Avec d&b, Chantons et du son sous la pluie, 1ère partie.

Leur théâtre étant en rénovation, c’est au Grand Palais que les équipes du Châtelet ont choisi de remonter le musical Singin’ in the Rain. Véritable prouesse arrosée par des trombes d’eau à 37°, retrouvez l’histoire d’une réussite sonore et artistique.

Dan Burton, l’interprète de Don Lockwood, au Grand Palais – Théâtre du Châtelet (c) Sylvain Gripoix

Le challenge est de taille. Puisque le Châtelet s’est transformé en mars 2017 et pour deux ans et demi en très, très gros chantier, pourquoi ne pas tenter de transformer le Grand Palais et ses 77 000 m2 magnifiquement rénovés en théâtre pour 45 shows, et comme la place ne manque pas, aussi en lieu d’accueil et de divertissement pour le public ? Aussitôt dit…Presque aussitôt fait ! SoundLightUp vous offre une « le son » sous la pluie en deux parties. Voici la première.

L’impressionnant théâtre fait de tubes et de tissu qui trône sous la nef du Grand Palais entouré par ses deux aires de divertissement .

Une fois obtenus les accords nécessaires, rendez-vous est pris avec Cyril Auclair, mixeur du Châtelet et second de l’équipe Son, pour nous raconter le montage de ce musical et, en filigrane, nous parler un peu de sa maison mère qui aime tant la comédie musicale.

Rappelons brièvement que le Châtelet au départ a été un haut lieu de l’opéra, la bascule vers la comédie musicale et Broadway étant intervenue sous l’impulsion de Jean-Luc Choplin arrivé en 2004, ce dernier faisant le choix de monter à Paris, et en VO, la crème des  » musicals « .

SLU : Malgré la cage de scène placée sous la nef, cet espace est quand même immense.

Cyril Auclair : On pourrait y faire tenir 4 Châtelet ! Grâce à cet espace, on accueille et on offre un show total au public. L’entracte durant 30 minutes, cela nous laisse du temps pour cela. Le gros avantage c’est aussi de ne rien masquer, d’où nos fly-cases empilés qui contribuent au décor.

Des pendillons comme s’il en pleuvait, le gage d’une absorption maximale et du moins possible de réflexions. Remarquez la rambarde de bout de gradin à gauche de l’image, habillée elle aussi de sorte à éviter le plus possible les fuites par le trou arrière bien visible entre le côté et le fond.

SLU : Quels prestataires sont concernés par ce musical ?

Cyril Auclair : Dushow s’occupe de la distribution électrique et des lumières et Silence qui est notre prestataire historique, fournit le son, même si tu vois marqué un peu partout On-Off.

SLU : Bref, B-Live quoi

Cyril Auclair : Voilà ! (rires)

SLU : La cage de scène et les gradins sont pas mal tapissés de pendards. Cela doit considérablement améliorer l’acoustique..

Cyril Auclair : L’idée de départ était de garder les lieux tels quels. Après une visite sur site et des mesures, le TR ici est de 12 secondes avec quelques bizarreries dans l’aigu et le bas médium, nous avons sensiblement modifié le projet initial en passant par différentes options, une desquelles aurait été de fournir à chaque spectateur un casque d’écoute.
On est finalement revenu au côté live en fermant les côtés des gradins et la cage de scène, tout en préservant la verrière de la nef qui est magnifique. Pour cela nous avons été assistés par un acousticien (Federico Cruz-Barney) et surtout beaucoup aidés par les équipes de d&b pour simuler et valider dans Ease nos choix.

SLU : La régie son a abandonné les lights placés dans la tour régie ?

Cyril Auclair : Oui, nous avons insisté pour être plus bas dans le public quitte à voler quelques sièges, et mieux nous placer dans la zone de couverture du système. Si nous étions montés dans la régie technique, il aurait fallu rajouter des boîtes pour nous qui auraient, à coup sûr, contribué à la pollution ambiante en sautant les pendards.

SLU : Quelle est la jauge de cette  » salle  » ?

Cyril Auclair : Environ 2400. Au Châtelet on a 2 000 places, mais pour le reste nous avons gardé les mêmes proportions. L’ouverture de cadre par exemple est de 15,80 mètres au Châtelet, là elle est de 16,50. De toute manière on ne pouvait pas faire autrement puisque tout le décor est le même et il n’était pas question de le modifier. Il en va de même pour la distance entre le dernier siège et le nez de scène. Au Châtelet comme ici, on a 40 mètres, mais la similitude s’arrête là. Le Châtelet c’est un théâtre à l’italienne en fer à cheval avec des étages et des poteaux alors qu’ici on offre une très belle visibilité à tout le monde.

La  » salle  » depuis le plateau. Visibilité parfaite, zone de couverture sonore compacte et réduite mais plafond…comment dire… On devine à trois quarts des gradins la régie son et tout en haut habillée de noir, la tour régie avec la régie lumière, vidéo, les poursuiteurs et l’audio description.

SLU : Système d&b…

Cyril Auclair : Oui, de l’Y. C’est exactement ce dont on a besoin pour obtenir la couverture et la pression que l’on recherche et surtout le rendu sonore qui correspond le mieux à notre manière de mixer. Plus de pression ou une directivité moins maitrisée et on excite les lieux. Les deux lignes extérieures sont en 80° sauf les boîtes du bas qui sont en 120° et la ligne centrale est entièrement en 120°.

SLU : Tout ce que l’on voit ici est loué ?

Cyril Auclair : Non du tout. Le cahier des charges pour cet événement a été de réutiliser au maximum notre propre matériel qui a de toute façon été démonté pour permettre la réfection de la salle. Je pense par exemple à la DiGiCo SD7 de mixage avec ses stage racks…

Le plateau ouvert de part en part, avec à l’arrière des éléments de décor sur roulettes. Bien visibles, deux des trois lignes d’Y d&b. Sur le nez de scène six T10 alimentent en dialogues les premiers rangs et descendent l’image sonore. A cour et jardin, trois T10 apportent un peu d’orchestre et un fil de voix.

SLU : Tous les HF…

Cyril Auclair : Surtout pas. Nous n’en avons jamais acheté et jamais voulu le faire.

SLU : ???

Cyril Auclair et à droite Roland Girard. Complicité, respect et beaucoup d’heures de vol et de shows délivrés au public à eux deux.

Cyril Auclair : Nous les louons à chaque fois. Les plans changent et les matériels évoluent. C’est plus souple, d’autant que je ne sais pas chaque année combien de productions vont être montées. Sur Singin’ on a 50 HF, sur d’autres spectacles, la moitié.
On accueille la télé, des shows de variété, quelques opéras, des récitals, du classique, je reste convaincu que notre choix est le bon. On a avec Silence de l’excellent matériel. Les micros en revanche sont à nous. On a notre parc de capteurs DPA car on préfère maitriser ce composant très fragile et dont la traçabilité est essentielle pour sa fiabilité.

Il y a malgré tout chez nous une personne qui s’occupe des HF et est un vrai ancien de la profession, Roland Girard (on le retrouvera plus loin, un personnage TRÈS savoureux NDR) Il a été de toutes les aventures du Châtelet avec un autre ex de Régiscène, Gérard Fernandez dit Frisé.
Grand coup de chapeau à Roland, c’est son dernier spectacle, il prend sa retraite dans quelques semaines.

SLU : Vous êtes combien au son au Châtelet ?

Cyril Auclair : Trois. Stéphane Oskeritzian est le Chef de service audio, je suis son assistant en charge du mix et enfin Roland qui s’occupe de la HF au sens large. Nous sommes un petit service comparé aux 10 de l’éclairage et aux 15 machinos. Cela est dû au fait que nous venons de l’opéra et ce n’est que depuis peu que nous avons migré vers la comédie musicale.

SLU : Vous employez aussi certainement des intermittents…

Cyril Auclair : Plein, et qui connaissant parfaitement l’endroit comme nos besoins.

SLU : Vous louiez aussi votre diffusion au Châtelet ?

Cyril Auclair : Non, on a investi dans un cluster central constitué de 7 Q1 et de la C6 bien cachée pour déboucher les zones d’ombre. Pas qu’on voie trop ces affreuses enceintes dans un haut lieu du classique (rires) On avait au départ 4 C7 assez imposants et on est passé au Q1 aussi grâce à sa plus petite taille. Dans le théâtre en général l’amplification arrive, mais doucement, discrètement.

La ligne centrale de 12 Y, dédiée uniquement aux voix et délivrant un signal homogène, très précis et, grâce au SPL plus que raisonnable, sans aucune distorsion. On voit bien derrière la frise de ciel, deux des 10 V-Sub qui eux aussi n’ont pas eu à rougir tous les soirs, mais offrent un rendu très régulier et homogène.

SLU : Elles ne sont pas très cachées vos trois lignes de Y…

Cyril Auclair : Elles auraient dû l’être beaucoup plus. Au départ du projet, tout le cadre aurait dû être noir et encore, il y a une ligne de 10 V-Sub cachée derrière la frise de ciel. Comme dans le spectacle il y a une ligne de fuite d’arches, on a recréé à la demande de Robert Carsen, le metteur en scène, l’arche du Châtelet.
Les petites T10 qui débouchent le champ proche par exemple sont noir sur noir et ne se voient pas. On ne nous a pas mis de pression pour le son, le challenge était déjà assez difficile comme ça, sans parler de la contrainte temps. L’ensemble technique, y compris les gradins, a été monté en 4 jours et 4 nuits. On a joué la carte de l’efficacité. Une fois que le show commence, on ne voit plus rien.

Deux des C6 servant de surrounds latéraux et, comme les enceintes qui souvent officient dans les cinémas, offrent un rendu d’une couleur très différent des Y. Si elles prenaient leur retraite, ce ne serait pas un drame ;0)

SLU : Elles servent à quoi les C6 sur les côtés et derrière ?

Cyril Auclair : Il y en a 8 en tout. Elles ne servent que pour diffuser certains effets et typiquement c’est une réutilisation de ce que l’on a démonté au Châtelet. On s’en sert très peu et certainement pas pour ambiancer, on a déjà assez de réverbération comme ça… On faisait la même chose avec quarante Control 1 JBL au Châtelet.

SLU : Comment avez-vous approché d&b pour déterminer le cahier des charges de votre diffusion.

Cyril Auclair : On sait ce qu’on veut. Intelligibilité et couverture, le SPL passe largement après. En termes de design, un cluster central pour les voix, complété et étiré vers le bas par les front fills. Une sorte de T à l’envers. Dans le gauche / droite on envoie l’orchestre. On a beaucoup travaillé avec Lulu (Didier Lubin NDR) et Pierrot (Pierre Scalco NDR) qui ont été très disponibles et efficaces. L’acousticien a aussi participé à cette phase et a échangé avec d&b France, mais nous a surtout bien aidés lorsqu’il a fallu ceinturer et atténuer les réflexions, en choisissant le meilleur tissu en termes acoustiques, de poids et enfin de prix.

Singin in the Rain (c)Théâtre du Chatelet Marie Noëlle Robert

SLU : Sacré bruit de fond au Grand Palais. Les canons à air chaud sont nombreux et assez bruyants…

Cyril Auclair : J’ai entre 72 et 73 dB et je joue entre 85 et 92 dBA, la dynamique est suffisante mais une fois encore, on privilégie la couverture et l’intelligibilité. On adore pour ça la T10 en mode 105° x 15° (et pas en 90 x 35) afin de bien prendre les premiers rangs avec uniquement les voix. On met la trompe en mode  » line  » mais le preset est en mode point source. Ce choix offre un rendu qu’on adore.

Les six T10 dans le nez de scène. On aperçoit en dessous les partoches des cordes dans la fosse.

SLU : Pas trop de problèmes de raccord temporel entre la ligne centrale et les fills ?

Cyril Auclair : Non, car j’ai une SD7-T qui dispose de délais au niveau des points de croisement des matrices. J’ai donc travaillé avec Boris Laforge qui a calé le système pour bien maitriser cette partie de mise en phase. L’idée est de tirer les voix vers le bas et faire en sorte qu’elles proviennent toujours du plateau. Mes front fills m’aident à faire ça en niveau et délai. Je travaille cette phase beaucoup à l’oreille. Quand j’entends mon effet, dans le cas du positionnement ou bien le filet de voix que j’ajoute par exemple sur les latéraux, c’est déjà trop. Je reste cohérent avec la théorie et puis j’affine à l’oreille. Avec parfois des doutes sur des comportements étranges.

SLU : L’étrange me paraît s’être invité ici…

Cyril Auclair : Ohh oui. On ne sait parfois pas d’où proviennent certains échos, flutters, retours de réverbérations ou autres bruits, mais il y en a. C’est souvent le dôme car la régie est placée pile en dessous mais au moins, c’est nous qui avons ces bruits et pas le public !

SLU : Comment as-tu choisi le placement pour ton grave ?

Cyril Auclair : Simplement. Je ne voulais pas voir les subs, je déteste quand les premiers rangs sont avoinés et mes besoins sont raisonnables : je n’y envoie que la contrebasse et le pied, d’où l’alignement de dix V-Subs accrochés en hauteur.

Une partie des 10 V-Sub en arc, une idée de Lulu et Pierrot de d&b déjà testée avec succès au théâtre, à la droite desquels prend place l’écran pour les livrets en français et la verrière, aussi magique qu’imprévisible. Remarquez aussi le grill, rendu nécessaire afin de réutiliser les décors créés pour cette même pièce au Châtelet. Bien entendu il n’y a pas 80 porteuses comme à la maison, mais juste ce qu’il faut pour ce musical !!

SLU : Sur le plateau comment sont gérés les retours des artistes ?

Cyril Auclair : Les artistes ne s’entendent que par le biais de 12 E8 d&b en douche (une habitude ici, ou c’est de l’eau, ou c’est du son NDR), six plans de deux boîtes allant du front de scène vers le fond. La règle de la comédie musicale est de ne jamais mettre de voix dans les retours. Au Châtelet nous travaillons généralement avec un DPA 4061 omni sur le front. Comme nous ne savions pas comment cela allait marcher ici d’un point de vue acoustique, nous avons opté pour le serre-tête en 4066 omni, un peu plus proche de la bouche, mais quoi qu’il en soit, les chanteurs anglo-saxons ont l’habitude de travailler comme ça donc, je ne fournis qu’une douche d’orchestre.

Une des douze E8, placée vers l’avant de la scène. Les trois gros cubes noirs ne sont autre que les V-Sub.

SLU : Pourquoi une boîte aussi petite que la E8 ?

Cyril Auclair : Je veux une boîte petite, passe partout, puissante, précise et propre, sans des paquets de grave et de bas médium qui bavent partout. L’artiste doit percevoir un message clair et simple. La E8 avec sa petite membrane et sa petite taille correspond pile poil à mes besoins.

Notre ballade se poursuit par le fond de scène où apparaît une cahute faite de tubes et de pendards d’où sortent des rires sonores. La régie HF.

L’accueil est génial avec Roland, l’homme qui dégaine des vannes et des souvenirs plus vite que son ombre, Anna et sa casquette, Isa et ses yeux bleus et Benoit. Ne rigolez pas, c’est comme ça qu’ils se sont décrits pour légender les photos ! Ajoutez Pierre Bodeux qui assiste Cyril et ce dernier, et l’équipe son est au complet. 2 à la régie façade et 4 à celle HF au plateau.

La régie HF, le royaume du roi Roland avec de gauche à droite Benoît Bertheau assistant du responsable HF, Pierre Bodeux, assistant FOH en charge de l’envoi des effets son, Isabelle Gouillart technicienne HF, Cyril Auclair en charge du mix façade et de la conception technique de cet événement, Roland Girard le responsable HF avec tellement de cordes à son arc que même Chuck Norris ne pourrait pas décocher une flèche et Anna Conroux l’autre technicienne HF.

Silence, fournisseur officiel du Châtelet, n’a pas lésiné sur les récepteurs. La série 5000 de Sennheiser est présente 28 fois, soit un total de 56 liaisons possibles pour les acteurs/chanteurs/danseurs, pantalons pour claquettes (on y vient, patience NDR), micros main de secours, pantalons de secours, récepteurs de secours et récepteur pour le micro waterproof (ici aussi, patience NDR).

Le Point Source CO-8WD prêt à être utilisé sous l’eau. On aperçoit facilement le bas ajouté et fixé sur la bonnette via du fil blanc. Précisons aussi que le comédien interprétant Don, fait son possible pour tourner artistiquement la tête de telle sorte à ne pas présenter le capteur au jet d’eau de la gouttière…

Tout ce petit monde fonctionne sur piles, le rechargeable ayant prouvé que son faible voltage créé plus de problèmes qu’il en résout, et l’ensemble dispose de magnifiques boîtes pleines à raz-bord de Y, d’adaptateurs divers et de micros de rechange, normaux ou étanches, prêts à garantir un fonctionnement fluide chaque soir.
Autre nécessité de Singin’ in the rain, la résistance à l’eau, est obtenue par la mise en sachet étanche de l’émetteur de Don Lockwood qui, sous le charme de Kathy Selden, va chanter et danser sous une pluie nourrie. Il se protège lui et son capteur avec son parapluie mais  » se termine » ensuite comme dans le film, sous une descente de gouttière qui envoie des dizaines de litres d’eau. Plus que l’émetteur, c’est le micro qui souffre le plus.

Laissons la parole à Roland Girard : Le truc c’est, outre le Point Source CO-8WD qui est résistant à l’eau, de renforcer la bonnette afin de protéger le plus possible la membrane et la grille placée devant et qui se bouche si une goutte tombe pile dessus. Pour ceci faire nous découpons un bas mousse, le traitons avec une bombe de spray déperlant (merci à Benoît qui est motard NDR), et recouvrons la bonnette avec. Une fois le bas fixé, on remet un coup de bombe. Le bas doit être de type mousse afin d’être acoustiquement compatible. Avouons franchement que nous avons eu quelques ratés au début, mais il suffit de sécher le micro et il repart pour le show suivant. Il est très résistant.

Mais que font ces pantalons dans la régie…

…ils se font vérifier par l’équipe technique car ils contiennent chacun deux micros en bas des jambes afin de capter le son tenu des claquettes sur un sol qui n’est pas spécifiquement fait pour ça, obligé qu’il est de résister à l’eau et de permettre son retour à l’envoyeur à l’étage du dessous.

SLU : Qu’appelle-t-on un raté et comment entend-t-on la chose alors que le comédien ne fait que danser ?

Cyril Auclair : Non, après la grosse douche de la gouttière, il doit dire une dernière phrase avant de quitter le plateau et de déclencher l’entracte qui permet aux équipes de tout sécher. En outre si le micro est frappé directement par le jet d’eau, une goutte peut venir se placer devant la membrane et comme c’est un capteur de pression, on perd tout l’aigu et on n’a quasiment plus de niveau. Cela nous est déjà arrivé, de même qu’une goutte qui tombe pile dessus et fait un bruit très perceptible en rebondissant, un  » tic « . Espérons que ce soir tout ira bien.

Dan Burton qui interprète le rôle de Don Lockwood en plein tube sous la pluie équipé du micro Point Source pour ce seul titre.    (c)Théâtre du Châtelet – Marie-Noëlle Robert

Aussi rapide à faire qu’à écrire, Roland a connecté un serre tête en DPA et celui en Point Source IP57 sur des packs, et nous propose via sa matrice Yamaha, une écoute comparative des deux capteurs sur une des enceintes de la régie.

Roland Girard : Il n’y a pas une grosse différence entre les deux, les spectateurs en tout cas ne se rendent compte de rien. Mehhhhhhhhhhhhhhhhhhh…et ça c’est l’autre. Meeeeeeeehhhhhhhhhhhh. On n’est pas en studio que je sache !

Des 5000 comme s’il en pleuvait (expression très humide agrée par Singin’ in the rain NDR) Remarquez aussi les deux écrans donnant un classique aperçu technique des liaisons pour celui de gauche. L’écran de droite, bien aidé par la matrice bleu ciel Yamaha (une création de Benoit), ajoute à une écoute instantanée et dynamique de chacune d’entre elles, l’affichage de la photo de l’artiste, ou de la source qui alimente cette liaison.

SLU : Dans un cas de figure on a le timbre de la voix avec de belles harmoniques, et dans l’autre il n’y a pas grand monde au-dessus de 6/7 KHz, et un médium qui reste un peu plus dans le nez. Mais on écoute sans aucune égalisation. Comment marche votre belle matrice ?

Un coup de flash les a débusquées, deux des 4 antennes du plateau, espacées réglementairement de 10 cm. Placées en hauteur pour éviter les chocs. Pour garder la même impédance, les 8 antennes ont toutes le même toron de 50 mètres de coaxial avec un gain de 10 dB en sortie d’antenne. Les fréquences sont dans les 600 MHz pour les voix et dans les 470 MHz pour les 8 liaisons des claquettes, les taps.

Benoit Bertheau : Les récepteurs sortent en analogique vers le stage qui dialogue avec la console en Optocore. On récupère les sorties digitales des récepteurs avec la DME.

Roland Girard : C’est indispensable d’avoir une matrice pour écouter à la volée les liaisons. D’abord on a de plus en plus de micros et, contrairement à ici où le Grand Palais agit comme une cage de Faraday, au Châtelet on est pas mal gênés côté HF, ça permet donc de réagir plus vite. On a notamment les péniches spectacle qui sont équipées pour certaines en HF et qui passent, plus ou moins vite suivant qu’elles montent ou descendent la Seine. Parfois on profite longtemps de leur animation (rires)

SLU : Combien d’antennes avez-vous déployées ici pour récupérer vos signaux ?

Roland Girard : Huit. Deux omni au cadre, quatre au plateau, des 100° et deux omni ici près de la régie. Le tout arrive en coaxial à la matrice / combineur Wisycom MAT288. Elle permet d’équilibrer très finement les voltages. On a un super signal tout en tournant à 10 mW. A 50 mW, cela occasionne d’autres problèmes HF et la consommation est trop importante.

SLU : En termes de scan ?

Roland Girard : Un scan numérique Winradio et un analogique Hameg.

Sortez le train et la crosse pour l’appontage, nous allons nous poser et en rester là pour la première partie. Un arrêt aussi frustrant que nécessaire puisque dans deux jours vous aurez droit à la visite de la fosse orchestre, de la zone des pompes, la zone d’interphonie, la distribution Aviom, la puissance pour la face, puis la régie face, quelques mots avec Roland, beaucoup avec Cyril, et des centaines de litres de flotte. Prenez votre maillot, vos tongs et à très vite !

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Mardi 27 février 2018

Freevox Pro Day, Formation gratuite Sonorisation EN54

Dans le cadre des Pro Days, Freevox vous propose une formation gratuite d’une journée sur les systèmes de sonorisation et d’évacuation EN54 dispensée par Laurent Delenclos.
Le but de cette formation est de découvrir et comprendre les systèmes de sonorisation de sécurité EN54.

Laurent Delenclos en pleine explication.

En combinant les amplificateurs, routeurs et systèmes d’annonce EN54 conçus par ASL et les modèles d’enceintes EN54 proposées par JBL, vous êtes en mesure de concevoir et de proposer des systèmes de sonorisation de sécurité certifiés et évolués.

Elle s’adresse aux installateurs, techniciens, ingénieurs, chargés d’affaires et consultants désirant comprendre et acquérir les connaissances nécessaires à la mise en œuvre de systèmes de sonorisation de sécurité EN54.

  • La formation est gratuite. Pour s’inscrire, et faites vite car les places sont limitées et Bellote adorable et infiniment compétent, cliquez sur ce lien

Si enfin vous êtes intéressés par les Pro Days et l’ensemble de formations dispensées par Freevox et ses spécialistes produits tout au long de l’année, dont certaines sont qualifiantes et agrées, visitez cette page Freevox.

Avec Maitrat, Tintin & Petitjean

Black M à Bercy

Il forme avec Tintin au système et Steph Petitjean à la lumière, un trio super efficace à qui Black M a confié scéno, lumières et le son de sa tournée. Visite dans l’univers de Raphaël Maitrat, arrivé depuis peu, mais implanté comme jamais dans le monde du showbiz.
Elle a failli partir en GSL, mais même en J, la dernière branche de la tournée de Black M a eu fière allure, au point que Tintin en se marrant m’a soufflé un  » JSL  » qui lui va comme un gant au best seller des gros systèmes de d&b.

Plein de matos, des lumières et une scéno mettant bien en avant artiste et musiciens et un public à trois chiffres en dBA, on ne s’est pas ennuyé une seconde à Bercy. Retour sur cette belle journée où seuls les ballons l’ont jouée à l’envers et, une fois n’est pas coutume, commençons par un personnage aussi discret qu’attachant et compétent : Tintin.

Tintin ouvre en premier

SLU : FA, d&b et toi c’est une vieille histoire non ?

Tintin avec le micro du patron. Ahh cette ronflette ;0)

Tintin (Mathieu Renaud) : Je suis rentré chez FA en 2003 et j’en suis parti en 2014 pour devenir intermittent et suivre Raph Maitrat sur la tournée de la Sexion. Quant à d&b, c’est certain que je connais assez bien leurs produits ce qui fait qu’on m’appelle toujours dès qu’il s’agit de cette marque. Cela étant, j’ai aussi travaillé pour MPM sur la tournée de Pascal Obispo. J’étais assistant entre système et plateau, et cela m’a permis de voir et entendre de près le E15. C’est une autre philosophie sonore et c’est très enrichissant de se refaire l’oreille avec un autre son.

SLU : Tu travailles pour qui ?

Tintin : Beaucoup pour Fa et avec Raph puisqu’après la Sexion il m’a proposé Black M, la première tournée et maintenant la seconde partie qui arrive à son terme.

SLU : Cette tournée se fait en J, mais tu es un des premiers à avoir écouté et même testé le G.

Tintin : Oui, j’ai eu la chance de le découvrir en Allemagne et de le déployer deux fois, une première pour Manu Chao au stade Michelin et ensuite pour les Francofolies. C’est un super système que j’espère voir bientôt arriver en France.

SLU : On aura l’occasion d’en reparler bientôt dans nos colonnes, revenons à cette tournée et à cette date à Bercy. Quel système as-tu concocté ?

Tintin : Par coté, on a en principal 18 J, pour les latéraux 12 J, en infill 6 V, 9 J-Sub pendus derrière le principal et au sol sous le nez de scène une ligne de 10 subs, 8 Infra et 2 J-Sub. C’est une version musclée du kit de tournée où le main comprend 12 J et les latéraux 8 V. Tout ce qui est accroché est en Array Processing.

Une forêt allemande faite de multipli russe et de transducteurs transalpins avec du J, du J-Sub et du V pour bien gaver la fosse.

SLU : Quels choix as-tu faits ?

[private]

Tintin : Raisonnables. Généralement j’aime bien partir sur une atténuation de 3 dB sur la plus grande distance, ce qui dans un Zénith normal correspond à environ 45 mètres. Comme ici on tire à plus de 85 mètres, je suis descendu à -5 dB. C’est déjà très bien et même en dehors de cet aspect SPL, on peut compenser la distance, mieux couvrir et le tout automatiquement.

SLU : Sachant que tu perds un peu de SPL et que si tu en demandes trop, ça finit par s’entendre un peu ! Tu as quoi pour les premiers rangs ?

Tintin : Vu la conformation de la scène, je n’ai pas eu besoin d’ajouter de lip. Ce sont les infill, les V, qui débouchent devant. On a aussi 3 Y8 posés sur un Y-Sub en bord de scène en in et 3 Y12 sur un Y-Sub en out.

J’espère que vous aimez le Y, FA musique adore. De gauche à droite 3 Y12 et leur Y sub pour les extérieurs fosse et premiers gradins bas de cour, puis 3 Y8 et leur Y-Sub pour le in de la fosse, et enfin tout à droite, un des deux side avec deux Y-Sub et 3 Y8.

Les balances et surtout la mise en place des nombreux guests nous donne l’opportunité de parcourir librement l’AccorHotels Arena (on finira par s’y faire NDR) et de constater pour une fois que le beaucoup n’est pas l’ennemi du bien. On a beau avoir 84 têtes et 28 subs, tout ce petit monde cohabite plutôt bien sans vilains peignes, lobes et autres petites marguerites.
Le son de l’ensemble est bien construit et maîtrisé. A part une petite dureté dans le haut médium, l’ensemble du spectre est reproduit en mode efficace et tranquille avec un volume dans le bas raisonnable et très bien réparti avec la patate qui va bien. Le public va se régaler.

Un petit coup d’œil sous le plateau et, tiens tiens, 8 J-Infra et 2 J-Sub

Show devant, c’est le tour de Raphaël

SLU : On a cru comprendre que Tintin et toi, c’est une histoire qui roule…

Raphaël Maitrat : Ahh oui, à fond. On a une vraie complicité. Il est génial Tintin.
A la base j’ai trois étiquettes. D’abord celle de dir prod. Cette tournée a demandé 4 mois de travail mais à la maison, contrairement à la scénographe qui a demandé pas mal de temps durant le montage de la tournée et les répétitions.

De gauche à droite Tintin, Mathieu Renaud dans le civil, en charge du système, Clément Géry, assistant au système et enfin Jérémy Mermet qui est arrivé avec le complément en matériel pour Bercy et va se casser avec, après avoir aidé à casser tout court.

C’est à ce moment-là que Tintin a été précieux en m’aidant dans le montage du mix qui est mon troisième et dernier métier. J’ai après coup mis ma touche, mais on a vraiment fait ça à deux profitant aussi du fait qu’on est parti avec un assistant au système en la personne de Clément Géry. Cela nous a donné plus de temps pour bosser ensemble, et à lui de latitude de calage en salle. Humainement entre nous, ça marche très bien et j’espère qu’on partira ensemble sur d’autres tournées.

SLU : La tournée elle-même paraît efficace et généreuse avec le public.

Raphaël Maitrat : C’est le cas. L’artiste se régale sur scène, il aime les musiciens et le live et il ne cesse de s’améliorer. Il veut s’implanter sur la scène française et durer et il s’en donne les moyens. Il a déjà des idées pour la prochaine tournée. Il nous a aussi confié le mix de la captation télé de ce soir, et qui mieux que Tintin et moi qui avons assuré 70 shows, peut le faire. C’est curieux cette habitude de le faire faire par quelqu’un d’autre, capta ou DVD.

Quand deux grandes vedettes se partagent le même plateau l’espace de quelques minutes.

SLU : Qu’as-tu de prévu après Black M pour 2018 ?

Raphaël Maitrat : Tout à fait autre chose. La régie de la tournée d’Aznavour, et une date à la console en Haïti en remplacement de Denis Pinchedez qui ne peut pas l’assurer. Je suis ravi. Après je partirai avec Fabrice Eboué qui est super cool et que je connais depuis 10 ans. J’ai la chance d’avoir quasi toujours un bon contact avec les artistes.

SLU : Comme tu as ton mot à dire techniquement, as-tu des marques ou modèles fétiches en diffusion ?

Raphaël Maitrat : Bien sûr. J’aime bien d&b, mais mon grand kif c’est la saison des festivals où tu te retrouves avec tout autre chose. Il n’y a rien de plus chouette que d’ouvrir sur un autre système. Et que ça marche. Alors, comment tu le trouves ?

Les 26 D80 de jardin. Efficace mais gourmand l’Array Processing.

SLU : Mortel. C’est remarquable. Ce n’est pas trop sucré, c’est parfait et en tournée, cela ne doit pas être facile à réussir aussi bien… (Vous l’avez compris, on digresse sur un excellent cheese cake dont Raph a fait mettre une belle part de côté).

Raphaël Maitrat : d&b donc, mais aussi Adamson dont le E15 et les subs E219 sont vraiment bien, et je suis toujours très impressionné par les deux derniers JBL, le VTX et le A12.

SLU : Ton artiste attire beaucoup de jeunes oreilles.

Raphaël Maitrat : Bien sûr et sur cette tournée on a décidé avec Tintin de ne pas dépasser 98 dBA. On se retrouve souvent même à 95 et aux Francofolies avec le GSL, on est resté à 94 sans avoir besoin de pousser plus. C’est une super boîte. J’ai hâte de l’avoir en tournée.

SLU : A propos de tournée, il fait quoi XaXa, un remplacement ?

Raphaël Maitrat : Pas du tout ! Comme tu le sais, je fais habituellement équipe avec Brieuc Guillet aux retours, mais il a pris une année sabbatique avec sa femme pour voir le monde de plus près, du coup j’ai appelé Xavier qui finissait Sting et avec qui on est devenus potes bien avant de bosser ensemble. Le rugby, ça crée des liens ! En plus sur scène il amène une rigueur à la XaXa qui nous fait du bien à tous, y compris l’artiste qui est ravi. Il est arrivé en pleine tournée, la console étant faite. Il a écouté une date avant et trois, quatre, c’était bon.

Le joujou de XaXa dont on devine au fond à gauche le cœur Neutron. Sous la ProX, une batterie d’émetteurs PSM1000 Shure.

Bye-bye l’intermittence

SLU : Il paraît que tu as lancé ta boîte…

Raphaël Maitrat : Oui. L’intermittence c’est bien, mais cela peut aussi être un frein. J’ai donc décidé d’être gérant indépendant de ma société ce qui m’ouvre pas mal de portes pour vendre des petites prestations comme par exemple le mixage de la captation que l’on fait ce soir avec Tintin. C’est beaucoup plus simple et transparent. Est-ce que j’investirai dans du matériel, je ne pense pas, ce n’est pas ma vocation première.

SLU : Et le nom de ta boîte ?

Raphaël Maitrat : EM Scenic. Les deux lettres sont les initiales des prénoms de mes deux filles. Scenic c’est pour rappeler que je propose aussi des services de scénographie. Je suis peut-être un lighteux frustré (rires)

Au milieu des Y, trois motorisés dont à gauche un rare mais très chouette AlienPix RS, puis un MagicBlade-R, tous deux Ayrton, et enfin un Mythos Claypaky.

SLU : Tu aimes la technique ou les faisceaux ?

Raphaël Maitrat : Les faisceaux et la lumière en général, la technique pure je n’y connais pas grand-chose. Cela fait dix ans que je collabore avec Stéphane Petitjean et on forme là aussi un vrai binôme. J’ai une sensibilité pour la lumière et lors de cette tournée, pour la première fois, j’ai tout dessiné, écran, pratos, avant-scène en M. Matthieu Chédid l’avait cela dit déjà fait. J’ai montré le tout à l’artiste et il a validé ces idées. Du coup on a fait appel à moi pour un autre artiste dans le domaine du rap. Je ne divulgue pas son nom car cela n’est pas encore signé, mais je suis ravi.

SLU : Tu aimes le rap et le rap t’aime bien.

Raphaël Maitrat : C’est vrai, et comme tu le dis, c’est réciproque. On s’est par exemple éclaté l’année dernière lors du retour de Doc Gyneco. Popeye à la face, moi aux retours, les deux mixeurs du rap français ensemble. On se connaissait de loin et on se tirait un peu la bourre. Au final c’est devenu mon frérot. On se marre et c’est un mec que j’adore.

SLU : Et il y a du boulot au moins pour deux !

Raphaël Maitrat : Mais oui, et comme il le dit :  » j’ai une grande gueule mais je ne mords pas !  » (rires)

Raph devant sa SSL en plein show.

SLU : Comment vois-tu ton évolution. Vois-tu poindre le bureau derrière lequel tu t’installeras ?

Raphaël Maitrat : Non, ça je ne peux pas pour l’instant. J’ai 41 ans. Je me suis donné encore dix ans, après on verra. La console j’adore comme les responsabilités donc je ne sais pas qui l’emportera sur l’autre. Peut-être aucun des deux. Je ne m’interdis rien. Le noir salle me fait tellement bander que je ne peux pas lâcher ça. En plus je suis jeune dans le métier.

SLU : Allez, refais-nous le cheminement.

Raphaël Maitrat : J’ai 28 ans, je travaille dans le bal, les caf’ conc’, je suis chanteur, J’ai mon matos et je suis passionné de son. Je me dis que je ne vais pas faire ça toute ma vie. Je rentre en formation à l’INA. De là j’enchaîne par un stage de 4 mois chez Dispatch. Alain Leduc m’emmène en tant qu’assistant retours sur Charles Aznavour. Je rencontre Laurent Ballin, le régisseur de Djamel, qui me fait rencontrer à son tour Fabrice Eboué avec qui je commence à faire des dates. Dernier coup de bol, le responsable de la sécu du Comedy Club n’est autre que le frère du producteur de Sexion d’Assaut.

Lumières, son, paillètes, CO2, vidéo, danseuses, et ball…, ball…, non, pas encore !

SLU : On pourrait appeler cela l’interview cerise, une tire l’autre.

Raphaël Maitrat : Et beaucoup de boulot. Je suis loin de tout bien faire, mais je m’investis à fond. Le gros avantage est que l’équipe dont je m’entoure se donne aussi au max. J’avais un buzz sur une tranche et ils en sont venus à bout. Je savais qu’ils n’allaient pas lâcher l’affaire. Il ne faut jamais oublier qu’on ne fait pas un métier de solistes.

SLU : Il a quand même failli partir à la benne ton Universal Audio (rires)

Raphaël Maitrat : Ce n’est pas le mien d’abord, il est à FA Musique ! Heureusement le buzz ne passait ni dans les retours, ni dans le car TV.

SLU : Il a bien évolué le show de Black M, c’est plus sympa à travailler pour toi.

