une limitation.

Du coup j’ai une R4000 pour la voix, une PCM92 pour ma batterie et pour d’autres effets avec deux algorithmes, un court et un long, j’ai une 91 pour des réverbs très courtes car je préfère Lexicon pour tout ce qui est court et enfin un H3000 Eventide qui a beaucoup de personnalité.

SLU : Et que tu as eu pour pas cher !

Derya Uzun : Exactement, et j’ai un Dtwo en délai, sans oublier ma console dans laquelle j’ai un certain nombre d’effets internes qui sont très intéressants. Avec tout ça, j’essaie. Dans le spectacle d’Arthur, énormément d’horizons sont explorés, j’ai donc recours aux scènes dans la table pour proposer une variété sonore tout en préservant un fil continu qui t’emmène du début à la fin et qui soit cohérent. Je fais aussi très attention à préserver la dynamique car c’est le nerf de la guerre de ce projet.

SLU : Pourtant j’ai vu dans ton rack une dynamiteuse de dynamique !

Derya Uzun : Je suis tout à fait d’accord avec toi (rires) ! J’ai voulu essayer un Maxx Waves, un coup de tête car je ne le connaissais pas et je voulais quelque chose en sortie. Après en avoir fait le tour, je ne me sers plus de façon très légère que du MaxxBass pour arrondir un peu le bas. J’adore les convertisseurs de cet effet, mais dans les mois à venir je vais en changer pour essayer autre chose et trouver ce qui me correspond le mieux.

SLU : Tu veux lui faire quoi à ton son en définitive ?

Derya Uzun : On est en numérique et, cela n’engage que moi, je trouve qu’il faut rajouter des textures au numérique pour le faire vivre, et encore, je tourne en Midas qui sonne vraiment bien. Depuis que j’ai découvert cette marque, je ne la quitte plus, je me sens très bien avec, même s’il y a d’autres modèles intéressants qui sortent. Cela dit on reste quand même en numérique et j’adore par petites touches ajouter ces textures. Il faut y aller doucement et en additionnant les couleurs jusqu’à atteindre l’idée qui est la tienne.

Derya et JB en charge du système en plein concert, savourant la performance d’Arthur.

Derya et JB en charge du système en plein concert, savourant la performance d’Arthur.

Si on parle de compresseurs, ce n’est pas avec un seul modèle que l’on obtient ce que l’on veut, parfois il en faut deux réglés tout doux pour contrôler ta dynamique, amener un grain et façonner le son que tu veux avoir. La sortie mix en fait partie, et je cherche depuis quelque temps l’appareil qui finirait bien le boulot.

Idéalement j’aimerais rester en numérique. Il y a un nouveau compresseur chez Waves qui vient de sortir et que je vais essayer. J’ai écouté le Titan de Crane Song et ça ramène des harmoniques qui, avec parcimonie, te donnent des petites choses en plus, mais Dushow ne l’a pas (message passé NDR).

SLU : Des micros préférés ?

Derya Uzun : Non, je suis très classique sur cette tournée mais je ne m’interdis pas d’essayer des modèles différents en fonction des projets. Je suis cela dit curieux et il y a un Telefunken que je veux tester sur la grosse caisse bientôt, disons au printemps car je n’ai pas pu l’obtenir avant (sans doute le M82 NDR).

Alors, le résultat

La très bonne première partie vient de plier sa dernière note, Derya abandonne sa régie pour monter sur scène aider à la mise en place pour Arthur, vérifiant par la même occasion le placement des micros. A son retour j’apprends qu’un préampli 1073 placé sur scène alimente face et retours avec la voix du patron. Cette dernière transite ensuite par un déesseur DBX 902 placé dans un rack double d’un U et finit sa course dans un Distressor dont le taux est de 6:1.

A l’heure dite, Arthur H monte sur scène et s’installe derrière son clavier. Après quelques titres, le charme opère. On adhère ou pas à l’univers qu’il offre, mais il est acquis que le travail de Derya l’accompagne fidèlement dans son voyage avec force petits effets ciselés et ambiances discrètes.
Le soir de notre visite, ses sifflantes se sont révélées un peu dures et présentes, peut être le DBX902 n’est-il pas précisément l’outil adéquat à son type de voix, peut-être Arthur était-il fatigué, mais pour le reste on ne peut que saluer un mix sobre, créatif et respectueux du jeu des très bons musiciens et un son d’ensemble à la fois fidèle et gros qui a vite trouvé sa plénitude.

Arthur H et Derya Uzun

Mention bien aussi pour les Kara surmontés de leur extension de grave et qui sonnent plus comme des « grosses » boîtes que comme des 8’ qui font le grand écart avec des 18’ au sol, ce qui permet à la grosse caisse de ne pas sortir que des subs. Rien à redire sur le calage, c’est du tout bon avec un apport intéressant fourni par les 8 Kiva centraux qui comblent bien la fosse et le trou laissé par les Kara très ouverts tout en sonnant L-Acoustics.

Enfin bravo et merci à Derya pour son temps et sa passion très communicative et surtout pour ne pas avoiner la presse et le public d’Arthur. Entre 96 et 98 dB(A), le show colle parfaitement aux capacités dynamiques des Kara et coule de source comme on dirait à Marcoussis, au-delà il gratouille inutilement les oreilles.

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Vendez, achetez du matos, trouvez un emploi...

Les petites annonces de SoundLightUp sont en ligne

Franchement il manque quoi à SoundLightUp… La pin-up du jour ?? Le Sun le ferait mieux que nous et on aime trop les techniciennes pour leur faire un coup pareil. Les mots croisés ? Allez… Voyez, ça vous énerve déjà…
Non, ce qui nous manquait c’était le lien le plus simple entre vous lecteurs, en profitant du plus pro des supports. C’est chose faite, les Petites Annonces de SoundLightUp sont arrivées !

SoundLightUp Petites annonces

Gratuites et parcourues uniquement par des professionnels aguerris, elles vont vous permettre de vendre du matériel, en acheter, chercher du boulot, en trouver sur des annonces émanant de prestataires ou de grandes marques, bref communiquer avec votre profession et vivre encore plus votre passion au service du public à l’aide des meilleurs outils, ceux que vous avez et ceux dont vous rêvez.

