Découpe à Led

Robert-Juliat Tibo 533

Robert Juliat TIBO

Chez Robert Juliat, quand on change de technologie, on ne fait pas les choses à moitié. Après avoir customisé sa gamme 614SX en source Led de 150 W (les découpes et Fresnel ZEP), notre constructeur français invente carrément un concept ultra-modulaire autour de sources Led plus modestes, permettant la réalisation de projecteurs infiniment plus compacts, légers et pratiques, disponibles au format découpe ou Fresnel, en température de couleur fixe ou variable, aux carrosseries multicolores. Bref que du choix. Pour faire le point voici notre test de la découpe led Tibo533 en 3 versions de blanc.

Un Tibo, deux Tibo, plein de Tibo doudou

Tout le monde connaît et apprécie les produits phares estampillés Robert Juliat. Le monde du Théâtre lui voue une reconnaissance éternelle. Ses découpes sont devenues encore mieux qu’une référence, un nom commun, et on peut enfin faire son malin à l’étranger avec des produits bien de chez nous. Malgré tout, face la déferlante des produits à base Led, je me sens obligé de faire un bref rappel. Les plus impatients de nos lecteurs pourront s’ils le désirent passer directement au paragraphe suivant où je les accueillerai avec plaisir dans un instant.

Pour les autres donc. Si certains constructeurs ont immédiatement changé de cap vers une nouvelle technologie à la mode, green, éco et futuriste, nos français ont surtout attendu que cette technologie soit assez au point pour contenter leurs clients et utilisateurs très exigeants. Surtout dans un milieu plutôt conservateur, et dont le budget ne permet pas un renouvellement annuel du parc d’éclairage.

Quand les premières Led blanches au rendement convenable et à la luminosité satisfaisante sont arrivées, Robert Juliat présenta en 2010 ses découpes 630SX équipées d’un bloc Led 85 W Aledin de BB&S. Comme pour la gamme 610, les découpes se différencient par leur zone d’ouverture mais aussi par le choix de la température de couleur : chaude (3500K) ou froide (5900K), cette dernière présentant l’avantage de rivaliser avec une 1000W halogène équipée en Lee Filter 201 (ce qui présente l’immense majorité des cas sur les plateaux télé, les conventions ou les défilés de mode) pour une consommation divisée par 12 !

Aledin

Aledin, La pionnière, avec son bloc alim immanquable.

Robert Juliat ZEP

Le vaisseau amiral de la gamme led, avec son nouveau menu et son alim intégrée parfaitement.


Robert Juliat Tibo

La petite dernière, la fameuse Tibo et son alim déportée.

Puis Robert Juliat décide d’améliorer son concept et de séparer cette nouvelle gamme en deux. Fidèle au design de la sacro-sainte 614 d’un côté, complètement homogène avec les immenses parcs de découpes halogène, l’entreprise française développe sa propre optique à Led 150 W, une alimentation et un menu spécifiques qui aboutit début 2012 aux découpes Zep, la gamme 640SX dans la terminologie Juliat. Dans des proportions plus resserrées que l‘Aledin, ce projecteur conserve lui aussi tous les avantages de manipulation et d’installation des gammes halogène 1000 W, toujours en trois zoom, en deux versions de blanc, chaud (3200K) ou froid (6000K) capable maintenant de rivaliser avec des découpes 2000 W.

Simultanément nait le concept Tibo. Plus discret en terme de puissance, mais avec des proportions et un poids considérablement réduits, un zoom 2-en-1, un large choix de sources (halogène, Led, puis décharge) et de coloris disponibles, cette nouvelle série au tarif agressif se veut le maillon manquant et le chantre d’une nouvelle philosophie ”Créative Concept Light”.

Tibo Led, prise en main et ergonomie

Si Tibo se décline en plusieurs versions suivant la technologie employée, sa coque en fonte d’alu reste la même. Ses dimensions réduites et son poids lui permettent de se faufiler partout. 53 cm de long, 29 de large, 40 de haut et 10 kg, vont changer les habitudes des utilisateurs de 614. Nous avons eu en test le Tibo 533 en 3 versions Led : blanc froid, blanc neutre et blanc chaud.

La lyre avec son index de site.

La lyre avec son index de site (la plaque circulaire grise autour de l’axe) et ses différents trous de fixation.

Le module des couteaux.

Le cerclage de rotation à 360 ° de la tête, la joli petite molette de serrage ”RJ” sur le côté gauche et le module des couteaux, ici au premier plan. Toutes les molettes, poignées et boutons sont enrobés de plastique pour un meilleur ”grip”.


L'arrière de la découpe.

L’arrière de l’appareil avec l’indication de version de led utilisée, ici CW comme Cold White.

La construction reste standard, avec le bloc arrière dédié à la source, prolongé d’une double poignée plutôt confortable. Ne vous inquiétez plus pour vos phalanges, la chaleur diffusée par le bloc Led est à peine tiède.
Deux vis pour le changement du bloc entourent la plaque d’identification. Un fin câble noir rejoint l’alimentation déportée de l’appareil.
Deux anneaux d’élingage sont situés de part et d’autres, juste avant les ailettes de refroidissement entourant le bloc optique.

La partie centrale accueille la fixation de la lyre, accompagnée de la fameuse poignée débrayable Juliat au design légèrement revu. Cette lyre offre six perçages pour les crochets et/ou la fixation de l’alim, trois au dessus et trois sur le côté. La fourche se raccorde au centre de la découpe et propose une contre-plaque indexée pour repérer l’azimut du projecteur pendant les réglages.

Vient ensuite une nouvelle poignée, élégamment formée des lettres R et J fusionnées, permettant le blocage et la rotation de la tête de projection sur 360°. La plupart des axes sont garnis de polytétrafluoroéthylène (du Téflon quoi), matériau idéal pour sa quasi absence de friction et sa grande solidité.

Un couteau et le porte gobo.

En détail, un couteau (notez la forme asymétrique usuelle chez Robert Juliat) et le porte-gobo taille ”M”, soit 66mm de diamètre, avec ses quatre pattes de blocage.

Gros plan sur le module accessoires, ici avec couteau et porte-gobo.

Gros plan sur le module accessoires, ici avec couteau et porte-gobo.


Le module ”accessoires” comprend le bloc couteaux et une fenêtre d’insertion pour un porte-gobo ou un iris. Les couteaux, d’un format forcément plus petit que ce que nous connaissions jusqu’à présent, autorisent différents réglages sans aucune difficulté. Je les trouve même plus faciles à insérer que ceux des 600 et 700SX. Un coup de blocage, un peu caché sous l’appareil, et plus rien ne bouge. Par contre ne les perdez pas. Leur petite taille, et l’absence de trou pour y glisser une élingue permettant de les amarrer tous ensemble, vous obligent un peu à les laisser dans le projecteur. Mais ils dépassent si peu une fois fermés que vous n’avez pas à craindre de les abîmer pendant le transport.

Le porte-gobo est très simple. Il s’insère via une double glissière et reste en place grâce à la languette de blocage (qui a la même forme que les poignées de couteaux). Les gobos tiennent avec 4 pattes de fixation. Ils seront de taille M (soit un diamètre utile de 48 mm) en métal ou en verre, mais rien ne vous empêche d’utiliser des feuilles plastique imprimées par vos soins lorsque vous prenez l’option Led (enfin vous pourrez recycler vos transparents de rétroprojecteur !). L’iris prendra la place du porte-gobo, si l’occasion se présente, mais vous ne pourrez pas mettre les deux ensemble.

La tête de projection complète le dispositif. Les nouvelles molettes RJ situées de part et d’autre permettent le réglage du zoom et de la focale. Pas de repères cette fois-ci, mais un zoom 2-en-1 plutôt intéressant : avec son jeu de deux lentilles, l’amplitude de zoom de base est de 30° à 45°. En ouvrant le capot du dessus, vous pouvez ôter d’un simple clip la première lentille, et voilà votre amplitude zoom vient de passer de 15° à 35°. Ce dispositif unique en son genre représente une solution budgétaire pertinente pour de nombreux utilisateurs. Il faudra prévoir cependant un endroit ou ranger les précieuses lentilles une fois retirées. Enfin les glissières-avant permettent l’insertion de porte-filtres de toute sorte. Les nouveaux porte-filtres sont d’ailleurs maintenant équipés de deux petits trous aux dimensions exactes des agrafes standard. Un petit coup d’agrafeuse et votre gélatine sera maintenue en toutes circonstances.

La lentille optionnelle qui permet de changer la plage de zoom.

La fameuse lentille optionnelle, avec son mini quart de tour de type camelock en haut à droite pour la fixation.

Capot ouvert.

Capot ouvert, près de la lentille du fond ; une plaque trouée. C’est ici que vous glisserez et fixerez la lentille amovible.


Un bloc d’alimentation PWM (à découpage) est apparié au bloc Led de chaque version. Celui-ci est relié via un câble spécifique d’un mètre, inamovible hors SAV, et peut se fixer directement sur la lyre du projecteur, ou être accroché à part grâce à son crochet. Peu encombrant (29 x 20 x 6 cm), d’un poids de 2 kg, il est parfaitement silencieux et possède d’un côté les entrées-sorties DMX 5 broches, et de l’autre les alimentions d’entrée et de recopie au nouveau format Neutrik powerCON True One, électriquement sécurisé et surtout permettant, contrairement au powercon standard, de raccorder directement un connecteur mâle à un connecteur femelle si besoin de rallonge.

L’alimentation côté DMX, l’antenne à gauche est pour le WiFi.

L’alimentation côté DMX, l’antenne à gauche est pour le WiFi, mais attendez vous à une antenne interne ou souple dans la version définitive.

Le nouveau connecteur secteur PowerCon True One, cerclé de jaune.

Le nouveau connecteur secteur PowerCon True One, cerclé de jaune.

On a toujours du mal à s’habituer aux économies électriques mais sachez que vous pourrez chaîner, sur la même ligne électrique 16 A, jusqu’à 35 Tibo 533, soit plus que sur la ligne DMX, limitée par sa norme à 32 unités. Je ne sais pas vous mais moi ça me laisse rêveur.
Un interrupteur ainsi qu’un disjoncteur thermique réarmable, ce qui nous évitera de chercher sans fin un fusible en cas de problème pour finir au papier alu, complète le dispositif. Un récepteur wifi, proposé par Wireless solution, est disponible en option. Enfin le menu de contrôle, auquel les utilisateurs traditionnels devront s’intéresser, orne la face avant. Je vous le décris de ce pas en détails.

Menu et paramètres

L’afficheur LCD se cale à l’allumage sur son premier menu, « DMX config ». Dès ce moment, un raccourci est à connaître absolument : un appui franc sur la touche ”Exit” allumera la découpe pendant 1 mn pour les réglages, ou jusqu’au prochain appui sur cette même touche. Cette fonction est le mode ”Focus” qui permettra aux électros de régler leurs projecteurs sans intervention du pupitreur.

Le menu avec ses quatre boutons de commande et ses voyants de contrôle.

Le menu tout en bleu, avec ses quatre boutons de commande et ses voyants de contrôle. Oui moi aussi les abréviations utilisées m’ont paru louches…

L’adresse DMX sera la première information à donner à l’appareil. Suivant le mode, les références DMX des autres canaux seront précisées. Tout d’abord une gradation sur 8 ou 16 bits, soit une précision de 255 ou 65 535 pas, ce qui nécessitera 2 canaux DMX à la console, puis l’ajout, ou non, du mode stroboscope, pour un canal supplémentaire.

Le mode Master rajoute lui aussi 1 canal DMX. Ce mode particulier permet à la fois au pupitreur, mais aussi à un technicien en local (grâce à un potentiomètre en option), de contrôler l’intensité du faisceau. Ce canal agit comme un seuil maximum que ne pourra dépasser le technicien en manuel. Le niveau minimum étant fourni par le canal de dimmer, l’opérateur local pourra donc varier le flux de l’appareil entre ces deux valeurs. Bien sûr ce mode très particulier concerne plus particulièrement les poursuites mais le menu étant le même dans tous les projecteurs de la nouvelle gamme Led Juliat, rien n’interdit son utilisation. Ce premier menu résume aussi clairement, outre l’adresse, la valeur d’intensité DMX et le mode de commande choisi.

Un deuxième menu donne les valeurs locales. Un réglage de gradation peut être effectué et mémorisé directement via ce menu.

Le résumé des paramètres du menu.

Le résumé des paramètres, au format petites annonces. Je traduis : Utilisation du dimmer en 16 bits, courbe de gradation ”Square”, inertie ”slow”, mode de découpage PWM, avec un coin stroboscope.

Le troisième menu paramètre les différentes options. La résolution du dimmer en 8 ou 16 bits donc, la courbe de gradation ensuite. Deux choix sont possibles : une gradation linéaire (Linear), très stricte, ou une courbe (Square) plus proche du fonctionnement d’un projecteur halogène.

Le lissage de la courbe d’intensité est aussi un paramètre très appréciable, le « smoothing » permettant de recréer l’amortissement d’une lampe tungstène. En smoothing fast, l’inertie est celle d’une lampe halogène 600 W, en slow celle d’une 1000 W, et without forcément, pas d’inertie du tout.

Le mode de gradation, lui aussi réglable, précise la manière dont fonctionne l’alimentation à découpage électronique, influençant sur les scintillements de la lampe (de toute façon visible seulement avec une caméra ou un œil bionique). La commande PWM, ou modulation de largeur d’impulsions, créé un signal continu (la valeur du dimmer dans le cas qui nous intéresse) à partir d’un signal cyclique, ici à la fréquence de 23,8 kHz. Ce mode est très précis mais peut créer des scintillements si la fréquence de la caméra se révèle être un multiple ou une division de la fréquence porteuse. Le mode ”Free” est une simple commande en courant continu directement, pas de scintillement donc mais peu de précision à bas niveau et un premier pas d’intensité à 5% seulement. Le mode ”Mixte” réconcilie donc ces deux mondes en utilisant automatiquement le mode PWM de 0 à 15 % et le mode Free à partir de 15 %.

Le strobe, à choisir d’activer ou non dans les paramètres suivants, se synchronise directement sur la trame DMX. Avantage, toutes les Tibo se coordonneront parfaitement. Inconvénient, cela provoque des à-coups le temps de chercher la bonne fréquence à la console. La fréquence du stroboscope est très large, variant entre 1 et 55 Hz.

Vous choisirez ensuite les options ”poursuites” en validant le mode master et le contrôle analogique.

Le dernier réglage se veut un calibrage de votre projecteur au sein de votre parc. Si celui-ci se révèle plus puissant que les autres (dans le cas où il n’aurait jamais servi, oublié au fond du cafoutch) vous pourrez limiter son éclairement maximum sur une échelle particulière comportant 32767 pas (c’est précis ça). Ce n’est pas un seuil puisque le processeur intégré calculera toutes les courbes de gradation avec cette nouvelle valeur.

Le quatrième menu regroupe tout un tas d’informations : les compteurs d’utilisation, les tensions de fonctionnement, température et vitesse de rotation du ventilateur, etc. A chaque fois, vu qu’aucun d’entre nous ne connaît ces valeurs par cœur, un petit sigle OK ou, malchance, un No OK apparaît pour valider les informations.
C’est aussi dans ce menu que l’on remettra à zéro tous les paramètres d’usine.

Le dernier menu ne sert qu’à l’activation du wifi.

Enfin, pour une lisibilité immédiate, un voyant d’état système renseigne en temps réel. Celui-ci est vert, un signal DMX arrive bien. Il devient rouge, il y a problème de réception DMX ou un défaut système. La présence du DMX sans fil se signale par un logo spécifique.

Mesures

Ayant reçu trois versions de Tibo à Led – blanc froid, blanc neutre et blanc chaud – nous avons décidé de passer au banc test complet une seule des trois, en l’occurrence la blanc froid et effectué les mesures de flux des deux autres pour un angle de 20° à titre de comparaison.

Suivant les sources utilisées (Led, tungstène, décharge) le flux lumineux diffère complètement, ce qui est fort logique, mais les consommations électriques aussi. Il parait plus judicieux de parler en terme de rendement, soit le rapport entre puissance électrique et puissance lumineuse, et d’inclure aussi le paramètre de température de couleur. La Tibo à Led en version blanc froid n’a comme équivalent qu’une découpe à incandescence gélatinée en 201 ou 202 Lee Filter. Avec ceci en tête nous pourrons évaluer correctement les mesures suivantes.

Tibo 533 Cold White (6500K)

Derating

Courbe de derating. La baisse de flux à chaud ne dépasse pas 6 %.

Courbe de derating. La baisse de flux à chaud ne dépasse pas 6 %.

Comme pour toutes les sources à Led, le phénomène de ”derating” est à mesurer. La baisse de flux de la Led après plusieurs minutes de fonctionnement à pleine puissance est ici parfaitement maitrisée. L’atténuation ne dépasse pas 6 % pendant les 10 premières minutes avant une parfaite stabilisation du flux, signe d’un refroidissement efficace et d’une alimentation de qualité.

Mesures faisceau serré

Mesures d'éclairement de Tibo en blanc froid (CW)

Mesures d'éclairement de Tibo en blanc froid (CW), faisceau serré.

Mesures de flux de Tibo en blanc froid, faisceau serré.

Mesures de flux de Tibo en blanc froid, faisceau serré.

Profil du faisceau serré.

En faisceau serré, sans la lentille amovible, nous calculons une ouverture de 17°, un peu supérieure aux 15° annoncés par le constructeur. Le flux est très homogène, avec un point chaud en cône moins marqué, et un flux de 3300 lumens.

Mesures faisceau large

Mesures d'éclairement de Tibo en blanc froid (CW), faisceau large.

Mesures d'éclairement de Tibo en blanc froid (CW), faisceau large.

Mesures de flux de Tibo en blanc froid (CW), faisceau large.

Mesures de flux de Tibo en blanc froid (CW), faisceau large.

Profil du faisceau large.

En faisceau large, en remettant la lentille amovible, nous obtenons une ouverture de 52°, soit 7° de mieux que le constructeur qui, une fois n’est pas coutume, préfère se laisser une marge de sécurité. Le faisceau s’enrobe, et hormis deux petites irrégularités vers la zone des 30° où s’effectue la transition entre les deux lentilles, est bien homogène. Le flux se stabilise alors à 3100 lumens. Sur toute la plage de zoom, avec ou sans la lentille additionnelle, la puissance lumineuse ne varie pas de plus 13%, une très bonne moyenne.

Mesures faisceau 20°

Mesures d'éclairement de Tibo en blanc Froid (CW), angle 20°.

Mesures d'éclairement de Tibo en blanc Froid (CW), angle 20°.

Mesures de flux de Tibo en blanc froid (CW), faisceau 20°.

Mesures de flux de Tibo en blanc froid (CW), faisceau 20°.

Profil du faisceau pour un angle de 20°.

En utilisant la découpe à  20° nous mesurons un flux de 3600 lumens, avec un faisceau très homogène et un point chaud présent mais étal.

Tibo 533 Neutral White (4000K)

Mesures d'éclairement de Tibo en blanc neutre (NW), faisceau 20°.

Mesures d'éclairement de Tibo en blanc neutre (NW), faisceau 20°.

Mesures de flux de Tibo en blanc neutre (NW), faisceau 20°.

Mesures de flux de Tibo en blanc neutre (NW), faisceau 20°.

Le flux mesuré à 20° est quasiment identique en blanc neutre et en blanc froid. Nous obtenons 3630 lumens pour un faisceau lui aussi très homogène.

Tibo 533 Warm White (3000K)

Mesures d'éclairement de Tibo en blanc chaud (WW), faisceau 20°.

Mesures d'éclairement de Tibo en blanc chaud (WW), faisceau 20°.

 

Mesures de flux de Tibo en blanc chaud (WW), faisceau 20°.

Mesures de flux de Tibo en blanc chaud (WW), faisceau 20°.

En blanc chaud, Tibo ne se démarque de ses sœurettes que par un flux plus faible : 3180 lumens. Cela s’explique tout simplement par la couche de phosphore supplémentaire déposée sur la Led pour obtenir justement du blanc chaud.

Enfin une quatrième Tibo va maintenant être proposée, en blanc variable de 2700K à 5700K directement en DMX. Elle n’était pas disponible au moment du test.

Comparons les rendements

En analysant plus finement ces résultats, nous pouvons déterminer un rendement lumineux, s’échelonnant entre 42 et 46 lumens/W.

A titre de comparaison, une découpe 614SXII produit un flux d’environ 5500 lumens pour un rendement d’à peine 6 lm/W. L’intensité lumineuse reste bien supérieure à celle d’une Tibo, mais si vous exploitez votre découpe en température du jour, dans la plupart des cas en lui rajoutant une gélatine 201 Lee Filter, le flux de votre découpe halogène tombe alors aux alentours de 2000 lumens, soit 45 % de moins qu’une Tibo équipée en blanc froid !
Quant à la Tibo en blanc chaud (WW) elle se mesure sans problème avec une découpe halogène de 600 W.

Mesures thermique et sonore.

Les Tibo à Led utilisent un ventilateur spécifique absolument silencieux à ailettes circulaires. La ventilation s’effectue de manière automatique suivant la température de jonction de la Led. En cas de surchauffe, le courant alimentant la diode diminue progressivement.
L’alimentation elle, ne nécessite pas de refroidissement.

Ainsi les découpes Led restent absolument silencieuses, comme exigé dans les théâtres.

Utilisation

Dimmer

La qualité de la Led est indéniable. Le faisceau obtenu est pur, cohérent, le rendu un peu « synthétique » de la Led étant à peine perceptible. Le point chaud est présent, comme dans toute découpe, mais reste diffus. Comme toujours chez Robert Juliat, les optiques sont de bonne qualité. Malgré un prix serré et une taille réduite, la projection est propre, sans bavure, sans toutefois atteindre la perfection d’une SXII. Depuis la console, le large choix de niveaux, courbes et inerties de gradation permet un contrôle précis et une similitude frappante avec les projecteurs halogène, surtout en mode « square ». Ce qui surprend le plus, subjectivement, c’est l’absence de variation chromatique suivant l’intensité. Le faisceau ne rougeoie plus à basse valeur, au grand dam des aficionados du filament.

Courbe de dimmer ”Linear”

Courbe de dimmer ”Linear”

Courbe de dimmer ”Square”

Courbe de dimmer ”Square”

Focus et zoom

Le design très agréable n’a pas oublié la maniabilité de la découpe. L’utilisateur habitué retrouvera ses habitudes : les molettes serrent vite et bien, le projecteur est bien équilibré.
Les réglages de zoom et focus perdent en plage d’utilisation, et deviennent un peu plus grossiers. La lentille démontable permettant une double plage de focales est une bonne idée, même si cette pièce nous reste un peu sur les bras une fois ôtée. Par contre l’absence de repère sur les glissières de focus, ainsi qu’une netteté quelquefois subtile à trouver aux marges extrêmes de zoom nous rappellent que cette découpe a dû trouver des compromis entre une technologie très aboutie et un tarif accessible à la majorité des théâtres.

Couteaux et gobos

L’avantage de la source Led est la quasi absence de chaleur dans la tête de projection. Les gobos offrent une bonne précision et une excellente tenue dans le temps, même ceux en plastique.
Les couteaux se manipulent aisément. La plage focale est très fine, attention aux réglages en zoom large. L’insertion des couteaux permet de les orienter fortement. On peut ainsi obtenir des formes rectangulaires mais aussi trapézoïdales ou triangulaires. La tête permet elle une rotation de 360°, avec un blocage très rapide.

Gobo grillage focus projeté sur le mannequin.

Gobo grillage focus projeté sur le mannequin.

3 couteaux insérés dans le faisceau.

3 couteaux insérés et un effet étrange, le faisceau nu est net sur le mannequin mais les couteaux le sont sur le fond.


Contrôle

Outre le DMX et l’utilisation manuelle, une option Wifi est possible. Le système est développé par Wireless Solution et réagit parfaitement. Il est possible de récupérer le signal Wifi par une première découpe, puis de transmettre le DMX de façon filaire aux suivantes.
Si vous voulez utiliser le protocole RDM, sachez qu’il est compatible avec le hardware, et qu’une mise à jour software (en SAV seulement) permettra prochainement une compatibilité complète.

Construction

La découpe est assemblée par modules complets, permettant une transformation assez aisée entre source Led, tungstène et décharge ; mais aussi un entretien simplifié. La fabrication et l’assemblage, comme la Cancoillotte, est 100% Française. Le corps de l’appareil est composé de deux demi-coques en fonte d’alu, percées de vis auto-taraudeuses pour un ajustement optimum. Le porte lentille avant, arrière, l’ensemble bloc couteaux et la lentille principale sont communs à toutes les découpes. Toutes les poignées et tous les boutons sont imperdables. L’accès aux lentilles est facilité pour le nettoyage.

Le bloc Led est plus particulier. Comme nous l’avons vu, il nécessite une alimentation déportée, spécifique à chaque type de Led. Cet ensemble est donc unique, relié par cordon spécifique inamovible, et ne peut être séparé par l’utilisateur. Cette alimentation à découpage sans ventilateur est aux normes d’éclairage architectural. Elle ne provoque pas d’appel de courant (soft start), les 85 W de fonctionnement maximum ne seront jamais dépassés, même à l’allumage. Sur une seule prise standard de 16 A, 35 unités pourront réellement être alimentées. Le bloc Led s’insère dans un dispositif de ventilation ellipsoïdal, et projette son flux lumineux au travers un système de double condenseur traité, lentille asphérique puis bi-convexe.

Verdict

Robert Juliat complète sa gamme avec une excellente petite découpe d’appoint, apte à se faufiler dans n’importe quel lieu pour une efficacité redoutable, avec un concept modulaire et unique très complet, au prix cependant d’une optique un poil moins parfaite que celle des best seller de la gamme traditionnelle. La Led et ses avantages en termes de poids, rendement et faible consommation, bouleversera un peu les d’habitudes, obligeant à passer par un réseau DMX et à la bonne maitrise du menu utilisation, mais ces contraintes sont mineures face à l’avantage d’abandonner d’une partie des lourds réseaux électriques et les gradateurs.

DMX
Caractéristiques Tibo
Caractéristiques

 

Bibou et Loïc Letort, les hommes de la face

Tryo FOH

Tryo en concert

Après avoir partagé la régie retours avec Manue Corbeau, en route pour les hommes de la face, j’ai nommé Loïc Letort au système et parfois au mix et Bibou au mix et pas trop au système, il nous dira pourquoi. Comme avec Manue, nous avons tourné une vidéo de la régie FOH comme si vous étiez. Tryo à Bordeaux, y’a qu’à cliquer !

Bibou et LoIc Letort

Bibou avec son costume de scène et Loïc Letort très corporate en habits Tryo ! Ehh oui, Bibou en tant que 5è memebre du groupe participe activement à cette tournée au cours d’un titre endiablé où il danse dans sa régie sous la lumière des projecteurs. Je vous confirme que le public qui le connaît depuis toujours adore !

SLU : Comment organises-tu ton arrivée dans une salle comme Meriadeck.

Loïc Letort (Ingé système) : Rien de spécial. On a un cadre de scène et des décors imposés, ce qui rend l’accroche identique à chaque date. Pour cette tournée j’ai une ouverture de 18,20 mètres, et ce sont les riggers de Stacco qui me préparent tout.

Je ne suis pas un mec chiant, si ça les arrange de bouger une accroche de 30 centimètres je dis toujours oui. Après l’accroche je reprends les mesures de la salle pour calculer les hauteurs et les angles…

On Off

SLU : Tu fais ça quand ?

Loïc Letort : Le matin quand j’arrive, c’est la première chose dont je m’occupe. Je rentre les mesures dans l’ordi et après avoir vu avec la Prod la jauge pour savoir où cela va être occulté ou pas, je lance l’Array Calc. Je dispose des cotes exactes de la salle par On-Off et les gars qui ont fait ici M Pokora, ce qui ne m’empêche pas de reprendre certaines mesures liées à l’emplacement de ma scène.

Visite de la régie en vidéo

Accroche et calage du système J par Loïc

SLU : Tu as les boîtes du haut à +2…

Loïc Letort : Oui, elles sont dévolues au haut de la salle, aux gradins tout là-haut ; même si je n’ai pas « arqué » au delà du raisonnable, je dois aller taper avec celles du bas au pied du proscenium !

SLU : Comment gères-tu la balade du groupe au milieu de la salle au niveau de ton calage ?

[private]

Loïc Letort : Je fais cela en séparant les deux dernières J8 et les deux J12 en bas de l’Array de sorte à pouvoir les égaliser différemment car ce sont elles qui couvrent la partie où les artistes vont aller chanter.

Je gère ces 4 boîtes par côté avec le R1 grâce auquel je peux changer le niveau et l’égalisation juste pour la partie du concert qui le nécessite. Ca c’est la solution extrême, sinon je me sers d’une égalisation anti Larsen spécifique sur le Lake qui en général suffit, et que je teste longuement, micro en main, dans chaque salle. (Il me montre la courbe…vache ! NDR)

La batterie de C4Sub et Top

La batterie de C4Sub et Top en charge de remplir tout ce que les J8 et même les J12 en bas de ligne laissent pour compte. Economies obligent, les spectateurs placés sur les bords de la scène tout en haut et tout en bas, ne sont pas directement couverts.

Je ne peux pas faire autrement. J’ai tout de même deux Beta 98, trois micros HF plus trois guitares et encore, chaque soir on a des surprises, et avec Bibou on veille chacun sur nos outils, lui les volumes et moi le Lake pour tailler dans chaque départ d’accrochage potentiel, les yeux rivés sur le Flux. Parfois c’est net, d’autres plus flou et ça nous aide bien de visualiser les choses.

On fait, l’espace de quelques chansons, vraiment un mix à quatre mains. Lors de la tournée de 2009 j’avais pu éviter le proscenium par le calage des boîtes. Cette année c’est une toute autre histoire.

SLU : Tu as délibérément oublié les sièges latéraux bas, non ?

Loïc Letort : J’ai fait avec ce dont je dispose, et Meriadeck plus qu’ailleurs est un jeu de compromis. J’en suis navré mais je ne peux pas faire autrement. Comme tu l’as vu mes lignes sont très hautes ; la dernière J12 est à 8,50 m du sol. J’ai tenté de baisser un peu lors de la date d’Orléans mais je n’ai pas du tout aimé mon bas, surtout le cajon de Daniel lorsqu’il en joue sur une partie de décor en forme de toit et qui forme une caisse de résonance venant s’ajouter à celle de l’instrument lui-même.

Une partie de la puissance à cour, toute en D12.

Une partie de la puissance à cour, toute en D12. Comme les contrôleurs d&b ne sont que stéréo et qu’un JSub mange deux canaux, ça fait beaucoup de racks. Pour les observateurs on aperçoit au centre de l’image un LM44 Lake.

À défaut de pouvoir couvrir parfaitement toute la salle, je demande à la Prod de concentrer le public vers le centre de la salle et d’éviter qu’il aille là où le son ne peut pas aller. Enfin j’ai dû modifier le positionnement de mes in fill et out fill pour des raisons esthétiques et pratiques ce qui n’arrange rien. Compromis quand tu nous tiens…

SLU : Comment gères-tu la stéréo avec tes boîtes au sol ?

Loïc Letort : Très simplement. Le côté gauche va dans les enceintes de gauche et pareil à droite. Je n’ai fait aucun croisement.

Les subs tenus en laisse

L’ArrayCalc

L’ArrayCalc dans toute sa splendeur avec la totalité des infos nécessaires à l’accroche et la prédiction du résultat. Est visualisée la page des lignes de J8 et J12.

Les quatre JSub de cour surplombés par deux C6.

Les quatre JSub de cour surplombés par deux C6 afin d’épicer un peu l’avalanche de grave qui submerge inévitablement les premiers rangs. On distingue au sol une moquette noire sur laquelle des traits de ruban adhésif blanc dessinent l’emplacement exact où installer chaque caisson.