Raphaël Maitrat : Exactement. Il n’y a plus qu’un petit set DJ, tout le reste est live avec des musiciens, des chorus, des danseuses, des ballons (fainéants ;0) C’est devenu un vrai gros show kiffant. L’artiste est ultra généreux et le public repart enchanté.

Noir salle

Noir salle. Raph commence à bouger comme un diable dans sa boîte, et les membranes dans les leurs de boîtes, en font autant. Pour les 95 dBA on repassera, mais cela reste agréable et malgré tout raisonnable. Le mix orchestre est  » in the pocket  » dense et précis, bien aidé par les musiciens qui envoient, avec notamment une très belle basse et une batterie des grands jours.

La voix de Black M est bien tenue et timbrée grâce à un préampli compresseur à tubes qui a décidé de dormir la tête sur un transfo et ne plus ronfler. Certains guests en revanche sonnent un poil moins bien. Le public array se tire comme souvent la bourre avec le line array et fait des pointes en dBA à trois chiffres qui laissent pantois le bois allemand, mais c’est qu’on sait crier son bonheur en France !
Pour l’avoir bien écouté, le GSL, le grand absent de cette tournée, va sensiblement modifier la donne avec un rendu beaucoup plus généreux et doux, complet de bas en haut et réellement full range. A très vite pour vous raconter tout ça, bonne route à Raph, XaXa et tous les autres techniciens, et encore merci pour l’accueil et votre temps.

Les voilà enfin, les ballons clôturent le show sous l’œil virevoltant des caméras !

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Présentation & écoute

Focus Venue de Fohhn, droit vers le futur

Il y a plusieurs façons de faire du son, mais depuis 25 ans et l’avènement de la ligne source, on n’a fait qu’améliorer ce concept. Fohhn a décliné en mode touring son idée de ligne droite à faisceau pilotable et plus de 600 visiteurs ont découvert Focus Venue « The sound of future ».
Pour mieux faire connaître la marque et permettre au plus grand nombre de visiteurs de découvrir Focus Venue, Fohhn et son importateur français Rock Audio, ont eu l’idée de louer durant les JTSE 2017 un plateau TV vide à proximité des docks Pullmann et d’y accrocher leurs produits les plus représentatifs. Et nous y étions aussi.

L’impressionnant alignement de colonnes de la plus petite enceinte à Focus Venue montré ici en deux kits différents, et de subs avec un montage en arc sub de 8 PS-9

Une première soirée sur invitation a vu se presser un grand nombre de prestataires et de décideurs pour une découverte en détail de l’ADN de Fohhn, sa démarche « digitale » et surtout pour écouter en avant-première Focus Venue, le premier système ouvertement touring du fabricant allemand.

Retour vers le futur avec Uli & le Doc Borreau

Rien de tel pour commencer qu’une balade dans un passé pas si lointain avec deux personnages très hauts en couleur et en décibels : Uli Haug, cofondateur et directeur du marketing et des ventes de la marque allemande et Daniel Borreau de Rock Audio, le distributeur français de Fohhn. On leur laisse la parole, mais à l’écoute de notre dictaphone, que c’est dur de taper ce texte…sans rigoler!

Dos à 8 PS-9, de sacrées soufflantes, et de gauche à droite, Jochen Schwartz, le PDG de Fohhn, Uli Haug, le directeur du marketing et des ventes et Daniel Borreau, la tête et les jambes de Rock Audio.

Si vous ne connaissez pas encore cette société allemande, elle est née en 1993 de l’association de Jochen Schwartz et Uli Haug qui ont eu la bonne idée de choisir le nom Fohhn et pas comme d’autres avant eux et toujours à Stuttgart, leurs initiales s&h. Jochen étant clavier et Uli ingé façade, après avoir utilisé les systèmes disponibles à cette époque ont eu envie de concevoir des enceintes meilleures ou différentes, voire les deux, avec trois idées conductrices : qualité, simplicité et innovation.

Plus d’une centaine d’invités sont présents pour ce lancement parisien et sonore de la Focus Venue.

Le premier produit sorti, en 1996, a été l’Easyport, une enceinte de public address intelligente et sur batterie, toujours au catalogue 20 ans plus tard, et qui s’est vendue sous plein de marques différentes. Ce petit produit lance Fohhn et à partir de 2001, un virage fondateur est pris, celui du digital à la fois dans l’amplification comme dans celui du contrôle des haut-parleurs, sans doute la clé de son succès. En 2005 sort Linea Focus la première enceinte active embarquant un DSP et contrôlable à distance.
Ce modèle, même si amélioré, existe lui aussi toujours au catalogue. La maîtrise des amplis numériques, du processing temps réel et de la communication avec un soft de pilotage déporté, incitent alors le directeur du développement électronique de Fohhn, Bern Nimmrichter, à plonger dans le beam steering, le pilotage des faisceaux sonores ou encore la directivité contrôlable avec un rêve en tête, celui d’être en mesure de le faire sur tout le spectre sonore et d’être capable d’offrir au marché une gamme complète de produits couvrant tous les besoins.

Le Fohhn que l’on connaît aujourd’hui est né, mais tout reste à faire. 4 années sont nécessaires pour mettre au point le Linea Focus, qui sort en 2009, et le marché réagit positivement y compris en France grâce au travail de Daniel Borreau, car ce produit résout nombre de problèmes avec sa petite taille et son contrôle de la directivité qui est devenu une réalité. Le prestataire français Silence rentre dans boucle pour l’exploiter en TV. 2011 voit l’arrivée du plus puissant Focus Modular, le premier système en colonne, modulaire et à contrôle actif de ses faisceaux, où le grave aussi est dirigé et est complété par un sub très innovant, le PS-9.

Trois époques, trois produits emblématiques de Fohhn avec à gauche Linea Focus, accroché au milieu deux lignes de Focus Venue et à droite Focus Modular.

Ce système, dont le diamètre est celui d’un ballon de foot, a été notamment employé avec succès par Silence pour sonoriser la Fête de la musique place du Capitole à Toulouse ou encore a été installé en fixe à l’Opéra Bastille à Paris. La dernière déclinaison, de loin la plus puissante de la gamme Focus, est le système modulaire Venue, conçu pour le touring et la diffusion de puissance à très longue portée, tout en disposant de la même simplicité de mise en œuvre et technologie de guidage de Fohhn. Tout ceci demande beaucoup de matière grise et ça tombe bien car l’équipe de R&D est composée de 20 ingénieurs, une équipe qui comme la fabrication et l’administration, est située dans les locaux de Nürtingen près de Stuttgart. Tout est fait maison ou provient de partenaires allemands, du plus petit au plus gros produit.

Le futur du line array est d’être droit

Chris Bollinger à gauche et Daniel Borreau présentent le module FV-100.

Après cette belle entrée en matière, place à Chris Bollinger, ingé application Chez Fohhn et forcément à même de nous expliquer plus en détail le système Focus Venue. The future of line array is straight, le futur de la ligne source est d’être droite, tel est le credo qu’il martèle en préambule, puisque l’orientation et la conformation du faisceau vertical est entièrement électronique, mais les principes acoustiques reposent sur la ligne source modulaire.

Deux modules actifs composent Focus Venue. Le plus petit en taille s’occupe de reproduire les plus petites fréquences, celles aigües et s’appelle FV-100. Il travaille à partir de 800 Hz et dispose pour cela de 8 moteurs de 4” à sortie 1,5” et de 8 autres moteurs de 1,75” à sortie 1”. C’est donc un module à deux voies actives dont chacun des 16 transducteurs dispose de son ampli numérique développant 250 W, précédé par son DSP.

Une vue du manifold, le collecteur dans lequel aboutissent notamment les 8 moteurs 4″ Eighteen Sound de la tête FV-100.

A un mètre, la pression max est de 150 dB SPL. Deux modules délivrant 156 dB à 1 mètre, en appliquant une décroissance de 4 dB environ par doublement de la distance, on arrive à 130 dB à 100 mètres.
Tout ce qui se trouve en dessous de 800 Hz est confié aux bons soins du module FV-200 qui dispose pour cela de 8 HP de 10” à longue excursion, pavillonnés, montés par paires et alimentés par 4 amplis numériques de 1 kW contrôlés par 4 DSP. Le SPL max étant de 145 dB, le ratio tête renfort est de deux FV-200 pour un FV-100.
Chaque module dispose aussi d’un système télécommandable à distance appelé CDT pour Convertible Dispersion Technology, dont le rôle est de le basculer mécaniquement d’un mode bass reflex à un mode cardioïde.
Cette option est très importante car la mise en colonne de systèmes très directifs génère une onde arrière, une sorte d’effet miroir qui peut se révéler très gênant, surtout quand l’on connaît le spectre très large reproduit par Focus Venue. La chute à l’arrière du système atteint jusqu’à 24 dB dans le bas médium, autant dire, beaucoup d’énergie en moins.

La différence la plus notable de Focus Venue comparé à une ligne de boîtes classiques réside dans la simplicité de mise en œuvre où il suffit d’assembler et de lever la colonne. Puis à l’aide d’une souris et de Fohhn Audio Soft – le logiciel intégré de la marque contenant tous les modèles et gérant tous les aspects de leur mise en œuvre – de choisir la zone à couvrir au dixième de dB près. Il est aussi possible de couper le faisceau en deux lobes distincts pour éviter, par exemple, une zone réfléchissante ou bien pour concentrer l’énergie sur 2 balcons distincts.

Chris et Daniel Borreau nous démontrent en quelques secondes les avantages d’un beam steering maitrisé comparé au montage classique d’une ligne dans la mise en œuvre de la diffusion d’une prestation type.

Chaque faisceau dispose de l’ensemble des réglages et notamment le niveau, ce qui facilite l’obtention d’une pression équivalente sur deux zones qui peuvent avoir une distance différente par rapport au plateau. Le fait de couper le faisceau en 2 se fait électroniquement et pas par partage des transducteurs, ce qui garantit le maintien d’un front ligne source cohérent.

Un exemple de double lobe proche de ce qui se passe à l’Opéra Bastille ou le FV-100 du bas de colonne tire à la fois sur l’orchestre et sur le premier balcon. Ce qui est simple avec la technologie Fohhn se révèle impossible avec un line array ou bien des enceintes point source.

Autre avantage notable, il est aussi possible en perdant quelques dB de SPL, de lisser les lobes secondaires et réduire d’autant la pollution et les réflexions dans la salle comme sur le plateau. Cette fonction s’avère très précieuse dans des milieux réverbérants.

Une vue d’un tir horizontal classique avec ses lobes secondaires ou asymétriques

Le même avec le lissage enclenché. Ca se passe de tout commentaire.


Une vue d’un réglage spécifique et négatif excluant tout signal dans une portion précise, par exemple une passerelle ou une avancée de scène, sans pour autant pénaliser les premiers spectateurs.

La colonne étant droite, la latitude d’inclinaison du faisceau atteint ± 40° par pas de 0,1° ce qui peut paraître un luxe en champ proche mais est indispensable au lointain pour atteindre une grande précision dans la délimitation de la zone à couvrir ou à exclure.
L’ouverture du faisceau qui varie naturellement en fonction de la longueur de la colonne et du spectre à reproduire, est réglable entre une tête d’épingle et 90°, quasiment la réponse d’une enceinte point source.
Qui plus est, il est possible de travailler en négatif, à savoir exclure une zone et rétablir la couverture au-delà de cette zone.

Le Fohhn Interlock

Qui dit touring, dit rapidité et simplicité de mise en œuvre d’un système. Focus Venue dispose à cet effet de quatre accroches rapides et sécures, permettant de constituer des colonnes très facilement sans besoin d’aucune pièce ou outil additionnel.
Des accessoires sont prévus tels que des frames, des chariots verrouillant les éléments et prévus pour être pris par des fourches de Fenwick et même un pull back afin de pré-incliner toute la colonne et aller ainsi au-delà des 40° ou bien ne demander qu’une partie du tilt aux DSP de bord.

Le chariot très costaud portant une tête FV-100 et une unité de grave FV-200. Sur la tête est verrouillé un frame dont l’épaisseur de l’acier trahit le poids important des éléments, 92 kg pour le FV-100 et 135 kg pour le FV-200.

Le poids des mots, le choc des faisceaux

Chassez le naturel, il revient au galop. Uli Haug, les mains sur la console DiGiCo servant de matrice entre les différents systèmes, pendant que Daniel Borreau joue avec sa souris à fil et fait voler le son de sa voix.

La première démo sonore effectuée par Daniel après cette mise en bouche théorique est particulièrement instructive. D’un simple coup de souris, il fait disparaître sa voix ou plutôt, la remonte et la plaque contre le plafond et les gaines métal de la ventilation qui deviennent immédiatement sonores, là où au sol nous perdons toute pression en champ direct. C’est réellement saisissant, d’autant plus que ces mouvements en temps réel se font sans aucun bruit parasite apparent, un peu comme on éclaire ce que l’on veut avec une torche.

Le premier extrait musical de cette soirée est la version studio de The latest trick de Dire Straits, avec ses aigus cristallins, sa charley vitaminée et pour tout dire trop forte et son pied sec et assez haut perché. Le rendu par Focus Venue est exactement celui du disque que nous connaissons tous par cœur et dont votre serviteur possède la version SACD. Les 64 moteurs face à nous sont précis à l’extrême. Ca claque et ça tape comme jamais avec un calage qui aurait mérité d’être un peu adouci et baissé de quelques dB dans le haut.

Gilles Hugo, traducteur, Daniel Borreau, interviewer et Chris Bollinger écoutent Chris Madden

Le bas médium et le grave qui retrouvent de la membrane et un arc sub de PS-9, apportent le complément d’âme nécessaire à chauffer et assoir le tout. Précisons immédiatement que ces impressions d’écoute sont à prendre avec des pincettes tant ce système est puissant, à très longue portée et que la salle où il est déployé, pour grande qu’elle est, ne permet ni le recul, ni le volume d’air nécessaires à son épanouissement.

L’écoute suivante bénéficie de la présence de Chris Madden qui mixe Anastacia et a été l’un des premiers techniciens à utiliser en salle Focus Venue avec cette artiste lors d’un showcase. Il a été invité à cet effet chez Fohhn pour découvrir le système et faciliter sa prise en main. Il est spécialement présent à Paris avec un multipiste en 96 kHz du concert et son mix sur S6L pour démontrer les capacités live de ces immenses colonnes.

Chris Madden sur sa console 6L prêtée pour l’occasion par Avid.

Malheureusement, autant l’artiste et ses musiciens délivrent une performance de qualité, le mix très, très anglais de Chris, compressé au-delà du raisonnable et assez peu équilibré, ne permet pas de juger du rendu de ce système avec de la musique live, au-delà du fait que Focus Venue peut envoyer le bois, un train de stères de bois. On profite néanmoins de ces quelques notes puissamment jouées pour passer derrière les colonnes et constater qu’en dehors des subs PS-9, rien, absolument rien ne subsiste au-delà des retours de la salle. C’en est impressionnant car pendant que devant on a largement 105 dBA, derrière on peut se parler sans se fumer les étagères à mégots.
L’écoute oreilles reposées du lendemain matin confirme la première bonne impression. Sans subs et sans aucune égalisation, le système composé de deux têtes et deux unités de grave par côté – ce qui équivaut peu ou prou à 8 têtes de line array en deux fois 8 ” par côté – donne pleine satisfaction et délivre un grave solide auquel il ne manque que la dernière octave et un peu de niveau sur celle au-dessus.
La brillance et le côté un peu mordant dans le haut est bien atténué, ce qui prouve une fois encore la nécessité d’un réel calage du système.

Au cœur de la boîte avec Chris

Nous profitons de la présence de Chris Bollinger pour en savoir encore plus.

SLU : Comment effectue-t-on la mise en phase d’un système comme Focus Venue ?

Chris Bollinger : « Tout d’abord nous avons la possibilité de faire varier la fréquence de raccord entre les subs – dans notre cas des PS-9 – et le module bas médium FV-200 dont la réponse en fréquence va de 60 à 800 Hz. Ensuite il faut choisir et régler la zone de couverture des FV-100 et ensuite celle des FV-200.
Ce réglage est double et se fait séparément, d’autant qu’en fonction de la longueur de la colonne, la directivité du grave change. Dans le cas de la colonne que nous avons ici, 2,60 mètres, cela nous donne une possibilité de réglage jusqu’à environ 250 Hz. Une fois que ces deux réglages sont faits, on cale les délais entre haut et bas car le trajet n’est pas le même. Pour cela on emploie des sweeps autour de la fréquence de raccordement et on cherche un gain de 6 dB. Enfin on cale les subs. Bien entendu dans le volume que nous occupons, on a dû calmer de 80 à 130 Hz, mais pour le reste, les rideaux latéraux jouent bien leur rôle.

Uli Haug et Chris Bollinger

SLU : On a vu des photos où têtes et renforts sont soit en haut soit en bas et parfois les deux sont séparés en deux colonnes juxtaposées…

Chris Bollinger : On place comme on veut les modules. Il n’y a aucun recouvrement entre les deux et les pentes du filtre sont à plus de 30 dB/oct, il n’y a donc pas de risque.
En revanche pour que le couplage entre les renforts FV-200 soit une réalité, il ne faut pas interrompre la colonne. Il suffit de placer les aigus en partie en haut de la colonne et le reste en bas.

SLU : Combien de dB perd-t-on en basculant en mode cardioïde ?

Chris Bollinger : On en perd 6 devant, essentiellement dans l’octave 60 à 120 Hz mais plus de 20 db derrière. C’est donc un nettoyage très efficace voire indispensable en cas de captations multi micros comme en classique. En revanche il y a des applications comme par exemple le couplage de 5 colonnes de FV-200 à la verticale d’un plateau central (à la TM Array de Meyer NDR), où cette énergie est utile, et j’ai conçu un design pour un show où justement ce surplus entre 60 et 70 Hz lié à l’exploitation du plein potentiel des FV-200, m’évitera d’ajouter des subs au sol.

SLU : Et « lesser is better en audio »

Chris Bollinger : Toujours. Il peut aussi être intéressant de jouer avec un mur dès lors qu’on peut être par exemple à 30 cm de ce dernier. Dans ce cas on peut récupérer une partie de l’énergie sans basculer en cardioïde. Quoi qu’il en soit, notre système ne fait appel à aucun haut-parleur supplémentaire, on modifie simplement le trajet de l’onde arrière. La mise au point de ce système a pris du temps car tout ce qui est mécanique doit être testé afin de garantir son parfait fonctionnement dans le temps avec les contraintes d’une manipulation parfois brusque.

SLU : On voit sous chaque module, une partie qui semble ouverte aux deux extrémités.

Chris Bollinger : C’est normal. Dans chaque module il y a un pavillon et ils se couplent quand on assemble les lignes.

Parfaitement soulignés par un heureux spot rouge, les bas des modules montrent l’ouverture faisant en quelque sorte communiquer un pavillon avec un autre. Cette ouverture existe aussi en tête de module.

SLU : Où en est-on de la finalisation des presets de Focus Venue ?

Chris Bollinger : Nous y travaillons à l’heure actuelle (inter effectuée le 20 novembre 2017 NDR). Nous ne savons pas encore si nous allons livrer un preset contenant des variantes qui tiennent compte du nombre de modules et de leur placement ou si l’on va n’en livrer qu’un accompagné d’une sorte de manuel expliquant les variations à opérer dans le calage pour tenir compte de la nature de son système. Notre système n’est pas difficile à mettre en œuvre.

SLU : Quel est le prix à payer quand on tire trop sur les DSP, je pense par exemple à un faisceau dévié au maximum à 40°.

Chris Bollinger : On entend quelque chose au-delà de 30°. Si l’on doit aller au-delà, il est bien plus malin de tilter la colonne mécaniquement, chaque module embarque pour cela un inclinomètre. 40° génère aussi des réflexions avec les ébénisteries et la grille avant. A 30° c’est parfait, on perd juste un peu d’énergie.

SLU : C’est facile de diriger des fréquences basses ?

Chris Bollinger : Bien sûr, beaucoup plus ; Il n’y a pas de lobes secondaires car les HP sont très proches les uns des autres, et c’est pour cela que nous n’avons que 4 amplis et 4 couples de 10”. L’avantage de Focus Venue par rapport à un line array classique c’est que nous travaillons le grave et l’aigu séparément, alors que dans le traditionnel, le couplage rend le grave directif pendant que la courbure de la ligne répartit l’aigu sur une zone plus importante. Ce n’est pas cohérent. Autre avantage énorme, l’absence de lobes secondaires que nous nettoyons très efficacement, nous apporte plus de précision et moins d’annulations de phase par réflexion notamment avec le sol. Contrairement à la légende qui veut que le beam steering soit nocif pour le son, c’est exactement l’inverse.

SLU : Comment se raccorde-t-on aux modules ?

Chris Bollinger : L’audio peut être fourni soit directement en AES/EBU, soit via notre protocole AIREA. Ce dernier comporte l’audio en AES/EBU mais en plus véhicule une tension de 50 V pour la commande des amplis et Fohhn Net Control pour avoir la main sur les DSP et rapatrier leurs données. AIREA permet de séquencer l’allumage des modules si ces derniers sont cascadés. La distance maxi pour le câblage reste 100 mètres essentiellement à cause de l’AES/EBU, mais dès la première enceinte connectée, le signal audio numérique est reconditionné dans chaque module. L’entrée numérique accepte toute fréquence rentrante mais convertit au format de travail qui est le 48 kHz, 24 bits.

SLU : Quelle est la latence du système ?

Chris Bollinger : Extrêmement faible car nous n’employons pas de filtrage FIR. Précisément de 0,84 millisecondes contrairement à l’ensemble de la concurrence qui retarde beaucoup plus pour effectuer du beam steering. Nous sommes très fiers du résultat de tant d’années de travail, et aussi du fait que toute l’électronique de calcul et de puissance est conçue et fabriquée chez nous.

Nouveaux subs et amplis

SLU : Sauf celle qui équipe les subs PS-9

Chris Bollinger : C’est exact. Mais nous sommes sur le point de finaliser nos nouveaux subs en 2×18”. Nous préférons ici encore développer notre propre matériel. Nous en avons besoin pour Focus Venue et qui plus est ils doivent pouvoir être accrochés, mais une version sans ferrures sera aussi disponible.
Ce nouveau sub est passif, équipé de haut-parleurs très puissants à très longue excursion et est équipé d’un évent particulièrement raffiné. On dispose chez Fohhn d’un ingénieur spécialisé dans les fluides qui a passé beaucoup de temps avec fumée et caméra pour l’optimiser et gagner encore du niveau. On aura aussi une version à un seul 18” et des modèles plus petits.

Une vue du nouveau sub 2×18″ simplement montré en statique lors de cette présentation de Focus Venue. Regardez-le bien, c’est le seul exemplaire qui existe pour le moment. La grille risque aussi de changer pour favoriser le plus possible le flux d’air.

Tous bénéficieront de la nouvelle ligne d’amplis maison et qui délivre, ou va délivrer en fonction des modèles et par canal, de 500 W à 4 kW. Il y aura à terme 6 modèles. Sur un châssis commun, ils acceptent des blocs à l’arrière qui comportent l’électronique nécessaire ainsi que les prises correspondantes. Cela leur offre la possibilité d’être attaqués sous différents formats et, en sortie, de pouvoir satisfaire l’installation avec des Euroblock et le touring avec des Speakon.
Tout nouveau format peut donner lieu au développement d’un bloc spécifique. Pour le moment on a Dante, Optocore, AES/EBU et analogique. L’autre particularité de ces amplis est d’être en mesure de soutenir la puissance de crête pendant 10 secondes, ce qui dénote d’avec les autres fabricants qui affichent une moyenne de 100 ms (un peu plus chez certains NDR). On ne sait pas si on gardera une valeur aussi élevée ou si on descendra à 5 ou peut être 3 s, mais quoi qu’il en soit, cela reste très important.

Le futur Fohhn DI-4.1000. Sobriété et efficacité.

Le même DI-4.1000 côté pile, rien de tel pour comprendre un appareil. Les modules sont ici en entrée l’AES/EBU et en sortie le Speakon. Remarquez aussi le port vert Status Control prêt pour l’emploi de cet amplificateur dans une configuration d’évacuation.

SLU : Vous avez la capacité de sortir d’un ampli, la puissance max sur des charges comme des subs pendant dix secondes sur tous les canaux à la fois ?

Chris Bollinger : Non, impossible sur une prise 16A. Mais sur un de nos amplis de 2×4 kW, un canal seul peut délivrer 4 kW en continu. Nous employons un PFC, un transformateur Planar et une topologie qui recycle le courant retour des haut-parleurs (et sans doute aussi une batterie de chimiques à forte capacité et très haut voltage en sortie d’alim et en sortie de PFC. NDR)

SLU : As-tu eu la possibilité d’écouter ton nouveau sub alimenté par ce qui sera son futur ampli et de comparer avec le PS-9 ?

Chris Bollinger : Oui, j’ai eu cette chance la semaine passée, et je peux te dire que c’est encore plus précis. Un système processé s’entend à bas niveau, la boucle d’asservissement se fait remarquer. Rien de tout cela avec nos futurs subs. Et ça tape très fort.

SLU : En termes de SPL ?

Chris Bollinger : Il est moins puissant que le PS-9. Il en faut presque deux pour pouvoir délivrer la même pression, mais ça ne me gêne pas. Avec ces nouveaux subs on va pouvoir créer des colonnes, des 360°, des colonnes cardio et surtout on pourra jouer avec la directivité via notre soft qui est très pratique puisqu’il calcule tout à ta place. »

PT-70. Quand il n’y en a plus, il y en a encore

Une dernière enceinte attire notre regard, accrochée très haut dans la salle. Elle développe une puissance peu commune avec un très joli respect du son malgré sa taille raisonnable. Bingo, c’est encore une nouveauté et s’appelle PT-70. Elle accepte 900 W et 3,6 kW en crête et délivre140 dB SPL avec son preset.
Ce n’est pas tout. La PT-70 dispose du volet présent sur Focus Venue et faisant varier sa directivité à la demande, le système CDT. On desserre un frein, on fait coulisser ledit volet, on le verrouille à nouveau et le tour est joué. La directivité est passée en cardioïde. Temps nécessaire : 5 secondes. Comme nous l’a dit Chris, cette idée a été testée et validée sur cette enceinte et ensuite, une fois motorisée, transposée sur le module Focus Venue FV-200.

La PT-70 avec son étrier tout en haut de la salle à côté d’une colonne Focus Modular et bien éclairée par une découpe.

La face arrière de la PT-70 en mode omnidirectionnel que l’on reconnaît au rond blanc en bas de la grille. Si on fait coulisser le volet en bas, apparaît la forme de cœur caractéristique, et on est donc en mode cardioïde. Le gros 90° sur l’étiquette indique la directivité du modèle, ici une 90°x50°

Passive et ne pesant que 39 kg, elle embarque deux 12” à longue excursion placés dans une chambre de compression et un pavillon, et un moteur de 1,4” débouchant sur un guide à directivité constante ouvrant à 90°x50° ou bien 60°x50° en position centrale, un montage quasi coaxial.

Le guide du moteur 1,4″ placé au milieu de l’enceinte, entre les bouches de sortie des pavillons des 12″.

Une vue de la chambre de compression placée face au dôme d’un des 12″. Le reste de la membrane est chargé par un pavillon qu’on devine. On sait comment faire grimper aux étoiles la sensibilité d’une enceinte chez Fohhn…

Conclusion ou Abschluss

Focus Venue, PT70, nouveaux subs, nouveaux amplis, vous l’avez compris, à Francfort cette année, ça ne va pas chômer sur le stand Fohhn et on risque d’avoir du mal à déguster les dernières cochonailles et les belles quilles du couple infernal Uli & Daniel tellement ils vont être sollicités. Il n’en reste pas moins qu’on tire notre chapeau à Fohhn et à l’esprit d’innovation qui habite réellement chaque membre de son équipe.

Derrière un slogan accrocheur mais parfois bien loin de la réalité comme leur : « The future of the line array is straight » se cache une réalité qui marche et qu’il faudra juger dans des conditions réelles et pour ça, quoi de mieux que d’avoir une ligne Focus Venue pour une presta ?
A l’instant où vous lisez ces lignes, Rock Audio a investi dans un système constitué de deux FV-200 et d’une tête FV-100. 150 dB SPL prêts pour toutes les démos et, avec l’aide de la maison mère, pour servir tous les projets les plus ambitieux. Pas de pitié pour les bananes coudées. En Allemagne on les préfère droites !

D’autres informations sur le site Rock Audio et sur Le site Fohhn

Le son sans frontières

Séminaire DV2 et Séquoia, Adamson IS7 et MDC J14 en écoute

Le comité d’accueil du séminaire avec de gauche à droite Laurent Laignel, Claude Rigollier, Denis Guichard, Julien Poirot, Sébastien Desaever, Didier Dal Fitto, Guy Vignet et Pascal Guillaume

DV2 et Sequoia ont le vent en poupe, à tel point que Guy Vignet et les siens ont convié clients et presse à un séminaire à Baudreville dans le Cotentin (il n’y a pas la mer dans l’Eure-et-Loir Ludo..) pour un tour d’horizon très sonore de leurs nouveautés.
Une fois pris le bon cap, ouest donc, nous arrivons à bon port, dans un ravissant manoir qui sert de lieu d’expo et d’écoute, copieusement farci de matériel alimenté par un groupe qui ronronne sagement dans la cour.

Le manoir avec derrière les fenêtres, du son, et du bon.

La grosse nouveauté est le J14, le « petit » Sector de MDC, la marque phare de Sequoia fruit de la collaboration avec Mario Di Cola, réputé acousticien et concepteur d’enceintes italien. En plus du J14, on va aussi pouvoir écouter pour la première fois l’IS7 d’Adamson, cette fois-ci distribué par DV2, la déclinaison d’installation en plus petit du S10 de touring. Enfin on pourra jeter un coup d’oreille aussi sur quelques autres produits MDC taillés sur mesure pour le marché français.

C’est Didier Dal Fitto alias DDF qui mène les débats, assisté par les équipes commerciales présentes, et c’est MC Jul Poirot qui va envoyer le moment venu, une gomme bien calée. Autant vous dire que ça ne plaisante pas…qu’un peu ;0)

Commençons par le J14 MDC qui est présenté en différentes configurations par Didier.

Didier Dal Fitto en plein speech. Pas plus de 65 dBA de voix mais des infos en pagaille.

Didier Dal Fitto : « Il doit son nom au 14” qui l’anime et fait partie de la famille Sector Array. Contrairement au Sector qui est en trois voie actives, le J14 est en deux voies passives. En plus du 14”, la touche d’originalité de cette enceinte, c’est le haut du spectre toujours confié aux mêmes 3 moteurs d’un pouce du Sector, aboutissant dans une chambre acoustique Segment Source.
Ce nom vient du fait qu’on segmente en trois parties, via trois sous chambres acoustiques, l’audio issu des trois moteurs. Le résultat est une directivité horizontale de 24°.
Nous avons veillé à rendre le J14 parfaitement compatible en termes acoustiques comme mécaniques avec le Sector, d’où notamment l’utilisation de la même chambre acoustique et des mêmes moteurs. La barre de couplage pour 2 têtes est aussi la même. Le footprint des Sector et J14 est identique, sauf la hauteur.

Un J14 montrant la très belle facture de son accroche prête à assurer un montage « gradins » en courbure constante.

Comme avec le Sector, ces 24° peuvent se transformer en 48, 72, 96 et ainsi de suite en ajoutant des enceintes au gré des besoins. Pour cela il suffit d’accrocher ou poser le J14 verticalement. Comme c’est un modèle plus petit, on a souhaité un peu plus de polyvalence et on a facilité l’usage en proximité en lui donnant une ouverture verticale de 90°, 30 de plus que le Sector.

Trois J14, une façon simple, abordable et constructive de couvrir 72° en vertical et 90° en horizontal

Le J14 peut donc être utilisé dans les deux configurations et dispose à cet effet de moyens mécaniques d’accroche dédiés tant pour le touring que pour l’installation fixe. Un frame est notamment prévu pour accrocher jusqu’à trois boîtes et dispose d’un beam rétractable avant ou arrière afin de pouvoir le tilter entre ± 45°.
Ce même frame pourra aussi servir pour accrocher le sub prévu pour accompagner le J14 et qui n’est autre que le MDC1, déjà présent à notre catalogue. Deux petites cames permettront de garder le frame à 0° quel que soit l’angle des têtes, ce qui est indispensable en installation pour préserver un joli visuel. Ces mêmes cames facilitent des utilisations stackées.
Le MDC1 complète idéalement le J14 puisqu’il peut supporter une barre standard pour le porter à la verticale grâce à des puits. La disponibilité du frame sera annoncée rapidement.

Le MDC1 sans sa grille avant et qui montre son 18” et des évents très largement dimensionnés.

SLU : Amplification et quelques chiffres ?

Didier Dal Fitto : Chaque enceinte passive J14 présente une impédance de 8 ohms. En fonction des amplis, il est possible d’en mettre deux ou trois en parallèle. Les subs MDC1 sont des 4 ohms et peuvent être montés en parallèle par deux. Typiquement avec le X4 Powersoft qui délivre 4 x 5 kW sur 2 ohms, il est possible de constituer une petite diffusion complète avec, par côté, trois têtes et deux subs.
Un preset spécifique développé sur la plateforme Armonia est disponible. Le SPL Max mesuré des J14 (bruit rose IEC) est de 141 dB et la bande passante va de 65 à 18 kHz à -10 dB.

On ne rigole pas à Scandicci. Si les prix restent sages, les spécifications techniques du X8 s’affolent, et ce jusqu’à des impédances proches du court-circuit. 8 fois 5 kW. A ne pas raccorder sur des gamelles délicates… »

Du MDC dans nos oreilles

Après cette présentation, Julien Poireau prend le relai et nous permet de découvrir, en guise d’amuse-bouche et surtout d’amuse-oreille, un certain nombre de produits au catalogue MDC, dont les inévitables enceintes polyvalentes et coaxiales renfort / retour de scène équipées d’un 12 et d’un 15”, le passage obligé pour exister lors des appels d’offres nationaux.

La bonne surprise commence avec la MDC-12. Ouvrant en conique à 80°, elle s’appuie sur un 12” à bobine 3” et un moteur à dôme 3” et gorge 1,4”, les deux mus par un aimant néodyme. Passive, cette enceinte accepte 350 Watt AES et des crêtes 3 dB au-dessus et deux modes sont prévus, renfort ou wedge.

Un wedge MDC12. Du bon son et un prix très sympa.

Deux angles sont découpés dans son flanc pour l’utilisation bain de pieds et enfin une embase pied à deux positions 0 et -7,5% est prête à recevoir un tube standard K&M. Il est possible de commuter l’enceinte en actif via un cavalier interne.
Un peu plus lourde que sa fameuse concurrente française, la MDC-12 n’en dispose pas moins d’un excellent rendu, très délié et équilibré où l’on n’a pas besoin de sortir les ciseaux ou le mastic pour gérer les trous et les bosses. Une très belle réussite réellement plug & play.

Presque identique, la MDC-15 offre quelques dB SPL en plus, un grave plus dense, pouvant suffire dans certains cas de figure en renfort, et un poids légèrement supérieur à la 12. La différence réside dans de HP de grave, un 15” à bobine 3,5 et le moteur d’aigu à bobine 2,5” et sortie 1,4”. Ce moteur est chargé par un guide conique de 60°.
Il est aussi possible sur ce modèle de commuter l’enceinte en actif via un cavalier interne mais ce choix est rarement fait vu le faible écart entre les deux montages et les coûts que cela engendre en termes d’amplification. Le filtre très élaboré comporte en plus une protection efficace pour le moteur, généralement le grand perdant des montages passifs.

Devinez de quel côté se trouve la MDC-15 ?

Le son ici aussi est bon mais demandera à être travaillé pour ôter un léger embonpoint dans le bas et quelques dB dans le haut médium ayant tendance à muscler un peu les sifflantes. Cela reste toujours aussi délicat de bien faire cohabiter un 15 et un moteur dans un montage à deux voies, bravo donc à Mario, surtout quand l’on sait le prix de vente de ces deux enceintes.
En prix public HT et à l’unité, la MDC-15 sort à 2100 € et la MDC-12 à 1400 €. Comme nous le dit Guy Vignet au sujet des produits MDC : « Si tu sais trouver les bons outils, tu peux bien faire du son. Pour la notoriété de la marque en revanche, tout reste à faire. »

La découverte du J14

Vient ensuite l’écoute du J14, le petit Sector qui a perdu au passage la voie médium et un fonctionnement en actif par rapport au grand frère, mais a gardé sa section aigue franchement très musclée.

Une autre façon d’utiliser le couple J14 et MDC1 avec une barre télescopique K&M, un combo redoutablement efficace et qui devrait faire un malheur avec un Quattrocanali chez les DJ itinérants.