Qui n’a pas un effet génial qui se morfond sur une étagère depuis l’avènement des plugs, six projecteurs qui prennent la poussière car il leur manque 10% de puissance, quelques racks d’amplis qui ne sortent plus car trop lourds, un oscillo qui a été remplacé par un ordinateur et pourtant, il ferait le bonheur de bien des ateliers. Qui ne cherche pas le manuel papier introuvable, du boulot entre deux tournées, le fourgon de ses rêves ou le stage qui va lui mettre le pied à l’étrier et le premier mal de dos.

Lancez-vous, rédigez vos annonces et profitez de nos formules pour les booster et leur donner encore plus de visibilité. Afin d’éviter que vous ne vendiez la cafetière de votre grand-mère ou le train électrique de votre petit frère, nous les relirons toutes avant parution.

Enfin les entreprises désireuses d’une mise en avant spécifique de leurs offres d’emploi et de formation, voire de ventes exclusives, pourront le faire via notre régie pub et tout un ensemble de formules très étudiées et immanquables.
Faites tourner vos stocks et pas que vos gobos, avec SLU Noël commence aujourd’hui !

 

 

 

En 2015, envolez-vous avec nous

SLU vous souhaite une très belle année

Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Contrairement à nos hommes politiques qui usent et abusent de cette maxime d’Henri Queille, un ministre de la 3e et 4e république, Nous avons bien tenu toutes nos promesses.
Depuis un an nous avons doublé notre contenu rédactionnel, lancé les petites annonces et nous faisons confirmer notre vraie fréquentation via l’OJD comme tout média papier ou numérique qui se respecte. Nous nous y étions engagés lors des vœux 2014. Une seule chose n’a pas changé, notre prix. SLU est et restera gratuit !

Carte Voeux Slu 2015

Mais ne pas vous demander 5€ chaque mois ne nous exempte pas de devoirs, bien au contraire et nous n’avons de cesse de scruter nos chiffres et vos commentaires pour nous assurer que notre offre vous plaît. C’est ainsi que nous avons considérablement enrichi notre contenu avec une moyenne de 70 pages rédactionnelles par mois et allons continuer dans cette voie puisque c’est ce que vous plébiscitez le plus.

Nous allons aussi augmenter le nombre de bancs d’essais lumière comme ceux dédiés à l’audio avec une ENORME surprise très sonore pour 2015. Le contenu en langue anglaise va aussi devenir “bigger and bigger” avec des nouveautés à venir pour nos visiteurs anglais, afin de leur apporter plus d’actualité européenne et mondiale.
Enfin nous allons donner encore plus la parole aux fabricants qui n’ont jamais été aussi créatifs, aux prestataires français en pleine mutation et aux techniciens dont la passion éclabousse déjà ces colonnes. Pas de panique, elles sont IP65.

Malheureusement 2014 a aussi vu disparaître des techniciens comme des patrons visionnaires, la valse des actionnaires a commencé, des pigistes ont raccroché les gants, trop de dates ont été annulées et les annexes 8 et 10 ont été malmenées quasiment pour rien, mais tout cela n’a pas entamé le moral d’une profession et d’un marché qui ne cessent d’innover et de se réinventer au service d’une offre artistique heureusement très riche.

Soundlightup est le reflet de ce foisonnement humain comme technique et se fera plus que jamais la caisse de résonnance de la passion et de l’innovation. Un très grand merci à vous qui nous lisez toujours plus nombreux et à nos annonceurs qui nous permettent de vous offrir gratuitement un contenu en constante évolution.
Entre 2013 et 2014 notre croissance est restée à trois chiffres sur les indices les plus importants* et rien qu’en pages vues au cours de cette année 2014, pages qui correspondent chez nous qui ne sommes pas des adeptes du saucisonnage à des articles lus, nous allons effleurer le demi-million*. Comme nous l’ont avoué deux annonceurs, et non des moindres, «…ce n’était pas gagné. » Quel plus beau compliment peut-on nous faire !!

  • 24 Avril 2012 au 31 décembre 2012 : 23 200 visiteurs et 75 600 pages vues
  • 1er Janvier 2013 au 31 décembre 2013 : 109 000 visiteurs et 266 000 pages vues
  • 1er janvier 2014 au 31 décembre 2014 : 225 000 visiteurs et 468 000 pages vues
  • 1er janvier 2014 : 1630 likes FaceBook
  • 1er janvier 2015 : 6500 likes FaceBook

Très, très belle année 2015, et même si vous n’avez pas de baudrier, casque, gants et chaussures de sécurité, tapez Soundlightup et envolez-vous avec nous !!

 

 

 

Rencontre à l’Orchestre National D’Ile de France

Learprint d’Alain Français et le son devient émotion

Le charme opère à chaque fois. Quand on voit les yeux d’Alain Français pétiller autant malgré la fatigue, on sait qu’il nous prépare une surprise, et la dernière est de taille. Imaginez …
Un symphonique reproduit par une quarantaine de HP et une dizaine de caissons de basse, chacun installé à l’emplacement où sont situés les micros correspondants et donc les instruments, et au milieu duquel on peut se balader.
Le Futuroscope, Eurodisney et Asterix peuvent aller se rhabiller, le Surround et l’Atmos prendre leur retraite, Learprint arrive et le son devient émotion…

Une vue de la belle salle de répétition de l’Orchestre National d’Ile de France envahie de micros dont un couple d’omnidirectionnels Neumann KM133-D munis de sphères de diffraction

Une vue de la belle salle de répétition de l’Orchestre National d’Ile de France envahie de micros dont un couple d’omnidirectionnels Neumann KM133-D munis de sphères de diffraction

Nous avions déjà été invités à écouter il y a déjà deux ans, ce qui à l’époque n’était qu’une ébauche, un crayonnage sonore explorant les possibilités de cette idée mais sans vraiment les exploiter. Je me souviens de ce jour de novembre 2012 où, dans le dépôt de De Préférence à Wissous, au-dessus des bureaux et à l’abri des regards, Alain nous a présenté son concept forcément imparfait car ne disposant pas des sources multipistes nécessaires à la création de cet incroyable espace sonore, pas plus que d’un espace clos digne de ce nom. On était reparti riches de frissons teintés de frustration et avec la prière de garder tout ça pour nous.