SLU : Le placement et le calage de tes subs au sol…

Loïc Letort : Ca sort encore et toujours de l’Array Calc. Dans la case Sub Arrays, tu indiques ton nombre de subs, l’ouverture que tu veux et ton rapport de diffusion. Partant de là, le soft t’indique la distance séparant chaque sub…

SLU : Et l’angle que tu leur as donné ?

Loïc Letort : C’est toi qui le détermine afin d’être plus homogène sur toute la surface à couvrir. Si tu ne les tournes pas, tu vas avoir un gros « couloir » puissant et droit. Je préfère mieux répartir quitte à réduire ma portée, un bas plus doux et dans l’esprit Tryo. Cette répartition reste la même de salle en salle d’où les marques faites sur une moquette sur laquelle reposent les deux rangs de subs. Ça facilite le montage, et ça les empêche de tourner sur les sols en béton des Zéniths qui ne sont pas super lisses.

SLU : A ce point ?

Loïc Letort : Ahh oui ils bougent tout de suite si je ne les cale pas. Au premier coup de grosse caisse ça fout le camp (rires). Je profite de mes subs pour poser un front fill en C6. Mon idée de départ était d’accrocher les subs derrière les J. Ca marche super bien mais, pour diverses raisons propres à cette tournée, cela n’a pas pu se faire.

SLU : Ils ne jouent pas fort tes C6 !

Loïc Letort : Je ne suis pas un adepte de la patate dans la figure, et c’est pareil pour les subs. J’essaie toujours de ne pas empiler afin d’éviter de tuer les gens devant. C’est juste étouffant sinon.

SLU : Tu les filtres comment tes subs ?

Loïc Letort : Ils sont en mode ”open band” et je les filtre dans le Lake à 88Hz. Les J coupent à environ 80 Hz de façon assez franche.

Huit J8 et deux J12 en bas de ligne pour mieux couvrir le parterre.

Huit J8 et deux J12 en bas de ligne pour mieux couvrir le parterre, un montage classique mais très efficace. Par rapport à la J8 la J12 perd deux dB de rendement en large bande et sans doute un peu plus juste dans l’aigu, mais offre 40° de plus d’ouverture horizontale.

SLU : Tu arrives à le faire monter dans les gradins ton grave ?

Loïc Letort : Non pas trop, je n’ai pas pris d’échelle (rires). Oui, ça va, avec bien sûr une zone préférentielle sur le parterre, le bas des gradins et le balcon arrière. Cette salle a la particularité de bien s’arranger avec le public, plus que d’autres, et j’ai vu que le revêtement en dalles du sol a changé, ce qui m’arrange car j’avais bien galéré en 2009 à cause de ça. Je n’ai pas trop taillé dans mon égalisation des subs par rapport à un Zénith. C’est bon signe. Le cajon passe bien. Tu me diras, si tu n’arrives pas à faire cajon, voix et guitares, t’as rien à faire ici (rires).

SLU : Il sonne bien le nouveau cajon jouable debout ?

Loïc Letort : Oui, ce n’est pas exactement la même chose que le traditionnel. Il a un peu plus de clinquant, il lui manque un peu de rondeur mais Bibou le travaille bien à la console, et le tient bien au gate pour éviter les soucis. Cette année c’est délicat puisque le concert commence dans le public et finit dans le public. Il faut donc être très réactif pour éviter les gros accrochages, surtout dans le haut. On est à deux avec Bibou prêts à intervenir.

SLU : Tu as repéré des fréquences qui sont plus nerveuses que d’autres ?

Loïc Letort : Y’en a un paquet (il regarde le Lake NDR). Il y a 978 Hz, 1033, 3063, 4200 et dans le bas j’ai 125 Hz, 177 et… Non, rien tout en bas car j’ai bien bossé la question.

SLU : De toute manière Bibou a un fader pour les subs non ?

Loïc Letort : Oui tout à fait, il le baisse rarement et le monte fréquemment (rires).

Flux, un analyseur adapté au ”live”

Flux, l'analyseur en passe de gagner la bataille des régies FOH.

L’analyseur en passe de gagner la bataille des régies FOH, toutes tournées confondues, le très français Flux et que l’on retrouve de plus en plus souvent hors de l’hexagone aussi. Ne vous attardez pas sur le niveau affiché en dBA en bas à gauche, c’est la musique d’attente. Il est sage Bibou mais là, il y a des limites !

SLU : Depuis que tu tournes avec, tu le connais désormais bien le J…

Loïc Letort : Il est un peu gros pour être dans ma poche mais depuis 2009 je l’ai beaucoup exploité le d&b, oui, et je pense le comprendre. Mon seul gros changement a été le passage de Room Tools à Flux en termes d’analyseur, ce qui a occasionné une petite période d’adaptation. J’ai travaillé au dépôt et j’ai surtout comparé la méthode de mise en phase entre les deux.

Room Tools est d’une facilité extrême mais une fois comprise la logique de Flux, il faut reconnaître à ce soft des possibilités remarquables. C’est un bel outil, peut-être même un poil trop précis surtout pour du live. Si tu ne baisses pas la résolution, tu as envie d’intervenir partout ! Un petit regret : depuis la dernière mise à jour, Lake via Lab Gruppen incorpore le SMAART 7. Il faudrait, face au succès du Flux, penser aussi à ce logiciel.

SLU : Pour caler en salle, vous vous servez du show à proprement parler ?

Loïc Letort : Nous avons un enregistreur en MADI mais au jour d’aujourd’hui nous n’avons mis en boîte que des shows en stéréo avec quelques micros d’ambiance. On ne fait pas de multi. Ça pourrait être utile cela dit. Je me sers essentiellement de mes titres avec lesquels j’arrive vraiment à bien sentir la salle et anticiper ce que sera le show.

SLU : Tu tiens la console de temps en temps ?

Loïc Letort : Oui, lorsque je ne tourne pas avec Tryo,sur les concerts de Flo, Catherine Major et Demi Mondaine; cela étant Bibou m’a proposé de tenir la table certains soirs alors allons-y, je ne suis pas contre, du tout !

La tablette de Loïc avec laquelle il a la main sur le LM44.

La tablette de Loïc avec laquelle il a la main sur le LM44. On voit ici le gauche - droite principal avec la somme de petites coupes rendues nécessaires par Mériadeck et son acoustique si particulière (doux euphémisme NDR). En dessous de 70 Hz, de la place est faite pour les JSub.

Le R1 d&b pour accéder aux fonctions des contrôleurs des D12 et D6.

Sobre, le R1 de d&b donne accès à l’ensemble des fonctions offerte par la puissance DSP embarquée dans les contrôleurs D12 et D6. Certains s’en contentent, d’autres comme Loïc préfèrent lui adjoindre un Lake pour disposer de plus de puissance de traitement.


Le LM44

Le LM44 en gros plan avec, apparente sur l’afficheur, la configuration à quatre sorties : deux pour le gauche droite et deux autre pour les JSubs.

SLU : Comment transmets-tu le gauche – droite et sub depuis la régie ?

Loïc Letort : Via le stage de la SD7. La sortie alimente le LM44 Lake en AES puis, toujours en AES, j’ai deux paires, une pour jardin et l’autre pour cour, et je sépare dans chaque paire le signal pour les têtes et celui pour les subs. L’égalisation du système est faite dans le Lake, là où les délais sont gérés par le R1, et donc chaque ampli. Le Lake aussi est une nouveauté pour moi, et j’y vais prudemment tout en kiffant cette machine. Je n’ai pas touché aux compresseurs et aux limiteurs mais rien que l’égaliseur est un bonheur. Quand Bibou casse une fréquence et que je la « reprends » à sa place en la lui faisant relâcher, la différence est là.

SLU : C’est quoi le bruit qu’on entend ?

Loïc Letort : C’est une bonne question, c’est la console. Quand je la mute, je n’ai plus rien. Peut être reste-t-il quelques effets qui ne sont pas coupés. Elle tourne en 48 kHz car je n’ai pas le nouveau stage rack de DiGiCo, et c’est dommage car les amplis tournent en 96 et ça aurait été chouette de bosser à cette fréquence. Ce détail mis à part, la table en version Mach3 est juste énorme avec des améliorations décisives en termes d’ergonomie. Je pense par exemple aux Smart Keys, des macros en français, et qui peuvent maintenant être déclenchées sur des faders entre fader levé et fermé.

Autre amélioration, le fait de pouvoir visualiser sur une tranche l’ensemble de tes départs auxiliaires et surtout la possibilité maintenant de taper ses valeurs de délai sans passer par le potar rotatif qui ne permettait pas d’avoir la même précision. Aucun problème de fiabilité, j’ai eu quelques messages d’erreur mineurs et sans que cela n’influence son fonctionnement et puis elle a un look d’enfer. J’adore !

SLU : Mais tu ne te sers pas de tes doigts ? Je te vois avec un stylet…

Loïc Letort : Si bien sûr qu’on peut mais ça laisse des traces (rires). L’avantage c’est que l’on voit après le show là où tu es le plus intervenu. Si t’as refait tes EQ ça va se voit ! Idem pour les gains. Quand tu coupes la table, tu vois toutes les traces en haut et tu peux te dire que le lendemain tu auras du travail !

SLU : T’as une sécu avec la console retours ?

Loïc Letort : Bien sûr, depuis 2009 et les soucis que nous avions connus, nous avons toujours le moyen de basculer Manue (Corbeau Ingé son retours NDR) en façade.

SLU : Tu dois la patcher ?

Loïc Letort : Non, elle arrive directement dans le Lake, je la bascule et elle prend la main.

SLU : Avec la SD7 tu tournes avec un moteur, deux ?

Loïc Letort : Non deux en miroir, ça marche super bien. L’audio passe dans l’engine A je le pilote en A et je garde B en secours. Quand je fais un save, c’est sauvé de l’un vers l’autre sans aucune galère. La version Mach 3 a aplani les derniers doutes de la version 2 où, en début de tournée, je me suis fait quelques frayeurs. Ce n’est jamais qu’un PC sous Windows et (il s’adresse à sa table NDR) tu tournes hein ma chérie ! Maintenant c’est du bonheur.

Mix façade
Les nouvelles ruses de Bibou

Bibou dans toute sa sérénitude, vraiment aussi cool qu’il en a l’air.

Bibou dans toute sa "sérénitude", vraiment aussi cool qu’il en a l’air.

Accueillant, généreux de son temps et pas avare au niveau catering, c’est un Bibou en pleine forme qui a répondu à nos questions, qui plus est fraîchement douché. Passionné et bavard, il a répondu à près de la moitié des questions…avant même qu’on les lui pose !

SLU : Tes voix, tu les fais uniquement avec tes Tube-Tech ?

Sébastien Pujol dit Bibou (Ingé son face et 5è membre du groupe NDR) : Ohh noon, avant je me servais d’un DPR404 qui dé-essait et rabotait un petit peu et après je passais dans les Tube-Tech. Maintenant, avec la SD7, j’ai un dé-esseur sur les égaliseurs, un raboteur dans le bas-médium grâce au compresseur multibande, et je passe toujours par mes trois Tube-Tech surtout pour récupérer leur couleur tube.

Les voix ”Avalon” je n’aime pas ça. Les voix ”variété” surbrillantes je ne trouve pas ça beau. J’aime bien avoir un beau médium même si c’est vrai qu’à la Patinoire, ce n’est pas le meilleur endroit pour en parler (rires).

Les trois Tube-Tech pour les voix et les trois 6176 d’Universal Audio.

Le chauffage de la régie façade avec les trois Tube-Tech pour les voix et les trois 6176 d’Universal Audio, initialement prévus pour colorer les grattes mais rendus inutiles par la polyvalence de la SD7 et de ses simulations. Tout en bas, histoire de finir l’œuvre de réchauffement climatique (!) une paire de E-Pac d&b, utilisés pour donner la puissance aux petites écoutes de proximité de Bibou.

SLU : Ta batterie est toujours aussi belle…

Bibou : Et tu sais que je n’ai pas de micro sur le timbre de la caisse claire ! Le micro du cajon aigu est juste sous la caisse claire et il me la repique même trop bien ! Je suis obligé de mettre une ruse. J’ai programmé la SD7 pour que lorsque Daniel frappe la snare, ça compresse aussi le cajon aigu pour ne pas être envahi par le timbre, et c’est pas mal car toutes les consoles ne peuvent pas le faire. Souvent sur les tables numériques pour avoir un side-chain, il faut affecter tout un bordel. Là c’est vraiment génial.

SLU : Tes toms en revanche sont assez bas.

Bibou : Oui c’est vrai mais sur cette tournée ils ont mis des peaux Evans EC2 très douces.

SLU : Tes effets sont très discrets…

Bibou : En fait je n’aime pas trop quand on les entend les réverbérations donc je les égalise pas mal (comprendre beaucoup NDR) en coupant notamment beaucoup de bas et je n’ai de cesse de les modifier date après date.

SLU : Comment gères-tu le petit nombre d’émetteurs HF ?

Bibou : C’est vrai qu’on n’en a pas beaucoup pour des raisons économiques et puis le groupe a un très grand nombre d’instruments donc les packs tournent pas mal, du coup ça travaille beaucoup derrière. J’ai toujours peur qu’il y ait une inversion de boîtier et que je me retrouve avec le gain en vrac.

SLU : Pour les guitares ?

Bibou : Je les prends en stéréo assez simplement, soit via les amplis, soit avec des DI en fonction des titres. Je fais très attention à la guitare jazz car c’est toute l’histoire de Tryo qui passe au travers de son rendu. Je pensais enclencher l’effet tube sur ces instruments mais ça sonne bien avec la simple compression de base.

SLU : Ils servent à quoi les 6176 Universal Audio ?

Bibou : Ce sont des équivalents de 1176. Ils devaient justement apporter un supplément d’âme aux guitares mais je me rends compte que je ne les ai pas insérés.

SLU : Je vois beaucoup de tranches qui ne servent pas…

Bibou : C’est normal. Nous avons commencé par une tournée des clubs mais mon patch je l’ai pensé avec déjà les Zéniths en tête, tout en ne sachant pas précisément ce qu’il allait y avoir sur scène artistiquement parlant. En plus je fais toujours en sorte d’avoir sur mes pages principales les sources les plus importantes. Mes bacs de 12 doivent n’avoir que du bon. Au jeu des devinettes parfois ça ne marche pas !

Un seul rack d’effets pour les festivals ?

Rack d'effets de Bibou.

Un autre flight appelé à évoluer tant son contenu s’avère en partie inutile. Un seul rack est le chouchou du maître de la face et n’est pas près de disparaître, la Lexicon PCM70. Cette dernière pourrait même se transformer cet été en 480 au gré des dispos !

SLU : Pour revenir aux effets, une table comme la SD7 ne pourrait pas te suffire ?

Bibou : Oui peut-être mais, ne serait-ce que les Tube-Tech pour les voix, c’est pas mal. Je suis aussi un fan du son Lexicon sur les voix. A terme, je pourrais partir juste avec mes trois Tube-Tech, ma Lexicon et mon tap delay TC Electronic, le reste je peux effectivement le faire avec la table. Après si je trouve une 480 je craque ! Sérieusement ce serait bien que pour cet été et les festivals on n’ait plus qu’un seul rack.

SLU : Comment fais-tu pour faire se balader ton piano ?

Bibou : C’est un vrai faux piano, et à plus forte raison puisqu’il marche avec un onduleur qu’on charge à bloc avant le concert (rires). Avec deux HF en stéréo, on est parfaitement autonome.

SLU : Deux marques de console entre face et retours, ça nous fait une fois encore deux stages et un patch analogique…

Bibou : Oui mais tu sais, il vaut toujours mieux jouer la carte de la prudence et garder une double chaîne bien indépendante. Avoir une seule chaîne, les productions ne sont pas prêtes à tomber là-dedans d’après nous. Si tu as une panne, tu as tout qui tombe alors que si tu as deux tables tu peux toujours basculer sur l’autre et faire ton show quoi qu’il arrive. Si on avait deux Vi6 on aurait quand même deux stages.

La console façade DiGiCo SD7

Tant qu’à mixer, autant le faire confortablement et avec un beau, mais alors un très beau jouet. En direct de chez RégieTek la SD7 DiGiCo, la reine de la nuit avec son infinité de couleurs.


Trois Rivière fait du très bon rhum.

C’est une vieille histoire entre Tryo et Trois Rivières d’où ce carton venant masquer, shocking, le logo SD7 de DiGiCo et celui de RegieTek mais bon, vous aviez reconnu cette table et tout le monde sait que Régietek en a une non, en revanche qui savait que Trois Rivières fait du très bon rhum et que…ahh OK, OK, ce n’est pas « politiquement correct »…Allez, avec modération, bien sûr !

SLU : Tu parais bien fan de la SD7…

Bibou : Ah oui j’adore et le son DiGiCo en général aussi. Ça n’a pas été facile de convaincre José (Tudéla On-Off NDR) mais elle est là, et en version 3 avec les derniers updates, c’est une machine de guerre. Comme on ne fait pas toujours salle comble, cela a été un peu chaud pour l’avoir mais on a fini par s’entendre entre On-Off qui est le prestataire de la tournée et Régietek qui la fournit.

Je peux te dire que c’est violent comme table, pour les dé-esseurs j’ai carrément dû prendre la notice pour ne pas m’y perdre ! En plus du compresseur multibande, tu peux enclencher par voie d’entrée un égaliseur 4 bandes soit paramétrique soit dynamique, et c’est avec ça que je nettoie les S. Une vraie usine à gaz où il faut réfléchir (rires).

Nouvelle tournée = remise en question du mix

SLU : Quand on est aussi proche d’un groupe que toi, comment aborde-t-on le mix d’une nouvelle tournée ?

Bibou : A chaque tournée j’essaie de prendre du recul et de me dire où je veux aller en termes de mix et de couleur sonore en fonction de l’album. Je repars toujours de zéro sans aucune mémoire d’aucune sorte. J’essaie par exemple de traiter les percussions différemment, ce qui n’est pas simple car il n’y a pas 50 façons de le faire…

SLU : Le risque n’est pas de faire un 360 et revenir sur tes pas ?

Bibou : Non pas du tout. Prends le pied. Nous avons un passage électro dans le concert ; du coup au lieu de le laisser acoustique je l’ai travaillé avec une attaque différente plus ”beat ” sans trop gêner Daniel (le batteur et percu du groupe NDR). Cette année je sors aussi plus les guitares, la signature de Tryo, pour leur permettre de se retrouver comme à leurs débuts à l’époque des bars. Trois guitares et un cajon, l’essence même du groupe. Bien entendu quand il s’agit de remplir un Zénith juste avec ça, il faut que ça ait de la gueule !

SLU : Il jouait du cajon debout, c’est peut être un détail pour vous…

Bibou : C’est Daniel qui dispose de ça maintenant. Il en joue debout car c’est un modèle portable Move Box de Schlagwerk, et avec un HF ça lui permet de bouger tranquillement. Enfin, même le cajon de base est HF (rires).

SLU : Ca ne te gêne pas la transmission HF au niveau grave et dynamique en général ?

Bibou : Je n’ai pas fait de vraies comparaisons avec du filaire mais ça me va très bien, et même si effectivement les packs compressent un peu, ça me plaît assez, ça m’évite de le faire derrière !

Bibou, passionné de live mais allergique au studio

SLU : Pourquoi ne fais-tu que le son sur scène et pas aussi les albums…

Bibou : C’est un autre métier, mais je suis là, je valide tous les mix avec les artistes.

SLU : Tu veux me faire croire que tu ne sais pas faire une prise de son et un mix ?

Bibou : Ce n’est pas pareil, il faut savoir maitriser tout ce qui est ProTools et ça me soule, un peu comme le SMAART et compagnie. Je m’occupe du management, si je commence à plonger là-dedans ça va me prendre des mois. Le son de Tryo c’est ce qui me prend le moins de temps dans l’année, pas plus de 10% ! Bien sûr je sais un peu la technique mais c’est un autre univers où il faut notamment beaucoup de patience et ça n’est pas ma vertu première.

SLU : Pourquoi ne pas enregistrer tes artistes en conditions de live, tous ensemble. A ce jeu-là tu es bon (rires).

Bibou : Cela a failli se faire, et d’une certaine façon les membres du groupe ont enregistré ainsi le dernier album, tous seuls, ce qui a généré quelques erreurs de niveaux et des sonorités parfois très originales. Non, le studio ça prend des heures et je ne supporte pas de faire du mal aux mouches pour trois fois rien (rires).

Il y a un type sur la tournée qui travaille comme un champion, c’est DJ Shalom. Non seulement il est multi-instrumentiste mais en plus il te livre un son nickel où tu n’as plus rien à faire. Lui il se prend bien le chou avec l’audio, et quand il ajoute un shaker ou quoi que ce soit dans ses boucles, c’est parfaitement en place et au bon niveau. Il écoute aussi les mixes de chaque date. Nous disposons d’un serveur mutualisé Dropbox où le mix du concert de la veille est à disposition de toute l’équipe. Je l’uploade chaque soir en MP3, ce qui permet de se l’écouter dans le tourbus en route pour la ville suivante.

SLU : Y’a pas que de l’aigu sur ton enregistrement ?

Bibou : Non, on a fait en sorte avec Loïc de récupérer le grave que je sépare sur la table pour alimenter les subs. Je sors par un groupe où l’ensemble du mix est présent et pas qu’une moitié.

SLU : Quand tu dis que tu veux changer de son à chaque tournée, tu pourrais essayer de changer de système. J’ai l’impression que le rendu d&b, c’est un peu le son de Tryo !

Bibou : Pas sûr. Quand je tourne en festival je change quasiment tous les jours de système et pourtant je m’y retrouve avec quelques retouches au niveau de l’égalisation.

Tryo en 2013 : Zéniths et festivals

SLU : Quoi qu’il en soit Tryo est parti pour une année 2013 bien chargée…

Bibou: On peut dire ça oui, on va faire un peu de promo avant d’attaquer des clubs en Allemagne, puis une douzaine de Zéniths en France vers le printemps, quatre dates au Québec et après on attaque la saison des festivals où nous allons être très présents avec entre 40 et 50 dates prévues. On va faire des grands festivals mais aussi des moyens.

SLU : En festival tu vas partir avec quoi ?

Bibou : La régie complète avec les consoles façade et retours et mon rack de compresseurs. La seule chose qu’on va demander c’est une fibre entre la scène et la régie façade pour ma SD7.

SLU : Et tout votre beau décor ?

Bibou : Je n’ai pas envie de faire chier le monde avec nos trucs en festival, on va peut-être prendre juste l’échafaudage.

SLU : Surtout que pour 40 minutes se trimbaler avec tout ça…

Bibou : Ah non, nous on fait en moyenne des shows de 1h15 à 1h45. Quand tu es tête d’affiche, ils rentabilisent ta venue !

L’écoute

Un XL2 de NTi veille au grain. Le Bibou est sage, en tous cas en dBA !

Un XL2 de NTi veille au grain sans trop consommer ses piles. Le Bibou est sage, en tous cas en dBA !

Aucun doute, la signature de Tryo, le son typique de ce groupe résonne dans la Patinoire. Très bon raccordement entre les J et les C4 au sol en couleur comme en phase. Les deux front fills en C6 sont un poil faibles mais cela facilite la présence de spectateurs devant la scène sans risques pour eux, quelque chose auquel Loïc veille. Le choix de poser les subs au sol surtout à Meriadeck n’est pas 100% gagnant (ni vraiment voulu d’ailleurs), et au bout de quelques titres, leur action se retrouve entre autres taillée d’un – 9 dB à 90 Hz très salutaire pour redonner de la définition et plus de justesse au bas du spectre dans son ensemble.

Barbie, utilisée comme cible pour caler les projos.

Une touche de brutalité dans le monde feutré des éclairagistes. Voici dévoilée la cible employée par l’équipe de Tryo pour caler ses projos. Pauvre Barbie, passer une tournée muselée et attachée à une bouteille d’eau !

Pour le haut en revanche c’est le Bibou show avec un aigu détaillé, précis et fin, le rêve de tout instrumentiste qui peut se lâcher, certain que ses plus infimes trouvailles seront bien retranscrites dans la salle.

Même s’il est un peu escagassé par l’anguleux astronef de Mériadeck et aussi par quelques économies hélas indispensables, le son est là, quatre artistes s’éclatent sur scène et le cinquième en fait de même sur sa console.

La captation de Bibou a beau être discrète et compter peu de micros à large diaphragme, le résultat tient toujours autant la route. L’esprit de famille propre à Tryo se ressent aussi dans une équipe technique rodée, sereine et totalement accessible.

Un dernier coup de chapeau à Laurent Chapot (on ne la lui a jamais faite celle-là NDR) dont les éclairages magnifiques prouvent à quel point nous avons en France des gens de talent pour faire d’un concert un moment privilégié qui laisse plein de souvenirs, et par les temps qui courent, 2h50 de plaisir, il ne faut pas s’en priver !

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Les bonnes ondes de Manue Corbeau aux retours

Tryo en concert à Bordeaux

Tryo

Groupe aussi attentif à l’environnement qu’au plaisir qu’il apporte à ses nombreux fans, Tryo va bientôt ressortir les guitares des étuis et reprendre la route. L’occasion pour nous de vous narrer par le détail la journée passée en compagnie de l’adorable couple de techniciens en charge des bonnes ondes, Bibou à la face et Manue Corbeau aux retours lors de leur halte bordelaise.

Honneur aux femmes, c’est Manue Corbeau qui s’y colle la première pour un vaste tour d’horizon de sa régie retours, une balade que nous avons aussi faite caméra au poing pour vous permettre d’en saisir toutes les subtilités.
Dans quelques jours grâce à Bibou et Loïc Letort on saura tout sur le mixage et le système d&b de Tryo.

Et si vous désirez replonger dans le délicieux travail de Laurent Chapot à la lumière, c’est ici !!
http://www.soundlightup.com/archives/reportages/laurent-chapot-eclaire-tryo-sur-les-toits-de-lolympia.html

L'équipe des retours, Florent Namy à gauche, Manue Corbeau et Yoann Roussel .

L'équipe des retours au complet avec Florent Namy à gauche et Yoann Roussel à droite entourant Manue Corbeau.

Un patch pour deux

Le rack unifié de la Vi6 de Manue Corbeau.

Le fameux rack unifié, fruit des idées de Manue et du savoir-faire de Nico de On-Off ou comment avoir « l’arrière » d’une console tout le temps sous les yeux. Tout en bas on distingue le moteur de la TC6000.

SLU : Deux marques de consoles différentes, y’a donc un patch analogique…

Manue Corbeau : Nous travaillons avec un patch analogique qui distribue vers les deux stages, celui unifié de ma Vi6, je dis unifié car j’ai le local rack et le stage en un seul grand rack, et celui de la SD7 de Bibou.
Me concernant, le fait de tout concentrer permet d’avoir entrées et sorties au même endroit, d’interfacer facilement la M6000 en AES, et de tout voir en un seul coup d’œil même si ça rend ce rack très dense et encombrant.

SLU : C’est toi qui as demandé ce montage ?

Manue Corbeau : Oui, nous l’avons conçu avec Nico de On-Off.

SLU : Ils ont des Vi6 Soundcraft chez On-Off ?

Manue Corbeau : Je ne sais pas trop. Il était question qu’ils en rentrent une. Peut-être l’ont-ils sous-louée pour la tournée.

Les indispensables de Manue

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La télécommande Icon de la TC Electronic 6000.

La télécommande Icon de la TC Electronic 6000, une magnifique machine à tout faire disposant de 4 moteurs indépendants utilisée ici en principal sur les voix et les guitares du groupe.

SLU : Outre la M6000, de quoi disposes-tu en termes de périphs, et que confies-tu à la TC ?

Manue Corbeau : La M6000 génère en 4 moteurs mes réverbérations de voix et celle principale des percus. Le reste des effets comme la réverb violon, une très courte pour les guitares ou une seconde simulation pour les percussions est prise en charge par la Vi.
J’ai aussi un préampli que j’affectionne tout particulièrement, l’Aphex 1788A, à qui je confie mes sources principales, les voix, les guitares acoustiques, la grosse caisse et la basse.

SLU : Tu le préfères à celui de la Vi6 ?

Manue Corbeau : … C’est différent… J’aime beaucoup les préamplis de la Vi6 et leur couleur mais je suis habituée avec Tryo à bosser avec le 1788 depuis quelques années. J’ai des références et eux surtout ont des références, et il ne faut pas oublier que je fais leur son et qu’en plus de ça c’est un appareil assez exceptionnel.

SLU : Sortie analogique ou numérique ?

Manue Corbeau : Analogique car j’attaque directement derrière mes trois Distressor pour les trois voix, plus un BSS DPR901 pour celle de Mali qui est assez difficile à gérer au niveau de son bas-médium et mérite un compresseur multibande.

Un rack grand luxe : l’Aphex 1788A, Distressor, BSS DPR901 et Vitalizer Mk2-T.

Un rack contenant à la fois l’Aphex 1788A pour les sources principales, les 3 Distressor, l'égaliseur BSS DPR901 pour les voix et une impressionnante batterie de 9739 ou Vitalizer Mk2-T pour chauffer et embellir essentiellement le grave avant les émetteurs HF des ears. Le stéréo expander est bien à 0.

Le rack de périphériques

De haut en bas l'Aphex 1788A, un octuple préamplificateur micro choisi par Manue Corbeau pour sa qualité de rendu, et aussi pour maintenir de tournée en tournée un son cohérent dans les oreilles du groupe quelle que soit la marque de la console. Viennent ensuite trois Distressor d'Emprical Labs utilisés à des taux assez faibles pour ne pas fatiguer les voix des trois artistes identifiés chacun par une couleur, et enfin dessous un BSS DPR901, un égaliseur dynamique utilisé ici pour alléger le bas mid de Mali, un des trois membres de Tryo.


SLU : Il se rend compte du travail que tu fais sur sa voix ? C’est lui qui l’a demandé ou bien toi qui le juge indispensable ?

Manue Corbeau : Non, j’ai fait avancer les choses au fur et à mesure. Lors de notre round de chauffe en mai/juin 2012 je suis partie sans DPR, et j’ai ressenti le besoin de faire ce travail de nettoyage, surtout pour les Zéniths où j’avoue que ça m’aide bien.
L’artiste lui-même est ravi du son sans aller analyser le pourquoi du comment. J’essaye de ne pas trop le compresser lui comme Guizmo et Manu ; cela fatigue énormément les chanteurs car ils donnent une énergie qu’ils ne reçoivent pas en retour. Pour ça le Distressor est magique car même avec un taux important (ce qui n’est pas le cas ici NDR) on garde un son naturel et qui ne fatigue pas.
Il est génial pour ça ce compresseur.

SLU : Vitalizer à tous les étages ?

Manue Corbeau : Oui toujours. Je ne m’en sers pas du tout comme expandeur stéréo comme certains mais bien pour ajouter des harmoniques dans le grave et lui donner un côté plus naturel qui s’apparenterait à la présence d’un petit sub derrière toi.
Comme on n’a que des oreillettes entre deux tympans, cela donne une couleur très intéressante.

SLU : Je vois beaucoup de liaisons. Tu as autant de monde que ça sur scène ?

Manue Corbeau : Non, mais avec les Tryo je préfère toujours avoir de la marge, et je prévois toujours des invités. J’anticipe aussi des dates comme Bercy et puis j’ai pas mal de monde équipé : des régisseurs, les backliners, les assistants… Autre chance de cette tournée, j’ai eu la possibilité d’avoir des Vitalizer sur toutes les liaisons ; du coup je l’ai fait !

Du Shure partout ?

SLU : Et le choix de Shure ?

Manue Corbeau : Il s’agit d’une vieille tradition de Tryo. Le groupe a de grosses affinités avec cette marque depuis les débuts, y compris au niveau de la captation puisque nous avons énormément de SM98 et Beta98 sur scène, et Bibou (Ingé façade et bien plus…NDR) lui-même a beaucoup investi dans cette marque, ce qui fait que le temps passant, nous sommes montés en gamme.
Presque tout le monde est en PSM1000 puisque à part deux liaisons vers un backliner et un assistant, le reste bénéficie du haut de gamme Shure.