La première configuration est celle en accroche à plat, formant donc un arc de trois fois 24° verticalement et 90° horizontalement, un montage à courbure fixe, intéressant par exemple face à un gradin dans un petit espace ce qui n’est pas du tout le cas dans la salle qui nous accueille.
Le nota bene de DDF avant de lancer les extraits musicaux prend tout son sens. On est trop près des trois J14 qui du coup apparaissent un peu durs même s’il faut leur reconnaître une santé, mais alors une santé…

La configuration suivante est composée de deux têtes couplées verticalement et accrochées à l’aplomb de deux subs MDC1. Le rendu est plus équilibré et la dynamique du morceau utilisé pour l’écoute (Wishing well de Michael Ruff, on vous le conseille NDR) claque comme il se doit.
De toute évidence, le JD14 est une force de la nature qui ne fait pas dans la dentelle et a été conçu pour délivrer impact et SPL. Après quelques ajustements nécessaires pour l’adapter au local et à ses goûts, il fera très bien l’affaire, surtout quand le budget et l’espace sont contraints mais les besoins en pression importants.
Mission accomplie aussi pour les MDC1 qui soufflent fort sans trainage, et donnent à l’ensemble une réponse en fréquence complète et qui sonne diablement pro. La directivité semble bien gérée, une pièce de mise en phase ayant été placée devant le 14”.

Un montage en accroche verticale de deux têtes J14, on aperçoit la chaîne raccordée à la même barre de couplage que Sector.

Didier Dal Fitto : « C’est un montage à deux voies. Comme des moteurs 1” ne peuvent pas descendre trop bas, et le 14” monter trop haut, on a choisi avec Mario de les raccorder vers 900 Hz et de mettre cette pièce pour optimiser la directivité et la réponse hors axe en l’élargissant. »

Guy Vignet : « Une fois encore il est important de rappeler le positionnement et le rapport qualité prix de cette enceinte qui est proposée à 2400 € HT l’unité en prix marché, un prix qui une fois ajoutés les subs et l’amplification, rend le système très attractif.

Même avec un gros performeur comme le X4 Powersoft qui donne de l’air au bas avec ses 5 kW par patte d’ampli, on reste en dessous des 10 000 € pour une configuration deux têtes et deux subs qui satisfait tout professionnel. Il y a une grosse attente autour de ce type de produit, une enceinte polyvalente, de petite taille à courbure constante, bien équipée, bien fabriquée et surtout abordable.

SLU : Quelle est la date de livraison des premiers J14 ?

Le coupleur et guide des trois moteurs du J14 dont chacun des trois couvre 8°

Didier Dal Fitto : Les tous premiers jours de janvier 2018. Il reste quelques détails dans les accessoires et la finalisation du preset, mais ce sera réglé pour les premières livraisons. On dispose d’un certain nombre d’outils dans Armonia avec lesquels on travaille afin de donner au J14 un fonctionnement optimal une tête seule comme couplé à plusieurs. »

Pour avoir du son, il faut des consoles non ?

Laurent Laignel, le monsieur DiGiCo de DV2 profite des quelques instants entre deux démos d’enceintes pour nous rappeler, diodes et codeurs en couleurs à l’appui, l’étendue de la gamme et la politique du fabricant anglais qui de plus vient, via son groupe, d’avaler SSL.

Laurent Laignel : Le très gros point fort de DiGiCo est son évolutivité, hardware d’abord par l’ajout comme chez les autres fabricants de stage racks et de cartes pour exploiter le potentiel de chaque console, mais surtout software grâce aux mises à jour qui ont fait par exemple d’une SD9 avec 40 flexi channels et un certain nombre de ressources de traitement, une console qui aujourd’hui offre grâce au Core 2, 96 voies mono et des ressources de traitement proches ou équivalentes à celles de la SD7. C’est totalement inédit dans l’industrie audio.

Les deux font la paire et surtout font et défont la marque DiGiCo chez DV2, à gauche Claude Rigollier et à droite Laurent Laignel.

SLU : Quelques mots sur la gamme S qui ne cesse d’en donner aussi toujours plus…

Laurent Laignel : La gamme S a introduit chez DiGiCo la notion de carte l’ouvrant vers l’extérieur. On a la carte MADI BNC, la carte 8 in et 8 out AES, on a ensuite la Dante, l’Optocore très bientôt, l’Aviom et l’Hydra2, le protocole réseau broadcast très puissant de Calrec. Toute évolution future donnera immédiatement lieu au développement d’une nouvelle carte.
Chaque console S dispose par ailleurs de deux slots pour les accueillir et la configurer selon ses besoins car à la livraison chaque table offre uniquement des entrées et sorties analogiques et pas de stage. Cela dit, il existe des packages pour disposer d’une console bien fournie et malgré tout très compétitive. A l‘arrière et en natif, on trouve une prise USB pour enregistrer et jouer de l’audio en multipiste sans gâcher un slot.

SLU : Cette polyvalence, presque cette agilité, n’existe pas sur les SD…

Laurent Laignel : Si, grâce à l’Orange Box qui offre deux slots et qui grâce à eux, permet de convertir d’un format vers un autre ! En 2017 DiGiCo a continué le rapprochement entre la série SD et la S. Les plateformes logicielles sont totalement compatibles entre toutes les SD et toutes les S mais pas entre S et SD où de vraies différences d’architecture, d’OS et d’ergonomie l’empêchent. Même les équipes de développement sont différentes.

La toute nouvelle SD12 DiGiCo. Deux gros écrans, beaucoup de faders, de contrôleurs et des ressources en pagaille pour bichonner 72 flux.

SLU : Et la SD12, qu’offre-t-elle en plus ?

Laurent Laignel : Deux slots d’extension, la fameuse prise USB et deux écrans, ce qui, pour la taille du bac, la rapproche des SD5 et SD7. »

Claude Rigolier : « DiGiCo désormais est en mesure d’intégrer, au sein de ses consoles, l’ordinateur, la carte DSP, le switch sur une seule et unique carte mère avec 32 GB sur deux disques distants et 4 GB de RAM. Et la SD12 gère 72 flux d’où qu’ils viennent. »

SLU : Quel est son prix ?

Laurent Laignel : « Avec son stage 48 entrées, 16 sorties et son flight, elle sort à moins de 40000 € HT. Rappelons aussi que les préamplis des séries S et SD sont les mêmes, ce qui est un gage de qualité et aussi, ne nous en cachons pas, de réduction de coût. Pourquoi développer des circuits moins bons…Idem pour les alimentations qui sont toutes redondées. A quoi bon se priver d’une seconde alim pour quelques euros d’économie. Les acheteurs de S, à une écrasante majorité, font le choix de la sécurité. Et toutes les SD sont redondées d’office ce qui n’est pas le cas sur les consoles équivalentes d’autres fabricants.

SLU : Que fait-on de ses DigiRacks en 48 KHz ?

Laurent Laignel : On s’en sert ! Ils sont toujours compatibles sur les SD comme sur les S, et nombre de nos clients les gardent et les utilisent.

La nouvelle S31 ou comment faire des consoles puissantes qui sonnent et pas chères du tout.

La nouvelle génération, SD-Rack offre en revanche beaucoup plus, comme par exemple la possibilité de travailler en 96 ou même 192, et simultanément récupérer les préamplis sur des sorties secondaires mais à une autre fréquence pour alimenter, par exemple, un car broadcast. Idem pour le gain tracking. Le mixeur façade peut vivre sa vie à la façade, sans changer quoi que ce soit dans le flux adressé à ce même car régie. Et le tout se fait entrée par entrée.

SLU : Et la carte avec les convertisseurs en 32 bits ?

Laurent Laignel : Elle est arrivée. Nous sommes en train de la tester. On a écouté rapidement et la différence est réelle. »

Adamson s’impatiente

Du son et du bon interrompt Laurent et Claude. De toute évidence, les petites têtes d’installation Adamson IS7 et leurs subs IS118 ont été hissées par Julien, et ce dernier trouve le temps long. Il va devoir patienter encore quelques minutes car Didier Dal Fitto nous rappelle les données principales de cette nouvelle enceinte.

Ca sonne et c’est joliment mis en oeuvre. 6 têtes IS7 et deux renforts IS118 avec un petit air d’Energia.

Didier Dal Fitto : « L’IS7, qui ne pèse que 13 kg, embarque deux HP à membrane Kevlar et aimant au néodyme de 7” offrant une impédance résultante de 16 ohms et un moteur 3” à sortie 1,4” NH3 aussi de 16 ohms, plus petit et de nouvelle génération par rapport au NH4 qui équipe les E12 et E15, S10 et IS10. L’enceinte est donc deux voies actives à 16 ohms, ce qui simplifie son exploitation sur tout type d’ampli en fonction de ses capacités.
Le cœur de l’enceinte est constitué par sa chambre acoustique qui en est à sa troisième génération, et bénéficie de progrès décisifs en termes de conception, simulation et maquettage en 3D. L’ouverture horizontale est de 100° et verticale de 12,5°. Un gros travail mécanique a aussi été effectué sur l’optimisation des modes destructifs dans le pavillon, les réflexions intérieures.

Les deux 7” sont placés très proches l’un de l’autre et orientés l’un vers l’autre. Au-delà des bienfaits de cette disposition, ce qui est intéressant c’est la combinaison de ce montage mécanique et du recouvrement de fréquences créé lors du filtrage à phase linéaire entre les 7” et la chambre. Cela contrôle la bande entre 600 et 1,2 kHz où intervient le raccordement entre grave et aigu. Ce recouvrement dépasse l’octave et bénéficie d’égalisations particulières.

Un coup d’œil offert par Didier dans l’IS7, une disposition des composants qui a fait ses preuves, mais avec quelques trouvailles mécaniques comme électroniques propres à la marque.

Enfin comme sur la S10/I10, deux évents latéraux améliorent la directivité du bas médium. Comme sur tous les HP de grave fabriqués dans l’usine d’Adamson, ce cône en Kevlar repousse les modes propres beaucoup plus haut en fréquence comparé au papier, dans une zone où le HP est filtré dans le haut.
Cette enceinte bénéficie enfin de l’acquisition par Adamson d’un robot Klippel, un système permettant des mesures polaires très précises en champ proche jusqu’à des fréquences basses.

SLU : Puisqu’on en parle, quelle enceinte accompagne l’IS7 pour le bas du spectre?

Didier Dal Fitto : Un nouveau sub de plus petite taille et il s’appelle IS 118. Il embarque un HP de 18” comme toujours à membrane Kevlar et aimant au néodyme. La charge est bass reflex et son poids est en dessous des 40 kg. Sa taille lui permet une accroche dans la continuité des IS7.

L’IS 118, aussi beau devant que derrière, et disposant de prises d’entrée et sortie des deux côtés pour faciliter la mise en œuvre cardioïde.

Plus que sub, il agit comme renfort de basses : une troisième voie active. Pour certaines applications, nous proposons des configurations en 4 voies avec un infra en plus, soit le IS119, le sub des IS10 qui, du fait de sa taille et son volume, descend mieux, soit le E119 tiré de la gamme Energia. Le ratio est d’un renfort pour 3 têtes.
Un frame spécifique accueille sub et têtes en accroche ou en stacking et il existe aussi un micro frame pour accrocher jusqu’à 8 boîtes. Désormais le côté HP du sub est indiqué par un discret « front », puisque sur les modèles de présérie, il était impossible de le distinguer. Les deux faces sont en effet identiques afin de réaliser des montages cardioïdes invisibles.

SLU : Est-ce que les ventes ont commencé ?

Didier Dal Fitto : Oui, nous venons de faire la première installation en Allemagne dans une église où de la musique live est jouée avec 10 IS7 et 2 IS118 par côté. Pour ajouter une note infra, deux IS119 sont posés au sol aussi par côté. La nouvelle version de Blueprint AV incorpore à la fois l’IS7 et l’IS118. Le fichier Ease est en cours d’achèvement. Je rappelle que Blueprint Av est gra-tuit et peut être téléchargé librement. Il nécessite simplement l’obtention d’une licence d’utilisation, une clé délivrée sur demande par Adamson. Dès le chargement, Blueprint marche mais s’arrêtera comme plein d’autres logiciels au bout d’un mois s’il n’est pas enregistré. N’hésitez donc pas à le faire avant de vous retrouver bloqués. »

Deux marques pour l’installation

SLU : Comment amplifie-t-on ce système ?

Didier Dal Fitto : « Comme il s’agit de produits d’installation, deux marques sont spécifiées : Lab.Gruppen et Powersoft.

Le D80L Lab.Gruppen, aussi bien dedans que du PLM mais moins cher. Merci qui ? Merci Guy ;0)

Guy Vignet : Tous les produits Adamson de touring sont et resteront contrôlés et amplifiés par des plateformes Lab.Gruppen et cela est le standard dans le monde entier. Pour l’installation uniquement, il est possible de choisir entre Powersoft et Lab.Gruppen puisque ces deux plateformes offrent des garanties en termes de qualité technique, de fiabilité et de performances. »

Deux 12K44 Lab.Gruppen, la solution chic et pour tout dire, pas très utile en installation, pour contrôler et alimenter le système IS7 et IS118.

Didier Dal Fitto : « Dans la gamme Lab.Gruppen, la série D se prête parfaitement bien à cette tâche, même si les PLM+ font évidemment aussi bien l’affaire tout en coûtant plus cher pour des atouts peu utiles en usage sédentaire. Le D est comme un PLM+ mais dont le coût a été réduit par l’abandon de boutons, afficheurs ou contrôles inutiles en statique.

L’avantage c’est qu’en série D, on trouve des modèles n’existant pas en touring et qui collent parfaitement aux besoins du marché de l’installation offrant toujours 4 canaux, Lake et Dante. Leur puissance totale leur sert de nom.
On a donc les 10 développant 1000 W au total et puis les 20, 40, 80, 120 et 200. A titre de comparaison, les 120 et 200 correspondent en termes de puissance aux 12K et 20K de touring.

SLU : Et avec du Powersoft ?

Didier Dal Fitto : Chez Powersoft, on se sert des Duecanali, Quattrocanali ou Ottocanali en fonction des configurations. Chaque référence Due, Quattro ou Otto existe en diverses puissances. On peut donc coller exactement à la réalité du projet.

La gamme Due, Quattro et Ottocanali d’installation de Powersoft et, plus ancien mais toujours vaillant quand il faut affoler les bobines, le K10. Deux pattes, mais de 5 kW.

Bien entendu on peut aussi se servir des X4 et X8, mais ce qui est vrai chez Lab l’est aussi chez nos amis italiens; c’est plus cher et la puissance délivrée par ces plateformes touring doit être exploitée pour que le jeu en vaille la chandelle. Le X8 délivre tout de même 8 fois 5 kW…

SLU : Certains presets Adamson sont donc « traduits » pour Armonia ?

Didier Dal Fitto : On est en train de s’en occuper avec une partie mesure et validation par l’écoute. Nous souhaitons garder la main sur les presets et les certifier afin de garantir à nos clients la même fiabilité dans le temps et le même rendu sonore. Les amplis eux-mêmes sont d’excellente qualité et par exemple un seul X8 peut amplifier 6 IS7 par côté, deux IS118 et avoir largement de quoi alimenter des infras au sol.

SLU : Combien de D80 seraient nécessaires pour cette même configuration ?

Guy Vignet : Forcément deux, ce qui en augmente naturellement le coût. Powersoft est très bien placé en termes de prix et représente une plateforme très intéressante sur un marché où les moyens par projet sont un sujet très sensible. Un X8 coûte le prix d’un ampli 4 canaux… »

Bravo les canadiens…

Arrive le moment de l’écoute des IS7. Elle va être basée sur une unique ligne de six IS7 complétée par deux subs IS118 en mode « infra » à savoir laissés aller le plus bas possible, une configuration préparée par Julien (un immense ohhhhhhh salue cette annonce NDR) Bien entendu les extraits proposés restent les mêmes.

84 kg de patate et finesse. Mon petit doigt me dit qu’on va très bientôt retrouver les IS7 sous le son S7 avec des accroches touring…

Les Fairfield Four et leur fameux These bones très bien enregistré en 1997, démontre une fois encore la qualité et la justesse des enceintes Adamson. Le son est plein, riche et détaillé. Les aigus du nouveau moteur 3” sont cristallins et reproduisent avec finesse le timbre sur les basses rondes des voix de ces chanteurs de gospel.
Une écoute de qualité HiFi. Aucune dureté, aspérité, aucune sifflante mais un sentiment de plénitude et un raccordement réussi entre les 7” et 18”.

Un IS7 dont le flash dévoile le jaune du Kevlar maison des deux 7”.

Fast company des Eagles donne un bon aperçu de la dynamique de ce système. C’est très satisfaisant, jamais agressif et, en 4 voies avec un infra, il doit être possible de « remonter » le grave dans les 18” des IS 118 et encore plus taper.
Enfin sur Wishing well de Michael Ruff, on perçoit clairement le potentiel de ce système car tout passe, des cymbales très brillantes jusqu’à la dynamique non compressée du morceau, sans que le liant de la basse ne soit jamais perdu.

Pour une si petite tête c’est saisissant. Bien déployé et complété dans le grave et l’infra, ce nouveau système donnera satisfaction dans des exploitations musicales y compris en live dans des petites salles et apportera clarté et justesse aux voix pour des usages plus sages. Une très belle réalisation.

D’autres informations sur :

Les vœux de SLU

En 2018, éclatez-vous !

7 ans de boulot acharné, 7 ans de plaisir au quotidien à user des claviers, des souris, des dictaphones, à tester des mises à jour de notre site, à aligner une infinité de cartes mémoire, de coups de fil, de coups de stress, de coups fumants.
7 ans passés à mesurer, écouter, disséquer, comprendre, raconter votre profession, votre quotidien, le pied du patron sur scène mais aussi celui du public de l’autre côté des crashs.

Notre profession permet le rêve à grande échelle dans le respect des normes et dans la plus totale sécurité et le rôle de Soundlightup est de vous accompagner dans la création de ce rêve, semi après semi, flight après flight en vous offrant quotidiennement et gratuitement une information impartiale et critique.

Vous avez le talent, n’oubliez pas votre Leathermann, votre torche et Soundlightup. 2018 est là, nous aussi. Ne manquent que nos vœux. Enormes. E-cla-tez vous !
Ludovic MONCHAT, Journaliste associé

 

Avec Yamaha et L-Acoustics

Le tour de Maggi, Cassar et Alain Français aux Beatles

L’idée du Théâtre des Champs Elysées, le TCE, est belle et ambitieuse. Revisiter chaque année un classique de la pop, un album historique et d’aucuns dont votre serviteur diront mythique, en compagnie d’un ensemble de musiciens et de chanteurs triés sur le volet et dirigés par Yvan Cassar.

Un plan large de la scène du TCE pris depuis la corbeille qui héberge la régie façade. Du beau monde en classique avec 28 musiciens, en chœurs avec Opus Jam qui outre un titre en solo, a rempli les derniers interstices d’arrangement. Tout en bas, les instruments « rock » avec tout en double sauf la basse et en bas à gauche au milieu de ses claviers, Yvan Cassar.

Ajoutez des artistes comme Francis Cabrel, -M-, Imany, Laurent Voulzy, Natalie Dessay, Louis Chedid, Gaëtan Roussel, Christophe Willem, Karine Deshayes, Hugh Coltman, Roni Alter, Opus Jam, Kaabi Kouyate ou Clémence Gabriel et la soirée s’annonce belle.

Les sondiers d’en haut et surtout d’en face avec à gauche Alain Français, au milieu Jérémy Kokot, assistant doigts, conduite, mix, mémoire et j’en passe et tout à droite Loïc Lecœuvre, qui s’est chargé du système.

Comme tout bon spectacle à l’américaine, les répétitions battent leur plein quand on se frotte pour la première fois aux magnifiques velours du TCE.
On salue du bout des cils Alain Français penché sur sa PM10 Yamaha et on se rabat sur Loïc Lecœuvre en charge du système pour commencer à comprendre ce qui paraît être une prouesse en termes de diffusion. Une de plus. Oui enfin…comme toujours avec Alain !

SLU : Je vois deux Syva pour l’orchestre, il n’y a pas que ça quand même…

Loïc Lecœuvre : “Non bien sûr. Le TCE est très haut, on a fait le choix de cantonner Syva à l’orchestre et au premier balcon. Pour le reste du public j’ai accroché 9 Kiva II en grappe centrale mono avec deux SB15 en renfort de basses. La salle est difficile, et pour éviter de croiser, on a fait un seul stack (et puis pour les Beatles, de la stéréo, hein, bof… NDR)

9 Kiva II renforcés par deux SB15 placées tout en haut du cadre de scène.

SLU : Deux Syva, c’est peu à l’orchestre.

Loïc Lecœuvre : Il y a en plus deux 115XT en infill et deux MA12 Bose pour déboucher sous le balcon. Pour le grave, il y a par côté deux Syva Low délayés et quatre SB118, les 6 en montage Endfire. Les SB118 sont accordés autour de 60 Hz et les Low, l’octave au-dessus. On a un ampli pour les Low en T0, un pour les Low délayés et un dernier pour les têtes des Syva. Pas pratique mais comme tout est locké…

SLU : Cela n’aurait pas été plus efficace de reproduire l’octave 60 Hz avec des Syva Sub ?

Le stack de son à jardin. Du très vieux, du très récent et du « signé Alain » au premier plan. Parmi le très vieux, les subs SB118 et les renforts 115XT. En très moderne un Syva complet et caché derrière un second Syva Low. Tout devant c’est une façon discrète de donner du son aux premiers rangs relégués sur les côtés, une Bose MA12.

Loïc Lecœuvre : Non, c’est ce que l’on a trouvé de plus efficace.

SLU : La corbeille est juste couverte par les Kiva II ?

Loïc Lecœuvre : Non, il y a une seconde paire de Syva encadrant la scène.

SLU : Il y a une forte disparité entre le son à un mètre à l’intérieur de la corbeille et ne serait-ce qu’en sortant la tête, on a un son beaucoup plus frais et précis.

Loïc Lecœuvre : En salle c’est beaucoup plus bright, limite trop, mais je retoucherai plus tard avec du public et à salle chaude.

SLU : Tu n’aurais pas pu mettre une petite enceinte dans le pif d’Alain ?

Loïc Lecœuvre : Non, impossible, on ne peut rien faire au TCE. Tout est classé donc impossible de mettre une pince pour la tenir, mais Alain sait faire la part des choses. Syva est une très belle enceinte, mais comme elle ouvre très largement, elle porte un peu moins et n’a pas au lointain la puissance d’un line array. Elle est un peu en limite de portée pour la corbeille. Ceci dit, j’avais un peu peur, et en fin de compte ça marche plutôt bien.

SLU : Le montage ?

Loïc Lecœuvre : Chaud. On a eu accès hier soir tard et une équipe a travaillé toute la nuit pour permettre d’entamer les réglages et les balances au plus vite ce matin. On s’intercale entre un orchestre de chambre jeudi et l’orchestre Lamoureux demain samedi…”

Alain et Jérémy Kokott dans leur loge et devant leur PM10.

Comme si la présence de Syva dans un rôle plus qu’original ne suffisait pas, on retrouve à la face comme aux retours deux PM10 flambant neuves et clairement prêtées par Yamaha France.
Ici aussi, c’est une première puisque jamais les deux championnes de la marque aux trois diapasons n’ont été employées ensemble en France et pas plus Alain qu’Alex n’ont eu l’occasion de mettre souvent les mains dessus. Pourquoi faire simple…

SLU : Je vois qu’en plus vous enregistrez…

Un enregistreur des temps modernes…

Jérémy Kokot (assistant mix) : “Oui, nous avons la carte Dante HY-144 avec 128 entrées et autant de sorties, et on récupère dans Reaper les stems de la console pour un mix futur. Le patch fait au total 96 voies.

SLU : Vous avez fait simple pour le partage des préamplis ?

Jérémy Kokot : Absolument. On discute entre face et retours en transport propriétaire Twinlane via des cartes HY256-TL. On a en bas deux stage racks RPio622 de 64 entrées chacun.”

Homme de la situation par son flegme légendaire et son habitude toute télévisuelle à faire cohabiter beaucoup de vedettes et peu de temps, Alex Maggi est aussi de l’aventure des Beatles by Cassar et c’est même ce dernier qui l’a personnellement appelé pour lui proposer les retours. Exact ?

Alex Maggi devant la PM10. Comme aurait dit YamaRaimu « aaah te voilà toi, regarde-le le pomponné… »

Alex Maggi : “C’est tout à fait ça, et c’est là que j’ai appris qu’Alain (Français NDR) serait devant avec une PM10 et on me demande : «…avec quoi tu travailles généralement ? » Une SSL, mais comme c’était une très bonne occasion de mettre mes mains sur la Rivage, j’ai accepté bien volontiers et j’ai découvert cette nouvelle table lundi (on est vendredi NDR). C’est mon premier écart de conduite (rires !)

SLU : Comment as-tu rencontré Yvan ?

Alex Maggi : Grâce à Christophe Willem avec qui je tourne depuis 3 ans. Cet été aux Francos, il a fait un piano voix sur des titres de Berger avec Yvan pour l’accompagner et c’est là qu’il m’a parlé de son projet.

Alex en pleine discussion avec Louis Chédid durant une de ses balades sur scène pour entendre ce que les X15, les amplis, les batteries, l’orchestre, bref, tout ce qui se passe et se remélange sur scène.

SLU : Il ne savait sans doute pas qu’en plus tu es le gars rêvé pour ce genre de challenge.

Alex Maggi : Je me suis surtout dit que d’ici là il allait m’oublier (rires) et puis non, j’ai eu un message il y a un mois et je suis là.

Du son sur scène ? Naaaaaaaan, qui a dit ça…

SLU : Ca ne semble pas simple car, outre les 15 artistes sur scène, tu as aussi un paquet de musiciens dont certains très talentueux mais bruyants…

Alex Maggi : Cela aurait dû être le contraire pour laisser à Alain la possibilité de réaliser une belle captation des cordes, mais comme souvent, petit à petit les volumes des amplis grimpent (rires). Quoi qu’il en soit cela reste une expérience très intéressante avec l’habituel manque de temps pour tout bien faire, côté technique comme artistique.

Emetteurs et récepteurs Shure, puissance L-Acoustics.

SLU : avec tout ce monde, tu as combien de départs ?

Alex Maggi : Dans les 24 plus les ears de Willem et Voulzy.

SLU : Raconte-nous un peu la PM10…

Alex Maggi : Ca va, je ne suis pas trop dépaysé, question ergonomie c’est une très grosse CL5 et elle n’en est qu’à la version 1.5. Elle est très facile à prendre en main, elle réagit au doigt et à l’œil, mais certaines fonctions mériteraient d’être accessibles plus facilement. Si tu sais te servir de la CL5, tu sais te servir de la PM10, c’est une des forces de Yamaha. Quand tu l’allumes, réseau mis à part, c’est quasiment du plug & play contrairement par exemple à une SSL où tu dois tout créer. En son elle est vraiment très bien.

SLU : T’as que du bon question musiciens avec ente autres tes deux batteurs plus percussionnistes que batteurs, je pense à Denis Benarrosh…

Alex Maggi : Exactement. Tu sais ce que je pense du son, ce soir je suis gâté. On n’a que d’excellents musiciens qui jouent très bien dans de très bons micros, mais même avec de moins bons capteurs, ce serait encore bien car à la source c’est remarquable. L’inverse n’est pas vrai. Autre avantage de la PM10, les effets sont bien.

Laurent Voulzy en plein Blackbird joué et chanté divinement bien. Merci les ears !

Il y a dedans la M6000, le H3000 ; ça permet de jouer et ça donne de nouvelles possibilités par rapport à d’autres tables. En revanche, autant j’aime la fonction « texture », autant je regrette qu’elle agisse à même le préampli et colore donc le son de celui qui le veut et de celui qui ne le veut pas. Si à la face tu désires faire des essais et ton chanteur est aux ears, il ne va pas forcément apprécier.

Les retours orchestre, de la 108P, P comme pratique !

SLU : Du coup vous êtes en préamplis séparés ?

Alex Maggi : Non, tout est splitté sauf les 12 HF de chant qui passent par un Y et prennent 24 entrées. La fameuse Harting splitter. Marquée de Préférence. Je ne sais pas ce qu’il y a dedans, mais ça marche (rires) !

SLU : Sinon le partage des gains se passe bien ?

Alex Maggi : Très bien, et pourtant on ne se connaissait pas avec Alain. Par le passé ce n’était pas évident quand tu ne connaissais pas ton binôme à la face à cause des compensations, mais avec lui, aucun problème.

SLU : Vous échantillonnez à quelle fréquence?

Alex Maggi : 48 KHz à cause d’un virtual soundcheck et d’un enregistreur qui a du mal à digérer autant de pistes en 96. C’est d’ailleurs le problème de cette fréquence, cela devient vite très lourd.

T’as pas de ronce de noyer sur les anglaises !

SLU : Après cette belle soirée, quel sera ton programme ?

Alex Maggi : Pas grand-chose. Les comédies musicales souffrent un peu et donc moi avec. Je suis toujours avec l’équipe de The Voice avec laquelle je m’éclate, et si tout va bien, au printemps je devrais repartir avec Christophe Willem.

SLU : Caresse donc la ronce de noyer pour une photo (rires ) !

Alex Maggi : Ahh la légende de la ronce de noyer ! A cause de toi, tout le monde m’en parle, mais sais-tu pourquoi il y a du bois sur les Yamaha ? C’est dû en grande partie aux instruments et notamment aux pianos que Yamaha construit depuis toujours. Pour disposer du bois et de la qualité nécessaire, cette firme est l’un des grands propriétaires forestiers du Japon. Ceci explique cela.”

Les répétitions s’achèvent par une collégiale digne des Restos, mais en plus petit et moins en place. Il y a du beau monde sur scène. On repart donc à l’assaut de la corbeille où nous attend Alain avec un avant-bras bandé, les restes d’une opération bénigne qui aurait nécessité quelques jours de repos. « Combien docteur ? Mais vous plaisantez, j’ai du boulot moi ! »

SLU : Pourquoi le choix des Syva…

Alain Français : C’était pour aller plus loin et ne pas avoir une grosse diffusion, mais c’était un gros pari. Très gros. Cela fait quelques jours que je n’en dors pas la nuit (ça se voit NDR) car on n’avait aucun recul. Pour les subs aussi on a innové avec notamment un montage cardio pour Syva Low afin de nettoyer la scène.

SLU : Ce n’est pas du Endfire ?

Alain Français : Oui, je l’appelle cardio mais effectivement c’est du Endfire. Je trouve que ça marche très bien, c’est plus efficace que les montages avec des boites à 180°.

Loïc Lecœuvre, une vraie pub pour Apple et surtout une aire d’oreilles en train de bosser durant les répètes et hors de la corbeille où l’écoute est radicalement différente. Chapeau à Alain d’avoir réussi à travailler aussi bien.

SLU : Il n’y a que du matériel à toi ce soir?

Alain Français : Kiva II et consoles mises à part, oui. On a rentré 8 Syva. C’est une enceinte très importante pour nous qui essayons d’être discrets et malgré tout efficaces.

SLU : Vous formez une belle équipe avec Yvan et Alex.

Alain Français : Il est cool Alex, et ça se passe bien entre lui et Yvan. Alex est comme moi, il est serein et aime découvrir des nouveaux trucs et les nouveaux lieux, mêmes ceux comme le TCE qui ne sont pas vraiment prévus pour ce genre de production. C’est exactement l’homme qu’il nous fallait.
On a en plus un format économique bien précis avec Yvan. C’est une première, et pour qu’il y ait une suite à cette belle soirée, on n’a pas fait de folies. On a aussi eu du mal à trouver une salle de répétitions car il y a des ponts et donc des fuites solidiennes entre la salle au sous-sol du TCE et le théâtre.

SLU : Tes cymbales sont magnifiques, tu les repiques comment ?

Alain Français : Soit avec des DPA 4061 au cœur de la cymbale, par-dessous, ou bien en over ; j’ai mis ce matin des Sennheiser MKH50 qui marchent très bien pour ce style de jeu et de musique. J’ai aussi descendu un 4061 dans un des évents taillés dans le fût de la grosse caisse Gretsch de Denis (Benarrosh NDR), en plus d’un SM7 sur la peau de résonnance, et il est ravi.

Imany bien calée entre les deux batteries aussi vintage que possible et très bien repiquées, dans le respect d’un son d’époque. Remarquez le tom et le tom floor de Denis, matifiés par la pose d’un morceau de tissu. La peau de résonance de sa « petite » grosse caisse est aussi traitée. On voit bien aussi le SM7.

SLU : T’aimes bien le Shure ? Il a un son bien à lui et un niveau auquel il manque un 0.

Alain Français : Ahh oui je l’adore. C’est un de mes micros préférés et avec un bon préampli, son niveau de sortie n’est plus un problème. Tu serais d’ailleurs beaucoup surpris d’apprendre que j’en ai vu un jour beaucoup à Olympic studio à Londres…en l’air, sur les cordes d’un gros symphonique pour éviter le plus possible toute dureté.

SLU : Et Yamaha alors, comment as-tu fait pour avoir deux PM10?

Alain Français : On a un partenariat avec cette marque. On a eu l’occasion d’essayer cette console cet été lors des Flâneries de Reims et c’est génial car tu n’as besoin de rien d’autre. T’as tout dedans, tc electronic, Eventide, des compresseurs comme le Neve 754 qui sont des tueries, et ça sonne. C’est un plaisir. Tu as un rack DSP sous la surface, deux fibres qui arrivent de la scène et point barre. Tu n’as besoin de rien d’autre. Ce soir c’est en plus la première fois que des Rivage sont déployées à la fois à la face et aux retours.”

Le père à gauche, le fils à droite et deux sacrés esprits au centre ;0)

Jamais dicton n’est tombé autant à pic. Puisqu’on parle du loup, Olivier Gastoué passe la tête dans la régie et nous montre…son tee-shirt noir aux trois diapasons.

SLU : Pourquoi deux PM10 ici ce soir ?

Olivier Gastoué : “C’est très simple. On aime beaucoup Alain et on voulait montrer les consoles. Comme il n’y en a pas pour le moment en France, c’est dur de les voir si on ne les fait pas sortir. Il y en a en revanche en Italie, Allemagne, Suisse, aux Etas Unis…

SLU : Vous en avez deux chez Yam France ?

Olivier Gastoué : Non une seule, l’autre vient d’Espagne. Elles vont rejoindre l’Audio Training des JTSE (en effet NDR).

SLU : Pas facile de placer un tel paquebot.

Olivier Gastoué : Non, on a aussi une version en bac plus petit et avec les mêmes ressources mais surtout on a des surprises à venir pour 2018.”

Le grand bonhomme de cette création qui, espérons-le, connaitra une suite et surtout donnera lieu à des captations.

Le concert, ou disons plus simplement le prodigieux album des Beatles, commence à être interprété et on se fait immédiatement happer. Happy. Les compos sont et resteront magistrales, ce qu’en font Yvan Cassar, son orchestre et les artistes avec respect et grâce est très agréable et hors du temps, surtout dans les velours et les dorures du TCE. Parfait non, mais le charme agit et fait oublier une salle qui ressemble plus à un grand salon très mat qu’à une salle de spectacle.

L’orchestre classique composé d’une trentaine de musiciens est splendide de texture, de justesse et de remplissage. Par-dessus, les autres instruments électriques, les deux batteries et les voix trouvent petit à petit leur place avec des sonorités vieilles, belles, mais surtout sales proprement. Ca change de la version album du Sgt Pepper’s qui existe aujourd’hui en version remasterisée en haute résolution, je dirais plutôt en haute compression et distorsion… Alain a beau être fatigué, même en dormant il ferait du bon son.

Malheureusement cette salle joue le buvard sur le haut, mais aussi sur le bas du spectre, et malgré un déploiement sérieux et peut être un peu interférent vu le nombre de subs, il manque un poil d’assise à l’orchestre. On retrouve en revanche plus de bas dans la corbeille et même en dehors de la salle, preuve s’il en est que le TCE n’est pas étanche et que surtout le grave est comme un chat. Il n’a pas de maître et fait ce qu’il veut, quand il veut..
Syva en revanche bastonne comme une grande. Quand on ferme les yeux, on a vraiment l’impression d’être devant une enceinte bien plus grosse. Conçue pour L-ISA, son ouverture est définitivement son point fort et apporte une image stéréo très large sans gros risque de réflexions par les murs latéraux du TCE. Elle demande simplement à être finement travaillée pour limer quelques pointes dans le médium et le médium aigu, revers de la médaille de son SPL, qui plus est, à 140° ! L’idée des Kiva II en cluster central marche très bien, et la présence des Syva fait oublier la douche sonore.

Pari difficile que celui d’Alain et malgré le peu de temps et les difficultés liées à la salle, pari réussi. Rendez-vous l’année prochaine pour un nouvel album ;0)

 

Tryo en concert

Bibou Avid de nouveautés

Se balader dans un festival à Limoges et tomber sur Bibou est un vrai plaisir, « Bah, qu’est-ce que tu fais là toi…» Et c’est encore plus drôle quand en rigolant il balance un : « C’est de ta faute si j’ai une S3L ! » Tryo avec Bibou & Yoan Roussel ? En avant la musique !

La S3L Avid dans son rack avec ses accessoires, enceinte d’ordres, ventilateur (éteint le jour de notre reportage mauvais temps oblige. Le ventilo, pas Bibou !), l’écran de contrôle et le sonomètre qu’il faudra recalibrer en C et A aux nouvelles normes !

SLU : Tu nous retraces l’histoire de tes potars ?

Bibou devant sa console. A fond, Eric Tourneur en charge du système.

