Projecteur beam

DTS Raptor à rotation pan/tilt infinie

DTS RAPTOR

Avec un nom de dinosaure franchement agressif, un look original de ballon de rugby, le Raptor tire un faisceau beam mortel d’une lampe Osram Sirius HRI 330 W, de cette nouvelle génération à arc très court et réflecteur intégré, parfaite pour projeter de puissants bâtons lumineux colorés.

Son atout face à la concurrence : les pan et tilt à rotation infinie, la signature de DTS !

3,4°, c’est l’angle de projection du Raptor qui peut être ramené à 0,6° grâce à un gobo réducteur. Attention DTS revendique un éclairement au centre de 150000 lux à 15 m.
A 120 m la bête est encore présente avec 2400 lux. Autant dire qu’à moins de 10 m il vaut mieux ne pas s’éterniser !
17 gobos (fixes), en métal pour supporter la température, sont choisis pour créer des effets volumétriques, renforcés si besoin d’occuper l’espace par un prisme x8 rotatif  efficace. La roue s’offre en plus un petit  effet shaker très sympa à vitesse variable.

Le Raptor colore son faisceau grâce à 17 filtres en borosilicate supportant encore une fois de hautes températures.
Un filtre smooth (sorte de filtre en peigne) permet d’atténuer efficacement le trou noir inhérent à la corolle de la lampe, et de profiter pleinement du faisceau élargi par le frost (environ 10°).
Les mouvements de la lyre sont rapides et nerveux (DTS utilise de nouveaux moteurs pas à pas de nouvelle technologie) et surtout à rotation infinie ce qui simplifiera la programmation de faisceaux déchaînés.

DTS RaptorEt puis en vrac un focus motorisé, dimmer/shutter/strobe, commande DMX (18 canaux), DMX sans fil en standard, RDM, 2 x XLR 3 + 2 x XLR 5 Neutrik, une consommation de 450 W, 2 x Powercon Neutrik (in/out), un poids léger de 15,4 kg et des dimensions réduites à 503 x 334 x 288 mm.

  • Prix annoncé : 3800 € HT.
  • Développé et fabriqué en Italie

Lampe Osram Sirius 330

  • Flux de 15000 lm,
  • Température de couleur : 7500 K,
  • Durée de vie : 1500 h
  • Consommation : 330 W

 

Triste nouvelle

Au revoir Derrick

Derrick Saunders

Derrick Saunders est décédé vendredi dernier, le 16 août après avoir combattu une longue maladie.
Derrick était une des figures les plus connues de l’industrie de la lumière anglaise comme directeur des ventes et du marketing de Pulsar Light.

“C’est Derrick qui a vendu mon premier modulateur en 1969” se souvient Paul F Mardon, fondateur de Pulsar. “Il fut notre premier employé en 1970, lorsque Pulsar a été formé. Il est vite devenu directeur des ventes et a dirigé le département des ventes jusqu’à sa retraite en 2000.
Il était une source d’inspiration pour nous tous, plein d’humour, totalement passionné par Pulsar et aimé par nos distributeurs, par nos amis à travers le monde, et par toute l’équipe de Pulsar ! Quelle triste perte !”

Après sa retraite, Derrick est resté activement impliqué dans la société familiale Adda Super Cases aux côtés de sa femme Monica.
A sa famille et ses amis nous présentons nos sincères condoléances.

 

Distributeur exclusif pour la Suisse

Digico nomme Tonspur

Tonspur, distributeur exclusif de DiGiCo en Suisse

Tonspur commercialise la gamme de consoles DiGiCo en Suisse et au Liechtenstein depuis 2010.

Les cinq années d’implication de DiGiCo au festival de Jazz de Montreux ont permis à la marque de faire une très bonne impression sur le fournisseur historique de matériel audio du festival, Tonspur AG, qui devient son distributeur exclusif pour la Suisse.

“Nous fournissons l’équipement audio à Montreux depuis 2007 et notre première expérience avec DiGiCo remonte à leur nomination en tant que fournisseur officiel de tables de mixage. C’était en 2009” nous raconte le propriétaire de Tonspur, Hansjürg Meier. ”Nous avons immédiatement réalisé l’énorme différence qui existait, en terme de qualité sonore comparé à d’autres tables de mixage. Nous sommes également très impressionnés par la flexibilité de ces consoles et l’utilisation qu’elles font des technologies les plus récentes, comme le processeur FPGA, qui minimise considérablement la dimension des circuits.

DiGiCo a eu un tel impact que Tonspur a dû développer des solutions pour répondre à la demande de ses consoles sur les marchés suisse et lichtensteinois. Ainsi, devenir le distributeur exclusif de la marque aura été une étape naturelle.
“DiGiCo est une société proactive, qui a une influence certaine sur le volume des ventes” nous explique Hansjürg. “Avec la version T des consoles, de la SD7T à la SD9T et la SD10T, les productions théâtrales disposent maintenant d’outils adaptés. Deux loueurs clés de matériel ont déjà choisi DiGiCo et ce chiffre est amené à augmenter.

“Nous avons également observé une augmentation de l’utilisation de ces consoles sur le marché professionnel de l’installation. La flexibilité en terme de routing et les outils comme l’interface UB MADI, DiGiGrid et Purple Box signifient que l’on peut satisfaire les besoins de n’importe quelle production de grosse envergure”.

Forte des nombreux retours d’informations de la part des ingénieurs du son, DiGiCo reste à leur écoute. “Nous transmettons à DiGiCo les souhaits et astuces dont nous font part les utilisateurs et nous les retrouvons ensuite intégrés dans les nouvelles versions de soft”.

 

Première mondiale

SGM anime en vidéo 3D le ciel de Pukkelpop avec 3300 Led Tube.

En première mondiale, les éclairagistes Ignace d’Haese et Philippe Vanderheeren du studio de design Arf & Yes ont imaginé le projet fou d’accrocher en ciel des pistes de la scène Boiler, 3300 tubes à Led LT 200 SGM pour accompagner en vidéo 3 D les nuances rythmiques d’une pure scène électro du festival Pukkelpop. Bluffant ! 

La scène Boiler Room de Pukkelpop utilise 3 pistes en enfilade, une sous le chapiteau abritant la scène à proximité des artistes, suivie d’une piste en plein air et d’encore une piste couverte. Et les trois pistes s’offrent un ciel vidéo de tubes SGM LT 200 : au total 3300 tubes sont accrochés commandés par 1100 univers DMX : un record !

Jamais un design lumière n’avait été aussi adapté à une scène électro. La vidéo 3D en volume diffusée sur 2 mètres de hauteur forme un nuage animé qui bien maitrisé, suit le rythme pour une immersion totale des spectateurs/danseurs qui sont portés comme dans un rêve…

Voici quelques vidéos en attendant le reportage.

 

Julien Poirot quitte Waveform Audio

Julien Poirot

Effectif depuis le 31 juillet de cette année, le départ de Julien intervient 9 ans après la création de cette structure désormais très connue et bien implantée sur le marché de la diffusion.

Julien Poirot : « Quitter Waveform après avoir créé ce nom il y a 9 ans n’a pas été chose simple mais j’ai pleinement confiance en David (Nulli NDR) pour reprendre la main et avancer dans la même direction que celle que nous avons prise ensemble durant ces cinq dernières années. Je suis certain qu’il arrivera à encore faire évoluer cette société pour laquelle mon départ constitue peut être un plus, car bien souvent il faut des changements pour faire bouger les choses.

 Je vais retourner à l’intermittence pendant quelques mois puisque j’ai en charge la diffusion de la prochaine tournée d’Indochine.

Waveform Audio

Ces quelques mois permettront aussi de me situer dans ce métier et me donneront des indications précieuses quant à la suite de ma carrière. J’ai plein d’idées et pas que dans le spectacle, et peut être quelques propositions arriveront à moi d’ici là. Rien n’est précisément tracé.

 Une fois encore je souhaite bon vent et bonne chance à David ».

 

Calé par Julien Poirot

Première sortie du E12 Adamson

Ebruité, annoncé, montré mais jamais déployé, le E12 Adamson a fait ses premiers pas en tant que système principal et en exclu mondiale sur la Croisette à la mi-juillet. SLU a été convié écouter rugir les 18 premières boîtes sorties des chaînes d’Adamson, lors du festival de la Pantiero. Julien Poirot au calage, Didier Dal Fitto pour les détails et l’équipe du Palais des Festivals pour l’accueil et la bonne humeur, vous l’aurez compris, c’est exclusivité et plaisir sur toute la ligne.

La terrasse de la Riviera avec tout au fond la scène.

Une vue du parterre en gazon synthétique du plus bel effet couvrant la terrasse de la Riviera avec tout au fond la scène. On distingue à droite de l’image les toits des maisons entourant le vieux port de Cannes et à gauche deux mats de voiliers mouillés dans le nouveau port.

SLU : Comment as-tu fait le choix de la première sortie du E12 ?

Didier Dal Fitto (dir Tech DV2) : Lorsque j’ai rencontré Gérard Ignace (Chef du service sonorisation au Palais des Festivals NDR) lors du dernier SIEL, il m’a demandé à essayer le E15 sur La Pantiero. J’ai trouvé S Group, un prestataire basé à Alès et Montpellier susceptible d’avoir les boîtes disponibles sur la période du festival du 11 au 13 juillet. Ensuite j’ai booké Julien pour assurer design et calage et les choses en sont restées là. Fin juin DV2 a reçu le premier kit de 18 E12 en beta test, les toutes premières boîtes fabriquées. On a commencé à évaluer la mécanique et à travailler sur le preset en profitant du fait que la base est connue afin de profiter des deux mois d’été et valider le système avant septembre, un peu comme nous l’avons fait avec le E15. Ça s’est tellement bien passé que ça m’a donné des idées.

Gérard Ignace, Eric Leloup et Julien Poirot.

De gauche à droite Gérard Ignace, le Responsable service son du Palais des Festivals, Eric Leloup, le Régisseur son du Palais et Julien Poireau en charge du design et du calage de la diffusion du festival pour le compte de DV2 et beta testeur du E12 durant tout l’été.

Le preset du E12

SLU : Comment opères-tu avec un line array pour le découvrir et assembler le preset ?

Didier Dal Fitto : On travaille avec une boîte, puis trois, puis 6 et ainsi de suite. On a à DV2 une poutre qui nous donne une accroche à 7 mètres et une grande porte qui permet de tout préparer à l’intérieur de nos locaux et ensuite de shooter dehors pour faire de la mesure. On a 30 mètres de recul sur un parking. C’est bien dégagé, sans réflexions et on ne gêne pas notre voisinage.

Comme avec 6 boîtes ça tournait vraiment bien, on a fait une première démo à Stéphane Plisson en plaçant les lignes en outfill. La technologie employée étant la même, le raccord avec des E15 est fluide. La semaine suivante, on s’est dit qu’il fallait aller au-delà et placer les boîtes en système principal. Ca tombait bien puisque le festival de la Pantiero approchait à grands pas.
J’ai interrogé Gérard Ignace qui a rapidement donné son accord. Philippe Octo, le directeur de la régie spectacle du Palais, a aussi accepté, tout en pointant le risque de faire tiquer un peu l’équipe technique de The Hives, le groupe phare du festival 2013.
Pour bétonner la chose et rassurer les artistes en termes de niveau SPL, j’ai proposé d’accrocher 9 E12 en lieu et place de 6 E15 initialement prévus.

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La régie son vue depuis la scène.

La régie son vue depuis la scène avec en enfilade le Majestic et les autres palaces cannois. Le fond de la terrasse accessible au public culmine à moins de 50 mètres de la scène.

SLU : Sans oublier que l’espace à couvrir est loin d’être immense…

Didier Dal Fitto : Absolument, la régie est à environ 30 mètres et l’E12 est largement plus que la moitié qu’un E15.

SLU : Justement en termes de headroom il se situe où ?

Didier Dal Fitto : Le passage de 15 à 12 pouces nous a fait perdre un seul dB de SPL Max…

SLU : Large bande ou sur la bande grave ?

Didier Dal Fitto : Non, sur la bande grave.

SLU : Tu perds un peu en extension alors…

Didier Dal Fitto : Même pas. La boîte est assez grosse car on a privilégié le volume de charge des deux HP. On aurait pu faire plus compact mais ce n’est pas le choix qui a été fait chez Adamson, ce qui nous donne une extension sympa et très cohérente. Le médium n’a plus qu’un Colinear Module au lieu de deux dans le E15 mais la chambre acoustique a été complètement redessinée.

SLU : Et malgré ça on raccorde toujours bien sur le E15 ?

Didier Dal Fitto : Absolument. De toute manière, il fallait la refaire entièrement puisque le E12 ouvre en vertical sur 8° et 110° en horizontal en lieu et place de 6 et 90 pour le E15. Cette nouvelle chambre acoustique plus grosse a permis par ailleurs de limiter la perte dans le médium à 4 dB, ce qui prouve bien les progrès effectués par le R&D puisqu’on a un module au lieu de deux, ce qui aurait dû nous donner une perte de 6 dB.

SLU : L’aigu ça donne quoi ?

Didier Dal Fitto : Historiquement Adamson a fait le choix de JBL avec le moteur 2451 pour les Y, un choix difficile vu le peu de réactivité et de dialogue de cette société. Lors du développement du E15 c’est donc assez logiquement que Adamson s’est tourné vers des constructeurs plus à l’écoute et plus innovants comme les italiens d’Eighteen Sound.

Un nouveau moteur 4 pouces qui promet

Une vue de près des E12.

Une vue de près des E12.

SLU : Tu y es certainement pour quelque chose (rires !)

Didier Dal Fitto : Oui, je dispose d’une bonne connaissance de la Botte et des boîtes réellement très à la pointe du progrès comme Eighteen Sound et je savais qu’ils projetaient de travailler sur un moteur 4 pouces qui n’existait pas dans leur gamme. J’ai fait le lien grâce à Mario di Cola qui a agi en tant que consultant. C’est ainsi que Eighteen Sound a créé pour Adamson le moteur 4 pouces de la E15. Le développement de ce moteur ne s’est pas pour autant arrêté puisque la volonté de ce fabricant est de faire encore mieux. Ils ont amélioré la membrane entre autres par un traitement spécifique dit en anglais “nitrogen”, et dont le but est de la rigidifier et permettre de l’alléger tout en garantissant un fonctionnement en piston plus haut. Ils le font déjà sur leurs membranes 1 pouce.

SLU : J’imagine que les contraintes mécaniques ne sont pas les mêmes avec une membrane de 4 pouces qui attaque plus bas…

Didier Dal Fitto : Exactement. Plein d’essais ont été menés. Je vais bientôt recevoir les nouvelles membranes. Pour le moment, les E12 disposent du même moteur que les E15, on travaille donc à -6 dB, mais je pense qu’avec les derniers développements on devrait combler une partie de ce trou et être dans les -4 dB vis-à-vis de la grande sœur.

Une ligne de 9 Adamson E12

Une ligne de 9 E12. Bon c’est vrai, telles quelles ces boîtes diffèrent assez peu avec leurs grandes sœurs les E15 et pourtant elles sont plus petites…

SLU : Tu reçois quand les nouvelles membranes ?

Didier Dal Fitto : Vers la mi-août. Il ne s’agira pas à proprement parler des membranes seules mais bien de 18 moteurs complets pour remplacer ceux équipant les 18 boîtes de présérie.

SLU : Tu vas tester aussi la tenue en puissance ?

Didier Dal Fitto : Non, ça c’est Eighteen Sound qui s’en charge, c’est leur métier et ils font ça très bien. Ils disposent de tout ce qu’il faut, y compris une chambre acoustique complète. La partie dévolue à DV2 est plus celle des essais sur le terrain grâce à nos contacts et la possibilité d’accéder à des manifestations musicales ou des festivals. Dès que l’on pourra, on procédera au montage de la moitié des boîtes avec ce nouveau moteur, et nous ferons des essais comparatifs. Si tout va bien, on déploiera à nouveau les boîtes en tant qu’outfills lors de la Foire aux vins de Colmar entre le 9 et le 18 août pour en voir le comportement sur une période plus longue et avec une variété de style musicaux (Je confirme, ça ira de Sardou à Skip the Use en passant par Stars 80, Bruel, Deep Purple ou Justice NDR) (Les boîtes sont bien à la Foire aux vins NDR).

SLU : Il est donc toujours possible d’améliorer ce qui semblait déjà ultra efficace…

Didier Dal Fitto : Dans l’aigu on va gagner effectivement encore un peu en jouant majoritairement sur le rendement. Dans le grave au contraire c’est purement par la tenue en puissance qu’on a fait des progrès car depuis quelques années on est passé de bobines 4 pouces qui acceptent 1000 W à des bobines de 5,5 ou 6 pouces qui en admettent 1800, ce qui a conduit à gagner quasiment 3 dB. On augmente le BL, la tenue en puissance, le refroidissement, l’Xmax et on arrive à ces 3 dB. Le T21 par exemple n’a pas un rendement supérieur aux autres, sauf qu’il est équipé de deux haut-parleurs qui tiennent 3000 W programme chacun…

SLU : Est-ce que ces HP à hautes performances, et donc subissant des contraintes très importantes, ont des durées de vie moindres avant dérive de leurs performances, ou bien une certaine fragilité ?

Didier Dal Fitto : C’est une question intéressante dans la mesure où l’on constate une vraie fatigue sur les membranes carton ce qui n’est pas le cas chez Adamson. Les cônes papier se chargent d’humidité, sèchent, se rechargent d’humidité et ainsi de suite, ce qui produit du cone breaking et un pli tout autour de la membrane. Le Kevlar évite ce problème et le vieillissement est bon, ce qui n’empêche bien entendu pas quelques très rares ruptures. Pour l’aigu, nous avons la Rolls des moteurs avec un taux de fiabilité incroyable ; c’est stable et on n’en casse jamais. Le headroom est énorme et la tenue mécanique aussi.

La scène photographiée depuis l’accès arrière du Palais des Festivals.

La scène photographiée depuis l’accès arrière du Palais des Festivals où se garent entre autres les cars régie.

SLU : Il n’y a pas que les haut-parleurs qui ont fait des progrès…

Didier Dal Fitto : Bien sûr que non. A l’époque des Y10 et Y18, le travail était fait à la table à dessin avec peu d’assistance informatique. Aujourd’hui, les chambres acoustiques sont toutes travaillées en éléments finis. Il y a quelques années, les simulations prenaient 48 heures de calcul, et on ne pouvait pas ni en termes financiers ni de temps faire évoluer autant de fois qu’on voulait les prototypes, Aujourd’hui, grâce aux imprimantes 3D, on peut en faire autant que nécessaire. L’association du prototypage rapide et du logiciel de simulation par éléments finis permet d’affiner le projet de manière assez incroyable.

SLU : Vous travaillez toujours avec Adamson pour les presets ?

Didier Dal Fitto : Absolument. Nous avons toujours apporté notre aide sur le R&D, l’électronique et les presets. Nous les avons quasiment tous faits en collaboration avec le Canada, spécialement celui du E15 où Benoit Cabot, le responsable du R&D chez Adamson, a apporté de nombreuses idées. Celui du 12 en est tiré mais avec des particularités qui lui sont propres. Le calage des limiteurs et quatre ou 5 points d’EQ ont notamment changé. On travaille aussi sur la balance tonale pour faire en sorte de s’approcher au mieux de celle du E15.

SLU : Pour résumer nous en sommes donc à -1, -4 et potentiellement -4dB comparé à l’E15…

Didier Dal Fitto : C’est ça. Il faut garder en tête que ce système est de plus petite taille et va donc être utilisé en plus petite quantité. Notre travail sur le grave a donc toute son importance puisqu’on ne perd qu’un seul petit dB comparé à l’E15 en SPL. Lorsque tu vas passer dans des petites salles où les lignes sont courtes et doivent être coupées en deux pour bien couvrir par exemple l’orchestre et les balcons, cette réserve en grave sera très appréciable. Nous n’avons pas pris le même chemin qu’en 2001 quand nous avons sorti le Y10, une boîte parfaitement compatible et complémentaire avec le Y18, et qu’on aurait d’ailleurs dû appeler le Y9 mais qui était un peu courte dans le bas. Les autres fabricants avaient d’ailleurs pris comme taille intermédiaire le 12 pouce.

Un nouveau sub pour le E12

SLU : Le rigging est le même que celui du E15 ?

Didier Dal Fitto : Exactement le même, et comme le bloc central est identique à l’E15, la compatibilité est totale. L’enceinte E12 est un peu moins haute et moins large mais s’accroche de la même manière et peut compléter en downfill une ligne de E15. Nous avons aussi validé début juillet le nouveau sub E218 qui aura exactement le même rigging et pourra donc s’accrocher ou se poser. Comme il est plus profond que les E15 et 12, il s’accroche par les points de devant et dispose d’un adaptateur pour ceux de derrière. En termes de largeur, il a la même que l’E12. Il est équipé de deux nouveaux 18 pouces placés au centre de la caisse et reprend un peu le look de la série E. L’avantage de ce nouveau sub réside dans sa compacité vis-à-vis du T21 que tout le monde adore mais qui se révèle trop encombrant dans nombre de situations.

SLU : Vous avez présenté aussi un second sub équipé en 18 pouces…

Didier Dal Fitto : Oui mais c’est tout autre chose. Il s’agit d’un sub à radiation directe pour la série Point, là où le E218 est en bandpass. Il utilise les mêmes haut-parleurs mais c’est un produit destiné à l’installation.

L’amplification : un PLM 10000Q pour 3 boîtes

Deux racks d’amplis standard DV2 de S Group.

Deux racks d’amplis standard DV2 de S Group avec à gauche trois LabGruppen 10000Q, chaque ampli alimentant trois E12 en parallèle et à droite quatre amplis FP+, deux 7000 et deux 9000, chacun étant en charge d’un T21. Un FP+7000 est le standard préconisé mais quelques soucis d’approvisionnement ont obligé S group à surclasser deux subs !

SLU : Comment amplifie-t-on les E12 ?

Didier Dal Fitto : On spécifie des PLM10000Q car l’adaptation impédance puissance par groupe de trois boîtes convient bien.

SLU : Le 20000 ne se justifie plus ?

Didier Dal Fitto : Qui peut le plus peut le moins. Ceux qui veulent standardiser et n’avoir qu’un modèle d’amplis pourront très bien employer ce modèle, d’autant que les presets existent aussi en 20000. Cela dit, le 10000 permet aussi de bien positionner en prix les E12 face aux 15. La boite est moins chère donc autant que l’amplification le soit aussi. Le filtrage reste en FIR avec deux cellules grave/médium et médium/aigu ce qui retarde le signal de 5 millisecondes. Bien entendu entre grave et sub le filtrage reste standard pour éviter de le rallonger.

SLU : Vous êtes contents d’avoir un sub précisément fait pour les E ?

Didier Dal Fitto : (rires !) Ahh c’est certain qu’on l’a moins attendu que celui qui aurait dû accompagner les Y18 ! Quand nous avons commencé la distribution d’Adamson en France, cela n’a pas été évident puisque nous avions en tout et pour tout un seul gros système et pas de sub pour l’épauler. L’esthétique sonore était heureusement différente à celle d’aujourd’hui mais c’est vrai que de 2000 à 2005 nous avons dû pas mal gamberger pour offrir des solutions à nos clients en attendant la mise au point du 21 pouces du T2, un HP à double spider très novateur.

SLU : La disponibilité des E12 et le prix sont-ils arrêtés ?

Didier Dal Fitto : Les premières livraisons interviendront en décembre. Lagoona a dégainé le premier après avoir vu le système à Francfort. Curieusement cette société est l’une des dernières à s’être équipée avec 24 E15 mais sera de loin la première à avoir le E12 qui correspond parfaitement au profil des événements sur lesquels elle intervient. Concernant le prix, il oscille entre 20 et 30% en dessous de celui du E15. Pour un système pas si petit que ça, c’est très intéressant. Tu vas l’écouter dans quelques instants et tu verras que quand le grave travaille à -10, le médium/aigu est encore à -20 : il y a de la marge !

La réussite du E15

SLU : Vous avez vendu combien d’E15 dans notre pays ?

Didier Dal Fitto : Nous en sommes à 250. La France s’est montrée très réceptive à cette boîte qui n’est pas sortie depuis très longtemps, et ce n’est rien comparé à l’engouement qu’on ressent pour l’E12. Il y a une dizaine de prestataires qui sont vraiment chauds. Pour des questions de planning, les 18 premières boîtes produites et qui sont ici à Cannes vont être livrées à Lagoona à la fin de l’été, et 18 autres plus 8 subs E218 vont partir chez S Group. De notre côté nous allons recevoir un autre kit pour faire des démos. Comme pour l’E15, on fera une présentation officielle en septembre mais cette fois-ci dans trois ou quatre lieux géographiquement différents et proches de nos clients.