De gauche à droite Alain Français, Ann Vermont, responsable relations publiques & médias sociaux pour Sennheiser, Dominique Guerder, chargé de projet et de communication pour De Préférence, Guillaume Ehret, responsable de projet micros numériques pour le groupe Sennheiser et Sarah Leroy apprentie régisseur chez De Préférence et assistante plateau pour cette première sortie de Learprint.

De gauche à droite Alain Français, Ann Vermont, responsable relations publiques & médias sociaux pour Sennheiser, Dominique Guerder, chargé de projet et de communication pour De Préférence, Guillaume Ehret, responsable de projet micros numériques pour le groupe Sennheiser et Sarah Leroy apprentie régisseur chez De Préférence et assistante plateau pour cette première sortie de Learprint.

Deux ans plus tard c’est Ann Vermont de Sennheiser France – partenaire avec une captation en full numérique Sennheiser et Neumann – qui sonne le rappel : Alain a remis ça et ce coup-ci de la plus belle des manières.

Rendez-vous est pris à Alfortville à l’ONDIF, l’Orchestre National d’Ile de France, et plus précisément dans leur base arrière qui comporte une magnifique salle de répétition et des salles annexes de taille respectable, pour la première sortie officielle de ce qui s’appelle désormais Learprint.

Arrivés sur place et malgré des portes phoniques, on ressent la pression et la « vie » d’un vrai orchestre qui joue, une impression qui va se révéler complètement trompeuse. C’est Alain qui est sur « play ». Alain 1, Ludo 0 !

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SLU : Comment et pourquoi te retrouves-tu ici dans les locaux de l’orchestre national d’ile de France ?

Alain Français : L’orchestre m’a proposé de faire un partage de droits qui me donne désormais la possibilité de montrer Learprint en public avec leurs morceaux. Outre la captation des pistes qui me serviront par la suite, on effectue aussi la prise de son pour que l’orchestre puisse graver un CD.
Quand je suis venu voir l’endroit, ici même, j’ai eu l’idée de ne pas faire uniquement la captation mais aussi de m’installer dans une des salles annexes avec mes enceintes qui généralement sont à Wissous dans mes locaux afin de permettre aux musiciens de l’orchestre d’écouter le résultat. Leur réaction a été unanime : « woaaa, c’est joli ». Ce qu’ils voient essentiellement, c’est une sculpture sonore. Même le chef a trouvé ça incroyable.

Un instant émouvant, la découverte par les musiciens de l’orchestre de Learprint et de son rendu si particulier et à la fois fidèle lorsqu’on se balade entre les enceintes. Leur placement face à certaines d’entre elles trahit l’instrument dont ils jouent.

Un instant émouvant, la découverte par les musiciens de l’orchestre de Learprint et de son rendu si particulier et à la fois fidèle lorsqu’on se balade entre les enceintes. Leur placement face à certaines d’entre elles trahit l’instrument dont ils jouent.

SLU : Comment peut-on décrire ce qui passe dans chacune des enceintes qui composent Learprint ?

Alain Français : Ce qu’il y a dans une enceinte ce n’est pas un instrument mais bien l’écoute d’un musicien, ce qu’il entend à sa place. Il entend donc plein de choses en même temps. Si tu écoutes le Violon 1 (un pupitre de violons NDR) et entends des trompettes au loin, c’est normal. Learprint marche aussi grâce à ça. Tout l’espace sonore est créé par l’air et la vie que repique chaque micro en plus de son instrument ou groupe d’instruments. La musique contemporaine exploite le principe d’une enceinte par instrument, ce qui oblige après à recréer un espace. Dans mon cas, l’espace existe et je ne fais que le resituer.

SLU : Ici à l’ONDIF tu enregistres un orchestre dans une salle vivante et rejoues dans une salle qui est aussi vivante. Trop de vie ne rend pas le tout brouillon ? Tu ne préfères-tu pas des salles plus mates ?

Alain Français : Non, je peux doser l’ambiance très facilement, donc face à des salles réverbérantes je m’adapte. Mais surtout je préfère des lieux vivants, une vraie acoustique de salle qui me permet de faire vivre mon son.

Restituer une empreinte sonore, en respectant l’environnement spatial

SLU : Qu’est ce qui a changé depuis la première fois où nous avons écouté ton idée ?

Alain Français : Plein de choses. D’abord elle porte un nom, Learprint ou en français l’Empreinte de l’Oreille, et elle est déposée à l’INPI. J’ai effectué des réglages qui me permettent désormais de pouvoir travailler aussi avec des petites formations avec lesquelles le résultat sonore est tout aussi bon. Et surtout, en rédigeant mon descriptif pour le déposer, j’ai compris pourquoi ça marche. Le fait que chaque micro ne soit pas trop isolé des autres créé une mise en espace temporelle en fonction des haut-parleurs.

Une vue de Learprint tel qu’installé dans une des salles de l’ONDIF, les rideaux ouverts afin de bien faire vivre le son. La plateforme noire tout à gauche correspond à l’emplacement du chef d’orchestre. S’y placer donne une restitution saisissante de réalisme. A droite de l’image, deux 802 se chargent des contrebasses épaulées par un sub Yamaha de la série MR. Les systèmes triphoniques au premier plan sont des A5 de la série 3 qui est désormais arrêtée. Ils s’occupent des cordes. Au sol et en arrière plan ce sont des 251. Des 108P et des 112P complètent le tableau. Au cas où des chœurs figurent dans l’œuvre reproduite, une ligne de 112P est déployée pour les reproduire. Les voix solistes sont en ce cas reproduites par des L1.