Sebastien Pujol dit Bibou : “J’ai toujours été sur DiGiCo : D5, D1 puis SD7 et SD10. Je n’ai pas aimé la SD9 car les faders ne sont pas dans l’axe de l’écran. Se pose ensuite la question de savoir si je reste avec des consoles standard ou si je fais le saut vers l’informatique, appelons cela des ordinateurs pour mixer. Et je regarde ce qui se fait.
Je croise un célèbre journaliste (sic) à un salon et je croise ses infos avec ce que je glane auprès d’autres techniciens comme Charles de Schutter dont j’ai entendu le son à l’Olympia de Kyo et j’ai vraiment aimé.

SLU : Madje s’en sert aussi…

Bibou : Et effectivement le mélangeur a un super son, chose qui m’a été confirmée un peu partout. J’ai hésité avec la grande sœur la S6L, et un assistant de Kendji m’a redit que la S3L était un excellent rapport qualité prix ce qui me convenait. J’en ai essayé une, et après avoir surmonté une certaine crainte, je n’étais pas très ProTools et ne connaissais pas l’interface liée à l’OS Venue, je suis parti avec et je suis ultra content. Aucune panne à signaler, si ce n’est une certaine sensibilité aux différentes normes de RJ45 présentes dans chaque salle et la présence ou pas de bouchons, ce qui peux occasionner quelques défauts de liaisons. Cela étant, une fois la liaison établie et tout dans le vert, ça marche très bien.

Une image classique de Tryo avec Daniel assis sur son cajon , une main occupée par des caxixi et entouré par Guizmo, Manu et Mali.

SLU : La surface ? Je vois de la bombe Contakt…

Bibou : Mon prestataire a préféré rentrer un modèle d’occase, j’ai donc quelques problèmes de fader à cause de l’humidité et de la poussière qu’on rencontre sur les festivals. Charles (de Schutter NDR) m’avait prévenu que l’accastillage de la surface n’était de toute façon pas…

SLU : Mais ça sonne !

Bibou : Ahh oui, vraiment. Il y a aussi un temps d’apprentissage pour bien gérer les ressources DSP mais une fois que tu as compris comment ranger ton rack de plugs, tu n’es jamais en manque de ressources DSP. Si tu fais n’importe comment, au bout d’un certain moment, tu finis par être à court. Si par exemple tu as un rack de compresseurs et tu insères une réverbe, t’as tout faux. J’ai un autre petit regret, c’est que tous les plugs ne vont pas spécialement dans la S3L. Ils doivent être agréés.

SLU : Tu as de quoi travailler ?

Bibou : Ouiiii. Je ne suis pas en plus quelqu’un de très difficile (rires).

SLU : Virtual soundcheck ?

Bibou : En festival ce n’est pas forcément indispensable mais vers la fin de la tournée j’enregistrerai quelques dates. Je l’ai en tout cas fait au début de la tournée et c’est mortel. Et en plus j’ai réussi mieux que Charles de Schutter (rires !)

Le secret des voix de Tryo. Ca chauffe, c’est fragile et lourd, mais ça sonne. Au-dessus, un triptyque de bon goût avec Lexicon, Yamaha et t.c. electronic

SLU : ???

Bibou : Moi, j’ai les pistes qui se sont nommées automatiquement, et j’ai une marque qui se positionne automatiquement sur le ProTools à chaque changement de Snapshot avec le nom de la chanson ! Si tu fais bien ta configuration, c’est génial.

SLU : Bon, et tes Tube-Tech, plug ?

Bibou : Non, ils sont là dans le rack. Au départ j’avais acheté les plugs qui n’étaient pas agréés S3L. J’ai réussi à les faire marcher en me faisant aider par mon assistant et en les installant sur la partie Windows de la S3L mais la crainte que cela ne plante et un résultat audio qui n’était pas ultra concluant m’ont conduit à ressortir mon bon vieux rack analogique perso et, pour des questions de latence, à le brancher sur l’engine ou la console, pas sur les stage racks.

J’ai aussi une belle Lexicon pour les voix, un SPX990 pour les guitares et un délai tc. Ces deux derniers c’est par habitude, j’aurais pu trouver aussi bien dans les algorithmes de la S3L, la PCM70 en revanche est importante pour mes trois voix car ce n’est pas évident de trouver la même chose dans la console. Un bon point en revanche pour Avid en ce qui concerne la compatibilité.
Nous sommes partis faire des dates à la Réunion et au Canada et la bascule sur Venue et SC48 de mon show a très bien marché. Une fois réaffectés les effets externes en effets internes, je n’ai même pas trop regretté les Tube-Tech. J’ai même retrouvé mes matrices et mes compressions parallèles. Pour être tout à fait honnête je n’ai en revanche pas retrouvé la qualité audio de la S3L, mais j’ai trouvé la compatibilité très efficace et simple.”

La face, la face…y’a pas que la face dans la vie. Parlons à présent un peu retours avec Yoan Roussel qui les mixe pour Tryo.

Yoan Roussel devant sa Pro2. Au sec alors que le public patiente sous des parapluies.

Il est parti bien équipé et nous a notamment concocté un chouette gloubiboulga pour insérer des… C’est lui qui va nous le dire !

SLU : Il paraît que tu as sorti ton Lego sonore. Tu nous racontes ?

Yoan Roussel : “Ce n’est rien de bien compliqué. Je mixe avec une Pro2 Midas et une tc M6000. En revanche pour pouvoir insérer des Vitalizer en sortie de mix avant les émetteurs PSM1000 Shure, on a dû ruser puisque On-Off n’en disposait pas.


La belle trouvaille. Jetez une oreille à ce plug, il est aussi discret que distingué et respectueux.

SLU : Tu trouves que les PSM 1000 ont besoin d’être « gonflés » ?

Yoan Roussel : Non pas spécialement, J’aime bien mixer de la musique plus que faire des retours, c’est donc agréable d’aérer un peu le tout, d’ouvrir le spectre.
On est donc parti avec un Realtime Rack de Soundcraft et ses plugs UAD2. 16 in et 16 out dans 1U. Tous mes départs ears passent donc dedans. Comme la console est au standard AES50 et le rack Soundcraft en MADI optique, j’intercale un convertisseur Klark DN9650. Rico Berrard qui est un fan des plugs de Soundcraft m’a bien aidé à tout installer et configurer.

Un rack bien sympatoche avec, de bas en haut, la M6000 et son interface, le Realtime Rack prêté par Freevox et le mac racké pour le piloter, le 9650 pour faire parler le Madi optique à une Midas Pro2 et pour finir, 3 récepteurs doubles UR4D Shure. Avantage d’avoir des liaisons micro et ears d’une seule marque, l’ensemble est relié en réseau et Workbench surveille le tout.

SLU : Tu as combien de départs ears ?

Yoan Roussel : En tout 11. Je travaille à partir d’une base commune et je mixe le tout après aux VCA. Je fais un gros suivi en temps réel pour chaque départ. Pas de gates, très peu de compression à part le cajon. L’UAD est sur les inserts. Les artistes sont ultra satisfaits même s’ils ne se rendent pas compte tout de suite.
C’est un confort, mais lorsque nous sommes allés à la Réunion en petit kit, sans UAD et sans la M6000, la différence était audible, surtout en rentrant quand j’ai tout remis en marche (rires). Ça joue bien, je me régale, d’autant que Bibou ayant passé un deal avec Audio-Technica, on a placé beaucoup de petits AE3000 sur la batterie et c’est vraiment génial. Sur les voix on a des capsules DPA et ça sonne aussi très bien (je confirme NDR). Au début ils ont eu un peu de mal car ils n’avaient plus tout à fait leurs sensations, mais maintenant ils sont ravis.

A droite de la Pro2, les 3 Distressor alter ego des Tube-Tech de Bibou et insérés sur les trois voix principales. Au-dessous, le SPL 9629, le tueur de sifflantes le plus simple et efficace, puis le D6 poussant le sub d&b qui, apporte à Danielito la patate dans le bas que ses ears suggèrent seulement.

SLU : D’autres périphériques outre la M6000 ?

Yoan Roussel : Oui, trois Distressor sur les voix et un de-esseur SPL 9629 sur les voix. C’est une régie assez compacte et très fiable.

SLU : Mais au fait… Manue (Corbeau NDR)… Elle ne mixe plus les retours de Tryo ?

Yoan Roussel : Non, elle est maintenant permanente à la régie son de la Philharmonie de Paris. Elle fait de la face, des retours, elle a une XL8. Elle voulait se poser depuis un certain temps.
Elle est venue m’assister cet été pour 4 dates, c’était un plaisir. On a commencé à se partager les retours de Tryo en 2014 mais elle a commencé en 2007.

Puisqu’on parle de Manue, retrouvons-la avec toute la fine équipe de Tryo en juin 2009 au Zénith de Paris. De gauche à droite Loïc Letort, Manue Corbeau, Grégory Maloche, Bibou et Yoan Roussel. Eh oui, presque 10 ans…

SLU : Et ton temps, tu le partages entre Tryo et..

Yoan Roussel : Tryo ! Cela fait plus d’un an que je tourne avec eux, et à part quelques petits coups pour On-Off, je n’ai travaillé que pour eux.

SLU : Mais alors, ce plug qui vitalise le son ?

Yoan Roussel : C’est le Precision K-Stereo. K comme Katz, Bob Katz qui a participé à son élaboration.”

The End

La pluie s’est calmée, le public afflue et Tryo a toujours autant la cote. Le cocktail est donc parfait pour que leurs tubes s’enfilent comme des perles sur un fil. Bibou, égal à lui-même, sort toujours aussi bien les voix, les guitares et le cajon, même si cette année Danielito a encore ajouté de la futaille à ce qui ressemble de plus en plus à une batterie qui aurait perdu sa grosse caisse en route.

Antennes, à mon signal, gaaaarde à vous !

Le tout a cette bonne couleur Tube-Tech et cette douceur bien taillée dans le médium qui sont le Trade mark du groupe, il n’empêche que Bibou s’amuse avec la dynamique de la S3L et une diffusion bien calée et dimensionnée par Eric Tourneur pour faire vivre son mix, même s’il joue quelques dB trop fort. Il a une excuse. La régie est à 25 mètres du système, une configuration de festival rendue nécessaire par le peu de places dans le petit parc situé en centre-ville.

Une cocotte à la guitare ? Paf, 20 dB de grave en plus et on oublie que c’est une acoustique. Des titres plus rock ? Une vraie électrique et avec disto s’il vous plait et le cajon, il sert de siège de batterie…Mais sonore le siège ! La transition grosse console/moyenne/petite est une réussite. La prochaine étape ? Qui sait, un mix sur iPad ou avec une souris. Sans fil bien sûr !

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Matmatah en tournée avec Manu, Rico et Roland

Il y a les incontournables qu’on connaît par cœur, celles que tout le monde aime, les modèles qui font saliver, celles qui sont à la mode et puis, il y a la Roland M-5000, la console qui commence à trouver sa place. Nous l’avons découverte au festival Urban Empire avec Matmatah en face, Manu Casals à la face et du beau son dans ta face.

Manu Casals, la main sur la console et Cédric Verchere, l’infatigable ambassadeur d’une marque historique et qui aime aussi les consoles.

Rendez-vous est pris avec Cédric Verchere de Roland France au Jardin d’Orsay dans le centre-ville d’Angoulême, pour une journée japonaise et bretonne à la fois. Japonaise parce que Roland, et bretonne parce que Matmatah et surtout de vilains grains qui les ont suivis jusqu’à l’intérieur des terres.
Nous attaquons par Manu Casals, l’ingé son attitré du groupe que l’on retrouve devant sa console. Petite…Mais lui aussi très grand !

Même en pleine ville et sur du stabilisé, un festoche doit flinguer vos pompes, sinon, ce n’est pas un vrai ;0)

SLU : Tout d’abord comment t’es-tu retrouvé avec deux M-5000 (face et retours) ?

Manu Casals (ingé son FOH) : A la face c’est une location chez Audiolite, aux retours c’est la nôtre, nous l’avons achetée pour cette tournée. La louer ou l’acheter n’étaient pas très éloignés en termes de prix car nous en sommes déjà à 90 dates et on n’en est pas au bout. Comme le groupe possède avec la Datcha, un petit studio à Brest, cette M-5000 aura une seconde vie.

SLU : Et la découverte même des consoles Roland ?

Une vieille et belle image de Thierry Tanguy en compagnie de Sylvain Turpin à droite, prise lors des Charrues 2009.

Manu Casals : On me l’a proposée. Au départ je voulais partir avec nos régies et une console petite, légère, ergonomiquement bien faite et avec du son. Comme j’ai débuté dans les années 90 chez Audiolite avec Thierry Tanguy à qui j’en profite pour rendre hommage (Thierry, si tu nous écoutes de là-haut… NDR), et que ce sont nos amis de Landerneau qui ont eu l’affaire, on discute matériel, et ils me proposent une Roland qu’ils viennent de rentrer.
Ma réaction, sans faire offense à la marque, est celle de tout technicien qui ne connait pas le produit : « Ahh, faut voir. »
Sylvain Turpin m’intrigue d’un « Manu, toi qui aime bien les choses originales et singulières, tu devrais regarder de plus près cette table. » J’ai donc été au siège d’Audiolite la découvrir et l’écouter, et j’en ai conclu que c’était exactement ce qu’il nous fallait pour la tournée. Chaque console exploite son stage REAC.

SLU : REAC ? Cédric (Verchère de Roland France), tu nous dis en deux mots ce que signifie cet acronyme qui sonne hélas si bien en français (rires) ?

Cédric Verchère : REAC est le protocole de transport du signal de Roland. En anglais cela donne Roland Ethernet Audio Communication. La console en revanche fonctionne suivant une logique appelée OHRCA : Open High Resolution Configurable Architecture.

Les deux stages face et retours et leur Digital Snake se partagent les micros derrière un simple Y.

SLU : Le partage d’un stage unique n’était pas possible ?

Manu Casals : Si, mais nous avons préféré garder chacun le nôtre et l’ensemble est pré-câblé dans un rack qui est sur le plateau et qui comporte aussi tous les départs pour les ears et la façade.
Par ailleurs je dispose de 16 entrées et sorties analogiques et de 2 entrées et sorties AES/EBU en local avec quelques vieilleries comme des Distressor pour les guitares de certains morceaux, dont je me sers à la volée via une galerie d’inserts très pratiques. Ça va vite et un même effet peut être inséré tel un plug partout dans le mix.

SLU : Tu te sers de la M-5000 depuis quand ?

Manu Casals : On est en tournée depuis début janvier et on finit l’année 2017 le 9 décembre (inter réalisée fin juin NDR). Les consoles voyagent dans un trailer derrière le bus, autant te dire qu’elles sont secouées dans tous les sens, et je n’ai pas eu l’ombre d’un pépin.

SLU : Tu demandes dans chaque festival ou salle qu’on te tire ton Ethernet ?

Manu Casals : Exactement. L’autre jour je me suis fait une frayeur car on atteignait 120 mètres et c’est passé nickel ! Je demande d’ailleurs trois brins. Deux pour le principal et sa redondance et un troisième en secours.

Matmatah en plein show. Le ciel, respectueux d’un groupe breton, a cessé d’arroser le festoche durant leur set.

L’OHRCA comme si vous y étiez

A gauche des DCA et à droite trois voies et les généraux. Ergonomie mais aussi composants de qualité. C’est clair et compréhensible très rapidement.

SLU : Ton patch est de combien ?

Manu Casals : 48 entrées, autant dire que je suis loin d’épuiser le potentiel de la table. Ta question me permet de rebondir sur son architecture qui est très intéressante. La M-5000 dispose de 128 slots que tu peux configurer comme bon te semble, y compris 127 entrées et une sortie, ou l’inverse si ça t’amuse. La configuration est très simple et se fait à la volée. De base tu démarres avec 72 entrées, 16 aux, 2 sorties, 2 subgroups, 2 x 8 matrix et j’en passe, mais tout est possible. Pour cette tournée j’ai déclaré 105 slots, il m’en reste donc encore 23. De plus tu as 24 DCA qui ne font pas partie du compte des slots.

SLU : Détaille-nous les trucs vraiment bien de la M-5000, après ça on verra aussi les moins bien si tu es d’accord.

Manu Casals : OK. L’ergonomie est top. Ils ont benchmarké la concurrence et compilé quelques bonnes idées. Quand par exemple tu double cliques sur le bouton « Sel » d’un DCA batterie, hop, elle s’étale sous tes yeux. Autre système très malin, les ancres « fixent » quelque chose que l’on retrouve immédiatement et sur lequel il est possible d’arriver très vite en passant d’une ancre à une autre. Le User Assignable est aussi très pratique et rapide.

Une vue des User Assignable

Huit boutons et quatre rotatifs sur trois pages. Tout le monde y trouve son compte. De mon côté je m’en sers pour les effets. La M-5000 parle avec ses stages mais dispose aussi à l’arrière de deux slots pour recevoir des cartes d’extension. Il y a possibilité d’avoir 2 ports REAC en plus, du Dante, du MADI, du Waves et enfin du SDI.
Je me sers d’une carte Dante pour interfacer du multipiste en 64 voies entrée et sortie et enregistrer chaque concert sur Tracks Live de WAVES. Je le fais pour la prod et pour les jours où le soundcheck ne peut pas avoir lieu.

Comme Roland fait bien les choses, quand on bascule la console sur le retour de l’enregistreur, ne basculent que les voies qui sont assignées, les autres, essentiellement les effets, restent sur les entrées. C’est le genre de petit détail qui la rend très agréable au quotidien. La console offre aussi 32 égaliseurs GEQ au tiers d’octave ce qui est très bien pour les gens des retours s’ils exploitent des wedges. Ils sont assez efficaces et leur action s’entend bien car je m’en sers moi-même pour finaliser mon son dans le système.

La carte Dante…

… et celle Waves dédié au Soundgrid


SLU : Et les effets internes ?

Manu Casals : Huit machines facilement accessibles. C’est peut-être là que Roland pourrait faire un effort et nous en mettre un peu plus et mieux. Matmatah c’est rock donc ça me suffit amplement mais pour d’autres productions qui voudraient partir léger, c’est un peu insuffisant.
Je me sers des réverbérations, de la distorsion et des délais qui sont très bien. Parfois sur les généraux j’insère le compresseur dynamique en trois canaux qui marche bien lui aussi car il dispose de très nombreux réglages.

Un des 32 égaliseurs librement assignables.

La page des effets. Pas très chatoyante ni brillant par les algorithmes qui sont tous d’origine Roland et Boss.


SLU : En mono il ne fait pas des choses étranges ?

Manu Casals : Non. Nous avons pris soin, avant de partir, de tester la phase de cette console avec Sylvain et on a été agréablement étonné. Pareil pour la latence qui est très faible. Depuis le début du numérique c’est quelque chose que je surveille de près.

Un grave large

Manu Casals : Il y a quelque chose qui caractérise cette table et qui est son grave. Il est large. Comparé à ce que donnent d’autres consoles dont des japonaises, un pied et une basse sonnent vite bien gros ce qui ravit mon bassiste ! Autre point positif, le port USB permet d’enregistrer ce qu’on choisit, une fonction maintenant répandue mais pratique car on va au-delà du simple gauche-droite et surtout ce port sert aussi à jouer facilement des sons.

Voilà de quoi faire du grave. 12 Kara pour commencer et 4 SB28 en montage cardioïde pour finir, le tout dans un espace assez limité et qui fait le charme de ce festival.

A la fin du concert il y a un morceau qui est lu directement sur ma clé, du coup j’ai pu retirer le lecteur de CD de mon rack. Il est aussi possible de router une entrée spécifique appelée Dock sur n’importe quelle voix. Elle permet de jouer ou d’enregistrer du son depuis une tablette posée sur la face avant de la table. C’est très pratique pour jouer sa playlist d’avant concert.

SLU : Et les défauts ?

Manu Casals : J’ai eu quelques problèmes avec une clé USB, qui, sous certaines conditions et aléatoirement, apparaissait dans le recorder mais pas dans le système. Il est vrai que c’est capricieux une clé et j’aurais sans doute dû la reformater. J’ai aussi eu un jour un fader d’un 31 bandes qui est parti tout seul au taquet au moment où j’ai rebasculé vers la vue de base. C’est sans doute le fader lui-même qui a déraillé. Mais cela s’est produit une seule fois et on en est à 90 shows.

SLU : Bref, ça va plutôt (rires !) Tu ne nous parles pas des snaps…

Manu Casals : Parce que je ne m’en sers pas. J’avais commencé en pré prod à rentrer toutes les chansons mais Matmatah est un vrai groupe de rock, il change déjà souvent de morceaux et puis la nature et la qualité de ce qu’il m’envoie ne le demande pas. J’ai donc uniquement une scène par date. Je fais un peu tout à la main. Je m’occupe aussi du son d’autres groupes avec lesquels, en revanche, ce ne serait pas possible sans snapshots.

Une vue des rotatifs stratégiquement placés sous l’écran.

SLU : Tu n’as pas sur la M-5000 un pavé de commandes qui regroupe une sorte de tranche virtuelle…

Manu Casals : Non, et ça ne manque pas. En fonction de « l’endroit » où tu te trouves, l’écran affiche ce dont tu as besoin en termes de commandes et les rotatifs changent de fonction. Malgré sa taille, cette console est aussi et surtout légère. J’ai une anecdote. On vient de passer dans le festival Retro C Trop avec les Beach Boys, autant te dire que jamais je n’aurais cru pouvoir assister à l’un de leurs concerts, excellent d’ailleurs, et je me suis retrouvé dans une régie à double étage, très loin de la scène, trop haute, désaxée, bâchée et en limite de portée du système. Une horreur. Comme il faisait beau, j’ai pu sortir la console de la régie. On s’est placé dans la pelouse devant les crashs et on a bien mieux bossé. Si on avait eu une analogique, cela aurait été impossible.

SLU : Mais mis à part cette escapade champêtre, tu aurais pu partir avec une bonne petite analogique…

Manu Casals : Oui mais non, le numérique a ses avantages que j’aime bien et la M-5000 et mes périphériques analogiques, forment un chouette ensemble.

Manu Casals devant sa Roland. Certes elle est petite, mais lui est aussi très grand ! Regardez aussi son rack de goodies, il n’y a que du bon avec deux channel strips Neve 8801, un XL42 Midas et deux Distressor.

SLU : Et le son de la Roland te va ?

Manu Casals : Tout à fait. Rien à dire. On fait du rock sans besoin de tirer sur les effets de bord, on est pile dans la cible. Et surtout, j’y reviens mais c’est important, la phase est nickel et la console se débrouille pour compenser très bien les diverses latences. Je n’ai rien aligné et tout est dedans.

SLU : Manu, tu peux nous donner quelques infos sur toi ? t’as un petit accent belge…

Manu Casals : Mais je suis français (sourire). J’ai été en Belgique en 1997 enregistrer un album car je suis et je reste un ingé son à double casquette studio et live, et je me suis bien entendu avec Pierre Piront le patron de La Chapelle. J’y suis resté jusqu’en 2001. J’y suis revenu en 2005 et en 2006 j’ai racheté et pris la direction de ce qui était devenu La Chapelle et Gam Studios pour en repartir définitivement en 2008. Je n’ai pas pour autant quitté le monde du studio puisque j’ai été de l’aventure du Daft Studio, un autre magnifique studio belge, en termes d’engineering et d’installation. Pour la faire brève j’oscille entre studio et scène depuis 1992 et je suis resté chez Audiolite jusqu’en 1997.

Une vue de la Neve de Daft entourant de ses amplis analogiques un gros ProTools. Pour les écoutes, exit les gros systèmes encastrés, place aux B&W 800 D3 bien gavés par des lab.gruppen, des amplis qui savent ce que courant et tension veulent dire.

SLU : Tu es breton d’origine ?

Manu Casals : Pas du tout, je suis manceau, mais j’ai été un des premiers diplômés de la MST Image et Son de Brest après un IUT d’électronique. Désormais ce cursus s’appelle ISB, Image & Son Brest.

SLU : Et tu as travaillé avec quels artistes ?

Manu Casals : Gotan Project, Cesaria Evora, Denez Prigent, Murray Head qui est un grand copain, et pour le fun je fais des remplacements pour Jean-Marie Bigard qui est un bon pote. Et on rigole. Pour conclure, j’ai un petit studio chez moi et il n’est pas impossible que je m’achète aussi une M-5000 ou que je fasse une proposition à Audiolite pour récupérer la leur. Mais j’ai peur qu’ils veuillent la garder (rires)

Rico aux retours

Ce qu’il y a de bien en disposant de la même console à la face et aux retours, c’est de pouvoir avoir deux sons de cloche. Après Manu Casals, retrouvons une vieille connaissance, Eric Fromentin dit Rico aux retours, pour la deuxième couche. La première est sèche et poncée ;0)

Eric Fromentin et Manu Casals. Ca sent bon l’Audiolite ;0)

SLU : Eric, tu te fais rare à Paris…

Eric Rico Fromentin : C’est un peu normal. Pour des raisons familiales je me concentre sur le grand ouest et travaille essentiellement pour Audiolite avec qui j’ai fait mes armes avec Manu il y a de nombreuses années. J’ai dû commencer en 94 donc c’est un peu ma maison mère.

SLU : Même question que pour Manu. Roland c’est bien, mais aussi aux retours ?

Eric Rico Fromentin : Oui et j’aime beaucoup son architecture ouverte et en termes d’audio elle me satisfait amplement. Je la trouve relativement neutre pour une numérique et elle restitue un vrai grave. C’est important d’avoir du bon son car le groupe joue avec des ears.

SLU : Il y a aussi du bois sur scène…

Eric Rico Fromentin : Deux wedges pour le chanteur et surtout des sides qui me servent de shaker, de ears de spare et de son général de plateau si quelqu’un retire une oreille. Dans les petites salles, on se sert des sides aussi pour déboucher les premiers rangs car souvent les petites enceintes qu’on nous donne pour le faire, ne conviennent pas.

Une 12Xt pour redonner équilibre et voix aux premiers rangs et à droite, un side classique et bien marron, composé d’un SB28 surplombé de deux ARCS.

SLU : Tu utilises quoi comme ears ?

Eric Rico Fromentin : Du Westone en trois voies. J’en suis content car ils ont une réponse très étendue et agréable. J’ai aussi un wedge en régie pour suivre la paire placée en face du chanteur où je lui donne du pied, les toms et un filet de voix. Il aime bien se verrouiller sur le tempo.

SLU : Je ne vois pas d’effets externes…

Eric Rico Fromentin : Ca tombe bien, il n’y en a pas ! La console est très saine, du coup je suis parti sans rien. C’est un groupe de rock. J’ai 4 moteurs de réverbération pour les voix et deux pour la batterie. C’est tout.

SLU : Quel type de son te demande le groupe ?

Eric Rico Fromentin : On est parti durant la partie de pré prod sur de l’ingrat, du brut de base et par la suite j’ai un peu retouché. Très peu à vrai dire et ça tombe bien car je suis plus dans l’accompagnement d’intention musicale que dans la production.

Une image studio de la M-5000 montant une option très intéressante pour les retours, le fait de pouvoir écouter précisément le mix que se fait chaque musicien avec sa consolette déportée M48.

SLU : Comment es-tu rentré dans la vie musicale de Matmatah.

Eric Rico Fromentin : Ohh je suis le petit dernier, arrivé en décembre 2016 au début de la tournée. C’est génial car je suis dans le bus avec eux et c’est une super aventure humaine.

SLU : Du coup t’es reparti loin de la maison !

Eric Rico Fromentin : Eh oui. Ca faisait une bonne dizaine d’années que je n’étais plus parti en tournée et que je n’étais pas remonté dans un bus.

SLU : Ils ont fait des progrès ?

Eric Rico Fromentin : Les bus oui, le matériel ça ne fait pas de doute et moi je l’espère aussi !

SLU : Comment as-tu fait la connaissance de la M-5000 ?

Eric Rico Fromentin : Je la connaissais d’une autre presta l’année dernière où Audiolite qui l’avait rentrée m’a demandé de partir avec sur un plateau type NRJ Music Awards de deux jours. C’est donc moi qui l’ai demandée pour Matmatah car elle m’avait bien plu. J’avais le choix avec une autre console à l’ergonomie et la fiabilité parfaite mais dont les paliers de bruits ne me plaisent pas trop, surtout sur une tournée avec des ears ou forcément on entend plus ce genre de détail.

SLU : Tu te sers des mémoires ou bien comme Manu tu fais tout à la mano.

Eric Rico Fromentin : Beaucoup à la main. Je préfère suivre et ne pas être bloqué par la caricature du : « next…merde, je ne l’ai pas sur ma liste, je prends laquelle ! ». Mais il est vrai aussi que pour certains titres où les ambiances et les effets changent très rapidement, quelques scènes spécifiques me sont d’un grand secours.

SLU : Tu gères combien de départs ?

Eric Rico Fromentin : Cinq stéréo pour les ears, un pour les sides, un mono pour les deux wedges, un pour moi et un dernier stéréo pour un mix spécifique que j’enregistre chaque soir sur une clé pour la donner le cas échéant aux artistes. Je suis loin d’utiliser toutes les ressources de la console.

SLU : Du fait que chacun a son stage, tu peux travailler en 96…

Eric Rico Fromentin : Raté, je suis aussi en 48. J’ai commencé en 96 KHz, mais la taille de mes enregistrements était trop grosse, du coup j’ai rebasculé en 48.

Une diff 24 carats, non pardon, Kara

Autre bonne surprise, le prestataire en charge de la diffusion et de la technique du festival en général n’est autre qu’Eric Tourneur avec sa société Uni-Son de Boulazac, le monsieur qui a mis le pied à l’étrier à Max Menelec. Une paille. Du matos nickel, des racks nickels, un câblage nickel, un discours clair, bref, il a beau être tout seul, ça fleure bon le sérieux.

Eric Tourneur devant sa Pro-X qui, si mes infos sont bonnes, prend parfois la route de la capitale pour dépanner un ingé son assez connu et dont le nom commence par P et termine par N…

SLU : Tu nous détailles ta presta ?

Eric Tourneur : Pour la diffusion nous avons 12 Kara et 4 SB28 en montage cardioïde au sol par côté, quatre 12Xt pour déboucher devant, une ProX à la face, une Vi400 aux retours et puis 16 115Xt HiQ, 2 SB28 et 4 ARCS en side et 2 SB18 en drum fill. L’ensemble est processé et amplifié en LA8 sauf les 8 subs qui bénéficient de deux LA12X.

SLU : On a quasiment tout ton parc…

Eric Tourneur : Quasiment oui. J’ai encore quelques ARCS Wide et de la 5Xt, une excellente enceinte que j’adore (sourire) et aussi un petit kit Electro-Voice que je garde parce que j’aime trop le son des MTL2B et XI-1152 poussés par du Lab.Gruppen. J’ai aussi fourni une soixantaine de micros. J’ai aussi emporté une M6000, un Avalon Vt737 et Vt747 qui sont restés dans les fly. Pas besoin. J’ai en revanche fourni et installé comme toujours, un sonomètre Amix. Il n’est là qu’à titre indicatif, les mixeurs en font ce qu’ils veulent, mais vis-vis des organisateurs j’y tiens beaucoup. Paradoxalement quand il est bien en vue, les niveaux diminuent donc pas de raison de baisser la garde.

Conclusion

La pluie redouble, on craint le pire et puis le ciel se troue, ça et là, les flaques disparaissent épongées par des groupes de spectateurs, et le son de Manu jaillit. C’est rock, indubitablement très rock. Le style de Matmatah est respecté voire amplifié avec effectivement un grave et un bas-médium bien pleins et un aigu très retenu. C’est d’ailleurs la première fois que j’entends des Kara aussi peu Kara et redécouvre la polyvalence de cette petite tête.
La batterie est belle, même si deux petits dB de plus surtout dans les over l’auraient rendue canon, mais on pinaille. Le ciel plombé par une couche de nuages aussi épaisse que la peinture sur un vieux ferry, met en exergue les codes couleur de la M-5000 qui parait extrêmement simple et ergonomique. Manu s’y balade avec beaucoup de sérénité. On connaissait les synthés, effets et petites consoles Roland, place à une grosse et une vraie table.

D’autres informations sur :

 

Les NXAmp passent en MKII

Nexo présente deux nouveaux NXAmp

Nexo vient de dévoiler deux nouveaux modèles de contrôleurs amplifiés NXAmp crées en collaboration avec Yamaha. Le 4×1 mkII remplace le 4×1 actuel, le 4×2 vient en revanche s’intercaler en termes de puissance et comble idéalement un manque.

L’arrivée de ces deux contrôleurs amplifiés à 4 canaux était attendue par le marché et va compléter et optimiser l’offre de Nexo tant en termes d’adaptation en puissance entre les modèles d’enceintes et les amplis, en optimisation de prix entre amplification et diffusion, mais aussi en termes d’encombrement, de poids et d’affichage. Le 4×1 mkII passe par exemple de 3U à 2U et de 16,6 Kg à 15,7 Kg pour une puissance équivalente. Il offre en revanche un afficheur tactile de 4,3 pouces et une puissance de traitement en 64 bits infiniment supérieure.

Le 4×1 mkII. Deux U pour une puissance totale de 5 kW répartie sur 4 canaux. Un seul codeur suffit puisque l’écran est tactile. Le 4×2 mkII est identique en tous points avec le modèle le plus petit sauf la puissance totale de ses 4 canaux qui grimpe à 10 kW.

Le 4×2 mkII tient aussi en 2U tout en délivrant une puissance double et ne pèse que 300 grammes de plus. Il est aussi équipé du même afficheur. Les deux modèles disposent par ailleurs d’un port série RS232 et d’un port GPIO, sont livrés avec un double port réseau RJ45 et sont équipés d’une carte permettant la prise de commande à distance et le chaînage. Conçus pour l’installation comme le touring, ils acceptent tout type de tension et fréquence et disposent d’un PFC.

Joseph Carcopino

Nous avons bien entendu demandé à Joseph Carcopino, le directeur technique de Nexo, de nous donner quelques précisions supplémentaires sur ces deux nouveaux contrôleurs qui se verront adjoindre, plus tard, un gros modèle pour permettre au bon vieux 4×4 actuel de faire valoir lui aussi ses droits à la retraite.

SLU : Les deux contrôleurs sont livrés avec 4 entrées analogiques et une carte d’extension comprenant 2 ports réseau. Où je place les cartes des entrées AES, et réseaux audio ?

Joseph Carcopino : A la place de celle qu’on livre. Les cartes additionnelles restent les mêmes et disposent de ports RJ45 pour le contrôle à distance, la mise à jour et le chaînage de plusieurs unités. On a une carte AES, la carte Ethersound historique et enfin la carte Dante / AES67. En cas de perte de la porteuse numérique, les amplis rebasculent automatiquement sur les 4 entrées analogiques.

Les trois cartes d’extension déjà au catalogue de Nexo et parfaitement compatibles avec les mkII

SLU : Les nouveaux amplis ont sacrément fondu. Est-ce que la tenue en puissance dans le temps, le courant, le voltage, bref, ce qui a fait la réputation de vos NXAmp est respecté ?

Joseph Carcopino : Oui mais attention, on a deux modèles de NXAmp de 1ère génération, le 4×1 et le 4×4. Nous venons de présenter le successeur du 4×1 mais aussi une nouveauté de puissance intermédiaire qui s’insère entre les deux modèles historiques et qui s’appelle le 4×2. A l’heure actuelle on ne prétend donc pas sortir d’un 4×2 la puissance d’un 4×4!

SLU : On attend donc un 4×4 mkII dans deux U pour bientôt ?

Joseph Carcopino : On verra (rires !) On y travaille, mais rester dans deux U me semble compliqué.

SLU : Vous passez votre processing embarqué en 64 bits. Les DSP et les convertisseurs sont des modèles dernier cri…

Un NUAR en 4U…vive le progrès !

Joseph Carcopino : Oui, on a abandonné les vieux Motorola, à regret car j’ai passé la moitié de ma vie là-dessus, mais le progrès n’attend pas, on a donc un processeur ARM et des DSP Analog Device avec une puissance de calcul résultante énorme car nous sommes désormais en multi-coeur. Disons 10 fois plus de ressources que l’ancienne génération.

SLU : Vous avez donc dû tout réécrire…

Joseph Carcopino : Oui absolument tout, mais l’ensemble des fonctions précédentes et des enceintes du catalogue sont faites. On va pouvoir maintenant travailler à imaginer de nouvelles fonctionnalités, bref, à s’amuser !

SLU : Les convertisseurs en 96/32 en conversion cascadée (des ESS Sabre ? NDR) vont générer des flux à une résolution très moderne, mais pour le reste ?

Une vue en détail de l’affichage désormais disponible sur les MKII et synonyme de puissance de calcul.

Joseph Carcopino : L’AES sera calé à 96/24, l’entrée Dante en revanche pourra tourner en 32 mais on y va doucement car notre NXAmp ancienne génération n’accepte que du Dante en 48/24. On va donc faire en sorte que tout le monde parle d’abord le même langage et ensuite on débridera progressivement tout ça.

SLU : Le nouvel ampli 4×2 est conçu pour quel type de produit ?

Joseph Carcopino : Aujourd’hui essentiellement ce qui est en 10’’ donc la PS10 ou le GeoM10. On ne pouvait pas trop le dire, mais le GeoM10 a été conçu et fine-tuné pour fonctionner en 3 boîtes par canal de 4×2. Le vieux 4×4 en prend 4 par canal, mais l’équation économique est beaucoup plus juste avec le nouvel ampli.