SLU : Où se situe la différence entre le 900 et le 1000 ?

Manue Corbeau : Le circuit audio est le même. En revanche la partie HF est plus élaborée sur le 1000. Les bandes sont beaucoup plus larges.
Celle que j’emploie va de 526 à 698 MHz, ce qui laisse une sacrée liberté de mouvement.

Guizmo avec un pack HF Shure pour ses ears fixé à sa ceinture.

Guizmo, tout sourire en plein concert. On voit bien les antennes du pack HF Shure pour ses ears fixé à sa ceinture.

On bénéficie d’une vraie diversité qui rend la liaison archi fiable. Je me souviens de la dernière date faite à Bordeaux en PSM600 à deux fréquences par pack ; cela avait été sportif alors qu’aujourd’hui c’est tranquille.
Enfin au niveau utilisation, le matin je scanne sur mon pack et j’envoie le résultat du scan sur les 12 émetteurs en réseau, je reprogramme les 12 packs et c’est réglé.
Je touche du bois, pour le moment je n’ai pas eu un souci de toute la tournée (Heureusement que les racks sont faits en bois !! NDR)

SLU : Et les combineurs pour toutes ces liaisons ?

Emetteurs PSM1000 et PSM900 Shure

8022 : Voici comment faire intelligemment des économies. En haut, deux émetteurs doubles PSM1000 Shure pour des oreilles importantes (Nounours comme son nom l’indique est un boss de la tournée ! NDR), et en dessous des PSM900 pour des personnages moins stratégiques. Entre ces deux gammes un coupleur d’antenne PA821A.

Manue Corbeau : J’ai les nouveaux distributeurs Shure qui sont très bien. Les PA821A sont beaucoup plus silencieux que les PA821.

SLU : Ils gèrent 8 émetteurs ; tu en as donc deux et tu peux jongler si t’as un pain…

Manue Corbeau : J’en ai deux mais j’ai surtout tout le nécessaire pour passer en antennes simples si j’ai un souci. Ce n’est pas super simple mais efficace comme solution. Je suis d’accord avec toi, quand ça t’arrive ce n’est pas très agréable (rires !).

Autre avantage, on tourne avec une antenne hélicoïdale ce qui est très utile car il y a beaucoup de déplacements des artistes en salle et il nous faut pour ça une antenne très performante.

SLU : Et tu orientes ton antenne vers la salle quand ils font leur balade ?

Manue Corbeau : Oui enfin, je pense que c’est plus psychologique que vraiment utile mais c’est plus fort que moi. Je pense que ça marcherait aussi bien sans que j’y touche. Cela étant, ça joue un tout petit peu car ça me crée de petites zones d’ombre derrière le plateau, à l’opposé de là où je la pointe.

SLU : Tu tournes à quelle puissance d’émission ?

Manue Corbeau : La puissance nominale, 50 mW. Je pense qu’avec 16 liaisons il faut éviter d’envoyer plus la gomme car on génère très vite de l’intermodulation.

SLU : En fait tu navigues toujours entre deux marques pour tout ce qui est HF en France…

Manue Corbeau : Oui c’est ça (rires !!). J’ai beaucoup d’affinités avec Sennheiser et je viens de finir une tournée en 2000, un autre très bon produit.
A ce niveau de leur gamme respective, Shure ou Sennheiser sont aussi performants l’un que l’autre à la fois en qualité de liaison comme en qualité sonore. Je suis aussi heureuse avec les deux !

Séquence vidéo

Un couple KM 184 se glisse à la batterie

SLU : Tu as choisi quelques micros ou bien c’est la chasse gardée de Bibou ?

Manue Corbeau : C’est Bibou qui a choisi. Ma seule contribution, qui n’est pas vraiment esthétique mais artistique, est le couple au-dessus de Daniel (batteur, percussionniste et 4è membre du groupe NDR).
Il me sert à redonner du liant, à reconstruire un espace un peu cohérent et une image stéréo plus naturelle à sa batterie car la réverbération ne fait pas tout.
Bibou s’en sert un peu aussi, et pour le reste il garde la main sur la captation avec le désir permanent que la technique se voie le moins possible.

La batterie et le QSub15 d&b

La batterie, aussi chargée en petites percus qu'une barquette de lasagnes en intermédiaires douteux ! Remarquez le QSub15 d&b, bien sanglé pour éviter de le retrouver se baladant dans le public, au dessus duquel sont fixés le pied micro des over head et le ventilateur de refroidissement du Danielito ! Ce dernier est assis sur son cajon, on l'aperçoit avec son petit coussin par dessus. Le bassiste dispose quant à lui de deux wedges Max 30.

SLU : C’est le comble qu’un mec qui fait du si bon son et adore autant ça, soit aussi à cheval sur le look !

Manue Corbeau : Du coup on a beaucoup de 98 et des câbles super bien toronnés !
Pour mon couple en over head, j’ai des Neumann KM184. Pour les guitares je fais aussi des couples devant les amplis mono, ce qui apporte de l’air dans les ears, quelque chose qui marche mieux qu’avec des effets.

Pour le reste, comme tu le vois, on a beaucoup d’instruments que l’on équipe de packs à la dernière seconde, d’instruments qui changent de main, de pratos qui avancent et reculent…

Tout est en perpétuel mouvement, un travail de titans pour mes deux assistants Yohan Roussel et Florent Namy qui sont excellents !

SLU : Le fait d’avoir cette batterie de subs au pied de la scène ne te ramène pas trop de bas ?

Manue Corbeau : Non, ils sont cardioïdes et grâce au travail de Loïc (Letort Ingé système NDR) ce qui revient sur le plateau est exactement ce dont j’ai besoin, et donc ne me gêne pas du tout.

4 AT897 et 2 KM184 font l’ambiance

Les deux canons courts Audio-Technica AT897 et le KM184 Neumann.

Les deux canons courts Audio-Technica AT897, qui servent avec le KM184 Neumann à donner du public aux artistes dans leurs ears, sont connectés à une seule entrée de console avec une bretelle qui les ”igreque”. On la repère le long de la perchette mais schuuut, je ne vous ai rien dit.

SLU : Tes micros d’ambiance sont des…

Manue Corbeau : Des Audio Technica, des canons courts AT897 pour aller piquer loin devant et un KM184 Neumann en simple Cardio afin de prendre les premiers rangs.
Les AT sont ”igrèqués” sur une seule entrée. Ce n’est pas trop sur le manuel mais ça marche très bien, y compris au niveau de l’alim fantôme. (Je confirme, c’est aussi peu académique que fréquent et pratique NDR).

Je mélange les deux types de capteurs car ça me donne deux couleurs bien différentes en jouant aussi sur le positionnement dans l’espace via les pan pots.
J’ai bien entendu 3 micros à cour et 3 à jardin. Je taille beaucoup dans le bas ce qui ne ramène pas trop de confusion dans les oreilles et fait que les artistes gardent les deux côtés tout du long, sauf peut-être à la fin du show lors des rappels où ils en enlèvent parfois une pour bien percevoir leur public. .
Je fais un gros suivi de cette ambiance via un VCA sur ma table.

Tryo

Tout le monde en ears sauf le DJ

SLU : Tu es en 100% ears ?

Manue Corbeau : Aujourd’hui oui, mais on est parti avec des sides qui très vite ont posé problème au niveau visuel. On ne trouvait plus un endroit adéquat pour les placer sans que cela ne gêne la mise en scène.
Comme en plus les artistes sont habitués aux ears et disposent des nouveaux trois voies Earsonics qui sont très bons et très étanches, à part un renfort dans le grave, avoir des side n’offre plus grand intérêt sauf en cas de panne HF.

SLU : Il te sert à quoi ton wedge alors ?

Manue Corbeau : J’ai un DJ sur scène, et il ne peut pas être totalement isolé par des ears car il ne pourrait pas sinon gérer sa pré-écoute. Il a donc des wedges.

SLU : Il y a des solutions pour ça chez Intelligence Audio…

Manue Corbeau : Oui mais non, il a ses habitudes et préfère avoir sa pré-écoute et ses retours séparés. Il s’est bien habitué aux ears car il ne manipule pas que des platines et joue de plein d’autres instruments durant le show comme basse ou batterie. Mais dès qu’il retrouve les platines c’est wedges et casque.

On a organisé de telle sorte à ce qu’il fasse toute une partie avec des ears, puis des wedges et à nouveau des ears pour la fin du show. C’est très perturbant de passer de l’un à l’autre rapidement d’où ce phasage.

48, la taille idéale d’une console de retour !

Dis Monsieur Soundcraft, la Vi6 tu ne pourrais pas la faire avec plus de sorties ?

Dis Monsieur Soundcraft, la Vi6 tu ne pourrais pas la faire avec plus de sorties ?

SLU : Donc si on compte les départs tu as…

Manue Corbeau : Sur scène j’ai 6 musiciens, un sub pour le batteur, les wedges en stéréo du DJ, les deux sides, mon pack, le guest, un départ stéréo pour la réverbération, plus tout le personnel.

Je suis donc quasiment au bout de mes 32 bus de sortie, et j’ai donc passé pas mal d’effets en direct out pour ne pas piocher dedans. Les sides vont me re-servir bientôt, je le sens !
La Vi6 est pile le bon format pour cette tournée. On aimerait une version à 48 bus, ce serait sympa de la part de Soundcraft.

SLU : Redis-le plus fort !

Manue Corbeau : ON AIMERAIT BIEN UNE VERSION A 48 BUS DE LA PART DE SOUNDCRAFT, CE SERAIT LE TOP DU TOP !

SLU : Tu pourrais quasiment tout faire avec une ”Vi6-48”

Manue Corbeau : Ahhh 48 sorties c’et la taille idéale surtout pour les grosses opérations.
Sur la PM1D j’en ai 48, sur la SD7 aussi et possibilité d’en faire sans doute plus.
Je l’aime ma Vi6 mais… Moi qui ai l’habitude de me faire des spares en matrice, j’ai dû les faire en physique, avec du câble.
C’est vrai qu’on s’adapte à l’outil, et cela se passe très bien avec une table compacte et assez légère qui rentre facilement dans les clubs

SLU : En termes d’entrées aussi tu dois être limite.

Manue Corbeau : Oui, le patch fait 56 sources plus mes talks, et c’est d’autant plus vrai que j’ai certaines habitudes qui font que j’en consomme pas mal.
Je bosse en déverrouillé comme sur une analogique pour garder de la cohérence dans mon mix, ce qui fait que je multiplie les tranches si un même instrument doit me servir à plusieurs choses.

Manu du groupe Tryo

L’exemple est offert par les guitares de Manu qui passe d’un banjo à la 12 cordes, ou encore les basses qui sont jouées par 3 bassistes différents.
Comme les départs, les sons, les effets n’ont rien à voir, je préfère n‘avoir qu’une entrée physique sur la table mais trois tranches différentes, ce qui fait que tranquillement mais sûrement je ne suis pas loin de mes 96 voies.

SLU : 96 en traitement mais 56 en entrée !

Manue Corbeau : 60, car j’ai aussi mes 6 micros d’ambiance en 4 fils pour les ears. Je traite aussi l’entrée du cajon avec deux voies car je travaille différemment la sortie vers les ears qui est boostée dans le grave et celle qui part vers le sub avec un risque de Larsen si je la laissais aussi gonflée dans le bas.

On a aussi fait quelques économies au niveau des packs d’émetteurs, ce qui me pousse à consommer de la voie. J’ai par exemple un pack qui sert aux claviers, puis aux percussions et enfin à un second type de percu…

SLU : Question idiote. Tu n’aurais pas pu tout faire avec des scènes au lieu de consommer autant de voies ?

Manue Corbeau : Je pourrais et je le fais avec par exemple certaines guitares de Mali qui passent de main en main entre les membres du groupe.
En revanche quand la source change totalement, je préfère avoir deux voies de telle sorte à retrouver tout de suite le niveau de sortie vers chaque départ. C’est un choix personnel de cohérence de mixage qui peut ne pas correspondre à la façon dont chaque personne travaille les retours, et je ne suis pas réfractaire aux scènes, loin de là, j’en fais plein.

La cuisine de Manue

Un coup d'œil à l'afficheur de la Vi6

Un coup d'œil à l'afficheur de la Vi6 pour savoir de quoi sont faits les "VCA" (le nom est resté, la technologie a quelque peu évolué !). On retrouve les 3 chanteurs guitaristes Manu, Guiz et Mali ainsi que leurs trois guitares, à droite l'ambiance et à gauche le groupe de "Ben".

SLU : Explique nous comment tu travailles avec des VCA…

Manue Corbeau : Chacun est ”pré” chez lui puisque le niveau de chaque artiste est son niveau de référence qui n’a pas à bouger ; c’est à lui de donner plus ou moins par son jeu ou son chant sauf cas extrême où, pour une raison quelconque, la personne a besoin de plus de sa source et ponctuellement je vais faire un suivi.

Mon principe est donc que chacun chez lui est sa propre référence et tous les autres qui lui arrivent dans les oreilles sont ”post”. Je mixe donc en permanence via les VCA, et l’ensemble des artistes bénéficie de ce mix sauf son propre instrument qui lui ne bouge pas.

SLU : Tu écoutes quoi alors pour travailler ?

Le pack perso de Manue Corbeau.

Le pack perso de Manue Corbeau utilisé par cette dernière afin d'être logé à la même enseigne que ses artistes en termes de dynamique et de rendu.

Manue Corbeau : Un départ, le mien. Tryo n’a pas de leader qui soit plus important que l’autre donc j’écoute mon mix et l’ensemble des chanteurs, en sachant qu’ils sont tous au même niveau.
Je connais bien ma référence et donc je sais déjà ce que mes modifications de mix via les VCA vont donner dans les oreilles de chacun.

SLU : Et en cas de grosse galère à la face c’est ton mix qui est routé en façade ?

Manue Corbeau : Oui, enfin, ce n’est pas encore arrivé ! C’est pareil de la part de Bibou. Si je plante complètement, il peut m’envoyer des départs.
En 10 minutes on peut reprendre le show.

SLU : Et tu fonces à la face prendre la moitié de sa table !

Manue Corbeau : Ohh je ne sais pas, je préfère que ça ne m’arrive pas ! On n’a pas trop réfléchi à la logistique nécessaire à ce type de panne, on verra (rires !).

Tryo

SLU : On parlait avant des talks. Qui parle à qui ?

Manue Corbeau : Manu, Guizmo et Mali ont leurs micros voix, Daniel sur sa batterie a un micro avec un inter, les autres musiciens aussi, enfin les backliners et moi avons le nôtre, ce qui a permis durant les répétitions de bien communiquer.

Pendant le show Daniel peut me parler ce qui lui arrive rarement et sinon on se parle juste entre nous à la technique. Mon micro va vers les deux backliners, les deux assistants et encore deux personnes à la régie, de telle sorte que le moindre souci est résolu immédiatement, sans oublier Bibou qui aime bien savoir ce qui se passe en bas.

Emportée dans la mouvance de Tryo

SLU : Est-ce que en tant qu’ingé son retours, tu peux apporter du changement dans le rendu sonore d’une tournée sur l’autre ?

Manue Corbeau : J’apporte forcément quelque chose puisque je fais mes propres choix artistiques, par exemple d’effets ou d’égalisation, mais qui sont toujours en rapport avec les désirs et les besoins du groupe. Il faut qu’ils se sentent bien donc autant Bibou peut faire évoluer son mix en fonction de son goût ou de l’album dont sont extraites les chansons ; de mon côté le but est que ça leur plaise à eux, pas à moi. Après si les deux sont compatibles, tant mieux mais c’est rare.

J’ai de la chance, avec Tryo c’est le cas sur presque tout. Par exemple le son de caisse claire qu’aime Daniel n’est pas celui que je préfère mais bien entendu je fais celui qu’il aime, la question ne se pose même pas. Cela dit, il y a une couleur différente sur cette tournée car elle est apportée par les machines, et les titres sont arrangés différemment donc je suis le rythme !

SLU : Ta présence sur cette tournée est due au fait que tu es dans la mouvance de Tryo depuis longtemps non ?

Manue Corbeau : Oui, on se connaît depuis 1998. C’est une vieille histoire. On n’a pas travaillé ensemble tout le temps mais nous avons une forte relation de confiance.

Tryo

SLU : Mais quand tu as commencé avec eux, tu débutais un peu comme le groupe ?

Manue Corbeau : Ohh oui et j’en ai fait des conneries (rires). J’avais 20 ans ! Après je suis partie faire d’autres expériences et quand je suis revenue, forte de ces expériences, notre belle relation s’est consolidée. Quand je suis disponible, je reviens avec plaisir.

SLU : Je vois qu’ici, encore plus qu’ailleurs, vous tournez avec des accus !

Manue Corbeau : On a différents chargeurs, les Uniross et les Fischer Amps, et les deux marchent très bien.
Après il faut veiller à bien se servir des batteries en termes de cycles complets charge / décharge et à les utiliser avec régularité. Quand on les laisse un certain temps, ne serait-ce que pendant une longue pause dans la tournée, ils perdent en fiabilité.
C’est Yohan qui s’occupe des cycles et veille à ce qu’ils soient respectés. Pour bien vider les batteries on leur fait faire la balance le lendemain.

Un bon plan formation avec Manue Corbeau et Florent Bergerot

SLU : Un message à faire passer outre 16 voies de sortie en plus sur la Vi6 ?

Manue Corbeau : Oui, mais vraiment personnel (pas tant que ça NDR !). Avec mon ami Florent Bergerot nous avons monté une formation de 5 jours sur les in-ears au CFPTS de Bagnolet.
La prochaine session se tiendra du 16 septembre au 20 septembre 2013. Il y en a deux par an.

Nous prenons 8 élèves, et le dernier jour de la formation nous avons un groupe en live. Chaque élève mixe sur une PM5D.
On fait plein d’expériences, pas mal de théorique, et on profite de notre expérience commune pour donner le plus d’infos et d’anecdotes possible.
On dispose de plein de modèles Shure et Sennheiser, et on fournit pour chaque élève des ears universels. Cela étant, si un élève a les siens, il peut venir avec.
L’idéal est bien entendu d’être financé par l’AFDAS.

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Révolution au Palais des Sports

1789, le sacre de l’image

La prise de la Bastille

Vous n’y aviez pas échappé. LA comédie musicale française de la rentrée s’est installée pendant 3 bons mois au Palais des Sports avant une tournée déjà programmée comme triomphale.
En s’imposant avec force publicité, Dove Attia, Albert Cohen et leur équipe trustent depuis longtemps ce créneau si particulier, les familles françaises, de l’adolescente enflammée aux grands-parents béats, se précipitant vers ces romances historiques.
Cherchant sa place entre les shows élitistes de Mogador, les ”musicals” incontournables de Londres ou la grandiloquence des shows de Las Vegas, cet opéra populaire s’offre des moyens techniques inédits et une mise en scène démesurée.

Bienvenue au Show !

Déjà les spectateurs se pressent aux portes. Nous suivons le mouvement et avançons à travers la foule, mêlant nos pas aux charentaises et aux Converse à travers le Palais des Sports. Cette grande salle fourre-tout, s’étalant en largeur dans un bleu ronronnant, se remplit rapidement.
Un immense tulle remplace l’habituel rideau de scène sur lequel s’écrivent les chiffres 1789 avec une lenteur infinie. La justesse et la résolution de cette vidéo géante m’impressionnent.
Je passe le temps bercé par les murmures de la sono jouant les tubes du spectacle en sourdine. J’en profite pour jeter un coup d’œil au livret : un beau programme sur papier glacé.

Si l’idée et les musiques viennent essentiellement de Dove Attia et ses fidèles lieutenants, je remarque avec plaisir le nom de Giuliano Peparini à la mise en scène et aux chorégraphies. Ancien danseur étoile, il devint l’assistant de Franco Dragone sur plusieurs spectacles dont « Le Rêve » du Cirque du Soleil : des shows puissants et décalés, souvent oniriques, à la mise en scène spectaculaire.
Aux lumières, Xavier Lauwers, concepteur belge venant de l’Opéra, de la danse et du théâtre, est connu en France pour les éclairages du ”Roi Soleil”.

Un titre aux couleurs de la révolution

Un titre aux couleurs de la révolution.

Les images sont signées Patrick Neys, collaborateur de Franco Dragone depuis de nombreuses années. J’ai beau chercher, je ne décèle aucun indice quant à la présence d’un orchestre. Je suis perplexe, partagé entre mon amour du live et l’espoir d’un show si millimétré qu’il doit se passer de musiciens. Ma lecture prend fin quand les rangées de PAR prévues pour l’éclairage public baissent d’intensité tandis que, sur l’écran tendu au travers de la scène, un immense 9 finit de se dessiner. Les poursuiteurs ont gagné leur poste, la musique s’est tue et une voix off s’élève tandis que la pénombre envahit les fauteuils. Les lucioles des téléphones photos s’agitent comme une réponse mutine aux instructions clamées par les haut-parleurs, jurant que les flashs sont inutiles tant ”l’éclairage de la scène est largement suffisant”. Bref instant de répit, le public retient son souffle.

Premier tableau et bref rappel historique, balayant l’écran au-dessus de la troupe de comédiens alignés, nous rafraichit la mémoire en nous propulsant deux siècles en arrière.

Un spectacle transporté par Giuliano Peparini

Spectacle à trois visions, 1789 tisse des liens entre la comédie musicale à la française, chansons pop pour ados et romance à l’eau de rose en fer de lance, la reconstitution théâtrale historique, portée par de solides comédiens et une justesse visuelle incroyable, mais surtout le souffle moderne d’un cirque contemporain avec ses inventions, sa démesure et sa prise de risques.

L’ambiance brumeuse d’une confrontation entre paysans et garde royale

Dès le début du spectacle, nous découvrons un immense et splendide décor superbement habillé par les images hyperréalistes des vidéoprojecteurs. Les éclairages habillent d’un clair-obscur très cinématographique cette scène d’ouverture. Dans l’ambiance brumeuse d’une confrontation entre paysans et garde royale, très guindée sur fond de guitare un tantinet électrique. La mise en scène privilégie les ambiances, même si la musique reste très actuelle et populaire. Seuls des passages de couleurs posés sur le rythme apportent une touche moderne et manichéenne au premier morceau. C’est dans la finesse que s’exprime la technicité de l’équipe lumière, jouant constamment sur les niveaux, les positionnements et les teintes raccords aux vidéos.

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Il y a de la Commedia dell’arte dans cette mise en scène où les caractères sont très marqués, les traits exagérés et la bouffonnerie jamais très loin. Chaque rôle a son moment de gloire, les retors comme les faibles, les héros comme les victimes. Le casting, assez resserré, réunit chanteurs et comédiens typiques de ce genre de production, complétés par des acrobates et des artistes venus de l’univers décalé de Giuliano.

La troupe des chanteurs et danseurs, dans une ripaille de chorégraphies décalées.

le spectateur découvre un tableau plus circassien, assez inédit dans ce type de spectacle, une des multiples influences du metteur en scène. En masques outranciers et costumes surréalistes, les comédiens et acrobates prennent des attitudes que ne renierait pas le cirque du soleil.

La lumière joue avec les décors, parsème de gobos les piliers.

La lumière joue avec les décors, parsème de gobos les piliers, ou crée des espaces en clair-obscur sur la scène. Au premier plan, des rampes de Led incrustées dans le proscenium éclairent en contre-plongée les artistes, exagérant le propos.


Le choix musical s’inspire sans vergogne des titres à la mode des radios adolescentes, mélange de pop, un peu rock, un peu électro, farci de chœurs et porté par des voix typées comédie musicale. Rien de très marquant mais cependant très efficace.

Les décors physiques et vidéo sont autant de pièces maitresses de l’esthétisme grandiose du show, que sa partie la plus spectaculaire et la plus technique. Tour à tour grandiloquents ou intimistes, figés ou mouvants, sages ou fous, le metteur en scène les utilise comme un vecteur émotionnel, miroir amplifiant les sentiments des comédiens. Tous ces tableaux, aidés par la lumière et les effets spéciaux de fumée, brouillard ou vent, jonglent entre les 3 visions entrelacées de ”1789”

Le vent de la Révolution.

Inondés par une lumière dorée symbole de vérité, les leaders des sans-culottes exhortent leurs troupes transportées par le vent de la révolution, traduit de manière littérale par l’effet d’immenses ventilateurs et de voilures à la fois réelles et en images balayant le décor.

Certaines scènes particulièrement théâtrales montrent un réalisme saisissant lors des passages les plus historiques. Grâce à l’autorisation exceptionnelle donnée aux graphistes de photographier sous toutes ses coutures le Château de Versailles ou le Palais Royal, les images fourmillent de 1000 détails. La lumière se fait ambiance, souligne les décors et le mobilier, recrée les conditions naturelles d’aube, de nuit ou d’éclairage urbain.

On entre en accéléré dans la cour royale.

Soudain les immenses pans de murs se mettent à bouger, entamant un ballet incessant et révélant sur leur envers des immenses miroirs sortis de Versailles, sur lesquels viennent rebondir les faisceaux des projecteurs. On entre en accéléré dans la cour royale, boursouflée et ridicule comme l’attestent un costume baroque colossal et ces couronnes lumineuses ceignant le front des laquais. La musique s’oriente vers une pop électro à la mode, et participe toujours à la caricature de la royauté. L’habillage vidéo est encore une fois d’un réalisme saisissant.

Dans les parties romancées, le décor se déconstruit, les images se font plus esthétiques, les détails sont amplifiés, les couleurs plus saturées. L’éclairage joue sur des contrastes simples et puissants : la nuit et le jour, le rouge de la révolution, le rose de l’amour, les ors de la royauté, le bleu dramatique composent l’essentiel de la palette.

Le propos glisse doucement vers l’histoire d’amour

Ce tableau nous offre pour la première fois des faisceaux de lumière comme élément principal de décor. Cette ambiance surréaliste, se pare de bleus lavande et lilas aux pieds du couple d’amants déclamant leur amour avec force trémolos.

Et lorsque l’onirisme et la folie du cirque entrent en piste, la scène explose ses repères, les mouvements du décor ou des films surprennent les spectateurs tandis que la lumière devient décor, damier d’acrobate ou prolongement des corps.

Un labyrinthe immense.

Encore une démonstration de machinerie, construisant et déconstruisant un labyrinthe immense. Le sol même de la scène se décompose sous les pas des protagonistes en fuite. L’overdose d’effets n’est pas loin mais la prouesse technique est splendide, tandis que les pupitreurs lumière ont dû déployer des ruses insensées pour éclairer au travers de ce maelström.

Pour mieux identifier les principaux protagonistes, souvent un peu perdus dans les immenses décors et les ballets très animés des danseurs, les projecteurs découpent les zones de jeu tandis que les poursuiteurs surexposent les vedettes. Les transitions lumière innombrables, pratiquement sans temps mort, avec ses immenses décors cheminant devant les projecteurs, ont demandé une programmation aux petits oignons pour atteindre cette fluidité. Cette envergure du décor, souvent en mouvement, donne une contrainte supplémentaire à l’éclairagiste et ses opérateurs.

Une nef gothique rehaussée de vitraux splendides en images de synthèse.

Encore une fois, la mise en scène oppose à ce réalisme sublimé les affres oniriques de la noblesse à une Eglise ambiguë, à la fois havre de tristesse et décadence du pouvoir. Les décors s’assemblent en une nef gothique baignée d’un bleu sépulcral, rehaussée de vitraux splendides en images de synthèse.

L'héroïne emportée dans les délires de feu et d’orgie du cruel méchant.

L’héroïne voit son sort se jouer aux mains de cardinaux effrayants, avant d’être emportée dans les délires de feu et d’orgie du cruel méchant. Guitares, flammes et personnages à tête de poulet (un hommage à Dionysos ?) surgissent dans un ensemble à la fois trash et très kitch, sauvé in extremis par la démesure gothique de la vidéo et le jusqu’au-boutisme du vilain.


La quasi absence de latéraux et le nombre réduit de ponts lumière disponibles oblige à mille petites ruses pour utiliser le moindre projecteur disponible et l’insérer dans une conduite très complexe.

La précision et la fiabilité des Alpha Spot Clay-Paky, sources principales du plan de feu, se marient idéalement aux surpuissantes Robin 1200 LedWash et VL3500 wash. Les très discrètes rampes de Led Senzo, insérées sur l’avant-scène et sur les panneaux latéraux, assurent un travail très intéressant. Les poursuiteurs et le pupitreur font aussi preuve d’une coordination exemplaire pour se plier aux très nombreux changements de rythme d’une mise en scène très riche et mouvementée.

Les amants arrivent à la Bastille

Les amants arrivent à la Bastille. Les murailles de cette sinistre prison claquent dans l’espace. Les Alpha Spot Profile sortent leurs couteaux tranchants pour accompagner le ballet aérien des prisonniers yamakasi de l’époque.

Les images sont projetées de façon synchrone sur des objets en mouvement.

La puissance des Robe Led Wash 1200 s’impose en contres saturés au sein de ce ballet très énergique. Et encore une fois, la vidéo fait des miracles !

En régie avec Olivier Legendre

Olivier Legendre a programmé la lumière de 1789 sur pupitre Grand Ma2

Olivier Legendre a programmé la lumière de 1789 sur pupitre Grand Ma2

Très chaleureusement accueillis par Olivier Legendre et son équipe, nous partageons un café en régie pour une longue et précise conversation. Il me parlera avec passion de son rôle, de son parcours et des contraintes techniques de ce show très complexe.

C’est sa 4e comédie musicale pour la production de Dove Attia, après les 200 dates d’”Autant en Emporte le Vent”, les 400 du ”Roi Soleil” et les 350 de ”Mozart”. Il retrouve ici Xavier Lauwers, éclairagiste de théâtre, déjà à l’œuvre sur le « Roi Soleil ». Ce concepteur lumière a dû composer avec une immense machinerie dont la mécanique et les effets ont réduit à 5 le nombre de ponts d’accroche pour les projecteurs : les principaux.

L’idée n’étant pas de proposer des lumières de show biz mais des ambiances typées théâtre, dans la continuité du spectaculaire décor en image géré par l’équipe vidéo, la nécessité de travailler avec des machines à couteaux s’est imposée naturellement.

La grand-guignolesque critique du pouvoir en place.

Toujours cette magnifique projection vidéo, parfaitement accompagnée par les ambiances lumière, que ce soit dans la grand-guignolesque critique du pouvoir en place…

Les révolutionnaires.

...que dans l’intimité des révolutionnaires.


Olivier Legendre : ”Sur 1789, on ne fait pas du show lumière, on ne recherche pas de gros effets. On est dans une comédie musicale, un opéra populaire, pas dans un spectacle de variétés. La lumière sert à comprendre l’histoire, décorer les chansons, elle pose des ambiances et travaille en complément des images vidéo. Les poursuites aident à mettre en avant les intervenants et à rapidement retrouver ceux ci, et sur une scène de cette taille c’est important. Suivant les tableaux la lumière pourra cependant proposer des couleurs irréalistes, assurer des effets spectaculaires ou se faire décor, mais toujours pour enrichir l’histoire”.

La place des projecteurs étant limitée, les besoins de forts contres ont nécessité d’une part de surpuissant Wash 1500 W, mais aussi pour un travail plus saturé de gros projecteurs à led. Le manque de place dans les latéraux, associé aux allées et venues incessantes des 35 danseurs, s’est négocié par le remplacement d’automatiques par des barres de Led.

Les ponts en Robin 1200 Led Wash, VL 3500 Wash et Alpha 1200 Profile.

Les ponts de contre en Robin 1200 Led Wash, VL 3500 Wash et Alpha 1200 Profile.

Peu de place dans les latéraux sinon pour les discrètes barres Senzo.

Peu de place dans les latéraux sinon pour les discrètes barres Senzo.