Une vue de Learprint tel qu’installé dans une des salles de l’ONDIF, les rideaux ouverts afin de bien faire vivre le son. La plateforme noire tout à gauche correspond à l’emplacement du chef d’orchestre. S’y placer donne une restitution saisissante de réalisme. A droite de l’image, deux 802 se chargent des contrebasses épaulées par un sub Yamaha de la série MR. Les systèmes triphoniques au premier plan sont des A5 de la série 3 qui est désormais arrêtée. Ils s’occupent des cordes. Au sol et en arrière plan ce sont des 251. Des 108P et des 112P complètent le tableau. Au cas où des chœurs figurent dans l’œuvre reproduite, une ligne de 112P est déployée pour les reproduire. Les voix solistes sont en ce cas reproduites par des L1.

SLU : Il y a aussi plus de haut-parleurs…

Alain Français : Oui, avec l’aide de Yamaha qui me suit depuis le début de l’aventure, j’ai aussi obtenu celle de Christian Heil dont j’utilise la 8Xt, la 108P et la 112P et enfin, la collaboration totale de Richard Garnier pour Works, un décorateur qui a fait que ce que je montre a aussi de la gueule. Je ne pose plus les enceintes sur des fly-cases (rires). On a décidé de scénographier l’ensemble avec Martin Veith qui est architecte et ami. Il a encore beaucoup d’idées pour faire évoluer le tout.

SLU : Tu n’es donc pas « maqué » à une seule marque d’enceintes. D’ailleurs le pourrais-tu.. ?

Alain Français : Non, je veux pouvoir choisir la marque et le modèle très précisément en fonction de mes besoins, j’ai donc un partenariat avec Yamaha et L-Acoustics pour certains produits, et j’ai acheté des systèmes triphoniques sur mes propres deniers.

Le rack d’amplis composé de trois IPA 8200 Yamaha, un modèle en Classe D délivrant huit fois 200W sous 4Ω, quatre P2500S délivrant 300W sous 4 Ω et tout en haut un LA24 alias un Lab fP3400 et ses deux fois 1500W sous 4Ω. Cela fait 30 canaux d’amplification, sachant qu’une partie des enceintes est active. Les HD24HR servent de sauvegarde et le DME64N d’aiguilleur savant. Tout en haut du rack, le RME ADI-648 convertit le MADI en ADAT pour les deux enregistreurs.

Le rack d’amplis composé de trois IPA 8200 Yamaha, un modèle en Classe D délivrant huit fois 200W sous 4Ω, quatre P2500S délivrant 300W sous 4 Ω et tout en haut un LA24 alias un Lab fP3400 et ses deux fois 1500W sous 4Ω. Cela fait 30 canaux d’amplification, sachant qu’une partie des enceintes est active. Les HD24HR servent de sauvegarde et le DME64N d’aiguilleur savant. Tout en haut du rack, le RME ADI-648 convertit le MADI en ADAT pour les deux enregistreurs.

SLU : Quel type de salle peux-tu investir ? N’es-tu pas limité en pression sonore et en dynamique par ton choix d’enceintes ?

Alain Français : On peut les multiplier. On est par exemple passé à 6 systèmes pour les V1 (les violons NDR) et 6 pour les alti, l’un étant interdépendant de l’autre, mais rien n’empêche d’aller au-delà et monter à 8 satellites pour les V1, 6 pour les V2, 6 pour les alti et on peut doubler les celli.

Pour ces derniers d’ailleurs j’ai fini par mélanger deux marques d’enceintes pour obtenir le rendu qui m’intéresse. C’est drôle car je démarre toujours par l’enceinte la plus performante pour ensuite descendre en gamme jusqu’à trouver le timbre et la directivité que je veux.

Si je mets par exemple une 8Xt sur la petite harmonie (les bois NDR), ça sonne trop bien, c’est trop beau et pas assez fragile comme les instruments peuvent l’être.

SLU : Le mieux est l’ennemi du bien ?

Alain Français : Oui souvent. Je m’en remets volontiers à une phrase de Pierre Henry avec lequel j’ai eu la grande chance de faire un concert et qui disait que les micros doivent être choisis pour leurs défauts.
Avec les enceintes c’est un peu pareil. La meilleure n’est pas la plus crédible sur un instrument spécifique.

La meilleure enceinte que j’ai pour les timbales est chez moi et j’y tiens beaucoup. Il s’agit d’une paire de Tannoy de 1969 avec des haut-parleurs gold de la période Lockwood. La 112P qui s’en charge est trop riche…

SLU : Et tu ne veux pas trop tailler dedans !

Alain Français : Non, je préfère rester droit.

Des traitements minimalistes

SLU : En ce cas à quoi sert ta console Eclipse ?

Alain Français : On fait tout de même un traitement pour certains instruments qui ont par exemple besoin d’être plus précis qu’ils ne le sont dans la réalité, et si nécessaire on rajoute un peu de réverbération mais cette dernière opération est faite dans le Nuendo. Le reste est dévolu à un DME Yamaha qui va se charger du processing de distribution par enceinte avant d’attaquer les amplis. Comme je n’ai pas les moyens de m’offrir un LA8 ou 4 pour la 8Xt, je fais moi-même mon preset. J’ai fait des mesures, et ça colle assez bien.
J’ai agi de la même manière pour les systèmes triphoniques ainsi que pour les deux subs de l’installation qui sont l’un sur les contrebasses et un peu le tuba et l’autre sur les percussions.

Une vue de la salle où est installé Learprint avec l’électronique nécessaire à son fonctionnement et à la captation du CD à savoir Nuendo et Nuage, Pyramix, le DME et les très nombreux amplis, une Eclipse en charge de la réduction stéréo, de la gestion des gains et des EQ avec une paire d’écoutes Neumann à entrée numérique et enfin une TC6000 pour créer les ambiances quand nécessaire. Les enregistrements ont lieu dans Pyramix, dans le MARS et dans une paire de HD-24 en sécu. Nuage apporte l’ergonomie facilitant le mixage/matriçage de Learprint et évite quelques milliers de clics de souris…Un MADI bridge route les enregistrements effectués dans le Pyramix vers l’Eclipse pour la réduction stéréo et vers le Nuendo piloté par Nuage pour alimenter Learprint.