SLU : Il reste donc pas mal de références sur le 4×4…

Joseph Carcopino : Oui comme les PS15, GeoS12 ou STM. SI nécessaire le 4×2 peut être bridgé comme tous nos amplis et dans ce cas-là, on est largement au-dessus de ce qu’offre le 4×4, mais financièrement cela n’est pas optimisé. On peut aussi faire en sorte qu’un 4×1 délivre la puissance d’un 4×4 mais cela n’a pas non plus beaucoup de sens. Le 4×1 est idéal pour les iD24, PS8 et M6.

Une Geo M10 sans sa face avant. Le 4×2 est capable d’en alimenter 6 plus 3 caissons de graves MSUB15, dont un en configuration cardioïde.

SLU : On va donc attendre le grand frère qui pourrait s’appeler 4×5 vu la puissance délivrée par les deux autres.

Joseph Carcopino : On fera ça au plus vite (sourire)

SLU : Quelle topologie cette nouvelle gamme d’amplis ?

750 Watt sous 8 ohms. Mettez trois Geo M10 en parallèle et cela correspondra pile poil à la charge optimum d’un canal de 4×2.

Joseph Carcopino : On quitte le EEEngine c’est-à-dire une classe AB avec des rails variables, une topologie qu’on retrouve aussi chez d’autres constructeurs, pour une classe D avec une technologie propriétaire Yamaha. Nous disposons d’un processeur LSI spécifique et fabriqué par la marque elle-même qui nous permet de driver tout l’étage de puissance.
C’est là que réside le secret d’un étage en classe D : la gestion de la contre réaction, comment compenser la distorsion et j’en passe. Avoir tout le savoir-faire de Yamaha rien que pour nous est une chance. Nous avons comparé avec ce qu’obtiennent nos amis et concurrents en termes de rendu, et nous sommes très heureux.

SLU : En écoute A/B avec la génération actuelle ?

Joseph Carcopino : Nous sommes largement gagnants. Les nouveaux convertisseurs et la fréquence de 96 kHz aident, mais surtout la maitrise de la classe D qui a fait d’immenses progrès depuis 20 ans, nous apporte beaucoup de nervosité par rapport aux étages en AB.

SLU : Comment se comportent ces amplis en termes de durée de disponibilité de la puissance ?

Joseph Carcopino : Bien. On génère un burst de 100 msec, puis on mesure en RMS la crête au bout de 20 msec. C’est plutôt conservateur comme mesure et en ligne avec celle réalisée sur les NXAmp actuels. C’est vrai que la gamme précédente avait une puissance RMS énorme, mais inutile dans la plupart des cas. Nos clients recherchent désormais des solutions plus modernes et savent comment gagner du RMS sur le long terme les rares fois où cela leur est nécessaire. On en a quoi qu’il en soit gardé sous le pied, et la nouvelle gamme descend très bien sous 2 ohms.

La page de NeMo dédiée aux paramètres des amplis

SLU : Est-ce que vous avez un log pour suivre le fonctionnement des circuits ?

Joseph Carcopino : Oui et très complet. Puissance, courants, tension d’alimentation, températures, pics etc. On peut visualiser ces valeurs avec NeMo et les moyennes en fonction du temps grâce à l’horloge dans les amplis qui indexe les événements. On peut aussi exporter ces logs.

SLU : Puisqu’on parle de secteur, ils sont gourmands les petits nouveaux ?

Joseph Carcopino : Non pas trop. Ils sont à tension universelle, disposent d’un PFC et s’alimentent via une PowerCON 20A. En 110 Volt ils tirent 20 ampères pour délivrer leur puissance RMS, on est donc très confortable en 220.

La face arrière très dépouillée des mkII avec, au centre, la carte de communication livrée en standard.

SLU : Y a-t-il une compatibilité entre les anciens et les nouveaux amplis ?

Joseph Carcopino : Bien sûr. La phase et l’amplitude sont compatibles. Il serait donc théoriquement possible de mélanger des amplis au sein d’une ligne même si des différences de rendu et de dynamique existent. Les trois cartes d’extension sont aussi les mêmes et NeMo reconnaît sur le même réseau indifféremment les deux séries.

SLU : On a une idée des prix ?

Joseph Carcopino : Ce n’est pas spécifiquement mon domaine mais de mémoire le 4×1 mkII va être au même prix que l’ancien modèle qui demandait une carte réseau en plus. Cet ancien modèle va être discontinué et passer dans les « legacy product » où il bénéficiera d’un suivi en termes de pièces.

Pour plus d’informations visitez le site Nexo

 

Démo au Soldier Field de Chicago

Shure Axient Digital, ca ne tient plus qu’à un fil…

L’espace RF diminue comme peau de chagrin ? Découvrez avec nous l’Axient Digital, une liaison robuste, sonnant bien et pensée « pro » jusqu’au dernier Hz. Nous avons été la découvrir dans sa future déclinaison ADX au siège de la firme à Niles, près de Chicago, via une démo à la mesure de la démesure américaine.
Un grand merci pour commencer à l’ensemble des équipes de Shure USA pour leur accueil ultra efficace, mention spéciale à Michael Johns le Product Manager en charge d’Axient Digital qui a répondu à toutes nos questions avant, pendant et après le reportage, comme à Christophe Bouillot de Shure France qui nous a accompagnés et alimentés en bonnes ondes tout au long de ce séjour. Concevoir du bon matériel c’est bien, savoir le vendre c’est encore mieux !

Après le mot de bienvenue de la Présidente et CEO de Shure Chris Schyvinck, nous avons pu visiter le musée de la marque situé dans le hall du siège social, ce qui nous a par exemple permis d’apprendre que le SM58 a failli ne pas être le succès que l’on sait à cause du 565 qui l’a précédé et qui était extrêmement apprécié. C’est un des commerciaux de Shure qui l’a emmené en dernier recours à Las Vegas où sa légende est enfin née.
Nous avons aussi pu visiter l’ensemble de la R&D, la chambre anéchoïque assez grande pour être juste jusqu’à 50Hz, le magnifique studio d’enregistrement avec force instruments et capteurs, la cage de Faraday pour tester sereinement les appareils voire les bombarder de HF pour les mettre à genoux, les fours, les étuves, les congélateurs, les machines à tordre, faire tomber, briser, ruiner tout appareil, bref, tout ce qui apporte une dose de sérénité au quotidien dans l’utilisation d’un produit dont on sait qu’il a déjà résisté à des dizaines de très mauvais traitements.

July Snyder au beau milieu de ses rayonnages mobiles contenant des bijoux tels que cette guitare micro. Remarquez aussi les gants blancs !

Nous avons enfin eu le privilège de pénétrer dans le saint des saints de Shure, bichonné par Julie Snyder qui s’en occupe au quotidien et étant aussi adorable qu’incollable. Le local où sont archivés tous les micros, les maquettes, les préséries, les plans, les publicités et plus encore.

Un Shure 5, l’ancêtre des micros et pourtant d’une technologie pas si éloignée de celle de ceux des téléphones électromécaniques des années 80…

Des SM57 de Dobeliou, aux premiers « 5 » tenus par des ressorts et fonctionnant grâce à des granulés de carbone. On nous a enfin montré une réédition de 55 qu’un musicien a reçu en cadeau de sa femme, fait tomber de sa voiture en allant taper le bœuf avec des potes, récupéré en pièces après qu’un truck l’ait écrasé et renvoyé à la maison mère car même en vrac il marchait toujours. Rien ne nous a été caché.

Axient Digital. Le numérique, l’avenir des liaisons micro

Conçu en associant l’esprit de deux produits vedette de Shure, l’ULX-D et l’Axient analogique, l’Axient Digital et le futur Axient Digital ADX, sont deux solutions compatibles et d’avenir, un mot difficile à prononcer tant le spectre RF, objet de toutes les convoitises, évolue sans cesse, et pourtant un mot utilisé ici sans grand risque.

La gamme complète des récepteurs et des émetteurs AD et ADX dont, tout en bas à droite, l’ADX1M, le micro-bodypack avec antenne incorporée. Ne manque que l’ADX2FD.

Vous connaissez peut-être l’Axient Digital dit AD qui a été présenté au NAB 2017 et est déjà en vente. On va juste vous en rappeler les caractéristiques principales pour ensuite nous intéresser à la nouvelle gamme d’émetteurs ADX qui sera disponible au début du deuxième trimestre 2018 et comporte des raffinements ajoutant encore à sa très grande robustesse HF.

Interrogé sur le pourquoi d’une gamme aussi complète et richement dotée en fonctionnalités, la réponse du Product Manager Michael Johns est lapidaire et sans frontières :

Michael Johns, aussi bon vendeur que fin connaisseur de la gamme Axient Digital.

Essentiellement à la diminution du spectre HF lié à sa vente aux opérateurs de téléphonie mobile. On n’a jamais eu une demande en liaisons aussi grande dans un spectre alloué aussi petit. De là est né le besoin de développer des systèmes capables de faire beaucoup plus dans très peu d’espace et avec la plus grande immunité possible aux interférences.
Les nouveaux circuits émetteurs comme récepteurs d’Axient Digital sont conçus spécifiquement pour opérer dans ces conditions de brouillage et de bruit de fond constant. Leur particularité est de parvenir à fonctionner avec un rapport signal sur bruit plus faible et donc d’offrir une stabilité supérieure.
Pour faire ceci l’équipe HF de Shure a fait le choix de partir d’une feuille blanche, un moyen plus long et couteux mais seul à même d’offrir un gain qualitatif notable, en net progrès par rapport aux gammes précédentes y compris en termes de facilité de mise en œuvre et offrant enfin le son de qualité « filaire » qu’implique la technologie numérique.

Comme nous l’a dit J.D. DuCrest,
un réputé ingé son retours de country convié pour cette visite, Axient Digital est décrit par les artistes comme ôtant un voile au son, et ses deux millisecondes de latence acceptées de tous. A la question de savoir s’il serait possible de réduire cette latence, ne serait-ce que dans le futur, la réponse est oui mais en perdant en portée et en sécurité liée à l’empaquetage et la redondance dans la transmission qui est en partie à l’origine de la latence. Le jeu n’en vaudrait donc pas la chandelle.

Autre invité à cette présentation, Dave Grandtvig, Sound Designer dans l’univers du broadcast sportif et réputé pour ses idées innovantes, a rappelé les avantages inhérents à la redondance offerte par les nouveaux émetteurs ADX et plus généralement à la qualité et à la sélectivité des solutions Axient Digital, seules à même, selon lui, de bien se comporter dans les grands espaces saturés de RF que sont les stades de football américain. Et qui peut le plus…

De gauche à droite J.D. DuCrest, Dave Grandtvig en plein speech et à tout à droite John Born, le manageur produit des micros filaires de Shure qui aura parcouru quelques kilomètres pour la démo au Soldier Field.

L’accent a aussi été mis sur la compatibilité totale entre L’Axient Digital AD et ADX afin d’éviter le gap existant par exemple entre l’UHF-R et l‘Axient analogique qui sont très peu interopérables. Dans la gamme Axient Digital AD ou ADX, le récepteur double AD4D ou quadruple AD4Q est le même ce qui simplifie la gestion des parcs.
Ce qui change ce sont uniquement les émetteurs qui peuvent être déployés en fonction des besoins en AD ou bien ADX avec, pour cette dernière série, le même système Showlink déjà présent sur la gamme Axient analogique et changeant à la volée la fréquence d’émission des émetteurs et des récepteurs sur demande ou en cas de détection d’un risque de décrochage.

Les AD4D pur double et AD4Q pour quadruple, les deux récepteurs de la gamme Axient Digital, parfaitement compatibles et fonctionnels avec les émetteurs AD et ADX.

Quoi de neuf docteur ADX ?

L’ADX comporte aussi le premier émetteur micro-bodypack rond, l’ADX1M sans antenne apparente. Il mérite l’appellation d’émetteur de peau et non de poche car il est portable au plus près du corps et pas dans une poche du costume, ce qui simplifie terriblement les changements durant les shows mais implique d’être résistant à l’humidité.

Petit mais truffé de technologie, pas effrayé par l’humidité et capable d’émettre plus de 6 heures avec une batterie, l’ADX1M va probablement connaître un gros succès.

Cela a nécessité un gros travail d’étanchéité à l’aide de nombreux joints et d’éléments verrouillables et Shure semble parti pour que cet émetteur miniature puisse bénéficier d’un classement au minimum IPx4 et peut être même IPx7. Si tel était le cas, il serait la star des tournages difficiles puisqu’il résisterait à un bain de 30 minutes à une profondeur d’un mètre. Le micro en revanche…
L’antenne incorporée tout comme le pack dans son ensemble est étudié pour s’adapter continuellement aux variations de champs liées aux aléas d’une transmission HF à proximité avec le corps humain. Equipé d’un récepteur Showlink, il en accepte les ordres à la volée et, comme le reste des ADX, commute en moins de 50 ms en cas d’interférences sur la fréquence principale.

L’ADX1 est le pack normal de la série ADX. Forcément un peu plus gros que le 1M et portant une antenne, il a l’avantage de disposer d’une puissance supérieure, une durée de fonctionnement plus longue de ses batteries et enfin d’employer des modèles de batteries standard et donc compatibles. L’ADX2 est l’émetteur main de la série ADX. La différence avec l’AD2 réside dans l’adoption d’un récepteur ShowLink et donc de pouvoir changer de fréquence d’émission à la volée.
Enfin l’ADX2FD, FD pour Frequency Diversity, est l’autre émetteur main de la série ADX et le seul embarquant en son sein deux émetteurs HF séparés en plus du récepteur Showlink ce qui en fait, on le verra plus loin, un produit extrêmement sûr ou très pratique puisque les deux fréquences peuvent être commutées si nécessaire via une touche, facilitant la communication avec, par exemple, les équipes techniques. Enfin les deux amplis HF peuvent être mis en pont pour bénéficier d’une puissance d’émission supérieure.

l’ADX1

La famille des quatre émetteurs ADX. Les deux têtes KSM8 sont montées à gauche sur l’ADX2FD, avec deux fréquences d’émission distinctes et à droite sur un ADX2.

Détail important, les émetteurs des séries AD et ADX peuvent simultanément être connectés au même récepteur.
Interrogé sur une solution possible sans bénéficier de ShowLink pour garantir plus de sécurité avec par exemple le bodypack AD1, Michael Johns propose de poser deux émetteurs avec un micro « ygréqué », chacun sur une fréquence différente, et commuter le récepteur en Frequency Diversity. Ce dernier favorisera automatiquement la fréquence offrant le meilleur signal.

Wireless Workbench et plus encore

L’Axient Digital fait lui aussi partie de l’univers réseau de Shure où règne en maitre Wireless Workbench avec nombre de fonctions contrôlables et pilotables à distance, mais en plus, les deux récepteurs disposent du Dante en natif avec la puissance de routing et la flexibilité, voire la redondance propre à ce réseau audio dont l’avantage peut être de prendre une direction, là où les sorties analogiques ou numériques peuvent en prendre une autre.

Wireless Workbench qu’on ne présente plus et qui est la clef de voute des liaisons Shure, voire au-delà puisqu’il peut afficher la présence d’autres marques de liaison en ligne sans pour autant en prendre la main !

Enfin il est possible d’avoir la main à distance via des logiciels d’autres marques comme Crestron ou AMX ce qui peut être pratique par exemple dans des salles de conférence.
Une app existe en iOS pour visualiser et commander la gamme Axient Digital et même d’autres séries plus anciennes. ShurePlus Channels permet à deux personnes d’avoir accès aux infos du Workbench, une sur un ordinateur et une autre avec son iPad ou iPhone.

Shure a aussi veillé à ne pas changer de modèles de batteries sur l’Axient Digital pour rationaliser au maximum les parcs des prestataires et faciliter l’amortissement d’éléments qui sont très onéreux. Les émetteurs AD utilisent les batteries des PS900, 1000, ULX, QLX… Les chargeurs de ces batteries sont connectés eux aussi et donnent donc à Workbench toutes les infos quant au niveau de charge de chaque élément. D’un coup d’œil on surveille vraiment l’ensemble de la HF et de tous ses éléments. Le chargeur SRBC rackable 1U embarque par ailleurs 4 types de docks différents pour autant de modèles de batteries différentes.

4 slots sont insérables pour accueillir tout type de batteries et l’état de charge de ces dernières se suit par Workbench.

La mise en œuvre des liaisons est facilitée par l’analyseur de spectre de Workbench et le Spectrum Manager AXT600 qui cherche les meilleures fréquences disponibles et permet de constituer une liste de solutions de rechange en cas d’interférences. Ce système est pleinement fonctionnel aussi avec Axient Digital sans besoin de le racheter. La seule nouveauté est que l’émetteur du point d’accès, celui qui envoie les ordres aux micros équipés d’un récepteur ShowLink, a évolué vers un système à diversité, donc à deux antennes appelé AD610, disposant aussi d’un meilleur processeur, plus rapide et d’une puissance d’émission supérieure.

Le Quality Meter

Les fameux 5 cercles surplombés par un petit Q, comme Quality, of course ;0)

Un coup d’œil sur la face avant des récepteurs Axient Digital permet de remarquer une série de cercles placés en colonne verticale. Au nombre de 5 ils représentent le Quality Meter et indiquent le rapport signal sur bruit entre la fréquence d’émission et le bruit de fond.
Il faut donc regarder désormais le niveau RF des deux récepteurs qui affichent la puissance du signal reçu aux antennes, que ce dernier soit bon et contienne la porteuse utile ou pas, et le niveau de qualité du signal numérique, son rapport signal sur bruit, en sachant que l’audio qui sera tiré des bits rentrants est bon jusqu’à des valeurs très basses de headroom grâce à l’excellente sélectivité des nouveaux récepteurs de Shure et à la qualité du nouveau schéma de modulation.

Une vue du Channel Quality sur Workbench. Aucun souci à se faire. 3 par instants, reste un niveau parfaitement acceptable.

Cette double indication apporte un contrôle optimum sur la liaison et permet de prendre les bonnes décisions quant à un changement de fréquence qui peut se révéler inutile si le niveau RF est faible mais que les data passent bien ou au contraire indispensable si les paquets rentrants sont détériorés malgré un signal RF apparemment très fort…de parasitages.
La gamme Axient Digital offre la plus grande partie du spectre UHF, 184 MHz qui couvrent les besoins de très nombreux pays. L’avantage d’avoir un système ayant une plage d’accord aussi large est de toujours trouver de la place, où que l’on soit.

La démo au Soldier Field

L’ensemble des journalistes conviés par Shure à la démo du Soldier Field posent en haut des gradins.

Shure a tourné un film promotionnel très instructif dans l’enceinte du Soldier Field, le stade de football américain de Chicago, où le système Axient Digital est mis à rude épreuve dans une ambiance saturée notamment par la présence de la Willis Tower et de ses aériens situés à moins d’un kilomètre et demi.
Cette tour de 442 mètres a été très longtemps l’immeuble le plus haut du monde et comporte des astuces architecturales inédites comme celle d’être composée de 9 bâtiments s’arrêtant à différentes hauteurs et supportant la partie centrale, lui permettant de résister au vent.

Une vue du sommet de la Willis Tower avec ses deux immenses aériens blancs.

Au sommet de cette flèche limitée en hauteur par la FAA de peur de gêner le trafic aérien, se trouvent deux antennes de 85 mètres de haut. Grâce à elles et à leur hauteur, la Willis Tower est le plus gros émetteur télé des Etats Unis en termes de niveau rayonné. Il émet en UHF, VHF, mais aussi en FM et AM des stations de radio. Ce que l’on appelle un gros problème à surmonter d’autant que les secours américains peuvent à tout moment émettre dans les canaux UHF 14 et 15 qui leur sont alloués. Wireless Workbench dispose d’une fonction d’alerte sur ces particularités dès lors qu’on lui donne le code postal de la zone où l’on se trouve.

Nous vous proposons ce film c-idessous car il illustre parfaitement la démo qui a été spécialement refaite sous nos yeux par les équipes de Shure, qui y ont même ajouté quelques « complications » qu’on évoquera plus loin.

High Density

Il s’agit tout d’abord d’une émission avec un bodypack AD1 placé dans le dos, en High Density, donc à une puissance d’émission de 2 mW, à une distance d’environ 150 mètres. Rappelons que le HD mode garantit 47 liaisons actives en 6 MHz en lieu et place des 19 du mode normal où la puissance d’émission est de 35 mW. Le High Density est un procédé né avec ULX-D. Le but était de permettre de caser plus de micros dans une salle de conférence avec une portée limitée à 30 mètres. Cela a été utilisé par les clients de ce modèle de liaison à concurrence d’environ 35% du temps. Avec Axient Digital, Shure a voulu que le HD-Mode devienne la norme dans 70 à 80% des cas, d’autant que la portée est infiniment supérieure. On verra que le but est largement atteint.

Il faut une bonne vue mais le petit point noir tout en haut du gradin n’est autre que John Born. Il faut donner de son corps avec la Shure Corp.

On nous a donc refait ce test avec John Born en guise de runner, mais cette fois-ci placé carrément à 200 mètres. Malgré un niveau RF très bas, son pack dans le dos naturellement atténue de 10 dB le signal, et un headroom faiblard, la discrimination des récepteurs Shure a permis de sortir les paquets suffisants pour créer un audio parfaitement conforme.
Comme nous l’a dit Michael Johns, cinq, quatre ou trois barres de Channel Quality sont la norme et ne doivent susciter aucune crainte. Si en revanche la qualité descend à 2 ou même 1 de temps à autre, il est préférable de changer de fréquence. Quel que soit le nombre de barres et jusqu’à une, la qualité perçue de l’audio reste la même. A 0, le signal est muté. Il est important de savoir que l’allocation des paquets de datas est dynamique et change en fonction des conditions de réceptions, un des gros secrets sur lesquels Michael ne s’est évidemment pas attardé outre mesure mais qui de toute évidence fonctionne très bien.

Regardez le récepteur du bas. L’afficheur indique clairement que l’émetteur de John Born émet à la puissance de 2 mW. La RF est tristounette, le Quality Meter pas glorieux mais le son est imperturbable et d’une propreté parfaite. Nous sommes en High Density en plein air avec une pollution très importante. Seule petite contrainte, la latence en HD passe à 2,9 msec.

Nous lui avons demandé de nous préciser la fréquence d’échantillonnage d’Axient Digital, celle qui est présente aux bornes de sortie du récepteur, mais plus encore celle de travail de la liaison. Afin de satisfaire la majorité des mélangeurs modernes, elle est de 96 KHz et 24 bits, avec la possibilité le cas échéant, de profiter du SRC de la console pour la passer en 48.
Si cette dernière est ancienne ou ne dispose pas de SRC, il est possible de choisir comme fréquence de sortie du 48 KHz.
Bien entendu la transmission du signal ne se fait pas à 96 KHz, mais bien en 48 qui est upsamplé dès qu’il atteint le récepteur. Michael a insisté sur le fait qu’en 96 le son y gagnerait très peu contrairement à la HF qui y perdrait beaucoup en occupant trop d’espace.
Il en va de même pour le choix d’un fonctionnement uniquement en numérique compressé à l’aide d’un codec propriétaire de Shure. Le linéaire ne permet pas d’offrir la fiabilité de transport pas plus que le nombre de liaisons que le marché demande dans un espace qui réduit d’année en année.

QuadVersity

John Born surpris dans la rocade sous le stade.

Le deuxième test est effectué en QuadVersity en ajoutant donc deux antennes pointant vers l’un des tunnels d’accès à la rocade qui ceinture le terrain sous les milliers de sièges. Les deux autres antennes restent orientées vers le haut du gradin au lointain comme pour le test précédent. John Born sert encore une fois de runner.
Il est bien entendu que les deux antennes qui pointent vers le tunnel, perdent tout contact en direct avec John dès que ce dernier accède à la rocade et y avance. Le résultat est impressionnant. Je n’ai pas quitté des yeux les colonnettes des récepteurs et j’ai vu à l’œuvre la sélectivité et la sensibilité des tuners de Shure. Le niveau RF a baissé à des niveaux au raz du gazon de Soldier Field pour le tuner recevant la paire d’antennes principales et ne parlons pas des deux autres pointées vers le ciel ou presque.

Le tunnel donnant accès à la rocade avec les deux antennes qui s’ajoutent aux deux pointées vers le haut des gradins pour le tes en QuadVersity.

Elles ont capté des bribes de signal qui ont permis au Channel Quality de chuter moins vite et d’entendre du bon son là où aucune autre liaison ne pourrait le faire, mais il est probable que si ces deux aériens avaient été bien orientés, John Born aurait pu parcourir une distance encore supérieure. Il n’en reste pas moins que ce type de test valide la qualité d’Axient Digital et de son procédé QuadVersity, même si cela a un prix en termes de récepteurs, de coupleurs et d’antennes.
Pour résumer, le premier avantage du mode QuadVersity est une augmentation de la sensibilité du récepteur de 3 dB par doublement des antennes. Le second avantage est la possibilité de jouer la carte de l’absolue sécurité en plaçant, par exemple, une antenne à chaque coin de la scène ce qui annihile l’idée même de trajet multiple, ou d’accompagner un artiste sans risque sur une scène déportée sans besoin de changer de micro. Enfin des tests ont été menés par les équipes de Shure et ont validé les solutions en fibre optique des principales marques, autorisant de fait, les très longs déports des aériens.

Quatre collaborateurs de Shure. Si, si, le D-end avec son casque et sa tenue des Bears n’est autre que Mike Lohman, le Director Content and Digital Marketing qui nous a chaperonnés et amusés tout au long du séjour. A gauche se trouve Neil Shah, le Global marketing director of audio pro. Ensuite nous avons John Born et Michael Johns.

ShowLink

Le troisième test qui a réalisé spécifiquement pour nous, consiste en l’allumage d’un émetteur à la même fréquence qu’une liaison active dans le but de déclencher la bascule de cette dernière vers une deuxième fréquence, et le tout en écoutant le résultat à l’audio. A la baguette le Spectrum Manager dont le rôle est de chercher en temps réel des fréquences de rechange, de les stocker, de vérifier leur qualité et, si le besoin s’en fait sentir, d’en envoyer une vers l’émetteur ou même deux s’il tourne en Frequency Diversity, et se trouve dans l’incapacité de se faire entendre par le récepteur. Ce dernier reçoit évidemment la même information. Entre le moment où le besoin de changer de fréquence est validé et celui où l’audio est démuté sur celle/celles de remplacement, le temps maximum ne dépasse pas les 50 msec et oscille pratiquement autour de 20 msec.

Le Spectrum Manager, une pièce maitresse de la robustesse des liaisons Shure Axient.

Pour effectuer ce changement, le Spectrum Manager active le point d’accès AD610 et ce dernier, en 2.4 GB, pilote les émetteurs de la série ADX et les récepteurs via le réseau. Il est d’ailleurs alimenté par ce dernier. Pour ne pas faire durer inutilement le suspense, la bascule s’est opérée sans faille et sans aucun bruit notable. On a juste perçu l’attaque ramollie du « t » du mot talking sur la voix de Michael qui parlait, prise qu’elle était dans un rapide fade-in. C’est tout. Et c’est magique.

L’analyse du spectre à peine chargé du Soldier Field le jour même de notre presence.

A la question de savoir si, une fois constaté qu’elle semble –propre- est-ce que l’on rebascule sur la fréquence initiale, la réponse est claire : non. D’abord parce que cela occasionnerait à nouveau une coupure de 50 msec, et ensuite parce que le risque existe que le parasitage reprenne. La fréquence brouillée passe dans la liste de celles « pas bonnes » et reste comme telle sous surveillance. Si au bout d’un certain temps elle paraît être à nouveau exploitable, elle rejoint juste la liste de celles potentiellement utilisables.

John Born ressort comme une fleur de sa balade à l’ombre. Remarquez une des antennes pointées à l’opposé de la rocade où il a marché.

Si vous êtes enfin des adeptes de la sécurité absolue, Shure a pensé à vous, et nous a détaillé la solution offrant 99,9% (chiffre indiqué par SLU NDR) de sécurité, en prenant comme exemple le Super Bowl Halftime Show, sans doute LES 15 minutes à ne jamais planter pour un prestataire.
D’abord avec Axient Digital toutes les liaisons sont cryptées au format AES 256-bits. Ensuite chaque émetteur dispose d’un code qui lui est propre et qui fait que le récepteur connecté, refusera toute nouvelle porteuse rentrant à la même fréquence car ne disposant pas de ce numéro unique. Cette sécurité est essentielle car il est toujours possible de commettre une erreur de programmation durant un show.

Christophe Bouillot de Shure France, un homme qui aime et connait l’audio et saura vous expliquer et faire découvrir le catalogue de la marque.

Ensuite, trois fonctions bétonnent la liaison elle-même. D’abord une émission en Frequency Diversity, à savoir simultanément sur deux fréquences. Puis la réception en mode QuadVersity de ces deux fréquences via un récepteur AD4Q. 4 tuners et 8 antennes pour un micro.
Enfin ShowLink qui va changer, le cas échéant, la paire de fréquences brouillées en même temps en moins de 50 millisecondes. Appelons cela ceinture, bretelles et rivets !

Conclusion

Pour résumer et conclure, Axient Digital se voit adjoindre aux deux récepteurs double tuner AD4D et quadruple tuner AD4Q, et à ses deux émetteurs AD1 et AD2, 5 nouveaux appareils via sa future déclinaison ADX qui sera disponible au début du second trimestre 2018 : 

  • L’émetteur micro-bodypack ADX1M résistant à l’humidité/eau et disposant de ShowLink
  • L’émetteur bodypack ADX1 disposant de ShowLink
  • L’émetteur main ADX2 disposant de ShowLink
  • L’émetteur main ADX2FD disposant de 2 émetteurs distincts et de ShowLink
  • Le point d’accès AD610 fonctionnant en diversity et disposant d’une puissance supérieure.

Enfin le son que nous avons entendu tout au long de ces essais s’est toujours révélé d’une grande qualité. A vos banquiers, prêts, financez ;0)

Chicago. Ses tours, son lac et ses micros !

D’autres informations sur le site Shure

 

Le pari multidimensionnel de Christian Heil

L-ISA – 3ème Partie – interview de Christian Heil & conclusion

Christian Heil

Cerise sur le gâteau, disons même cerisier, Christian Heil nous a accordé une interview. Nous avons passé en revue l’essence même du projet L-ISA, les outils informatiques nécessaires à sa mise en œuvre et enfin sa vision du son amplifié moderne.
Plus que passionnant. Indispensable.

SLU : Une légende tenace raconte que vous avez imaginé L-ISA un jour où, après un concert où comme 90 % des spectateurs, vous étiez mal placé.

Christian Heil (Président L-Acoustics & bien plus encore…) : Ce n’est pas arrivé un jour, c’est depuis très longtemps que ce problème existe. Quand j’ai fondé ma société il y a 30 ans, je ne savais pas ce qu’étaient la sonorisation et le spectacle, je ne m’intéressais qu’à la technologie que nous avons contribué à faire avancer et cela nous a satisfaits durant de longues années.
Petit à petit, j’ai intégré des équipes d’ingénieurs du son et d’ingénieurs application. J’ai travaillé en proximité d’amis dans le spectacle et j’ai remarqué qu’ils étaient souvent contents du travail qu’ils faisaient, grâce au fait qu’ils occupent une place privilégiée en salle, mais les spectateurs n’avaient pas le même niveau de satisfaction. Je me suis donc mis dans la peau d’un spectateur, ce qui m’a permis de constater que je m’ennuyais. J’étais obligé de faire un travail cérébral qui consistait à recoller le son avec ce que mes yeux voyaient, un processus qui gâche l’expérience artistique d’un show.
Contrairement à un technicien, un spectateur recherche du plaisir, du naturel, de la sensation et du réalisme. Il ne cherche pas à savoir si l’aigu est propre ou la phase bien droite, et c’est ce qui m’a fait petit à petit penser à recentrer son et image, à les faire fusionner. Un autre facteur est l’élargissement des cadres de scène pour donner de la place à la scénographie, ce qui repousse le son vers l’extérieur et décorrèle son et image.

Jean-Claude Casadesus et l’Orchestre National de Lille en osmose avec le système L-ISA

SLU : Dérive contre laquelle on lutte à l’aide de petits renforts centraux…

[private]

Christian Heil : On essaie de faire ça mais ça ne marche pas très bien. Je me suis donc dit que nous devions tenter d’entrer dans le domaine multidimensionnel et hyperréaliste, en corrigeant par là même une erreur historique, celle d’avoir mis des enceintes à gauche et à droite alors que les gens sont au centre.

SLU : Au début on mettait une grappe centrale…

Christian Heil : C’était une très bonne idée ! On a dû par la suite tomber dans l’illusion de la stéréo alors qu’on n’a jamais cessé de faire de la double mono. La solution ne pouvait venir que d’un fabricant apprécié, innovant et suffisamment bien implanté pour pouvoir essayer de changer la donne. Mais ça ne va pas être facile. Nous n’allons pas nous opposer à d’autres fabricants de haut-parleurs, au contraire, mais aux éclairagistes et aux scénographes qui ne vont pas vouloir de lignes d’enceintes dans le champ visuel.
J’ai une anecdote. J’ai été invité au concert d’un artiste de stature internationale à Londres. Le show commence et je ne le vois pas. L’immense mur vidéo projette des images psychédéliques. On finit par me le montrer, tout petit et au centre du plateau. Honorait-on vraiment l’artiste qui revenait sur scène après une longue absence ?

Un rappel quant à la façon avec laquelle L-ISA fonctionne. La zone dite « spatialized » offre à tout spectateur s’y trouvant une immersion dans le mix avec un rapport précis entre la localisation de la source sur la scène et le son amplifié qu’elle génère.

Voilà ce que donnerait un gauche/droite standard dans l’Arena lilloise. Le vert clair représente la zone où la stéréo et la phase sont optimales, le vert foncé celle où on est repassé en double mono interférente y compris avec les outfills et enfin le jaune où ne joue que l’outfill. La portion où le public reçoit un signal stéréo n’excède pas 8%.

La même prédiction mais avec le système L-ISA. Le vert foncé est ici la zone interférente entre L-ISA et les K2 en side. 26% du public reçoit un signal en phase et spatialisé.


L’expérience d’un concert n’est plus assez sonore. L-ISA est un pari qui a besoin de l’adhésion des ingénieurs du son, mais ils sont encore rares à assumer ce choix. François Gabert, Stéphane Evrard et toute l’équipe de l’ONL ont dit banco, appelons cela un bon alignement de planètes.

SLU : L-ISA a pris forme quand ?

Christian Heil : Nous avons commencé en 2012 avec Sherif El Barbari, notre homme de terrain, qui a spécifié le projet et a participé activement au développement, et avec Guillaume le Nost qui a pris en charge le développement et a réuni l’équipe nécessaire pour cela. Pendant quelques années nous avons travaillé dans l’ombre d’un laboratoire, faisant des tests algorithmiques et des tests de compatibilité en vue de créer des designs sonores.
Les systèmes on les avait, mais commuter du gauche/droite au multicanal allait changer leur dimensionnement. Cela dit nous disposons des modèles nécessaires avec Kara, Kiva II et Syva. À ce propos, nous aurions dû avoir du Kiva II pour cette opération mais malheureusement c’est une enceinte trop récente, et nous n’avons pas pu trouver le nombre de têtes nécessaires.

La cour de récréation de François Gabert avec sa Lawo et sa paire de PCM96. On devine, tout en haut, les 7 lignes du système L-ISA, étendu au-delà du cadre de scène.

SLU : Il faut dire qu’en étendu, donc 7 lignes, ça commence à faire ! Combien en faut-il pour un déploiement typique ?

Christian Heil : On a deux parties sur L-ISA. Une première, que l’on appelle Scène, couvre avec 5 lignes ou plus l’étendue de la zone de performance où se trouvent les musiciens. La seconde partie, appelée la zone Étendue, offre un panorama plus vaste dans lequel on va mettre des réverbérations, les ambiances, certains synthés et des chœurs. Une sorte de côté panorama.
Il n’est pas obligatoire que le système Scène et Étendu aient la même densité. Si on tournait avec une grosse formation de rock dans des Arenas comme l’AccorHotels à Paris ou l’O2 à Londres, il ne serait pas inenvisageable d’accrocher K2 qui ouvre très large, a naturellement plus de contour et rassurerait immédiatement les ingés son qui seraient dans leur zone de confort.
L’inconvénient majeur est qu’au lieu de mettre deux grosses lignes classiques, nous en mettrions cinq à peine plus courtes. Ajoute les étendues et le compte n’y serait plus. Nous travaillons en respectant un rapport d’échelle et un nombre de composants précis, que ces derniers soient dans K2 ou Kiva II.

L-ISA. Plein de petites enceintes ou moins de plus grosses…

SLU : D’accord pour des moteurs, mais pour les HP de grave et l’aptitude de certains modèles à être full range comme K2, cela change la donne vis-à-vis de Kiva…

Christian Heil : Nous sommes absolument d’accord. Dans le cas de ce soir, il s’agit d’une configuration où le besoin en contour du classique n’est pas très élevé, mais même en cas de musiques plus exigeantes, la quantité de matériel ne va pas changer de manière spectaculaire. Pour le comprendre, repartons un peu dans l’acoustique de base.
Quand on place une centaine de membranes entre 15 et 18 pouces d’un système traditionnel dans une audience, c’est un peu le chaos, un peu comme ce qui se faisait avant le V-DOSC quand on multipliait les boîtes. Les graves suspendus se combinent uniquement dans la médiatrice, et quand on s’en écarte, on a des accidents. Quand on y ajoute des subs qui sont de temps en temps distribués frontalement pour avoir un rendu plus diffus, on ne gagne pas beaucoup d’énergie à cause des pertes en ligne.