SLU : Est-ce que l’idée de départ d’Adamson d’avoir une enceinte amplifiée est toujours dans les tuyaux ?

Didier Dal Fitto : C’est toujours en développement sauf que la route est longue ! Idéalement il aurait été sans doute plus judicieux de lancer ces amplis sur des produits moins importants en gamme que les E. Nous avons désormais un parc mondial bien installé et disposant de ce que l’on fait de mieux en termes d’amplification, de processing et de transport. Ca restera comme ça mais ça ne veut pas pour autant dire qu’un marché n’existe pas car les anglo-saxons ne réfléchissent pas forcément comme nous. Officiellement ce n’est pas arrêté mais comme ce n’est pas le cœur de métier d’Adamson, ça prend beaucoup de temps.

SLU : Comment s’articule MDC par rapport à Adamson au sein de DV2 MDC ?

Didier Dal Fitto : En tant que distributeur spécialiste de la diffusion, nous avons besoin d’une autre marque. Les produits MDC sont performants, bien conçus et complètent intelligemment notre gamme de produits.

Le calage réalisé par Julien Poirot

Julien Poirot surpris au sortir d’une balade sur le parterre.

Julien Poirot surpris au sortir d’une balade sur le parterre devant la régie, les yeux mi-clos et les oreilles grand ouvertes.

SLU : Tu nous a parlé du choix de Julien Poirot pour le design et le calage de ce festival, mais son rôle paraît aller au-delà…

Didier Dal Fitto : Oui, il assure pour DV2 le suivi complet du E12. Il accompagne son déploiement tout au long de l’été, et en dehors de ses activités professionnelles il est beta testeur pour notre compte. Il nous transmet les log files et un maximum d’informations…

Julien Poirot : J’assure cette prestation avant de partir en tournée pour Indochine. J’aurai aussi du E12 dont je me servirai en délai et en extérieur. Il s’agit de la suite de la tournée de ce groupe mais cette fois-ci dans des grandes salles. J’aime assez et même en salle l’idée de délai, car si les systèmes tapent bien et loin, on n’est jamais à l’abri de gaines de chauffage, de différences de température, bref, de phénomènes qui dégradent le son, et contre lesquels il est vain de lutter avec le seul système principal. Ce que l’on gagne d’un côté on le perd de l’autre. Je vais faire des essais avec des ensembles de trois E12. C’est léger, facile à monter et ça peut bien le faire.

La diffusion à cour avec pas moins de 4 T21 pour épauler les 9 E12.

La diffusion à cour avec pas moins de 4 T21 pour épauler les 9 E12. Oui, il y avait du bas !

SLU : En jetant un coup d’œil à ton égalisation, je constate que non seulement tu n’atténues pas le grave issu de ton couplage mais qu’en plus tu ajoutes quelques dB…

Julien Poirot : Cette large bosse démarrant en dessous de 250 Hz, c’est une habitude qu’on a aussi avec l’E15. Cela apporte une petite note punchy très agréable et qui raccorde assez bien avec le T21. Je creuse en revanche à 80 Hz puisque les subs sont coupés à 63 Hz et que j’ai un peu trop d’énergie à cet endroit-là. C’est peut-être les HP en 12 pouces qui en sont responsables. L’aigu de ce soir est aussi un peu plus présent que d’habitude mais il ne faut pas perdre de vue que le système est accroché très bas.

SLU : Mais le fait que tu n’atténues pas du tout le grave n’est-il pas aussi dû à la patate dans le haut ?

Julien Poirot : Si bien sûr mais cela est aussi le fruit de mon écoute personnelle, peut être quelqu’un d’autre irait tailler dedans. Pour ce qui est de la patate, il y a un vrai potentiel dans le médium aigu rendant inutile toute coupe dans le bas. C’est mieux comme ça plutôt qu’être obligé de baisser d’un côté ou de pousser de l’autre. J’ai dernièrement calé deux lignes de 18 E15 au Sonisphère d’Amnéville et j’ai ajouté 3 dB dans le bas. J’ai une telle énergie en haut et les T21 sont tellement généreux que pour bien raccorder c’était indispensable.

Le rendu du E12 par rapport au E15

SLU : Comment définirais-tu le rendu du E12 par rapport à celui du E15 que désormais tout le monde connaît ?

Julien Poirot : Pour les avoir écoutés ensemble, ils raccordent déjà très bien. Ce n’est pas exactement pareil mais on sent qu’il y a du potentiel pour parvenir à un rendu très proche. Cela dit, il ne faut pas tomber dans l’excès qui consiste à voir le E12 comme la copie carbone du 15 et essayer de lui faire faire des plein air à 50, 60 ou 70 mètres. Pour ce type de jauges, il faut se servir du E15 et garder le E12 pour celles intermédiaires. On voit bien les limites des boîtes en 12, surtout quand on les déploie dans des stades pour lesquels il est toujours préférable de sortir du E15 ou par exemple du K1.

SLU : Tu as l’air de travailler de plus en plus avec Adamson !

Julien Poirot : En dehors du fait qu’avec David (Nulli NDR) nous sommes connus comme étant à l’aise avec cette marque, l’E15 est devenu le système demandé et qui plaît. Quand on accueille des gens, c’est toujours “ahh Adamson, j’adore” ce qui n’était pas tout à fait le cas il y a quelques années. Même au-delà de la France, la dynamique est intéressante pour cette marque. Du coup on se spécialise de plus en plus sur Adamson et L-Acoustics.

Une histoire de confiance

SLU : Le Palais des Festivals et Adamson via DV2 cela semble rouler !

Gérard Ignace (Chef du service sonorisation au Palais des Festivals) : Cela fait 10 ans que nous nous connaissons avec Didier (Dal Fitto NDR) et c’est un personnage extraordinaire. Il sait écouter, s’adapter et fournir toujours la réponse adéquate. Ne parlons même pas de Julien, c’est un tueur ! Tous les artistes sont super contents, d’autant plus que Didier nous a aussi trouvé, telle la cerise sur le gâteau, des M15 aux retours. De notre côté on fournit les régies et les consoles, sans oublier une grande partie de l’éclairage. Hier soir nous avons eu The Hives. Le groupe avait demandé 4 heures de balances. L’ingé façade a inséré sa clé dans la table Digidesign, a découvert les E12, fait le tour du plateau pour écouter les retours et c’était réglé. Pour nous c’est un bonheur de pouvoir accueillir aussi bien nos artistes.

SLU : Le E12 ne serait-il pas un bon remplaçant du Y10 qui équipe le grand auditorium depuis une dizaine d’années ?

Gérard Ignace : Bien sûr, ce serait même l’idéal. Je ne te cache pas que je suis sur ce dossier, d’autant que les nouveaux subs sont arrivés et qu’ils peuvent être accrochés.

SLU : J’imagine qu’il faut convaincre les financiers. Cela étant tu disposes avec ce festival d’une chouette démo du système et de ses capacités !

Gérard Ignace : La démo est parfaite. Je dois juste composer avec les travaux entrepris par le Palais et la Mairie de Cannes sur le Palais lui-même, l’extérieur et certaines salles. La période n’est donc pas très favorable mais je n’abandonne pas, et comme on a trouvé des solutions de reprise avec Didier, le dossier va avancer. J’ai l’air de me répéter mais j’ai pleinement confiance en lui. Il y a dix ans, après avoir gagné l’appel d’offre du Grand Audi et avoir installé ses Y10, il m’a dit qu’il serait revenu 5 ans plus tard pour faire un check du système. Pile 5 ans plus tard il est arrivé, on a tombé les boîtes et il les a testées une à une, HP par HP pour vérifier si quelque chose avait bougé. Tu vois le personnage ? Il veut vendre mais il suit aussi ses chantiers et ses clients.

SLU : Au fait, il a trouvé quelque chose ?

Gérard Ignace : Même pas (rires !)

L’écoute

Poussés par des 10000Q et écoutés à 35 mètres en plein air, le rendu des E12 est très clairement issu de celui des E15, nerveux et sec ; le lien de parenté est manifeste. Ecouté avec et sans T21 assez longuement, ce qui nous a valu quelques coups de fil rageurs des palaces cannois situés dans l’axe de tir, ce nouveau système marche déjà très bien.

Le grave tape fort avec à peine moins d’énergie sur la dernière octave que l’E15.
Le bas mid paraît un peu moins typé, disons un peu plus neutre.
Le médium et le haut médium ont de la personnalité et du mordant, un poil trop d’ailleurs, mais vu le nombre de jours donnés à Didier pour assembler un preset, cela paraît bien méchant d’émettre la moindre critique.
L’aigu est toujours aussi juste et énergique à la fois ; inutile de dire que nous avons hâte d’écouter la nouvelle membrane et ses deux dB de SPL en plus.

Là où du travail reste sans doute à faire, c’est sur la réponse horizontale qui pour le moment paraît manquer quelque peu d’uniformité. Nous attendrons aussi pour nous prononcer quant à l’ouverture annoncée. On dépasse les 90, et sur la dernière octave on atteint certainement les 110 avec une atténuation raisonnable mais dès que l’on descend un peu en fréquence, on revient dans des gabarits plus classiques.
Pour une première sortie c’est beaucoup plus qu’encourageant ou simplement rassurant, on n’est pas loin du franchement emballant. Cela étant, et comme l’a justement dit Julien, il ne faut pas espérer tirer des E12 le même SPL que ce que délivre le E15 avec des amplis deux fois plus puissants, mais si vous aimez la projection, un haut du spectre dynamique et franc du collier et un grave qui pilonne bien, ce nouveau système paraît être une option acoustiquement et financièrement très attrayante.

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Les préliminaires son/lumière avec Melpomen & Concept K

Urban Peace 3 au Stade de France le 28 septembre

Grâce à la complicité de Skyrock, d’Universal et de Stade de France Prod. et surtout à la volonté et l’énergie d’Olivier Matabon, responsable de production au Stade de France, nous vous invitons à vivre Urban Peace 3 de l’intérieur, des réunions préparatoires au chantier en passant par les quatre heures et demie de show du 28 septembre 2013.

Alors que le plateau évolue encore avec l’annonce de la venue en solo de Maître Gims, un des membres du groupe Sexion d’Assaut, présent aux côtés d’I Am, La Fouine, Orelsan, Youssoupha et Psy4 de la Rime, nous vous proposons un premier article en forme de dossier technique détaillant l’ensemble du projet du son à la vidéo et de la structure à la lumière, une première en France et vous donnons rendez-vous en septembre pour détailler jour après jour le montage à l’aide de films et photos exclusives.

Une coproduction et un nouveau modèle économique

SLU : Comment est monté l’événement Urban Peace 3 ?

Olivier Matabon, (responsable de production au Stade De France) : Il s’agit d’une coproduction où chacun des trois partenaires Universal, Skyrock et Stade de France Productions est à parts égales et réalise ce qui est le plus pertinent par rapport à son activité. Sky et Universal ont donc en charge le plateau artistique, nous, l’accueil logistique, la commercialisation et la technique en général.

En résumé, Stade de France Productions porte pour le compte de la coproduction l’intégralité de la production exécutive. Pour ce faire, Stade de France Productions a fait appel à Isabelle Trapon Leggett en tant que directrice de production pour piloter l’ensemble du projet via sa société de services ITL Production. Le secteur promotion est quant à lui commun aux trois entités.

SLU : Dans le cadre de cette coproduction, tout le monde participe à la définition artistique de ce que sera UP3 ?

Olivier Matabon : Oui, si ce n’est que nous veillons à ce que cela soit économiquement possible, techniquement faisable et que le “look” général du dispositif scénique ne soit pas en reste. Universal et Skyrock nous ont confié cette partie du travail tout en restant codécisionnaires. Nous leur présentons régulièrement des plans de scène afin de les valider au plus vite et pouvoir ensuite finaliser l’intégration de la technique. C’est la coproduction qui nous a, par exemple, demandé d’avoir Raphaël Maitrat à la façade pour travailler sur le cahier des charges du son en amont avec moi, et c’est Julien Mairesse qui a proposé Julien Martin pour prendre en charge la régie retour et l’accueil des artistes sur scène, secteur qui pour nous tous est “le nerf de la guerre”. Ils collaborent aussi bien évidemment à l’élaboration de la fiche technique son.

Pour l’éclairage et la vidéo nous travaillons avec Concept K représenté par Frédéric Fayard (alias Aldo, un habitué du SDF avec notamment les Nuits Créoles et les 40 ans de Kassav à son actif NDR). La scénographie et toute la conception sont dues à Julien Mairesse qui collabore déjà avec 2 des groupes qui seront présents, Sexion d’Assaut & les Psy 4, et avec qui nous avons déjà travaillé lors de la Nuit Africaine, Urban Peace 2, Excalibur, Bigard, Aida, Unighted 2, Nuit Créoles…

Vue de la scène d’Urban Peace 2, en octobre 2008

Vue de la scène d’Urban Peace 2, en octobre 2008 (Photo F. AGUILHON)

SLU : Plus en amont, pourquoi SDF Prod devient-il à ce point initiateur et coproducteur d’événements comme UP3. Cela va bien au-delà de ce que vous faites habituellement en termes d’accueil.

Olivier Matabon : Je parle sous le contrôle de Martin D’Argenlieu qui est chargé du développement et dirige la programmation du SDF, mais globalement on voudrait monter avec nos deux partenaires Universal et Skyrock un modèle économique mêlant artistique et technique que nous pourrions exporter dans d’autres stades.

SLU : Quand avez-vous commencé à mettre des spectacles sur la pelouse ?

Olivier Matabon : En 2001 avec Aida. On n’était pas à l’époque coproducteur, Nous avions juste acheté un spectacle clé en main en nous chargeant de la billetterie et de l’accueil. Derrière ce terme générique peut se cacher une infinité de tâches comme par exemple trouver beaucoup de sable car non, le producteur n’était pas venu avec ! Je pense aussi à Ben Hur qui nous a valu un mois de répétitions et au beau milieu on nous a annoncé un France-Italie de football alors que nous avions déversé des centaines de tonnes de terre rouge, 120 semis de 40 mètres cubes. C’était après l’épisode Zidane-Materazzi donc il fallait gagner ! Nous avons écarté une partie de la terre, posé une nouvelle pelouse par-dessus, démonté le décor qui allait jusqu’aux gradins et gagné le match. 51 heures après, les répétitions de Ben Hur reprenaient comme si rien ne s’était passé.

Les spectacles font désormais partie intégrante de l’offre du SDF qui n’a pas de club de foot résident. Ils participent à son équilibre commercial et à son attractivité. Le sport ne suffit pas à satisfaire les annonceurs et les professionnels qui louent des loges à l’année. Le SDF a été précurseur en la matière puisque les autres stades pensent désormais leur enceinte comme devant être en mesure de recevoir des manifestations autres que sportives.

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Les prestataires élus
Melpomen, FL Structure, PRG et Digital Vision

SLU : Outre FL-Structure, quelles sont les sociétés sélectionnées par SDF Prod pour Urban Peace 3 ?

Olivier Matabon : Pour le son c’est Melpomen, l’éclairage et les écrans vidéo PRG, et la captation nécessaire aux écrans, Digital Vision.

Réunion de chantier diffusion sonore dans les bureaux de Stade de France Production.

Réunion de chantier diffusion sonore dans les bureaux de Stade de France Production. A gauche Thierry Tranchant, P.d.g de Melpomen, puis François Deffarges, directeur du R&D Nexo et à droite Ludovic Monchat (journaliste de Soundlightup)…


… autour d’Olivier Matabon, directeur de production du Stade de France

… autour d’Olivier Matabon, directeur de production du Stade de France (à droite)


SLU : Pourquoi le choix de Melpomen ?

Olivier Matabon : D’abord parce qu’on se connaît depuis très longtemps avec Thierry Tranchant et qu’en 13 ans de spectacles au SDF nous n’avons jamais eu l’occasion de travailler avec eux malgré le fait que ce soient des professionnels reconnus internationalement. Ensuite ça nous donne l’occasion d’essayer un nouveau système, le STM de Nexo, et de le déployer pour la première fois dans un stade de 80.000 personnes…

François Deffarges (Directeur du R&D de Nexo) : Non, ce n’est pas tout à fait exact, le STM tourne actuellement aux USA dans les mains du prestataire Morris Light & Sound dans des stades de 100.000 personnes. Et ça se passe tellement bien qu’à mon arrivée, le Tour Manager a ouvert la cave dans un des bus et sorti un Pauillac grand cru classé 1989 que nous avons dégusté en pleine chaleur . Ils ont manifesté de cette façon leur satisfaction.

SLU : N’est-ce tout de même pas un risque de se lancer avec un système qui n’a pas encore fait ses preuves en France ?

Olivier Matabon : Franchement non. Nexo est la société à qui le Stade de France a confié le renouvellement de la diffusion sonore. Ils le connaissent donc très bien. Confier à la société Melpomen le soin de fournir le matériel pour ce concert me semblait des plus judicieux. On a donc fait un partenariat technique et moral sur nos productions. On va dire que c’est la continuité de l’installation.

SLU : J’imagine que de toute façon il y a eu un appel d’offres et peut-être un test du système…

Olivier Matabon : Bien sûr qu’il y a eu un appel d’offres car nous avons la volonté de comparer plusieurs offres, de faire jouer la concurrence et de retenir le prestataire qui nous semble le mieux disant tant sur le plan technique, sur celui du personnel que sur le plan de la législation en vigueur.

Cette étape est incontournable, même si quelquefois nous avons eu des opportunités intéressantes sur le plan de la mutualisation de matériel avec d’autres productions qui soit se produisaient avant nous soit après nous. Il y a eu 5 devis pour le son, 5 pour l’éclairage, 5 pour la vidéo et trois seulement pour la structure car il n’y avait pas plus de sociétés capables de réaliser le montage que nous souhaitions, 3 devis de catering, des devis pour la sécu et j’en passe. Trois mois de travail !

François Deffarges : Raphaël Maitrat est venu chez Nexo évaluer le système. Il a ensuite fait une date à Angoulême pour Sexion d’Assaut en STM, et il a mixé ”flat”. Il a été très pro dans sa démarche.

Olivier Matabon : Comme c’est lui qui devra répondre du système qui sera installé pour UP 3 auprès des utilisateurs, je lui ai demandé de choisir parmi les 5-6 principaux, y compris le STM. Pour moi tous les systèmes fonctionnent, que ce soit le L-Acoustics, le d&b ou d’autres.

Ce qui compte c’est la façon dont on les exploite. Je ne lui ai pas non plus caché le besoin de tenir dans un budget serré. Il est revenu enchanté par le STM, en me disant que pour lui techniquement il n’y avait aucun problème. Il sera responsable de son bon emploi par les ingés son des différents groupes, et les aidera au même titre que les techniciens de Melpomen à en tirer le meilleur son !

SLU : Qui va faire le design de la diffusion en STM ?

Thierry Tranchant (PDG de Melpomen) : C’est moi-même. Il est presque fini, j’attends juste les derniers arbitrages en termes de décor. J’ai défini les missions de cette manière : Melpomen installe le système, gère la couverture, le niveau sonore et livre un système égalisé ; à Raphaël Maitrat de l’exploiter et de gérer la couleur sonore. Idéalement il pourrait mixer tous les groupes en plus de Sexion d’Assaut dont il est l’ingé son “maison”, d’autant plus que certains groupes vont s’associer pour l’événement et faire des créations originales. Cela apporterait un liant et de la cohérence au son de l’ensemble mais ce ne sera peut-être pas possible.

SLU : Comment peut-on faire des devis et donc choisir un prestataire avant que la liste du matos et son implantation ne soit arrêtée ?

Olivier Matabon : Le nombre d’appareils est défini, le nombre de projecteurs ou d’écrans aussi. J’ai par exemple la liste de Concept K. Si ça tient dans mon budget, on ne touche à rien sinon on travaille ensemble à apporter les modifications nécessaires ou bien on interroge le prestataire retenu pour qu’il nous propose des solutions alternatives.

SLU : Les prestataires ont donc été choisis en fonction du prix à la gamelle ou au bout de bois installé…

Olivier Matabon : Non, nous ne fonctionnons pas comme ça. Le matériel, quel qu’il soit, tu le trouves partout mais, pour nous, 90% de la réussite réside dans le personnel, non pas seulement sur le plan professionnel mais aussi sur celui de l’humain. Quand nous travaillions avec Laurent Boillot qui est passé par SPL, Procon et maintenant PRG, nous sommes en confiance et ça change tout. Idem en ce qui concerne toutes les personnes citées précédemment.

Nous ne choisissons donc pas le moins disant mais plutôt le prestataire qui nous assurera une prestation irréprochable, tout en restant dans les budgets impartis et avec une équipe à l’écoute, force de proposition et volontaire. PRG et Melpomen, par exemple, connaissent parfaitement bien les lieux et aussi les modes opérationnels au sein du stade, et quand ils ont un doute, ils demandent, et rien que ça, ça vaut de l’or !

SLU : Dans ton choix de prestataires il y a quand même le respect d’une enveloppe globale…

Olivier Matabon : Bien sûr que le prestataire doit respecter une enveloppe budgétaire globale, allez, à 3000€ près, et nous comprenons très bien qu’il nous dise que notre aventure est très belle mais que son entreprise n’est pas en mesure de répondre favorablement à notre offre. C’est une décision que lui seul peut prendre à la lecture de ses propres chiffres.

SLU : Comment s’est passé le dépouillement des devis, par exemple ceux concernant le son ?

Olivier Matabon : Nous avons rassemblé tous les devis, nous avons tout posé sur la table et nous les avons parcourus avec Raphaël qui s’est chargé de vérifier que tous les prestataires avaient bien répondu au cahier des charges et avaient présenté des projets cohérents eu égard à ce dernier. Nous avons ensuite présenté les prestataires retenus à la coproduction pour validation.

SLU : Qui va être le régisseur général d’UP3 ?

Olivier Matabon : Ce sera Stéphane Convert (un habitué des grands événements au SDF NDR). Il prendra en charge l’événement un mois avant. Nous avons très souvent travaillé ensemble au Stade ces dix dernières années, et il connaît parfaitement les lieux puisqu’il était même là avant moi ! Nous faisons en sorte de nous partager le travail sur site de manière à remplir nos objectifs tout en respectant les différentes législations en vigueur. En résumé, et arrivant dans la dernière ligne droite, il prendra en charge directement le montage. Pour ma part je resterai en “retrait” en me consacrant plus particulièrement à l’interface avec la régie du stade, l’organisme de contrôle, les problèmes de sécurité/santé, la logistique et surtout d’avoir un œil un peu plus extérieur que le champ de vison de la scène.

Prévisions d’implantation de la diffusion

SLU : La définition de l’emplacement des points de diffusion est en bonne voie ?

Olivier Matabon : Oui, elle a déjà pas mal évolué mais risque peut être de revenir à ce que nous avions prévu tout au début en fonction de la taille des écrans et du budget qui leur sera alloué et aussi de la manière avec laquelle ils seront exploités, en portrait ou paysage. Aldo a aussi son mot à dire en fonction de ce qu’il va privilégier en termes de plans. Ces décisions vont être prises très vite (elles le sont à l’instant où vous lisez ces lignes NDR). Les subs devraient tenir sous le nez de scène. Nous avons aussi veillé à ce que l’obligation de résultat contractuelle de Melpomen soit limitée à l’obtention d’une couverture homogène et à la diffusion d’un CD en tant que preuve de la qualité audio.

Nous ne saurions faire porter sur les épaules d’un prestataire le possible mauvais emploi du système ou une quelconque responsabilité sur l’artistique. Si par exemple un chanteur a la voix blanche, il est exclu d’engager la responsabilité du prestataire. Ce n’est pas l’outil seul qui fait le résultat.
Donnez nous une F1 et cela ne devrait pas bien se passer, donner une Clio à Prost et lui risque d’en tirer un meilleur profit que nous !

SLU : Quelle sera la taille du plateau ?

Olivier Matabon : Assez grand, 23 mètres d’ouverture. Selon nous, il ne faut pas faire plus grand.
Skyrock, Universal et Julien Mairesse nous ont alertés dès le début du projet. Nous avons assisté à quelques concerts de ce type et nous avons remarqué que les artistes évoluent généralement sur des scènes type 14 x 10. Leur offrir 23 x 16 m, c’est déjà les confronter à un espace inhabituel.

SLU : L’ouverture des portes est prévue à quelle heure ?