Une vue de la salle où est installé Learprint avec l’électronique nécessaire à son fonctionnement et à la captation du CD à savoir Nuendo et Nuage, Pyramix, le DME et les très nombreux amplis, une Eclipse en charge de la réduction stéréo, de la gestion des gains et des EQ avec une paire d’écoutes Neumann à entrée numérique et enfin une TC6000 pour créer les ambiances quand nécessaire. Les enregistrements ont lieu dans Pyramix, dans le MARS et dans une paire de HD-24 en sécu. Nuage apporte l’ergonomie facilitant le mixage/matriçage de Learprint et évite quelques milliers de clics de souris…Un MADI bridge route les enregistrements effectués dans le Pyramix vers l’Eclipse pour la réduction stéréo et vers le Nuendo piloté par Nuage pour alimenter Learprint.

SLU : On a donc un couple console et Nuendo.

Alain Français : Oui car le Nuendo piloté par Nuage me sert de mixeur à proprement parler et apporte sa petite alchimie. L’Eclipse dans notre cas de figure ne sert qu’à recevoir les micros, régler leur gain et ensuite les distribuer en MADI au Nuendo. On doit avoir dans les 55 signaux en 48/24.

La surface de contrôle de Nuage et l’écran affichant Nuendo et les TRES nombreuses pistes qu’il gère. En arrière-plan on aperçoit le rack d’amplis.

La surface de contrôle de Nuage et l’écran affichant Nuendo et les TRES nombreuses pistes qu’il gère. En arrière-plan on aperçoit le rack d’amplis.

SLU : Petite alchimie ?

Alain Français : Oui, je peux par exemple router un instrument ailleurs que simplement là où il devrait aller pour avoir un peu plus d’ouverture. La timbale par exemple, je peux l’envoyer, outre sa 112P, aussi dans les enceintes adjacentes en partant du principe que, de toute façon, les micros repiquent assez largement cette source par définition très bruyante.

SLU : Puisqu’on parle de repiquage, décris-nous un peu comment tu t’y prends..

Alain Français : J’ai en l’air une dizaine de micros avec un couple stéréo classique plus deux points dans les cordes, deux points en extrême, deux points en couple au lointain et enfin deux points en ambiance en extrême au loin. En plus de tout ça, j’ai une quarantaine de micros de proximité où, l’acoustique le permettant, j’ai laissé de l’air sur certains instruments, environ deux mètres.

Un des corps Neumann numériques montés avec une tête omnidirectionnelle et équipés d’une sphère de diffraction en gros plan.

Un des corps Neumann numériques montés avec une tête omnidirectionnelle et équipés d’une sphère de diffraction en gros plan.

SLU : Que fais-tu des prises de tes 10 micros d’ambiance ?

Alain Français : Cela me sert à capter le son de la salle de prise et à ambiancer celle où je joue, la quantité bien sûr est fonction du lieu où se situe la reproduction.

SLU : Comment travailles-tu ? Est-ce que tu passes continuellement de la salle où joue l’orchestre à celle où joue Learprint puisque tu as la chance d’avoir les musiciens la porte à côté ?

Alain Français : Oui! J’ai en revanche constaté quelque chose. Quand je mixe des sons avec ce procédé, la séance ne dépasse pas 3h30 car passé ce temps, tu es crevé. Tu ne mixes pas en stéréo, tu traites au contraire un instrument dans 40 enceintes en gérant à chaque fois un espace complexe, ce qui se révèle très fatigant. Ce qui en revanche est drôle, c’est que tu te retrouves à travailler d’une façon assez classique à l’aide d’un couple principal dans lequel tu vas ajouter tes appoints. La base reste les cordes et ensuite tu « descends » dans l’orchestre petit bout par petit bout. Comme l’approche est similaire, cela me permet d’appréhender le CD assez facilement.

SLU : Tu fais les deux choses en même temps ?

Alain Français : Oui et non. C’est Mireille Faure qui est en charge de la direction artistique pour ce projet. On partage la prise de son mais c’est elle qui tout en étant free-lance, est attachée à l’orchestre et est responsable du CD.

SLU : Comment vous êtes-vous partagé le choix des micros. Vous avez des besoins différents.

Alain Français : J’ai fait peu à peu quelques compromis et ils se sont révélés être proches de l’expérience que j’ai de l’orchestre. L’approche du classique est complètement différente de la nôtre, mais on peut se rejoindre. J’utilise par exemple des Sennheiser 8050 ou des MKH50 que les gens du classique connaissent peu ou pas. Le MKH50 par exemple offre une certaine directivité. Si elle ne te va pas, tu passes au MKH40 qui ouvre un peu plus. La balance tonale ne change pratiquement pas ! Quand tu passes du 184 au 185 Neumann, le son est très différent, sans parler du 143. Dans l’orchestre j’ai aussi des MKH-8090, j’ai permuté avec des 8050 sans sentir de changement de couleur d’ensemble.

Une partie des boîtes emballant les capteurs Sennheiser employés pour la captation, ici des MKH 8050, 8040 et 8020.

Une partie des boîtes emballant les capteurs Sennheiser employés pour la captation, ici des MKH 8050, 8040 et 8020.

SLU : De ce que j’entends, tu ressens donc pour Learprint le besoin de pointer sur des instruments précis avec des micros directifs pour contrairement à une prise classique…

Alain Français : Oui absolument, je dois discriminer un peu, surtout lors de tutti où, lorsque tu es à la place des cordes, tu ne les entends pas. L’avantage du 8050, face à un hypercardioïde traditionnel, est que ça ne va pas te vriller l’oreille. Mais j’ai aussi deux omnidirectionnels Neumann KM133 que je remélange dans les cordes.

SLU : Cela prend du temps de déployer Learprint dans une salle ?

Alain Français : Non. J’ai été très étonné mais on a fait relativement vite et encore, c’était la première sortie officielle, on ne pourra que gagner du temps les fois prochaines. Ce qui a pris du temps, c’est la partie enregistrement. Rien que le choix des micros a pris une journée entière car il faut que ça colle pour les deux usages. On a donc écouté des mises à plat stéréo et des matriçages dans Learprint pour certains capteurs avant de les valider. Tous les micros sont utilisés pour Learprint mais pas forcément pour le CD qui en emploie moins.