Huit KS28 en montage central, cardioïde et endfire. Ca paraît peu, mais leur placement, l’impact de ces subs et leur incroyable sensibilité, rendent ce nombre plus que suffisant, surtout en classique.

Le concept de L-ISA va spécifier que tout le grave et l’infra soit au centre, car tout le monde sait que si on pouvait placer toutes les sources de grave au même endroit, à l’intérieur d’un espace d’une demi-longueur d’onde, on aurait le boulet dans toute la salle. Idéalement et même si cela ne va pas plaire aux gens des lights, accrocher les subs dans un point central, quand cela est techniquement possible, est bon pour le son. Quand c’est irréalisable, une solution peut être de dissocier les sources pour éviter les interférences, mais pour ça il faut convaincre des ingés son qui naturellement privilégient leur zone de confort.

Madje, l’aventurier en immersion hyperréaliste et accessoirement le complice de toujours de Christian Heil !

Même un ami et aventurier comme Madje, qui a longuement employé L-ISA sur Renaud, ressent parfois le besoin de revenir vers un mix plus conventionnel. Enfin il me semble que, toujours dans le bas du spectre, on atteint la surenchère. Pour un groupe de heavy metal très connu, ont été déployés 64 subs à l’AccorHotels Arena. Je pense que cela marche de manière…un peu chaotique (rires).

SLU : Heureusement, ce serait sinon intenable ! Si je vous comprends bien, vous voulez confier, à un point d’émission unique et central, le grave et l’infra, et tout le reste du spectre irait aux lignes L-ISA.

Christian Heil : Tout ce qui est en dessous de 100 Hz peut être rassemblé en un seul endroit, ce qui permet d’utiliser des arrays de plus petites dimensions. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas K2 en array central. On raccorde tout au centre avec des subs, qui ont aussi la fonction de grave.

SLU : Ils ont un preset spécifique ?

Christian Heil : Ils doivent monter jusqu’à 100 Hz. Nous avons fait des essais en plein air, et même si je prends la ligne la plus extérieure en Kara par rapport à un unique point d’émission central de grave et infra, cela fonctionne quand même mieux que si j’accroche du K2 et j’ajoute du grave au centre parce que ça interfère. Cela n’est bien sûr pas extensible à l’infini à cause de la distance relative entre sub et tête. J’aurai un problème de retard et de niveau. Je ne dis donc pas que dans un stade, avec un système central et une scène de 70 mètres, on placera du Kara à 30 mètres du point de grave, mais dans beaucoup d’autres lieux plus ramassés, on aura un résultat meilleur qu’avec le gauche/droite.

SLU : Kara est donc la boîte de référence de L-ISA. Un seul moteur 3’’ ne pose pas de problème ?

Christian Heil : Le nombre de moteurs importe peu, c’est un système de ligne source, je mets le nombre de boîtes qu’il faut.

SLU : Comment établit-on le nombre de boîtes avec L-ISA justement…

Christian Heil : On commence le design L-ISA par la base, le gauche/droite. Ici à Lille on a regardé le design de 2016, le mapping SPL et on a proposé la « même chose » mais avec un autre système. On fournit la même énergie répartie dans la salle.

Une vue indiscrète d’un lieu longtemps tenu secret, le fameux audi de Marcoussis où le trio Heil, El Barbari & Le Nost a passé de longues journées en immersion. Beaucoup de stacks de 6 Kara et quatre SB28 servent la cause depuis de nombreuses années…

L-ISA c’est fournir la même énergie répartie dans la salle qu’avec du tradi. Mais en mieux.

SLU : Je pose la question au créateur et ingénieur. Est-ce que l’octave 60-120 Hz reproduite par un système à petits HP équivaut en impact et en ressenti qualitatif à celle délivrée par un système de surface émissive égale mais embarquant par exemple des 12’’.

Christian Heil : Cette question, on se l’est posée aussi. La réponse se situe entre oui et non. Je pense qu’avant tout il s’agit de repères de mixage mais à la fois je ne suis pas un mixeur, et si Madje était là il ne serait peut-être pas d’accord (rires !). Sur tout ce qui se passe entre 60 et 100 Hz, je préférerai toujours ce que reproduit un 15 et même un 18 pouces qui a moins de distorsion. Quand on passe au-dessus de 100, je ne vois plus la différence.
Prenons le problème maintenant à l’envers. Est-ce que je ne préfère pas une série de 8 pouces qui se partagent l’énergie sonore dans la bande 80 à 120 Hz, plutôt que de rassembler toute cette énergie sur deux 15 pouces. Cette fois, la réponse n’est pas aussi claire. Si je mets un seul signal sur une membrane de 8 et de 15, je préférerai le 15 pouces.
Seulement la musique ce n’est pas du tout ça. Quand j’assemble plein de signaux différents et que je les route tous dans le 15 pouces, leur combinaison n’est pas idéale, je préfère plus de petites membranes. Quand on parle de Madje et de Renaud (Madje et Potar ont accompagné Renaud en L-ISA dans une très longue tournée. NDR) mais c’est vrai aussi pour tous les bons mixeurs pop et rock, ils ont tous tendance à ramener leur mix au centre.

La date au Zénith de Paris de la tournée de Renaud. 6 KS28 en montage cardio et une ligne centrale de 14 Kara.

SLU : Ce qui donne depuis toujours le boulet…

Christian Heil : Exactement, seulement si on met pied, basse, bref, les éléments fondamentaux, dans peu de Kara et uniquement au centre, le système souffrira plus que par exemple dans une ligne de K2. Il faut apprendre à élargir et mieux exploiter le nombre de boîtes en l’air, ce que font très bien les ingés son en classique. Cela dit, si Madje n’est pas d’accord, ouvrez-lui vos colonnes !

SLU : C’est quand il veut et il le sait (Madje, si tu nous écoutes…) C’est pour ça que vous préférez pour L-ISA des spectacles de pop plus « tranquille » ?

Christian Heil : En tout cas d’un style musical qui tire avantage de la spatialisation et moins de la puissance de la manière que l’on vient d’évoquer. Je pense à Jarre par exemple, la nature même de sa musique irait très bien à L-ISA.

SLU : Et pourrait bénéficier de l’automation des déplacements…

Christian Heil : Bien sûr, il y a plein de possibilités avec les mouvements qui, dans certaines musiques, peuvent apporter beaucoup.

Quelle enceinte pour L-ISA ?

SLU : Est-ce que vous ne pensez pas que la limite actuelle de L-ISA est Kara, à la fois par son impact assez limité dans le grave, sa dynamique et surtout son ouverture qui à 110° ne joue pas assez la carte du recouvrement propre à votre technologie multicanale. Autrement dit, est-ce qu’une enceinte spécifique qui servirait mieux L-ISA n’est pas nécessaire pour lui permettre de s’imposer ?

Au moins 140° d’ouverture pour Syva jusqu’à plus de 10 kHz. Pile ce qu’il faut pour L-ISA et pour qu’une voix lead ne sortant que de la ligne centrale atteigne l’ensemble de l’auditoire.

Christian Heil : Bien sûr Ludo, mais laisse le temps au temps. La réponse est claire. Si L-ISA, et plus généralement les systèmes multidimensionnels prennent, il faudra réinventer les systèmes de sonorisation pour les rendre plus légers, plus rapides à installer et plus ouverts.
Si on rencontre des succès au-delà de l’enthousiasme du public, à savoir la volonté des productions de se lancer, il est vraisemblable qu’on se mette à la table à dessin. Je pense que c’est encore prématuré. De toute manière ce seront les prestataires qui nous réclameront des systèmes conçus plus spécifiquement pour le multidimensionnel.

SLU : Il y a déjà Syva…

Christian Heil : Oui et c’est une enceinte magnifique pour L-ISA. On pourrait très bien sonoriser une formation classique ou de jazz dans une salle de 1 500 places avec ce modèle (Rêve prémonitoire de Christian Heil. Alain Français l’a fait au Théâtre des Champs Elysées en octobre NDR)

SLU : Avec son ouverture très, très large, c’est la seule du catalogue L-Acoustics qui corresponde parfaitement au principe L-ISA qui veut que chaque groupe du système frontal couvre de manière optimale une aire commune représentant plus de 75 % de la zone d’audience.

Christian Heil : Cette enceinte était un pari et le résultat est très bon, en résidentiel comme en live. Son ouverture latérale nominale est de 140° et garantit effectivement un excellent recouvrement qui est la clé de L-ISA.

L-ISA partie soft

SLU : Où en est-on des outils informatiques pour gérer L-ISA ?

Christian Heil : On avance en parallèle. Aujourd’hui la dernière génération de Soundvision est en mesure de qualifier un design multidimensionnel car on sait que c’est différent et forcément complexe. On fait du gauche/droite depuis 40-50 ans sans trop se poser la question de savoir où ça recoupe, jusqu’où va la stéréo centrale, plus proche d’ailleurs du dual mono. En fait, personne ne sait quel est le pourcentage de chaque catégorie.

Une vue de la jauge L-ISA. Le nombre de critères est tel qu’il sera difficile voire impossible de « coller aux parois ». La GUI de cette jauge est encore provisoire.

SLU : Si, vous pouvez le voir avec Soundvision

Christian Heil : Exact, nous avons désormais une couche de Soundvision qui est presque une certification de nos propres designs, que ces derniers soient du gauche/droite ou du multidimensionnel, et ce par le biais d’une note.
Cette nouvelle couche est le fruit de différents critères retenus comme le pourcentage de l’audience couverte, celle vers laquelle tous les signaux convergent. Il y a un critère de distribution du SPL. On vérifie aussi, et c‘est une nouveauté, l’impact temporel lié aux trajets acoustiques différents en fonction de là où l’on se place dans la salle. On s’y est habitué, mais en dual mono comme en stéréo, on vit avec un filtre en peigne et la pollution sonore de la seconde source. On a aussi un critère qui est lié à la capacité de résolution des sources, la faculté qu’a un spectateur à reconnaître et séparer les sources qu’il entend.
C’est une sorte de résolution spatiale, comme un pixel dans une image. On va regarder aussi la déviation angulaire qui existe entre la source réelle et celle sonorisée. On donne une note à la déviation horizontale et verticale. Souvent ce qui pêche de par le placement des lignes, est celle verticale ce qui nous pousse à négocier une accroche le plus bas possible, mais cela est difficile car un spectacle mélange son, lumières, images et décor, et tout doit coexister pour l’ensemble du public. L’ensemble de ces notes agrégées donne une note finale. On ne se ment plus. On sait exactement et objectivement où en on est d’un point de vue qualitatif.

Christian Heil avec, à droite de l’image Stéphane Evrard, le directeur technique de l’ONL.

SLU : L-ISA demande donc un vrai savoir-faire de l’exploitant…

Christian Heil : Oui, mais je fais comme avec le V-DOSC il y a 20 ans. L-ISA marche avec des principes que nous établissons presque comme une règle d’école, règle faite pour être en un second temps dépassée. Les techniciens qui vont utiliser ce système vont sortir du cadre et vont inventer d’innombrables autres utilisations. Le Puy du Fou avec sa scène circulaire et d’autres parcs à thème ont adoré les possibilités offertes par L-ISA.

L-ISA, work in progress ?

SLU : Est-ce que l’algorithme du processeur L-ISA va encore progresser ?

Christian Heil : Guillaume le Nost qui le développe et Sherif El Barbari qui l’exploite ont passé près de trois ans à travailler sur la façon dont l’audio est manipulé dans le processeur.

Sherif El Barbari assiste François Gaber et répond à toutes ses questions sur L-ISA qu’il connait sur le bout des micros de mesure.

Sherif qui, un peu comme toi, est extrêmement attentif aux détails, me rapporte souvent des pistes d’amélioration, mais des microdétails, surtout comparé à ce que nous sommes habitués à entendre avec le bon vieux gauche/droite dont les interférences sont inhérentes au principe même des deux lignes. Mais la réponse est oui, ça va forcément évoluer. Si tu avais vu le premier preset que j’avais fait pour le V-DOSC alors qu’en plus je ne connaissais pas les spécificités inhérentes au spectacle, c’était…

SLU : Pas bon ? (rires)

Christian Heil : Il y a eu par la suite des générations de presets, de mémoire il y en a eu 7, et maintenant on a compris ce qu’il fallait faire.

SLU : Comment harmoniser ce que jouent les enceintes du haut et celles du bas ?

Christian Heil : Celles du bas jouent une réduction mono. C’est logique car si tu es à l’extrémité de la scène et très près de cette dernière, tu ne vas entendre que ton enceinte de lip fill, or si je ne joue pas une réduction mono et que la soprane est à l’opposé, tu vas passer à côté de son chant. Avec un lip mono tu l’entendras. Il est cela dit possible qu’à l’avenir, et en fonction des circonstances, on panache du mix mono et non mono. Nous travaillons sur cet aspect et peut-être irons-nous vers une stéréo.

SLU : Quoi faire pour les côtés, là où pas mal de public se retrouve ? À l’heure actuelle il y a du K2, ici à Lille ou même dans la tournée de Renaud. On ne peut pas jouer la carte d’une spatialisation même réduite ?

Christian Heil : Nous y avons pensé, on a essayé une certaine forme de duplication mais pour le moment on abandonne car la pollution l’emporte largement sur la fourniture d’un son de qualité à plus de spectateurs. Pour revenir plus généralement à L-ISA, nous apportons des améliorations substantielles par rapport à ce qui se faisait avant mais nous ne supprimons pas certains défauts.

La nécessité de voir la scène et les écrans vidéo pour les spectateurs placés dans les gradins, et une certaine hantise de « l’enceinte qui est moche » de la part des scénographes, oblige les systèmes à être déportés loin sur les côtés et dans le cas de L-ISA à être accrochés très haut, un peu trop. Un problème difficile à résoudre.

La verticalité, donc la distance par rapport au public, sera toujours un problème. Une comédie musicale, où les enceintes sont placées très haut, ne fonctionne pas aussi bien qu’elle devrait en L-ISA, mais pas plus qu’avec les systèmes actuels. Simplement on y est habitué et par essence, on trouve toujours plus de défauts au système nouveau qu’à celui que l’on connaît.

SLU : On est donc presque au bout de la phase de développement de L-ISA alors…

Syva lors d’une de ses premières sorties dans les mains expertes d’Alain Français il y a tout juste un an au cœur du Louvre.

Christian Heil : Non, ce serait mentir de le dire, mais nous sommes sacrément avancés. Nous avons commencé en 2012 et on n’a pas fait que de la théorie, nous avons mis en pratique nos idées sur le terrain donc L-ISA est tout à fait prêt à être commercialisé. La seconde phase, qui va commencer en parallèle, c’est son appropriation par les ingés son.

SLU : Peut-on dire que L-ISA est la nouveauté et le futur de L-Acoustics ?

Christian Heil : La nouveauté du fabricant de systèmes audio L-Acoustics, est Syva. Nous sommes avant tout en train d’introduire dans le groupe une branche différente qui traite de design sonore, qui s’intéresse à ce que fait le produit quand il est mis en situation et plus seulement à ce qu’il délivre en termes de couverture ou SPL. Je dirais que L-Acoustics s’intéresse de plus en plus à l’application, la mise en œuvre de ses produits.
L-ISA est tout en tête de ce que l’on voudrait faire dans le design sonore frontal multicanal simple à déployer. A ce propos, le mérite de cette installation lilloise L-ISA en revient à Fred Bailly et à Sherif. Ma signature a été essentiellement les boîtes N° 1 et 7, celles qui étendent (rires !) Il faut tricher, étirer l’orchestre pour bien remplir une salle aussi grande. Le processeur L-ISA sait générer 32 sorties dont 6 sont pré-affectées à des downmix.

Et le secret de L-ISA est…

Un des défauts pointés par Christian et matérialisé sur ce graphique, la localisation verticale à savoir l’écart entre la scène et la diffusion. On remarque bien que pour nombre de sièges face au plateau, il atteint et dépasse les 60°, ce qui s’apparente trop à une douche et que les lip fills ne comblent qu’imparfaitement puisque ne reprenant pas la distribution particulière d’L-ISA.

SLU : Quelle distance faut-il laisser entre chaque cluster ? Il y a ici 4 mètres me semble-t-il…

Christian Heil : Il y a 4 mètres pour des questions de fluidité. Il pourrait y avoir un peu plus puisque nous sommes à des distances assez importantes. Au-delà d’un certain écart, le son ne raccorde plus bien entre un cluster et un autre et surtout s’il faut suivre le déplacement d’un artiste avec, par exemple un tracker, on perd en fluidité dans la transition entre les clusters et on gagne un effet « magnétique » de saut de l’un à l’autre. Cela dépend aussi de l’ouverture des enceintes, mais quoi qu’il en soit, la raison est purement acoustique et de design.

Quelques petits défauts aussi dans la localisation horizontale. Nul doute qu’une boîte qui ouvre plus latéralement et reculée de quelques mètres si sa réjection arrière le permet, règlerait facilement ce problème et en partie celui des lipfill…

SLU : L-ISA va quand même avoir besoin d’une grosse dose de pédagogie pour expliquer les nouveaux fondamentaux…

Christian Heil : C’est vrai ! On rebat les cartes. On m’a dit dernièrement… « mais, tu as toujours dit qu’il ne faut pas mettre deux line arrays à moins de 7 mètres l’un de l’autre ! » C’est vrai, mais surtout quand on a le même signal dans les deux sur toute la bande. L-ISA travaille en mode séparatif, il n’y a pas le même signal sur deux enceintes adjacentes… (je l’interromps)


SLU : Pourtant si, on peut ouvrir le même signal sur plusieurs lignes via le contrôleur !

Christian Heil : Effectivement, on a un mécanisme dans l’algorithme qui essaie de minimiser les questions d’interférences et corrige le timbre pour faire en sorte que deux systèmes sonnent comme un seul, ce qui n’est sinon jamais le cas. Il faut aussi faire du détimbrage et de la rotation de phase pour éviter que les interférences ne s’entendent. On a passé des années à le mettre au point avec des gens pointus qui ont écouté et ont coupé les cheveux en quatre. L’algorithme est bon. Ce qui peut être amélioré encore aujourd’hui est la distance verticale et donc la crédibilité pour les premiers rangs.

Le plugin de L-ISA, intégrable dans des univers VST ou AAX et fonctionnant de manière dynamique dans le projet et avec l’automation de l’éditeur numérique. Ce plugin délivre par la suite ses instructions au processeur L-ISA via un simple câble réseau.

SLU : Parfaitement d’accord. Le raccord et le son des premiers rangs n’est pas optimum. Il vaut mieux être plus reculé et dans le tir de L-ISA seul.

Christian Heil : Celui qui m’invente des near fills qui marchent et sont efficaces pour les 5 premiers rangs, je dis chapeau. J’assiste à beaucoup de spectacles à Londres où je réside, et très rares sont les shows où le champ proche est convaincant.

SLU : J‘imagine que l’intégration d’une partie de L-ISA dans les consoles DiGiCo va aider à son adoption…

Christian Heil : Bien sûr. Sherif et Guillaume ont œuvré pour qu’on passe cet accord avec DiGiCo, et cela rend sa mise en œuvre encore plus simple et pratique. L-ISA est une aventure commencée il y a 5 ans mais dont la maturité va intéresser les productions. Je ne suis pour autant pas convaincu que le rythme s’accélère d’un coup. Il faut que des gens qui ont confiance en moi et dans la marque, et qui ont du pouvoir, fassent le premier pas, des gens par exemple comme Stéphane Plisson en France mais aussi l’ingé son d’Adèle ou de Radiohead.

De gauche à droite Christian Heil, François Gabert, Erdo Groot et François Bou, le directeur général de l’ONL. Les sourires ne sont en rien de façade. Le concert vient de se terminer et tout le monde est sincèrement ravi.

Cogitations en guise de Conclusion

Rendons d’abord à César ce qui appartient à François Gabert. La plus belle diffusion ne sert pas à grand-chose si on lui pousse dedans du bizarre. Heureusement le bonhomme est aussi serein et équilibré que son mix. On s’est régalé une heure durant, savourant dans les moindres détails le travail de Jean-Claude Casadesus et de l’Orchestre National de Lille. Chapeau aussi aux architectes qui ont conçu le volet « showbiz » du stade Pierre Mauroy. La polyvalence de cette salle est une réalité sonnante et trébuchante. Surtout sonnante. La capacité d’accueil, l’accessibilité, les possibilités d’accroche mais surtout l’acoustique archi saine en font une remarquable salle de spectacle, une Arena avec un A majuscule.

Avec son toit fermé aux multiples points d’accroche, sa dalle lisse comme un guide d’onde de line array et sa très belle acoustique, cette moitié de stade est LA réponse au besoin en salles de spectacle. Rappelons qu’un club de foot résident ne joue dans le meilleur des cas que 25 à 30 fois à la maison, le reste du temps…

L-ISA, c’est quoi. Pour faire simple je dirais que c’est le meilleur compromis possible dans un domaine qui n’est que compromis. L-ISA, c’est la façon la plus rationnelle économiquement comme acoustiquement et sans doute la plus aboutie d’obtenir un front sonore immersif, cohérent et spectaculaire en termes de zone de couverture, réponse en fréquence, phase, dynamique et SPL. L’idée et la technologie qui se cachent derrière ne sont pas nouvelles, mais leur intégration au sein d’un processeur puissant, mû par un algorithme très raffiné et piloté par un contrôleur à objets, le sont tout à fait. Quand un mastodonte comme L-Acoustics s’implique dans un projet, ce n’est jamais à la légère et L-ISA n’y fait pas exception. Plusieurs questions se posent alors.

Christian Heil, ici avec Fred Bailly, répond aux nombreuses sollicitations des techniciens présents et se prête au jeu du star system. Ce n’est pas tout d’avoir donné au monde le V-DOSC, il faut l’assumer ;0)

L-ISA est bon à tout faire ? Théoriquement oui. Offrir un champ sonore vaste et une localisation précise des sources à plus de la moitié du public, voire dans certains cas beaucoup plus, est bon pour toutes les applications et styles musicaux. En plus la gestion simple, automatisable et pilotable à distance des objets ouvre une infinité de possibilités créatives.
Confronté à des solistes trop clairs, trop en avant et sans doute trop « amplifiés » François Gabert a par exemple fait le choix durant le concert de les reculer dans l’espace, une façon simple de les fondre plus dans le mix et leur redonner plus d’authenticité. L-ISA est une clé dont les techniciens mais aussi les artistes peuvent s’approprier. N’oublions pas que c’est sous l’impulsion des Floyd que la quadraphonie a existé en grand.

Kiva II, une enceinte qu’on risque de retrouver souvent dans les déploiements L-ISA. Passive, 16 ohms, 138 dB de SPL Max pour 14 kg et 100° d’ouverture.

L-ISA peut-il exceller aussi dans des styles demandant de la membrane et du SPL ? Une fois encore la réponse est oui, en tirant parti des enceintes au catalogue, mais ce serait sans doute encore plus facile avec des modèles dédiés à cette norme. Une tête spécifique dans ses formes comme dans ses fonctions, capable de reproduire avec la puissance et la dynamique moderne, le spectre 100 Hz à 16 kHz, avec une ouverture très large et peut-être ajustable par des volets, une enceinte capable de faire plus de SPL mais avec un nombre de boîtes limité pour faciliter son intégration visuelle.
Une enceinte enfin qui gagnerait à être cardioïde pour lui permettre d’être placée à la verticale du plateau sans risquer d’impacter ce dernier, ce qui offrirait une couverture L-ISA plus large et qui servirait aussi les premiers rangs. Une enceinte nerveuse et actuelle qui aiderait les mixeurs à sortir d’une vision trop monophonique du boulet. Ce qui est vrai pour le haut, l’est aussi pour le bas du spectre. Il faudrait idéalement une enceinte très puissante, associant renfort de grave et sub, capable de reproduire entièrement les deux premières octaves avec une directivité cardioïde native afin de pouvoir concentrer cette usine à grave et bave dans un espace restreint et central.

Le mapping full range du déploiement L-ISA lillois. Un SPL Max de 103 dBA et min de 97, avec bien entendu toutes les boîtes ouvertes. Il y a du monde, encore faut-il lui donner à manger…

L-ISA est-il créatif et simple à utiliser ? La réponse à la première partie de la question est clairement oui, mais plus encore c’est aussi un outil de mixage à part entière qui a toute sa place sur une console de mélange et pas simplement relégué dans son écran et derrière sa souris. Son intégration au sein des consoles DiGiCo sera à cet effet très bénéfique et devrait faire des émules. Simple à utiliser, peut-être pas si on se place du côté design.
Le besoin par exemple de concentrer le grave dans un point unique complique quelque peu son exploitation en plein air et partout où le poids en accroche pose problème. Il faudra aussi un peu de temps pour que les mixeurs prennent la mesure de l’ensemble d’enceintes à leur disposition pour ouvrir leur mix et surtout comprennent qu’il faut employer plus de boîtes pour bénéficier de la pression que requiert tout show.

L-ISA sonne-t-il bien ? Ici la réponse est nettement oui. Les stratégies déployées au sein du processeur permettent de jouer un même message de façon la plus constructive possible dans deux ou plus de lignes espacées. Pas évident sur le papier. Et pourtant ça marche bien mieux que ce qu’offrent actuellement deux points principaux qui ne s’aiment déjà pas trop, et auxquels on ajoute les down, out, lip, front, les renforts de grave accrochés et les subs au sol. Soyons honnêtes. On y est habitué, mais c’est très souvent interferland… Alors oui, parfois on perçoit quelques queues d’artefacts, mais l’ensemble est infiniment plus honnête et généreux en couverture et en audio de qualité que l’habituel gauche/droite.

Un amphi de 4000 places, le parfait lieu pour L-ISA. Ici la version gauche/droite en 12 x K2 offrant une zone de confort à 25% de l’audience.

Le même shed de Santa Barbara avec cette fois un déploiement L-ISA de 5 x 12 Kara en Scène et 2x 8 en Etendu. La zone de confort atteint 87% avec en plus une vraie spatialisation


Enfin, L-ISA est-il une bonne réponse aux nouvelles normes de niveau ? Sans hésiter oui. Par la plénitude de son rendu à pression raisonnable, et par le fait de jouer loin du public et avec un seul groupe d’enceintes point source, la partie du spectre qui vient d’apparaître sur les écrans des analyseurs désormais chatouilleux au dBC, L-ISA va régaler le public, comme les pouvoirs publics. Pour info, le Requiem n’a atteint lors de ses magnifiques fortissimi que 98 dBA et à peine plus en C. À 4 dB des limiteurs. Autre avantage qui facilite la vie du mixeur, le rendu en régie n’est pas chargé à +6 dB comme d’habitude puisque têtes comme subs distribuent au mieux le SPL.
En fait, on en vient à se poser une question simple. Et si le gauche/droite c’était le passé ?

Jean-Claude Casadesus et l’Orchestre National de Lille

Peut-être avez-vous raté les parties 1 et 2 de notre dossier sur L-ISA, retrouvez-lès ici :

Et d’autres informations sur :

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Avec Nexo

Un Violon, des Potes et du STM dans le sable de Royan

Royan, La Grande Conche, ses tribunes, ses 6 tours de diffusion et sa scène ouverte aux quatre vents.

L’idée est belle et ne cesse de grandir, en taille, en notoriété et en richesse du plateau d’invités. Pour sa 30è édition, Un Violon sur le Sable a décidé d’améliorer la diffusion principale en faisant confiance à Nexo, sans pour autant chambouler sa régie et ses fidèles acteurs techniques. Royan, sa Grande Conche et son sable aussi fin que redoutable vous attendent. Sortez votre pinceau et un transat, on vous a fait un roman d’été !

L’arrivée sur la plage de la grande Conche a ça de majestueux qu’elle est effectivement grande et surtout qu’elle abrite des gradins pouvant accueillir pas loin de 3800 spectateurs payants, des gradins qui ne se rempliront que peu de temps avant le spectacle.
La fosse en revanche, enfin, la plage de sable fin dont l’accès est totalement gratuit, est déjà parsemée de spectateurs qui en profitent pour bronzer tout en occupant avec des serviettes et des transats les meilleures places.

Les bonnes places gratuites se méritent. Premiers rangs, assis dans le sable, second rang, chaise basses uniquement, troisième rang, fauteuil et tables qui se garniront de jolis flacons la nuit venue !

Notre arrivée se fait donc les pieds dans le sable en admirant les 6 tours qui abritent la diffusion, la scène et ses loges, et derrière cet ensemble, un cadre tubulaire où s’affairent les artificiers de Ruggieri. La régie est placée à bonne distance dos aux gradins VIP, elle aussi dans le sable et sous deux dais qui seront retirés quelques minutes avant le show.

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Yann Heynard, régisseur et moteur du Violon

Yann Heynard, ici à 0 mètres d’altitude ;0)

Accompagné par un sourire aussi adorable que l’homme, Yann Heynard qui est le premier à s’expliquer, nous précise son rôle.

Yann Heynard : Je suis le responsable d’Atlantic Sono, une société implantée à Royan, montée en 1980 et qui est à la base de la sonorisation des Violons depuis les débuts de cet événement il y a pile trente ans.

SLU : C’est un gros événement. Qu’as-tu déployé qui t’appartient ?

Yann Heynard : Beaucoup de matériel. Les deux Midas à la face, la Yamaha et la Digi aux retours, tous les micros, la diffusion des quatre tours de rappels extérieurs en Electro-Voice, toutes les enceintes de retours en Electro-Voice et APG… Ce qui ne m’appartient pas ce sont certains effets à la face et la diffusion principale.

SLU : En deux mots ton activité ?

Yann Heynard : Petits concerts, événementiels, un peu de vente et le tout, soit ici, soit dans les Alpes. Je passe de la mer à la montagne. Au milieu ce n’est pas mon truc (rires).

SLU : Comment en vient-on à sonoriser un tel mastodonte ?

Le pratos du chef d’orchestre Jérôme Pillement faisant face à ses 80 musiciens auxquels s’ajoutent choristes et solistes.

Yann Heynard : Avant de prendre la taille actuelle, le Violon a été tout petit. Un jour Philippe Tranchet, qui en est le créateur et l’organisateur mais qui est aussi un ami de longue date, m’appelle et me demande si je peux sonoriser un orchestre de musique classique sur la plage de Royan. Ce qu’il convient d’appeler la première édition a eu lieu avec un seul violon et pour quelques personnes seulement. Je réponds qu’on va essayer.

En 1988 je plante deux paires d’enceintes de chaque côté, quelques micros devant les 14 musiciens et de fil en aiguille l’événement s’est étoffé et a grandi. On a bénéficié de l’aide de l’équipe du Mondial de Billes organisé aussi par Philippe Tranchet, une dizaine de personnes bienvenues pour transporter le matériel car le sable n’est pas très pratique pour ça… Jusqu’au jour où nous avons enfin bénéficié du Manuscopic, une révélation et une révolution (rires). Cela nous a permis d’apporter beaucoup plus de matériel.

SLU : Il aime l’eau de mer le Manuscopic ?

Yann Heynard : Rien n’aime ni l’eau ni le sable et nous avons hésité longtemps avant d’apporter la première console numérique car les analogiques se sont révélées plus solides. On en a cassé pas mal au début dont une paire de Mackie TT24 dont les faders se sont complètement grippés ce qui n’a pas facilité le show. La marque avait joué le jeu et les avait remplacées. En 3 mois et un Violon, on les avait rincées.

Arnaud Houpert dans la régie son durant les balances et face à ses deux Midas.

Arnaud Houpert (ingé son façade) : Je me souviens avoir dit à Yann « Je vieux bien mettre des cordes, mais je ne peux pas, regarde… » (rires)

Yann Heynard : Encore aujourd’hui on souffre beaucoup de l’air marin et surtout du sable, pas le gros sous tes pieds, mais le très fin plein de sel qu’on ne voit pas et qui pénètre partout. On passe notre temps un pinceau à la main ce qui ne m’a pas empêché de changer tous les linéaires d’une des Pro2 Midas. Ils ont tenu cinq ans mis c’était devenu inmixable et pas la peine de mettre de la bombe, cela crée des pâtés corrosifs.

SLU : Les Violons devient donc avec le temps très gros. Comment cela est géré aujourd’hui ? Appel d’offres et tutti quanti ?

Yann Heynard : Non, c’est resté très simple et géré de façon directe avec la prod. Cela fait 30 ans que je m’en occupe, le prestataire lumière 17 et Arnaud qui mixe 19 ans. Nous sommes des amis et ça fonctionne très bien ainsi, ce qui n’empêche pas exigence et obligation de résultat. Potes ou pas, il faut que ça marche !

SLU : C’est cool, le prix double chaque année alors (rires)

Yann Heynard : Non, justement pas. La confiance ça marche dans les deux sens. Les budgets sont très stables malgré la constante augmentation de la taille de l’événement et du nombre de concerts par année. »

La naissance d’une belle équipe

Les 5 historiques et trois petits nouveaux. Accroupie à gauche, Séverine Gallou au mix retours, à droite Yann Heynard à la régie technique et bien plus. Debout de gauche à droite Carole Marsaud, Ingénieur en acoustique chez Nexo et associée chez Blackline Event, Jean-Jacques Vias, directeur commercial de Nexo et vacancier de passage à Royan, Anna Jedrowski, assistante plateau en charge du prémix des cordes, Pascal Mercier en charge du plateau, Jean-Claude Marsaud, PDG de Blackline Event et enfin Arnaud Houpert, mixeur façade.

SLU : Tu es donc tout seul au début, mais rapidement tu t’entoures.

Yann Heynard : « Absolument. Le premier à m’épauler a été Pascal Mercier au plateau. Puis en 99 j’ai fait la connaissance d’Arnaud Houpert qui a pris en charge la régie façade et le mix, puis Anna qui est venue en stage et revient chaque été depuis 11 ans pour pré-mixer les violons. Grâce à eux, j’ai pu ne m’occuper que des retours et de la régie générale, poste que j’occupe toujours aujourd’hui.

Aussi transparent acoustiquement que visuellement, le système STM de jardin dont on devine le bloc de 9 S118 et les 2 petites M28 en downfill placées à l’aplomb du guide des M46.

SLU : Il y a donc quelqu’un à jardin sous la tente…

Yann Heynard : Oui, Séverine Gallou qui tient les retours depuis trois ans. L’équipe de base compte donc 5 personnes.

SLU : Tu installes ton matériel de diffusion partout sauf dans le gauche/droite principal…

Yann Heynard : Oui, j’ai toujours complété en louant le nécessaire sauf cette année où pour le trentième anniversaire j’ai demandé à Jean-Claude Marsaud et sa fille Carole, deux copains de plus, de venir bosser avec moi, d’où l’arrivée de Nexo que Jean-Claude distribue et utilise avec sa société Blackline Event. Ils ont donc pris en charge la façade avec la collaboration de Nexo et c’est Carole qui a fait le design et le calage. »

Carole Marsaud : « Avec la collaboration plus qu’active de Val Gilbert qui est passé à Royan, et c’est d’ailleurs lui qui a arbitré les derniers choix. Il a un savoir-faire et une expérience immense en Touring. Il n’y a même pas de questions d’égo, c’est lui qui a le dernier mot pour le bien de la prestation. Ca me paraît logique que ça se passe comme ça. En plus je ne veux pas me fâcher avec Val (rires) ! »

Si le nom de Carole Marsaud vous dit quelque chose, vous avez raison, mais nous en parlerons avec elle plus loin dans ce reportage !

SLU : Ca sent un peu le passage de témoin…

Yann Heynard : En quelque sorte. Comme dans quatre ans il est possible que je devienne spectateur, si Jean-Claude se débrouille bien, peut-être qu’il reprendra et sera là pour 20 ans ! Quand je dis que c’est une histoire de famille c’est vrai. Quand je mixais, Arnaud Houpert qui avait 15 ans et venait depuis Paris en vacances avec ses parents, se plaçait devant la scène et…

Arnaud Houpert : J’étais assis et je trouvais ça génial. J’étudiais le violoncelle et déjà à l’époque le fait de l’amplifier m’intéressait car on jouait pas mal de jazz et de pop.

SLU : Vous avez dû être des pionniers du classique amplifié et encore plus en plein air…

Yann Heynard : Et sans bâche aussi ! Oui, on a été les premiers à démocratiser autant le classique et ne parlons pas de le faire sur une plage ! Nos musiciens sont aussi bons que trash, et acceptent ce que d’autres n’imaginent même pas. Notre chef est génial et est là aussi depuis 1992. Le public enfin nous connait, vient chaque année, nous interpelle, félicite, nourrit parfois en nous apportant des victuailles, une vraie histoire de famille !

Nexo, merci Blackline !

SLU : Ce système Nexo alors…

L’incontournable et incollable Jean-Jacques Vias !