Olivier Matabon : 17h, avec le début du concert à 18.30 et DJ Abdel pour accueillir le public. Cette partie n’est pas encore tout à fait arrêtée mais on sait que ça jouera jusqu’à 23.15 et que le couvre-feu est fixé à 23.30 par la Préfecture. Ca fait environ quatre heures et demie de concert.

Premier concert en Nexo STM au Stade De France

SLU : Où en est-on avec le STM ? Est-il sorti de la phase de test ?

François Deffarges : Plutôt oui ! Il a été en phase de test pendant un an, et Thierry (Tranchant NDR) a été l’un des premiers à l’avoir eu entre les mains. Il est lancé depuis octobre 2012. Nous sommes donc totalement sortis de la phase de mise au point. Rien que cette année, il a tourné entre autres pour Solidays, Elton John à Nantes ou le Printemps de Bourges…

SLU : Comment vont les ventes ?

François Deffarges : On approche le millier en six mois.

SLU : De boîtes tous modèles confondus ?

François Deffarges : Ahh non, de systèmes ! C’est une grande fierté pour nous d’en avoir 1000 dehors. Pour info, chez nous un système se compose d’un sub, un bass et un main.

SLU : Depuis que vous l’avez en parc à Melpomen, qu’est-ce qui sort moins ?

Thierry Tranchant (PDG Melpomen) TT : Pas grand-chose ! Le GeoT sort peut être un peu moins et est vieillissant mais comme nous sommes en croissance, le STM sert nos nouveaux marchés.

SLU : Le fait d’avoir été partenaire et premier servi t’a-t-il permis de bénéficier de bons prix ?

Thierry Tranchant : Non pas vraiment, mais prise de risques à part, si le produit marche, et c’est le cas, on emmagasine de la connaissance sur le système et on a un coup d’avance, ce qui sur le marché nous donne une meilleure image.

SLU : Mais tu n’es plus seul décisionnaire puisque Melpomen fait partie d’un groupe. Comment justifier ce choix ?

Thierry Tranchant : Je fais ce que je veux.

SLU : Vous en parlez ensemble tout de même !

Thierry Tranchant : Bien sûr qu’on en parle, surtout pour tout ce qui est aussi stratégique qu’un système façade, mais comme dans le groupe on a du L-Acoustics, du Nexo, du Meyer, du d&b et de l’Adamson, prendre du STM ne pose aucun problème. J’ai toujours eu des relations de confiance avec Nexo pour qui j’ai collaboré, depuis le terrain, à la finalisation de pas mal de systèmes avant le STM. Ce n’est pas un coup d’essai avec eux.

SLU : Est-ce que vous avez commencé à jouer avec la modularité du STM qui semble être son point fort ?

Thierry Tranchant : Non, pas encore. Pour le moment on respecte la préconisation du constructeur qui est un “Main”, un “Bass” et un “Sub”. Nous n’avons pas eu besoin de faire d’essais au quotidien.
En revanche, spliter en deux les deux colonnes, on l’a fait au Printemps de Bourges dans le Palais des Congrès, une salle qui a une grande ouverture pour sa jauge et une structure en bois qui ne permet pas de grosses accroches. On a levé une colonne de “Main” et, derrière, une de “Bass” ce qui, avec un système classique et plus large, n’aurait pas été possible. Il faut aussi un peu de temps et de compréhension du système avant de commencer à vraiment l’utiliser de manière autre que celle classique. Il nous faudra encore emmagasiner de l’expérience pour comprendre jusqu’où on pourra aller en termes de modularité.

SLU : Outre la modularité, qu’est-ce qui t’a séduit dans le STM…

Thierry Tranchant : Sa puissance. Pour te donner une idée, on est dans les grandeurs du K1, et aussi le matériau composite des diaphragmes d’aigu des STM M46 donne des résultats très intéressants avec un “breaking mode” beaucoup plus haut. Les 4 médiums à membrane plate génèrent peu de diffraction dans l’aigu, et c’est quelque chose que l’on a bien constaté. Leur placement dans l’amorce de pavillon de l’aigu et leur couplage avec ce dernier fait qu’on a apparemment moins de sensibilité au vent. On en a subi pas mal au cours de certains spectacles, et nous avons constaté nettement moins de pertes dans le médium et le haut médium, là où l’on retrouve le plus de signal utile. Seul l’extrême aigu a tendance à fluctuer.

SLU : De quelle nature est le rendu du STM, un son Nexo assez énergique dans le haut ?

Thierry Tranchant : Non pas du tout. Tu écouteras par toi-même mais je le trouve très transparent dans le haut. J’ai cela dit décidé cette fois-ci de ne pas avoir d’avis et d’écouter plutôt celui des utilisateurs. Je trouve ça plus intéressant. Ce que j’entends pour le moment se résume à : facile à travailler, neutre et transparent.

SLU : Combien de boîtes STM avez-vous en stock chez Melpomen ?

Thierry Tranchant : On a ce qu’on appelle 24 systèmes à savoir 24 M46, 24 B112 et 24 S118. Il est certain que c’est insuffisant dans notre inventaire mais je me donne jusqu’à la fin de l’été pour réfléchir aux quantités nécessaires en complément. Comme je vais aligner 78 M46 pour Urban Peace 3, je vais solliciter quelques confrères pour compléter le dispositif.

SLU : Nexo va-t-il t’accompagner sur cet événement ?

Thierry Tranchant : Ils vont nous aider, c’est sûr, et s’ils veulent venir, Plailly n’est pas très loin de St. Denis (rires). Cela dit, quand on est sur une opération, j’aime bien avoir mon indépendance car je ne veux pas diluer ma responsabilité sur plusieurs sociétés. Je serais malgré tout heureux qu’ils soient là, ne serait-ce que pour qu’ils aient du feedback en direct, et qu’on puisse le cas échéant parler de telle ou telle difficulté directement sur place.

Le Système Géo S résident
Utilisé en renfort des tribunes haute

Implantation de la diffusion sur scène.

Implantation de la diffusion sur scène.


Implantation des delay

Implantation des delay


Prédiction de la diffusion façade en dB(A) réalisée à l’aide du logiciel Nexo NS-1

Prédiction de la diffusion façade en dB(A) réalisée à l’aide du logiciel Nexo NS-1

SLU : En tant que responsable du design du système d’UP 3, peux-tu nous détailler l’installation et nous dire où on en est avec précision ?

Thierry Tranchant : Les clusters peuvent encore bouger de quelques mètres et le placement des subs n’est pas encore sûr mais pour le reste on connait le nombre de boîtes et de points de diffusion. On aura les deux lignes principales de part et d’autre de la scène composées chacune de 15 têtes STM M46 et 15 bass STM B112, deux side placés à la même hauteur avec 9 têtes et bass, deux délais placés à 10 mètres derrière la régie donc à 60 mètres, avec aussi 9 têtes et bass et une dernière paire de délais vers 80 mètres de 6 têtes et bass. La scène elle-même bénéficiera de in-fill et de lip-fill et un certain nombre de S1210 et RS18 sera déployé pour déboucher de petites zones. Les 72 subs STM S118 seront sous la scène stackés par 6 en 12 ensembles.
La particularité cette année est que nous allons utiliser la sonorisation résidente du stade pour apporter un peu de précision et de brillance aux tribunes hautes dans tout le virage sud car les angles du stade en haut sont les plus difficiles à couvrir avec un système posé sur la pelouse. On l’a fait au mois de juin pour Bruce Sprinsgsteen, juste pour les angles. Cette fois on veut aller plus loin et couvrir tout le virage sud et même les côtés.

SLU : Tu as prévu de les faire jouer au même niveau ?

Thierry Tranchant : Oui, d’après les simulations, on arrive à les faire jouer au même niveau.

SLU : Le rendu sonore des deux systèmes ne sera-t- il pas trop différent ?

Thierry Tranchant : Sur Springsteen, on avait mis en place seulement 2 clusters et le rendu sonore dans les zones concernées était nettement meilleur qu’aux endroits privés des clusters. On était plus précis et plus proche. Même si la couleur sonore n’est pas parfaitement identique, on peut arriver à faire un raccord de couleur sonore satisfaisant.

SLU : Même dans les infras ?

Thierry Tranchant : Oui car on peut utiliser soit les subs qui sont dans le toit du stade, soit les subs du système donc on devrait retrouver une couleur sonore assez proche.
Maintenant, sur les subs, avec les systèmes de prédiction, c’est un peu plus difficile d’en être certain. Théoriquement ça marche.

SLU : Outre le design, c’est toi aussi qui va faire le calage du système dans le stade ?

Thierry Tranchant :Oui absolument. Je ne serai en revanche pas seul. Il y aura Cédric Bernard (de Melpomen) et un autre caleur système mais sa disponibilité n’est pas encore confirmée donc je te donnerai l’info plus tard, c’est encore un peu tôt.

SLU : Tu as encore envie de mettre les mains dans le cambouis et faire de la technique ?

Thierry Tranchant : Oui totalement, je suis au départ un technicien et quand le choix s’est posé entre être free lance et vivre à Paris ou partir en province et monter ma boîte, j’ai fait ce choix. Le STM en plus n’est pas compliqué à mettre en œuvre, et le logiciel de prédiction maison NS-1 fonctionne à la perfection.

SLU : Il marche dans quel sens, tu lui dis ce que tu veux et il te dit ce qu’il faut accrocher ou l’inverse ?

Thierry Tranchant : Tu places tes éléments, et il te donnent le résultat. Nexo est contre les systèmes trop automatisés, ils préfèrent que l’utilisateur garde la main. Pense que ce logiciel donne des prédictions de 30Hz à 16KHz et qu’il est plus précis que Ease. Il m’est même arrivé en installation fixe de travailler avec, et ensuite de faire la même chose avec Ease pour fournir à l’acousticien des fichiers standard !

SLU : Pour en revenir à UP3, est-ce que les choix techniques des régies sont faits ?

Thierry Tranchant : C’est en cours. on aura vraisemblablement deux Pro6 Midas à la face et une PM1D Yamaha aux retours. Le transport du signal se fera en Ethersound.

Le design urbain de Concept K

SLU : Aldo comment as-tu été choisi pour participer à cette aventure

Photo Aldo

Frédéric Fayard alias Aldo (Designer associé de Concept K, chef du projet visuel UP3) : C’est la directrice de production Isabelle Trapon-Leggett et Olivier Matabon qui ont soumis la proposition à la co-production Stade de France, Skyrock et Def Jam (un label d’Universal).

A l’exception de Laurent Bouneau, directeur des programmes de Skyrock que je ne connaissais pas, j’avais travaillé à l’époque de ”Stade de France Live Event” avec Benjamin Chulvanij directeur de Def Jam et Martin d’Argienlieu pour le Stade de France. On avait fait ensemble la tournée de Jena Lee avec Benjamin Chulvanij : une belle expérience.

Concept K

Une des premières prévisualisations de la scène réalisée par Concept K pour Sexion d’Assaut. Depuis le projet a évolué au niveau des surfaces d’écrans et de l’habillage des extensions.

SLU : Quel est le cahier des charges de Concept K

Aldo : Nous travaillons avec Julien Mairesse, directeur artistique, scénographe et metteur en scène sur ce projet. On nous a confié la réalisation visuelle au sens large. Julien a dessiné la scène, les décors, et le principe vidéo. Nous avons mis en exécution le projet. Nous avons ajusté les plans avec Olivier Matabon, qui est en relation avec les prestataires. Nous sommes, à Concept K, des réalisateurs de terrain. On intègre la vidéo, on fabrique le contenu vidéo et nous gérons la lumière.

Nous sommes en quelque sorte chef opérateur au sens où nous sommes responsables du visuel général dans lequel s’inscrivent le décor, l’image, la lumière et les artistes.

SLU : Ce sont les écrans qui font le décor ?

Aldo : Il y a en effet pas mal de vidéo. C’est un choix qui a été acté par la co-production. On va se retrouver avec pas loin de 280 m2 d’image si l’on prend en compte la basse définition et la HD. Deux grands écrans latéraux de 60 m2 chacun pour la redif classique au format 16/9e ; il y a un écran au centre, du PRG 30, un écran transparent de 31,25 mm de pitch. Ca fonctionne bien, c’est puissant et ultra transparent donc intéressant. On a une passerelle en forme de V inversé, la pointe vers le lointain. Cette passerelle fera 2,5 m de haut dont 2 m pour l’image en PRG 30. Le but du jeu c’est d’intégrer une longue bande d’écran sur toute la largeur de la scène, soit 50 m.

Implantation récente des écrans et projecteurs sur la scène UP3

Implantation récente des écrans et projecteurs sur la scène UP3

SLU : Donc les extensions de scène ont finalement été retenues pour l’aspect visuel.

Aldo : C’est une astuce au Stade de France, tous les artistes le savent. Il faut occuper l’espace avec de la déco. Les artistes restent au milieu, et autour tu décores. C’est une structure qui supportera les écrans et le son et ça fait un espace de scène supplémentaire de 3 ou 4 mètres de profondeur si les artistes ont envie d’y aller pour haranguer le public, mais ce ne sera pas leur terrain de jeu principal.

SLU : Quel est ton choix de projecteurs

Aldo : Comme toujours avec les prod pour lesquelles on travaille, on communique une liste générique à adapter en fonction du parc du prestataire choisi, ici c’est PRG. En faisant appel aux ressources du prestataire, ce sera du vrai gagnant gagnant. Si on demande des projos spécifiques à un presta qui ne les a pas, il va être obligé de les sous louer. Il ne pourra pas faire les mêmes efforts financiers Quand on va chez PRG, on va évidemment taper dans du Bad Boy car on sait qu’il est performant. C’est un projecteur spot sans compromis et qui se loue très cher, environ deux fois plus cher qu’un 1200 W. Il tire loin. La première fois que je les ai utilisés, c’était sur la fête des lumières de Moscou. On projetait sur la place rouge. On tirait très loin et le Bad Boy marchait vraiment bien.

SLU : Il n’y a pas d’équivalent ?

Aldo : Non, pas quand on veut ouvrir beaucoup (7°-56°). Il y a d’autres projos en 1500 qui ouvrent beaucoup, par exemple L’alpha 1500 Clay Paky, (7° – 57°) mais au delà d’une certaine ouverture, il va s’essouffler plus vite que le Bad Boy.

SLU : Les principaux défauts du Bad Boy ?

Aldo : Le revers de la médaille, c’est le poids (75 kg) et la taille mais ici nous ne sommes pas limités donc c’est la machine adaptée.

SLU : Tu les places où ?

Aldo : J’en ai placé 20 au sol dont 12 qui suivent la forme de la passerelle pour faire un contre général de la scène. On s’en servira aussi en blinder.
Mais pour faire de l’aveuglant, on utilisera les 8 du pont de face qui vont tour à tour soit mapper la scène en gobos pour faire une face de base, soit faire de l’effet dans le public ou en aérien.

SLU : Si on part du début du projet, c’était quoi votre approche du visuel avec Julien Mairesse ?

Aldo : C’était quel type de visuel créer pour un événement qui tourne autour du Rap. Il fallait un visuel urbain. C’est la raison pour laquelle il y a des passerelles qui apportent des échafaudages et de la ferraille. Elle sera noire donc discrète mais très présente
On a prévu une implantation verticale, donc urbaine et punchy.
Les Sharpy seront positionnés en deux petites matrices verticales de 24. Par défaut ils seront très agressifs. Et j’ai remis de l’Atomic en blinder pour marquer les pêches sur la rythmique. Il y a un rappel des Atomic et des Sharpy au dessus des écrans latéraux sur les ponts extérieurs afin de matérialiser la scène : 2 x 9 machines sur chaque pont.
Des FL 650 seront placés à la fois sous les écrans latéraux, derrière les matrices et les deux bandes latérales d’écran de 13 m pour le côté pêchu que l’on reprend avec des Mole 4 sur le pont avant.

L’idée était de ne pas avoir une grande variété de machines mais des projos puissants et efficaces. Tout le tour de la scène avec les extensions est souligné par des TourKolor, et j’ai choisi des Mac 2000 XB Beam en deux lignes verticales pour faire soit du latéral, soit du volumétrique en salle. J’en ai accroché au pont de face en alternance avec le Bad Boy.

C’est une solution que j’avais adaptée pour la Nuit Africaine et qui marche bien. C’est réadaptable quel que soit le style. Je double ma face en spot et en wash et quand les spots jouent à la face, je me sers des wash pour faire du dessin et vice-versa. Ca permet d’avoir des tableaux un peu différents.
Derrière la passerelle il y a aussi une ligne de 14 Mac 2000 XB beam posés à 1 mètre de hauteur et enfin 4 poursuites Lancelot Robert Juliat.

SLU : Chaque titre de chaque artiste fera-t-il l’objet d’une programmation spécifique ?

Aldo : Oui, On n’est pas dans un état d’esprit festival, mais ce n’est pas non plus une tournée. On empreinte un chemin de traverse qui va se rapprocher d’une émission de télévision. C’est à dire que pour chaque titre on veut un visuel de scène différent. On dispose de 10 jours pour encoder ce qui peut paraître beaucoup sur le papier sauf que 4 h30 de concert ca fait 270 mn et ça ne laisse pas des masses de temps pour chaque titre.
On va avoir un paramètre important à gérer c’est d’attaquer de jour à 18h30 et finir la nuit. L’idée c’est de donner un look à la scène dès le départ avec DJ Abdel qui va faire le Warm Up.

SLU : Vous serez combien en régie lumière et vidéo ?

Aldo : Nous serons trois, peut-être 4.
Il y aura un concepteur lumière, un responsable des images et un directeur photo. Et après il pourrait y avoir un coordinateur, c’est à dire moi.
Le responsable des images a une énorme mission car c’est Concept K qui va distribuer le signal et a la main sur la réalisation ; autrement dit le réalisateur et les cadreurs travailleront selon nos demandes. Son signal va rentrer dans nos médias serveurs qui sont des Catalyst et c’est nous qui routons le signal vers les écrans.
Et julien Mairesse qui assure la direction artistique fait aussi la mise en scène. Il est en relation avec les artistes. On va aménager des entrées de scène un peu spécifiques par artiste. En liaison avec lui et son écriture on a une topeuse, Laurence Pelissier, qui est la n°1 en France. Ca va être chaud sur les enchaînements et vu le nombre de paramètres à gérer, entrées, sorties, envois de jingles, sans topeuse on n’y arriverait pas.

SLU : Ca se passe comment avec les concepteurs lumière des groupes ?

Aldo : Comme je te le disais, par la volonté des coproducteurs, on va se retrouver à mi-chemin entre le festival et la tournée.
Les artistes viennent se produire dans le décor d’Urban Peace. Il y a une signature graphique pour ce concert et tous les groupes viendront s’y insérer. On récupère les logos de chaque artiste et on leur propose de nous confier les médias auxquels ils tiennent. Ils seront diffusés pendant le show mais nous gardons la main sur le visuel de la scène. Il n’est pas imaginable de fonctionner comme en festival. On a un format Urban Peace et les artistes se produisent dans ce format.
Mais j’invite les LD à me communiquer des infos sur les habitudes de leur groupe, leurs choix de couleurs en fonction des titres pour que les artistes se sentent bien sur scène.”

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L’Armada de Rouen

Audiolite hisse Et Ho ses E 15 Adamson

Armada 2013 Rouen

Ca faisait déjà du bruit à Landerneau. Après moult festivals et tournées, Audiolite a jeté les amarres à Rouen, les cales remplies de Kevlar et d’aluminium pour l’Armada 2013.

Point d’orgue des nuits de l’Armada, La grande scène érigée le long des docks sur un vaste terrain stabilisé se prépare à accueillir une scène éclectique, allant de l’inévitable Nolwenn Leroy aux vrais-faux Bootleg Beatles en mode symphonique, en passant par Madness et Mika, de quoi satisfaire les dizaines de milliers de spectateurs potentiels que peut accueillir ce site pour des concerts quotidiens et gratuits.

Audiolite qui a décroché le marché, nous a conviés à découvrir cette prestation centrée sur une scène mobile AlphaStage 256 Europodium, la plus grande d’Europe, mais encore bien peu impressionnante face au tirant d’air de certains vaisseaux amarrés non loin de là. C’est Johan Maheux, ingé système et responsable du site pour le compte d’Audiolite qui nous accueille.

SLU : Vous êtes loin de vos terres ici en Normandie ?

Johan Maheux ( Ingé système) : ”Oui mais ça se passe bien, c’est une légende que de croire qu’il y aurait de l’animosité entre bretons et normands (rires !)

L'équipe Audiolite à l'Armada de Rouen

Une brochette bretonne, sonore et talentueuse avec de gauche à droite Johan Maheux, ingé système et responsable audio du site pour Audiolite, Anthony Tregoat, assistant retours, François Guichoux, assistant Patch, François « Rico » Fromentin, ingé son retours et Florent Leal, accueil face & mix premières parties. Derrière on aperçoit la machinerie hydraulique assurant le déploiement de la scène.

Une CL5 Yamaha pour le prémix orchestre symphonique

SLU : L’installation ressemble à s’y méprendre à celle d’un festival, votre spécialité.

Johan Maheux : C’est précisément ça, un panachage de consoles pour la façade avec une XL4, une PM5D et une particularité, celle de recevoir un symphonique les prochains jours, d’où la CL5 destinée au pré-mix orchestre. C’est Sylvain Turpin qui mixera l’orchestre (présent sur la tournée de C2C dans nos colonnes) associé à certains titre d’un groupe qui s’appelle Bootleg Beatles et ne fait que des reprises des Fab Four.

Florent Leal, assistant face, en pleine programmation de la CL5 Yamaha.

Florent Leal, en pleine programmation de la CL5 Yamaha qui va servir à prémixer par pupitres l’orchestre classique qui va redonner, aux émules des Beatles, tout le charme de ce qui sortait d’Abbey Road et des doigts magiques de George Martin.

Les deux Rio 3324D Yamaha.

Les deux Rio 3324D Yamaha, les interfaces gérant chacune 32 entrées analogiques, 16 sorties numériques et 4 sorties AES/EBU et dialoguant avec la table CL5 en Dante.


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Et toujours sa Majesté Midas XL4

SLU : Il y a des groupes qui ont spécifié l’XL4 ?

Johan Maheux : Il n’y a pas eu de demande particulière mais on la retrouve de toute façon sur toutes les fiches techniques, elle ou l’Heritage. C’est un dénominateur commun, et on a plaisir à accueillir des gens avec ce type de machine. Nous en avons deux à Audiolite et elles tournent bien. Celle-ci est la mieux conservée des deux.

Le patch de la Midas XL4

Interview de Johan Maheux (au centre) et Rico (à droite) par Ludo. L’arrière de l’XL4 montre son patch en Bantam permettant de brasser facilement les effets externes mis à disposition en grand nombre par Audiolite mais aussi connecter via des adaptateurs ses propres jouets.

La Midas XL4 trônant bien au milieu de la régie façade

La Midas XL4 trônant bien au milieu de la régie façade, chaude bouillante malgré une température tout juste printanière. Comme le dit Johan : “Si elle est au soleil, tu ne poses pas ta main dessus !”


Trois points d’EQ à 6.6kHz, 1.5kHz et le troisième entre 630 et 980 Hz de 4dB

Trois points d’EQ à 6.6kHz, 1.5kHz et le troisième plus large entre 630 et 980 Hz de 4dB, les autres n’atteignant pas 3 dB. Dans le grave vers 125 Hz c’est la compensation de la longueur de ligne qui est faite manuellement.

SLU : Quelle est la console numérique la plus demandée sur les fiches techniques ?

Johan Maheux : La PM5D RH. Tout le monde l’a croisée, tout le monde a une mémoire dans sa poche. Je ne crois pas que ce soit un choix de cœur au niveau du son mais on la retrouve absolument partout, et quand on la demande on est certain de l’avoir.

SLU : Tu es un Audiolite man ou bien tu travailles pour d’autres ?

Johan Maheux : Essentiellement pour eux, surtout la saison d’été, mais je travaille aussi à Paris et dans l’événementiel le reste de l’année. Je suis basé à Rennes.

Un rack de dynamiques à l’ancienne mais indispensables avec l’XL4 qui en est dépourvue.

De bas en haut trois Distressor, un égaliseur dynamique BSS DPR-901 II, un Avalon Vt737-sp, un très beau double compresseur Amek avec plein de Rupert dedans, trois double gates Drawmer DS201 et un dernier simplifié et quadruple DS404, de quoi faire tout propre une batterie voire plus.

Les effets disponibles en régie façade.