Olivier, jouant aussi le rôle de conseiller technique, put traduire les besoins de l’éclairagiste en amenant à la face les projecteurs Alpha Spot 1500 Profile (à couteaux) Clay Paky, complétés en douche et contre par des alpha spot 1200 Profile et des 700 Profile en latéraux haut (pour des raisons de place et de budget). La fiabilité et la précision de ces machines furent plébiscitées par toute l’équipe lumière. Les Wash Vari Lite VL3500 furent choisis pour leur exceptionnel rendement et la précision des teintes. Placés à la face et en contre ils assurent les pleins feux.

Cohorte de soldats sur leur piédestal, un moment de pure bravoure.

Cette cohorte de soldats sur leur piédestal, permet à la ribambelle d’Alpha Spot Profile de montrer leur précision absolue. Sur cette scénographie particulièrement réussie, aidée par une vraie musique et démultipliée par les ombres projetées en vidéo, 1789 tient son meilleur ballet, tenant les spectateurs en haleine sur la pointe des baïonnettes.

Les barres Led Senzo avec leur alimentation déportable.

Les barres Led Senzo avec leur alimentation déportable.

Olivier Legendre sut aussi lui proposer des projecteurs à Led, comme le Robin 1200 LedWash Robe, rapidement indispensable grâce à la puissance de ses couleurs saturées, permettant d’assurer de forts contres ou d’aller chercher des détails dans les décors, mais aussi les barres Senzo, filtrées à 40°, dont l’efficacité et la discrétion permettent de les placer là où aucun projecteur ne pouvaient s’aventurer. Elles sont incrustées dans le nez de scène ou, à la verticale, dans les découvertes extrêmement réduites des coulisses.

Pour certains effets spécifiques, les Sharpy, produit phare de Clay-Paky, furent utilisés alignés sur le 1er pont du plateau. Enfin, quatre barres de PAR à la face réchauffent le plein feu et servent de sécurité au cas improbable d’une rupture de DMX affectant les machines de face ( ??). La gestion forcément délicate des couleurs sur des marques d’appareils différentes ne se pose pas ici grâce à un plan de feu astucieux où chaque type de projecteurs s’utilise sur des axes et pour des besoins différents.

A la face, wash VL 3500 et Alpha Profile 1500 W.

Un des deux ponts de face supportant 3 wash VL 3500 et 3 Alpha Profile 1500 W et une douzaine de PAR 64.

Alpha 1500 Profile, Sharpy et Alpha 1200 Profile.

En douche, Alpha 1500 Profile, Sharpy et Alpha 1200 Profile font leur travail d’orfèvre.


Chef d’équipe lumière, en binôme avec Cédric Babin au pupitre GrandMA2, Olivier Legendre retrouve ici le matériel et les techniciens de Régie Lumière, la société de Fredo Santilli qui repart encore une fois dans l’aventure de la comédie musicale grâce à ses choix judicieux d’investissement.

L'équipe technique de 1789

Une partie de l'équipe technique de 1789.

La conduite ultra précise de la GrandMa2

La conduite ultra précise de la GrandMa2

Le choix du pupitre lumière, une grandMA2 et son NPU, s’impose naturellement à ce grand spécialiste des consoles. D’une part par sa programmation typé Opéra, avec une longue et principale séquence de plus de 300 cues, remplis de liens, de transitions et de temps décalés, dont la construction et les updates se feront incessants suite à une mise en scène toujours en mouvement, inversant des tableaux, essayant de multiples effets tout au long de la création. Mais aussi par sa qualité de restitution et ses possibilités de sécurisation, ou backup.

Rémy Manese en plein réglage de sa poursuite Cyrano avant le concert.

Rémy Manese en plein réglage de sa poursuite Cyrano avant le concert.

Pour simplifier le futur travail de tournée, les projecteurs furent répartis sur 8 univers DMX, permettant de tirer seulement 1 ou 2 lignes data par pont. Les ClayPaky et les Robe, actuellement câblés en DMX 5 points, seront commandés en Artnet sur la tournée, afin de recevoir des informations précises en temps réel sur leur fonctionnement, et ainsi d’anticiper leur maintenance ou leur dépannage. Le show lumière est entièrement restitué à la main, sans time-code, tout comme la majorité des vidéos*, les envois de son, toute la machinerie et les effets spéciaux. C’est François Chouquet, le régisseur général et clé de voûte du show, qui coordonne toute l’équipe et donne les nombreux tops. Olivier a mis cependant en place une timeline d’informations, comme un topeur virtuel qui donne en temps réel le déroulé du show avec la conduite et les prochains GO, grâce à un petit boitier de la société Adrem, véritable couteau suisse d’automatisation. Sur la tournée, pour garantir une synchronisation parfaite maintenant que le show est figé, certaines chansons seront vraisemblablement timecodées.

*La vidéo reçoit et utilise du time code pour certains effets. Certaines vidéos contiennent du son, certaines sont déclenchées par des mouvements de machinerie dont certains sont maintenant déclenchés par la console lumière. Mais beaucoup de déclenchements restent manuels.

La dernière scène de la reine, riche d’émotion.

La dernière scène de la reine, riche d’émotion portée par une chanteuse à fleur de peau, dans un univers crépusculaire entouré d’une foule de bougies surgies de nulle part. Les images splendides des graphiques sont à la fois justes et délicates, avant de nous porter un terrible coup de grâce.

Giuliano Peparini avait des idées très précises des ambiances à créer avec les décors, les vidéos ou les lumières. Durant les 5 semaines de création, (…) puis durant les 4 mois de représentations au Palais des Sports il affinera constamment sa création, une attitude très appréciée des pupitreurs, car le « work in progress » casse un peu la routine et permet de parfaire au maximum les choix artistiques.

L’équipement vidéo, nourri par les images de l’équipe du designer Patrick Neys et ses trois graphistes, fut fourni par XL vidéo, la gestion du média-serveur confiée à D-Labs et Thomas Besson, société parisienne dont le logiciel Fusion s’avère l’un des seuls à gérer autant de plans de vidéo, qui plus est en mouvement.

En effet, la projection en DUAL, c’est à dire avec deux projecteurs superposés pour gagner en puissance, impose naturellement des réglages spécifiques par surface de projection pour compenser les perspectives faussées. 

La prise de la Bastille en final.

La prise de la Bastille. Apothéose de l’interaction entre les comédiens, la machinerie et la vidéo, ce final époustouflant se joue des dimensions et de l’espace scénique, immergeant tout le public au cœur de cette bataille dantesque. Comme plongé dans un film d’action, nous franchissons les murailles, de concert avec les assaillants, avant de subir avec violence les déflagrations des canons. Jamais dans ce type de spectacle il ne fut donné de ressentir physiquement de telles sensations de tournis et de vertige.

Je vous laisse imaginer la difficulté supplémentaire quand il existe 6 panneaux coulissants, 6 panneaux en mouvement et rotation, des vélums, des toiles, des patiences et que le tout se doit d’être synchronisé parfaitement.

 L’équipe des 12 machinistes de la régie plateau gère les accessoires, les nombreuses machines à fumée, le brouillard, la carboglace, les kabukis, ventilos, artifices, mais surtout les multiples ponts de décors, les patiences, tulles, murs mobiles, panneaux coulissants, pont-levis et les 4 tampons du plancher.

Maxime, opérateur, gère les 6 immenses panneaux mobiles, en rotation et en translation, grâce à une console d’automatisation dédiée, développée par la société de décor Artefact. Tout comme avec une console lumière, il gère des enchainements de mémoires, applique des temps de déclenchement et de déplacement. Pour une sécurité accrue, le logiciel calcule une zone de collision autour de chaque panneau, interdisant le moindre choc. Les moteurs sont débrayables en cas de collision avec un des artistes.

NDLR: 1789 est partie en tournée (programmée jusqu’en juin 2014) avec quelques modifications. Le nombre d’univers DMX, initialement de 8 a été réduit à 5. Tous les projecteurs Clay Paky étant maintenant câblés directement en Artnet (RJ45 et switch dans les ponts)  le NPU n’est plus nécessaire. Olivier Legendre nous informe aussi qu’une bonne partie des Alpha 1200 Profile Clay Paky  a été remplacée par des Alpha 1500 Profile.

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Les étoiles du SIEL

Pépère, bien plus qu’une étoile, une vraie star !

Jean-Pierre Ferrandon

Jean-Pierre Ferrandon appelé Pépère depuis toujours.

On en revient heureusement toujours aux humains. Décerner une étoile à un produit, c’est glorifier une équipe de R&D. Décerner une étoile d’honneur à un homme, un seul, c’est admirer sa compétence et en plus louer son approche humaine.
Le Jury des étoiles du Siel a choisi cette année de mettre Pépère sous le feu des projecteurs, Maurice étant candidat pour lui remettre l’étoile d’honneur, avec le petit compliment que voici.
Sortez vite votre mouchoir !

Maurice Rebiffé : ”C’est l’occasion unique et inespérée de dissiper au plus tôt une énigme pour une grande partie de la nouvelle génération de notre métier.
Tout le monde (ou presque) a entendu parler d’un dénommé Pépère.

Pépère n’est en fait pas un phénomène surnaturel, ni un fantôme, pas plus un de ces super héros de BD, encore moins un extra terrestre, mais un oiseau de nuit, râleur (entre autre) et fêtard.

Son identité peut être enfin dévoilée. Son nom : Jean Pierre Ferrandon, époux de la non moins célèbre Madame Motta.

Désolé d’avoir brisé le mythe Pépère Man.

Cet homme a débuté sa carrière en endossant les habits de héros que nous avons tous côtoyés tels que :

– Batman ? Erreur, il s’est déjà fait piquer le job par un poursuiteur.
– Businessman ? Ce fut bref !!
– Barman ? C’est bien lui !!!! Vous l’avez reconnu. Il sévit toujours.

En fait Pépère est un précurseur en tout. Il a inspiré des grands de ce monde, il est à l’origine de nombre de mouvements d’avant-garde :

– L’antimondialisation. Sa StartUp de la Silicone Vallée d’Antony a servi d’exemple. Preuve de persévérance et de stabilité. D’ailleurs c’est toujours une StartUp.

– Le « Consommer » made in France : il y a déjà plus de 25 ans il créait avec une bande d’amis un mouvement de libres penseurs dans un bar à vin « Chez Mélac ». Et pour consommer français, ils ont consommé français ! Vous pouvez me croire, j’y étais.

– Anticipant la vague écolo verte, il fait ses premiers pas en surfant sur la ”Vague Jaune”, et plus précisément du ”Petit Jaune”.
Il part même à la conquête des USA pour convertir les buveurs de Coca au petit jaune en hurlant son cri de guerre dans tous les LDI, Infocom et autres expos : ”Yellow Time” !!!!!
Le mouvement est toujours en cours.

Du Jaune, il passera enfin au Vert : il ne boit plus que du vin bio.

– Des générations de présidents se sont inspirés de la Pépère attitude :
Sa petite taille sert de modèle à un récent Président qui, pour se différencier de son mentor, ajoutera une note très « BlingBling ».
Plus récemment cet homme normal motivera un Président normal.

J’arrête là la liste, car il faut me faut être bref et revenir à ce qui nous rassemble aujourd’hui.
Pépère, également surnommé Laser Pépère, inspira un autre héros LaserMan, que tous les bons techniciens connaissent.
Décidément il est vraiment partout !

Pépère, donc, a su traverser notre quotidien de technicien. Là je parle très sérieusement.
Rappelez vous :
– L’âge de pierre des consoles numériques avec Christian Bréan au Palais des Sports.
– Les célèbres gradateurs qui ont fait trembler les RVE, Juliat,
– Les Ningers de UpTech / Gérard Schallier pour Johnny Hallyday,
– La vidéo Laser il y 25 ans avec Vision 1250,
– Les softs des derniers PiGi avec ETC,
– Le BigLite et Zap 575 pour X&Y et Zap Technology,
– Les Pantographes de Alain Français,
– La gestion d’automates pour des parcs à thème, etc, etc.

Pépère a participé à tellement de projets, collaboré avec nombre de productions, de chaînes de TV, de designers, d’éclairagistes, de directeurs photo, metteurs en scène, techniciens, opérateurs , ingénieurs, que je ne saurais vous les citer.

Je n’ai parlé qu’au passé car il m’est interdit de parler de ses futurs projets, ceux sur lesquels Pépère travaille actuellement.

Jean-Pierre, cette étoile du Siel n’est pas une fin en soi mais une étape, un coup de Stabilo sur ce magnifique parcours que nous t’envions tous.

Cela fait 1/4 de siècle que nous collaborons ensemble.

Je conclurai par cette phrase qui t’a rendu célèbre : « Il faut que j’y aille, car j’ai du boulot ».

 

La gamme complète Tibo dévoilée au Siel en avant première

Robert Juliat présente le Creative Concept Light

La gamme Tibo Robert Juliat

Led, halogène et maintenant à décharge, la gamme de découpes Tibo répond à tout domaine d'applications.

Creative Concept Light, est un concept nouveau dédié aux professionnels de la lumière et c’est toute l’expertise Robert Juliat concentrée dans la nouvelle gamme de projecteurs baptisée Tibo, offrant une grande variété de combinaisons possibles.

Car aux découpes Tibo Led en blanc chaud (3000K), blanc neutre (4000K) et blanc froid (6500K) avec deux plages de zoom possibles 15/35° et 30/45°, grâce à l’adjonction d’une seule lentille et aux Tibo versions halogène, s’ajoute une découpe Tibo à décharge équipée d’une lampe CDMT 250, à extraction rapide, disponible en deux températures de couleur, 3000 et 4000K.
Le gain de flux est considérable, très séduisants en applications architecturales et événementielles, dans un format particulièrement compact.

La gamme TIBO permet donc de combiner différentes caractéristiques tant au niveau de la source de lumière (LED, halogène ou décharge), de l’optique (Fresnel ou découpe) que de la couleur de finition du corps.

”Comment s’imaginer qu’à partir de quelques simples notes de musique, on obtienne autant de styles, de rythmes et d’émotions différentes ?”, s’interroge Claus Spreyer, le directeur commercial de Robert Juliat.
”Vous pouvez ainsi composer des solutions d’éclairage adaptées à chacun de vos besoins. Cette situation est unique et nous sommes le seul fabricant à proposer autant de solutions dans une seule gamme”.

La gamme Tibo bénéficie évidemment de la qualité reconnue des optiques Robert Juliat, assurant un éclairement maximal et homogène.

Robert Juliat au Siel

Pendant toute la durée du salon, Robert Juliat proposera quatre sessions démonstration des nouveaux modèles par jour dans son atelier lumière situé sur la mezzanine (MEZ3-2).

 

STARRING RAPHAEL MAITRAT

Le mix de Sexion d’Assaut

Sexion D'Assaut

Comme promis lors de la première partie de notre reportage au cœur de cette tournée sold out, place maintenant à Raphael Maitrat, le grand manitou du son de la Sexion, sans oublier Karim Benaziza, batteur de talent et « très bon client » en interview. Quand tu veux on se fait une autre inter Karim ;0)

Raphael Maitrat, ingé FOH de Sexion d'Assaut.

Raphael Maitrat en plein show la tête dans ses potars et ses doigts ne quittant pas les niveaux des 6 membres du groupe.

SLU : Pour commencer J’ai un truc qui me turlupine. Pourquoi repiquer des rappeurs avec un KSM9 ?

Raphael Maitrat Ingé FOH : J’ai essayé plein de micros et le KSM9 est le plus sécuritaire face au phénomène de la main sur la boule.
C’est vrai qu’au début de la tournée en wedges, cela a compliqué la vie de Brieuc (Guillet Ingé son retours NDR). Maintenant que nous sommes tous en ears, ça se passe très bien.

Comme tu l’as vu par ailleurs, nous tournons en Shure, et pour des raisons propres à la production, il n’a pas été possible d’adopter mon choix premier qui aurait été le KMS104 Neumann (sa tête du moins, la KK104 NDR).

Qui a dit qu'un rappeur tient mal son micro ;0)

Qui a dit qu'un rappeur tient mal son micro ;0) Sur des émetteurs Shure UR2 des têtes K9H, comprenez par là la tête des SKM9.

J’ai tout de même repassé l’un des artistes en SM58 car le KSM9 et même un Beta58 ne lui conviennent pas. La tête se visse facilement sur un émetteur UR4D.

Le top aurait été de louer un studio, faire venir tout ce qui existe en termes de micros et choisir vraiment en fonction des voix de chacun.
Malheureusement le groupe est composé de 7 artistes, et c’est très dur en ce moment d’arriver à tous les réunir, sans parler du fait que ce ne sont pas les rois de la répète (rires !).
On a tout de même réussi à faire une vraie pré prod pour cette tournée qui a considérablement grossi, et nous avons désormais de vrais musiciens.

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Et puis, l’orchestre est arrivé…

SLU : Ils sont arrivés comment ces quatre-là ?

Raphael Maitrat : Lors du premier album, nous étions en configuration très simple avec le DJ et les 7 artistes sur scène. Lors de la sortie du second album ”l’Apogée”, nous avons pensé Sony et moi à la même chose, et c’est un Taratata qui a été l’occasion qui fait le larron.
Sur le titre ”Avant qu’elle parte” nous avons même mis des violons, et le groupe a adoré ça.

Sexion d'Assaut

SLU : Qui a trouvé les musiciens ?

Raphael Maitrat : C’est moi. Je travaillais avec Frédéric Fall le bassiste sur un autre plan. Je lui ai proposé de collaborer avec nous. Non seulement il est bon mais en plus il a un super look ce qui ne gâche rien. C’est lui qui a monté le groupe avec Paul Pavillon à la gratte, Vincent Guibert aux claviers et séquences et Karim Benaziza à la batterie.

SLU : Comment ont-ils travaillé ?

Raphael Maitrat : Ils ont bossé beaucoup de titres avec Fred, et sont venus tout simplement les présenter en live. Nous avons pris une petite salle à Bobigny, Canal 93, un peu de diffusion à Fa Musique, et ils ont fait défiler tous les morceaux face au groupe qui a pu les valider ou pas.

Par la suite, nous avons récupéré en studio des bouts pour en faire des boucles et introduire progressivement plus de sons ”live” sans priver le groupe de ses bases et de son DJ. Un Ableton envoie des séquences derrière certains titres pour les enrichir, et dès la tournée d’octobre dernier on a trouvé un super équilibre.

Sexion d'Assaut

SLU : On a l’impression que cette tournée s’améliore de jour en jour et évolue sans cesse.

Raphael Maitrat : C’est exactement ça. Par exemple en octobre j’ai eu plus de temps, et j’ai pu choisir mon kit de micros pour les instruments.
J’avais par exemple écouté la marque Audix ; c’était l’occasion de la tester sur le terrain.
J’ai un D6 sur le pied, à l’intérieur du fût j’ai le nouveau Beta91 que j’ai découvert sur Aznavour où j’étais l’assistant de Denis Pinchedez. Il a une sonorité que j’aime beaucoup.

Sur ma caisse claire, je suis dessus en SM57 et dessous en MS201 Beyerdynamic. La seconde snare est repiquée en 100% Beyer. Pour les toms, D2, D4 et D6 Audix. Pour les over head, des AKG 214, ce sont des 414 mais uniquement cardioïdes. Pour la charley, un KM184 Neumann. Karim joue avec une caisse claire dans le médium bas et une seconde plus dans le claquant.

La couleur en soustraction

SLU : C’est mieux de laisser le son se faire que d’essayer de le faire…

Raphael Maitrat : Absolument, avoir deux caisses claires c’est bien mieux que tenter d’en colorer une, ce qui dénature plus qu’autre chose le son. Je pars du principe que nous ne sommes là que pour amplifier. Le but du truc est que le système soit bien calé, et pour ça Boule est juste extraordinaire.
Si les musiciens envoient bien, il ne me reste plus que de la mise en forme avec le gain, la compression et un peu de couleur. (Il me montre ses EQ, c’est très raisonnable voire parfois flat avec juste un coupe-bas NDR).

La Midas Pro 2 de Raph à la face.

La Midas Pro 2 de Raph à la face avec, à gauche, la télécommande de la TC M6000 toute de grâce vêtue. Caché sous la table, c’est un lecteur de CD Sony CD-01U utilisé avant et après le show pour diffuser de la musique d’ambiance.

Je travaille quasi uniquement en soustraction au niveau de mes corrections car je préfère enlever ce qui ne me va pas que mettre en exergue ce que je recherche. Il est vrai aussi que l’inverse marche très bien, je pense à Manu Guyot sur Skip The Use qui utilise ses EQ en positif avec un rendu qui va parfaitement bien avec leur musique. À chaque fois, je me prends juste une grosse calotte avec lui !

SLU : Tu as fait montre de sagesse au niveau console…

Raphael Maitrat : Ça me va. Comme la Pro6 de Fa était sur la route avec Dyonisos, j’ai pris une Pro2 qui du coup est bien remplie mais comme je partage les préamplificateurs de l’XL8 et que le processing est le même… Il me manque juste quelques VCA et POP.

En mars, quand on va repartir avec la Sexion, je demanderai pour cette seule raison une Pro6. Appelons ça plus de confort car pour le reste je suis très heureux et..(Un vacarme assourdissant, une véritable cavalcade nous interrompt, des dizaines de jeunes font irruption sur le parterre de glace recouvert de dalles d’isolant et se précipitent vers la scène NDR) Ahh, les fauves sont lâchés (rires !).

Un petit piège de l’automation Midas

Raphael Maitrat : Je suis très habitué aux tables Soundcraft. J’ai fait deux tournées en Vi1 mais arrivant chez Fa j’ai dû changer de crémerie car ils sont très Midas.
On s’est pris quelques gadins avec Brieuc car la logique, notamment d’automation est vraiment différente. Elle va très loin mais peut aussi te mettre bien au tas !

SLU : Un exemple ?

Raphael Maitrat : Midas a un système de recall appelé « scope » où l’on peut garder ou bien enlever des trucs ; en gros ce que l’on veut recaller ou pas. Jusque-là très bien, mais cela dépend de comment on implante cette option sur les mémoires, et lorsqu’on rappelle une mémoire, si on repasse par la mémoire safe, celle de base, elle enlève tous nos scopes.
C’est dû à la volonté de Midas d’avoir une console pratique et très ouverte par exemple pour les festivals mais ça convient moins à des tournées classiques. Une mise à jour apportera bientôt une amélioration à ce piège.

Mais un excellent traitement de dynamique

L’égaliseur dynamique de la Pro2.

L’égaliseur dynamique de la Pro2, ici paramétré en 4 fois une bande et dont on visualise l’action pour 4 voix entre 100 et 200 Hz.

Raphael Maitrat : Cela étant, avec Brieuc, nous sommes sous le charme question rendu sonore. Les égaliseurs sont énormes, les compresseurs internes marchent très bien tout comme les gates. En effets internes, je me sers d’un compresseur multibande mais sur une bande à la fois afin d’aller débusquer un bas-médium qui ne me plait pas dans la voix des artistes, un problème commun à toutes leurs voix dans les 200 Hz. Sur un seul des artistes je me sers d’un multibande entier.

SLU : Tu me dis que c’est un effet. Tu en a donc peu à disposition…

Raphael Maitrat : Oui c’est exact. La solution pour traiter plus de sources consiste donc à jouer avec l’option 1*4, 2*2 ou bien 4*1.
En clair je peux mettre 4 cellules sur un micro ou bien casser mon compresseur multibande en 4 voies et corriger chaque micro avec une cellule. C’est le choix que j’ai fait, ce qui me permet d’enlever par exemple très finement les « S ». Brieuc en fait de même.
Je me sers aussi de 3 réverbérations internes, deux sur la batterie et une sur la guitare acoustique.

Le rack d'effets virtuel de la Pro2.

Je suis d’accord avec vous, on dirait un vrai rack d’effets et de vous à moi c’en est un, mais voilà, il est virtuel et généré par la Pro2.

SLU : Quelle version de compresseur par tranche utilises-tu ?

Raphael Maitrat : La version adaptative qui marche très bien et n’est pas du tout colorée. Avec 6 artistes sur scène, tu te doutes que j’en ai pas mal besoin.
Je suis tombé dans le piège comme Stéphane Plisson en utilisant la simulation d’anciens modèles. J’ai vite fait machine arrière quand je me suis retrouvé avec un mix pissant l’aigu de tous les côtés (rires !).

SLU : Tu es donc assez raisonnable question dynamiques…

Raphael Maitrat : Tu sais, le meilleur traitement ce sont mes doigts !
C’est vrai que dans le rap et face aux gros écarts de dynamique qu’on y rencontre, c’est très fréquent de taper toutes les voix dans un groupe et le compresser un bon coup.
J’ai essayé et je n’aime pas du tout car généralement dans le rap il y a un lead et des backers, ce qui fait que lorsque ces derniers interviennent, ça hache complètement le lead et ça pompe tout.
Du coup j’ai pris le taureau par les cornes, j’ai appris tous les textes par cœur afin de savoir qui va backer qui, et avoir un bon contrôle des niveaux.

SLU : Si les gars sont réguliers…

Raphael Maitrat : Pour ça j’ai de la chance. Du premier show au dernier, ils ne bougent pas d’un pouce et ils n’ont jamais fait le coup du « je me mets à gueuler et je ne sais pas pourquoi ».
Les ears ont bien aidé pour ça car lorsque tu cries, ça te transperce les oreilles !

Le double rack vertical comportant nombre de petits jouets très intéressants.

De haut en bas, un D-Two TC, un VoiceWorks Plus TC-Helicon, un Tascam TA1VP comportant les algorithmes Auto-Tune d’Antares et un H3000 Eventide, un 120 XP DBX (Steph, si tu nous écoutes). Dessous on trouve un DN9650 Midas, un MAXXBCL, le CPU de la M6000, un DL451 Midas et l’onduleur.

SLU : On met des effets sur du rap ?

Raphael Maitrat : Oui, j’aime bien mettre une petite room très courte avec un decay à 1,3 secondes sur les rappeurs. Et pour le chanteur, une belle plate car, tu vas voir ce soir, dans le groupe il y a un chanteur et qui chante très, très bien.
Enfin j’ai mon arme secrète, mon délai dont je ne me sépare jamais, mon D-Two TC-Electronic qui marche très bien.
J’utilise aussi un TC-Helicon en doubleur, très léger, que je laisse sur toutes les voix. Ça apporte un petit truc en plus très agréable.

SLU : C’est un auto-tune que je vois-là ?

Raphael Maitrat : Oui, un Antares. Je m’en sers uniquement sur deux titres pour faire un effet T-Pain que les rappeurs affectionnent tout particulièrement. On le laisse sur auto et ça apporte une touche de modernité à leur son.

SLU : Et le H3000 ?

Raphael Maitrat : Je l’avais prévu au départ pour l’effet de doubleur mais comme le TC lui a piqué sa place, j’ai décidé d’écouter ses réverbérations qui sont magnifiques.

SLU : Ça souffle la mort mais c’est très joli…

Raphael Maitrat : En effet, mais tu sais, le bruit en live ce n’est pas très grave. Je m’en sers sur ma caisse claire, et puis j’ai le synthétiseur de sub-harmoniques, le DBX 120XP…

SLU : Non, le 120 SP comme Stéphane Plisson (rires !).

Raphael Maitrat : C’est un peu ça oui. Il fait du très bon grave Steph ! La difficulté est de raccorder au mieux des sons très travaillés et masterisés envoyés par le DJ avec leur énergie très flatteuse entre 60 et 40 Hz et ceux plus bruts de la batterie.
Je gonfle donc juste un des deux micros de la grosse caisse et le tom basse pour avoir ce « boummmm » bien lourd.

SLU : Elle a aussi un sacré look ta batterie transparente !

Raphael Maitrat : Et un sacré son ! On a travaillé avec Baptiste Bidault, un autre sondier que j’ai rencontré chez Dushow, avec qui j’ai déjà collaboré et qui a monté sa boîte, Think Drums. J’ai écouté celle qu’il a notamment faite pour Skip the Use et ça sonne.

J’ai invité Karim Benaziza notre batteur à venir découvrir cette marque ; il a bien aimé. Du coup, au lieu de louer un kit pour toute la tournée, on s’est acheté le nôtre !

On a fait pareil avec les cymbales. Nous avons opté pour une boîte française, Velvet. Bref, si ma batterie sonne, c’est surtout parce que l’instrument et le batteur lui-même sont bons. Viens, je vais t’emmener en loge rencontrer Karim !

Eloge d’une batterie en plastoque !

Karim Benaziza, le batteur de Sexion d'Assaut.

Il a la cote Karim et se paie même une tranche d'applos méritées et baguettes en main durant le show, sous le regard de la caméra de son directeur d'orchestre et bassiste Frédéric Fall.

SLU : Karim, raconte-nous tes premiers pas dans l’acrylique. Ca ne court pas les rues les batteries en plastoque !

Karim Benaziza Batteur : C’est vrai que je ne connaissais pas, plus par ignorance que par conviction ; je n’en avais jamais utilisé. Je trouvais ça plus 70’s et visuel qu’autre chose. Jamais je n’aurais été acheter ce type de produit.
Comme on manquait de temps et que Baptiste (Bidault, fondateur de Think Drums NDR) ne pouvait nous fournir un kit pour la tournée qu’avec cette matière, on a foncé.

Il faut savoir que cette société fabrique des batteries à l’unité, et le classique multiplis de bouleau ou d’autres essences aurait demandé trop de temps.
J’ai essayé un modèle dans son show room, et même si je ne retrouve pas les sensations auxquelles je suis habitué, ça sonne.

J’ai opté pour une grosse caisse et un tom basse profonds, à la demande de Raphael, mais j’ai gardé les autres toms assez courts car je ne suis pas très grand ; cela aurait été trop dur à jouer.

La batterie Think Drums en acrylique de Karim Benaziza.

La batterie Think Drums en acrylique de Karim Benaziza, transparente mais dopée au DBX comme un fameux cycliste texan. Bien visibles les 5 cymbales Velvet faites main. Pas moins de 12 micros entre Audix, Shure, Beyer, AKG et Neumann.

La Sexion c’est du rap mélodique. Il me fallait quoi qu’il en soit un kit complet et pas celui typiquement rap hardcore où l’on peut se contenter de caisse claire et tom basse en plus du kick.

SLU : Comment s’est passé le deal avec Think Drums ?

Karim Benaziza : Bien, très bien. Il s’agit d’une société à taille humaine, ce qui facilite le contact et la réactivité. J’aurais pu avoir d’autres deals ailleurs avec des grosses marques mais j’aurais disparu aussi vite que je suis venu alors qu’avec Think le dialogue est permanent.

Baptiste est un vrai technicien de l’instrument, beaucoup plus que moi. En plus il cumule avec son savoir-faire technique d’ingé son. Enfin l’acrylique, je n’avais jamais pratiqué. Il me fallait donc toute son aide. Il a aussi été prescripteur pour les peaux qui conviennent parfaitement à ce matériau.

SLU : Et les cymbales, elles sont arrivées comment ?

Karim Benaziza : Tu sais, dans le showbiz les deals en appellent d’autres (rires). C’est donc Baptiste qui nous a présenté Victor (Perret de Velvet Cymbales NDR), et après une écoute de ses produits fabriqués à la main en Turquie, j’ai rapidement constitué mon kit de tournée.

Comme c’est une marque en développement, elle ne peut pas encore faire de pubs dans les magazines mais on trouve ses produits dans les salles de répétition via le backline. Elle se fait connaitre grâce aux batteurs endorsés comme moi, sans parler de leur site Web très complet.

SLU : Tu as choisi quoi comme gamme de cymbales ?

Karim Benaziza : J’ai opté pour les Versatile qui, comme leur nom l’indique, sont assez claires et conviennent à de nombreux styles musicaux pour mes crashs qui du coup percent bien du mix.

La ride Imperial de Velvet.

La ride Imperial de Velvet faite totalement à la main en Turquie et savamment martelée pour lui donner son riche rendu. Vive la tradition !

Pour la ride j’ai choisi une Impérial qui va un peu dans le sens des Ziljdian Constantinople ou même Istanbul avec un martelage qui lui apporte son côté jazzy. Le gros avantage est aussi le prix de ces cymbales qui, pour du fait main, se situe au niveau des entrées de gamme des grandes marques.