Un paysage sonore naturel grâce à une diffusion « temporelle »

SLU : Je me mets à la place de nos lecteurs et je me dis qu’ils doivent se demander quel type d’espace tu recrées avec Learprint.

Alain Français : Je dirais que c’est une diffusion temporelle. Quand tu la joues, tu ne fais que resituer là où se trouvent réellement tes sources. On a fait des essais avec une autre installation qui n’est pas encore connue et qui a été pensée par une personne qui est venue me la présenter. Ca repose sur une sorte de gros 5.1 avec un processeur. Malheureusement cela reste un plan assez plat même si à l’aide d’un traitement évolué au niveau de la phase, une certaine vie y est injectée. L’avantage de Learprint est de n’avoir recours à aucun tripatouillage d’aucune sorte sur le son. Le placement des micros à la prise et des enceintes à la diffusion construit l’ensemble qui vît aussi avec les destructions qui surviennent naturellement au niveau de la phase. C’est même ça qui est le plus intéressant.

A l’arrière du lieu de diffusion et là où va se trouver le public, Alain diffuse dans des petites enceintes Yamaha NXW, 4 canaux dérivés des couples de micros d’ambiance et du couple extrême afin d’augmenter encore le réalisme. Cet ajout est extrêmement important pour recréer une acoustique proche de celle de la salle de captation. Comme l’ensemble de Learprint, cet ajout est totalement modulable en fonction des besoins et des envies et peut aller jusqu’à ceinturer aussi « l’orchestre » d’enceintes, afin de bâtir une acoustique vivante et réaliste en excitant l’ensemble des murs périphériques ; une sorte de traitement acoustique.

Learprint pourra aussi évoluer et grossir, voire faire des petits. Alain dispose d’un important stock de systèmes triphoniques qui lui permettront de pouvoir le déployer dans de nombreux lieux. Il sera aussi possible d’augmenter la pression sonore en incorporant par exemple des 105P L-Acoustics pour renforcer le bas du spectre.

SLU : Ce type d’installation requiert aussi un vrai savoir-faire au niveau du placement des micros…

Alain Français : Bien sûr. En dehors de cette exploitation assez particulière, il faut toujours adapter tes micros à l’usage que tu en fais. Tu es obligé de savoir comment ils marchent et comment est conçue leur directivité. Il y a encore quelque chose de très important et que j’ai montré à Mireille (Faure, Responsable artistique du CD NDR) qui l’a reconnu : le couplage entre l’instrument et le sol. Il y a plein de bouquins qui montrent le diagramme de diffusion d’un instrument mais l’effet du couplage avec le sol n’est jamais pris en compte. Un cello ou une contrebasse s’appuient énormément contre le sol, du coup dans ma captation je me base énormément sur ce paramètre.

Un authentique fou rire de trois musiciens dû tout autant à la découverte de leur instrument qu’à un petit pain qu’ils viennent de débusquer !!

Un authentique fou rire de trois musiciens dû tout autant à la découverte de leur instrument qu’à un petit pain qu’ils viennent de débusquer !!

Learprint t’oblige à réfléchir à cet aspect car puisque tu l’entends, tu te dois de le reproduire. Il y a beaucoup d’écoles de formation aux métiers du son et c’est bien que des jeunes y aillent pour apprendre les bases, mais le « sur le tas » est tellement important qu’il faut faire attention à ne pas rester verrouillé au contenu des bouquins et des cours.

Il faut se confronter au réel, essayer et adapter. La théorie peut et doit être adaptée. C’est comme si on te disait qu’il ne faut employer qu’un seul micro parce qu’il est bon. Non, il faut chercher celui qui est le meilleur pour chaque usage.

Un autre exemple. Le basson produit du son par le bas de l’instrument et aussi par le haut. En bas c’est très délicat mais très faible, en haut le son est puissant mais très agressif. Si on va au plus pratique en plaçant un micro par le haut, on ne récupère qu’un mélange des deux et beaucoup d’autres instruments, mais surtout on aura une prédominance de son agressif.
J’en ai parlé aux deux bassonistes de l’orchestre et ils ont convenu que la sonorité la plus agréable de leur voisin, on s’entend très mal quand on joue ce type d’instrument, provenait bien de la partie basse de l’instrument. On a déplacé le micro en bas et depuis on est super content du rendu des bassons.

SLU : Alain, l’orchestre qu’on entend, au loin (et dans mon dictaphone NDR), c’est le vrai ?

Alain Français : Ahh non, c’est le faux (rires). Ils sont en pause et en plus l’isolation de leur salle de répétition est parfaite. (Alain 2 Ludo 0) En plus je peux jouer plus fort, j’ai de la marge.

SLU : As-tu mesuré justement la moyenne du vrai orchestre et la tienne ? Un LEQ assez long en somme.

Alain Français : Non, mais je vais le faire, j’ai les outils pour ça. J’aimerais savoir si je suis dans la même dynamique.

SLU : Tu compresses quelques sources ou tu laisses droit ?

Alain Français : J’ai deux ou trois instruments que je suis obligé de compresser légèrement car la prise s’opère trop en proximité, mais le reste est libre et je peux donc respecter au mieux la vraie dynamique d’un orchestre. Entre l’entrée du Requiem de Verdi qui est frappée sur les celli et le Dies Irae, il y a une montée de 7 minutes colossale, et quand tu arrives justement au Dies Irae, c’est une folie furieuse. On y arrive sans problème et sans agression avec Learprint. Ca passe.

SLU : Comment te situes-tu par rapport à tous les systèmes de diffusion multicanaux ou face aux derniers systèmes qui jouent sur la phase pour localiser une source ?

Alain Français : C’est un pied de nez. Le commentaire le plus habituel auquel je suis confronté est « là on est dans le vrai » . Il existe des systèmes qui te sortent la chanteuse tel un hologramme sonore, mais tu te déplaces d’un mètre et tu ne l’as plus, elle est partie, je ne sais pas où. J’écoute beaucoup de bandes son cinéma en 5.1. C’est d’une pauvreté navrante. D’abord les mecs n’osent pas car ils ont trop peur de la diffusion et de la façon dont leur travail va être exploité dans le salon de monsieur tout le monde et puis le principe même du multivoie crée un espace très limité.