Les effets disponibles en régie façade. De haut en bas une PCM70 et une PCM 91 Lexicon, deux SPX 990 Yamaha, Une Reverb 4000 t.c. electronic, un délai D.Two et un bijou de délai qu’on a tant aimé et entendu, le 2290. Tout en bas l’Apex en tiers d’octave est là pour les dernières retouches des généraux.

Le second rack de dynamiques pour la XL4, que beau monde !

Le second rack de dynamiques pour la XL4, que beau monde avec 6 compresseurs DBX 160A et cinq BSS DPR402.


SLU : Quel est ton rôle pour les spectacles de l’Armada ?

Johan Maheux : Je m’occupe du son et j’accueille les groupes. Le design de la diffusion est dû à Sylvain Turpin et (je l’interromps NDR)…

SLU : Mais il est partout ce mec ! C’est lui qui a conçu cette régie centrale assez volumineuse ? C’est presque une scène !

Johan Maheux : C’est le meilleur compromis qui a été trouvé en fonction des contraintes imposées par l’organisateur et la nécessité d’avoir une tribune pour les handicapés. On peut ainsi mettre nos délais, la régie éclairage et un écran vidéo. Ça reste une contrainte d’un point de vue acoustique même si j’ai réussi à faire enlever la bâche de fond de la scène qui s’érigeait comme un mur face à la diffusion principale.

Une vue arrière de la régie son/lumière placée à 65 m de la scène.

Une vue arrière de la régie son/lumière placée à 65 m de la scène. Elle accueille aussi les handicapés et sert de point d’accroche des délais, deux lignes de 8 E15 très ouvertes, et d’un écran vidéo.

La régie son vue de la scène.

La régie son vue de la scène. Tout au fond à gauche et à 230 mètres, un bâtiment des docks et véritable usine à écho. Johan a obtenu que la partie arrière de cette scène détournée soit retirée afin de laisser passer du son et éviter bon nombre de réflexions.


La diffusion porte à 130 mètres

SLU : Il y a un vrai obstacle, un gros dépôt faisant partie des docks où nous sommes mais il est loin.

Johan Maheux : Oui complètement, on ne va pas jusque là-bas. Il est à 230 mètres. Les deux lignes principales sont piquées à -5,5° et portent à 90 mètres. On reprend derrière avec les délais pour atteindre 130 mètres. Les deux lignes de délai sont très ouvertes car proches l’une de l’autre, et en plus elles doivent couvrir assez largement.

Logiquement, personne ne devrait rester scotché derrière ce point de rappel. Espérons tout du moins (rires) ! Il y aura des barrières pour éviter que des gens restent trop près. Notre cahier des charges est que tout le monde entende même s’il voit mal, d’où les petites boîtes pour déboucher sous les écrans, devant la scène ou sur les extérieurs. Les SpekTrix devant la scène servent aussi à recentrer le son et à le redescendre car les E15 sont accrochés assez haut et quand on est près du plateau, ça se ressent.

Le système principal avec 16 têtes E15 Adamson et 8 subs T21.

Le système principal conçu par Sylvain Turpin avec 16 têtes E15 Adamson et 8 subs T21. Si on y ajoute les 16 boîtes de jardin et les 16 formant les délais, nous avons le kit complet d’Audiolite, 48 E15.

“Le pessimiste se plaint du vent, l’optimiste espère qu’il va changer”

SLU : 90 mètres c’est un choix de raison en extérieur ?

Johan Maheux : Oui, tenter d’aller plus loin ne servirait à rien. Quel que soit le système accroché, une fois passé 80~90 mètres on est sujet aux conditions atmosphériques. 90 c’est déjà un grand maximum, au-delà il faut impérativement des délais.

L’avantage selon moi du E15 est que son bas médium et haut médium tiennent bien le choc, même en cas de petit vent. On ne perd pas tout ou presque comme par le passé avec le Y18. Une voix a tendance à rester présente même en perdant de sa finesse dans le haut. La régie est à 65 mètres, et on est cohérent pour le moment, même si on commence déjà à sentir un peu d’air (le vent se lève plein travers 1 à 2 m/sec sur Rouen NDR). Ça ne sert à rien de lutter en poussant le niveau. Quelle que soit la pression acoustique, le son s’en ira.

SLU : Ce qui est accroché, c’est le parc d’Audiolite ou bien avez-vous sous-traité quelques boîtes ?

Johan Maheux : 100% Audiolite. Nous avons rentré 48 E15 Adamson, ce qui permettra de faire des scènes aussi grosses que celle des Vieilles Charrues en deux fois 24 boîtes. Pour les subs c’est pareil, nous disposons d’un nombre important de T21.

Les sub en cardio ? Oui mais non

SLU : Ce qui n’empêche pas Typat de sortir ses vieux subs JBL HLA pour les Charrues !

Johan Maheux : Oui une ligne devant. Ici ce n’est pas nécessaire. Entre les deux lignes accrochées de 8 subs chacune et les quatre stacks au sol de deux caissons, nous avons de quoi faire.

SLU : Au sol ils sont en cardio, pour les deux antennes en revanche pas…

Johan Maheux : Nous sommes en plein air et nous devons porter loin en gardant de l’énergie. Sylvain, qui a fait le design, a opté pour ce montage, ce qui évite d’allonger encore plus la ligne. Nous sommes limités en termes de poids.

Le devant de scène avec les trois stacks de T21.

Le devant de scène avec les trois stacks de T21 en montage cardioïde et surplombés par deux paires de MH121.5 pour déboucher les premiers rangs.

SLU : Ça doit être chaud sur scène les T21 !

Johan Maheux : Non, pas tant que ça, et Rico qui fait les retours est ravi de cet apport en rondeur.

Eric « Rico » Fromentin : “J’aime assez. Le grave des E15 s’en va bien et ce que les T21 me donnent derrière n’est pas du tout dérangeant, et puis il ne faut pas oublier que les montages cardioïdes n’ont un bon rejet arrière qu’à certaines fréquences, et si tu pousses le niveau et que les amplis commencent à limiter, l’annulation part en vacances et c’est la guerre, plus personne ne comprend rien.

Johan Maheux : Inévitablement le “front” va limiter avant le “back”, ce qui va conduire à la rupture de l’effet, et ça tombe toujours au plus mauvais moment ou sur le groupe où il ne fallait pas.

Rico : Quand le système est cohérent, je préfère garder ce bas qui m’arrive et complète bien les wedges qui, de toute façon, ne vont pas descendre, et puis j’ai les boutons de volume des amplis à portée de main (rires) ! Non, le cardio est vraiment utile avec certains artistes au chant confidentiel que je ne citerai pas !

Johan Maheux : Il faut aussi différencier les salles de l’extérieur. En salle on évite d’exciter le fond de scène et certains murs ; en plein air on n’a pas ce genre de souci. Il y a le cardio pour alléger le plateau et celui pour ne pas exciter la salle.

SLU : Comment raccordes-tu têtes et subs ?

Johan Maheux : Les E15 descendent à 60 Hz, les subs montent à 70 Hz. Si je coupe les subs, ça va quand même être agréable (Il joint le geste à la parole NDR). Voilà ce que donnent les seize E15 seuls et en extérieur.

(J’ouvre une parenthèse pour redire à quel point boîte est puissante et délivre un son carré, sec et rock and roll, même seule et en extérieur, sans doute le fruit de sa qualité propre mais aussi du courant délivré sans aucune retenue par les PLM avec lesquels elle s’associe parfaitement NDR).

Johan Maheux : Les E15 sont capables de donner de belles sensations et de la plénitude même à bas niveau. Bien sûr ça dépend du style musical mais quand on sait se montrer raisonnable, on pourrait même se passer de sub. Il faut savoir doser son effet et là, ce n’est pas évident avec certains ingés son. Je vais cela dit baisser un peu le 120/140 Hz car le couplage est encore un peu généreux (ohh oui NDR !), et je garde la main sur les 6 subs centraux que j’utilise pour combler le trou au centre dû à l’écartement des deux antennes de T21. Ces trois stacks cardio sont très proches du public, je ne veux pas trop charger les premiers rangs et créer aussi quelques accidents de couplage avec les deux antennes.

SLU : Adamson a annoncé plein de nouveautés entre le E12 et surtout des subs spécifiques pour cette gamme. Tu as l’air heureux avec les T21…

Johan Maheux : Je n’ai pas entendu les nouveaux subs mais oui, les T21 sont très bien. A part pour des montages spécifiques, ils me satisfont pleinement. J’ai ma dernière octave et ça me suffit. Le E15 est tellement large bande et percutant que je n’ai pas besoin de grand chose en plus, a part un peu plus d’énergie et de rondeur en bas. Il est aussi vrai qu’en salle, dans des moyennes et petites jauges, le T21 peut se révéler trop encombrant.

Armada 2013 Rouen

Un système qui ne craint pas l’eau

SLU : La semaine à venir s’annonce pluvieuse, vous avez prévu du polyane en quantité ?

Johan Maheux : Pas besoin, les régies sont à sec, la scène aussi et le système ne prend pas l’eau.

SLU : ?!?

Johan Maheux : On n’allait pas acheter un système qui ne résiste pas aux intempéries ! Nous sommes une boîte bretonne (rires) !

Rico : On l’a choisi car il est waterproof !

Johan Maheux : Je ne connais pas son classement mais le simple fait que les HP soient en Kevlar ça rassure, et l’enceinte elle-même bénéficie d’une certaine étanchéité via une grille mousse qui empêche l’eau de pénétrer et la fait ruisseler. Les seules enceintes à protéger sont les MH121.5 qui servent en tant que front fill car les membranes sont faites en bonne pâte à papier et si tu les trempes bien, tu fais du dégât !

Rico : Mes bains de pieds sont logés à la même enseigne, si ce n’est que la compression est pointée vers le haut et que je ne pense pas qu’elle apprécierait la flotte, mais comme les artistes auront arrêté bien avant ça, on ne risque rien !

SLU : Que demandent les artistes sur place en termes techniques ?

Rico : Ça dépend des groupes. Certains arrivent avec tout, d’autres les mains vides ou presque. Madness par exemple vient avec ses ingénieurs face et retour et quelques micros. Nous devons fournir tout le reste y compris des packs pour leurs ears et deux consoles pouvant recevoir leurs mémoires, probablement des PM5D devant et derrière, à moins qu’à la vue de certaines vieilles mémères, ils ne soient tentés (rires) !

SLU : Ils peuvent ! Ce n’est pas un vrai festival en terme de rotation de groupes. Ils auront le temps de bien travailler avec.

Rico : Oui mais parfois ce sont les artistes ou les musiciens eux-mêmes qui ne veulent pas changer leurs habitudes. No comment !

SLU : En fait, tels qu’on vous voit, tout est prêt, câblé. Il ne manque que les artistes. Vous avez une sacrée avance, ça ne joue que demain soir !

Johan Maheux : On a encore pas mal de boulot pour préparer la venue du symphonique. On doit tester notre prémix classique car nous allons renvoyer des groupes d’instruments au mixeur des « Beatles », et cette même CL5 va aussi alimenter la console retours en pupitres. Il y aurait sinon trop de voies, et surtout humainement c’est plus simple ainsi. Autre avantage, on a en tout et pour tout deux RJ45 pour la CL5 dont le routing et les stages sur scène permettent facilement ce type de double distribution. Pour le reste, nous avons un 40 paires pour l’XL4 et une fibre pour le Dante.

Anthony et François en pleine séance de câblage des boîtiers de scène.

Anthony et François en pleine séance de câblage des boîtiers de scène en vue d’accueillir le symphonique des Bootleg Beatles le lendemain.

Un des innombrables DPA4060 utilisés pour capter l'orchestre symphonique.

Un des innombrables DPA4060 arrivé grâce à la complicité d’autres prestataires pour assurer la captation d’un symphonique, une prestation moins habituelle pour Audiolite d’où le relatif manque de capteurs.


SLU : Comment récupères-tu le signal de la CL5 ici à la régie face pour l’XL4 ?

Johan Maheux : Y’a des sorties sur la table elle-même mais au-delà de ça, nous avons installé deux LM26 Lake pour repasser le Dante en analogique et attaquer l’XL4. Chaque LM26 offre 6 sorties.

SLU : J’imagine que vous évitez de faire passer des instruments classiques hors de la CL5 pour des questions de latence.

Johan Maheux : C’est exact. Tout ce qui est orchestre transite dans cette table afin d’avoir un seul temps, que ce soit à la face ou aux retours.

SLU : Pour ce qui est du drive de ta diffusion, un des LM44 numérise ?

Johan Maheux : Oui, il reçoit les sorties de l’XL4, la PM5D en AES et la CL5 en AES dans l’hypothèse où, après le classique, on nous la demanderait pour un groupe. Je fais tout mon matriçage, et ça ressort en Dante pour aller vers les amplis de la diffusion.

SLU : Le vent lève des paquets de poussière, le matériel n’aime pas trop ça…

Johan Maheux : Non, en revenant il sera aspiré, ampli comme boîtes. On a des process très stricts chez Audiolite. On teste le matériel quand il sort du dépôt, on le teste sur site tous les jours, et on le teste au retour. Au quotidien on vérifie via le Load Monitoring l’impédance de chaque enceinte voie par voie, et on sait aussi qu’on a bien le bon nombre d’enceintes par ampli. On écoute aussi bande par bande. Au dépôt, s’il y a le moindre doute, l’enceinte passe au banc. Sur le quai de chargement/déchargement il y a un banc de test. Ça permet de remettre en parc du matériel qui marche.

SLU : La casse doit être minime vu le processing dans les PLM et les limiteurs incorporés.

Johan Maheux : Bien sûr, mais on peut tomber sur de la casse par fatigue.

SLU : En parlant de fatigue, ils sont devenus quoi les vieux Y18 ?

Johan Maheux : Les 24 boîtes sont toujours là et sortent encore. Y’a du travail, plein !

Les panières contenant trois 20000Q LabGruppen par rack

Les panières contenant trois 20000Q LabGruppen par rack suspendu via des Silentbloc, la bagatelle de 60 kW à multiplier par quatre, le dernier rack ne contenant "que" des 10000Q... Les racks peuvent être sortis et munis de roulettes en cas de besoin. Ils sont bien entendu compatibles avec les racks standard DV2.

SLU : Tu fais où l’égalisation du système, dans les LM44 à la régie ou dans les PLM ?

Johan Maheux : On pourrait la faire dans les LM par zones mais y’a tout ce qu’il faut dans les PLM pour ça, au-delà de la gestion des presets. Je crée de manière logicielle des modules, dans mon cas tous les E15, et quand j’interviens sur ce module, tous les amplis qui alimentent ce type de boîte sont sollicités en même temps. De toute façon je ne touche presque pas à la réponse de base des E15 car on sent qu’un travail a été fait par le constructeur pour livrer un système droit. Je n’ai que 3 points d’EQ à -3dB. Le système est abouti. Il faut le laisser vivre sans le casser d’entrée de jeu, et surtout il faut attendre d’avoir du public, de la musique live et les conditions atmosphériques du show pour faire éventuellement des retouches. La seule vraie correction est celle due à la compensation du grave en fonction de la longueur de la ligne, d’où le gros shelve à 125Hz. Chez Meyer ou L-Acoustics c’est fait automatiquement mais pas ici.

SLU : Tu as du live parmi tes morceaux pour caler ?

Johan Maheux : Non, ça serait une bonne solution mais je suis comme tout le monde, j’ai mes titres de référence, que je connais par cœur, et dont j’ai le plus grand mal à me défaire, même si j’en ai un peu marre de les entendre (rires) ! J’utilise par exemple moi aussi le Dolphins des Simple Minds pour checker ma dernière octave et ma mise en phase (Steph Plisson, si tu nous écoutes ! NDR).

SLU : Les racks standard pour les E15 ne comportent que des 20000Q LabGruppen. Pour le grave c’est cohérent mais ça ne te paraît pas démesuré pour alimenter les médiums et encore plus les aigus des boîtes ?

Johan Maheux : Théoriquement oui mais pratiquement non car la standardisation a du bon en termes de câblage, de redondance, de possibilité d’alimenter n’importe quelle enceinte. Les 10000 feraient l’affaire pour le médium et l’aigu mais après, sur le terrain, tu serais bloqué par certaines associations. Les 20000 alimentent aussi les T21 à raison de 2 subs par ampli.

Le standard Audiolite pour les liaisons HP
25 mètres en 4 mm2

SLU : Vous avez fait le choix des liaisons HP en 4 carré et 25 mètres de longueur.

Johan Maheux : Oui, ça couvre la plupart des exploitations, et s’il faut faire du raboutage, cette section de câble nous prémunit contre les trop grosses pertes. Si tu tires 50 mètres en 2,5, il ne reste plus rien au bout. Pour l’alimentation, on dispose de 125 A à cour et jardin, et on repart en 63 et 32 tri pour chaque départ. On a aussi des mono pour la régie façade et retours. Le principe de la panière avec la distribution électrique intégrée est d’aller vite. On la place et c’est réglé. On évite tous les petits racks d’antan. Nous sommes par ailleurs bien dimensionnés et raccordés à un groupe twin Caterpillar fourni par The Powershop. On connaît bien cette boîte, ils nous donnent le jus aussi aux Vieilles Charrues. Ils bossent bien.

SLU : Tu arrives sur le plateau en Dante.

Johan Maheux : Oui, je rentre dans le premier rack de 10000Q mon gauche/droite/subL/subR en fibre, et ensuite je distribue aux amplis via des switchs présents dans tous les racks.

SLU : Pourquoi un transport de sub en stéréo ?

Johan Maheux : Pour répondre à la demande de certains groupes. Même si derrière on matrice pour faire un signal unique, on répond à leurs attentes.

SLU : Le Dante te permet de véhiculer beaucoup de canaux. Tout n’est pas exploité j’imagine sur les processeurs et les amplis.

Johan Maheux : C’est exact. Sur 64 in et out potentiels de la norme Dante, les LM44 n’en gèrent que 8.

SLU : Tu fais toute ta configuration logicielle en arrivant sur site ou tu prends de l’avance au dépôt ?

Johan Maheux : Je me suis avancé chez Audiolite en connectant tous les amplis au logiciel et en aspirant leurs références pour leur attribuer les presets, et donc les enceintes. L’avantage de le faire au dépôt est que, comme on doit « signaler » chaque ampli individuellement via une touche à même le rack, une seule personne peut le faire plus facilement en étant face à la panière avec son ordi. Les deux grosses Harting transportent le signal analogique en provenance de la face, un 20 paires, et sa traversée vers l’autre panière d’amplis. Je sécurise ainsi ma liaison Dante entre la régie et le plateau.

La sécurité, contre vents et tempêtes

Les mats supportant les écrans plaqués au sol par des plots de 500 kg.

Les mats supportant les écrans, les outfills et les subs, plaqués au sol par des plots de 500 kg en béton et par les deux extensions de la scène qui reposent dessus.

L’arrière de la scène Alphastage avec les bypass s’ouvrant au gré du vent.

L’arrière de la scène Alphastage avec les bypass s’ouvrant au gré du vent. En cas de besoin ce mur de tissus tombe en quelques secondes.

SLU : Revenons au vent et aux conditions atmosphériques. Avez-vous changé quelque chose après le drame du Pukkelpop en 2011 ?

Johan Maheux : On fait extrêmement attention aux calculs de charge et on communique beaucoup avec les riggers de telle sorte à ce qu’ils soient parfaitement informés quant aux systèmes à déployer et la sécurité que l’on recherche. En amont de cela, le régisseur rédige un plan de prévention qui met en évidence les risques et les solutions apportées. De notre côté nous pouvons redescendre les antennes de sub et les écrans, et c’est justement à cause de cette potentielle mobilité de la vidéo que j’ai dû déplacer mes SpekTrix. L’inconvénient est qu’il faut envoyer un gars enlever les sécus…

SLU : L’inconvénient de l’avantage dirais-je car faire monter un rigger alors qu’un orage gronde…

Johan Maheux : Bien sûr, mais nous ne pouvons pas laisser de charge sans la sécuriser, et la grande question reste celle du moment où la prestation s’arrête. Nous n’avons bien entendu pas ce pouvoir de décision qui est dans les mains du régisseur, et de l’organisateur avec les équipes plateau qui disposent d’un anémomètre pour suivre l’évolution du vent. La scène Alphastage Europodium est par ailleurs équipée d’évents et de bâches à dézippage rapide, quelques secondes et tout est parterre. J’ai pu vérifier ça lorsque j’ai demandé à ce que la scène, qui sert d’ilot central, soit ouverte. Ça va vraiment vite.

L’affichage de l’anémomètre placé au sommet de la scène.

L’affichage de l’anémomètre placé au sommet de la scène. En bleu ciel la table de conversion de la vitesse du vent entre m/s et km/h.

A gauche Mathieu Delaunay et à droite Johan Maheux

A gauche Mathieu Delaunay, régisseur de la scène et à droite Johan Maheux ingé système et responsable du son pour Audiolite.

Nous avons posé les mêmes questions au régisseur de l’événement Mathieu Delaunay qui nous a donné quelques précisions supplémentaires notamment quant au lestage des structures portant le son.

Mathieu Delaunay : “Chaque appui au sol est maintenu par des charges en béton de deux fois 500 kg, et une poutrelle spécifique vient par exemple renforcer par l’arrière le cadre supportant les écrans et la diffusion. C’est vrai que le vent est un élément important sur cette zone précise puisqu’il y a quatre ans, lors de l’édition précédente de l’Armada, des rafales avaient été mesurées à près de 100 km/h. Un point météo est fait à 17h. C’est à ce moment-là que la sécurité et la préfecture donnent ou pas leur aval pour l’événement. Ce point météo émane d’une station locale qui connaît bien l’aérologie spécifique de cette ville et de la zone où nous sommes. Il ne faut pas non plus oublier que la grande scène dont les draps tombent très vite pèse sans les extensions, 54 tonnes.

SLU : Je ne vois que des blocs en béton. Vous n’utilisez plus les bacs à flotte ?

Mathieu Delaunay : Non, leur usage est interdit, en tous cas avec de l’eau. On peut mettre des cailloux ou d’autres matériaux du même type mais plus de liquides. C’était très pratique, on les remplissait souvent avec l’aide des pompiers, mais le gros inconvénient est qu’en cas de fuite ils perdent toute leur utilité.

SLU : Qu’elle est la chaîne décisionnelle de l’Armada de Rouen ?

Mathieu Delaunay : De mémoire et dans l’ordre, on a le Président de région, son chef de cabinet, le responsable projet de l’Armada avec la direction de la communication. Dès qu’on aborde des questions de sécurité, tout le monde est très réactif. La hiérarchie est stricte mais ce n’est pas plus mal car c’est très bien organisé, et le dernier mot revient au PC sécurité. C’est ce PC qui va par exemple demander aux voiliers de carguer leurs voiles ou aux dais d’ouvrir leurs côtés. On constate cela dit une augmentation des alertes météo ; le principe de précaution est plus que jamais d’actualité, parfois même trop”.

Visite du plateau

Les side en F2 Martin Audio servant de support au bumper des SpekTrix.

Les side composés par des vénérables F2 Martin Audio servant aussi de support au bumper des SpekTrix pour les premiers rangs. Si on lève les deux F2 ? Ça tient !

La régie retours de Rico avec à gauche la H3000 et à droite la PM5D

La très grande scène vue par la régie retours de Rico avec à gauche la H3000 et à droite la PM5D ou comment satisfaire 95% des ingés de passage.

Notre visite sur le plateau nous amène à la rencontre de Rico qui y règne sans partage avec quelques savoureuses vieilleries comme les side en Martin F2, toujours vaillants et constitués de bass en toboggan et de têtes terminées par 3 tweeters ressemblant très fort à des JBL à ogive.

Rico : Des 2402 et le tout est poussé par des PLM !

SLU : Ça change !

Rico : On n’a pas fini de les sortir pour faire des retours. Acoustiquement, ça fait partie des enceintes les plus abouties, dès lors que tu en empiles juste un combi pour éviter certains problèmes de couplage typiques des systèmes de l’époque. Le simple fait de connecter à des filtres et des amplis modernes ce type d’enceinte, ça lui donne des ailes. On a aussi des LE400 au dépôt, et quand tu les fais jouer en actif, avec une électronique qui donne du courant, ça reste lourd à porter mais il y a de quoi satisfaire bien des artistes de rock. Les mecs peuvent monter dessus et faire les singes, ça ne risque rien et ils vont vraiment s’entendre.