Choisir une cymbale c’est très dur, même après 20 ans de métier, et je ne me considère certainement pas comme un spécialiste. Cela dit, il ne faut surtout pas brader cette partie essentielle d’une batterie, même quand on débute. Des grosses caisses et des toms qui sonnent on en trouve assez facilement maintenant, mais la vraie identité qui rend un batteur reconnaissable vient de la charley, de la caisse claire et des cymbales.

Il faut faire attention aussi à ne pas les choisir simplement parce que son batteur préféré les utilise ou après les avoir entendues sur un disque car, entre le studio d’enregistrement et la manière dont chaque professionnel tape, la sonorité peut être radicalement différente et parfois même très décevante.
La batterie, ce sont beaucoup d’instruments mis ensemble, et chaque entité qui la compose demande à être apprivoisée et maîtrisée avec ses baguettes.

Il faut parvenir aussi à éduquer son oreille pour parvenir à se projeter dans chaque son, et savoir à quoi il peut potentiellement être utile. Ça prend du temps et du travail d’arriver à non seulement avoir une bonne technique mais savoir aussi produire le son que l’on veut par le simple jeu…

La Sexion apprivoisée par l’orchestre

Sexion d'Assaut

SLU : Justement, avec la Sexion comment travailles-tu ?

Karim Benaziza : On joue quasiment tous les morceaux sur un click, parfois avec des séquences, ce qui ne me pose pas de problèmes. Le click apporte beaucoup de sécurité à tout le monde. Il faut savoir l’apprivoiser, être dessus, et ensuite d’une certaine manière tourner autour pour ne pas le subir.

On peut être devant le tempo et ne plus servir d’assise à tout le monde si cela apporte au titre. De mon côté c’est plutôt l’inverse, ce qui fait que les autres peuvent venir se poser sur moi.

SLU : Le travail sur les titres n’a pas dû être simple…

Karim Benaziza : Fred Fall, notre directeur musical et super bassiste, a fait un gros boulot pour nous donner la possibilité d’exister, sans dénaturer le style musical très épuré du groupe, tout en apportant la valeur ajoutée d’un vrai musicien, en insufflant notre sensibilité. Une question d’équilibre où nous avons dû apprendre à proscrire les plans musicos où t’en mets partout.

On a travaillé aussi avec le groupe afin de bien cerner les limites de notre apport, en sachant que chaque titre orchestré a toujours été une surprise pour eux, dans le bon comme dans le mauvais sens.
Un autre avantage du rap et du hip hop c’est le côté cash des artistes qui ne s’encombrent pas de 10.000 phrases pour te dire qu’ils n’aiment pas, et débordent d’enthousiasme quand ils aiment.
Le fait enfin de les côtoyer durant les balances et la tournée elle-même a fait jaillir de nouvelles idées.

S’amuser sur ses instruments durant des moments off en leur compagnie est un bonheur car ce sont des mecs ultra réactifs qui savent rebondir sur quatre mesures qu’on leur propose, comme ça, au débotté.
C’est par ce biais que certains plans du concert ont été trouvés ensemble et ont été acceptés. Si on les leur avait déballé d’un coup, ils auraient été désarçonnés.
Ils ont des habitudes bien ancrées avec un DJ, et il faut le respecter.

Sexion d'Assaut

SLU : Ils sont assez pop quand même…

Karim Benaziza : C’est ce qui nous a donné la place d’exister sur certains titres et à mon sens aussi ce qui fait leur succès aujourd’hui, un succès intersidéral.
En plus, DJ HCue a trouvé sa place sur nos arrangements. Il apporte sa patte pour des sons que nous avons du mal à faire avec des instruments dits classiques.

Cela aurait été dommage de le mettre en séquence, et il fallait conserver une unité visuelle avec le reste du show. L’idée c’est le collectif et pas d’avoir deux parties distinctes chaque soir. Enfin nous ne sommes pas une équipe de mercenaires réunis sur un job…

SLU : Vous êtes à moit-moit question titres ?

Karim Benaziza : Oui, je pense qu’il y aurait encore la place de grappiller quelques titres (rires !). J’ai appris que la perspective d’aller faire des concerts sans nous ne les enchante pas. Je peux t’assurer que ça n’était pas évident au départ où globalement il y avait un DJ, et la venue de musiciens paraissait très accessoire.

SLU : Il ne faut pas non plus oublier des considérations budgétaires !

Karim Benaziza :Surtout quand tu sais que tu as déjà 7 artistes sur scène et que tu ajoutes un groupe de 4 musiciens. On ne parle pas d’un rappeur avec son DJ mais bien de 7 personnes. Je comprends qu’avant le succès d’aujourd’hui cela n’ait pu être envisagé.
Aujourd’hui tout le monde est ravi grâce à la liberté que cela peut apporter en termes d’improvisation, d’évolution du show, de dynamique et d’énergie live sur scène.

Raphael Maitrat, bien plus qu’un ingé son

De retour dans la salle, je retrouve Raphael sur le plateau, l’occasion de lui demander comment il repique la basse de Fréderic Fall.

Un M88 Beyer placé légèrement hors de l’axe d’un des HP de l’ampli basse.

Placé légèrement hors de l’axe central d’un des HP de l’ampli basse, un M88 Beyer vient apporter sa couleur à la reprise du son de l’ampli effectuée à l’aide d’une DI radiall que l’on voit posée en haut du rack.

SLU : Pourquoi du Radiall ?

Raphael Maitrat : Ça marche et c’est simple. Je sors de Dispatch où j’ai fait mes premières armes avec Alain Leduc et Denis Pinchedez, j’aurais volontiers pris des Retro mais j’ai joué la carte de la sécurité. C’est fragile les tubes.
Toujours au niveau du matériel, j’ai réussi à faire sponsoriser une partie du poste du DJ via un partenariat avec Rane et Numark.

SLU : Tu me parais avoir un rôle qui va au-delà du simple technicien façade…

Raphael Maitrat : D’une certaine manière oui. Cela est dû à la façon avec laquelle j’ai rencontré le groupe et ses managers, et surtout au fait qu’étant là quasiment au début du succès de la Sexion et des premières dates importantes, je les ai accompagnés dans leur croissance en m’occupant de domaines généralement pas du ressort d’un Ingé son.

SLU : Merci pour la perche, comment es-tu rentré en contact avec le groupe ?

Raphael Maitrat : Indirectement par le biais de Jamel et du Comedy Club, pour lequel j’ai pas mal bossé et de Rémy Kolpa Kopoul, un extraordinaire découvreur de talents avec qui à chaque fois tu te prends une ”tetar” tellement c’est bon (je confirme NDR).

Un jour Bams, le chef de la sécu du Comedy Club, vient me voir et me dit texto « J’ai un frère qui a un groupe de rap qui commence à marcher. J’aime bien ton son. Tu ne voudrais pas t’en occuper ? » Sans être féru de rap je dis oui, et rencontre Dawala le producteur général de Wati B qui est le label de nombre d’artistes dont bien sûr la Sexion.

SLU : Bref, tu mets le pied dans la famille !

Raphael Maitrat : Exactement ! C’est ainsi que je suis parti en prenant Stéphane Petitjean à la lumière, et en m’occupant de la régie en plus du son.

Je le faisais déjà pour Fabrice Eboué si ce n’est qu’entre un comique avec un micro et sa bande son et un groupe entier, la différence est de taille. Petit à petit j’ai initié tout le monde à ce qu’une tournée implique de papiers, d’administratif, de rigueur budgétaire ; quelque chose que par ailleurs j’apprécie.

Depuis, je navigue entre le label Wati B et Yuma, la boîte de prod lyonnaise d’Eric Bellamy, qui mérite d’être connue. Elle est d’ailleurs devenue une entité d’Asterios. Il s’est instauré un super rapport de confiance entre nous. J’ai tellement mis la main à la pâte que c’est devenu vraiment mon bébé malgré le fait que dans ce métier on n’est jamais à l’abri de rien.

SLU : Les rapports ici paraissent famille, potes mais le tout bien encadré !

Raphael Maitrat : C’est tout à fait ça. Une vraie famille. Quand la tournée a beaucoup grossi, j’ai fait venir Laurent Ballin, qui a été régisseur de Jamel pendant sept ans, pour s’occuper de la technique et Yann Le Clezio qu’on ne présente plus pour nous épauler à l’artistique.

SLU : Pour toi aussi à la console ce sont de grands débuts ?

Raphael Maitrat : Devant des Zéniths archi combles, c’est certain. C’est ma première grosse affaire. Pour l’instant ça se passe bien.

SLU : Pour Fa Musique aussi c’est une belle tournée.

Raphael Maitrat : Qui est due au fait qu’Eric Bellamy et Fa sont lyonnais, et que ces derniers quand Yuma était une toute petite boîte, leur ont toujours arrangé les ballons.

Quand la tournée est devenue énorme, il y a eu un logique renvoi d’ascenseur, et on m’a demandé de bosser avec eux.
Ça se passe super bien. C’est aussi par leur biais que j’ai rencontré Boule (Alex Borel NDR) avec qui on forme un super binôme, moi à la face et lui au système.
Brieuc « la bretonnie » (Guillet NDR), je l’ai fait venir car on travaillait ensemble au dépôt de Dushow, et je connaissais sa valeur et ses velléités d’intermittence.

La délicate gestion des sub

Une vue du système principal où l'on voit bien les 5 subs J-Sub d&b.

Une vue du système principal où l'on voit bien les 5 subs J-Sub d&b avec un splay de 2° entre chaque caisson.

La ligne de Jsub est placée juste derrière le système J.

La ligne de Jsub est placée juste derrière le système J.


SLU : Boule, puisque t’es là, tu m’expliques ton choix de mettre les subs derrière les têtes ? Ça sonne bien…

Boule : On a commencé à le faire avec Tintin de Fa Musique, et on s’est rendu compte que ça marche plutôt pas mal.
Tu te retrouves avec une sorte de HP coaxial et des antennes plus directives.
Chaque sub est raccordé au suivant avec 2° d’angle, ce qui crée un délai.

Je reconnais que j’ai été un peu sceptique au début, et Tintin qui me disait : ”tu verras, ça marche !”

SLU : Ne faire qu’une seule grosse antenne centrale…

Boule : Ça fait deux, trois dates que j’y pense pour simplifier notamment les couplages mais après je dois trouver la place de la mettre, et j’ai pas mal de scénographie et un écran qui m’en empêchent.

SLU : Une dernière question. Vous tournez avec les horloges des consoles ?

Boule : Oui, ce ne sont pas des bouffons chez Midas. Ils ont bien pensé leur truc. Franchement ça sonne. Leur horloge est super stable et puis, quand tu commences avec un rack externe, des rallonges, des connecteurs, je me demande si tu vas en enlever beaucoup du jitter !
RM : La musique d’ambiance est shuntée ! Boule : Ecoute, tu vas voir, la première note est à 43 Hz !

L’écoute

Pas de doute, le 43 Hz est bien là. Comme déjà dit lors de la première partie de ce reportage, un grand bravo à Boule pour un bas du spectre laissant filer ce qu’il faut pour être dans le trip rap, sans dégouliner ou au contraire oublier certaines fréquences.

Dernier titre de la dernière date 2012, tout le monde se lâche !

Abandonnant sa table pour rejoindre la régie lumière de Laurence Duhamel et Stéphane Petitjean, voici Raphael en pleine forme et en plein délire sur un des derniers titres du groupe ! La fête n’est pas que dans la salle et tout le monde se lâche lors de cette dernière date 2012.

Le jeu consistant à garder les mains de Stéphane Petitjean loin de sa table.

Le jeu consistant à garder les mains de Stéphane Petitjean loin de sa table. Ah c’est sûr qu’elles vont moins bien marcher les lumières maintenant ! Heureusement que Laurence est fidèle au poste ! On sent que les vacances approchent !


Bon travail aussi de Raphael au niveau de son mix. Pour quelqu’un qui n’avait pas d’atomes crochus avec ce style musical avant de partir avec la Sexion, il respecte bien les codes musicaux du rap.
Le raccord entre les titres DJ et les titres orchestre marche, même si naturellement le rendu est plus dynamique et riche lorsque les 4 musiciens envoient le bois et plus stylé et roots quand DJ HCue reprend la main.

Compliments aussi pour la gestion des voix dont le flow s’imbrique bien dans le play-back. Mériadeck aidant (dans le mauvais sens), j’ai malgré tout trouvé par moments une pointe de dureté dans le médium et haut médium des voix, celle du chanteur du groupe nécessitant un nettoyage un peu plus poussé car elle quitte parfois sa gorge et devient dure à gérer.

Très bon rendu de la batterie avec une grosse caisse « Lance Armstrongienne » dopée au DBX. Oui, certains passages du show sont parfois trop forts pour tenir tête à un public chauffé à blanc mais un MAXXBCL Waves et les amplis d&b veillent au gras, sans jamais trop tasser ou colorer le signal.

Puisqu’on parle d&b, ce système convient bien au style musical par sa bonne tenue et sa densité naturelle et j’ai hâte d’écouter les side en V. Le couplage J-Sub et J-Infra marche aussi très bien et permet de bien répondre aux besoins spécifiques de chaque tournée.

Un dernier mot. C’est vrai qu’on n’a pas inventé le rap en France mais on sait le faire, parfois avec les tripes, d’autres avec le cœur. La Sexion mérite 1000 fois son succès même si sa musique et son show teintés de pop dérangent certains puristes. Les éclairages notamment sont très beaux.

Sans cœur les rappeurs ? Le soir de notre reportage, la dernière date de l’année 2012, l’ensemble de l’équipe de la tournée sans exception a reçu un mini iPad en guise de remerciement pour le remarquable travail effectué chaque soir. Plus qu’un long discours…

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Régie Lumière fournit un petit kit hyper high Tech

Mika au Casino de Paris

Mika au casino de Paris

Mika, auteur, compositeur au répertoire Pop/Funky anglais truffé de tubes, donnait deux dates au Casino de Paris en fin d’année, évidemment à guichets fermés vu la jauge de la salle et la popularité de l’artiste. Un kit lumière light fut commandé à Régie Lumière qui a répondu avec des Spots Mac Viper Profile et des PAR Ilumo Zoom Led Spot.
Justin Shaw, le Lighting Designer en était bluffé et paraît-il enchanté.
Ilumo, vous connaissez ?

Pour sa tournée en France dans des théâtres d’une jauge maxi de 2000 personnes, Mika a décidé de voyager léger avec son équipe rapprochée de musiciens et techniciens, les régies son et lumière plus les décors, la production faisant appel aux prestataires locaux pour la location et l’installation de la diffusion de puissance et du kit lumière.
C’est une démarche vraiment intelligente qui se répand, avec les multiples avantages de gain de temps, limitation du transport au juste nécessaire, coûts de tournée réduits et banane des prestataires évidemment.
Les routes de France ont donc été sillonnées par 2 tour-bus, un pour les musiciens, un pour les techniciens et une semi d’équipement. En complément, fiche technique générique de l’éclairagiste demandait 12 Mac 700 (ou équivalent) 48 PAR Led (RGBA de minimum 5W), 8 Source Four Leko (ou équivalent), 4 ACL4 et 2 machines à brouillard.

Le plan de feu
Petit mais High Tech et surpuissant

Le pont de contre : 24 Ilumo, 6 Viper et 4 ACL4.

Le pont de contre : 24 PAR Ilumo positionnés au dessus des 6 Viper et au dessous des 4 ACL4. On voit que tous les PAR n’ont pas le même angle d’accroche ni par rapport au plan horizontal, ni par rapport au plan vertical. Certains vont chercher les musiciens en milieu de scène.

Le pont de face : PAR Ilumo, Spot Viper et Découpes 614SX.

A la face, on reconnait les PAR Ilumo, on distingue les découpes 614 SX, et seuls les deux automatiques au centre, les Viper, font partie du kit de Justin Shaw. Les autres sont accrochés pour un autre artiste.

La GrandMa 2 Full Size suit les artistes en tournée.

La GrandMa 2 Full Size suit les artistes en tournée.


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Deux Martin Mac Viper Profile à cour et deux à jardin font les latéraux.

Deux Martin Mac Viper Profile à cour et deux à jardin font les latéraux.

Et la bonne fée a transformé la citrouille en carrosse… heu, non a proposé des Mac Viper en alternative aux Mac 700, des PAR Ilumo Zoom Led Spot en Led de 10 W, des découpes Robert Juliat 614 SX en remplacement des Source Four… Justin en avait sous le pied bien plus que nécessaire, et ne s’en plaignait pas.
Donc sur le pont de contre, l’équipe de Régie Lu a réparti 6 Mac Viper Profile et 24 PAR Ilumo, plus 4 ACL4.

A la face, deux Viper, 8 découpes Juliat 614 SX et 12 Ilumo. Sur scène ce sont deux Mac Viper profile qui ont été posés à cour et deux à Jardin, une douzaine de PAR Zoom Led Spot étant disséminés aux pieds et derrière des musiciens. Le tout commandé par quatre sorties DMX de la GrandMa2 Full Size de Justin Shaw qui a choisi d’exploiter le mode 15 canaux du PAR Led et le mode 34 canaux du Mac Viper.

Le Martin Mac Viper faisant l’objet d’un banc d’essais détaillé dans SoundLightUp http://www.soundlightup.com/archives/essais/martin-mac-viper-profile-le-retour-du-roi.html voici quelques infos sur ce nouveau PAR Led.

Le PAR Ilumo Zoom Led Spot de Lumonic
Du concentré d’intelligence

Ilumo Zoom Led Spot est un tout nouveau PAR, conçu et fabriqué en Angleterre, à Manchester exactement, par la jeune société Lumonic dont l’équipe affiche de l’expérience dans les domaines des Led, de leur gestion, dans le design et la mécanique. Ils sont évidemment partis d’une page blanche pour créer un PAR à Led high tech qui réponde à tous les souhaits en termes de puissance, qualité du mixage de couleurs et surtout simplicité d’utilisation.
Sonoss, qui distribue Lumonic en France, s’est aussi impliqué en rédigeant une partie du cahier des charges.

Ilumo, petit et discret mais très puissant, intelligent et joliment carrossé.

Ilumo, petit et discret mais très puissant, intelligent et joliment carrossé.

Ilumo utilise 12 puces RGBW Osram de 10 W coiffées de larges optiques qui assurent le mixage des couleurs, et un faisceau serré de 8° porté à 40° grâce au zoom motorisé. Le refroidissement est confié à un ventilateur associé à un corps, en fonte d’aluminium, bien étudié pour dissiper de chaleur. L’objet en plus est élégant.
Mais c’est au niveau du soft et de la gestion des couleurs que ce PAR Led se distingue avec plusieurs fonctions brevetées.

La plus appréciée ”Color Match” est un mode de calibration qui permet à l’Ilumo de jouer raccord avec les autres projecteurs d’un Kit, qu’il soit à Led ou à lampe. L’approche est visuelle, et consiste à chercher par le menu du PAR à diffuser la même couleur que le projecteur à lampe ou à Led voisin, de lui donner un nom identique pour le rappeler à la console. C’est pratique en tournée d’appeler une seule couleur pour des projecteurs différents. Il est possible évidemment à chaque instant de sortir du canal calibré pour que le PAR Ilumo Zoom Led Spot joue une couleur différente dans le tableau.

Autre innovation, le mode color crossfade est unique pour passer d’une couleur à une autre sans passer par les niveaux intermédiaires de la palette quand elle est sur un seul canal. Pour cela Ilumo utilise trois canaux DMX. Un canal A où l’on sélectionne la couleur de départ, un canal B pour la couleur d’arrivée et un canal de crossfade qui choisit avec intelligence le chemin AB évitant de sortir des couleurs intermédiaires aberrantes.

Un exemple de calibration des PAR grâce à la fonction ”Color Match”.

Un exemple de calibration des PAR illumo grâce à la fonction ”Color Match”. Notez que le Viper nous offre un très beau rouge.

Ilumo en blanc RGBW.

Ilumo en blanc RGBW. Ca envoie ! Les Mac Viper Profile tirent en faisceau serré grâce à l’iris.

Et enfin un mode de travail permet d’entrer directement, via le DMX, les coordonnées CIE xy de la couleur souhaitée, celle d’une référence de filtre gélatine par exemple. Mais là, nous avons un doute sur l’enthousiasme des éclairagistes pour cette approche très informatique. C’est un plus, et en aucun cas un mode de recherche obligé, d’autres modes RGBW cohabitent sans compter les palettes de couleurs mémorisées aux références de gélatines couramment utilisées.

Terminons en précisant que Ilumo Zoom Led Spot est DMX (13 ”Personalities” autrement dit modes de contrôle dans la version 2.4 du soft), RDM, ArtNet en standard, et wireless DMX en option. C’est évidemment un PAR d’exception dont le prix ne joue pas dans la cour du tout venant.

Le pari de Régie Lumière

Justin Shaw, l’éclairagiste de Mika sur la tournée des théâtres.

Justin Shaw, l’éclairagiste de Mika sur la tournée des théâtres. Dommage qu’il n’ait pas eu le temps de nous donner son avis sur ces nouvelles machines.

Pas de chance, Justin Shaw, l’éclairagiste était inabordable avant le concert (la balance s’est terminée à 19h30), c’est donc vers Fredo, le patron de Régie Lumière, que nous allons glaner des infos.

SLU : Fredo, tu es un des tout premiers en France à avoir investi dans le Martin Viper et le PAR Ilumo Zoom Led Spot. Il y a déjà une demande de ces projecteurs dans les fiches techniques ?

Alfred ”Fredo” Santilli : Le Viper, c’est un besoin entre mes Alpha 1500 et 700 car je n’ai plus de 1200. Mes VL 3000 sont vieillissants car ils ont beaucoup d’heures de route. Je devais les renouveler.
Le Viper entre les deux est une bonne alternative. Il est compact, puissant, sa source a une belle température de couleur et Martin m’a fait une belle offre.
J’en ai acheté une soixantaine ; c’est déjà un beau parc qui va je pense encore augmenter dans les mois qui viennent

Les couleurs acidulées du RGB sont diffusées par le décor.

Les couleurs acidulées du RGB sont diffusées par le décor. Le bleu profond des PAR vient envelopper les musiciens.La face de Mika est soignée.

Les Mac Viper viennent jouer de leur zoom ultra rapide.

Les Mac Viper viennent jouer de leur zoom ultra rapide.


SLU : Des soucis de jeunesse ?

Alfred ”Fredo” Santilli : Non, pas de pannes. Mais aujourd’hui, tous les produits fonctionnent correctement, en tout cas ceux que j’achète.

SLU : Le PAR Ilumo à 2500 € prix liste est-il un choix raisonnable économiquement ?

Alfred ”Fredo” Santilli : C’est un choix de proposer un produit à Led qui est vraiment très performant pour créer un autre marché que le tout venant sur le PAR Led économique.
On essaie de toucher le haut de gamme du PAR. Ilumo est très puissant, bien conçu, bien fabriqué et il a plein de possibilités. C’est vrai qu’il est presque au prix d’un automatique mais beaucoup plus facile à utiliser.

Aujourd’hui, en utilisation professionnelle, il n’y a pas beaucoup d’alternatives. Soit tu optes pour des PAR traditionnels avec changeur à gélatine si tu veux de la couleur, soit tu passes à l’automatique, avec toujours le problème, pour encore de nombreux utilisateurs, de gérer les mouvements. Je suis partisan de faciliter la technique. Ce qui est compliqué est fait pour les élites et ils ne sont pas la majorité.
Le PAR Ilumo apporte énormément, avec beaucoup de possibilités de gérer la couleur, un zoom, un stroboscope, le cut de couleur… pour toute forme artistique.

SLU : C’est quoi la durée d’amortissement du matériel chez Régie Lumière ?

Fredo : L’amortissement comptable, c’est trois ans. On essaie d’amortir le matériel sur un an et demi mais on n’y arrive jamais.
J’achète les types de produits sur lesquels il y a de la demande. Je ne me pose pas de questions.
Régie Lumière a été le premier à acheter du Sharpy, le premier à acheter les Alpha 700 et encore un des tout premiers pour le Viper, les Robin 600 et 1200, les Alpha 1500, les Ice Color et aujourd’hui le premier sur l’Ilumo. C’est indispensable pour pouvoir travailler.

Joli effet bicolore.

Joli effet bicolore.

Le décor créé un contre-jour très original.

Le décor créé un contre-jour très original.


SLU : C’est vraiment un beau parc lumière, que tu exploites sur quels secteurs principalement ?

Fredo : La télé représente 50% de notre chiffre avec des émissions comme ”Les douze coups de midi”, ”Ardisson”, ”Le Juste Prix”, La Star Académie”… Et le reste navigue entre le live, l’événementiel et la location sèche.

SLU : Tu dois te positionner dans les 5 plus gros parcs de matériel lumière en France, quel est le chiffre d’affaires de Régie Lumière ?

Fredo : 6 M€, en comptant la prestation vidéo de Pré Vue, avec une équipe en fixe de 14 personnes.

SLU : La taille des locaux ?

Fredo : 2500 m2 au sol, doublés par des mezzanines.

SLU : La prestation ”one shot”, c’est une tendance qui évolue ?

Fredo : Oui, les artistes internationaux font des tournées légères, sans les bus, sans les camions. Ils voyagent léger, trimbalent uniquement le matériel spécifique, comme le décor et les effets et parfois les régies comme ici avec Mika, mais pas toujours. Le matériel est bon partout maintenant et nous on sait le monter.
Car des loueurs de matos il y en a, ce sont les prestataires qui se font rares.

SLU : La fiche technique de l’éclairagiste de Mika est précise…

Fredo : Oui, mais modulable dans le choix de produits. On a un cahier des charges de résultat donc on peut faire des choix à côté des références citées dans la fiche technique.

SLU : Ici tu fournis la structure et le light pour deux soirs de concert. C’est combien de jours d’intervention au total, trois, quatre ?

Fredo : Non, c’est deux jours mais on sait faire. Parfois même c’est un seul jour.

Place au concert

Quel punch, et surtout quelle présence, Mika prend toute la scène, sautant, dansant dans les flots de couleurs vives et saturées des PAR Led. Justin joue des cuts de couleurs aux rythmes funky des titres de Mika, et du zoom des Viper qui tiennent parfaitement la cadence. L’animal est rapide, les projecteurs infatigables. Par moments, juste un Viper en douche ou un effet de contre jour avec les seul éléments de décors à LED, quelques ambiances posées pour chansons romantiques, et Mika repart de plus belle, alors Justin fait strober ses Par et tirer ses Viper en faisceau serré.

La couleur est matérialisée par une bonne densité de fumée.

La couleur est matérialisée par une bonne densité de fumée.

Le concept lumière est typiquement anglo-saxon, sans détails ou effets de projection d’images ou de gobos, peu de mouvements avec les Viper mais du rythme.
Ce sont les symboles rétro-éclairés par des LED RGB nichées dans ses panneaux posés en fond de scène qui font le décors et nous régalent de leurs couleurs acidulées auxquelles les faisceaux répondent en harmonie ou explosion de couleurs.
Avec souvent une très grosse densité de brouillard, (quasiment un fog londonien) et la puissance des PAR Ilumo, la couleur devient matière, un bain dans lequel les musiciens se fondent, formant un arrière plan un peu flou : un effet très chouette qui renforce la présence de l’artiste quand il évolue à l’avant scène.

L’énergie de Mika, sa séduction, sa tessiture de quatre octaves déchainent les fans, les ambiances de couleurs vives exacerbent le répertoire Pop ultra coloré musicalement de l’artiste, le cadre est parfait.
Dans un écrin comme le Casino de Paris, ce concert est un régal pour les yeux et les oreilles.

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Brieuc Guillet aux retours, Boule au calage système

Sexion d’Assaut à Mériadeck 2012

Sexion d'Assaut à Mériadeck

Carton rap et même carton tout court, Sexion d’Assaut tourne en France aussi régulièrement qu’un vinyl sur une SL1200mkII et fait salle comble à chaque date en emportant tout sur son passage.

Nous avons été à la patinoire de Mériadeck de Bordeaux passer une journée avec l’équipe technique de cette interminable tournée – plus d’une trentaine de dates sont d’ores et déjà prévues en 2013 – afin de compléter par le son, le reportage lumière déjà en ligne sur Soundlightup http://www.soundlightup.com/archives/reportages/lapogee-de-sexion-dassaut.html?preview=true&preview_id=8587&preview_nonce=e0e1cbe800

L'équipe audio. De g à d, Antoine Guest, Boule , Raphaël Maitrat et Brieuc Guillet.

L’équipe audio au complet avec de gauche à droite Antoine Guest l’assistant plateau, Alex « Boule pistachée » Borel en charge du système, Raphaël Maitrat au mix dans ta face et Brieuc Guillet, l’homme des retours.

Qui dit journée dit un max d’infos.Nous avons donc choisi de vous offrir ce reportage en deux services.
Honneur tout d’abord aux retours de Brieuc Guillet et au système géré de moustache de maître par Alex Borel alias Boule.
Dans quelques jours c’est Raphaël Maitrat qui nous racontera sa face et on posera quelques questions à Karim Benaziza, le batteur qui accompagne, avec trois autres musiciens, le groupe sur scène. Très bien d’ailleurs.
Un grand merci dès à présent pour l’accueil aussi simple que sympa de toute l’équipe dont la bonne humeur communicative nous a valu quelques fous rires !

Les retours de Brieuc Guillet

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Brieuc Guillet devant la Midas XL8.

Brieuc Guillet devant sa bête. Si, si, ça impressionne les filles, enfin pas toutes. ”Pas vrai Manue ?” C’est quel bouton pour le pur Arabica déjà…

SLU : Ça fait longtemps que tu t’es jeté dans les retours ?

Brieuc Guillet : Ça fait un peu plus d’un an que j’ai commencé avec la Sexion, précisément en octobre 2011. On a attaqué en wedges.
Au tout début de la tournée, Raph (Raphaël Maitrat, ingé FOH NDR) est parti seul en façade et régie, en prenant à chaque date un gars sur place pour les retours.
Ca s’est vite révélé compliqué car le groupe, surtout à l’époque, nécessitait de quelqu’un de fixe avec qui dialoguer et sur qui compter, tout l’inverse de ce qu’il trouvait.
Certes, c’était l’époque où la Sexion était en formation chanteurs + DJ mais malgré tout, avec 6 artistes sur scène, c’était déjà chargé. Quand nous avons eu des musiciens en plus, j’ai demandé à la prod de passer tout le monde en ears, une demande onéreuse car impliquant un nombre important de moulages mais qui a été acceptée.
Depuis c’est beaucoup plus confort pour moi comme pour les artistes et les musiciens.

Quand La Sexion passe des wedges aux ears

SLU : Comment s’est passée la transition avec les 6 membres du groupe ?

Brieuc Guillet : Bien, la seule difficulté a été de ne pas les couper du public avec lequel ils communient totalement, et puis une habitude à prendre de leur part, ce qui est vrai avec tout artiste qui débute avec des oreillettes.

SLU : Une oreille puis deux ?

Brieuc Guillet : Non, je leur ai tout de suite imposé les deux, et ils n’ont pas forcément été attirés par cette solution bancale car ils ont vite compris que c’est le bazar. Ils ont aussi très vite apprécié le confort de bien s’entendre.
Je leur ”ambiance” tout le temps les retours avec du public et je mets la dose à la fin de chaque titre. Parfois ça pourrit un peu le mix car ils en veulent vraiment beaucoup alors j’en retire en douce mais ils me repèrent tout de suite (rires !).
Comme ils sont toujours devant et avec une capsule qui est très sensible, la KSM9 Shure, dans certaines salles pourries, le son s’esquinte vite…

SLU : Courageux comme choix de tête pour du rap !
Ils ne font pas trop de style avec leurs mains ?