Les exploitations envisageables

SLU : Comment peux-tu maintenant proposer Learprint au public…

Alain Français : Idéalement il faudrait que le public le découvre. Ce serait chouette de pouvoir s’installer quelques mois dans la salle d’un musée pour que les gens puissent venir voir l’objet et appréhender sa façon particulière de délivrer du son. Ils pourraient faire un voyage temporel.

SLU : Mais je pense à la Philharmonie de Paris, ce serait idéal et logique d’aller là-bas, non ?

Alain Français : On a eu leur visite et l’idée a été évoquée mais malheureusement ça risque de ne pas se faire à cause d’un budget trop serré. (Et qui a encore diminué le 16 décembre 2014 où une baisse des subventions publiques a été annoncée NDR). On aurait aussi pu participer à l’Expo Boulez à la Cité de la Musique qui se tiendra de mars à juin 2015 mais ça ne pourra pas se faire car on ne parvient pas à avoir les bandes magnétiques d’époque. Ce qu’il faut en tous cas, c’est éviter d’ajouter de l’image au son. Toutes les personnes qui ont découvert Learprint, environ 200, ont exprimé le manque de ce qui nous inonde au quotidien, à savoir l’image. Le problème est que cela écrase en 2D le rendu spatial de Learprint et cela enlève la construction mentale que l’on se fait de l’orchestre en le montrant.

Une image qui en dit long aussi sur l’aspect pédagogique de Learprint. Chaque musicien qui est entré dans la salle a passé du temps à se réécouter, d’abord le sourire aux lèvres impressionné par le rendu d’ensemble ...

Une image qui en dit long aussi sur l’aspect pédagogique de Learprint. Chaque musicien qui est entré dans la salle a passé du temps à se réécouter, d’abord le sourire aux lèvres impressionné par le rendu d’ensemble …

SLU : Learprint pourrait devenir un outil pédagogique..

Alain Français : Bien sûr. On parlait de la Philharmonie. Ce serait formidable qu’elle puisse enregistrer les œuvres qu’elle joue en se créant une médiathèque dans laquelle aller piocher des extraits à des fins de travail en les rejouant au travers de Learprint. Chaque membre des différentes formations pourrait s’écouter, et il en va de même des chefs ou même du public qui pourrait attendre en musique le concert du soir.

Il faudrait simplement écrire et respecter à la lettre un standard de captation qui permettrait par la suite une diffusion dont le matriçage, la recherche des niveaux et la pose éventuelle d’ambiances autres que celle de la salle où s’est déroulé l’enregistrement, soit le plus simple et rapide à mettre en œuvre. De toute manière, il est possible de mémoriser le tout donc, une fois en boîte, l’œuvre pourrait toujours être rejouée à son plein potentiel.

... et ensuite de plus en plus sérieusement en commentant son jeu et ses éventuelles imperfections face à l’enceinte reproduisant son instrument ou son pupitre.

… et ensuite de plus en plus sérieusement en commentant son jeu et ses éventuelles imperfections face à l’enceinte reproduisant son instrument ou son pupitre.

On peut aussi imaginer au sein d’un complexe multisalle, une d’entre elles qui serait tout simplement la Learprint et où chaque jour via une médiathèque, y seraient jouées des pièces de musique. Telle semaine par exemple au Learprint de Bordeaux se jouerait L’oiseau de feu de Stravinsky.

Les gens pourraient enfin redécouvrir le vrai son à des années-lumière de ce qu’on leur propose sur CD, à la radio ou pire encore en MP3, et surtout il serait possible de se balader dans l’orchestre pendant qu’il joue quelques minutes avant et après le concert pour ne pas gêner la diffusion de certains instruments quand on se place devant.

SLU : Comment situes-tu Learprint dans ton parcours professionnel ?

Alain Français : Pour moi c’est un peu une vie de boulot. J’ai toujours été considéré comme un homme un peu atypique mais tenace avec la particularité de ne jamais faire les choses comme les autres. Quand je vois la Premier violon de l’ONDIF aussi emballée par Learprint, je suis heureux. J’ai toujours fait des choix dictés par le plaisir plus que par l’appât du gain. « De Préf » est construit de la même façon avec une super équipe avec laquelle on avance depuis quinze ans en s’éclatant, et Learprint est né dans le même moule. La manière avec laquelle Yamaha a décidé de nous accompagner, Christian Heil, Works et maintenant Sennheiser, tout cela c’est du bonheur.

SLU : Et maintenant quels sont tes projets ?

Alain Français : Maintenant que nous avons de la musique et les droits qui vont avec, on va s’y mettre. Je vais peut-être monter une démo à partir des différentes œuvres que nous avons mises en boîte. J’ai des contacts qui commencent à prendre forme.

Deux complices face à face. Alain Français et Dominique Guerder.

Deux complices face à face. Alain Français et Dominique Guerder.

Dominique Guerder (associé De Préférence et Chargé de projet Learprint) : L’exploitation de Learprint est la grande question qu’on se pose depuis trois ans avec Alain, et on se confronte à différents problèmes.

D’abord nous sommes des techniciens et pas des artistes, ce qui ne nous aide pas du tout dans nos démarches, et puis comme toute nouveauté, Learprint suscite une certaine inertie. Les gens sont intéressés mais… lentement. Ca va venir !

Sennheiser France, un partenaire particulier

Présent et bien présent même grâce au prêt de beaucoup de matériel et à l’organisation des rendez-vous de découverte de Learprint, Sennheiser France par la voix de Guillaume Ehret a répondu à quelques questions.

SLU : Comment ça se fait que vous êtes présents aujourd’hui ?

Guillaume Ehret (Responsable micros numériques) : C’est une collaboration naturelle avec Alain sur son projet novateur et avec Mireille qui réalise le CD. Quand tu sais qu’un des claims de Sennheiser est la recherche du son parfait, on ne peut pas ne pas accompagner Alain dans son aventure Learprint alors qu’il prend à sa façon, la même direction.