Le M15 qu’on utilise est très bien d’un point de vue audio. On tourne en bi-amplification. Il peut être employé trompe à gauche ou trompe à droite puisqu’il est construit de façon symétrique, en revanche il n’est pas très stable. Avec certains artistes on le cale. Son autre avantage est sa légèreté. T’en prends un dans chaque main, et tu cours de l’autre côté du plateau quand il faut faire un changement. Des LE400 dans chaque main…Comment dire…J’ai des collègues qui le font mais moi non.

Une paire de wedges M15 Adamson, bi-amplifiés.

Une paire de wedges M15 Adamson, bi-amplifiés et transportables, foi de Rico, par paires !

SLU : Si, mais ça c’était avant (rires) ! Le F2 est arrivé quand chez Audiolite ?

Rico : Avant le HLA JBL. Le F2 était notre grosse diff. La première édition des Vieilles Charrues qui se tenait dans le village sur la place du Marché était sonorisée en F2 pour une bonne dizaine de milliers de fous ! On devait avoir 40 Kilos et 8 combis par côté avec les filtres et les amplis d’époque et une approche, disons, plus empirique du son.

SLU : Il reste combien de ces vénérables bouts de bois ?

Rico : Je pense qu’il y aurait de quoi empiler 4 combis par côté, si ce n’est qu’on ne s’en sert plus qu’en side chez Audiolite. En revanche, en club ça pourrait largement faire l’affaire avec des F8 en débouchage sur le côté, mieux que certaines références actuelles !

Johan Maheux : A propos de bon vieux temps et de sécu, ce qui a bien changé c’est le travail. On ne fait plus trop l’amalgame entre la fête et le travail”.

Rico : On fait des formations dans tous les sens, et comme il y a de plus en plus de personnes qui veulent faire ce travail, on se doit d’être carré. Une connerie ça passe, quand tu les cumules… On a de plus en plus de responsabilités. L’avantage c’est qu’Audiolite s’est terriblement structuré, et on dispose à présent d’outils plug and play. La logistique est plus simple et rapide, on peut presque parler de confort quand on compare aux années passées.

SLU : L’évolution technique n’est pas trop rapide ?

Rico : C’est certain qu’il faut suivre la cadence et se former sans cesse, même si personnellement je sais que je peux avoir des limites dans certains domaines très pointus. Il faut rester à la page.

SLU : Je pense par exemple à la CL5 et au Dante.

Rico : Une fois que le produit rentre en parc, il faut se former. On ne peut pas refuser d’avancer. Cela dit, la CL5 est un outil qui te donne vraiment envie d’approfondir parce que tu fais du son avec ! Sans citer des références, on en a eu des systèmes où tout était dedans mais le son sortait d’un Tupperware”.

Ecoute

Armada Roen 2013

Quelques notes de musique et l’habituelle balade sont sans appel. Le calage est réussi, l’intégration des front et outfill se passe bien à part quelques différences normales de couleur et de texture du haut du spectre entre des systèmes de génération différente et de technologie différente ; je pense là aux quatre 121.5.

La patate des E15 est toujours aussi spectaculaire avec ou sans les T21 dont on a pu mesurer l’apport vraiment centré sur la première octave. Un petit coup de la Danse des Chevaliers du Roméo et Juliette de Prokofiev valide aussi les capacités dynamiques et le respect des timbres de ce système avec du classique, essentiels face à une telle avalanche de cordes et de vents. Les E15 s’en sortent bien même si leur grain assez moderne colore un peu le rendu dans le bas mid et rend plus rapeux les archets et les accroches des cuivres. Je souhaite cela dit à n’importe qui d’écouter du classique sur ce type de système. Ce que le naturel y perd d’un côté, la dynamique et l’explosivité naturelle d’un ensemble classique le retrouve de l’autre, pour peu que l’enregistrement les ait captées ce qui est assez rare.

Un grand merci à toute l’équipe qui nous a reçus dans un tourbillon de poussière et de bonne humeur, et bonne route à cette institution bretonne qu’est Audiolite, qui trace sa route année après année en hissant haut non pas des voiles mais bien du bois et des techniciens de qualité.

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Matrice de Led blanches à effets volumétriques

Chromlech Elidy Big. L’image en 3D

Chromlech Elidy

L’alarme de mon portable m’arrache du lit. « Ok, le mieux c’est que tu viennes à Rennes ».
En bas du SMS un prénom : Bastian. Le reste du curriculum je connais : Bastian Villeflose, éclairagiste, un des développeurs du Elidy chez Chromlech.

Le Elidy, ce Led Scream comme aiment le surnommer ses inventeurs, est une matrice de Led blanches capable de projeter des faisceaux volumétriques. En un an, le buzz a fait le tour de la planète. Depeche Mode, Bon Jovi, Pink et Rammstein s’affichent avec. Le soft évolue en V.2 avec des nouveautés spectaculaires.

“Nous travaillons sur la version 2 du soft. On y intègre un média-serveur. Y a une exclue pour toi, voici notre adresse”.

Je ne réfléchis pas. Je prends mon appareil photo, mon dictaphone, sans comprendre où cela m’amènera. Deux jours plus tard, je comprendrai l’importance de ce voyage.

D’ombres et de lumière

Chromlech situé à Thorigné-Fouillard près de Rennes.

Chromlech situé à Thorigné-Fouillard près de Rennes.

Je débarque à Rennes chez Chromlech, accueilli par Kevin Migeon. Trentenaire souriant, beau brun avec suffisamment de prestance pour porter un polo rose. Il me présente ses collègues de bureau, me tend un (vrai) café, déplie son laptop et enclenche une vidéo. “Cette vidéo fut notre meilleure carte de visite.”

http://vimeo.com/48866435

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Effectivement, je comprends mieux l’engouement mondial autour de ce produit. Surtout je pige instantanément ce concept de matrice de Led capable de projeter des faisceaux. Simulation de poursuite sur catwalk pour défilé, mimétisme de Svoboda en plateau de danse, stroboscope « nid de guêpe » ou effet tunnel en concert, quand le dimmer est envoyé à fond, le Elidy s’adapte et se réinvente à chaque utilisation. Mais assemblé en modules, il se plait à être un mur vidéo, certes monochrome, mais procurant une chaleur et un contraste à l’opposé de ces écrans géants polluant de plus en plus les grands shows.
Assis confortablement, j’entame une discussion avec Kevin

SLU : Quel est ton rôle chez Chromlech ?

Kevin : Je suis chef-produit. Je participe à l’élaboration de la documentation technique autour des produits : manuel, charte DMX, cahier des charges etc. J’interviens aussi sur la partie ergonomie, qu’elle soit mécanique ou logicielle. Je gère des démos, et j’ai conçu et exploité notre stand au dernier Prolight&Sound, à Francfort

Le concept Elidy

SLU : Tu es sans doute bien placé pour me parler de la genèse du Elidy ?

Kevin : “À la base, en 2009, c’est un projet sur mesure mené avec Bastian, qui servit de base au show assez incroyable d’un groupe underground français, les X-Machina. On a intégré des Led blanches sur 54 praticables de scène, par modules, et du coup ce prototype a hérité du patronyme « Prat-X ». À l’époque on ne parlait pas aussi bien anglais qu’aujourd’hui, et la traduction du mot « Prat » nous a un peu échappé (il en rigole).
Par la suite, ce produit a intéressé le concepteur lumière de Dominique A et l’éclairagiste des Mots de minuits*, et comme Bastian était déjà consultant pour Chromlech, nous avons décidé d’inclure ce projecteur dans notre gamme en 2012. Finalement Bastian nous a rejoints à temps plein cette année.
Si tu veux voir ce que ça donnait à l’époque regarde ça :

http://vimeo.com/49766455

SLU : Comment en êtes-vous arrivés au Elidy tel qu’il est maintenant ?

Kevin : Nous avons ensemble conçu un cahier des charges précis : une dalle à Led de 30 x 30 cm avec un pitch de 60 mm, en blanc chaud, moins de 3000K, et un faisceau très serré. L’essence du Elidy, c’est de créer une matrice de Led capable de projeter des faisceaux, ce qui n’avait pas été fait avant. Mais pour pouvoir créer des volumes, que ce soit un effet spot ou un gobo, il fallait des Led très particulières. La technologie évoluant très vite chez les fabricants, on a fini par trouver des Led blanches, avec un binning très élevé, que l’on calibre en plus individuellement à l’aide d’un automate en usine. La recherche de l’optique et du collimateur fut complexe elle aussi, et après plusieurs tests, nous avons déterminé que pour un meilleur design et un vrai faisceau, il nous fallait travailler sur un diamètre de 22 mm et une ouverture de 8°.

Mais c’est pour le contrôle de l’intensité que nous avons le plus innové. Cette recherche sur la façon de dimmer les Led, qui a donné lieu à un brevet sur la gradation, vise à avoir un contrôle extrêmement précis sur les basses valeurs, d’une part pour éviter les fameuses sautes d’intensité de 0 à 5%, d’autre part pour garder toujours une certaine luminosité, même très faible.
Le résultat c’est que la transition entre le noir et l’allumage du Elidy est imperceptible.

SLU : Dès le départ vous aviez en tête toute la gamme Elidy ?

Kevin : Tout a fait, dés le début nous avions les différents modèles en ligne de mire : les petits panneaux, les grands, les murs. L’idée c’était de partir de cette dalle, la dalle active, et de la rendre complètement modulable. C’est le lego de base de notre système.
On voulait aussi une alimentation déportée pour garder cette transparence, cette légèreté et cette polyvalence. Les « covers » sont aussi apparus très vite, pour la personnalisation de la façade, inspirés par l’expérience et les demandes de nos clients de l’ère Jarag”.

Une pause s’installe, le temps de finir notre café. J’ai envie d’en savoir plus et m’approche de la porte du fond qui conduit à la R&D. Il hésite mais m’accompagne et continue finalement avec entrain.

Kevin : Tout le développement du Elidy s’est fait en interne, grâce à cette équipe de 14 personnes. Le bureau d’études emploie un designer en charge des plans industriels, un électronicien et informaticien industriels, un chercheur en électrotechnique, un informaticien software et un ingénieur capable de toutes les adaptations, surtout en électronique.
Nous sommes trois à en développer tout le fonctionnement, à imaginer les menus, les paramètres d’utilisation. Une partie de la production s’effectue aussi dans nos locaux et des sous-traitants de la région nous épaulent pour l’électronique, la mécanique ou le câblage. Bien sûr nous utilisons des automates. Un robot travaille pour nous 24 heures sur 24. C’est grâce à ce temps machine que nous pouvons garder notre production 100% bretonne.

Présentation d’une dalle et de ses accessoires

Le module de base Elidy : 25 Led dans un petit format de 30 x 30cm.

Le module de base Elidy : 25 Led dans un petit format de 30 x 30cm.

Le “Cover” du Chromlech Elidy

Le “Cover”, plaque magnétique percée qui s’applique rapidement pour changer l’aspect frontal des modules.


Il y a donc le module de base, le Elidy, cette matrice de 30 x 30 cm équipée de 25 Led Philips Luxeon 3 W en 2700K. Le corps métallique ressemble à une grille noire d’à peine 2 cm d’épaisseur, laissant suffisamment d’ouverture pour jouer la transparence. La plaque arrière est en aluminium pour pouvoir dissiper la chaleur produite par les Led sans aucune ventilation. Les circuits des Led y sont collés. La face avant, en métal noir, habille les collimateurs. Elle est sertie de bords plastiques. Devant chaque Led, un obturateur en acier bloque le point chaud pour ne pas éblouir inutilement la vision du spectateur lorsque le Elidy s’énerve. Chromlech propose à la vente ses fameuses « covers » personnalisable, comme de gros « magnets » à appliquer sur la façade, et laisse à disposition 4 inserts à vis pour, par exemple, fixer sur le projecteur de l’alupanel ou tout autre revêtement miroir. À l’arrière, deux autres inserts à vis encadrent un connecteur industriel de type Molex. C’est par cette prise que viendra se fixer par la suite, suivant les modèles, les connecteurs de données intégrés aux supports d’accroche.

Exemple d’accroche de Elidy-Wall. Le bumper est orientable et sécurisable

Exemple d’accroche de Elidy-Wall. Le bumper est orientable et sécurisable via des clavettes imperdables.

  • Pour un Elidy-S, c’est-à-dire la dalle de 5 x 5 Led, la lyre équipée du brochage 4 points s’appelle “S-Yoke”.
  • Pour un modèle encore plus compact à insérer dans un décor, c’est un accessoire spécifique, le « T-mount » qui s’installe à l’arrière où l’on retrouve les XLR 4 points et une fixation par crochet.
  • Pour les grosses installations, il est prévu de réunir 9 Elidy dans un châssis complet avec une lyre conséquente pour obtenir le Elidy-Big. Dans ce cas 3 fiches XLR 4 sont prévues.
  • Enfin pour l’utiliser en mur vidéo, cette lyre est remplacée par un bumper d’accroche capable de supporter le poids de 12 Elidy-Big.

Cette curieuse fiche 4 points sert au raccordement des alimentations déportées. Dans le câble sont véhiculés à la fois le 48 V d’alimentation des Led et les données de contrôle suivant un protocole spécifique Chromlech. Chaque câble peut driver 3 dalles Elidy sur une longueur maximum de 50 mètres (c’est pourquoi le Elidy-Big possède 3 fiches XLR). Mais pour éviter de tirer trois fois une liaison 4 points, des multipaires particuliers existent aussi, comme les M-câbles et les Spider Box.

Alimentation et contrôle

À l’autre bout se situe l’alimentation PSX9, cerveau du Elidy. Chaque alimentation consomme 900 W et possède trois sorties XLR4 ; de quoi piloter 9 Elidy-S ou 1 Big. C’est dans cette unité que tous les réglages, les choix de protocole, les liaisons de contrôle et l’adressage des dalles de Led s’effectuent.
Interfacé en DMX, ArtNet ou SaCN, l’utilisateur dispose virtuellement de deux produits, donc deux adresses possibles. D’un côté la matrice de Led, le Pixel Engine et ses 225 points de Led, que l’on peut contrôler via un média-serveur par exemple, de l’autre un séquenceur intégré, appelé lui l’Animation Maker qui permet en 14 canaux maximum de triturer des GIF animés et des effets en pagaille via n’importe qu’elle console lumière. Ces deux contrôles sont indépendants, peuvent fonctionner l’un sans l’autre ou ensemble et sont mixables en HTP.

Kevin me précise : “Le maître mot pour le contrôle du Elidy, c’est d’éviter les interfaces vidéo et de pouvoir utiliser le produit directement en DMX, ou ses dérivés ArtNet et SaCN. Le Elidy reste avant tout un projecteur et non pas un produit exclusivement vidéo”.

Pour mieux cerner l’ergonomie du Elidy et ses principaux réglages, je suis invité à pénétrer dans le sanctuaire, la boîte noire où s’affaire encore le staff de Chromlech, dont Bastian, pour peaufiner les dernières évolutions.

Les alimentations PSX9 de test du showroom Chromlech.

Les alimentations PSX9 de test du showroom Chromlech. Pas de crainte de chauffe, un ventilateur surdimensionné équipe chacune d’entre elle ; sa vitesse étant réduite, il reste silencieux et ne s’enclenche que lorsque la température le demande.

Dans le détail, l’alimentation comprend donc une entrée et une recopie DMX en XLR 5 points, deux ports Ethernet pour distribuer l’ArtNet d’une boîte à l’autre en « Daisy Chain » via un Switch intégré, une alimentation et une recopie en Powercon Neutrik True-one et 3 sorties 4 points pour la liaison vers les dalles Elidy. Chaque sortie possède un fusible dédié avec son voyant de fonctionnement, tout comme l’Ethernet et le DMX. Un micro est même incorporé pour de futures utilisations. La navigation dans le menu monochrome s’effectue grâce à quatre boutons dédiés. Des raccourcis (touches « – », « + » et « – & + ») permettent de visualiser d’un coup d’œil la configuration de l’alimentation, l’état des sorties, ou de retourner l’écran. Et pour un contrôle à distance, un navigateur Web est incorporé au PSX9.

Le menu, plutôt simple, permet de configurer correctement le Elidy en quelques étapes : identification et mappage des dalles de 1 à 9, mode Elidy-S (9 dalles 30 x 30 cm) ou Elidy-Big, test des Led (toutes ensemble ou individuellement par un prompt chaser), choix de la gestion (vidéo et/ou séquenceur en plusieurs canaux), patch DMX, ArtNet ou SaCN avec leurs différents protocoles.
Des options supplémentaires permettent de changer la courbe d’intensité des Led (celle développée par Chromlech ou une courbe linéaire beaucoup plus brute) ou encore de compenser une éventuelle rotation physique du Elidy en orientant virtuellement la matrice de led de plusieurs degrés.

Chez les Bretons on n’est pas du genre à laisser trainer ses alims n’importe où. Ainsi 4 inserts à vis servent à les fixer directement sur les châssis des Elidy-Big ou Wall, tandis que deux emplacements pour crochets sont là pour une installation dans les ponts. Mais le plus simple reste d’utiliser l’accessoire pour rack ou carrément le flight-case prévu pour 12 alimentations PSX9.

Toutes ces informations me donnent le tournis. Malgré une évidente volonté de simplicité, il est clair que le concept modulable du Elidy demande un peu de réflexion au montage et à l’installation. Les références de certains produits me laissent songeur. Alim PSX9, spider-box, M et S-câbles… En fait Chromlech vient de construire tout un nouvel univers de travail autour de ce produit. Il convient de se débarrasser de quelques habitudes encombrantes pour y pénétrer sereinement. Il suffira alors de quelques instants pour se sentir parfaitement à l’aise avec les schémas de câblage et la configuration du Elidy. Et je vais faire une confidence aux plus réfractaires, tout comme en vidéo avec laquelle ce produit a plusieurs points communs, les dalles ont finalement vocation, sauf exception, à être assemblées et contrôlées de manière relativement identique. Lorsque les prestas se ressemblent, une bonne partie de tous les réglages précédents pourra alors être utilisée.

Les mesures

Je me rappelle soudainement que je suis ici aussi pour faire des mesures. Je sors donc mon luxmètre. Pas du tout inquiet, Kevin paraît au contraire intéressé ainsi que Bastian Villeflosse. Les données recueillies donneront lieu à d’autres fructueux échanges.

Premières mesures, brut de décoffrage, le derating. La luminosité des Led se stabilise très vite. Les très légères variations sont imperceptibles à l’œil ou à la caméra. La qualité des Led et de l’alimentation sont indéniables.

Courbe de derating du Elidy.

Courbe de derating du Elidy. La baisse de flux est insignifiante.

Variation du Dimmer.

Variation du Dimmer. Beaucoup de précision à bas niveau.

Deuxième test, la variation du dimmer. Voici donc cette fameuse courbe imaginée par Chromlech. Effectivement la précision à niveau bas est poussée à son maximum, comme toute variation exponentielle. Ce qui apparaît sur le papier comme une aberration devient à l’œil une exception. L’extinction des Led est imperceptible. On peut jouer sur des niveaux de bougie avant d’enflammer la rétine. Cette courbe est idéale pour projeter les animations du séquenceur ou d’un média-serveur tant les détails pullulent. Bastian m’indique qu’une courbe linéaire sera aussi disponible avec le nouveau firmware, pour ceux qui désirent utiliser le Elidy tel un blinder.


Mesures photométriques

L’analyse suivante me permet de mesurer le flux lumineux sur une dalle active seule, puis sur un Elidy-Big complet.

Elidy-S

Mesures du Elidy-S

Mesures du Elidy-S

Courbe d'intensité lumineuse du Elidy-S

Courbe d'intensité lumineuse du Elidy-S

Elidy Big

Mesures du Elidy Big.

Mesures du Elidy Big.

Courbe d'intensité lumineuse du Elidy Big.

Courbe d'intensité lumineuse du Elidy Big.

Cette mesure n’est qu’un jalon explicatif, ce produit n’étant pas qu’un simple projecteur. Les chiffres sont aux analystes ce que les lampadaires sont aux ivrognes : ils fournissent bien plus un appui qu’un éclairage. Toutefois cela me renseigne sur deux points : la puissance lumineuse est bien là, avec 2200 lumens pour une dalle et 19600 lm pour un Elidy-Big, mais bien en deçà des chiffres promis par Chromlech.
La raison en est simple, les obturateurs de points chauds, indispensables pour une utilisation en vision directe type vidéo, absorbent la majeure partie du flux.
Deuxième observation, l’optique serrée de chaque Led permet d’utiliser effectivement le Elidy comme projecteur, et les effets volumétriques produit par la projection d’images animés n’existeraient pas sans ce resserrement inférieur à 13°.
Une analyse plus poussée montre bien que la surface de projection la plus étale correspond quasiment à la surface physique de la dalle de led. Ces résultats sont conformes à l’utilisation mixte du Elidy, à la fois surface de projection et projecteur d’effets 3D. Cet effet est validé par la mesure du thermo-colorimètre : la température de couleur des Led de 2700K correspondant à nos bonnes vieilles lampes à incandescence.
Les relevés de température indiquent un maximum de 80° à l’arrière de la dalle active, dû à la dissipation thermique passive. Les Elidy ne devront donc pas être appuyés sur n’importe qu’elle surface. Mais grâce à cette absence de ventilateurs, les dalles sont parfaitement silencieuses.

Le séquenceur virtuel intégré dans la V.2 du soft

J’ai maintenant toutes les données en main, mais le principal m’échappe encore : le résultat de tous ces mois de développement. J’agrippe donc Bastian et exige une démonstration complète, le temps de brancher son média-serveur (ici un Madrix) aux PSX9 et d’enclencher le mode « Pixel Engine » du Elidy.

Je l’interromps. Déjà d’autres questions

SLU : Arnet, SaCN ?

Bastian : “Comme vous le savez peut-être, l’ArtNet est un protocole permettant de faire circuler plusieurs univers DMX au travers d’un réseau Ethernet, soit dans un simple câble CAT5 terminé d’une prise RJ45.
La matrice de Led d’un Elidy-Big se compose de 9 dalles de 25 Led, soit 225 canaux DMX sur les 512 possibles.
Pour un kit comprenant par exemple 20 Elidy-Big (soit 16 m2), il faudrait 10 univers pleins, soit 10 câbles DMX ! L’ArtNet représente alors un vrai gain de câblage et de temps.

L’ArtNet existe en plusieurs versions. La première est limitée à 40 univers car elle est « Broadcast ». Les informations sont envoyées à tous les récepteurs possibles, encombrant assez vite le réseau. L’ArtNet 2 contourne cette limitation en travaillant en « Unicast ». Chaque information est envoyée au seul récepteur spécifique correspondant. Mais cette succession de dialogues à aussi une limite, ici 256 univers.

Pour aller encore plus loin, l’ArNet 3 a été développé, de même que le SaCN. Le SaCN travaille en Multicast où les informations sont envoyées à des groupes bien précis de récepteurs. Les limites explosent puisque dans ce cas 64000 univers DMX peuvent être acheminés dans le réseau. Au niveau configuration, l’ArtNet a besoin d’une adresse par univers DMX qui se compose d’un codage hexadécimal à deux chiffres : 1.0 ; 6.9 ; 2.B ou encore A.C par exemple. Le SaCN n’utilise qu’un seul chiffre pour s’identifier”.

Un séquenceur interne serait maintenant implémenté dans les alimentations, permettant d’éviter toute une installation vidéo et un média-serveur.
Je découvre ainsi les nouveautés spectaculaires du firmware 2.0.

Ainsi l’intégration d’un séquenceur virtuel, l’Animation Maker, permet d’utiliser le Elidy comme un automatique. Ce pilotage annexe peut remplacer le contrôle point par point forcément gourmand en canaux DMX, s’adresser à la suite des 225 Led ou encore sur un univers différent (en ArtNet ou SaCN). Et en cas d’utilisation des deux protocoles simultanément? Un mixage HTP s’effectue automatiquement.

Bastian enfonce le clou : “Encore plus fort, chacun de ces modes de fonctionnement supporte deux sources actives simultanément, c’est-à-dire deux consoles de pilotage… ”

Etude de cas, 12 Elidy Wall commandés par 3 sources.

Etude de cas, 12 Elidy Wall commandés par 3 sources.

Cela devient compliqué pour moi. Pour comprendre tout ça, on me présente une étude de cas. Une console lumière en régie pilote un mur de Elidy. Le pupitreur lumière gère directement les dimmer de Led pour des flashes de blinder par exemple, mais aussi les effets et animations intégrés aux Elidy qu’il mixe aisément. Il utilisera le protocole ArtNet, maintenant intégré à la quasi-totalité des consoles lumières, pour piloter à distance les Elidy.