Brieuc Guillet : Non, Raph a été super bien pour ça, et il les a tout de suite briefés. Du coup ils ne mettent pas la main sur la boule. L’avantage avec les ears est qu’ils s’en rendent compte les rares fois où ça leur échappe car le son devient vraiment naze !

SLU : Tu dialogues donc bien avec eux ?

Brieuc Guillet : Oui et non. Oui car ils sont adorables, non car ils communiquent globalement peu, ce qui ne me dérange pas forcément.

SLU : Ils n’ont pas les mots pour réclamer ce qu’ils veulent ?

Brieuc Guillet : Pas exactement, ils font un amalgame entre artistique et technique. Par exemple quand les musiciens sont arrivés et que je leur ai fourni un mix avec ces derniers, leurs commentaires englobaient leurs besoins propres et leurs appréciations sur le groupe. Pas évident de retrouver ses petits !

SLU : Ça viendra non ? Ce sont de jeunes artistes en termes de technique sur scène…

Brieuc Guillet : Oui et puis ce travail n’est pas pour me déplaire car il faut vraiment travailler dans leur sens et proche de ce que tu ferais en façade. J’ai donc bien écouté leurs disques et je me suis adapté.

Un son d’album personnalisé dans chaque retour

SLU : Ils demandent quoi en termes de sources dans leurs oreilles ?

Brieuc Guillet : Tout, presque un son d’album. Ils sont habitués avec le DJ à écouter des sons finis et masterisés donc ils veulent ça et leurs voix par-dessus.
Pour éviter de bosser huit mix complets et à chaque fois devoir répercuter la moindre modif chez tout le monde, j’ai créé un mix musique commun que j’envoie à l’ensemble des chanteurs ; les différences sont au niveau de leur voix, du DJ et des ambiances où chacun a ses desideratas.
Le DJ a son mix, il est sur le réseau de talk avec les autres musiciens, et bien entendu chaque musicien a son mix personnel. Le DJ a aussi un E-DJ d’Intelligence Audio, un boîtier avec lequel il peut passer lui-même de la pfl de sa table au mix que je lui envoie grâce à un simple inverseur. Il est désormais en HF avec un micro serre-tête pour pouvoir se balader.

Jean-Paul de Almedia, JP dans la profession, backliner de son métier.

Jean-Paul de Almedia, JP dans la profession, backliner de son métier et cramé par mon flash qui a décidé de lui faire une sale blague. Spécialisé dans les guitares et tout ce qui a des cordes, il s’occupe avec autant de bonheur des batteries et autres claviers. ”Je fais tout moi” ! (Rires !).

SLU : Vous disposez de 4 musiciens…

Brieuc Guillet : Oui, un batteur, un bassiste et aussi chef d’orchestre, un clavier et un guitariste.
Raph (Maitrat NDR) a présenté le projet à Fred (Fall NDR) le bassiste et ce dernier au bout de quelque temps a proposé un certain nombre de titres orchestrés au groupe pour qu’il pioche dedans, ce qui fait qu’il y a désormais une moitié de chansons avec le DJ seul et une autre moitié avec l’accompagnement du groupe.

Le DJ intervient sur certains titres joués en live, et c’est très chouette. Les musiciens tournent au click, et même lui s’y est fait et ses parties sont très en place et très appréciées. Enfin il y a aussi quelques séquences qui habillent le tout.

SLU : Tu n’es pas un Fa Musique au départ…

Brieuc Guillet : Non, j’ai été un Dispatch boy (rires !) permanent chez eux pendant 4 ans, et j’ai démissionné en avril 2011 pour partir dans l’aventure de la Sexion et devenir pigiste. C’est assez classique dans cette société. Pas mal de monde a commencé en tant que permanent et ensuite a franchi le cap de l’intermittence en partant sur une tournée.

SLU : Mais les retours pour toi ça n’était pas une vocation…

Brieuc Guillet : Oh non, j’ai fait un peu de tout chez Dispatch, et lorsque Raph m’a contacté la première fois pour le remplacer, j’ai tenu la face de Sexion. Comme cela s’est bien passé, il m’a proposé de partir avec eux aux retours, et de fil en aiguille (en micro ça serait mieux NDR) je me suis retrouvé bien dans ce rôle.
Etre derrière la console déjà c’est un tel plaisir que devant ou sur le côté ça me va ! J’ai fait beaucoup de plateaux, j’ai été l’assistant aux retours de pas mal de monde donc je n’ai pas trop galéré. Je connais les petites magouilles, les ears, la HF donc il n’y avait pas de soucis.

La Midas XL8 aux retours, confortable mais pleine

La Midas XL8 exploitée en retours.

Si vous aimez les boutons et les racks bien pleins, voici de quoi vous combler avec l’XL8 Midas, une console sans concession y compris pour votre dos, choisie par Brieuc Guillet aux retours. 48 sorties ça se mérite !

SLU : Et un paquebot tel que la XL8, ça se pilote facilement ?

Brieuc Guillet : Pour être franc, on ne connaissait pas les Midas numériques avec Raph.
Nous avons bénéficié d’une formation express, d’abord sur la Pro6 qu’on a eu au départ tous les deux et puis sur la XL8 pour moi car j’étais plein de chez full. Je ne pouvais même plus recevoir un invité.
Raph tourne en ce moment avec une Pro2 qui sonne exactement pareil mais qui est beaucoup plus compacte.

SLU : Tu es plus à l’aise avec 48 départs ?

Brieuc Guillet : Mais je suis de nouveau full ! Rien qu’en mix stéréo entre artistes, première partie, backliners, musiciens, moi et le mix stéréo de base je suis à 16.
Ajoutons à ça un mix spare qui reçoit tous les départs, les sides, les wedges, les subs, des départs effets que j’aurais pu effectivement me faire en direct out, et je suis plein. Confortable mais plein.
Avec les 32 départs de la Pro6 je jonglais trop.

L’XL8 est pratique aussi parce qu’on a tout sous la main, plus de départs, plus de sorties ; elle permet de gérer les talks sans passer par la case mixette, et elle était disponible chez Fa Musique car un collègue venait de la troquer contre une Pro6 à cause de son poids.
J’ai donc sauté sur l’occasion et suis parti avec la grosse mémère !

Une série de 18 émetteurs PSM900 Shure

A gauche, une série de 18 émetteurs PSM900 Shure. A droite le DL9331 facilite l’accès aux égaliseurs émulés par la XL8. En dessous, un TC M2000 et deux Yamaha SPX990. Dessous, trois émetteurs PSM600 et en bas, un DL451 pour 24 entrées et autant de sorties.

En bleu Midas, un stage DL351 capable 64 sorties et autant d’entrées.

En bleu Midas, un stage DL351 capable 64 sorties et autant d’entrées. Au-dessus, 5 récepteurs UR4D Shure réservés aux émetteurs des têtes KSM9. A droite, une partie des amplis D12 d&b dévolus aux retours.


SLU : Du coup vous n’avez pas de patch avec Raph…

Brieuc Guillet : Exact, on se sert de mes deux DL431. L’avantage c’est que chacun dispose de ses préamps, de son gain et de ses convertisseurs.
Contrairement à DiGiCo ou Soundcraft, on a réellement chacun un gain et pas un trim sur le gain de l’autre !
On a en tout 48 entrées, 40 en commun et quelques-unes spécifiques pour moi comme les ambiances ou le click.

17 liaisons HF sur trois plans de fréquences

SLU : En termes d’émetteurs de quoi disposes-tu ?

Brieuc Guillet : J’ai 17 liaisons PSM900 Shure, un émetteur de qualité audio identique au PSM1000 même s’il est moins pratique à utiliser car il a moins de fréquences et n’a pas de mise en réseau. Il est aussi moins bien fichu avec ses deux éléments séparés et ses alimentations déportées.

Une vue de l'analyseur de spectre Winradio G33WSM.

Une vue du Winradio G33WSM, un analyseur de spectre basé sur un récepteur en boîtier, son antenne et un logiciel d’affichage et de pilotage fonctionnant sur PC, le genre d’outil indispensable quand les fréquences se font rares…

SLU : As-tu assez de fréquences pour faire 17 liaisons ?

Brieuc Guillet : Parfois je galère un peu. J’en ai 14 sur un plan et trois sur un autre donc il arrive que certaines salles posent problème.
J’ai donc demandé un scanner qui m’aide bien. Les récepteurs UR4D sont sur un troisième plan.

SLU : Et si tu es vraiment dans l’impossibilité de trouver de la place, tu as des wedges dans le semi ?

Brieuc Guillet : Non ça va, on n’a jamais été à ce point dans la mouise, on s’en sort toujours. On fait plusieurs scans dans la journée, et quand le show commence, globalement ça va. Au pire, on voltige un peu avec le pack de spare le temps de changer la fréquence qui ne passe pas et ça s’arrange.

SLU : Pas de Vitalizer et toute la clique habituelle ?

Brieuc Guillet : Ahhhh j’aurais bien aimé mais…

SLU : Pas de budget !

Brieuc Guillet : Eh oui, on verra à la prochaine tournée si je peux en avoir au moins pour les artistes.

SLU : Tu te sers des effets internes de l’XL8 ?

Brieuc Guillet : Oui bien sûr, mais je voulais en plus avoir pour le chanteur du groupe une réverbération et un délai, plus un effet spécifique pour la caisse claire, d’où la présence du TC et des deux SPX990. Les effets internes servent sur les chœurs faits par les musiciens et tous les instruments acoustiques.
La console est en V2 et les effets ont fait de gros progrès, désormais c’est vraiment bien.

Le mur de M4.

Le mur de M4 servant tout aussi bien de retour ”complet” pour les premières parties que de renfort de baston durant le concert en complément des ears.

SLU : Le DN9331 te sert pour tes wedges et sides ?

Brieuc Guillet : Oui, ça me donne un accès rapide aux égaliseurs 31 bandes émulés dans la table.
J’ai des wedges pour la première partie et des sides pour envoyer de l’énergie sur scène car il s’agit de rappeurs qui ont besoin de ressentir leur musique, et ne pas simplement de l’entendre par leurs ears.
En side j’ai par côté 2 Q-Sub et 2 Q1 accrochés et devant 4 wedges M4.

La répartitions des sources
dans les différents systèmes de retour

SLU : Tu répartis comment tes sources dans tes retours ?

Brieuc Guillet : Je sépare bien les sources. Pied et basse sortent essentiellement par les 4 wedges bien gonflés par l’effet de sol ce qui donne à mes six artistes l’impact et la pression qu’ils recherchent.
Tout le reste sauf pied et basse sort des sides.
Lors des premières parties, si les artistes n’ont pas de ears, je modifie le mix et fais des mix complets par les wedges et les sides.
J’ai aussi pas mal de petits subs individuels sur scène mais du fait de la ligne de subs installée sous la scène, et qui remonte pas mal, ils ne fonctionnent quasiment pas.
Le DJ a lui aussi son M4 et son QSub.

SLU : Comment assures-tu le découplage des platines avec le praticable ?

Brieuc Guillet : Avec des balles de squash. Ca marche super bien. Elles s’écrasent sous le poids de la dalle en ciment qui sert de base aux platines.
C’est indispensable car les membres du groupe viennent parfois ici et n’arrêtent pas de danser et de sauter pour autant.
Comme nous avons eu des galères par le passé, nous avons trouvé ça et c’est mortel.

Un coup de Boule pour caler le système

Le système de diffusion, tout en d&b.

Le système d&b de jardin avec, de gauche à droite, 6 Q1 en latéral, 10 J8 et 2 J12 en bas de ligne en principal et, placés juste derrière, 6 J-Sub en montage antenne, et piqués pour mieux redescendre sur le public. On devine tout à droite les sides de Brieuc composés de 2 Q-Sub et 2Q1.

Après les retours, place au système avec Boule, Alex Borel, qui prouve une fois encore que les bons techniciens ne sont pas tous franciliens et revendique haut et fort son âme lyonnaise d’un : ”Je suis bien sur ma colline à la Croix-Rousse, il y a des bons restos et des bons copains”.

SLU : Il paraît que tu as des subs aussi sous la scène ?

Alex « Boule » Borel (Ingé système) : Comme le système est accroché assez haut – ce soir nous sommes à 11 mètres mais il m’arrive d’être jusqu’à 13 – on perd l’énergie du grave tout devant.
J’ai toujours de l’infra grâce aux deux J-Infra par côté, mais il me manque du coffre dans le bas, et j’arrive à bien le récupérer avec 4 subs B4 qui tournent assez doucement et ne couvrent qu’une petite partie de la fosse.
Ils sont là regarde. (Ca marche du tonnerre, et c’est très addictif ces quatre petits bazars cachés NDR.)

Les deux J-Infra de Jardin avec leurs amplis, un par sub.

Les deux J-Infra de Jardin avec leurs amplis, un par sub. Chacun dispose de deux 21 pouces en radiation avant sur un canal de D12 et un troisième 21 pouces en radiation arrière sur le second canal de l’ampli afin de créer une onde arrière garante d’un fonctionnement cardioïde.

Débusqués par Boule sous la scène, les quatre B4 montrent le bout de leur grille.

Débusqués par Boule sous la scène, les quatre B4 montrent le bout de leur grille.


SLU : Pour la mise en phase comment procèdes-tu ?

Boule : Je me créé deux groupes séparés. Le premier s’appelle « groupe scène » et comporte nos 4 petits renforts de grave B4, quatre T10 en lipfill et les 2 fois deux Q7 qui sont placés assez haut sur scène, et débouchent bien les premiers rangs.
Cet ensemble en charge de la fosse, je le cale en phase comme si j’étais dans un petit club.

Tout le reste, à savoir le système principal, je l’appelle le « gros bill ».
Je dispose d’une commande de délai prenant en charge l’ensemble du ”groupe scène” ce qui me permet de remettre en phase cette petite scène imaginaire dans la grosse scène.
Je finis toujours le calage à l’oreille après le SMAART, et je fignole le niveau des quatre B4 qui doivent s’entendre mais ne surtout pas jouer trop fort pour ne pas venir semer la pagaille trop loin de la scène.

Le T10 d&b utilisé ici en lipfill, à quatre exemplaires et à très bas niveau.

Une bébête qui mord, le T10 d&b utilisé ici en lipfill, à quatre exemplaires et à très bas niveau.

Les deux Q7 du front fill.

Les deux Q7 d&b du front fill surplombés par les micros d’ambiance de Brieuc, un Shure KSM137 et un Sennheiser MKH416.


SLU : Tes J-Sub tu les coupes à combien ?

Boule : Normalement ils sont coupés à 100Hz mais je préfère les laisser monter naturellement.
Les J-Sub sont coupés afin de ne pas descendre trop bas et tenter de faire à leur tour de l’infra.
Les J-Infra se chargent de l’octave 27 à 60Hz.

SLU : Les subs accrochés n’auraient-ils pas été suffisants ?

Boule : La note de base du premier titre du concert est à 40Hz et les J-Sub n’y vont pas bien donc sans l’apport des 4 J-Infra t’es mort !
Si je les coupe durant le concert tu vas tout de suite le sentir.

Sexion d'Assaut

SLU : C’est facile pour un ingé système de travailler dans le rap, de faire par exemple un beau grave avec des sources qui ne sont pas toujours nickel ?

Boule : Pour bosser le grave, le rap c’est mortel ! Même s’il bave parfois un peu c’est un super challenge, et à la fois t’as pas la reprise de micros, pas de tourneries ou de repisses, sauf quand tu as la batterie donc c’est tout bon.

SLU : Tes deux lignes de J-Sub sont naturellement cardioïdes mais as-tu joué aussi avec la directivité verticale ?

Boule : Oui, l’Array Calc permet de visualiser facilement l’effet de quelques petits délais sur l’antenne de subs, et on constate qu’on gagne 10 mètres ici à Meriadeck, et surtout que le faisceau s’aplatit.
Je retarde les deux subs du bas, et ce que je perds en portée je le gagne en cohérence même si j’ai une bosse centrale au niveau du parterre sur laquelle je dois encore travailler.

SLU : Tes rappels latéraux sont en Q1…

Boule : Oui, six par côté. Suivant les salles je les coupe ou pas à 100 Hz.

SLU :T’es aussi de l’aventure Sexion depuis le début ?

Boule : Pas du tout, j’ai pris la suite de Tintin (Mathieu Renaud de Fa Musique NDR) qui a fait quelques dates au printemps mais qui, étant permanent chez Fa, a dû passer la main. Je tourne donc depuis début octobre 2012. Je suis un intermittent lyonnais et je collabore principalement avec Fa. J’ai travaillé pour Olivia Ruiz, les Ogres de Barback, quelques remplacements aux retours de Ben l’Oncle Soul…. Sinon bizarrement je suis issu du circuit punk rock hardcore (rires !)
Globalement c’est le même combat, si ce n’est qu’on ne travaille pas les mêmes fréquences ; les grosses caisses sont différentes et vont à un tempo super rapide.

SLU : Si tu fais le son de ce soir…

Boule : Ahh non là c’est mort ! Comme c’est hyper rapide tu ne peux pas te permettre d’avoir des trucs qui traînent. Tout doit être bien tassé.

SLU : Comment est Meriadeck comme salle ?

Boule : C’est plus qu’un piège, c’est un tas de…
Même pour faire un shoot c’est un enfer car tu n’as même pas une poutre qui traverse toute la scène pour te servir de repère.
J’ai appris trop tard que j’aurais pu avoir les cotes de la salle en fichier. Comme en plus c’est la première fois que je vais jouer à pleine jauge, j’ai un peu mis au pifomètre les latéraux en montant écouter ce matin (et le pire c’est que ça marche ! NDR). Acoustiquement de toute façon, avec le Hall des Expos de Perpignan et sa forme en biseau qui te ramène un vilain délai derrière les oreilles, c’est celle qui craint le plus. Heureusement que le public comme toujours améliore les choses par son absorption.

Sexion d'Assaut

SLU : Comment vous repartissez-vous le travail avec Raph ?

Boule : Il mixe plutôt à plat avec peu d’EQ et c’est moi qui taille les trucs les plus durs directement dans le système. Une fois que le concert commence, il affine en fonction de ce qu’il entend.

SLU : Tu travailles presque exclusivement avec du d&b.

Boule : Étant très proche de Fa c’est inévitable et je maîtrise notamment le J et le Q.

R1, le logiciel de gestion de la diffusion et des DSP équipant les amplis d&b.

Une vue du R1, le logiciel de gestion de la diffusion et des DSP équipant les amplis D6 et D12 d&b.

Dernièrement j’ai eu l’occasion d’utiliser du E15 Adamson sur les Ogres de Barback. J’ai trouvé ça cool y compris la confiance que nous ont accordé les gens de DV2 et Didier dal Fitto en particulier en nous proposant d’essayer son système avec des subs MDC.
Ce qui est mortel, ce sont les amplis Lab.gruppen. C’est dingue ce qu’ils arrivent à faire dans 2 U, sans parler du Lake intégré.

Je pense que ça va bientôt être le tour de d&b de revoir ses amplis. Ça arrive ! Mon seul regret actuel est de ne pas avoir de shelving. J’ai quatre paramétriques par groupe, et j’ai appris à faire avec en élargissant le facteur de mérite à fond.

Je pars du principe que le système est bien foutu et vouloir mettre à tous prix les mains dedans conduit parfois à faire plus de mal que de bien au son.
On a le même phénomène en studio quand tu mixes un titre et que tu as trop de temps. Il faut savoir garder ses premières impressions et ne pas tout vouloir changer.

SLU : Ton drive est donc archi simple…

Boule : Ahh oui, je sors en AES de la table et attaque directement les amplis. Je gère tout avec le R1. Pour ce que l’on fait, ça suffit largement.

SLU : Peut être qu’un peu plus de ressources DSP dans le ou les nouveaux amplis seraient les bienvenues !

Boule : Sans doute oui, mais tu sais, je suis un mec à qui il ne faut pas faire mettre le nez dans le sac de bonbons sinon je bouffe tout ! Je préfère n’avoir que trois Carambars et me débrouiller avec (rires !). Je suis en tous cas ravi car cette tournée fait salle comble à chaque show et nous a donné pas mal de moyens.

J’ai pu m’équiper avec SMAART 7 et quatre micros, ce qui me permet de faire des moyennes globales de mes 4 points de mesure, puis 4 autres et ainsi de suite jusqu’à vraiment découvrir quels sont les accidents qui se répètent, et ceux ponctuels sur lesquels il ne faut pas s’attarder.
Je ne suis ni un vieux dans le métier ni un apprenti sorcier, je fais confiance au fabricant du système et ne vais pas essayer de tout révolutionner.

SLU : Tu as essayé le V ?

Boule : Il y a de fortes chances qu’au printemps les extérieurs en Q1 deviennent du V. Ca marche bien, c’est un vrai « petit » J et ça raccorde bien mieux que du Q1 avec du J. Cela étant, je n’ai encore jamais travaillé avec cette seule boîte.

Je trouve la démarche de d&b bien pensée, très cohérente et faite pour les prestataires. On ne pousse pas à la consommation et ça marche ! Avec un ampli, tu fais toute la gamme et le moindre Watt est utilisé.

Avant d’arriver chez Fa, je n’avais jamais entendu parler de cette marque, je ne connaissais que les MT2, MT4 et X-Array d’Electro Voice et quelques ARCS. J’ai appris le métier avec ça. Du coup, j’aimerais bien faire par exemple les intérieurs en C7 pour retrouver ce côté puissant et qui tape des anciens systèmes.
Je fignole tellement que parfois Tintin me tire les oreilles. (Rires !)

L’écoute

Vue de la patinoire archi-comble depuis le poste de travail de Brieuc Guillet !

A quelques minutes du début du show, une vue de la patinoire archi-comble depuis le poste de travail assez enviable de Brieuc Guillet !

Malgré une salle loin de faire l’unanimité, Boule réussit le tour de force d’y reproduire un grave sec et à la fois baveux comme il se doit dans ce style musical.
Baveux mais pas mou ou, passez-moi l’expression, «dégueulard».
Sans descendre tout le temps particulièrement bas, il se révèle particulièrement physique et fait vibrer chaque spectateur.

Très belle répartition du son avec quasiment pas de zones d’ombre et des raccordements précis ne laissant pas un seul spectateur sur sa faim, y compris dans le bas, grâce à l’accroche des J-Sub qui semble être la solution à Mériadeck.
Les J-Infra, deux par côté posés au sol, ajoutent leur souffle bien aidés par les 4 subs B4 cachés sous la scène au centre et venant malaxer les chanceux lécheurs de nez de scène. Tout en d&b le système principal est composé de 10 J8 et 2 J12 par côté. Les rappels latéraux de 6 Q1 par côté.

Rendez-vous dans quelques jours pour Sexion d’Assaut II, la Revanche de la façade, starring Raphaël Maitrat !

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Sous la lumière de Laurence Duhamel et Stéphane Petitjean

L’Apogée de Sexion d’Assaut

Eclairer un concert de rappeurs est souvent un cauchemar pour l’éclairagiste quand l’artiste s’interrompt à tout bout de champ, de façon intempestive, invitant son public à ”faire un maximum de bruit”.
Les membres de la Sexion d’Assaut, eux, ont bien compris que pour laisser vivre la lumière, il est indispensable de jouer différemment. Chauffer les fans, oui ! Mais seulement entre les titres. Stéphane Petitjean et Laurence Duhamel, sont donc les éclairagistes les plus heureux du Rap. Et leurs tableaux s’épanouissent à Bercy avec les sources généreuses de Régie Lumière.

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La Sexion d’Assaut avec leurs techniciens Raphael Maitrat en bas au centre, Laurence Duhamel et Stéphane Petijean.

Dans les ponts, des sources puissantes adaptées à Bercy

En nombre, une bonne centaine de machines motorisée servent les tableaux. A Bercy ce n’est pas le délire. En puissance par contre, on joue avec du 1500 W.
A la face, les Alpha Spot HPE 1500 Clay Paky sont en alternance avec les wash Mac 2000 XB Martin, les Sharpy et les Fresnel 2 kW De Sisti. A contre, sous un pont de huit Alpha Spot HPE 1500, un grill rectangulaire bien garni de Beam Sharpy, Strobe Atomic 3000 pour les effets et de wash Robe Robin 600 à LED pour baigner de couleurs le DJ et les musiciens perchés à plus de trois mètres sur un praticable. A contre encore, des murs de Jarag sous le praticable, sont dissimulés ou pas, à l’envie des éclairagistes, par un écran à LED semi-transparent et mobile sur un rail : un Mirage Clay Paky. En latéral, deux ponts chargés d’une alternance Alpha Spot 1500/ Mac 2000 Wash XB et de Sharpy étendent les dimensions de la scène et enfin, une armée de Mac 2000 Wash XB, alignés sur deux ponts au cœur de Bercy, éclaire le public.
Au sol, sur scène, encore 6 HPE 1500, six Sharpy au pied de l’écran Mirage, deux Mac 2000 XB et quelque quatre Robin 600 complètent le kit.

Au pied du Mirage, le Sharpy

Au pied du Mirage, le Sharpy, un beam dont le faisceau est ajustable de 0 à 3,8°. Puissant et rapide, à base d’une lampe 5R (à décharge) de la série Platinium (Philips) il ne consomme que 190 W et utilise une roue de 14 couleurs fixes et une roue de 17 gobos fixes.

Tirs de faisceaux de Sharpy

Tirs de faisceaux de Sharpy au départ du truss rectangulaire, des ponts latéraux, de la scène et du pont de face.

Le truss rectangulaire

Le truss rectangulaire placé à contre au dessus du praticable, chargé des Sharpy, des Robin 600 LED et des Atomic 3000

Polémique sur la Sexion

Homophobes les membres du groupe ? La question n’est presque plus d’actualité. Néanmoins Stéphane Petitjean, éclairagiste de Sexion depuis deux ans, tient à les dédouaner.

Stéphane Petitjean (SP) : Ils ont été durement attaqués en 2010. Ils n’avaient pas dit tant de trucs que ça mais comme le groupe marchait, les médias se sont acharnés.

Le Mirage glisse latéralement pour un effet direct des Jarag

Le Mirage glisse latéralement pour un effet direct des Jarag. Au dessus les Wash Robin 600 LED assurent l’ambiance du pratos.

SLU : On peut quand-même écouter sur le net un titre franchement homophobe !

SP : Il y a eu un titre, oui, mais qui n’est jamais passé. C’est suite à une interview qu’ils ont donnée en 2010 à un magazine spécialisé que les médias se sont enflammés. Ils sont allés rechercher ce titre dans leur passé pour les discréditer.
La Sexion a ensuite été totalement boycottée.
Quand le bus est arrivé pour partir en tournée, les dates s’annulaient les une après les autres : un cauchemar !
Ils ont dit des conneries mais ça ne valait pas qu’ils se fassent casser comme ça.

Un contre jour magnifique !

Les idées ne manquent pas aux deux designers pour coller aux textes des rappeurs. Un contre-jour magnifique !

SLU : Financièrement ça s’est passé comment ?

SP : Leur producteur, Eric Bellamy a tout assumé. Il a été grandiose, il a payé tous les techniciens. Je me devais d’aller dans son sens pour les tournées à venir.

SLU : Quelle a été la réaction des Sexion pour sortir de l’impasse ?

SP : Ils ont visité toutes les associations qui se sont senties blessées, partout en France. Ils ont fait leurs excuses et ils sont revenus petit à petit.
L’hiver dernier ils ont fait une tournée ”l’Ecole des points vitaux” avec le morceau ”Désolé”. Petit à petit ils ont redoré leur blason et retrouvé leur public. On ne peut pas leur enlever un truc : ils écrivent bien.

Les images sont animées au rythme des Sexion.

Beau travail de couleur, trichromie soustractive pour les Alpha Spot, additive pour les LED du Robin. Les images sont animées au rythme des Sexion.

SLU : Comment es tu entré chez Sexion d ‘Assaut.

SP : Il y a presque 2 ans, on faisait Aznavour avec Rapha (Raphael Maitrat) qui est copain avec les Sexion et avec Eric Bellamy. Il m’a proposé de faire la lumière du groupe.

SLU : Si j’ai bien compris, tu cosignes la conception lumière avec Laurence Duhamel ?

SP : Oui, j’ai choisi de travailler avec Laurence car elle a travaillé dans le monde du Rap pendant des années. Elle a fait tous les gros concerts de NTM, tous les concerts de IAM dont elle est l’éclairagiste. Elle est une vraie référence dans ce monde du Rap car elle a envoyé les plus gros groupes. Pour Bercy, c’est Laurence qui a tout créé. Ca me permet de dégager du temps sur le côté artistique.

Eclairagiste de Rap, un métier de funambule ?

SLU : C’est quoi la tendance Rap ?

SP : Le problème avec les rappeurs c’est que généralement quand ils sont sur scène, ils commencent un titre 15, 20 secondes et pof, ils s’arrêtent pour inviter leur public à faire du bruit, ”make some noise“ comme disent les anglais. C’est ingérable pour l’éclairagiste !
J’ai expliqué à Bam’s et Dawala (boss du label Wati B) que pour être pro sur scène, on donne le couplet et le refrain sans interruption ce qui permet de créer des tableaux et de faire un vrai show. Ils sont allés dans ce sens et je les en remercie. Grâce à eux, le groupe ne s’arrête jamais pendant un titre, et l’on peut vraiment installer des tableaux lumière.
J’ai donc la même approche en rap qu’en variété

Un très joli tableau entre Alpha Spot HPE 1500 et Robin 600

Un très joli tableau entre Alpha Spot HPE 1500 et Robin 600, Jarag et blinder Mole 8 sur le pont de face et Mole 4 au bord du pratos.

SLU : Laurence, tu as connu ça toi ?

Laurence Duhamel (LD) : Oui, je l’ai connu, je ne vais pas te citer de noms mais il y a des groupes comme IAM et Sexion avec lesquels c’est agréable de travailler, des gens qui aiment le spectacle et n’en respectent pas moins leur public pour autant.

SLU : Tu les gères comment les interruptions inopinées ?

LD : Au moment des interventions, j’appuie sur un bouton et tout s’arrête.

SP : C’est frustrant car ça casse le tableau et l’effet. T’as juste intérêt à maitriser parfaitement ta console pour que ça s’arrête proprement en douceur. Dans ce cas, ce n’est plus de la créa, tu éclaires.

SLU : C’est quoi pour toi une création lumière pour le rap ?

SP : Pour moi ce n’est pas nécessairement être dans le rythme. C’est montrer les artistes avec des couleurs qui collent à l’ambiance suivant les codes établis : c’est hargneux tu passes aux rouges, ça se calme, tu viens dans les couleurs froides. Et aussi dans le Rap, on joue beaucoup avec le public. C’est une demande du groupe qui veut voir son public. Ca les fait ”kiffer”.

Le nouveau binôme à la mode ?

Le nouveau binôme à la mode ? Wash Mac 2000 XB qui repeint tout le plafond de Bercy et Alpha Spot HPE 1500. Evidemment le Sharpy joue la star olympique avec ses puissants faisceaux serrés.

Au cœur de Bercy, parallèle à la scène

Au cœur de Bercy, parallèle à la scène, un des deux ponts de Wash Martin Mac 2000 XB qui assurent l’éclairage du public. La Sexion aime voir son public !


LD : Il y a des groupes qui veulent que ça strobe et que ça bouge tout le temps. A la limite ils n’ont pas besoin de nous pour faire ce genre de chose.

Alpha Spot 1500 et Mac 2000 XB : un nouveau tandem en 1500 W !

Une partie du pont de face

Une partie du pont de face avec une alternance de Mac 2000 XB, Alpha Spot HPE 1500, Sharpy, et Fresnel De Sisti 2 kW sans oublier les Mole 8

SLU : Laurence, comment as-tu construit ton plan de feu ?