Yann Heynard : C’est certainement le haut du panier de la diffusion et nous en sommes particulièrement contents. Quand j’ai commencé ce métier, j’ai d’ailleurs acheté des enceintes de cette marque, des Touring et des PS15, et lorsque j’ai voulu aller plus loin avec eux, j’ai ressenti un certain manque d’intérêt, un défaut de l’époque de nos deux grosses marques nationales et depuis corrigé. (Jean-Jacques Vias, Directeur commercial de Nexo présent lors de cette journée tend l’oreille).
J’ai toujours aimé Nexo (rires) même si le matériel reste pour moi un outil et chaque enceinte a ses qualités et ses défauts. J’ai donc bifurqué vers d’autres marques étrangères qui m’ont servi et me servent au quotidien sans problème.

Jean-Jacques Vias : Nous avons sans doute eu un passage plus difficile autour du lancement de notre première petite ligne source, le S8 où nous avons ressenti le besoin de sélectionner nos clients et surtout éviter de donner des outils complexes à des sociétés qui ne les auraient pas exploités au mieux. Mais nous avons depuis modifié notre politique commerciale et faisons en sorte de toujours assurer la formation et l’assistance, y compris sur des petits systèmes abordables, c’est donc de l’histoire ancienne.

Le moteur STM made in Senlis (Oise) vu côté pile.

SLU : Nexo revient donc aux Violons via Blackline.

Yann Heynard : Oui, mais surtout grâce à la confiance que j’ai en Jean-Claude Marsaud. Aux Violons, on marche à la confiance et on travaille en local, entre prestataires du cru.
On ne va pas aller chercher des systèmes à Paris alors qu’en plus on touche des subventions en local ! Il faut qu’on se soutienne entre nous, tout en faisant en sorte que la qualité de chaque intervenant soit garantie.
Si Jean-Claude n’avait pas du bon matériel et des gens compétents pour le mettre en œuvre, je n’aurais pas pu le faire travailler pour nous et cette collaboration va même au-delà puisqu’on a eu besoin de matériel sur une autre opération et on a fait appel à lui.
Je tiens à préciser qu’Audio Pro à Bordeaux nous a toujours fidèlement accompagnés, on a simplement souhaité cette année faire quelque chose de nouveau et aller vers Nexo pour les 30 ans des Violons.

Arnaud Houpert, du son, et du bon.

SLU : Arnaud, comment es-tu arrivé au son. Violoncelle et puis…?

Arnaud Houpert (ingé son façade) : Ce qui est rigolo c’est que j’ai travaillé avec des gens de chez Nexo au moment où j’ai bifurqué après mon prix du conservatoire en 97. C’est vrai aussi que dès que j’ai eu dix ans et trois ronds, j’achetais un micro. J’étais un fan de l’objet micro, un autiste du capteur sans trop savoir à l’époque pourquoi. Etant au conservatoire à Paris, j’ai aussi eu l’occasion de jouer en studio pour diverses séances où, après la prise, je restais scotché en cabine. J’adorais ça. Le lendemain du prix du conservatoire au petit déjeuner, j’ai annoncé que j’arrêtais le violoncelle.

Arnaud Houpert à gauche en compagnie de Pascal Mercier dans sa régie. Remarquez les parasols, ils mettront du temps à se fermer !

J’avais commencé à 4 ans et j’en avais 19. Plein les bottes. Sur un coup de chance, j’ai rencontré l’équipe de Lagoona Paris, Bernard Duquesne et Didier Jory grâce à la fille de Bernard à laquelle je donnais des cours de violoncelle, et ils m’ont proposé de les rejoindre. J’étais débutant comme tous les débutants, mais j’avais un peu plus d’oreille et terriblement envie de faire ce métier. Ils voulaient en plus augmenter leur part de marché dans le jazz et s’ouvrir au classique.

J’ai ainsi bénéficié d’une formation de deux ans au métier de sonorisateur avec 6 mois de Harting, du déchargement à 6 du mat’ pour voir si le petit violoncelliste sait se « crader » les mains, puis de la Spirit Folio, de la résidence au Splendid et, second coup de bol, un soir Pierre Jacquot déclare forfait, malade, et je le remplace au mix de Dee Dee Bridgewater sur une PM4000 avec une 480 Lexicon et woawwww… ça sonnait tout seul (rires). Ils sont venus me voir, cela leur a plus et j’ai pu partir sur d’autres trucs un peu plus sérieux. Paf, 9 mois après service militaire dans l‘armée de l’air entre Cognac et Salon, je rencontre une chérie, je m’installe dans le Sud-Ouest et inévitablement je tombe sur Yann Heynard qui, ravi de mon passé de violoncelle et de son, me propose la face et comme la greffe a pris, je suis toujours là.

La régie technique son et à gauche éclairage une fois retiré le dais.

SLU : Et quand tu n’as pas un pinceau dans la main et du sable entre les doigts de pied ?

Arnaud Houpert : Je travaille en faisant en sorte d’en faire le plus possible entre le 15 juin et le 1er septembre en festivals pour rester dans la région auprès de ma petite famille. Pour l’hiver j’ai une boite spécialisée dans la captation, le bridging réseau et le micro numérique qui s’appelle U-Fly.

SLU : Ca me rappelle quelque peu le nom et le boulot que fait Alain Roy et son FAN…

Micro numérique Neumann = RCS, le soft de pilotage des préamplis/convertisseurs.

Arnaud Houpert : Non, pas vraiment, on se connait bien avec Alain et on se voit fréquemment chez Neumann, mais ma boîte et mon nom dérivent de ma passion pour l’aérien et la forme en U de mon studio de mastering à la maison. Je mixe donc en concert, assure des captations en numérique et leur conversion à tous les formats existant et enfin je masterise.

SLU : Venons-en à ton travail ici. Tu as deux consoles. Tu assures encore le suivi de la partoche ?

Arnaud Houpert : Non, plus le temps et trop de micros sur scène. J’ai désormais un lecteur qui me signale tous les points importants, les départs de certains instruments pour n’en oublier aucun. C’est d’autant plus nécessaire quand les œuvres en question sont réécrites ou réarrangées et que je n’en connais qu’un MP3…

Des opéras aux étoiles comme toit, un changement radical !

SLU : Ils ont l’air de s’éclater les musiciens.

Arnaud Houpert : C’est le cas. Ils viennent pour la plupart depuis longtemps et ce sont en quelque sorte des vacances, studieuses mais très drôles et puis c’est rare pour un musicien classique d’être sonorisé face à 40 000 personnes, un peu comme U2 !! Quand ils montent sur scène, c’est gigantesque.

SLU : Comment ils s’en sortent hors de chez eux et de leur cocon acoustique ?

Arnaud Houpert : Pour la grande majorité des musiciens, avec un grand effort d’adaptation ils y arrivent. Rappelons qu’ici, si on coupe la face et les retours, à 40 mètres, on n’entend absolument rien, pas même les cuivres. L’air et le sable absorbent tout. Au plateau c’est aussi un peu ça, le son s’évapore. On leur redonne des réflexions de salle et on les entoure d’enceintes. Les habitués du studio s’en sortent très bien. Je pense par exemple à Jean-Philippe Audin, notre premier violoncelliste, qui est rompu à ce genre d’exercice. Il comprend immédiatement, demande juste un petit tutti cordes en retour et ça roule.

Le plateau avec la batterie derrière son plexi, le piano protégé des rayons du soleil par un dais et les sièges décorés des musiciens. On aperçoit les spectateurs massés devant, et qui ne ratent pas une miette des balances.

D’autres comme les cuivres ont besoin d’être plus choyés car, là où ils sont placés, les cordes par exemple ne leur arrivent pas du tout et la façon dont ils entendent leur instrument et l’absence de la moindre réflexion, les handicape plus. Sonoriser un orchestre classique en salle est beaucoup plus facile !
Cela dit, Séverine travaille ses sources, et avant de les envoyer dans ses retours, le son est déjà joli. Son tutti cordes qui rentre dans le line array des retours est très élaboré et n’abîme pas du tout la captation. Les percussions et surtout les claviers demandent énormément de cordes. J’en ai donc beaucoup au repiquage. Je l’entends dans mon Virtual. Je joue donc avec cette repisse cordes d’autant qu’elle n’est pas moche.

SLU : La captation souffre-t-elle du même problème sel/sable…

Le line array des retours, 4 Electro-Voice XLD281 de part et d’autre de l’orchestre.

Arnaud Houpert : Forcément, et le choix des micros s’en ressent. Si je pouvais employer plus de numériques, les problèmes de repisse seraient différents, mais je ne peux pas exposer mes micros que j’utilise le reste de l’année dans d’autres conditions, à ce qu’ils devraient endurer ici.
Je me dois d’offrir avec U-Fly une tête parfaitement aux normes. Même avec une bonnette, l’humidité, la chaleur, le soleil direct, le sable, tout abime les micros. On a quelques numériques pour les soli, mais ce ne sont pas ceux que je vais mettre en priorité le reste de l’année. On en a aussi sur la harpe ou le cor anglais car ce sont par définition des instruments qui n’envoient pas grand-chose.

SLU : J’imagine que le mix se fait par la grâce de la repisse.

Arnaud Houpert : En quelque sorte. Pour placer dans le mix mes cuivres par exemple, je ne les ouvre pas en me disant, et voilà les cuivres. Via la petite harmonie, ils sont déjà naturellement présents par l’aigu. Leurs micros ne me servent qu’à jouer en dessous de 1 kHz leur gras et leur grave. Les micros des cuivres sont d’ailleurs très « shelvés ». Gros avantage, je déclenche la réverbération par la prise de proximité des cuivres, ce qui me permet de lui donner la couleur que je veux. Tout se construit en additionnant. On ne peut rien exclure.

SLU : Comment gères-tu la phase de la captation de ton orchestre.

Petite bonnette indispensable sur cet AT3031 que Pascal Mercier teste. Remarquez son interphonie, un pack émetteur et un récepteur, le grand luxe.

Arnaud Houpert : Les violons sont à temps 0, tous. Ils sont en quelque sorte « chimiques » par leur réverbération et repris en proximité par 40 micros à col de cygne donc pour redonner cohésion, hauteur et effet de masse, je les mouille beaucoup sans premières réflexions, avec un algorithme très dense et malgré tout, le plus naturel possible.
Je délaie à partir de la petite harmonie, grande harmonie, cuivres et éventuellement cœurs. Mes micros les plus sensibles étant ceux qui repiquent la petite harmonie, tout est délayé en fonction de ça. L’avantage est que les cordes qui sont devant n’y vont pas ou très peu.

Prise en proximité obligatoire

SLU : Impossible quoi qu’il en soit de laisser un peu d’air à la prise : ni les conditions entre vent et sable ni le gain avant accrochage ne s’y prêtent j’imagine…

Arnaud Houpert : Non, impossible, d’autant que j’ai 16 tours de pyrotechnie et qu’à la fin de chaque show il y a un feu de maboule qui est tiré. Mais même hors pyro, envoyer un philarmonique à 40 000 personnes, même « Rycooté » à mort, à un mètre et demi des cordes, je n’ai pas de niveau, je n’ai pas de marge, ça part à l’accroche partout et surtout Royan est très venté (pas le soir de notre passage, mais durant les balances on a entendu quelques rafales et cela devient mission impossible ! NDR)

Le rack à merveilles d’Arnaud. On reconnait tout en bas les deux PCM 70 et 91 et au-dessus la 96. Encore au-dessus, l’Ibis, un égaliseur en Classe A de Crane Song. En remontant d’un cran le Hedd, le convertisseur colorisateur de la même boîte de David Hill et tout en haut le fameux GML 8900 qu’on ne trouve plus que d’occasion.

SLU : Tu dois faire un gros travail de sélection et de programmation de tes algorithmes de réverbération. (superbe boulot, on en reparlera NDR)

Arnaud Houpert : Oui forcément car je dois parvenir à redonner de l’ampleur et, en même temps, fabriquer cette masse orchestrale qu’une salle réussit si bien. Je le fais avec la programmation des réverbérations mais aussi en jouant avec le ratio entre direct et effet. Je me sers principalement d’une vieille PCM 91 pour noyer les cordes, et d’une PCM 96 pour l’aigu du noyage des cordes car la 91 est très belle dans le grave et le bas mid mais moins dans le haut où la 96 est plus précise, et le second moteur de cette dernière me fait le tutti orchestre.

Avant j’avais une 480 qui était très bien mais à chaque fois elle me coûtait 1500€ de réparation donc je suis passé à la 96 qui est beaucoup plus solide et ne marche pas si mal ! Ici il faut savoir qu’au moins 50 % du son final est composé de réverbération. Il m’arrive de passer une semaine en hiver dans mon studio à travailler mes algos en mouillant les Virtual de l’année d’avant. Un placement raté de micro sur un hautbois ou une flûte ça va me contrarier, une réverbe ratée ou mal dosée c’est juste une cata! Quand tu ouvres les cordes toutes seules, tu t’enfuies en courant ! Sans EQ et sans réverbes… (rires)

SLU : Et la PCM 70 ?

Arnaud Houpert : Elle va servir pour les morceaux d’Eric Serra qu’on va jouer dimanche soir et pour certaines réverbérations très typées sur la musique de film. On aura du Bernard Herrmann, du John Williams et en clôture du Game of Thrones et le Pirate des Caraïbes. Pour passer d’Herrmann au Grand bleu, la couleur de la réverbération sera très utile.

Quelques bijoux bravent les éléments

SLU : Raconte-nous le pourquoi de ces beaux périphériques qui sortent, on s’en doute, de ton studio de mastering.

Arnaud Houpert : Le Hedd de Crane Song a une fonction que j’adore et qui se règle avec le potentiomètre Tape. Elle va arrondir le dessus du grave, disons entre le bas médium et le grave en donnant au son un rendu très Neve. Pour grossir beaucoup le trait, au lieu d’avoir un transitoire qui sonne « tac » dans le grave, il va être enrobé et légèrement adouci, ce que l’on aime dans les consoles Neve en fait. Avec les consoles numériques super carrées et sèches plus anciennes, le Hedd arrange bien la sauce.

SLU : L’égaliseur Ibis et le compresseur GML sont aussi insérés sur les généraux ?

Arnaud Houpert : Oui absolument, ils font partie de ma chaîne de mix en insert sur le gauche/droite. Le Hedd convertit et colore, l’Ibis est un extraordinaire égaliseur qui me sert beaucoup pour donner cette touche de couleur en fonction des compositeurs des musiques de film et le GML me sert à gonfler si nécessaire et de façon absolument indécelable le niveau LUFS. Je lui rentre un peu dedans et le mix se gorge un peu plus. Les dynamiques et les transitoires restent les mêmes.

SLU : Si ce n’est que tu te compliques un peu plus la vie vis-à-vis de l’accrochage. Le STM se comporte comment à cet égard ?

Arnaud Houpert : Très bien, l’onde arrière est très basse, si ce n’est qu’il y a quelques jours j’ai tout fait péter !

On va tirer les marrons du feu !

Arnaud Houpert : Je n’ai pas vraiment l’habitude d’avoir 72 kW par côté. On mixe à 90, 92 dBA, et lors du final je lâche un peu les chevaux. L’autre soir on a fini sur le Boléro de Ravel ou naturellement le niveau augmente, et moi-même j’ai eu tendance à pousser un peu. C’est une volonté du Festival, on met le frisson aux spectateurs et on les colle exprès durant deux minutes au final, ce qui est raccord avec la pyro qui est grandiose et clôture le show chaque soir. J’ai donc fini les dernières notes à 104 dBA à la console.

Trois racks NUAR. On ne dirait pas vu comme ça mais dans chacun de ces amplis sont générés environ 16 kW…et il y en a 6. Par côté. Ouch !

Problème, Ruggieri m’a fait décoller 8 marrons d’air (bombe très sonore tirée au mortier de 50 ou 75 mm NDR) qui ont pété pile sur la dernière note du Boléro et au-dessus de mes 120 micros grands ouverts. Les amplis Nexo ont fait un énorme appel de jus et là, clac, rideau. On a eu la dernière note, un peu sèche car pas vraiment suivie de réverbération, et tout a sauté. (Rire général sous le dais ! NDR) Comme nous sommes ondulés en régie, on a juste entendu le bip nous signalant qu’on était passé en secouru et du fait que les lumières n’ont pas été impactées, personne ne s’en est rendu compte.
On a continué à se parler tranquillement entre régie et plateau, et nos consoles n’ont pas eu besoin de rebooter. Tout le monde un peu hébété venait de se manger pour la première fois la puissance du STM, y compris Philippe le producteur, qui parle en général assez vite à la fin du concert. On a eu 10 secondes d’un silence incroyable dans le public, puis d’immenses applaudissements, pour réarmer tranquillement les disjoncteurs. Philippe est monté sur scène et a pris la parole comme si de rien n’était.

SLU : Ahhh ces PFC, c’est utile parfois (rires)

Jean-Jacques Vias : On essaye d’optimiser tension courant mais il ne faut pas se leurrer, on a un système de forte puissance, et quand on le sollicite, il répond présent, mais il faut lui filer à manger ! (Après ce Boléro mémorable, les armoires vont passer à 63A par côté NDR)

104 dBA en STM

SLU : Et ces 104 dBA dans le STM ?

Arnaud Houpert : Ca ne tasse pas dans le système et tu sens qu’il en reste encore. Pour la première fois, mon son est resté cohérent à fort niveau. Fort mais sans aucune couleur étrange. J’ai pu garder mon grave grâce à l’absence du vent, et pour la première fois j’ai entendu le 30 Hz de ma grosse caisse d’orchestre. En plein air. La différence avec ce que j’ai pu avoir avant est très grande. Le son est beaucoup plus moderne sans pour autant rattacher le moindre côté péjoratif à ce terme.
La dynamique est belle, le grave est splendide, l’extrême aigu est aussi splendide, je ne trouve à redire qu’autour de la petite coloration autour des 3,6 kHz. Y’en a une bien là. 4 dB avec quelques trucs en dessous entre 3 et 3,6 kHz. C’est possible que ce soit le design et cela doit pouvoir se corriger, et en plus on le met en relief avec les micros à quelques centimètres de l’archet.

On dirait des petits frigos ou des petites clims, bref, le look est parfaitement à l’opposé de ce que sont les S118, de vraies pompes à sensations fortes, même en extérieur et en petite quantité comme ici. Rappelons qu’ils n’embarquent qu’un unique 18 pouces mais ultra optimisé et chargé.

SLU : De toute façon il doit y avoir des spécificités liées à la captation en proximité.

Arnaud Houpert : Bien sûr. Les contrebasses ont un effet de proximité entre 110 et 120 Hz, la résonance de la caisse, et les violoncelles c’est autour de 170 Hz. On doit toujours nettoyer, ce qui n’empêche pas d’autres systèmes de se faire piéger et ne pas parvenir à bien reproduire ces fréquences, même taillées. On est tout en bas du bas médium, très près du grave et pas loin du raccord avec les subs, et du coup j’ai souvent connu cette bande de fréquence « bavouilleuse ».
En rock ou en variété, cela peut apporter de la profondeur à la caisse claire, mais sur du classique cela ne pardonne pas. On a toutes les fondamentales de la moitié de l’orchestre qui jouent dedans, aucun doute ou couleur n’est permis. Avec le STM, si je casse entre 110 et 120 Hz, je retrouve vraiment le mordant et le timbre de la contrebasse dans toute sa précision sans être obligé de faire dans l’agricole à l’EQ. Une contrebasse ça doit faire hgrrrrran et pas bwwwwwoum (rires).

SLU : Donc tu es heureux..

Arnaud Houpert : Presque complètement. Est-ce l’accroche ou la nature du STM, je trouve qu’il faut le sortir de sa torpeur, le faire jouer à un certain niveau pour que le son s’envole et prenne toute sa place. A très bas et bas niveau, on a l’impression qu’il pique un peu vers le bas alors qu’à plus fort niveau il s’ouvre, et non seulement il sonne très bien, mais en plus on a l’impression qu’il agite vraiment l’air et habille l’espace. On sent presque la salle. A partir de 90 dBA il prend son essor.

Jean-Jacques Vias : C’est intéressant mais pas évident à traiter comme remarque car d’abord l’oreille n’est pas linéaire et puis il faut savoir comment, au sein d’un preset, on organise cette plage entre 85 et 105 dBA à la console. Est-ce que ton système suit l’oreille ? Est-ce qu’au contraire il croit de façon linéaire ? Il faut peut-être anticiper et modifier légèrement certains équilibres en connaissance de cause.

Arnaud Houpert : Je sais déjà que l’année prochaine je séparerai les subs et le système sur deux matrices différentes. Une des spécificités de cette musique est le besoin de linéarité. Quand on descend de 10 dB, on a l’impression que le sub repousse à l’avant, un phénomène rencontré sur toutes les marques, peut-être psycho acoustique mais quoi qu’il en soit gênant. Je suis à court de ressources cette année mais l’année prochaine je me garderai une matrice !

La captation avec Audio-Technica, Beyer et Neumann

SLU : On a beaucoup parlé de micros, tu nous donnes quelques modèles ?

Arnaud Houpert : Pour les violons et altos j’utilise du Pro 35 Audio-Technica qui a moins de grave, et pour violoncelle et contrebasse, l’ATM 350. Pour les bois, on a un micro à condensateur très résistant tout en étant abordable et très droit, l’AT3031, toujours d’Audio-Technica et hélas discontinué. Quand on a cherché un micro apte à remplacer le MK4 et MK41 Schoeps, le 3031 s’est imposé naturellement au cinquième du prix.
Les timbales sont repiquées par de l’AT4050 et de l’AE3000, les cors le sont par des 201 Beyerdynamic, un de mes micros dynamiques préférés de tous les temps avec le 441 de Sennheiser. J’ai aussi quelques M88. En définitive beaucoup d’Audio-Technica car ça marche bien et c’est surtout très résistant !

Le Pro 35 d’Audio-Technica

L’ATM 350 d’Audio-Technica

Le Beyer 201

l’AT3031 d’Audio-Technica. Choyé par Arnaud car sorti du catalogue du manufacturier japonais.


Retour au système avec Jean-Jacques Vias pour un rapide tour d’horizon sur la venue d’un kit de STM M46 à Royan. 9xM46+B112 prolongés par deux M28 et 9xS118 en montage cardioïde par côtés…

SLU : Comment en êtes-vous venus à fournir les M46 aux Violons ?

Jean-Jacques Vias : Jean-Claude Marsaud, qui vient d’intégrer le réseau Nexo avec sa société Blackline Event, dispose d’un assez large éventail de références dont du M28, mais vu les distances à couvrir en plein air, il nous a semblé important de l’accompagner sur les Violons avec du M46 dont il ne dispose pas, pour avoir un peu de réserve en cas de besoin. Initialement West Evénements devait fournir le kit à Jean-Claude, mais un problème de calendrier vraiment trop serré a fait que nous avons décidé de ne courir aucun risque en livrant notre kit de démo et l’assistance de Val Gilbert pour peaufiner le déploiement en partant du design de Carole Marsaud.
Ce qui est intéressant aussi pour Nexo c’est l’utilisation du STM et spécialement du M46 dans le classique, quelque chose de nouveau, d’autant que ce festival jouit d’une très belle notoriété et que les attentes acoustiques sont grandes à la fois en termes de portée avec 90 mètres à couvrir, de résistance au vent, comme en termes de rendu. Nous sommes très satisfaits du résultat et cela contribue aux remontées de terrain qui nous sont très précieuses pour faire évoluer les outils informatiques et le processing.

SLU : Le vent est le grand ennemi des Violons…

Arnaud Houpert : C’est quelque chose qui est devenu imprévisible. Là où il y a une dizaine d’années, quand on avait un gros vent durant les répétitions, il tombait systématiquement à 21:00 et s’arrêtait totalement à 22:00, aujourd’hui ce n’est plus vrai. On peut avoir des balances tranquilles et essuyer des grosses rafales à 22:00. Enfin il y a pour chaque date un jour de repli afin de compenser une grosse précipitation ou autre phénomène atmosphérique.

Le plateau, le règne de Séverine, Anna, Pascal et Benoit

L’équipe plateau complétée par Carole Marsaud pour la photo. De gauche à droite Anna Jedrowski, Pascal Mercier, Séverine Gallou, Benoit Giberteau et donc Carole.

On a bien compris que les retours et le management du plateau sont des postes essentiels aux Violons. Place donc à Séverine Gallou, honneur aux femmes, qui tient avec bonheur les retours avant d’interroger aussi Pascal Mercier qui règne sur le plateau.

SLU : Séverine, tu assures les retours mais pas que. Je vois que tu as deux consoles…

Séverine Gallou : Oui, je récupère 64 entrées dans la CL5 via mes Rio et le Dante, et les stems des cordes en AES, un prémix effectué dans une SC48 Digidesign qui part aussi à la face mais en analogique. La SC et la CL5 sont en 48 kHz alors que la face travaille en 96 kHz. On réduit 40 paires en 8. Il en va de même pour les chœurs qu’Arnaud me prémixe à la face et me renvoie au plateau. 12 paires qui chez moi se transforment en une, car je n’ai que des diffusions en mono, à plus forte raison cette année où aucun artiste invité m’a demandé de ears.

SLU : Comment transportez-vous le signal entre devant et derrière ?

Séverine Gallou : AES50 pour les consoles d’Arnaud et quelques paires analogiques. Je récupère quant à moi les chœurs à partir d’un DL155, et j’exploite soit mes Rio, soit mes Omni in.

La régie de Séverine avec sa CL5 Yamaha. Sable, cagnard, humidité, reflets et heureusement une passion totale pour son métier et toute la précision d’une femme qui a osé me dire «..moi tu sais, la technique… » C’est c’la oui, c’est c’la..

SLU : Il y a une horloge ?

Arnaud Houpert : A la face et pour certains micros numériques, je distribue une horloge Antelope.

Séverine Gallou : De mon côté je suis un peu bloquée par les deux consoles qui ne fonctionnent qu’en 48 kHz et la Yamaha en plus ne veut pas du tout de 96. Comme il n’est pas possible de le convertir en entrée, je récupère les micros numériques en analogiques via des directs out des Midas. C’est dommage, je le sais.

Arnaud Houpert : La CL5 est compatible avec des cartes MY qui acceptent le 96 ; ce n’est probablement qu’un problème de soft. Cela fait des années qu’on attend.

Les 4 têtes Electro-Voice XLD28 utilisées par Séverine pour couvrir essentiellement les cordes et la petite harmonie.

SLU : Ici aussi tu souffres du sable ?Séverine Gallou : Pareil, le patron c’est lui. Je passe mon temps avec le pinceau et dès que je termine les Violons et je rentre chez moi, je démonte mon ordinateur personnel et je le souffle entièrement au compresseur.

SLU : Tu as la responsabilité de créer une conque pour l’orchestre. Tu utilises apparemment beaucoup de retours.

Séverine Gallou : J’ai tout d’abord deux line array Electro-Voice XLD281 : 4 éléments par côté. J’aurais aimé les placer en front de scène pour mieux répartir le son mais le vent m’en a empêché ; du coup ils sont accrochés très latéralement et beaucoup plus proches des cordes. Je charge moi aussi pas mal mon mix de réverbération pour essayer de recréer des murs et rappeler autant que possible une salle ; une tâche pas évidente car le son s’échappe tout de suite. Le but est de donner à chaque ensemble le plus possible de ce qu’il ne peut pas entendre, pas forcément son instrument, mais les autres formant l’orchestre.

Regardez bien, entre les projecteurs se trouvent bien 6 enceintes moulées Electro-Voice, le plafond imaginaire d’une salle qui l’est non moins.

Au-delà de ce premier point de diffusion, j’en ai un second accroché à un pont à l’aplomb de la petite harmonie. Je couvre cette première en douche avec trois enceintes et les cuivres avec trois autres légèrement plus anglées. Le choix de ces 6 boîtes Electro-Voice tient essentiellement dans leur capacité à résister aux intempéries puisqu’on les laisse là-haut durant toute la période des Violons. La connectique est étanchéifiée à l’arrière.
La distance en plus améliore leur rendu, et on parvient à créer un plafond avec une sorte de réflexion comme les musiciens ont l’habitude d’avoir. Nous avons ensuite des appoints partout où cela est nécessaire. Par exemple pour la harpe, pour le Chef, pour le timbalier et pour les percussions j’ai placé des wedges. Les cuivres disposent de petits wedges pour leur apporter de la précision sur leur instrument.

Placés sur un pied, les bons vieux wedges DX12

SLU : Tu gères combien de sorties ?

Séverine Gallou : 18 en tout. Sur la CL5, entre mix et matrices, c’est figé ; du coup je me suis fabriqué trois prémix : petite harmonie, cuivres et percussions. Je n’ai pas fait la même chose avec les cordes car je peux les gérer facilement sur 8 tranches, puisqu’elles sont pré travaillées dans la SC48. Sur les matrix, j’ai mes trois mix pour les solistes.


SLU : Comment peux-tu travailler tes mix à l’avance ?

Une SC48 Digi dans une tâche de pré-mélangeur de cordes assez inhabituelle pour ce type de console d’entrée de gamme mais dont elle se tire très bien d’affaire.

Séverine Gallou : Le premier soir, on fait une grosse balance orchestre d’une heure et une heure pour faire défiler tous les solistes chaque soir. C’est assez peu mais, pour pallier à ce manque, on gère les retours des Violons vraiment à trois. Je suis opératrice à la console mais Pascal et Benoit qui sont sur le plateau et se le partagent géographiquement, collectent et me répercutent les demandes.
Enfin à la régie plateau il y a Anna, l’assistante de Pascal, qui va gérer la console de premix des cordes en écoutant surtout les micros individuellement pour débusquer au plus vite celui qui a une faiblesse.

SLU : Vous avez peu de HF…

Séverine Gallou : Oui, on ne s’en sert que pour quelques solistes. Ce soir par exemple, nous avons choisi d’équiper le DPA qui repique le violon de Nemanja Radulovic d’un pack HF. C’est un artiste qui bouge beaucoup, et ce sera plus confortable pour lui. Lors du dernier concert, nous avons eu D.I.V.A. cinq chanteuses lyriques en HF via des micros dans leur perruques. Cela a été un peu sportif car le vent était de la partie.

Nemanja Radulovic en plein plaisir. Peut-on encore appeler ça du travail…

SLU : Est-ce que comme dans la variété et le rock, les musiciens s’économisent, donnent moins durant les répétitions et les balances ?

Séverine Gallou : Oui bien sûr. Les solistes se donnent un peu plus, mais l’orchestre en garde naturellement sous la chaussure, ce qui est normal car il leur manque aussi le public qui les galvanise.

SLU : Tu disposes de combien de réverbérations ?

Séverine Gallou : J’ai une réverbe orchestre où je passe tout sauf les percussions ou très peu car j’en ai une pour affiner leur son et j’ai une réverbe solistes indépendante. Je ne peux guère en avoir d’autres car je manque de ressources.

SLU : Idéalement tu aimerais avoir quoi pour mixer ?

Le plus ancien et la dernière arrivée aux Violons, Yann Heynard et Séverine Gallou.

Séverine Gallou : Une console qui permette de gérer les VCA dans les Aux. C’est quelque chose qui m’aiderait beaucoup. Cela dit, je travaille bien aussi avec la CL5, en mettant tous mes pupitres sur des DCA, comme ça je retrouve très rapidement mes grands ensembles et je peux facilement les muter. J’ai aussi deux pages de define keys, et ça, c’est la signature des Violons (rires).

SLU : Comment as-tu rencontré l’équipe des Violons ?

Séverine Gallou : Je suis strasbourgeoise, et on s’est rencontré dans ma ville lors d’un de leurs passages pour un show qui reprenait le même concept, la Symphonie des deux rives. Je travaillais pour Lagoona. Je m’occupais à l’époque de tout, du système avec de l’Adamson et de la façade. Maintenant c’est vrai qu’on m’appelle plus pour des retours avec une particularité, celle de travailler pour tous les genres musicaux, de la variété aux musiques du monde, en passant par le classique, le jazz et le contemporain.

SLU : Ton prestataire de référence est toujours Lagoona ?

Séverine Gallou : Oui, ce sont eux qui m’ont mis le pied à l’étrier, mais étant intermittente et heureuse de l’être depuis 14 ans, je travaille de plus en plus pour tout le monde, tout en restant une fervente strasbourgeoise que Paris n’attire pas plus que ça !

Pascal Mercier, l’aiguilleur du plateau

Pascal Mercier avec ses trois accessoires indispensables : la casquette, les lunettes et l’interphonie à l’aide d’un casque ASL et de deux liaisons HF.

Pascal Mercier, le plateau lui appartient. Autant dire que nous profitons d’une rare occasion où il est disponible pour lui tirer quelques mots après l’avoir menotté à une rambarde et lui avoir coupé le pack qui lui sert de talky.

SLU : Ton parcours est assez atypique. Tu adores ton métier mais ne l’exerces plus vraiment à part aux Violons..

Pascal Mercier : Pas loin. Je ne travaille qu’avec Yann et cette prod, parfois pour Arnaud Houpert mais j’ai lâché un peu après 15 ans de régie générale son au théâtre de Cognac.

SLU : Pourquoi ?

Pascal Mercier en train de dénouer Arnaud, l’homme qui manie le pinceau mieux que Rembrandt

Pascal Mercier : Je n’étais plus bien au théâtre et je ne me voyais pas devenir un chasseur de cachets.

SLU : Tu as commencé par la fin… D’abord on tourne et puis on se pose !

Pascal Mercier : C’est un peu ça. Du coup, je suis parti dans l’aménagement et la décoration d’intérieur, et pendant 5 ans le plateau ne m’a pas manqué DU TOUT. Après, j’ai ressenti parfois un petit manque mais que je comble avec les quelques opérations que je fais comme cette semaine. J’ai la chance de pouvoir exercer deux métiers que j’aime !

Anna Jedrowski

SLU : Anna, tu tiens la console de prémélange cordes et assistes Pascal au plateau. Ton parcours aussi est assez inhabituel.

Anna Jedrowski : Il ne faut pas m’interviewer, je ne suis pas du métier (rires) ! Je suis ingénieur acousticienne mais du bâtiment. Je collabore aux Violons depuis 11 ans. J’ai commencé en voulant travailler dans le son, et j’ai fait mon stage ici.
Ensuite, au fur et à mesure de mes études, j’ai dérivé vers l’acoustique et le bâtiment. Je ne viens aux Violons que durant mes congés.
Je tiens la console et j’assiste aussi Pascal au plateau, surtout en ce qui concerne les HF. On se connaît bien et ça va très vite ensemble.

Jean-Claude Marsaud et Blackline Event, des racines solides

Jean-Claude Marsaud est l’homme grâce auquel Nexo a officiellement remis les pieds dans le sable. Impossible de ne pas creuser un peu l’histoire, avant de s’intéresser aussi à sa fille. Quand on vous dit que les Violons c’est une histoire de famille !

SLU : Tu es le P.d.g de Blackline Event, mais comment es-tu venu au son et à diriger cette société.

Jean-Claude Marsaud : J’ai été et je suis toujours directeur technique de festivals et j’ai durant des années été responsable d’un parc de matériel associatif. Cela fait donc 30 ans que je baigne là-dedans. Il y a trois ans et demi j’ai décidé de créer Blackline avec ma femme.

Jean-Claude Marsaud et, de dos, Carole en train de rigoler avec Arnaud Houpert.

Et aujourd’hui nous sommes 6 associés dont Fabien Girard qui est prof en BTS son au lycée de l’image et du son d’Angoulême, Kevin Tranchet qui est salarié, jeune et très bon, Benjamin Delhoume régisseur lumière et diplômé du CFTS et ma fille qui est ingénieur en acoustique et travaille chez Nexo (tiens, tiens, le monde est petit NDR).
Nous venons par ailleurs de racheter la société Audio Mix. L’idée de départ a été de m’entourer de compétence car c’est plus dur à trouver que du matériel.

SLU : Et Nexo dans tout ça ?

Jean-Claude Marsaud : J’ai toujours apprécié cette marque parce que j’aime bien et aussi parce que ce côté rebel me va bien. Alpha E, PS15, Geo S12, puis STM, Geo M6, Geo M10, toute la gamme dont aussi de l’iD24. Outre la carte Nexo, nous avons aussi développé une grosse offre Midas dont nous sommes fans. Nous avons une Pro1, 2, 3, 9 et XL8. Il y a de quoi faire (sourire).

Des petits stacks de Geo M6, une très bonne trouvaille pour les premiers rangs.

SLU : Et puis un jour Yann te dit : «  c’est les 30 ans des Violons, il faut faire plus, mieux et en faisant un effort, tu en es ? »

Jean-Claude Marsaud : (rires) Voilà, c’est ça ! On en a parlé avec Jean-Jacques et on a trouvé une solution, bonne pour l’événement, pour lui, pour ma société et enfin permettant d’implanter Nexo localement dans une région qui est plutôt portée sur l’Allemagne (rires).

Non Carole, tu n’auras pas de dB magiques, tu es tombée dedans quand tu étais petite !

SLU : Carole, tu es donc associée chez Blackline Events…

Carole Marsaud : Et salariée en CDI chez Nexo ! J’étais d’ailleurs chez Blackline avant d’entrer chez Nexo.

SLU : Qu’as-tu fait comme études ?

Carole Marsaud. Tel père, telle fille !

Carole Marsaud : J’ai étudié à l’ENSIM du Mans, je suis ingénieur en acoustique et j’ai eu la chance de faire mon stage en sortie d’école chez Nexo avec François Deffarges qui était à la tête du R&D en 2013 (François, si tu nous écoutes NDR). J’ai commencé à travailler pour Blackline d’un côté et Nexo de l’autre sur des missions ponctuelles jusqu’en septembre 2016 où François, entre temps devenu responsable du support technique Nexo, m’a proposé de rentrer dans son support technique pour travailler sur des projets d’installations fixes et par la même d’aller vivre dans l’Oise (sourires).