Sur le plateau, un opérateur vidéo attaché à la commande d’un écran vidéo quelconque veut lui incorporer le Elidy à son média-serveur sur quelques titres. Il lui suffit alors de patcher les Led des Elidy en SaCN et le mixage entre la régie lumière et la régie vidéo s’effectuera alors automatiquement. Des situations encore plus compliquées peuvent aussi se paramétrer aisément comme me le montre le schéma suivant.

Mais, pour faire vraiment simple, en validant le mode « Auto-Link » dans les alimentations, les deux modes de fonctionnement, Pixel Engine et Animation Maker sont reliés, ne demandant qu’un seul patch.

Je repasse dans l’ordre les canaux de l’Animation Maker. Le séquenceur virtuel nécessite 14 canaux dans son paramétrage le plus étendu. Dimmer et dimmer fin de l’intensité générale, effets de strobe ou de pulse, Iris virtuel rond ou carré, crossfade entre les deux banques d’animations, choix du mode de recouvrement entre les images, choix des GIF animés et vitesse, mode miroir vertical ou horizontal, rajout d’effets spéciaux et simulation de l’inertie des Led.

Je touche au but. Mais il reste encore quelques zones d’ombre.

SLU : Comment furent imaginées les GIF animés ?

Bastian : Ce qui doit être flagrant quand tu utilises le séquenceur, c’est le rapport entre l’image et le faisceau généré. Des animations peuvent paraitre trop simples pour un graphiste mais le résultat en lumière s’avérer intéressant. Au contraire, des animations trop compliquées nuiraient à la cohésion entre la vision et l’effet. L’expérience du Jarag sur une matrice 5×5 nous a permis de récupérer plusieurs animations pour le Elidy-S. Pour le Big, et sa résolution de 15×15, nous avons demandés à Bruno Corsini, qui est à la fois un éclairagiste et un vidéaste, de nous en proposer toute une série. Il a effectué un travail de fou sur Photoshop et AfterEffect, et a traité les niveaux de gris de chaque animation image par image pour garder une lisibilité parfaite” !

GIF de la banque d'images.GIF de la banque d'images.

Au final chacune des deux banques d’images contient 60 GIF différents, ainsi que 20 espaces libres pour les utilisateurs. Grâce à un logiciel dédié, le « Bank Editor », n’importe qui pourra importer ses GIF ou piocher dans la bibliothèque fournie par Chromlech, et les transférer dans les alimentations PSX9 via Ethernet ou DMX. J’espère pour ma part que ce processus pourra dans le futur directement mettre à jour tout un lot d’alimentations à la fois.

Verdict

Au delà de son apparente complexité, le Elidy associé à son software version 2 se révèle incroyablement riche. Son concept modulable à souhait permet de l’ insérer dans n’importe quel kit, et sa double gestion matrice et séquenceur, peut-être un peu difficile à appréhender au début, permettra toutes les fantaisies de gestion. Le mode 8 canaux du Elidy-S s’accordera difficilement avec le mode 14 canaux du Big, absolument incroyable par la quantité d’effets possible.

Le strobe aléatoire est dément, les masques d’iris rapidement indispensables, le crossfade entre les 2 banques ne lasse jamais et les options de symétrie absolument essentielles.

Bien sûr son prix et son concept ne le destineront, dans un premier temps, qu’aux prestataires les plus innovants, et lorsque j’entends dire que personne n’est prophète en son pays, nul doute que les centaines de mètres carrés d’Elidy produites en continu par les équipes de Chromlech ne prouvent qu’une chose : la French Touch continu de faire des étincelles à l’étranger !

Ah oui, il y a encore des sujets dont je n’ai pas parlé, comme l’aspect écologique…

Et cette curieuse découpe sur le bord de la lyre…

Une découpe très utile dans la lyre de l'Elidy.

Une découpe très utile dans la lyre de l'Elidy.

Mais je dois avouer qu’à partir de ce moment mes souvenirs se sont faits de plus en plus flous, au point de n’avoir plus très bien compris comment j’ai retrouvé mon wagon SNCF du retour…

Canal DMX

Caractéristiques du Chromlech Elidy Big

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L’industrie du spectacle pleure le scénographe Mark Fisher

Avec la disparition du scénographe Mark Fisher, le monde du spectacle a perdu l’une de ses figures les plus importantes.

Mark Fisher durant le tour 360° de U2 en 2009 (photo: Steve Moles)

Mark Fisher durant le tour 360° de U2 en 2009 (photo: Steve Moles)

 A l’origine du design de la plupart des plus grand shows mondiaux au cours des trente dernières années, Mark Fisher a occupé une place à part au sein de l’industrie du spectacle. Après des études au sein de l’Architectural Association School of Architecture de Londres et l’obtention de son diplôme d’architecte en 1971, il se fait un nom parmi ses pairs grâce à son travail sur l’opéra rock The Wall des Pink Floyd. Après avoir monté avec Jonathan Park le Fisher Park Partnership en 1984, il crée 10 ans plus tard Stufish, son propre studio de design.

 Les créations de Mark Fisher ont surpassé tout ce qui a été fait de plus imposant, innovant ou mémorable au cours des dernières années. Au delà d’une autre tournée des Floyd telle que Division Bell en 94, Mark a aussi dessiné pour U2 les scènes du Zoo tour de 1992, le Pop Mart de 97 et l’extraordinaire 360° en 2009, pour les Stones le Steel Wheels en 1989, le Voodoo Lounge en 94, le Bridges to Babylon en 97 et A Bigger Bang en 2005. Il a aussi crée les plateaux de megastars telles que Tina Turner, George Michael, Jean-Michel Jarre, Robbie Williams, AC/DC, Madonna ou Lady Gaga.

 Fisher est aussi à l’origine d’événements d’exception comme les cérémonies d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Turin en 2006, ceux d’été de Pékin en 2010 et ceux Asiatiques et du Commonwealth 2010. Il a enfin crée les plateaux des comédies musicales comme We Will Rock You, ou encore Viva Elvis et Kà pour le Cirque du Soleil.

Pour son travail sur le Millenium Dôme Show en 2000, la Reine d’Angleterre Elisabeth II lui a décerné l’Ordre de l’Empire Britannique OBE, et deux années plus tard l’Ordre Royal de Victoria MVO pour sa contribution aux célébrations de son propre jubilé.

Stufish communique par ces mots :  » Nous sommes au regret d’annoncer que le scénographe et architecte Mark Fisher, OBE, MVO et RDI s’est éteint auprès de sa femme Cristina à l’hopital Marie Curie d’Hampstead. Il avait 66 ans. Il a été emporté par une longue maladie contre laquelle il s’est battu avec courage et sans jamais se départir de son humour légendaire.

Son travail n’a pas uniquement inspiré ses collègues et les équipes avec lesquelles il a collaboré mais il a aussi surpris et enchanté les millions de spectateurs qui ont profité de ses créations dans le monde entier. »

Création de Mark Fisher pour Johnny Hallyday en 2009 au Stade De France.

Un élément du décor de scène de Johnny Hallyday en 2009 au Stade De France créé par Mark Fisher. Monumental !

 Mark Fisher a aussi créé les décors de scènes de nos plus grandes stars françaises, Mylène Farmer, Johnny Hallyday, la scène de la comédie musicale Adam et Eve…
Nous avons recueilli le témoignage de deux concepteurs lumière qui l’on rencontré au cours de leur carrière.

 Pour Fred Peveri :“Mark Fisher était un personnage atypique, extrêmement calme et discret, concentré dans l’observation et l’écoute des différentes personnes présentes aux réunions de production. Il était alors installé dans un coin de la pièce occupé à « coucher » sur son cahier de dessin les visuels ou décors que ces échanges d’idées lui inspiraient.
Quand son design était validé par l’artiste, il n’était plus question d’y apporter la moindre modification, il le menait à terme tel qu’il l’avait dessiné,
Il laissait le soin aux autres intervenants, en cas de contrainte, de trouver le moyen de respecter le cahier des charges… /prod /son / lumière/ structure… pas toujours facile !
Mais quel talent, ses réalisations restent un exemple.”

Pour Dimitri Vassiliu : ”Son talent pour traduire en quelques secondes sur un dessin la vision exacte des artistes, leur souhait d’univers scénique, son coup de crayon incroyable et sa carrière, font de lui une référence pour nous tous depuis longtemps et encore pour longtemps”

http:// www.stufish.com

Robert Juliat nomme Thierry Dupont responsable du SAV international

Thierry Dupont

Thierry Dupont

Robert Juliat est heureux de confier à Thierry Dupont la responsabilité du SAV International.

Thierry arrive chez Robert Juliat avec plus de 30 ans d’expérience, forgée dans le métier au cours de différentes affectations en France et au Royaume-Uni.

Depuis le 1er Juin 2013, Thierry Dupont est chargé de fournir une assistance technique aux professionnels de l’éclairage à travers le monde pour le compte de Robert Juliat.

« Thierry nous aidera à assurer le meilleur niveau de service possible à nos clients, sur tout le cycle de vie de nos produits”, a déclaré Claus Spreyer, directeur des ventes de Robert Juliat.

Contact :

Mobile phone : +33 6 71 35 73 46
Mail : [email protected]

site : www.robertjuliat.com

 

Réaction des professionnels du spectacle et de l’audiovisuel

La bande UHF amputée au profit des opérateurs télécom

Le Spectacle Vivant et l’Audiovisuel s’insurgent contre la décision du gouvernement de leur retirer des fréquences indispensables au bon fonctionnement des microphones et liaisons sans fil utilisés pour les émissions en direct, les concerts et les grands évènements culturels et sportifs.

Syndicats

Paris le 24 juin 2013 – La volonté du gouvernement français de mettre aux enchères dès 2015 la bande de fréquences hertziennes des 700 MHz au profit exclusif des opérateurs de télécommunications, fait réagir l’ensemble des acteurs de la filière audiovisuelle : cette bande est indispensable à la production de spectacles et d’évènements culturels et sportifs. Pourquoi deux poids deux mesures, quand les fréquences allouées aux télécoms pourraient être rationnalisées ? La 2G continue de coexister aux côtés du GPRS (2.5G), du EDGE (2.75G), de la 3G, de la 3G+, du H+ et de la 4G !

Cette prise de position précipitée du gouvernement, sans l’instauration d’une concertation avec les professionnels du secteur, et sans prendre en compte les besoins des acteurs de la filière, met en péril l’existence même des émissions en direct, du spectacle vivant et de la retransmission de grands évènements politiques ou sportifs.

Dès 2015, si un tel choix est entériné, des évènements reconnus, tels le Tour de France, Roland Garros ou le défilé du 14 juillet, ne pourront être réalisés sans rencontrer des problèmes techniques majeurs incluant coupures de son en direct et brouillages parasites. Les raisons en sont simples : de tels évènements demandent des centaines de liaisons sans fil, utilisées pour les microphones des commentateurs et des journalistes, les liaisons entre la régie et les techniciens, les intercoms et les walkie-talkie. Ces liaisons nécessitent de nombreuses fréquences hertziennes pour être établies.

Une décision du Gouvernement d’amputer la bande UHF de plus de 30% rendrait le travail des professionnels techniquement impossible, d’autant que leurs équipements actuels sont encore analogiques. Pour s’adapter à cette nouvelle donne, la recherche de solutions numériques, raisonnables à la fois en termes de coût et de qualité, nécessite encore 4 à 5 ans de développement et est donc irréalisable à court terme.

A l’heure où la France souhaite favoriser le rayonnement de l’exception culturelle hors de l’Hexagone, la décision de mettre aux enchères une bande de fréquences hertziennes indispensable à toute production culturelle interpelle par son incohérence.

Lors d’une précédente amputation de la bande UHF en faveur des télécoms, les professionnels avaient déjà dû supporter, seuls, l’impact économique de la migration de leurs parcs d’appareils vers la bande des 700 MHz. Aujourd’hui, ces mêmes professionnels ne sont pas en mesure d’absorber les répercussions financières d’une nouvelle migration, techniquement plus complexe.

Par conséquent les utilisateurs professionnels et fabricants de liaisons sans fil, souhaitent que le gouvernement français prenne le temps d’une analyse approfondie et concertée, en vue de trouver des solutions techniques et réglementaires satisfaisantes pour l’ensemble des acteurs. Enfin, si la décision d’octroyer la bande des 700MHz au profit exclusif des télécoms était prise, le calendrier devrait impérativement être repoussé à horizon 2019, afin de permettre l’adaptation de la filière à cette nouvelle amputation du spectre hertzien. Ce calendrier permettra également aux pouvoirs publics d’identifier et d’allouer de manière pérenne aux professionnels que nous représentons des bandes de fréquence présentant les caractéristiques nécessaires au fonctionnement des équipements sans fil dans des conditions de qualité optimales.

Syndicats professionnels co-signataires de ce communiqué :

FESAC – Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l’audiovisuel et du cinéma (La Fesac regroupe l’ensemble des syndicats professionnels de l’industrie du spectacle vivant et enregistré, dont la Ficam, le Prodiss et le Synpase)

FICAM – Fédération des Industries du Cinéma de l’Audiovisuel et du Multimédia

PRODISS – Syndicat National des Producteurs, Diffuseurs et Salles de Spectacles

SEINEP – Syndicat des Entreprises Internationales de Négoce en Electronique Professionnelle (Fabricants et importateurs de matériel professionnel)

SYNPASE – Syndicat National des Prestataires de l’Audiovisuel Scénique et Evènementiel

Contacts :


FESAC – François Caillé : [email protected] , 01 40 53 23 00

FICAM – Marc Bourhis : [email protected] , 01 45 05 72 55

PRODISS – Aline Renet : [email protected] , 01 42 65 73 17

SEINEP – Stella Morabito : [email protected] , 01 44 69 40 77

SYNPASE – Gilles HUGO : [email protected] , 01 55 87 69 00

 

Déjà 11 fabricants condamnés par les tribunaux chinois

Clay Paky en guerre contre les copies

victime du piratage industriel, comme nombre de fabricants innovants, Clay Paky a décidé d’attaquer en justice 21 fabricants chinois qui bafouent à cœur joie sa propriété intellectuelle.

sharpy copy

C’est principalement le Sharpy, un vrai succès mondial, qui fait fonctionner les photocopieuses en chine à plein régime mais pas que. Contre toute attente, 11 procès sont déjà jugés par les tribunaux chinois et tous gagnés. La Chine commence à trouver son intérêt à protéger la propriété intellectuelle au niveau international. Et c’est tant mieux !

La démarche est couteuse en temps et en euros. Avant même de déposer une plainte, il faut analyser les produits pour déterminer si ce sont des copies ou seulement des produits similaires. Ca veut dire acheter plusieurs produits de chaque marque. Et puis il faut parcourir les sites internet de vente et chaque jour éditer les preuves et les faire valider par un avocat. Ensuite il faut faire acheter les produits par une personne certifiée, les analyser, faire un compte rendu et le procès peut commencer.

Les tests doivent prouver que les produits sont identiques autant d’un point de vue esthétique que technique. Pour Clay Paky, qui a breveté autant le design que l’optique et les fonctions de ses projecteurs, il a été facile de démontrer le plagiat, car les fabricants incriminés ont été assez “naïfs” pour copier les projecteurs italiens en tous points, internes et externes, jusqu’au canal DMX.

On comprend la colère de Pio Nahum, directeur commercial de Clay Paky, placé en tête d’attaque ou plus exactement de défense de l’entreprise, car le préjudice financier est énorme avec les conséquences qui en découlent en moyens de recherche et de développement.

Notre magazine, qui s’émerveille chaque jour des innovations, qui a le plus haut respect pour les entreprises qui investissent dans la R&D a décidé de lui ouvrir ses colonnes.

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Combattre ce fléau

Pio Nahum : “Le phénomène de la contrefaçon est en recrudescence exponentielle et nous ne pouvons absolument pas nous permettre de le prendre à la légère. Si nous avons jusqu’à présent pensé que l’industrie de l’éclairage n’était pas frappée par ce fléau, nous avons commis une grave erreur. Les produits de pointe de Clay Paky, la série Alpha d’abord, et le Sharpy ensuite, ont été au cœur d’un extraordinaire succès international mais ont été copiés de façon éhontée par de nombreux producteurs, notamment en Chine.
Nous sommes en train de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger notre entreprise. Mais nous estimons que cette bataille n’est pas seulement la bataille Clay Paky : tout notre secteur, toute notre filière devraient réagir et combattre ce fléau très fermement.

Des procès gagnés en chine ? Mais oui c’est possible !

Pio Nahum : Rien qu’en Chine, où nous investissons depuis des années d’importantes ressources pour déposer nos brevets, nous avons déjà gagné onze procès et en avons entrepris dix autres, toujours en cours. Les tribunaux chinois ont à aujourd’hui déjà condamné onze entreprises à cesser immédiatement la production et la vente des produits Clay Paky contrefaits.
En Chine aussi, il est possible de combattre et de gagner, et je dois dire que la justice dans ce pays est plus rapide que nous ne l’imaginions. Maintenant que nous le savons, nous continuerons de plus belle.

La chaine de distribution dans la ligne de mire

Ceux qui importent ou commercialisent des produits contrefaits dans des pays où ils sont couverts par un brevet sont autant coupables que ceux qui les produisent. Nous avons déjà assigné des importateurs européens de reproductions chinoises et nous intensifierons notre lutte sur ce front aussi.
Clay Paky a déposé ses brevets dans tous les pays industrialisés et nous sommes plus que jamais prêts à défendre nos droits. Nous élargirons notre champ d’action et de protection à tous les pays où le phénomène pourrait s’étendre.

Le retour normal sur investissement de toute une filière

Tout le monde sait que le Sharpy par exemple est un projecteur tout à fait original, inventé par Clay Paky grâce à un processus de recherche et d’innovation contraignant. Dans notre secteur, la réussite de ce projecteur a vraiment été énorme.
Les compagnies de location du monde entier n’ont eu aucune hésitation à investir et ont été les plus forts promoteurs de son utilisation : car il est plus efficace et spectaculaire que d’autres projecteurs plus puissants, car il est rentable, et facile à gérer. Les éclairagistes, les directeurs de la photographie et les producteurs de spectacles du monde entier sont enthousiastes car ils ont de nouveaux effets spectaculaires à proposer à leurs clients.
Même les médias sourient car l’innovation revitalise les investissements publicitaires.
Tout ceci permet d’assurer un Retour sur Investissement (RSI) fort intéressant pour tous les acteurs de la filière et rend possibles de nouveaux investissements qui sont à la base de la réussite du système tout entier.

Les copieurs ne sont pas les payeurs

Les copieurs se moquent complètement des brevets qui nous coûtent des centaines de milliers d’euros.

Ils se moquent des salaires que nous versons tous les mois à notre personnel qui travaille dans la recherche et le développement. Ils se moquent des droits de leur propre personnel, mal payé, sans protection et obligé de travailler dans des conditions indécentes. Ils se moquent des réglementations en matière de sécurité qu’ils ignorent tout simplement. Ils se moquent même des clients finaux de leurs produits qu’ils lâchent au moment même où ils effectuent leur achat. Ils n’ont rien à faire de la qualité du produit : vous n’avez qu’à essayer de renvoyer en Chine un projecteur contrefait en panne ou de demander simplement une pièce détachée pour en avoir la preuve. Ils se fichent éperdument de leurs partenaires de distribution, des intermédiaires, des importateurs, des agents du Business to Business.

Avec leurs newsletters qu’ils transmettent par courrier électronique – personnellement, j’en reçois au moins dix par semaine – ils contournent n’importe quel système de distribution et atteignent directement les clients finaux, sans se soucier le moins du monde d’avoir quelqu’un qui puisse fournir une assistance technique sur le territoire.
Sans oublier qu’ils ne font aucun investissement dans la communication : leurs ventes sont des ventes faites sur le web, ils font main basse et mettent les voiles : pourquoi donc gaspiller de l’argent ? Un représentant qui fournit un support local au client, un centre d’assistance technique, un magasin de pièces détachées…. à quoi ça sert ? Ils ne produisent que des coûts. Fidéliser les clients ? Pour quoi faire ? Il y en a tant et plus.

La course au rabais n’a pas de limites

Notre secteur est un secteur de biens d’équipement qui doivent être conçus comme des outils de travail fiables, en mesure de produire un rendement à moyen et long terme, avec un cycle de vie suffisant pour en garantir l’amortissement.
Je constate hélas que certains, dans notre secteur aussi, ont un regard positif sur les copies à bas prix et les interprètent comme une sorte de processus de “démocratisation” du marché. Mais je me demande : se rendent-ils compte que cette soit-disant démocratisation des biens d’équipement ne mène qu’à l’appauvrissement de la filière ?

Ceux qui ont décidé de vendre des copies “made in China” de nos produits (ou des produits d’autres) sont des personnes qui n’investissent rien, qui ne donnent aucune garantie et qui exploitent la demande créée (et payée) par d’autres. Bref, ce sont des profiteurs de la pire espèce, ils n’aident en rien le marché à se développer avec un apport initial propre. Ils achètent un produit tout à fait illégal (car c’est la copie piratée d’un produit pluri-breveté), à un fournisseur qui ne donne aucune garantie en matière de qualité et de sécurité, le paient presque rien car il ne vaut presque rien, le vendent trois fois rien sans se soucier des effets que peut avoir cette politique minable.

C’est alors que la course au rabais ne s’arrête plus. Puisque la seule variable compétitive d’une copie piratée, c’est le prix (et non pas l’innovation qu’elle engendre, non pas sa qualité ni même sa durée dans le temps), le prix ne s’arrêtera pas de baisser. Il y aura toujours quelqu’un qui poussera le bouchon un peu plus loin pour baisser la qualité globale du produit et le vendre à un prix encore plus bas. Et le tour est joué. La filière toute entière est ainsi destinée à avoir des marges de plus en plus basses et finira par mourir.

Un marché de niche forcément fragile

Nous sommes sur un marché de niche où les nombres sont infiniment plus petits que ceux des biens de consommation. Nous parlons tout au plus de milliers de pièces contre des millions. Toutefois, la technologie que l’on utilise dans notre secteur est hautement sophistiquée et exige de gros investissements dans la recherche et le développement. Même lorsqu’un produit a du succès, nous ne pouvons pas beaucoup en bénéficier car les volumes de production sont limités. Et en plus, ce n’est pas tous les jours qu’on invente un produit qui a du succès tandis que les coûts pour la recherche sont quant à eux permanents.

Ceux qui sont allés chez Clay Paky ont constaté de leurs propres yeux que pour rester à l’avant-garde, nous avons pas mal de personnes qui développent de nouveaux projecteurs. Ceci est indispensable pour aller de l’avant dans un secteur qui aspire à des nouveautés d’année en année. Mis à part les aspects éthiques liés à la propriété intellectuelle, l’appauvrissement du secteur ne peut que nous contraindre (nous et ceux comme nous) de faire de moins en moins de recherche, d’aligner notre offre à des niveaux de plus en plus bas. Qu’adviendra-t-il après ? D’où viendront les produits innovants qui sont la sève du monde du spectacle ? Vous croyez peut-être qu’ils viendront de ceux qui ont abondamment copié ce que nous avons su faire, voire même nos erreurs conceptuelles ?

La meilleure façon de marcher

La propriété intellectuelle, de quiconque soit-elle, est un droit que tous les opérateurs d’un secteur donné doivent défendre. Les investissements en matière d’innovation profitent à la croissance de tous ; ils revitalisent et créent des opportunités de travail. Personne ne devrait encourager la vente et l’utilisation de produits contrefaits. Se battre fermement contre les malfaiteurs qui produisent en toute illégalité des copies et contre les spéculateurs qui, tout aussi illégalement, les vendent (car c’est de cela que nous sommes en train de parler), c’est nécessaire pour tous ceux qui travaillent honnêtement dans le monde de l’éclairage, comme dans tout autre secteur.

Ça sert à défendre la valeur ajoutée que chacun crée dans son propre rôle, ça sert à défendre la santé du secteur et, au bout du compte, du business de tous et de chacun. La notion de démocratisation du marché, c’est une notion qui me plaît bien, évidemment. Mais elle doit se faire par le biais d’une concurrence loyale, à armes égales, avec de la qualité et des services garantis”.

Avant de quitter Pio Nahum, nous avions encore une question à lui poser pour tordre le coup ou pas à une rumeur qui remet en cause le Sharpy comme innovation Clay Paky.

Clay Paky Sharpy gold

Clay Paky Sharpy gold

SLU : Pio, c’est bien Elation qui le premier a utilisé la lampe Platinum 5R ?