LD : Tout a fait classiquement. Quand on a une idée de la scène, on commence à placer les ponts en fonction de ce que l’on veut éclairer. En l’occurrence on a ce pratos de 3,40 m de haut avec les musiciens dessus et les chanteurs devant. On implante ensuite le matériel. On a des wash, les Mac 2000 XB Martin car ce sont les plus pêchus, des Robin 600 Robe à LED au dessus du pratos à proximité des musiciens, des spots Alpha Spot 1500 Clay Paky pour faire aussi bien de l’éclairage que des tableaux et des machines à effets : des Beams Sharpy Clay Paky pour faire des envolées et des breaks et aussi des Strobes Atomic 3000 Martin. Dans une salle comme Bercy, il faut suffisamment de matériel pour ne pas être répétitif.

Séquence Alpha Spot HPE 1500

Séquence Alpha Spot HPE 1500 en finesse et en puissance. Lampe Osram 1500 W, zoom 9,5°-57°, extrazoom de 7° à 9,5°.

SLU : Vous utilisez beaucoup de machines Clay Paky

SP : Cette marque a fait un bond de géant ces dernières années en plaçant la barre très haut entre les beams, des machines légères, faciles à manœuvrer, puissantes et rapides, et les spots. C’est maintenant toute une gamme très performante.
Nous avons ici du Sharpy et de L’Alpha Spot HPE 1500 qui se marient bien. On a une forêt de bâtons quand on veut.

SLU : Il serre à ce point là l’Alpha 1500 ?

LD : Oui en fermant l’iris on obtient du bâton.
Sur les Spots j’utilise la trichromie pour faire des fondus, des breaks de couleurs. Au lieu de faire du strobe on fait des changements de couleurs.
Le Sharpy ne le permet pas car il a une roue de couleurs.

SP : Pour les pêches on a un petit mur d’Atomic 3000 Martin à contre. On a aussi un mur de Jarag derrière l’écran dont je suis fan

Les murs de Jarag

Les murs de Jarag, placés à contre derrière l’écran Mirage.

SLU : je confirme, l’effet est magnifique derrière l’écran ! Et les Robin LED 600 qu’en pensez vous ?

SP : C’est une belle machine qui wash bien. Elle est petite, elle va partout ; pour éclairer nos musiciens c’est parfait en side. Le Robin fait nos ambiances, il remplace les PAR
On a toutes les couleurs, un zoom,  une superbe ouverture, on peut strober, elles ont un vrai dimmer et un vrai blanc. On peut faire du CTB, du CTO.
Avant la LED c’était rose. Aujourd’hui on fait du vrai blanc. Le RGBW a tout changé.


Le pratos situé à 3,30 au dessus de la scène

Le pratos situé à 3,30 au dessus de la scène accueille les DJ et musiciens. Il est baigné des couleurs des Robin 600 LED Wash. Seulement 10 kg et une consommation maxi de 415 W pour cette petite lyre wash équipée de 37 LED multichip RGBW de chacun 10 W. Son zoom est linéaire de 15 à 60°.

C’est Robin qui fait tout le travail de wash : étonnant !

C’est Robin qui fait tout le travail de wash : étonnant !


SLU : Vous vous partagez les tâches comment ?

LD : Stéphane envoie les images et la lumière en salle, moi je gère les tableaux et l’éclairage du groupe et des musiciens.

SLU : Vous travaillez beaucoup avec Régie Lumière ?

SP : C’est moi qui ai choisi Régie Lumière et la société Prevues pour la vidéo.
Aujourd’hui je travaille essentiellement avec eux.
Quand tu peux disposer du Sharpy, du Spot HPE 1500 et d’un mur vidéo somptueux, juste le mur qu’il faut avoir, t’as pas envie d’aller ailleurs !

SLU : D’où viennent les machines qui tirent les flammes ?

SP : Ce sont des Flame Stage de C17. C’est un super produit. Une machine grande comme un boite à chaussures qui fonctionne avec une cartouches aérosol.
La cartouche est capable de tirer 70 flammes mais on se base sur 40 car ça dépend de la longueur de la flamme.


Flame Stage

Flame Stage , une petite machine qui produit de grandes flammes à partir d’une cartouche aérosol (un mélange d’alcaloïdes autorisé dans les ERP) louée par C17 SFX.

Un plein feu qui déchire !

Un plein feu qui déchire ! Mirage à fond en blanc et Atomic 3000.


Une des six Alpha Spot HPE 1500 Clay Paky

Une des six Alpha Spot HPE 1500 Clay Paky surélevée de la scène. A gauche de son nez on aperçoit une Robin 600 LED Wash et à droite, la Flame Stage de C17.

C’est le gars de C17sfx qui ce soir les pilote en DMX avec sa petite console car nous n’avons encore pas eu le temps de les relier à la Grand Ma.

SLU : Aujourd’hui il y a une captation vidéo du concert. Ca implique quoi ?

LD : J’ai ajouté sept poursuites. On n’en avait pas sur la tournée. Aujourd’hui je n’ai fait qu’éclairer mes faces, les éclaircir car j’aime bien travailler avec des couleurs saturées. On reste néanmoins dans les tons. Il y a une vraie profondeur en latéral aussi donc on arrive à jouer sur les ombres

SP : Laurence va tout de même au noir, mais moi très vite j’envoie l’éclairage du du public.

un nouveau tube de la Sexion

”Avant qu’elle parte” un nouveau tube de la Sexion pour dire à leurs Maman qu’ils les aiment. La fumée lourde est générée par une vraie machine à carbo glace Jumbo de C17 apporte la douceur au tableau.

Sharpy et Robin se partagent la scène. La lumière est posée.

Sharpy et Robin se partagent la scène. La lumière est posée.


La Sexion d’Assaut revient encore plus forte, et plus pro, après moult réflexions de tout type, y compris artistique, qui permet au binôme Laurence Duhamel/Stéphane Petijean de construire des tableaux aboutis. La complicité entre lumière et vidéo est évidente à chaque instant. Dans la complémentarité, sans interférences, chacune joue sa partition avec finesse pour accompagner les artistes. C’est souvent l’image qui colle au rythme avec des graphismes animés sortis d’une inépuisable réserve de décors scintillants ou moirés, la lumière formant un cadre immense en 3D, vivant mais sage. La face est parfaitement gérée, et on se doute que l’exercice n’est pas facile avec, à contre, le mur de Jarag et le mur d’images. Alors des pêches aveuglantes, des tirs de faisceaux puissants, spécialité des Sharpy, il y en a, des grands déroulés et des envolées de bâtons de lumière aussi, et même des enchevêtrements qui semblent inextricables. Les choix de machines et leurs positions s’y destinent mais sans frénésie de mouvement, toujours avec beaucoup d’élégance dans les choix de séquences et de couleurs. Quand on a entre quatre et huit artistes sur scène toujours en mouvement, c’est tout un art de sortir des sentiers battus avec un design lumière adapté sans les polluer. Exercice oh combien réussi. Si vous assistez à une des 26 dates de la tournée qui reprend son chemin à la rentrée, n’oubliez pas de faire aussi un maximum de bruit pour Laurence et Stéphane.

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Fondateur du Festival de Jazz de Montreux

Claude Nobs est décédé

Claude Nobs, fondateur en 1967 du Festival de Jazz de Montreux, est décédé le 10 janvier dernier des suites d’un chute pendant une balade à Ski de fond.
Nous avons choisi d’être le relai de l’hommage que lui rend son équipe.

Hommage à Claude Nobs

http://www.montreuxjazz.com/

http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2013/01/11/claude-nobs-le-fondateur-du-festival-de-montreux-est-mort_1815479_3382.html

La vie de notre entreprise

Alain Pouillon-Guibert quitte SoundLightUp

Alain Pouillon Guibert

Art&Show SAS et Alain Pouillon-Guibert ont décidé d’un commun accord de mettre un terme à leur collaboration.
A cet effet Alain Pouillon-Guibert n’est plus actionnaire de la SAS Art&Show et pourra donc se consacrer entièrement à la conduite de ses affaires.

Les membres fondateurs d’Art&Show et l’équipe de rédaction du site souhaitent bonne chance à Alain et le remercient encore pour l’élan, les idées et sa profonde compétence professionnelle qui ont largement contribué à l’essor de Soundlightup.com

Alain Pouillon-Guibert : ”Participer au lancement de SoundLightUP fut un grand moment d’excitation et un réel plaisir lorsque j’étais consultant indépendant, mais, je ne le suis plus.
Je suis revenu dans le cercle des constructeurs qui ont choisi de faire avancer le métier de l’audio professionnel et ma déontologie ne me permet pas d’écrire sur les produits fabriqués par mes pairs.
Bon vent à SoundlightUP et à ses équipiers mes amis”.

Alain Pouillon-Guibert
[email protected]

 

Pour la qualité sonore

Plisson choisit Midas

Stéphane Plisson à droite et Seb Barato

Photographiés lors de la date de Bordeaux de la tournée 2012 de The Voice, Stéphane Plisson avec à sa droite Seb Barbato en charge de la diffusion. C’est ce même tandem qui officiera pour Marc Lavoine mais avec une Pro9.

C’était dans l’air du temps, c’est désormais officiel, Stéphane Plisson a choisi de s’équiper en Midas et d’utiliser cette marque pour ses prochaines tournées. Nous avons profité de l’occasion pour lui demander lesquelles et surtout les raisons du mariage avec cette marque désormais aussi à l’aise en numérique qu’en analogique.

SLU : Peux-tu nous en dire plus sur ton choix et le pourquoi de cette marque ?

Stéphane Plisson : Après de multiples et divers essais comme tous les 3 ans pour rester à la pointe des nouveaux produits, j’ai finalement arrêté mon choix sur une PRO9 et une PRO2 Midas.
C’est à mon sens une des seules marques produisant des consoles axées sur le rendu sonore tout en étant financièrement accessibles. Quand je travaille en 96kHz avec un moteur en 40 bits à virgule flottante, j’entends la différence, notamment en ce qui concerne les EQ et dynamiques.
A ce sujet, c’est la seule console qui propose un choix de 5 dynamiques par tranche. Midas pense son et couleur de son. Ce sont les seuls. Je n’utilise plus un seul plug.

La sommation me donne la réelle sensation de me retrouver sur une XL4, une table que j’ai beaucoup employée il y a quelques années surtout pour la qualité de son mélangeur. Hormis la Vista Studer et la Vi Soundcraft c’est la première fois que je ne ressens pas de gêne à ce sujet depuis que j’utilise des consoles digitales.

SLU : Le soft évolue ?

Stéphane Plisson : Oui mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour le rendre compétitif vis-à-vis du reste du marché qui s’est plus penché sur cet aspect-là au détriment parfois du rendu. En ce qui me concerne j’essaie avant tout de faire du son avec la console qui me suit au quotidien, je suis donc satisfait.

SLU : Sur quels projets vas-tu partir en Midas en 2013 ?

Stéphane Plisson : Tout d’abord la nouvelle tournée de Marc Lavoine que je ferai en Pro9.
Je disposerai de 3 stages actifs DL431 pour un total de 72 entrées et d’un DN9696 pour enregistrer les pistes et faire mes virtual soundchecks. J’ai gardé mon mac Pro en FOH mais avec une carte AES 50 Lynx pour la lecture de fichiers audio HD et pouvoir enregistrer mes mix sur ProTool. Je serai en 96kHz/24 bits jusqu’aux HP en K1.
Second projet, STAR 80 avec 2 PRO 2 et 2 stages DL 431, le tout en V-Dosc, même design.
Enfin en septembre j’assurerai la face de Mylène Farmer en Pro9 et Pro2.

 

Interview de Jean-Marc Hauser et Wilfried Mautret

Sardou Bercy 2012 : mix façade et calage du Leo

Michel Sardou. Bercy 2012

Soulignées par les lumières de Jacques Rouveyrollis, le système principal photographié dans le feu de l'action. Manquent juste à l'appel les deux lignes latérales en Milo. (Photo : Cyril Ubersfeld)

De gauche à droite, Freddy Demannes, Jean-Marc Hauser et Wilfried Mautret.

L'équipe façade de la tournée de Michel Sardou avec de gauche à droite Freddy Demannes, assistant multicarte, en charge du système et de son accroche, Jean-Marc Hauser dit "brut de fonderie" dit "décapitator" dit "le coupeur de têtes" et j'en passe ! Enfin et arborant la chemisette Meyer rêvée pour la photo, Wilfried Mautret en charge du système.

Après une mise en bouche ”produit” avec nos impressions sur le système Leo, dernier né de Meyer Sound, place maintenant aux hommes sans qui ces boîtes seraient muettes : Jean-Marc Hauser au mix façade, Wilfried Mautret au système et Freddy Demanne en super assistant. N’oublions pas non plus Xavier Gendron et Sébastien Rouget, aux retours, que nous avons délaissés faute de temps, certainement pas faute d’envie.

Réputé peu bavard, c’est pourtant un Jean-Marc Hauser de compétition (et avec la puissance de feu d’un croiseur NDR) qui nous a accueilli aussi peu stressé que son artiste malgré le fait de jouer à Paris devant un parterre de VIP à vous paralyser la plus endurcie des équipes. Face à tant de bonne volonté, nous avons lâché les chevaux !

Avec un minimum d’effets

SLU : T’es pas un féroce au niveau des effets, la voix de Michel est très belle mais tes racks sont pourtant bien vides…

Jean-Marc Hauser : Y’a juste un Chandler LTD1 qui apporte sa couleur et prolonge chaque vibration de corde vocale par une harmonique, comme une sorte de Larsen qui n’en est pas mais donne beaucoup de relief et de présence, suivi par un Distressor dont je me sers très légèrement en termes de réduction de gain (un taux de 2:1 NDR). Disons que j’arrondis les angles (rires !). Pour la voix de Michel il ne faut rien de plus. Pour les effets je me contente ponctuellement de quelques réverbérations générées par la console elle-même et de la réverbération naturelle de la salle sauf dans certaines comme par exemple Pau. Au pire je prends une PCM80. Je ne coûte pas cher en périphériques !

LE rack d'effets de la tournée !

Attention, voici LE rack d'effets de la tournée et encore...tout ne sert pas !! On y retrouve le Chandler et le Distressor pour Michel, le préamplificateur Aphex pour les Stentors et, juste au dessus de ce dernier, un lecteur CD Tascam et bien plus puisque disposant d'un port USB pour y raccorder toute sorte de mémoire.

SLU : Ta façon de travailler avec très peu d’effets est habituelle chez toi ?

Jean-Marc Hauser : Y’a 15 ans, j’en mettais des tonnes comme tout le monde. Je partais avec des racks bien pleins et puis les salles m’ont vite calmé. Je viens du studio donc les conditions d’écoute ne sont pas les mêmes.
Bien entendu avec certains groupes, il faut utiliser des effets. Je pense par exemple à Archive dont la musique en regorge. J’ai été voir Philippe Dubiche qui mixe ce groupe, et j’ai vu comment il bosse.
Dans le cas de Sardou, c’est de la variété donc le son doit être avant tout pur et compréhensible.

SLU : Je ne vois pas non plus beaucoup de diodes rouges sur la Vi au rayon ”dynamics”.

Jean-Marc Hauser : La dynamique est très libre. Je compresse un peu la basse, les chœurs pour les aligner et le piano ; quasiment tout le reste est libre.. Je ”gate” un peu la grosse caisse et les toms.
Je n’aime pas non plus les plugs. A Bercy on a déjà tellement d’éléments perturbateurs et qui colorent le son que je vais à l’essentiel.

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Mr Décapitator

Jean-Marc Hauser appuyé à sa tronçonneuse Soundcraft Vi6.

Jean-Marc Hauser appuyé à sa tronçonneuse Soundcraft Vi6. Tobe Hooper est ravi. La saga continue:)

SLU : Ton truc c’est l’égalisation ?

Jean-Marc Hauser : Oui, je taille à mort, c’est ma façon de bosser et j’ai toujours fonctionné ainsi. Ça te permet de ne pas mettre plein d’effets car le son est plus étagé et chaque instrument trouve sa place.
Sur la voix de Michel j’ai un coupe-bas à 195 Hz, puis j’enlève 9 dB à 250 Hz, 10 dB à 631 Hz, 12 dB à 2,7 kHz et 8 dB à 5 kHz.
Je suis Monsieur Jetaille ou Décapitator. C’est mon métier (rires) ! J’agis de la même façon en studio. Je perds fatalement du niveau mais ce n’est pas grave, de nos jours ça se rattrape. Ce qui compte c’est que ça soit cohérent à la fin. Il ne faut pas avoir peur de détruire pour reconstruire. Je ne dis pas que j’ai raison et que c’est la seule façon de bosser. Pas plus tard que cet été, j’ai vu aux Vieilles Charrues l’ingé de Sting. Il n’a pas touché aux EQ’s de sa Studer. Il a juste égalisé la façade, ”one, two, one two” et enclenché les coupe-bas sur quelques tranches. Appelons-ça du travail à l’ancienne.

SLU : Il faut quand même que les sources soient bonnes, que tu choisisses pile-poil tes micros et que tu puisses bien les placer…

Jean-Marc Hauser : Il faut que les sources soient clean, shit in, shit out (rires !).

Tout faire au SM 57 ?

SLU : Au niveau de ton repiquage, y’a des micros originaux ou bien t’es de la famille ”je pourrais tout faire en SM57” ?

Jean-Marc Hauser : Je pourrais tout faire en SM57. Globalement je me satisfais de tout et par exemple sur la ”ride” j’ai un SM57. J’adore ! Je ne veux pas avoir un truc fin, je veux un son clean et qui ne pisse pas.
Mon père est batteur de jazz donc la ride et la batterie en général, je sais comment la repiquer. Pour rebondir sur ce qu’on disait avant, je sais la prendre quand j’ai un bon batteur avec un joli son, et nos backliners font du très bon boulot. Enfin on a de très bons rapports avec les musiciens, donc on dialogue avec eux sur tout ce qui peut nous gêner et on corrige.

SLU : On va faire un tour sur scène voir ce que tu utilises comme capteurs ?

Jean-Marc Hauser : Pour Michel on a un émetteur de la famille 5000 avec une tête cardio Neumann 104, mieux que la 105. Non, ce que j’aime avant tout ce sont les micros sur le piano…

SLU : …Sur le piano ? Mais il n’est pas…

Jean-Marc Hauser : (mort de rire NDC) Mais oui, ce sont des DI, il est vide ! C’est le genre d’ânerie que j’adore, ”j’ai les micros du piano qui soufflent !” Sur les toms je me sers de Beyer et dans la grosse caisse j’ai un N/D868 ElectroVoice, un micro que j’ai découvert aux USA il y a une dizaine d’années, et que je place assez haut dans le fut, plus un Beta 91 posé à l’intérieur. Je mélange constamment les deux, et je les recale avec un petit délai très court pour les mettre en phase.

SLU : A moins que tu veuilles au contraire jouer sur les trous…

Jean-Marc Hauser : Ahh oui mais non, ce n’est vraiment pas bien. On a essayé pour cette tournée, et ça ne rend pas du tout. Ça m’arrive avec d’autres batteurs de mettre un Beta 52 et de le laisser hors phase avec l’autre micro. Tout dépend du son de la batterie. Pour Sardou j’ai opté pour un micro un peu plus dur. Le 868 ressemble à un vieux D12. Il a la même philosophie et se révèle assez polyvalent. Sur la charley je ne sais plus trop ce que j’ai, c’est un statique mais bon, un 57 ferait aussi bien l’affaire.

SLU : Tu m’as dit ne pas être un fan d’aigu mais quand on regarde ce que tu sors dans le Flux, ça reste droit jusqu’à 20 kHz !

Jean-Marc Hauser : Ahh ça c’est la console. Si on était avec une H3000, ça serait différent. Je l’aime bien la Vi6, elle envoie et elle va bien avec le Leo car elle est assez droite.

SLU : Comment arrives-tu à avoir ce grain sur Michel sans avoir de sifflantes.

Jean-Marc Hauser : Je n’aime pas les dé-esseurs, ça fait faire des ”cheus” à tout le monde. Michel n’en a pas besoin mais ça dépend des artistes. Sur quelqu’un d’autre ça pourrait se révéler indispensable.

SLU : Le micro aussi fait un sacré boulot…

Jean-Marc Hauser : Oui mais bon, un SM58 ça irait aussi bien. C’est certain que la tête 104 sur l’émetteur Sennheiser ça fonctionne, mais ça me ramasse beaucoup d’ambiance. J’ai un super aigu sur sa voix mais aussi les cymbales et la charley ! L’artiste est habitué à ce combo ; l’ensemble n’est pas lourd et il s’en sert très bien car il module et joue avec la distance entre bouche et capteur. Il a aussi un grain et un bas, un coffre très intéressant et qui ressort bien.

SLU : Je vois que tu emploies un octuple préampli Aphex 1788A.

Jean-Marc Hauser : C’est un super préampli. Je m’en sers avec les Stentors car je n’avais pas assez d’entrées sur la Vi. Il est terrible, c’est un des meilleurs préamplis qui existent. Il a une patate monstrueuse.

SLU : La voix de Michel passe dedans ou juste dans le Chandler…

Jean-Marc Hauser : Juste le Chandler, et puis tu sais, dans une salle comme Bercy, la différence se mesure sans doute mais ne s’entend pas vraiment. C’est comme avec les préamplis de la Studer ou de la Vi. Si tu analyses, tu verras une différence mais quand tu mets une voix dedans et la passes dans une salle…

SLU : L’intelligibilité des textes est en tous cas très bonne.

Jean-Marc Hauser : Comprendre les paroles c’est un peu pour ça qu’on m’embauche ! On va dire que c’est quelque part ma spécialité. Il y a des artistes qui sont plus difficiles que d’autres dans leur chant, je pense à Eddy Mitchell dont j’ai fait la façade. Avoir beaucoup travaillé en studio et fait des disques me rend sans doute plus exigeant, et puis de toi à moi, quand on ne comprend pas ça m’ennuie ! (rires !) Enfin cette année on m’a demandé de travailler un son moins rock et « en dedans » en retenant un peu les guitares ; la voix en bénéficie. J’ai quand même gardé de l’énergie sur la batterie (on confirme NDR !)

Les quatre lignes 100% MeyerSound.

Les quatre lignes 100% MeyerSound dont les deux principales composées de 12 Leo et 4 Mica en downfill et les latérales composées de 12 Milo et 3 Mica. On distingue aussi les deux bananettes centrales de 6 Mina destinées à "fermer" le trou laissé par les lignes principales et l'antenne de 15 subs 1100 en montage central et qui plus est cardioïde. Tout ce petit monde est placé très en hauteur à 10 mètres de la scène pour ne pas gêner la visibilité des tribunes latérales. (Photo : Cyril Ubersfeld)

SLU : Cette énergie et cette belle couleur rock sont aussi dues au Leo ?

Jean-Marc Hauser : Oui, la batterie sonne bien dans ce système. La grosse caisse, les toms, il y a un truc qui se passe. Dans le Milo, il n’y a pas cette dynamique. C’est un peu ce qui lui manque et pourtant j’adore cette boîte.

SLU : Michel chante avec des ears monitors. Est-ce que cela a changé ta manière de travailler ?

Jean-Marc Hauser : Non, pas vraiment. L’avantage que je vois à ce mode de retours est que je ne gêne pas l’artiste avec ce que je fais et qu’il n’a pas les retours de la salle qui lui pourrissent la vie. La variabilité de salle en salle ennuie tous les chanteurs et beaucoup passent aux ears pour cette raison.

Je pense aussi que la façon de chanter de Michel n’a pas changé, car il y a Xaxa (Xavier Gendron NDR) derrière qui mixe les ears comme des wedges.
Si tu envoies quelque chose de trop clean, de trop parfait, ça ne joue ni ne chante plus. Quand sur scène c’est trop compressé, personne ne fait plus gaffe à son niveau. J’ai parfois du mal à communiquer avec des confrères qui font du son de face ou du disque dans les oreilles des musiciens parce que du coup ils ne contrôlent plus. Ils peuvent y aller fort ou ne rien donner, c’est toujours pareil, donc ce qui arrive à la façade est décousu et parfois incontrôlable.

J’aime bien Xavier et Seb Rouget car ils bossent ”wedge” et se servent peu des mémoires de leur table donc le mec qui n’envoie pas s’en rend compte tout de suite. Trop de confort, ce n’est pas bon !
Des gens comme Andy Scott ou Yves Jaget, qui compressent beaucoup s’y retrouvent peut être ; leur philosophie en façade se rapproche de celle de certains confrères dans les retours. Moi je préfère plus d’air à la face comme dans les oreilles (Yves est attentif à ne pas trop gâter les artistes, cf « Christophe Willem en tournée » sur ce même site. NDR).

Demande de dynamique et d’énergie

Le système principal à cour : 12 Leo.

Le système principal à cour avec de haut en bas 12 Leo et en downfill 4 Mica. Un adaptateur spécifique permet de prolonger les lignes facilement. Remarquez la compacité du Leo qui dans son ébénisterie cache pourtant deux 15 pouces là où le Mica n’a que des 10 pouces !

SLU : Tu as l’habitude d’avoir une bonne écoute en studio. Sur scène qu’est-ce que tu demandes ? Le système est réglé pour la salle ?

Jean-Marc Hauser : Non, le système est réglé pour me faire plaisir mais je vais dans le sens du système. Je laisse faire les réglages et je fais du son après. Le calage doit être au top du système et de ce qu’on peut faire dans une salle, après je demanderai quelques légères adaptations par rapport à ma base de mix. J’aime avoir un système full range et pas traité, avec lequel je puisse faire ce que je veux. C’est pour ça que j’aime bien bosser avec du Meyer. Ce n’est peut-être pas le plus fin ou le meilleur dans l’absolu, mais ce que je veux c’est de l’énergie, et c’est ce qui différencie l’écoute en salle de l’écoute en studio où l’on recherche finesse et précision.

SLU : Le choix de la console est dû au style musical ?

Jean-Marc Hauser : Oui, pour de la variété j’aime bien une numérique qui a ses avantages, mais dès que je fais du rock, je reviens à une analogique comme la H3000 qui est plus simple, plus immédiate et sonnera un poil moins dynamique et plus chaleureux, exactement ce qu’il faut pour ce genre musical. Pour Sardou la Vi6 convient très bien car j’automatise certaines égalisations liées au changement d’instrument sur une même tranche. Un coup j’ai un piano (moche NDR), un autre des cordes, après c’est un orgue, puis à nouveau le piano. Dans ce cas il faut une numérique. La Vi6 en plus est simple, et me permet de m’en servir un peu comme une analogique. Je tiens compte aussi du système de diffusion que je vais utiliser pour choisir ma table. Si je suis accueilli quelque part et que j’arrive sans rien, s’il y a du L Acoustics ou du d&b, je vais plutôt prendre une PM3500. Cela dit, j’ai déjà fait des concerts avec une 02R ou une Venice. Il faut s’adapter à tout. Ce qui est certain c’est que je fais un son adapté au live. Si tu enregistres et réécoutes hors contexte mon droite/gauche, ça ne va pas être terrible.

SLU : Comment fais-tu alors quand tu répètes une tournée ?

Jean-Marc Hauser : Quand on travaille en studio, j’écoute, je fais mon patch mais je ne mixe pas. J’attends la première résidence dans une vraie salle pour le faire. Je travaille avec la philosophie d’un système. Si tu recherches la perfection et essaies de retrouver ce que t’as dans ton casque, tu vas perdre des heures et pourrir tes boîtes, en taillant dedans comme un porc.

SLU : Tu as quand même fait quelques retouches à Bercy.

Jean-Marc Hauser : Oui, c’est normal, certaines sont dues au système lui-même et d’autres à la salle, mais j’essaie de ne pas trop intervenir sinon il n’y a plus d’énergie. Je taille en amont dans ma console. Ce boulot me revient, et chaque salle implique certains changements. Tous les jours je demande une balance avec les musiciens pour avoir la bonne couleur. Mon mix n’est pas figé.

Un gros plan du RMS.

Un gros plan du RMS avec, oh divine surprise, le logo du Leo qui paraît dire que cette boîte serait symétrique et marcherait en deux ou trois voies, sans doute avec deux amplis pour les graves et un seul pour la partie du haut. De simples suppositions, même sous la torture personne n’a parlé !

SLU : Tu n’es pas un adepte du virtual sound check ?

Jean-Marc Hauser : Si bien sûr, si c’est possible, c’est aussi bien. J’ai aussi quelques titres à moi mais très peu. Je les écoute juste pour avoir un repère, pas pour tout changer. En festival c’est pareil, j’écoute le rendu général et je m’adapte. Je ne vais pas tenter de faire tout changer pour moi en faisant ma diva, même quand il m’arrive de tomber sur des gars pas au top. Je trouve que c’est génial d’arriver à tirer du beurre d’un truc bancal, en tous cas du beurre rance parce que parfois on ne peut pas faire autrement (rires !).

SLU : Comment trouves-tu le Leo au bout de quelques dates ?

Jean-Marc Hauser : Je connais bien le M3D et le Milo, je m’en sers depuis 10 ans. Le Leo a beaucoup plus de dynamique, une image impressionnante, une belle linéarité et une grosse couverture. N’oublions pas non plus qu’il envoie car nous tournons à 12 boîtes par côté, ce qui pour une salle comme Bercy paraît juste. 16 par côté, comme on fait avec les M3D, ce serait bien. Le sub 1100 aussi donne bien car il me rappelle le 650…


SLU : Sous stéroïdes !

Jean-Marc Hauser : (rires) Oui ! A l’époque où l’on avait du V-Dosc et que ses presets n’étaient pas encore au point, on utilisait des 650 car je n’arrivais pas à me servir des SB 218 !

Leo accompagné de 12 Milo

Une autre vue du Leo, ici à gauche de l’image, accompagné par 12 Milo et trois Mica en downfill en charge des gradins latéraux de Bercy et garantissant du coup 160° de couverture. Remarquez grâce aux Mica qui paraissent tout petits comme le Milo est beaucoup plus large que le Leo.

La fine équipe de Best et de Meyersound

La fine équipe de Best et de Meyersound avec de gauche à droite Sébastien Nicolas, Cyril Ubersfeld de Best Audio et Miguel Lourtie, en charge du support technique pour toute l’Europe.

Les rites de passage du studio au live

SLU : A propos d’époque, quand tu es arrivé dans le petit monde du son live, comment as-tu été accueilli ?

Jean-Marc Hauser : Ils m’ont bien tailladé jusqu’au moment où je me suis rebellé et j’ai remis les pendules à l’heure. Quand tu sors du studio, tu ne sais pas trop faire ça alors j’ai appris…

SLU : Comment es-tu arrivé du studio à la scène ?

Jean-Marc Hauser : Un peu par hasard. J’ai travaillé dix ans en studio avec Laurent Voulzy dont le producteur à l’époque était Claude Wild. On s’entendait bien avec Claude. Je venais de mixer l’album de Laurent et de dépanner Claude pour son fils alors, en 97, il m’a dit tout de go : « tu feras Eddy Mitchell ». Ce à quoi j’ai répondu « non, je ne ferai jamais Eddy Mitchell ». J’ai fini par dire que j’acceptais mais à condition d’être bien assisté, et c’est à cette occasion que j’ai connu Freddy (Demannes NDR) et Tristan Devaux qui sonorisait beaucoup de jazz et connaissait le truc. On a tourné ensemble en MSL4 puis en V-Dosc. J’avais déjà fait un peu de live mais c’était des soirées hard rock au Gibus pour dépanner le mec de Hard Rock magazine ! J’avais deux spécialités, Voulzy et le métal (rires !)

SLU : Tu ne fais plus du rock ?

Jean-Marc Hauser : Non, les rockeurs ne veulent plus de moi car il parait que je suis trop connoté variet’. En revanche Sardou me prend car je fais du rock ! Je suis avec lui depuis 2004 !

Wilfried roule sa bosse dans le grave

Une vue de l'ensemble du système et à la fois une grande partie du catalogue Meyer Sound puisque pas moins de 5 références cohabitent : du Leo, Milo, Mica, Mina et 1100. On voit bien sur cette image les deux petites lignes de Mina très incurvées vers le bas venant doucher les premiers rangs tout comme d'autres Mina en lipfill sont posées sur le nez de scène. Bien visibles également les 5 caissons retourné à 180° et servant à rendre l'antenne de 1100 cardioïde. (Photo : Cyril Ubersfeld)

Wilfried Mautret dos à la Vi6 de façade.