Le montage du MKH800 Twin Sennheiser et du module convertisseur MZD8000, stéréo et sortant un signal AES42 comme l’ensemble des capteurs numériques Neumann.

Le montage du MKH800 Twin Sennheiser et du module convertisseur MZD8000, stéréo et sortant un signal AES42 comme l’ensemble des capteurs numériques Neumann.

Il fait partie de notre réseau de prestataires ou de loueurs disposant d’un parc d’au moins 16 capteurs numériques, nous avons donc complété son stock jusqu’à atteindre le chiffre de 52 micros numériques ou numérisés comme le devient le MKH-800 Twin, une fois passé par le module convertisseur MZD 8000.

Comme ce module est stéréo, il convertit les deux canaux du MKH-800 Twin. Ce micro a la particularité d’offrir le choix de la directivité après enregistrement et pas avant.

SLU : Vous disposez d’autant de capteurs en démo ?

Guillaume Ehret : Le groupe Sennheiser dispose d’un kit qui sert à supporter des événements importants soit en termes de communication ou bien des projets novateurs. Ce kit est assez large pour couvrir un grand orchestre, tout en donnant la possibilité de choisir son micro. Il était important qu’Alain puisse débattre et décider lequel prendre dans notre gamme et comment le placer pour obtenir le meilleur résultat.

SLU : Je vois pas mal de têtes à directivité très large, hypocardioïdes.

Guillaume Ehret : Oui. On s’est rendu compte, grâce aux retours de nos clients et utilisateurs, que par exemple le KM184 en version numérique cardioïde est moins intéressant en termes de directivité comme en termes de rendu sonore que la version analogique. Avec la version D on va soit chercher à focaliser sur les sources, soit au contraire avoir plus d’air. Nous disposons pour cela de toutes les têtes nécessaires et qui existent depuis très longtemps. La KK143 de la série KM est assez peu connue, mais c’est amusant de voir qu’au travers l’utilisation de kits numériques, elle revient à la mode et délivre un grave magnifique et très naturel.

Une partie des interfaces DMI-8, mises en œuvre pour recueillir le flux en AES42 issu des micros 100% numériques, déployées pour cette double captation CD et Learprint. Le Dio Core de l’Eclipse avec ses entrées analogiques ne sert plus à grand-chose !

Une partie des interfaces DMI-8, mises en œuvre pour recueillir le flux en AES42 issu des micros 100% numériques, déployées pour cette double captation CD et Learprint. Le Dio Core de l’Eclipse avec ses entrées analogiques ne sert plus à grand-chose !

SLU : Ce n’est donc que du bonheur pour vous ce genre d’opération puisque vos produits sont mis en valeur par une captation de qualité et une diffusion de qualité. La boucle est bouclée.

Guillaume Ehret : Mieux que ça même puisque des moniteurs numériques Neumann sont utilisés en sortie de l’Innovason Eclipse. On va jusqu’au bout du raisonnement.

SLU : Pas tout à fait puisque je ne vois pas d’enceintes de votre marque dans Learprint.

Guillaume Ehret : Ce n’est pas faux et ça fera partie d’une discussion avec Alain. J’espère qu’un jour on pourra déployer Learprint au Campus de l’Innovation chez Sennheiser à Hanovre et ce jour-là (rires !!) ta question prendra tout son sens et ça sera un sujet de débat intéressant, même si la démarche d’Alain consiste à choisir ses enceintes en fonction de critères très précis et qui ne correspondent pas forcément aux nôtres.

Difficile à expliquer et à décrire, Learprint captive immédiatement et ce, même derrière une porte entrouverte. Nul n’est parfait, et l’existence même d’une chaine électroacoustique de captation, traitement et reproduction prélève forcément sa dime sur la complexité sonore d’un orchestre, il n’empêche que pour la première fois on retrouve la masse, la densité, la profondeur, le relief, le détail et la dynamique explosive de cet ensemble, et en s’approchant des différentes enceintes, on redescend à l’essence même de ce qui le compose.

Désormais la « technique » dispose du même pouvoir de séduction et d’émotion que seul l’orchestre jouant en direct peut générer. Je comprends que cela puisse faire peur à certains décideurs. Magicien Alain ? Oui un peu, mais avant tout un remarquable constructeur de son, aussi bon dans la captation où il excelle que dans la reproduction ; dans le réassemblage d’un espace qui vit et s’ouvre sous vos yeux. Le champ d’applications est forcément immense. Quelle salle de musique classique pourrait se passer de Learprint, outil spectaculaire et immensément pédagogique. Quel musée, école de musique, boîte d’événementiel, casino de Las Vegas, Futuroscope, musical de Broadway, house of worship, complexe multisalle pourrait ne pas succomber à ce qu’il convient d’appeler le fossoyeur du multivoie.

Depuis toujours on s’interroge sur la meilleure façon de reproduire du son dans un espace. Alain livre une réponse très convaincante, aussi complexe que convaincante. Idéalement, il faudrait parvenir à codifier précisément la prise de son et à en faire de même avec la reproduction en termes de modèle d’enceintes, de placement et de calage des boîtes, ce qui permettrait de constituer une banque d’œuvres comportant les pistes audio et les metadatas capables de prendre la main sur le cœur de mixage/matriçage et amplification dans chaque salle équipée de Learprint. Ces metadatas comporteraient la nature des effets additionnels, certains niveaux et matriçages spécifiques et la quantité d’ambiances qui devraient être diffusées pour reproduire au mieux l’œuvre et la salle où la captation a eu lieu.

Et la phase me direz-vous… Les interactions, les accidents, tout paraît maitrisé et à aucun moment on ne ressent la moindre gêne. La construction de l’ensemble au contraire semble se nourrir de la superposition des sources. C’est bluffant.

Il ne manque plus grand-chose désormais à Alain pour concrétiser son rêve et faire de Learprint un objet du quotidien aussi beau qu’émouvant et puis ne dit-on pas qu’impossible n’est pas Français ? On ne manquera pas de vous tenir au courant des prochaines étapes de son développement. D’ici là prenez soin des poils de vos bras, ils vont sacrément se dresser le jour où vous l’entendrez.

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