Pio Nahum : ”Philips a en effet initialement proposé cette lampe à American DJ et Elation pensant qu’une telle lampe de faible puissance était plus adaptée à des applications disco qu’à l’éclairage de scène professionnel. Philips leur a suggéré d’associer la lampe à une optique spéciale, appelée “Integration Tunnel”, un « tube » minuscule placé dans l’axe de la lampe.

Les rayons lumineux émis par la lampe sont collectés par le réflecteur et dirigés dans le « tube ». A l’intérieur du tube, les rayons partent dans toutes les directions, réfléchis par la surface interne du tube, et le faisceau lumineux résultant est homogène. Ce système, breveté par Philips, a été adopté par American DJ, la première entreprise à utiliser la lampe Platinum 5R, dans son projecteur “Vizi Beam 5R destiné à concurrencer l’Alpha Beam 300 Clay Paky qui était déjà très apprécié dans le monde professionnel.

Chaîne de montage du Sharpy à Seriate en Italie

Chaîne de montage du Sharpy à Seriate en Italie

Quand nous, Clay Paky, avons découvert cette lampe, après une analyse technique minutieuse, nous en avons conclu que le système optique suggéré par Philips n’exploitait pas au maximum l’énergie lumineuse de la lampe. Il ne faut pas oublier que Clay Paky (fondée en 1976) a 35 ans d’expérience en optique. Tout le monde nous connaît pour la qualité de projection de nos produits. Nous avons développé pour la 5R un système optique complètement différent, avec des lentilles de haute qualité «corrigées», placées au point focal (à la place du Tunnel d’intégration). En d’autres termes, nous avons implémenté un système optique multi-lentilles qui, en combinaison avec le couple lampe/réflecteur de Philips, génère un faisceau parallèle, sans aberration, totalement homogène, avec une luminosité étonnante, supérieure à toute autre solution optique. En outre, un système de zoom (de faible rapport) a été ajouté, assurant un contrôle idéal du faisceau et permettant de réaliser des effets spéciaux.

Clay Paky a déposé immédiatement un brevet pour ce nouveau système optique et c’est ce brevet technique qui fait l’objet de contrefaçons. En conclusion, la supériorité globale du Sharpy en termes de sortie de lumière (par rapport aux autres appareils utilisant la même lampe) est le résultat de deux facteurs: d’une part l’arc très court de la lampe (conçue par Philips) et d’autre part le système optique original et exclusif (conçu par Clay Paky) qui est capable d’améliorer la qualité et l’intensité de faisceau. Le réflecteur intégré à la lampe quant à lui n’apporte pas de gain en termes d’intensité lumineuse proprement dite, mais il a contribué de manière significative à la miniaturisation du dispositif (taille et poids)”.

Liste des entreprises déja condannées par les tribunaux chinois

1. Baiqui
2. Kubo
3. Xiang Ming
4. Haomei
5. Baiyun Yafeng
6. Dinghui
7. Guoda
8. Feiyue
9. Q-Shine
10. Liu Peijun
11. Deliya

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A écouter sans modération.

Rémy Blanchet V2.0

“Les retours c’est une école incroyable où l’erreur n’est pas une option, c’est interdit, ça n’existe pas, et c’est très bien comme ça.”

Rémy BlanchetIl a formé avec XaXa Gendron le plus fameux binôme aux retours. Attachant, lucide et humble, il a décidé de prendre du recul avec les poids lourds du showbiz et favorise désormais les projets à taille humaine en retrouvant la face. Né en mai 68, il nous fait sa révolution de velours.

Je n’ai pas le temps de poser la première question que Rémy démarre en trombe. Le propos est limpide, les souvenirs fusent et s’enchaînent à un rythme infernal passant de ses débuts à sa tournée en cours, de la face aux retours, de Lyon à Paris. “Tu sais, moi j’ai un peu l’Alzheimer…” m’avait-il dit quelques jours plus tôt. Bien sûr. Heureusement que j’ai toujours des batteries d’avance !

Flash Back, sur les bancs de l’école Grim

Jean-Michel Jarre à Aalborg au Danemark au milieu des éoliennes

Rémy aux retours de Jean-Michel Jarre à Aalborg au Danemark en 2002 au milieu des éoliennes, sans doute en 1997. Les 2x31 bandes sont pour les ears…

Rémy Blanchet : A mes débuts, il m’est arrivé d’être road, pour la tournée de 91 de Goldman avec Bertin Meynard qui tenait la console retours (et Andy Scott la face NDR), on avait fait quatre ou cinq dates dans le Rhône-Alpes, et j’étais tellement ultra motivé qu’au bout de quelques jours j’ai fini par faire tout le câblage de la scène.

On en reparle encore avec Bertin car je l’avais scotché. Il avait fini par me filer le blouson de la tournée à la dernière date, le sien, et j’étais terrassé de bonheur comme un môme. J’avais 23 ans.

SLU : Ça tombe bien que tu nous parles de ça, tu as commencé comment toi ?

Rémy surpris par un flash lors de la tournée Oxygène de Jean-Michel Jarre en 1997.

Certes il a l’air jeune mais, IL L’ETAIT ! Rémy surpris par un flash lors de la tournée Oxygène de Jean-Michel Jarre en 1997.

Rémy Blanchet : Par le GRIM, l’Ecole Supérieure du Spectacle de Lyon où d’ailleurs XaXa donne des cours. Je ne savais pas comment entrer dans ce milieu qui m’attirait, et c’est en allant simplement au Salon de l’Etudiant que je suis tombé sur cette école dont j’ignorais l’existence.

Lettre de motivation et McDo pour payer mes études, je me suis lancé à cœur perdu dans l’aventure. Je me souviendrai toujours des mecs qui le matin arrivaient et pionçaient sur les tables…Ils payaient 20.000 Francs l’année d’études, et ils n’en avaient rien à secouer.

Ils refusaient même d’aller sur des opérations où la musique ne leur plaisait pas ! Inutile de te dire que dès qu’il y avait un plan j’étais partant parfois même en plantant les Big Mac ! J’étais jeune, je ne savais pas que c’est cette envie qui allait me donner des ailes.

SLU : L’envie qui fait tellement briller les yeux des jeunes qui en veulent. Tu n’as pas dû finir ton cursus d’apprentissage…

Rémy Blanchet : Ohh non, j’ai quitté le GRIM dès la fin de la première année car j’ai été pris chez Produkscène qui était la plus grosse boîte de son et lights de Lyon où j’ai d’ailleurs fait la rencontre de XaXa. C’est Jean-Louis Berthet, le prof de son, qui m’a fait embaucher. Si je fais ce métier, c’est aussi grâce à lui. Il est toujours prof là-bas. C’est un mec extraordinaire.

SLU : Et ton amour pour la scène et la technique, il est né où ?

Rémy Blanchet : Mon univers a toujours été la musique. Mon instrument de prédilection est la batterie mais à Lyon, en appartement, je n’ai jamais pu jouer ailleurs que sur mes cuisses avec des bouts de bambou et des disques que j’écoutais en boucle. A 16 ans j’ai eu ma période guitare avec une gratte toute pourrie mais je n’ai jamais joué que pour moi et très mal. Je n’ai jamais pensé devenir musicien professionnel.

Les répétitions de Hallyday avec un symphonique pour les shows au Stade de France en 1998

Les répétitions de Hallyday avec un symphonique pour les shows au Stade de France en 1998. Rémy est debout derrière XaXa Gendron.

SLU : Je ne vois toujours pas le virage technique…

Rémy Blanchet : Quand j’étais tout gamin, avant de déménager à Lyon, j’ai habité en Touraine dans un pavillon qui était équipé d’une chaudière à charbon. Un jour elle a été remplacée ce qui a libéré plein de place. J’ai investi la pièce et je l’ai équipée avec tout ce que j’ai pu trouver d’enceintes et de matos. C’était l’époque des radios libres, je faisais des montages sur cassette et plein d’autres trucs du genre, sans me douter un instant que quelques années plus tard cela allait devenir mon métier. Dans mon esprit cela n’était d’ailleurs même pas un métier ! J’étais à fond dans la musique qui est, d’une certaine manière, mon deuxième sang.
Pense que mon premier concert je ne l’ai vu qu’en 1989 ! A Tours il ne se passait pas grand-chose, je ne savais donc pas ce que pouvaient représenter les différents corps de métier œuvrant dans le spectacle ! Je suis sorti de là en sachant que je voulais faire ça mais sans savoir comment. C’est donc le GRIM qui m’a permis d’y voir clair quelques années plus tard.

SLU : T’as attaqué directement là-bas ?

Rémy Blanchet : Ahh non, d’abord je me suis tapé trois mois de maths appliquées aux sciences sociales. J’ai très vite arrêté. C’est à ce moment-là que j’ai commencé chez McDo. J’y suis resté jusqu’au jour où j’ai été pris chez Produkscène et où je leur ai dit adieu sans regrets !!

La rencontre avec Xaxa (Xavier Gendron)

Rémy Blanchet et Xavier Gendron, le couple le plus fameux des retours français pour Johnny en 2009,.

Rémy Blanchet et Xavier Gendron, le couple le plus fameux des retours français pour Johnny en 2009,.

SLU : Comment s’est passé ta rencontre avec XaXa ?

Rémy Blanchet : A l’époque où j’ai été embauché, il était stagiaire. Il l’est d’ailleurs resté un bon moment. Je me souviens lui avoir dit : “mais tu veux rester stagiaire encore combien de temps ?” (rires !)
Le soir de notre rencontre, à peine rentré à la maison, j’ai dit mot pour mot à ma copine de l’époque : “Aujourd’hui j’ai rencontré un mec, je suis sûr qu’avec lui on peut déplacer des montagnes”. Je m’en souviens parfaitement, et pourtant jamais je ne me serais douté qu’on allait vivre ensemble une telle aventure et qu’il allait devenir comme un frère pour moi. A force de vivre avec XaXa on d’ailleurs fini par croire qu’on était ensemble (rires) ! C’est normal, on rêvait des mêmes choses. Nous avons commencé par être amis avant de bosser et pas l’inverse.

En 1999 à Mériadeck pour Mylène Farmer, XaXa devant sa Paragon.

En 1999 à Mériadeck pour Mylène Farmer, XaXa devant sa Paragon.

Après j’ai suivi une route assez classique au dépôt de Produkscène en m’occupant des sorties et des retours, ce qui m’a permis de connaître le matos son comme l’éclairage. Au bout d’un moment, pas très long, je suis allé voir le patron, je lui ai rappelé que je voulais faire du son, et c’est parti assez rapidement grâce aux vieux passionnés qui y bossaient à l’époque. On y est resté avec XaXa jusqu’au moment où Produkscène a décidé de s’étendre via un gestionnaire extérieur qui a torpillé la société en un an chrono. Nous sommes alors partis chez Boîte à Sons, un autre prestataire lyonnais.

Nous avons eu de la chance, beaucoup de chance, avec XaXa car nous avons été mis sur les rails par Jean-Louis Berthet et Yves Mas, deux mecs passionnés, avec un savoir de ouf et une pédagogie top. Je regrette qu’ils ne soient pas assez connus. Ils ont cette merveilleuse envie de partager. Quand je vois le comportement de certaines personnes vis-à-vis de jeunes qui ne demandent qu’à apprendre, c’est la meilleure façon de leur enlever la flamme.

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Les premières armes face/retours de Rémy

SLU : Après la période d’apprentissage, tu as été lâché sur quoi ?

Rémy Blanchet : A l’époque à Vénissieux il y avait une salle géniale, le Truck (devenue depuis le « Bizarre ! » et dédié aux cultures urbaines NDC) qui donnait des concerts tous les soirs dans tous les styles rock, garage, underground ; que des trucs mortels avec des groupes anglais qui débarquaient comme les Pogues. Pendant un an et demi j’y ai fait l’accueil et mes premières régies. Mon premier groupe aux retours a été russe. Je ne me souviens plus de son nom mais il était top. Un concert différent et bien branché chaque soir avec, suivant l’artiste, les loges réaménagées, une boîte, des enregistrements en multipiste, une radio, bref, l’endroit merveilleux pour débuter mais aussi sans doute trop ambitieux, et il n’a pas tenu.

SLU : C’était l’endroit rêvé pour faire ses premières armes !

Rémy Blanchet : Totalement ! En plus il y avait une équipe de mecs plus âgés qui était très bonne. On s’est tapé tellement de gigs et de one shots qu’on a vraiment eu une formation accélérée, ce qui est indispensable. Faire des tournées n’est pas suffisant, il faut bouffer de ce genre de presta pour s’en sortir en cas de galère autrement qu’avec la caisse de spare.

SLU : C’est à cette période que tu t’es dirigé consciemment ou inconsciemment vers les retours ?

Rémy Blanchet : Non, j’ai toujours aimé et fait les retours et la façade, seulement tu sais comment ça marche, quand on a commencé à tourner avec XaXa sur les grosses tournées, l’étiquette est vite arrivée alors que j’ai toujours fait les deux. Ce sont deux approches complètement différentes d’un même métier, et j’aime autant l’une que l’autre. Quand j’ai été pris sur les grosses tournées, je suis d’ailleurs arrivé comme assistant et c’est normal, les gens pour qui je travaillais ne me connaissaient pas, et pour eux je ne savais pas tenir une console. J’ai naturellement fait profil bas, ce qui fait qu’une fois que j’ai pu commencer réellement à faire du son aux retours, avec la notoriété des artistes avec qui j’ai eu la chance de travailler, l’étiquette a été encore plus grosse !

SLU : Mais tu as fait des retours seul ? On te connaît tellement en binôme avec Xavier…

Rémy Blanchet : Bien sûr, lui et moi avant de travailler ensemble on en faisait plein, tout comme j’ai fait des faces avec par exemple St.Germain. Ce binôme, on l’a monté avec Xavier car ça nous trottait en tête depuis longtemps. Ce qui a scellé notre amitié depuis le départ, c’est notre passion commune pour ce métier et la façon de l’envisager. Quand on y pense c’est dingue, on a réussi à faire ce qu’on voulait faire !

Une Paragon s’envole, soutenue par Rémy, nous sommes en 1999 à Mériadeck pour Mylène Farmer.

Une Paragon s’envole, soutenue par Rémy, nous sommes en 1999 à Mériadeck pour Mylène Farmer. La seconde console est déjà en place, XaXa n’est pas loin..

SLU : Et quand avez-vous tous les deux travaillé ensemble face/retours pour la première fois ?

Rémy Blanchet : Pour Damien Saez, on a mis le temps non ? 25 ans ! (rires !) Mieux vaut tard que jamais ! J’avais pensé à lui dès le départ car c’était une évidence, mais il ne pouvait pas à cause de son planning très chargé. Quand il a pu venir, il a fait ce que j’aurais sans doute choisi mais avec son talent et ses idées.
Ca a immédiatement marché. Plus les années passent et plus on passe pour des vieux cons. Il n’empêche que dans ce genre de situation, il faut de l’expérience et à ce jeu-là XaXa est imbattable. On a été bien élevés. Nous avons eu la chance de travailler avec de vieux ricains et ça, c’est incomparable. L’expérience qui est la leur et l’époque où ils l’ont acquise les rend uniques.

SLU : Tu parles de l’époque Clair Bros ?

Rémy Blanchet : A fond ! Tout n’est pas bon aux USA. Il y a aussi plein de petites boîtes où ça bricole, mais à leur niveau, c’est juste ultra pro. Ils ne sont pas là pour rigoler, ils y vont à fond. C’est sans doute de là que nous vient notre manière de travailler avec XaXa. Pendant au moins 12 ans, on n’a quasiment travaillé qu’avec des anglo-saxons dont un noyau dur de mecs qui revenaient sur chaque tournée, et avec des seniors. Les seniors c’est la catégorie au top dans les grosses boîtes, des mecs avec un CV où tu tombes à la renverse rien qu’en en lisant la moitié.

La première fois par exemple qu’on a bossé avec Jim Devinney et qu’on a bu un verre avec lui, peut-être même deux ou trois d’ailleurs, on n’en revenait pas. Nous étions aux anges ! Je me souviens aussi de nos débuts chez Produkscène, on travaillait sur un spectacle qui tournait en province et s’appelait “Signé Sardou”. Le chanteur avait le physique et la voix proche de celle de Michel Sardou et faisait des reprises. On bossait pour lui par tranches de 24 heures non-stop. Un jour, alors qu’il pliait un câble, XaXa s’est accoudé à un fly assez haut et s’est endormi dessus (rires) ! Pareil pour moi, ça m’est arrivé à l’époque de m’endormir au dépôt debout contre le camion pendant qu’on me parlait. On était pourtant jeunes ! Jamais on n’aurait imaginé se retrouver un jour en face du vrai Sardou… Je crois que ce qui fait notre force, c’est de ne pas avoir oublié ces débuts.

Evolution du matos et priorités

St Germain au Zénith de Paris le 21 septembre 2001

Concert de St Germain au Zénith de Paris le 21 septembre 2001, une face en XL4, la place de concert coûtait 211…Francs !

SLU : Qu’est-ce qui a le plus changé techniquement parlant depuis tes débuts ?

Rémy Blanchet : Sans conteste la venue du numérique, même si cette technologie n’a pas révolutionné mon approche du métier. J’ai d’ailleurs mis très longtemps avant de m’y mettre, directement sur la PM1D qui, soit dit en passant, est la seule table à disposer d’autant d’entrées et de sorties et avec laquelle je n’ai jamais eu la moindre merde. La HF aussi a beaucoup évolué et m’a valu quelques sueurs froides et beaucoup de plaisir.

En 98 au Stade de France, je m’occupais des HF, et j’ai dû composer avec un incroyable patchwork de marques, modèles et fréquences. Cela a été super intéressant même si ça m’a valu quelques nuits blanches pour que tout fonctionne.

On est arrivé à faire cohabiter tout ce petit monde alors que ce n’était pas gagné d’avance et que c’était une première. De nos jours, les produits disposent de plans de fréquence, d’une gestion centralisée de toutes les liaisons et j’en passe. Le seul bémol, et cela est valable dans plein d’autres domaines, c’est qu’on y perd notre capacité à l’initiative et à la démerde. Presque n’importe qui peut mettre en route des HF maintenant. Enfin un HF c’est un bouffeur de signal donc si je peux m’en passer, je le fais avec plaisir.

SLU : Cette démocratisation te gêne ?

Rémy Blanchet : Ce n’est pas qu’elle me gêne mais par exemple il faut faire extrêmement attention avec des ears dont on voit qu’ils sont de plus en plus présents sur nos scènes. Il faut que les artistes et les techniciens soient conscients du risque de confier ses oreilles à quelqu’un parfois d’insuffisamment compétent.

St Germain à Hyde Park un 26 Juillet 2002. Alors, il ne fait pas de face Rémy ?

St Germain à Hyde Park un 26 Juillet 2002. Alors, il ne fait pas de face Rémy ?

SLU : Quelles sont tes priorités dans le choix du matériel ?

Rémy Blanchet : Je veux d’abord que ça sonne mais sans courir de risque au niveau de la fiabilité. J’ai eu cette discussion il y a quelque temps avec les gens de Dushow à l’époque où je voulais partir avec une Vi6, avant qu’ils en achètent un grand nombre. Très logiquement, ils militaient pour l’emploi des produits déjà en parc dont la Vista qui est très belle mais que personne ou presque ne maîtrise vraiment, moi surtout ! J’en suis venu à la conclusion que pour qu’une console devienne un standard, il faut qu’elle soit bonne dans trois domaines : le son, la fiabilité et l’ergonomie.

Pour Damien, je suis parti avec une Pro9 Midas qui a une ergonomie très perfectible, est relativement fiable mais sonne vraiment bien. Au départ j’avais prévu une XL4 mais avec un patch en 72 il en fallait deux, ce qui rend le passage en festival proche de la purge (rires) ! J’ai donc passé une journée entière chez Dushow sur une Pro6 avec le multi d’un de mes concerts, et j’ai fini par assimiler cette étrange ergonomie tout en craquant sur le son au point de me dire que si j’avais des sous, j’investirais sans doute dans une table. Tout ceci pour dire que ce type de console ne sera selon moi jamais un standard car tu ne peux pas la mettre par exemple en accueil de festival.

En 2002 dans un lieu parmi les plus prestigieux, le Royal Albert Hall pour St Germain.

En 2002 dans un lieu parmi les plus prestigieux, le Royal Albert Hall pour St Germain.

SLU : On en revient encore et toujours à la PM1D en somme…

Rémy Blanchet : Quelque part oui, en ce sens que si tu ne sais pas faire de son avec une PM1D, et ce n’est pas la meilleure au monde pour ça, tu n’y parviendras avec aucune console.

De nos jours, toutes les marques et les modèles fonctionnent à peu près bien et permettent de faire du son, que ce soit une console ou de la diffusion. On entre donc dans le subjectif, et c’est intéressant car chacun peut piocher là où ça l’intéresse artistiquement parlant.

J’ai juste du mal avec les systèmes équipés de HP type autoradio qu’on croise dans certains clubs et que je déteste profondément. Comment veux-tu faire un pied correct avec ce genre de mini gamelle. « ahh mais si, ça marche, écoutez ! » et ils te passent un CD… On oublie trop souvent la dynamique !

Le virage de Face

Un moment de détente à Los Angeles lors des répétitions pour la tournée de Johnny 2003.

Un moment de détente à Los Angeles lors des répétitions pour la tournée de Johnny 2003. Oui, c’est bien XaXa avec Rémy.

SLU : Qu’est-il arrivé à ce beau tandem Gendron-Blanchet…

Rémy Blanchet : J’ai pris des chemins différents. Cela n’a rien à voir avec Xavier qui est mon frère et le restera toujours, il le sait bien, mais je ne m’y retrouve plus dans les grosses tournées et notamment leur format. J’ai envie de quelque chose de plus petit. En tenant la face de Damien Saez, dont la tournée a commencé dans les clubs, j’ai ressenti plus d’humain et pourtant ce n’est pas, loin s’en faut, une petite tournée puisqu’on fait des Zéniths archi combles.
On est tous dans le même bus, et ça reste à échelle humaine. Une autre raison est que je favorise désormais des formats qui me parlent artistiquement. Je me suis donc payé le luxe de refuser Michel Sardou et Johnny Hallyday l’année dernière. J’ai tout donné jusqu’à la dernière date car la flamme ne s’est jamais éteinte mais j’avais vraiment envie et besoin d’autre chose.

SLU : C’est très courageux…

Rémy Blanchet : Non, je fonctionne comme ça, j’ai besoin d’être en accord avec moi-même, ma conscience et surtout mes envies, et je ne peux pas y aller à reculons même si la période n’est pas propice au changement. Ça me trottait en tête depuis un certain nombre d’années mais c’est long car il faut activer un réseau différent et pour cela il faut faire des rencontres. Ce métier je le fais car c’est ma passion. A chaque fois que je quitte ma maison pour aller bosser, j’ai du plaisir. Ça va bien au-delà d’un boulot..

Photo prise en plein concert de la tournée de Johnny Hallyday de 2003 lors de la date du 20 juillet en Corrèze en présence et à l’initiative du couple Chirac.

Photo prise en plein concert de la tournée de Johnny Hallyday de 2003 lors de la date du 20 juillet en Corrèze en présence et à l’initiative du couple Chirac. On distingue Xavier Gendron derrière.

SLU : Tu arrives pourtant à un âge où d’une certaine manière et parfois inconsciemment on commence à lever le pied avec les tournées, les tour bus, les douches dans les salles, les load-in à pas d’heure…

Rémy Blanchet : Message aux jeunes générations. Je ne vais pas lâcher l’affaire tout de suite. (rires) ! Tous les aspects de ce métier me conviennent parfaitement. Je ne le savais pas avant de commencer mais au bout de 25 ans, je n’ai plus aucun doute. J’ai du plaisir dans tous les aspects de ce métier, du tour bus aux douches ébréchées, tout me convient.
Le gros inconvénient c’est que si un jour je dois changer de job, je serai profondément malheureux car je ne fonctionne qu’à la passion. Ce qui me fait rire c’est que je ne bosse essentiellement plus qu’avec des trentenaires, ce qui fait qu’à 45 ans je suis devenu le vieux ! J’ai eu il y a quelques jours Christophe Gobley au téléphone, et malgré le fait qu’il soit officiellement à la retraite, il continue à faire tranquillement des petits plans sympas.
On n’a tourné qu’une fois ensemble mais à chaque fois qu’on se voit ou que l’on se parle, le courant passe. Ma génération a eu la chance de côtoyer les vrais pionniers comme lui, les mecs qui ont commencé quand rien n’existait.

SLU : Tu sens qu’on les pousse dehors les vieux ?