SLU : Tu as le droit de sortir ou bien ils te tiennent enfermée dans le campus Nexo à Plailly ?

Carole Marsaud : Non quand même pas (sourire). C’est certain que j’ai beaucoup de travail dans NS1 et dans Ease pour beaucoup de projets, mais je suis sortie la semaine dernière pour le commissioning du Colisée à Poitiers, et j’ai d’autres visites prévues les prochaines semaines, uniquement des installations, bien sûr. Mon rôle c’est aider le client avant et le supporter après. (Rappelons que supporter c’est donner du support et pas avoir envie de frapper… NDR ;0)

SLU : L’installation est une grosse part de l’activité de Nexo je crois.

Carole Marsaud : Ohh oui et je suis bien placée pour le savoir ! (rires)

Jean-Jacques Vias : Elle est modeste. Elle travaille aussi sur des stades et des formations extérieures ! On donne à Carole des plans tirés des appels d’offres et elle nous livre des beaux dossiers avec des modèles, des simulations acoustiques et des rapports d’études complets. Sa venue a permis d’améliorer sensiblement notre niveau de réponse dans tout ce qui est dossiers d’installation. C’est un gros plus pour Nexo qui comme ça épaule ses installateurs et ses prescripteurs locaux dont on suit presque toujours les choix techniques sauf grosse contradiction.

SLU : Ta passion pour le son te vient d’où ?

Carole Marsaud : Je baigne dedans depuis que j’ai 8 ans grâce à papa que je ne lâchais pas. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours traîné avec les équipes techniques aux régies, aux plateaux donc oui, sans doute cela vient de là. J’aidais par exemple papa depuis la console lumière pour envoyer les circuits pendant que sur le plateau ils faisaient les réglages.

Jean-Claude Marsaud : Et elle a compris très vite aussi ce qu’était le circuit symétrique, et dès la terminale elle savait ce qu’elle voulait faire plus tard dans le milieu du spectacle dans lequel elle a baigné de longues années.

Carole Marsaud : Nexo a été une opportunité en or pour moi car je peux exercer mon métier tout en œuvrant pour l’univers du spectacle. L’acoustique en dehors de ça ne m’aurait pas plu. Même en étant permanente chez Nexo j’ai besoin d’être au contact de l’événement, de retrouver les festivals. Je crois que c’est inscrit dans mon ADN, mais je pense aussi que c’est important que je voie ce qui se passe côté exploitation et pas uniquement côté fabricant.

Philippe Tranchet, le créateur du Violon dans le sable, micro en main, sert de Monsieur Loyal et apporte le lien entre chaque extrait d’œuvre.

Complision (Compliments + Conclusion)

Quelques compliments pour conclure. Le premier et non des moindres va au festival dans son ensemble pour l’humanité qui s’en dégage. Techniciens comme musiciens se donnent à fond dans un esprit serein et généreux où le savoir-faire abonde mais l’esprit bon enfant des débuts reste bien ancré dans le sable, notre appareil photo et ses optiques qui n’y ont été exposés que quelques heures ont dû être soigneusement aspirés.
L’autre ennemi, le vent, a fait relâche le soir de notre passage, laissant au bas du spectre toute son extension et à la captation toute sa qualité. Bien sûr, on aimerait un peu plus d’air sur les cordes (de l’air hein, pas du vent) pour leur apporter un surplus de naturel et douceur mais comment concilier l’inconciliable, comment garantir la pression sonore au public et des murs de son aux musiciens autrement qu’en prise de proximité à l’aide de capteurs avant tout solides.

Arnaud en plein show. Il ne faudrait pas qu’un grain de sable…

On ne peut que féliciter Arnaud Houpert pour ce qu’il parvient à délivrer. C’est juste et équilibré, par moments même délicat et toujours très respectueux de l’équilibre du classique, avec un petit côté amplifié, crunchy et rock qui convient parfaitement au lieu, à l’éclectisme de la programmation et à ce que les éléments permettent de faire.

On aimerait aussi moins d’aller retours et une configuration en 96 kHz pour face et retours avec une distribution des signaux qui convienne aux consoles disponibles, mais même comme ça, l’ensemble a fière allure et sent bon la matière grise. Chapeau bas à Arnaud pour ses réverbérations, aussi inaudibles qu’omniprésentes et crédibles. Comme quoi avec pas grand-chose on peut faire du très bon boulot. Un bravo aussi à la prise de son des voix qui ressortent avec naturel et prennent bien aux tripes. Je songe à la magnifique soprano Maria Bochmanova, et à la dynamique d’ensemble qui, sans être trop réduite, tient compte des impératifs propres au plein air, tout en se ménageant une belle progression grâce à la réserve en headroom du STM.

La remarquable soprano Maria Bochmanova. Remarquez la bonnette…

Tiens, parlons-en du système Nexo ! Ces enceintes sont nerveuses, extrêmement puissantes et s’avèrent à leur place aussi dans l’univers du classique avec, comme seule limite, un côté un peu généreux et expressif dans le haut médium mais qui est sans doute aussi mis en exergue par la prise « collée » inévitable en pareil cas. Le bas du spectre porté par les B112 et les S118 donne l’impression d’être en salle. Quel meilleur compliment lui faire. Les S118 notamment sont de vrais monstres d’efficacité, surtout ramenés à leur taille. Bravo à toutes et tous et longue vie au Violon !

D’autres informations sur les sites :

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Nouveau décret son

Ne m’appelez plus jamais 105, trois dB m’ont laissé tomber…

Vous connaissiez tous le décret n° 98-1143 du 15 décembre 1998. Sachez qu’il y a du nouveau car l’été est toujours propice à la publication plus ou moins discrète de textes législatifs. Bienvenue donc au décret 102 dBA, le n° 2017-1244 du 7 août 2017 ! Seulement trois dB de moins ? Non, c’est nettement plus subtil que ça. Nous vous proposons quelques rapides points de réflexion et le texte complet des deux décrets, l’ancien et le nouveau et reviendrons à la rentrée avec un dossier plus complet.

Pour celles et ceux que le sable, le sel et le soleil ont rendu lézard voire gecko, résumons ce nouveau décret. Désormais l’exploitant du lieu clos ou ouvert, que ce soit le producteur, ou bien le diffuseur qui dans le cadre d’un contrat a reçu la responsabilité de la sécurité du public, ou encore le responsable légal du lieu de l’activité qui s’y déroule, doit faire en sorte que le son ne dépasse, à aucun moment et en aucun endroit accessible au public, les niveaux de pression acoustique continus équivalents 102 décibels pondérés A sur 15 minutes et 118 décibels pondérés C sur 15 minutes.

La première grosse lacune du vieux décret « 105 », les lieux ouverts, est donc comblée. Le nouveau texte précise bien que sont concernés les lieux ouverts au public ou recevant du public, clos ou ouverts, accueillant des activités impliquant la diffusion de sons amplifiés dont le niveau sonore est supérieur à la règle d’égale énergie fondée sur la valeur de 80 décibels pondérés A équivalents sur 8 heures. Vous l’avez compris, il ne va pas être simple de contourner cette définition.

Un sonomètre intégrateur avec enregistreur et afficheur Amix

Pour revenir au niveau, ce ne sont donc pas que 3 dBA qui passent à la trappe, mais d’une façon plus intelligente, le législateur introduit la notion de 15 minutes d’intégration pour la mesure ce qui réduit d’autant la possibilité de laisser filer le niveau d’une partie du concert en « se rattrapant » sur certains titres.
Arrive aussi dans le nouveau décret la mesure pondérée C qu’on a beaucoup fantasmée durant les presque vingt ans qu’aura duré le « 105 ». Désormais et pendant la même durée d’intégration de 15 minutes, on ne pourra plus dépasser 118 dBC.

Ci-dessous et pour mémoire, les deux courbes A et C. Il paraît évident que le riggeurs et plus encore les fabricants de structures et d’enceintes vont se frotter les mains car il sera quasiment impossible de laisser les subs au sol. La réserve de sensations et de contour nichée dans le trou de la pondération A disparaît quasi entièrement puisqu’en C, le 40 Hz est intégré à -2dB comparé aux -30 dB en A… Il sera toujours possible de remplir un mix avec de l’infra, mais certaines exagérations actuelles seront techniquement irréalisables.

By Lindosland at English Wikipedia

Le guidage du grave, sa répartition et la gestion des interférences dans cette partie du spectre vont donc devenir fondamentaux pour garder aux spectacles le côté événementiel et physique que le public recherche, surtout dans certaines musiques.
Il en va de même pour la pollution des plateaux qu’il faudra réduire autant que possible afin d’éviter la surenchère réparatrice de la face pour rééquilibrer les premiers rangs, une débauche de décibels que le nouveau décret ne permettra plus.
Un travail sur la dynamique et la densité du mix vont aussi sans doute être nécessaires pour faire le plus joli « paquet cadeau » comme dirait Yves Jaget, tout en tenant dans le nouveau double gabarit. A terme on pourra aussi imaginer que les fabricants travaillent sur des modèles d’enceintes plus à l’aise avec la fidélité, la couverture et la réponse en fréquence que le simple SPL Max.

Une antenne de subs en montage cardioïde. Efficace pour aller loin, mais fatalement en infraction avec la nouvelle législation.

Outre respecter le niveau, il va aussi falloir l’afficher à destination du public et garder un enregistrement en A et C durant une période allant jusqu’à 6 mois. Il faudra aussi informer le public sur les risques auditifs, mettre à sa disposition à titre gratuit des protections auditives individuelles adaptées au type de public accueilli dans les lieux.
Et, attention ça va faire du bruit, créer des zones de repos auditif ou, à défaut, ménager des périodes de repos auditif, au cours desquelles le niveau sonore ne dépasse pas la règle d’égale énergie fondée sur la valeur de 80 décibels pondérés A équivalents sur 8 heures. En clair des entractes, surtout pour les salles où le bar n’est pas séparé. Pas facile aussi pour les clubs.

Un montage central, en accroche des subs. Sans doute une piste à privilégier dans le futur quand ce sera techniquement possible.

Curieusement les cinémas devront respecter la limite en niveau mais pas l’afficher et l’enregistrer, pas plus que d’informer le public sur les risques auditifs et proposer des protections. Certes rares sont les salles et les films qui bastonnent, mais l’exclure ainsi permettra sans doute à certains lieux polyvalents de se simplifier un peu la vie ;0)

En cas de dépassement avéré du niveau ou de non fourniture des enregistrements et de l’attestation de vérification de l’enregistreur, la sanction sera une amende de 5e classe, soit 1 500 euros au plus, montant qui peut être porté à 3 000 euros en cas de récidive lorsque le règlement le prévoit, hors les cas où la loi prévoit que la récidive de la contravention constitue un délit.
Enfin les personnes physiques ou les personnes morales déclarées responsables, encourront également la peine complémentaire de confiscation des dispositifs ou matériels de sonorisation ayant servi à la commission de l’infraction.

Pour conclure sachez que les dispositions du présent décret s’appliquent aux lieux nouveaux dès la parution de l’arrêté et, pour ceux existant, un an à compter de la publication du même arrêté et au plus tard le 1er octobre 2018.
Pour bien analyser les changements induits par ce décret, cliquez sur les deux liens ci-dessous pour télécharger le 105 et le 102 et on se retrouve dans quelques semaines pour un article plus complet autour de cette nouvelle réglementation à venir.

 

A l’Olympia

France Inter a la fibre musicale avec Matthieu Leroy

Suivez-nous au cœur de l’Olympia et découvrez une prestation faite d’innovation, justesse et efficacité dans les solutions mises en œuvre par Matthieu Leroy, chef opérateur du son au DPR de Radio France. Aucun gâchis, que du plaisir pour les oreilles d’auditeurs et de spectateurs qui n’imaginent même pas la somme de techniques et de techniciens nécessaires pour leur offrir 9 heures de direct.
L’idée initiale est d’exploiter l’Olympia pour accueillir des artistes, en lui ajoutant des capacités de direct pour relayer à l’antenne d’Inter leurs shows mais aussi leurs interviews dans une loge transformée en studio et parfois en dehors avec 3 HF. Comme si ça ne suffisait pas, une émission (Si tu écoutes, j’annule tout) est délocalisée dans le foyer de l’Olympia avec un équipement à démonter avant l’entrée du public.

Même déplacée de quelques mètres, l’Olympia garde tout son charme. Inter ne l’a pas oublié.

Qui dit Fête de la musique dit forcément accueil de 7 artistes ou groupes différents nécessitant des équipes rompues aux changements de plateau, mais aussi accueil de la régie face / retours de Lamomali et Matthieu Chédid qui, en pleine tournée, impose d’utiliser ses consoles. Vous l’avez compris, ça sent bon le vrai festoche. Les équipes de Radio France ont donc assuré plateau, réseau d’ordres, sonorisation face et retours et prise de son et direct depuis le car régie N°5 garé sur les quais de déchargement à cour de la scène. Les envois en IP et RNIS ont été assurés par ce même car.

Lamomali et Matthieu Chédid. Un très bel album, de très beaux artistes éclairés par Fatoumata Diawara et Toumani Diabaté. Une gouache malienne comme on les aime, qui déteint de bonheur !

La conception de cette opération extérieure a été confiée à Matthieu Leroy, chef opérateur du son au DPR. Il nous accueille à l’entrée des artistes après un somme de deux heures, récompense d’un montage et d’un déploiement réussi et sans anicroches. Si l’œil pétille moins que d’habitude, les idées sont malgré tout au rendez-vous. Il faut dire que le montage a commencé à deux heures du matin le 21 juin et qu’à 8 heures, ça jouait !

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SLU : Le dossier que tu nous as fourni regorge de bonnes idées. Combien de temps as-tu eu pour boucler ce dossier ?

Matthieu Leroy : Environ 4 semaines. On savait que la salle était réservée et l’événement prévu, mais le top départ technique a été assez tardif et les modifications constantes jusqu’à il y a deux jours. Radio-France tout comme moi n’assurons pas que cette mission, il a donc fallu s’organiser au mieux pour avoir les informations, les condenser et les communiquer en amont, tout en gérant d’autres opérations simultanément. J’ai réussi à disposer de deux outils indispensables pour aller vite et surtout bien, la boucle optique d’Agora et l’interphonie Overline que j’ai faite louer pour l’occasion après avoir bien défini son usage, sa nature et le nombre de postes. Idéalement cela aurait été mieux de travailler à la définition de cette opération un peu avant, car le jour de la Fête de la Musique, le matériel est assez dur à trouver (rires)

SLU : Cet effort sur l’interphonie est une nouveauté pour une radio il me semble…

Philippe Cabon aux manettes de la Lawo de la Régie 5, en charge avec Andréas Jaffré du mix musique pour l’antenne d’Inter.

Matthieu Leroy : Oui mais c’est indispensable. Nous sommes en conditions de direct avec plusieurs points qui doivent communiquer efficacement. Il n’était pas question de lésiner sur les moyens et en rester aux solutions habituelles et, dans ce cas encore plus, insuffisantes. Le réseau d’ordres a toujours été le parent pauvre de Radio France.
Les télévisions et leurs prestataires images installent ce même type d’interphonie filaire et HF, c’est même la première chose qui est déployée. Il n’y a pas de raison que nous n’agissions pas de la sorte. Il est loin le temps des talkie-walkie. Avoir un casque 15 heures sur la tête implique confort, qualité audio analogique, couverture et facilité d’emploi grâce aux 8 boutons ouvrant autant de directions. Pour le réseau d’ordres instantanés audio, j’ai donc choisi Overline avec leur solution Overwave sur ces critères.

SLU : Ton dossier technique est très complet et détaillé, c’est une nécessité vis-à-vis des équipes qui ont participé au montage et à sa mise en œuvre ?

Matthieu Leroy : Oui bien sûr, mais pas seulement. Je préfère détailler le plus possible l’ensemble car il ne sert à rien de mettre des gros moyens et de secourir lignes et machines si le maillon faible peut être un homme mal informé ou mal employé. Il y a des personnes de grande valeur à Radio France, je pense par exemple à Alexandre Martin qui a en charge les retours, Loïc Duros le plateau et bien d’autres, qu’ils me pardonnent de ne pas tous les citer, et avec qui, un projet bien ficelé, roule tout seul. Ce soir je n’aurai rien à faire et si tel est le cas, ça veut dire que j’aurai bien bossé. Ce dossier tente de trouver le juste équilibre entre la compréhension, la précision, les impératifs et l’autonomie décisionnelle des acteurs. L’idée est d’orienter fermement sans pour autant empêcher les personnes d’y apporter leurs bonnes idées.

Pass bien en vue, on démarre une grande balade qui va nous conduire entre salle et coulisses, régies direct et régie captation dans son superbe car, la Régie 5. Deux systèmes de transport longues distances se partagent les tâches, MediorNet de Riedel et Ghost d’Agora, la bonne surprise. Laissons la parole à Matthieu

Le Ghost placé dans la trappe arrière du Car Régie 5 de Radio France. Ca rentre, ça sort et…ça ne passe que par quelques fibres. Rappelons juste qu’à l’époque des boudins en cuivre, cette même trappe était bien plus grande et pleine !

Matthieu Leroy : « Ca fait très longtemps que je voulais essayer les Ghost d’Agora. Ce sont leurs créateurs bretons qui nous les ont prêtés. Trois racks à double alimentation qui forment un anneau redondant. On a sur cette opération 3 points mais sur d’autres, il y en a bien plus et d’autres encore peuvent se rajouter. Avec la boucle optique du Ghost cela devient facile.
L’énorme avantage est de véhiculer un ensemble de réseaux différents agrégés dans une seule fibre multimode ce qui simplifie, sécurise et accélère un déploiement comme le nôtre. On a du réseau audio, internet, Ethersound et je peux y passer aussi du Dante de l’AES67, du Cobranet, du DMX ou de l’Artnet.
Je sais que chez Agora ils travaillent sur le MADI et que la version Ghost π est capable de délivrer 195 W de puissance sur l’Ethernet en POE, le futur. C’est un peu le squelette de l’installation.

Le cœur de l’interphonie Overline avec les émetteurs, les récepteurs, les spliteurs, les chargeurs de batterie et la grille. Le tout placé dans les coulisses et surplombé par deux unités justement en train de faire le plein d’énergie.

SLU : Pourquoi de l’Ethersound ?

Matthieu Leroy : On s’en sert pour la Sy80 de la face et aussi pour l’interphonie qui est fournie par Overline. On n’a pas de grosse grille d’ordres à Radio France et j’ai fait le choix de louer le nécessaire pour être certain de bien communiquer sans trop compliquer l’interfaçage entre réseaux différents. De là le fait que tu voies par exemple dans ce car deux pupitres.

SLU : Comment véhicules-tu tes signaux et comment connectes-tu telle console vers telle autre ?

Matthieu Leroy : La base c’est le MediorNet de Riedel. J’ai voulu que comme dans un CDM il soit possible d’avoir la main sur les signaux, y compris vidéo. C’est pourquoi il y a un stage de cette Régie 5 connecté en MediorNet et situé en plein cœur des racks plateau. Grâce à cette localisation géographique, et aux connexions de ce stage, je peux ici absolument tout interconnecter.
C’est dans la partie arrière du car, où se trouvent aussi les encodeurs pour envoyer le signal antenne vers la Maison de la Radio, que toutes les interconnections sont possibles. On dispose aussi de mix secours au cas où l’une des consoles venait à tomber, la Lawo antenne ou l’Innovason de la façade.

SLU : La vidéo te sert à visualiser dans le car ce qui se passe sur scène ?

Matthieu Leroy : Oui mais pas uniquement. On alimente aussi des FaceBook live. On a un lien Internet dans le car où l’on délivre l’image encapsulée avec le son que l’on mixe pour l’antenne et le tout part chez notre administrateur réseau qui gère ça.

Les deux stages Lawo fonctionnent en Ravenna et sont transportés dans le MediorNet Compact Pro de Riedel. A gauche le split actif BSS des micros HF de présentation et d’autres lignes, et des spliteurs passifs pour la musique. Ce choix « vieillot » est assumé par Matthieu qui recherche avant tout la sécurité en sachant qu’il a une diffusion en direct à assurer. A quoi bon tout secourir et risquer la panne au niveau des sources…

SLU : Le mix final sort en linéaire ?

Le Merlin Plus de Tieline, le moyen de communiquer en RNIS et en IP avec le CDM de la Maison de la Radio en poussant le mix du car et en recevant en retour les ordres et le son antenne final. Et bien entendu, deux unités distinctes sont prévues afin de pallier à une panne.

Pascal Westrelin dit PiWee, chef de car : Non, on a un algorithme de haute qualité en 256 kb appelé Mix Plus mais il est aussi possible de passer en linéaire. On privilégie toujours la sécurité sur la qualité même si nous sommes connectés ici à l’Olympia en IP via une fibre. On peut encore changer avant le premier direct car le débit est excellent, on a un Giga !

SLU : Comment vos trois présentateurs itinérants vont-ils s’entendre durant leur balade en direct dans l’Olympia jusqu’à 2 heures du mat ?

Au premier plan PiWee et derrière lui Fabien Gosset de l’équipe du direct dans le car Régie 5.

Matthieu Leroy : Dans des ears connectés à des récepteurs Shure dans lesquels on va envoyer le retour antenne et des ordres. On se sert pour cela d’une bonne vieille Yamaha DM1000 qui est dans le car régie et reçoit les signaux via du RockNet encapsulé dans le MediorNet et d’une mixette Sim Audio.
C’est une console qui, avec ses 48 entrées et ses nombreux départs, est devenue l’un des maillons essentiels de nos opérations extérieures. Ces DM1000 sont nos couteaux suisses à nous. Je pense que si tu demandes à des techniciens des extérieurs à Radio-France ce qu’ils emmèneraient sur une ile déserte, 80% te diront une DM1000, en oubliant qu’il n’y a pas courant sur une île déserte….

On reprend notre balade dans les coulisses de l’Olympia, croisant artistes, techniciens, attachés de presse et musiciens dans un ballet très serein et parfaitement réglé. On sent bien que le calme qui règne et les sourires qui sont échangés avec Matthieu sont la récompense d’une infrastructure aboutie, pensée, mise sur papier et parfaitement fonctionnelle. Une question logique mais très peu académique nous brûle les lèvres.

SLU : Tu as tiré une sorte de rocade multi formats avec les Ghost, pourquoi ne pas y passer aussi le MediorNet…

Matthieu Leroy : Le Ghost est conçu pour accueillir et transporter différents types de réseaux audio et DMX là où le MediorNet passe aussi de la vidéo à très haut débit avec un ensemble de fonctionnalités via un logiciel dédié donc il a besoin de son réseau indépendant. Séparer les flux apporte aussi plus de sécurité. Il ne faut pas oublier que des deux côtés, un certain nombre de fonctionnalités accessibles par logiciel est propre au hardware et ne peut pas être mélangé.

Alexandre Martin, chef opérateur du son, sonorisateur en charge des retours à l’Olympia. Comme le dit Matthieu, c’est le David Hallyday de la Maison de la Radio !

Ghost est aussi pratique pour sa simplicité de mise en œuvre très visuelle. On choisit ce que l’on veut véhiculer et si c’est par exemple du Dante, il affiche les quelques particularités propres à ce format et qu’on n’a pas forcément toujours en tête. Il suffit ensuite de choisir les points d’aboutissement, les prises de sortie en fait. Ghost passe du réseau audio et lumière, il ne passe pas de vidéo, de SDI ou d’audio pur analogique d’un point à un autre, ce que fait MediorNet.
Pour finir, derrière le MediorNet, il y a un chef de car, formé et compétent. Ce qui veut dire qu’il peut superviser ce réseau et modifier très rapidement la configuration de façon sécurisée. Prévoir c’est bien, mais réagir vite reste capital quand on travaille en direct sur des opérations uniques. Il y toujours des connexions de dernière minute. Le Ghost est plus simple d’accès, et se prend en main quasi instantanément. Hier par exemple, j’ai dû fournir un lien internet à la façade. Deux clics et c’était réglé avec Ghost. Normalement j’aurais dû tirer un câble.

La Sy80 des retours avec le PC du patch partagé (un système exclusif de Radio France inventé par Matthieu), le panel Overline et la consolette mixant le micro d’ordres commutable par pédale.

Cette flexibilité et ce potentiel d’ajout est primordial car entre ce qui est prévu et ce qu’on doit réaliser sur site, il y a toujours des différences qui se font infiniment plus facilement avec. Mais pour son premier déploiement à Radio France, j’ai préféré qu’il reste totalement autonome et qu’il ne soit pas modifié pendant le show. Il s’agit de connexions et de modes opératoires différents. Ce sont donc deux technologies très différentes qu’on n’utilise pas pour les mêmes raisons, mais qui se révèlent être complémentaires.

Dans le car de Radio France de gauche à droite, Olivier Leroux, Matthieu Leroy et Fabien Gosset. Olivier et Fabien font partie de l’équipe de direct.

SLU : MediorNet a donc la capacité de transporter du Ravenna.

Matthieu Leroy : Oui, mais aussi du RockNet pour la DM1000. Quand on y pense, avec moins de fils tirés, on a plus de possibilités et plus de sécurité grâce à la redondance prévue par le fabricant, ou grace à une seconde fibre qu’on laisse en attente. Au cas où.

Toujours vaillants, les stage des Sy80 de face et retours, des tables pas toutes jeunes mais offrant beaucoup de faders et parfaitement connues de tous. La redondance n’étant pas un vain mot à Radio France, une troisième console Innovason, une Grand Live est en attente dans les coulisses tout comme une DM1000 avec son stage. Et tous les éléments critiques sont ondulés, les réseaux quasiment tous doublés, les mix doublés en analogique avec possibilité de récupérer un mix auprès d’une autre console en cas de défaillance.

SLU : On résume le tout ?

Matthieu Leroy : Volontiers, à force d’avoir le nez dedans, j’en oublie l’éventuelle complexité. Le transport de l‘ensemble des flux passe par deux systèmes, le Ghost d’Agora et le MediorNet de Riedel. Le Ghost véhicule en Ethersound tout le réseau intercom Overline. Les signaux de la Sy80 de façade aussi en Ethersound remontent depuis le plateau.
Je m’en sers aussi pour un réseau IP local qui permet le patch partagé, une idée que l’on a eue avec Loïc Duros, et il y a un réseau internet pour un FaceBook live. MediorNet transporte le Ravenna de la Lawo, le RockNet pour la DM1000, de la vidéo pour alimenter les écrans de contrôle du car et pour « créer » le contenu du FaceBook live.

SLU : C’est court quand on y pense 6 heures pour déployer une telle installation..

Matthieu Leroy : On a pas mal de monde, des assistants techniques qui ont bénéficié du travail de conception et de préparation du matériel. La réussite d’une telle mission n’est dûe qu’à la préparation et à une bonne communication en amont. Par exemple, chaque touret de fibre porte un nom et ce dernier est répercuté aussi sur ses prises pour qu’à tout moment, on sache ce qui y transite.
Pour installer ces tourets, j’ai prévu des plans d’installation dédiés qui ont été communiqués et expliqués aux assistants techniques. Une fois sur place, nous n’avons normalement même plus besoin de nous parler, chacun connait son travail.

Le réseau d’ordre aux retours avec un panel Overline télécommandé au pied, pour que le technicien puisse facilement intervenir sans lever les mains de sa table et la mixette posée au-dessus pour mixer dans les ears le monitoring + ordres. Cette interphonie « externe » a pour fonction de soulager la console et les techniciens, de faire en sorte qu’à aucun moment une information n’aboutisse pas et rendre les éventuels problèmes faciles à corriger. Selon Matthieu, matricer les ordres dans la table est une solution valable en touring mais moins lors d’événements aussi prenants qu’un direct multi artistes et potentiellement multi techniciens. Il faut libérer les consoles et l’esprit des techniciens afin qu’ils ne s’occupent que d’artistique.

SLU : Quelle longueur les tourets ?

On ne peut pas vraiment dire que Loïc Duros, stage manager de son état, paraisse autrement que très heureux d’être là ! Remarquez son panel ceinture Overline aux 8 boutons bien repérés.

Matthieu Leroy : 600 mètres pour MediorNet et Ghost. Les Ghost sont en multimode et le MediorNet en monomode, mais il est possible d’avoir les Ghost aussi en monomode. La fibre des Ghost comporte deux brins et sur le MediorNet il y a 4 brins fibre ce qui est indispensable quand on véhicule de l’image de haute qualité qui est très consommatrice de débit.

SLU : Qui travaille sur le plateau pour les changements et en assistance du mixeur retours ?

Matthieu Leroy : Que des gens de Radio France avec un certain nombre d’outils spécifiques que j’ai mis au point avec Loïc Duros et qui leur facilitent la vie en rendant les hommes indépendants des consoles. Idem pour le patch qui est actif et partagé là où c’est utile et peut être imprimé à la volée. Loïc peut aussi grâce à sa tablette écouter n’importe quel micro et modifier le patch en temps réel. En résumé le plateau galope !

SLU : La diffusion ce n’est toujours pas vous…

Matthieu Leroy : Non, toujours pas, nous disposons de tout sauf le gros bois et les amplis qu’on a sous-traités à MPM, comme les lumières. En revanche les wedges Adamson et leurs amplis sont à nous. La diffusion est constituée de têtes E12 et de sub E219 en montage cardioïde. Simple et efficace.

Des wedges Adamson M12 et M15 du parc de Radio France, dont les amplis Lab et surtout les processeurs XTA sont alimentés en AES, prêts à rejoindre les pieds de micro et faire du bruiiiit.

Les « side by Radio France »© Des SX18 Adamson tri-amplifiés en PLM.


Axel Brisard en visite pour le compte de Sennheiser dont il est le spécialiste des applications professionnelles.

SLU : Il y a aussi des liaisons D6000 Sennheiser..

Matthieu Leroy : Oui, pour tout ce qui est micro HF. Et nous avons ce soir avec nous Axel Brisard qui est le responsable studio de la marque allemande et qu’on connait bien car c’est un ex de la Maison ronde et Ibrahim Seliem, notre homme des HF maison, connu sous le nom de Mr connexions de l’extrême !

SLU : Tu as pas mal de consoles en spare, tu as donc ciblé les appareils potentiellement sujets aux pannes ?

Matthieu Leroy : Non, pas totalement. On a la possibilité de prendre du spare sur certaines références, moins sur d’autres comme la Lawo. On a une Grand Live Innovason en attente mais il y a infiniment peu de chances qu’on la déploie, c’est une console ancienne mais très fiable comme les Sy80. Cela n’est pas le cas de toutes les Innovason. La DM1000 est trop stratégique dans nos opérations extérieures pour ne pas en avoir une d’avance au cas où, mais là encore, les pannes sont rarissimes.


Alexandre James à gauche en compagnie de Matthieu Leroy. Il mixe les retours en compagnie d’Alexandre Martin.

SLU : Qu’as-tu en termes d’horloge pour tout cet ensemble ?

Matthieu Leroy : Une naturellement au car régie, une Tektronix 271 et une seconde à la façade, une Mutec. Comme les préamplis sont séparés, il n’y a aucun conflit possible. Les aficionados et les puristes vont s’offusquer mais on active le SRC. Je distribue de l’horloge à tout le monde et, je le sais, personne ou presque ne la prend, ni au système, ni les invités qui viennent avec leur console. Ils préfèrent ne courir aucun risque. De notre côté en revanche on aide des consoles un peu plus anciennes ou ne disposant pas d’une référence de très haute qualité comme la DM1000 avec des horloges de qualité.

SLU : Puisqu’on parle Yamaha, voilà la DM1000 de la façade.

Le rack à beaux joujoux du car N°5. Je ne vous ferai pas l’insulte de vous détailler les merveilles qui y sont boulonnées, mais regardez tout en bas, une horloge Tektronix SPG-271 fait la loi !

Matthieu Leroy : Super importante ! (sourire) Elle brasse beaucoup de sources et soulage d’une certaine manière la Sy80 qui ne gère que de la musique et rien d’autre. C’est donc elle qui reçoit son mix musique, celui de la Vi1 Soundcraft de Lamomali & Matthieu Chédid, les HF des présentateurs, les retours de l’antenne d’Inter, le mix secours du car, en gros c’est la gare de triage. C’est la DM1000 qui alimente le système et on brasse le plus possible de l’AES en 48/24, gardant l’analogique qu’elle reçoit aussi, pour le mode dégradé. Il y a une synchro avec la Sy80 pour ne pas avoir de SRC.

A droite de la Sy80, la gare de triage par Yamaha. A droite encore le drive du système Adamson calé aux petits oignons par MPM.


A gauche Tanguy Le Corno et à droite Benjamin Perru, tous deux en charge de mixer la façade à l’Olympia.

SLU : Le nombre d’effets externes trahit un peu l’âge de l’Innovason…

Matthieu Leroy : On a EQ, gate et compresseurs sur la Sy. Elle ne fait que mixer mais elle le fait bien. Le MixBox permet d’interfacer des effets et autres périphériques en numérique ou en analogique, on le configure comme on veut. On retrouve entre autres une M6000, les DPR901, un bon vieux tc 2290, un délai magnifique qu’il faut garder !

Encore un goodie typique de Radio France. Si un journaliste ou JRI veut du son pour sa caméra, il dispose sur ce distributeur d’un mix en stéréo et, comble du confort, ce sera celui du car régie qui arrive aussi à la façade et qui naturellement est plus équilibré que celui de la salle. Comme le rappelle Matthieu, souvent il ne reste que 20 secondes d’images pour relater ce type d’événements, autant que le son soit d’une qualité digne de notre travail !

Tout un petit monde caché sous la console façade dont un des racks Ghost qu’on devine en haut à droite.


SLU : Et pourquoi dans les shows Radio-France, ne faites-vous pas comme dans les festivals, en laissant les techniciens des artistes mixer façade et retours ?

Matthieu Leroy : On touche là un sujet qui nous tient à cœur ! A Radio-France, nous mixons les artistes nous-mêmes. Cela ne veut bien sûr pas dire que l’on ne veut pas des techniciens des artistes, ils connaissent évidemment mieux le son, la couleur et les spécificités de leurs artistes, et nous avons besoin d’eux, mais nous volons offrir un spectacle unique à entendre et/ou à voir qui respecte au mieux ces mêmes artistes. Nous accueillons toujours à bras ouverts les techniciens et leurs demandes particulières quand nous le pouvons, mais nous avons aussi des contraintes qui nous obligent à nous insérer dans un show radio qui parfois rentre en conflit avec ces mêmes demandes. Parfois, les micros ne sont pas les mêmes, le matériel non plus, les timings incompressibles… Tout l’art est donc de trouver les bons compromis.

Il y a aussi une notion de responsabilité du broadcast. Nous devons remplir des obligations dues à cela que seuls les techniciens de Radio-France peuvent assumer et devant lesquelles ils peuvent répondre en cas de problèmes. De plus, quand les mixeurs des artistes se positionnent en dehors de l’exploitation, mais comme un support auprès de nos techniciens, c’est toujours extrêmement enrichissant pour tout le monde, car pour une fois ils peuvent écouter librement sans les contraintes des manipulations. Il n’est pas rare, avec ceux qui jouent le jeu, d’entendre par la suite des mercis, et qui ensuite changent quelques-unes de leurs habitudes prises par manque de recul, car ils ont généralement toujours la tête dans le guidon.
Nos techniciens sont formés à cela, il y a même une formation interne chez nous qui s’appelle « line-check concert », mais on évite malgré tout d’arriver à ce genre d’extrémités et on tente d’avoir toujours le maximum de temps pour travailler sereinement. Pour finir, lorsque l’on fait un show comme celui-là avec 7 artistes différents, nous nous donnons un point d’honneur à offrir à notre public une cohérence de mixage, je veux dire par là que d’un artiste à l’autre, nous essayons de trouver une forme d’unicité dans les niveaux et les couleurs, sans non plus fermer la porte évidemment à leurs différences.

CONCLUSION

Quoi ajouter de plus. Quand la technique sait se mettre au service de tous et se faire oublier, quand on ne pense plus qu’à l’artistique et à l’obtention de la plus belle prestation scénique, quand l’interphonie rapproche tout le monde et fait qu’on n’a même plus besoin de se parler tellement on sait qu’on peut le faire du bout du doigt, tout le monde est gagnant.

Le plateau était beau, le spectacle de l’Olympia gratuit et ouvert à tous et l’ensemble sonnait à l’antenne avec cette dynamique et ce rendu respirable et respectueux que seul le service public a su préserver. Il va de soi que l’ensemble des personnes qui nous a parlé lors de ce reportage, n’a pas tari d’éloges sur le travail fait par Matthieu Leroy et sur la fierté de la Maison ronde d’être en mesure de disposer et maitriser d’outils aussi efficaces et puissants, un avis que nous partageons complètement.

Un tout dernier mot. A l’heure où vous lisez ces lignes, Matthieu est sur le point de s’envoler vers d’autres projets loin de notre pays. Une respiration sans doute longue et certainement nécessaire à un esprit très, trop libre pour ne pas s’offrir des escapades. Bonne chance à lui, bonne pioche pour ceux qui croiseront son chemin et qui sait, à bientôt. Le monde est un village et la musique sa source ;0)

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