Rémy Blanchet : C’est la vie. Dans tous les métiers c’est comme ça. Il ne faut jamais oublier que la star est sur scène, pas derrière la console. Si la vraie star n’est pas là, aucun d’entre nous ne sera là. Je trouve aussi que certains (artistes, musiciens et techniciens) traînent les pieds et oublient que les spectateurs ont payé chèrement leur ticket pour être dans la salle !!

Une image de XaXa Gendron durant la tournée des stades de Johnny.

Une image de XaXa Gendron durant la tournée des stades de Johnny. « On ne quitte jamais des yeux l’artiste.. »

SLU : Est-ce que tu ressens vis-à-vis des technos, avec 25 ans de bouteille comme toi, le même engouement que vous avez eu à vos débuts pour les pionniers ?

Rémy Blanchet : Non pas vraiment. Pour avoir des potes essentiellement trentenaires, je constate qu’ils ne s’intéressent pas plus à eux qu’à leur passé.

Toute la nouvelle génération d’artistes français qui pour la plupart chante en anglais et vers laquelle je me dirige, ne rêve pas du tout devant notre CV et les prods encore moins. 

Si tu te pointes la gueule enfarinée croyant être le plus beau, tu vas tomber de haut ! J’ai par exemple glissé un pied dans ce nouveau milieu grâce à Philippe Katrine qui a déliré d’avoir un technicien qui a côtoyé toutes les grandes stars françaises…

SLU : Et après il s’est dit qu’en plus tu bosses bien !

Rémy Blanchet : Oui peut-être mais en tous cas il m’a permis de faire une première étape super importante. Je voudrais aussi remercier Romain Caucal, un régisseur, qui m’a aussi fait très vite confiance. A un moment donné je n’avais pas grand-chose de concret, et ça n’a pas été évident. Il faut y aller tranquillement, avec beaucoup d’humilité car, une fois encore, personne ne t’attend et tant mieux. Je n’ai aucune prétention, je ne pense pas travailler mieux qu’un autre, j’ai juste 25 ans d’expérience et ça, personne ne peut me l’enlever.
Ça ne m’empêche pas de me faire vanner très régulièrement sur mon passé ! Un autre avantage d’avoir complètement bifurqué, c’est que je n’ai rien à prouver à personne et je ne cours pas uniquement après le blé. Bien sûr j’ai besoin de vivre mais mes vrais moteurs sont la musique et le plaisir. Je me tape aussi des plans pour que dalle ou plutôt pour le plaisir que j’en retire. Je suis arrivé à un âge où je suis serein. Si on me brasse ou on me vire, tant pis, je trouverai du boulot ailleurs. C’est important de savoir dire non.

SLU : On m’a dit que tu es perfectionniste. Pire que XaXa ?

Rémy Blanchet : Différent. A une époque je me suis traîné une sale réputation de chieur, et je ne comprenais pas pourquoi car je l’étais d’abord pour moi-même. En fait, sans le vouloir, j’étais devenu super dur. J’en ai fait baver à un certain nombre qui se reconnaitront. On en a reparlé depuis. Ils ont appris à mon contact mais cela a parfois été très rude…

SLU : Le fait de travailler désormais dans un nouveau milieu artistique t’a-t-il facilité le switch face/retours ?

Rémy Blanchet : Non, pas vraiment. J’ai fait des retours durant de nombreuses années, j’ai donc été volontiers vers la face qui est un autre exercice et que j’adore mais rien n’est figé. Dans mes projets à venir il y a les deux de prévus. Je suis aussi heureux et à l’aise au service des musiciens qu’à celui du public et passer de l’un à l’autre me donne pas mal d’avantages car je sais ce qui se passe devant comme derrière. Il y a des différences techniques, philosophiques et éthiques entre les deux métiers mais pour moi ça fait partie d’un ensemble que j’aime. L’avantage de tenir la face est de pouvoir délivrer un signal musical et d’y coller au plus près avec tout ce qu’il porte en soi d’artistique et même au-delà.

Quand tu mixes Damien Saez, tu pousses un message qui a du sens ! Je m’éclate vraiment avec lui, d’autant que musicalement ça me parle et que je dispose de moyens pour travailler. C’était un peu moins évident au début de la tournée dans les clubs, mais heureusement j’ai bénéficié de l’aide bénévole de David Nulli (Waveform-Audio NDR) qui m’a secondé pour checker le matériel de certaines petites salles. A ce niveau-là, j’ai quelques lacunes. La diffusion a pas mal évolué, et les années passées derrière ne m’ont pas aidé (rires) ! Je sais caler une face à l’oreille, mais il est évident que c’est désormais devenu un vrai métier. Je ne connais pas non plus toutes les références et je ne sais pas à l’avance en arrivant dans certains clubs si cela va convenir ou suffire en termes de puissance ou de couverture.

J’en profite pour tirer un coup de chapeau à Damien Saez pour son professionnalisme. C’est un des seuls artistes que je connaisse qui a une vraie approche de ce qui se passe sur scène. Il place les musiciens et se place de telle sorte qu’il y ait une cohésion, une cohérence sonore et musicale entre les amplis et la batterie avant même qu’il y ait des retours. Sur cette base il n’y a plus qu’à ajouter avec les retours ce qui manque, par exemple la voix, et tu obtiens un résultat harmonieux.

Paragon & flammes sur le torse, Rémy durant Hallyday 2003.

Paragon & flammes sur le torse, Rémy durant Hallyday 2003.

SLU : Les salles de province sont de mieux en mieux équipées non ?

Rémy Blanchet : Oui, cela a vraiment bien changé, mais je me suis souvent heurté à l’incompréhension de régisseurs à qui je demande une certaine puissance et qui me certifient que si tel ou tel groupe réputé bruyant s’en est tiré, ça ira pour moi aussi. Je parle de headroom et donc de réserve dynamique afin de ne pas dénaturer mon son en l’écrasant dans les protections, et ça ne passe pas. « Ça va être trop fort ! » Ça me rend dingue car cela n’a rien à voir. Je veux de la marge, pas des morts dans la salle, et surtout je ne veux pas être obligé de dénaturer mes sources pour tenir dans un gabarit imposé.

J’ai constaté que certaines marques sont très présentes dans les clubs et plus que des marques, des configurations type, quelle que soit la jauge, ce qui démontre avant tout la qualité des commerciaux ! Il y a aussi des endroits où il faut se tenir à carreau à cause des émergences, je pense au Fil à St Etienne dont je connais le directeur technique, un ex-intermittent de la belle époque de Produkscène. Le niveau maxi est de 102 dBA, mais avec 98dB à 125Hz. Tout le monde y a mis du sien, et on a trouvé un compromis pour jouer notre show réputé comme fort. A juste titre quand même (rires) ! On n’arrive jamais en terrain conquis mais c’est parfois difficile d’établir le dialogue.
Sans doute les régisseurs et les techniciens qui font l’accueil doivent tomber sur des cas, disons, difficiles. C’est un des problèmes propres à la façade. C’est vrai qu’aux retours, tu as d’autres choses à gérer puisqu’une fois que tu as le matos que tu as demandé, tout le monde oublie ce qui se passe derrière sauf bien sûr les intéressés. On te fout la paix pour peu que tu ne fasses pas n’importe quoi et ne pourrisses pas la face (rires !)

SLU : On est bien d’accord, il y a une réelle interaction entre ce qui se passe derrière et devant…

Rémy Blanchet : Absolument. J’ai d’ailleurs lu ce qu’a dit XaXa à propos du pied (http://www.soundlightup.com/archives/reportages/xavier-gendron-et-sa-paragon-sur-la-tournee-de-damien-seaz.html) Bon, on n’a pas vécu tout à fait la même chose, peu importe (rires) ! Cela dit il y a des confrères qui ne supportent pas qu’il y ait du son qui provienne de la scène…C’est quand même de la musique qu’on fait non ? Il est vrai que parfois, sans parler de l’acoustique des salles, le travail de la personne aux retours fait que tu te retrouves avec une espèce de halo dans les 400 Hz qui vient colorer la face. Quand je coupe le système, ce que m’envoie XaXa est super propre, sauf le pied l’autre jour (!) Cela dit je sais que les gens sur scène sont tellement heureux que si la cage de scène par exemple pourrit un peu les retours et donc ma face, je ne vais pas aller l’emmerder, je vais faire avec. Au pire je délaye la façade pour aller m’aligner avec tel ou tel élément sur scène pour changer la perception globale de l’ensemble.

Bien cachée sous la scène, la régie retours de la tournée des stades 2003 d’Hallyday avec un Rémy surpris et très heureux !

Bien cachée sous la scène, la régie retours de la tournée des stades 2003 d’Hallyday avec un Rémy surpris et très heureux !

La relation à l’artiste…

SLU : Les relations avec les artistes ont changé avec le temps ?

Rémy Blanchet : Non pas vraiment. Chaque artiste est un être humain différent. Cela n’a rien à voir avec l’époque. J’ai par exemple bien accroché artistiquement et humainement avec Imany en allant faire un jour un remplacement à la face. S’en sont suivies une douzaine d’autres dates, et ensuite elle m’a demandé de faire ses retours. Elle est incroyable de talent mais au-delà de ça, c’est un bonheur de parler à bâtons rompus avec elle. Je me suis aussi toujours super bien entendu avec Mylène Farmer, mais on ne peut pas généraliser. Il y a des artistes qui sont proches de la technique et qui s’y intéressent et d’autres pas.

Rémy et Robin le Mesurier, guitariste et vieux complice de Johnny Hallyday

Rémy et Robin le Mesurier, guitariste et vieux complice de Johnny Hallyday, image faite lors de la tournée 2009 et prise sans doute à St. Etienne

SLU : Est-ce qu’il y a des artistes qui sont justement plus techniciens, qui aiment ça ou décrivent bien leurs besoins ?

Rémy Blanchet : Oui, il y en a quelques-uns. Il y a ceux qui savent parfaitement de quoi ils parlent et d’autres qui ont une oreille énorme mais ne savent pas le dire ou alors partent du principe qu’ils n’ont pas à en faire état car tout doit être parfait et quand ce n’est pas le cas, ils brassent. Parfois tu peux leur expliquer certaines choses, mais il faut choisir le bon moment, ce n’est pas toujours évident. Si par exemple tu veux essayer un autre micro, il faut la jouer à l’instinct. L’âge et l’expérience du technicien comptent, mais pas uniquement. Il faut aussi éviter de survendre la démarche “tu verras, il est mortel” car tu ne sais jamais ce que va donner un capteur avec une voix, mais il faut se lancer car si tu n’essaies pas, tu ne sauras jamais.

Dans ce métier il faut jouer aussi de finesse sans oublier que tu n’as jamais fini d’apprendre. Ça peut faire 20 ans que tu travailles d’une certaine manière, peut-être pas la meilleure, si quelqu’un remet en cause ta méthode et que tu n’es pas trop con, tu vas réfléchir et finir par admettre qu’il a raison. Pour en revenir aux artistes, il y a Lara Fabian, une immense artiste avec laquelle j’adore travailler. Avec elle on fait de l’orfèvrerie. Pour moi elle a le même rapport avec sa voix qu’un musicien classique avec son instrument. Imagine l’effet que ça fait d’entendre d’un coup dans tes oreilles le son d’un instrument que tu pratiques depuis 30 ans ou plus, avec lequel tu vis au quotidien, c’est un choc.

SLU : Tu changes totalement la perception qu’ils en ont …

Rémy Blanchet : Justement pas ! Ce que j’ai toujours adoré dans cet exercice c’est de faire en sorte de se rapprocher au maximum de ce qu’ils connaissent. Pour revenir à Lara, elle sait parfaitement ce qu’elle veut mais elle utilise des images, des termes, un langage qui lui sont propres et qui nécessitent une véritable interprétation basée sur ton propre instinct pour lui donner satisfaction. Elle-même ne décrit que des sensations à l’aide de mots qui en plus varient ! Ça paraît déroutant dit comme ça mais c’est au contraire passionnant car ça ressemble beaucoup à l’approche d’un musicien classique. La difficulté enfin avec un chanteur par rapport à un instrumentiste, c’est que tout se passe dans la sphère ORL. Quand tu bouches les oreilles (avec des ears), la perception change complètement puisque le son de tête prend le relai, ce qui est différent avec un instrument.

Concert de Johnny au Stade de France en 2009

Concert de Johnny au Stade de France en 2009

SLU : Es-tu aussi partisan d’un suivi à minima aux retours ?

Rémy Blanchet : Bien sûr. Les intentions ce sont les musiciens qui les font. Nous on ne veut pas les limiter en quoi que ce soit. C’est de la musique et ce sont eux qui la font, pas nous. C’est totalement incohérent de changer constamment de niveau entre chaque titre. Sur les tournées avec des ears je me souviens d’avoir dit aux musiciens “considérez que je ne dispose que d’une analogique jusqu’au moment où je déciderai qu’il est temps de faire des mémoires. On fait une balance, il faut qu’elle marche sur quasiment tous les titres” Il y a bien sûr des exceptions car on fait de la musique électro-acoustique, mais il faut faire en sorte qu’elles le restent.

SLU : Quel type de mix délivres-tu dans les ears ?

Rémy Blanchet : Tu t’adresses différemment à chaque personne pour qui tu mixes. Je pars sur une base pour que les artistes puissent travailler et ensuite je fais évoluer chaque départ tant au niveau des couleurs que du mix. Ce que j’aime bien avec les ears c’est que tu peux aller vraiment très loin dans un sens comme dans l’autre. On peut faire des wedges dans les ears comme pour Johnny ou bien aller vers des mix plus léchés. Il n’y a pas de règles strictes, et rien ne fonctionne tout le temps. Il faut se donner le luxe d’essayer car personne n’a la science infuse, pas plus nous que les autres. Quand un artiste ou un musicien veut essayer un truc, il faut se lancer, c’est comme ça qu’on fait avancer notre métier.

Un des aspects qui m’a fait prendre mes distances avec les grosses tournées, c’est justement l’impossibilité de tester des nouveaux systèmes du fait de la forte baisse des budgets. Je ne suis pas un adepte de l’escalade technique mais c’était sympa de pouvoir tester des configurations inédites. Non seulement c’est fini mais dernièrement je me suis retrouvé avec une PM1D et des vieux racks de préamps. Quand j’ai demandé les RH on m’a dit “non tu comprends, ce n’est pas possible et en plus on a fait des essais, les anciens sonnent mieux que les nouveaux (!)” C’est ça, prends moi aussi pour un…(Rires, et pas qu’un peu NDR). C’est galvanisant cette quête du -toujours mieux- et j’adore être tiré par les demandes des artistes aussi difficiles soient-elles.

SLU : Le fait d’être maintenant à la face ne te prive-t-il pas trop de ce contact privilégié avec les musiciens ? Tu n’as plus 10 personnes mais 6000 à satisfaire !

Rémy Blanchet : Si, il me manque l’osmose, l’influence réciproque entre les musiciens, les artistes et le technicien aux retours, et qui ne peut exister que sur scène. L’osmose se crée car tu leur envoies un signal qui, d’une certaine manière, magnifie leur jeu et leur art. Il se crée alors une conjugaison dont tu fais partie. Quand tu es devant, les musiciens ne ressentent pas ce que tu peux faire, c’est donc un plaisir plus égoïste, même si c’est vrai que tu peux apporter un peu plus artistiquement que derrière, cela dit même aux retours tu peux apporter une certaine touche créative, mais uniquement dans des ears, pas dans les wedges.

…et le public

Rémy aux commandes de sa Pro9 Midas pour Damien Saez.

Rémy aux commandes de sa Pro9 Midas pour Damien Saez.

SLU : Artistiquement, tu mixes comment une face ?

Rémy Blanchet : D’abord j’aime la dynamique et je sais parfaitement ce qui sort de ma console donc je suis en mesure de savoir identifier un problème de diffusion si je n’entends pas ce je devrais. Ensuite j’évite d’insérer des traitements dynamiques pour corriger un son qui ne sort pas, je privilégie le travail à la source.

Je ne pars que rarement dans des délires techniques, ça ne me convient pas. J’ai eu la chance énorme de côtoyer durant quelques dates Dave Natale, un autre senior de Clair. Il s’agissait du Wildest Dreams World Tour de Tina Turner. Même si je ne vois pas tout à fait les choses de cette façon-là, car j’aime aller plus loin dans mon travail, l’exercice est très intéressant et extrêmement formateur. Dave privilégie tout ce qui se passe avant de toucher la console comme le choix des micros, des câbles, les placements bref, tout le synoptique audio lui permettant de juste faire les gains, ouvrir les tranches à zéro et basta. Ça sonne. Bien entendu ce qui se passe sur scène doit être du très haut niveau, il n’empêche que mixer sans même un seul compresseur dans une PM4000 avec juste une réverbe pour Tina, il faut oser ! Peut-être que si j’avais fait plus de studio je penserais autrement mais il faut reconnaître que l’adage “shit in, shit out” est toujours d’actualité.

Si ce que tu reçois n’est pas bon, ça ne sert à rien de t’escrimer à l’améliorer. Si en revanche tu fais du rock et que ça envoie bien velu, tu ouvres les vannes et ça sort tout seul ! Je ne comprends pas, dans certains festivals où j’assure l’accueil, le raisonnement des ingés qui ont à peine le temps de faire un line check, et la première chose qu’ils te demandent ce sont les inserts ! Il serait peut-être plus judicieux de faire du son d’abord, non ? Cela dit, chacun bosse à sa manière et ce que je pense n’a aucune valeur d’exemple. Tu tombes parfois sur des mecs comme Jean-Marc Hauser…

SLU : Qu’est-ce qu’il taille bien !

Rémy Blanchet : Exactement. Si tu n’entends pas ce qu’il fait et regardes juste sa console, tu te demandes vraiment comment il fait, d’autant que les égaliseurs de la Vi sont puissants et l’échelle de la visu écrase tout. On en a parlé tous les deux, et même si on ne fait pas du tout la même chose, on est tombé d’accord sur la conclusion que ce qui compte, c’est le résultat.

A propos des afficheurs, il y a une sale habitude qui se répand et qui consiste à travailler avec les yeux plus qu’avec les oreilles. C’est dangereux car en plus les affichages diffèrent de modèle en modèle, et donc on ne peut pas retrouver une égalisation simplement en recherchant le même dessin ! Je me souviens que la première fois où j’ai eu une PM1D entre les mains, j’ai tout de suite paramétré l’affichage pour que ne surgisse pas automatiquement ma courbe à chaque retouche, une courbe complètement abstraite. C’était presque une hantise pour moi ! On travaille à l’oreille comme le public écoute avec ses oreilles. Je ne veux pas être influencé par des graphiques en couleurs.

SLU : Est-ce que ta manière de travailler a été influencée par XaXa et son style ?

Rémy Blanchet : Non pas du tout. On a toujours été très indépendants. On n’a jamais partagé de surface ni de préamplis. Je sais pour avoir écouté dans des ears ce qu’il fait, qu’on ne bosse pas du tout de la même façon, au même titre qu’on ne travaille pas de la même façon avec Jean-Marc. Bien sûr on a en commun avec XaXa le respect de la dynamique et le fait d’être au service des gens et des musiciens. C’est un tueur XaXa (rires !)

Envie d’évasion ?

SLU : Comment ça se fait que le contact avec Clair ne t’ait pas donné des ailes pour tenter l’étranger ?

Rémy Blanchet : J’ai failli, j’aurais dû mais j’ai manqué de c… J’ai toujours voulu aller en Angleterre. Etant gosse, j’aurais même voulu être anglais c’est dire ! Regarde ma peau (il a cramé sévère durant l’interview. Eh oui, il y avait du soleil… NDR), elle serait parfaite pour un anglais non (rires) ? J’aurais aimé travailler pour Britannia Row. Encore aujourd’hui, si l’occasion m’est donnée, je ne dirai pas non. La seule chose qui me freine, c’est le climat. J’adore les anglais, leur musique et leurs artistes mais pas leur météo !

Willie Williams de Clair avec son fameux fauteuil pour Farmer à Grenoble en 99.

Willie Williams de Clair avec son fameux fauteuil pour Farmer à Grenoble en 99. Y’a pas que les navigateurs en solitaire qui dorment quand ils le peuvent !

SLU : Comment avez-vous été pris par ce mastodonte qu’est Clair ?

Rémy Blanchet : Le mérite en revient à XaXa. Il est très fort. En 93 il a réussi à être aux retours de la première tournée de Vanessa Paradis, alors que personne ne le connaissait, et il a œuvré pour que Clair soit le prestataire. On était comme des fous. Nous rêvions de cette boîte depuis toujours. Le chef d’équipe Willie Williams et XaXa ont bien accroché, ce qui nous a après coup ouvert les portes de Johnny.
On a beaucoup appris avec eux mais aujourd’hui, avec du recul, je trouve leur mode de fonctionnement trop codifié et strict, il ne me conviendrait plus trop. Je me souviens d’avoir bataillé avec XaXa pour ne pas avoir aux retours leur standard composé d’une Digi Profile et de liaisons en Shure PSM700. Autant les 600 et les gammes d’après sonnent bien, la 700 en revanche… Chez Dushow, et Dieu sait s’ils sont critiqués, ils sont toujours à l’écoute des techniciens car, à la base, ce sont tous des techniciens. Quand tu leurs dis que tu veux essayer une machine, si c’est possible ils vont te l’avoir. Chez Clair tu ne pars pas dans l’ésotérique, en revanche en méthodologie de travail, c’est énorme. Je suis par ailleurs un inconditionnel du S4. Je me souviens d’un concert d’Elton John lors d’un festival avec 90 S4 par côté. J’avais jeté un coup d’œil à la remote TC. Il y a avait -2 dB à 630Hz, -2 à 6,3kHz et c’était juste parfait. Après il y avait eu Rod Steward. Le mec au son avait du matos à ne plus savoir qu’en faire et il avait passé tout le concert à regarder ses racks, fier de les voir clignoter dans tous les sens. Le son était à chier. Le même jour. Le matos ne fait pas tout”.

“ Un grand merci à ma tribu Tom, Johan et Audrey ! ”

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Communiqué du Synpase

Conséquences de la sous-traitance de fabrication de décors à l’étranger

Les organisations représentatives de salariés du spectacle (F3C-CFDT, CFE-CGC Spectacle, SPIAC-CGT, SYNPTAC-CGT, FASAP-FO) et d’employeurs (SYNPASE), de la branche des entreprises prestataires techniques pour le spectacle, se mobilisent contre le phénomène croissant de sous-traitance à l’étranger de la fabrication de décors pour la télévision. Ce phénomène d’ampleur concerne les chaines privées et publiques.

Philippe Abergel, délégué général du Synpase : “Nous subissons depuis plus de deux ans un mouvement massif de délocalisation de la fabrication des décors. Certains donneurs d’ordre profitent de réglementations sociales plus favorables dans des pays voisins et organisent ainsi une politique de dumping social intra-européenne néfaste. Malgré nos alertes répétées auprès des Ministères de la Culture et du Redressement productif ces mauvaises pratiques perdurent.

Les conséquences de ce choix – essentiellement financier – favorisent :

  • La destruction d’entreprises (près d’une quinzaine) ;
  • La baisse des recettes de l’État (impôts, TVA, charges sociales, etc.) ;
  • L’augmentation du nombre de chômeurs (plus de 150 salariés permanents ont été licenciés) ;
  • L’augmentation du nombre d’intermittents indemnisés ;
  • La perte d’un savoir-faire français pointu et reconnu ;
  • La disparition de métiers très spécialisés.

Nous ne souhaitons pas stigmatiser tel ou tel pays ou encore remettre en cause le principe de libre circulation des biens et services au sein de l’Union européenne. Mais, nous voulons que :

  • les pratiques de dumping social soient circonscrites
  • Les acquis négociés de notre convention collective prévalent*
  • Les valeurs du développement durable soient respectées**

Nous en appelons solennellement à l’esprit de responsabilité des donneurs d’ordre audiovisuels, qu’ils s’agissent des chaines de télévision publique ou privée, de producteurs audiovisuels ou certains intermédiaires dans la fabrication de décors.

Enfin, si le sujet qui nous occupe aujourd’hui porte sur la fabrication de décors, d’autres métiers du spectacle sont touchés : doublage, tournages audiovisuels, etc. Aujourd’hui, c’est l’ensemble de notre écosystème qui est menacé par ces mauvaises pratiques sociales, économiques et environnementales. ”

*Convention Collective des entreprises techniques au service de la création et de l’Evénement.
**Label PrestaDD

Contact :

Site : www.synpase.fr 
Mail : [email protected]