Wilfried Mautret dos à la Vi6 de façade.

Toujours aussi accessible et précis dans ses propos, Wilfried Mautret a volontiers pris la suite de Jean-Marc pour nous parler plus de gamelles et moins de consoles, avec une sérénité de vieux briscard. Pourtant, ni l’artiste, ni la marque d’enceintes, ni le prestataire ne sont de petit calibre…

SLU : Je pense qu’on a une bosse dans le grave vers le tiers de la salle que ce soit à l’orchestre ou en grimpant dans les sièges latéraux.

Un des deux groupes de 3 Mina employés pour déboucher les premiers rangs .

Un des deux groupes de 3 Mina employés par Wilfried pour déboucher les premiers rangs sur les cotes à l'aplomb des lignes principales.

Wilfried Mautret : J’ai pourtant déjà taillé pas mal les Milo. C’est le Leo qui envoie fort dans le bas. Il faudrait encore écarter les deux lignes pour avoir un son plus diffus.

SLU : Oui mais tu as déjà dû remplir le centre avec des petits rappels en Mina.

Wilfried Mautret : J’aurais pu faire autrement simplement avec des JM1P ou des MSL pour déboucher devant, mais comme la scène doit être parfaitement dégagée, j’ai utilisé les Mina en accroche centrale, en lip et en front, cachées derrière des projos. Des MSL4 auraient mieux raccordé de par leur rendu plus rauque, chaud et chargé en bas médium.

Un point unique et qui plus est cardioïde d’émission de l’infra.

La solution idéale quand la hauteur de la salle le permet, un point unique et qui plus est cardioïde d’émission de l’infra. A cet effet 5 ensembles de 3 subs 1100-LFC ont été accolés avec à chaque fois entre deux caissons face au public, un élément placé à 180° pour créer un lobe frontal. De légers délais ont enfin permis de piquer vers le bas cette antenne.

Les Mina marchent très bien mais on ne peut pas non plus leur demander, avec des 6,5 pouces, de faire le même bas que les Leo qui ont des 15” (rires !). Enfin on a essayé de ne pas trop agresser les gens des premiers rangs. Ce n’est pas un concert de rock !

SLU : Ton antenne de subs placée très haut à cause des lumières est piquée vers le bas ?

Wilfried Mautret : Oui, électriquement via quelques délais très courts, et comme tu l’as vu, elle est cardioïde. C’est la première fois que je fais ce montage mais je dois dire que je suis très agréablement surpris par le résultat. La propagation est presque déroutante. Le manque d’interférences est flagrant.
Bien sûr il y a des endroits où il y a un peu trop de bas mais le son n’est qu’un compromis, et dans ce cas, tailler ne résout rien.
Certaines hauteurs par exemple sont des compromis pour satisfaire tout le monde. Le bas de mes lignes doit être à 10 mètres pour ne pas boucher la vue aux gradins latéraux où prennent place les invités, mais dans l’ensemble je ne me plains pas, on est très bien servi sur cette tournée. Bien sûr l’idéal serait d’avoir 16 Leo par ligne et faire les latéraux avec la même référence d’enceinte…(le Père Noël se repose quelques jours, il vient de finir une grosse tournée, mais je vais lui en parler ! NDR )

SLU : Tu coupes à combien entre têtes et subs ?

Wilfried Mautret : Tu oublies que c’est du Meyer (rires). Tout est fait, si je puis dire, en usine. Le Leo coupe à 60 Hz tout seul. Nous n’intégrons de notre côté aucun filtre.

SLU : Tu as un preset pour ce type de montage cardio ?

Wilfried Mautret: Ah non, pas du tout. Tu prends ton MAPP Online et tu simules. Meyer commence simplement à introduire des réglages dans le Callisto pour que les courbes de phase correspondent bien entre leurs enceintes, et que le raccord soit le plus simple possible. Ils recherchent la cohérence dans le grave lorsque tu mélanges leurs gammes. Ça s’appelle le Delay Integration. On peut aussi maintenant corriger chaque sortie. Le U-Shaping remplace le True Shaping du Galileo, et ce de manière beaucoup plus fine qu’avant. On dispose pour cela de 4 bandes avec la possibilité d’avoir une pente asymétrique entre 6 dB/oct et 12, 18, 24, 30, 36 et 48 dB/oct.

”Leo rétrécit les distances”

SLU : T’en penses quoi du Leo.

Wilfried Mautret : Je suis étonné par la propagation du son. On a fait Bruxelles et jamais je n’avais eu un tel rendu tout là-haut, quelle que soit la solution retenue. Forest n’est pas un lieu facile, mais avec Jean-Marc on a eu le sentiment que la salle avait rétréci en profondeur et qu’on était plus près des boites que d’habitude. Je ressens la même chose ici à Bercy alors même qu’on est à 55 mètres du système. J’ai l’impression d’être comme au Zénith de Paris. Je trouve que, d’une certaine manière, le Leo rétrécit les distances et n’excite pas trop la salle.
Ce ne sont bien sur que mes premières impressions, nous utilisons le Leo que pour la 7e fois ce soir. Je t’en dirai plus quand je l’aurai écouté en plus petit nombre et dans d’autres salles.

Avoir la fibre pour garder le contrôle

Pendant le concert, l'analyseur Flux affiche un très raisonnable 92 dBA.

Pendant le concert, l'analyseur Flux affiche un très raisonnable 92 dBA. A droite le RMS avec que du verts partout et à gauche un petit bout de Vi6 éclairé comme un sapin de Noël, l'idéal en cette période.

SLU : Comment transportes-tu le signal vers les boîtes ?

Wilfried Mautret : Je sors de mon ”stage rack” à cour, et j’attaque un Galileo en AES qui distribue toujours en AES vers 4 Callisto, deux à cour et deux à jardin, et ce sont ces derniers qui convertissent en analogique pour les diverses enceintes. Comme la régie est assez loin des processeurs, nous avons tiré une fibre avec un FANMux pour avoir la main sur les machines et les boîtes. Le trajet est très long, et du simple CAT5 aurait été limite. Le touret de fibre fait 150 mètres, et il n’en reste pas beaucoup. La Vi6 communique aussi en fibre avec le stage car la limite est de 80 mètres en CAT5.

SLU : Vous avez, du fait des 3 tables différentes, un split à l’ancienne…

Wilfried Mautret : Oui, une entrée et trois sorties, une avant transfo pour l’alim fantôme et deux après. C’est du Jensen.

SLU : Seb (Sébastien Rouget NDR) qui mixe les retours des musiciens, travaille sur une XL8. Vous auriez pu vous raccorder simplement sur les sorties de ses préamplis DL431 !

Wilfried Mautret : On pourrait, on pourrait…Mais on n’aurait plus la main sur le gain. On pourrait aussi partager les préamplis de la Vista de Xaxa (Xavier Gendron NDR) ou ceux de Jean-Marc, mais une fois encore, nous avons préféré cette solution qui est plus complexe mais aussi plus fiable.

Si tous les gars du monde…

SLU : Quand avez-vous su que vous alliez avoir du Leo ?

Jean-Marc Hauser : On pensait repartir avec Michel en Milo. Nous avons été conviés à une démo dans le nouveau studio chez Dushow et nous avons écouté un système venu spécialement d’Europe du nord. On nous a proposé de rentrer 24 boîtes. Comme ce système nous a bottés, on a dit banco !

Je suis en tous cas ravi que Dushow nous ait accordé sa confiance pour tester le Léo, d’autant qu’on a eu quelques pointures pour nous aider à le monter ici à Paris. Je pense à David Homer et Typat (Patrick Passerel NDR). À quatre avec Freddy cela a été du gâteau, à plus forte raison qu’on ne se cache rien et qu’on se file toujours nos plans et des coups de main. Pas plus tard qu’hier, j’ai envoyé les images de la config à Bellote. On peut avoir des marques préférées, mais on avance tous dans la même direction. Et si demain je dois accrocher du JBL ou du E15, je le ferai avec plaisir. Chaque système a ses avantages et il faut donc avoir l’esprit ouvert et être prêt à répondre à n’importe quelle demande.

SLU : Wilfried, avec Jean-Marc, ça se passe comment ?

Wilfried Mautret : Super bien, c’est mon mentor, et on se dit tout très librement. Si par exemple à un moment il chargeait l’aigu au risque de faire écrêter les amplis, je le lui dirais et il réagirait sans se poser mille questions. Il sait que si je lui demande quelque chose ce n’est pas pour l’embêter ou me faire briller.
On a tous le même but. La force de Jean-Marc c’est aussi de mixer en donnant de la place à chaque instrument par le biais de ses corrections, tout en construisant un mix cohérent. Quand tu veux isoler un instrument dans son mix, tu y parviens parfaitement, mais dès que tu prends du recul, tu retrouves l’ensemble. C’est certain que quand tu écoutes son mix à la maison, cela fait assez drôle et ne sonne pas comme un disque mais c’est voulu, il travaille avec ce qu’il a et pour ce qu’il a en face de lui. Il n’est pas du genre à trouver son mix mortel en râlant sur les autres s’il ne sonne pas.

Tout à gauche on aperçoit les régies techniques surélevées presque à hauteur des gradins arrière et se finissant par 6 projecteurs Viper Martin alignés sur leurs fly-cases et dont on peut témoigner de l'extrême puissance. Bien visible aussi le système à cour avec face à la tribune, une ligne de Milo prolongée par 3 Mica. Comme on le constate les lignes principales en Leo et Mica sont assez avancées et hautes d'où le besoin de renforts en Mina. (Photo : Cyril Ubersfeld)

L’écoute

La transition est toute trouvée. Je suis d’accord avec Wilfried, le travail de Jean-Marc est aussi épuré que précis et riche, malgré une quasi absence d’effets, et convient très bien au style voulu pour cette tournée.
La batterie est massive et très présente, quasiment sans compression, et laisse avec les autres instruments parfaitement la place à la voix de Michel Sardou.

La caisse claire est remarquable, et son rendu en salle serait presque à sampler tellement il est juste.
Le grave est bien exploité avec un contour raisonnable ne venant pas ralentir ou trop prolonger les frappes.
L’ensemble est épais et cogne, avec une grosse dynamique totalement sous contrôle grâce aux musiciens et à l’artiste tout en maitrise, mais aussi grâce au travail de Jean-Marc qui ne quitte pas ses groupes et réagit au doigt et..au doigt dès que cet équilibre est menacé. L’idéal.

On a beau connaître les textes des chansons par cœur, l’intelligibilité n’en est pas moins totale, l’effet de la couleur du Leo dans le bas mid et médium qui prolonge naturellement la clarté de la tête Neumann bien travaillée dans le Chandler et le Distressor.
Quelques bruits de vent courts sur patte trahissent le jeu de l’artiste avec son capteur et son plaisir à aller chercher du grain une fois sa voix en température, quatre chansons tout au plus le soir de notre visite.

La répartition du grave dans la salle paraît maitrisée grâce au point unique d’émission cardioïde de l’infra, si ce n’est que le Leo envoie aussi beaucoup d’énergie ce qui créé, à environ 30 mètres face à chaque ligne, une zone où le couplage assez souple entre les 1100 et les Leo charge le bas. Il suffit de sortir de l’axe des lignes pour retrouver une balance tonale beaucoup plus juste.

Comme déjà précisé dans notre précédent article, le raccord entre les Leo et les Mica ne marche pas trop, non que cette dernière boîte ne soit pas de bonne qualité, mais le saut générationnel, la couleur chaleureuse et timbrée et la réserve dynamique du Leo, rendent les Mica d’une platitude que même la plus virulente des égalisations ne rattrapera pas.
Il en va de même avec le Milo même si la puissance de cette boîte est supérieure. Le médium et le haut du spectre, mais aussi la dynamique et la projection du son sont franchement différents. La faute en revient au Leo et sans doute un peu aussi au fait que le principe même d’un filtrage fermé à la Meyer rend difficile la cohabitation de ce nouveau gros cogneur avec ses prédécesseurs.
Quoi qu’il en soit, son association avec le son de Jean-Marc Hauser est une réussite et devrait assurer sa promotion tout au long de la tournée de Sardou en 2013.

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Lyre Spot motorisée à lampe HTI 1000 W

Martin Mac Viper Profile. Le retour du Roi

Martin Mac Viper Profile

C’est la nouvelle émeute de la rentrée, une lyre Martin, un vrai spot, avec une sacré lampe à décharge de 1000W, des gobos, de la trichromie, du zoom et des fonctions comme avant, de cette race de projecteurs que l’on croyait éteinte. C’est un nom de Rock Star, un gabarit de cogneuse, une vipère assassine, une légion de 5000 déjà sorties des usines. C’est tout ça et c’est surtout une résurrection.

Mac. Trois lettres, emblème d’une industrie du spectacle si jeune, si pressée qu’elle renie ses modèles à chaque évolution. Combien de ces lyres a pu fabriquer la compagnie Martin, encensées à leurs sorties, dénigrées depuis lors face aux coups de boutoirs d’une concurrence acharnée par un marché finalement si ténu, si volatile. Et pourtant, les Mac600, Mac2000, Mac700 et autres MacIII restent à leur manière des symboles universels. Symbole de démocratisation, rêve d’accessibilité pour des générations d’éclairagistes, malgré leurs défauts. La technologie ne s’attarde pas toujours sur la pureté d’un faisceau, c’est dommage. Et puis un matin ses ingénieurs ont repensé à la lumière d’un spectacle, la justesse nécessaire pour éclairer les comédiens, costumes et décors, à la finesse d’un faisceau se posant sur une danseuse, à la pureté des couleurs jouant avec un groupe, à la puissance d’une explosion de lumière en bouquet final. Alors le projet Viper a vu le jour. Malgré son nom tapageur, ce spot est sûrement la meilleure réalisation de Martin à ce jour. Et Viper deviendra sans doute aussi un nouveau symbole, mérité celui là.

Prise en main et ergonomie

Elle est posée fièrement sur son socle, moi aussi, car la transporter depuis la voiture de Jérôme Garnier, directeur technique de Martin France (je le remercie au passage pour sa disponibilité), ce jour pluvieux réveilla quelques vieilles douleurs. Elle pèse. 37,2 kg précisément. Certes c’est 15 de moins que son grand frère le Mac III, auquel elle emprunte certains traits caractéristiques, dont la seconde paire de poignées, située au dessus des bras de la lyre, si utile pour la porter. Cependant l’ère des grosses costaudes semble toucher à sa fin, tant la concurrence déploie des machines de flux équivalent dans des gabarits très réduits et des matériaux très légers. Je n’en voudrai pas à Martin de privilégier une construction robuste et durable, mais je n’irai pas l’accrocher tout seul à un pont celle-là.

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Robert Juliat


De chaque côté de la tête, un évent associé à un filtre à air.

Les énormes évents de la tête nécessitent un remplacement des filtres à air, la membrane en mousse derrière les grilles, en cas d’encrassement trop important.

Je l’observe. Base trapue, bras anguleux et une énorme tête affutée comme un missile. La division marketing l’a affublé d’un titre de film d’action, les designers lui ont carrément façonné une armure high-tech. D’énormes évents lui balafre les joues, la peinture noire mat, un peu granuleuse, lui fait une peau de granit. Elle impressionne autant qu’elle inquiète. Comme une voiture customisée, elle donne l’air de jouer la surenchère.

Je regarde encore. La lentille de l’optique est remarquable : un gros diamant délicatement poli. Ça peut faire un faisceau superbe en sortie.

La construction est solide, la réalisation très aboutie, le poids gage de qualité. Les poignées, sans être des modèles de confort, permettent une manutention aisée en toutes circonstances, à quatre bras toujours. Un seul blocage, sur le tilt, facilite les opérations d’entretien et le conditionnement en flight.

Le blocage du pan a enfin été abandonné, dispositif inutile et facteur d’énervement quand ce satané loquet refuse de bouger.
Sous la base, huit embases oméga quart de tour sont disposées en hexagone. Droits, perpendiculaires, à 45°, on a l’embarras du choix pour positionner les crochets : tout va bien. Une petite flèche désigne le « front » de l’appareil, bizarrement situé du côté des câbles. Entre respect du sens d’accroche et discrétion du câblage il va falloir choisir.

La fixation de l’élingue de sécurité s’effectue aussi par dessous, dans une trop petite cavité dédiée : moins bien. Surtout que les patins très fin plaqueront la Viper au plancher si vous la mettez au sol, vous obligeant à décrocher l’élingue pour ne pas la rendre bancale.

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La façade de la base avec ses embases Powercon, XLR5 et USB.

La façade de la base avec ses embases Powercon, XLR5 et USB.

Je passe à la base, un strict pavé noir dont l’arrière montre une  PowerCon d’alim, deux vraies embases DMX mâle et femelle, l’afficheur, un bouton, une roue codeuse et un voyant d’état, une embase USB pour les mises à jour.
Tout est accessible, je ne me pose pas de questions, je passe au menu et déballe la doc, très impressionné car elle fait deux volumes et 66 longues pages, en français, hyper détaillées, schémas et photos à l’appui.
Il n’y plus qu’à suivre la recette. La navigation est d’une simplicité folle. Un appui sur la molette pour entrer dans le menu, une rotation permet de faire défiler les fonctions jusqu’à la bonne, un autre appui pour l’éditer, un autre tour de molette pour changer les valeurs, et un dernier appui pour valider.

LE menu du technicien auto.

LE menu du technicien auto.

En cas d’erreur, ou pour remonter d’un menu, il y a le bouton «escape». Ce menu est sur batterie, la touche « escape » permet dans ce cas d’activer l’écran hors alimentation.

Des raccourcis ont été implémentés dans un menu spécial, accessible en appuyant plus de 2 secondes sur ce bouton indispensable, «escape», toujours lui. L’écran propose alors trois choix : un reset général, un On/Off de lampe et la rotation de sens de lecture. J’apprécie la simplicité.
La led d’état renseigne en permanence sur la santé de son propriétaire. Vert, pas d’inquiétude, ambre pour des avertissements, rouge pour une erreur. Si en plus le voyant clignote, c’est pour signaler que le DMX n’est plus de la partie.

Menu et services

J’appui sur la molette, un peu longtemps, le menu m’affiche alors les informations les plus utiles. Agréable surprise !

Ce que j’attend d’un menu d’info, ni plus ni moins.

Ce que j’attend d’un menu d’info, ni plus ni moins.

Les menus du Viper. Vous ne serez pas perdu.

Les menus du Viper. Vous ne serez pas perdu.


Je clique sur la molette et passe aux différents menus. Les plus communs sont regroupés dans le « MAIN». Adresse DMX, choix du mode entre basique et étendu, numéro d’identifiant (dont l’intérêt est limité à une seule gestion de parc, une sorte de numéro de série), inversion de pan/tilt, vitesse des déplacements et des effets (choisir SLOW pour être précis en longue portée), gestion de l’allumage de lampe, extinction et reset depuis la console, réinitialisation des réglages par défaut. Du par cœur pour tous les utilisateurs Martin. Je m’attarde sur quelques fonctions plus spécifiques.

Courbe "Square Law" du dimmer.

La courbe « Square Law » du dimmer assure un réglage fin à bas niveaux.

La courbe en S simule avec succès la gradation d’une lampe halogène.

La courbe en S simule avec succès la gradation d’une lampe halogène.


Les courbes de dimmer sont au nombre de 4. La linéaire permet une variation linéaire proportionnellement aux valeurs DMX pour un résultat trop mécanique. La courbe « loi des carrés » permet un réglage plus fin dans les bas niveaux, la « loi des carrés inverse » plus fin à haut niveau, enfin la courbe en S (VRMS), choix par défaut de la machine, émule au plus près une gradation semblable à l’halogène.

La Viper s’est vue dotée d’un autofocus bienvenu. Si le couplage zoom/netteté était garanti quelle que soit la distance de projection, il n’y aurait sans doute pas de fonction pour la désactiver dans le menu. Mais l’autofocus ne fonctionne que sur une des trois zones suivantes, à paramétrer via la console : de 5 à 10 m, de 10 à 20 m et au delà.

Véritable jalon instauré par Martin, la fameuse roue d’animation subit un changement important, sans doute pour des questions de place. Installée sur la roue de gobos fixes, elle n’est plus qu’une moitié d’elle-même. Pour restreindre (encore plus ?) son utilisation, le paramètre « Gobo 3 FX range » limite le débattement de cette roue mixte aux seuls gobos ou à une partie de l’animation.

La fonction « effect shortcut » permet d’éviter les passages au blanc des gobos et couleurs.

L’écran peut être orienté dans tous les sens, ou être laissé en rotation automatique.
Autre menu, « Information », révèle les durées d’utilisation, nombre de strikes de lampe, version logicielle, vitesse des ventilateurs, températures, identifiant RDM.
Un testeur DMX, «menu DMX Live» est intégré. Outre les valeurs numériques reçues par chaque paramètre, la qualité, taux de rafraichissement et entête (le code qui indique aux automatiques que le signal reçu est bien du DMX 512 de gestion lumière) du signal DMX sont analysés.
Enfin un menu « Test » et « Manual Control » complètent les fonctions utilisateur.

Pour le SAV, d’autres réglages sont disponibles dans le menu « Service ». Les utilisateurs agréés ou maladroits peuvent désactiver, ajuster ou calibrer différents réglages. La mise à jour du software est possible via une clé USB ou une interface Martin et un technicien formé à la procédure.

J’ai l’impression avant même d’allumer cette machine d’être devant un grand cru. Matériaux, finitions, ergonomie, menu, rien n’a été laissé au hasard. Elle possède ses spécificités, héritière de 15 ans de développement danois, qui peuvent agacer certains, mais tout se configure naturellement et rapidement. Sa gueule à elle seule va lui permettre d’envahir les scènes, et hormis son léger surpoids les techniciens en seront ravis.

Je paramètre la Viper en mode étendu, vitesses normales, dimmer en courbe S, autofocus enclenché, limitation de la roue d’animation et des effets désactivée.

Elle est compatible RDM. Ce protocole bidirectionnel permet d’échanger des informations ou des commandes avec une grande partie des projecteurs développés depuis au moins 3 ans, à travers les câbles DMX. Investissez dans un testeur RDM ou une console compatible, et la majorité de ses réglages pourront être effectués assis, au chaud et avec un café par une seule personne. Sinon prévoyez un baudrier confortable.

Chez Martin France rien n’est laissé au hasard. En plus de la mise à disposition de la Viper, Jérôme Garnier m’accompagne pendant tout le démarrage et me fournit même les librairies adaptées à ma console. Je gagne un temps précieux.
J’enclenche l’interrupteur marche-arrêt. Je m’attendais à un démarrage un peu long. 82 secondes, c’est juste raisonnable. Un peu surprenantes sont les vingt premières secondes pendant lesquelles il semble ne rien se passer, le temps de réveiller tous les processeurs sans doute. Je strike la lampe. Bizarrerie que j’impute à mon modèle d’essai, je perd le pan et le tilt pendant la grosse dizaine de secondes que met la lampe à finir de s’allumer.
Enfin à pleine puissance je commence les mesures et…

Tests et mesures de flux

Au moment précis où j’allume le Viper, mes yeux ont rencontré des étoiles : une puissance lumineuse impressionnante à la pureté de glace. Mon œil n’est plus suffisant, aussi je laisse parler les chiffres du luxmètre et les calculs optiques.

Faisceau serré, zoom maxi

Mesures d'éclairement du Mac Viper en faisceau serré

Mesures d’éclairement du Mac Viper en faisceau serré

Mesures de flux du Mac Viper en faisceau serré.

Mesures de flux du Mac Viper en faisceau serré.

Mac Viper, profil du faisceau serré.

Profil du faisceau serré, position zoom maxi.

Faisceau serré, une ouverture de 9,5°, c’est 54500 lux pile au centre, avec un point chaud très discret. Soit (je vous évite les fastidieux calculs) 26 500 lumens de flux.

Faisceau large, zoom mini

Mac Viper, faisceau large, zoom mini.

Mesures d’éclairement du Mac Viper en faisceau large.

Mac Viper, Flux en faisceau large.

Mesures de flux du Mac Viper en faisceau large.

Mac Viper Profil- du faisceau large.

Profil du faisceau large du Mac Viper en position zoom mini

Au zoom mini, je multiplie par 5 l’ouverture du faisceau pour atteindre un raisonnable 44,6°. La source lumineuse se déploie avec une précision exquise, se permettant même le luxe de proposer une régularité de flux lumineux sur toute la courbe de zoom quasi parfaite pour atteindre les 25 200 lumens.

Angle de 20°

Mac Viper, mesures d'éclairement pour un angle de 20°.

Mesures d’éclairement pour un angle de 20°.

Mac Viper, mesures de flux pour un angle de 20°.

Mesures de flux pour un angle de 20°.

Mac Viper, profil du faisceau 20°.

Profil du faisceau pour un angle de 20°.

Bagué de rouge, le lissage furtif.

Bagué de rouge, le lissage furtif.

Pour donner une idée de comparaison, la Viper atteint des niveaux lumineux normalement réservés à la caste des 1500 W. Seul petit bémol à cette avalanche de photons, un léger effet de pompage sur la lampe. Rien de franchement perceptible à l’œil, on serait sans doute passé à côté sans notre luxmètre.

Attention cependant amis pupitreurs, il existe un paramètre supplémentaire de lissage de faisceau, dissimulé du 135 au 139 rue du Contrôle (140 à 144 pour le désactiver), dont l’effet vous privera cependant de 12% de flux.

Déplacements et contraintes thermiques et sonores

La Viper est massive, arc-boutée sur ses bras musclés. Les mouvements en pan et tilt n’en pâtissent pas. Tel un boxeur mi-lourd elle bouge rapidement avec une grande fluidité. En mode normal, un tour sur elle-même lui prendra 2,7 s. Inverser sa tête 1,7 s. En « Fast » elle gagne 0,2 s par round. Son débattement de 540° horizontal, un tour et demi, et de 268° vertical (c’est précis), permettent tous les enchaînements courants. J’appelle encore une fois à la rescousse l’excuse du modèle de démonstration, cette toute première série soumise avec férocité aux tests implacables des futurs utilisateurs, pour signaler un feulement très présent sur l’axe du pan au démarrage et à l’arrêt des mouvements.

Les mouvements du train optique sont eux impressionnants. L’uppercut du zoom s’ouvre en 0,5 sec. La frappe de l’iris claque en moins de 2 dixièmes. Cette combattante sait aussi faire parler la poudre sur tous les appels de gobos ou de couleurs. Férocité oblige, la chaleur émise s’en ressent quelque peu : 40° C de température ambiante, jusqu’à 150° C au point le plus chaud derrière la lampe. La mécanique chante gentiment : plus 7 dB en veille par rapport au niveau de bruit ambiant, elle grogne de plus 18 dB si l’on sollicite tous les moteurs en continu (mesures à 1 m de l’appareil).

En cas de KO, un hard reset la remettra sur le ring en 1 mn et 20 s. Comptez dix secondes de plus pour réamorcer la lampe, elle ne le fera pas automatiquement.

Impression et rendu

Le Dimmer

Mac Viper. Les lames du dimmer.

Mac Viper. Les lames du dimmer. Souriez, c’est pour Halloween.

Le dimmer s’effectue mécaniquement par le rapprochement de deux lames en dents de crocodile, appelé aussi sourire de la citrouille, placées évidemment à l’extrême du plan focale.
On obtient une variation d’éclairement très régulière quelle que soit la courbe de dimmer choisi. Cependant, dans les 3 premiers pourcents du dimmer, un focus un peu excentré fera apparaître un léger tramage semblable à une râpe à fromage.

Le dimmer partageant la même mécanique que le strobe, ce dernier se révèle aussi très précis. Aucune esbroufe sur son paramètre, rien que l’essentiel, un strobe fixe ou aléatoire de 1 à 20 Hz, s’enclenchant comme la foudre.

Pour préserver la lampe et ses composants, la Mac Viper réduit la puissance de lampe de 1000 à 800 W lorsque le shutter se ferme plus de 10s. Dès sa réouverture, la pleine puissance est retrouvée.

Les couleurs

Les couleurs ont toujours été, pour ma part, une des faiblesses de Martin. Un peu criardes ou trop pastel. Mais voilà, un vrai banc optique, une source lumineuse d’exception et une remise en question des bains de couleurs me remettent d’un coup à ma place. Aucune irisation, un étal admirable et des teintes lumineuses ; j’ai l’impression de tenir une palette de peintre.

Mac Viper. Le beau et profond magenta.

Le beau et profond magenta.

Mac Viper. Le Cyan.

Le cyan au clair de lune.

Mac Viper. Le jaune.

Enfin du jaune !


Le magenta s’offre une robe d’un beau lilas foncé, très comédie musicale mais gourmand en luminosité, semblable au Lee Filter 797, le fameux Deep Purple.
Le cyan est d’un bleu azur, légèrement turquoise, à rapprocher du Medium Blue Lee 132.
Le jaune abandonne sa livrée canari et passe au poussin, moins vert, plus ambré, très lumineux aussi, en laissant 80 % du flux lumineux intact. Le L010 Yellow, de Lee Filter, s’en approche assez.

Ses trois couleurs de bases se révèlent en plus fort équilibrées, permettant des mélanges judicieux sans ombrages inopportuns.

Mac Viper. Le rouge, mélange de magenta et jaune.

Le rouge garance.

Mac Viper. Le vert perroquet.

Un vert électrisant.

Mac Viper. Le bleu cobalt du congo.

Le bleu cobalt du congo.


Mac Viper. Demi-rouge appliqué.

Demi-rouge appliqué. Je vous jure, Instagram (l’application photo pour iPhone) n’a pas connu cette photo.

Ainsi le mélange magenta et jaune donne un rouge flamboyant, proche du 029 Lee Filter.
Le vert perroquet est éclatant, copie du Twickenham Green Lee 736.
Enfin le congo est d’un beau bleu sombre, parsemé d’UV, à la manière d’un John Winter Blue 713.

A cela s’ajoute la traditionnelle roue de CTO, réchauffant votre lumière jusqu’au 3200 K des lampes halogènes, que vous utiliserez aussi à bon escient pour ajuster certains ambres et autres pastel. En tout cas je vous le conseille tant l’optique permet toutes sortes de mélanges sans irisations ni aberrations chromatiques.

Les amateurs de saturation, ainsi que les professionnels de l’image, trouveront dans la roue de couleurs fixes un arc-en-ciel de bonheur. Des primaires purs (bleu, vert, rouge), des secondaires éclatants (orange, magenta), un vrai congo et deux correcteurs indispensables : le CTB pour pousser la température de lampe de son 6000 K originel au plus tendance 7200 K, ainsi qu’un demi minus green pour certaines captations vidéo. A trop goûter ces teintes, vous succomberez bientôt aux demi-couleurs, ne serait-ce que pour le plaisir coupable d’admirer le dégradé obtenu.

Gobos et animation

Point le plus délicat, sans doute le plus subjectif, le choix des gobos et effets d’animation. J’assume donc mes goûts en vantant particulièrement les premiers et en regrettant le second. Avec une telle optique, la moindre faute de goût saute à la figure, tout comme les franches réussites.

Les 2 roues de gobos tournants proposent deux catégories de 5 gobos : les abstraits et les volumétriques. Les premiers mixent l’indispensable (nuit étoilée, glace) et l’original (volutes, mur de briques et cicatrices), les seconds prennent une ampleur phénoménale dans la fumée (kaléidoscope, spirale, radar ou encore un autre au doux nom de « Too Many Doctors » assez indescriptible). Ce renouveau de la banque d’images apporte une aisance visuelle incroyable, l’habillage scénique haute couture voisine de déments vortex.

Mac Viper. GoboMac Viper. Gobo.Mac Viper. Gobo.Mac Viper. Gobo.


Mac Viper. Gobo.Mac Viper. Gobo.

Mac Viper. Gobo


Parlons maintenant des choses qui (me) fâchent. La dernière roue combine 4 gobos fixes et un tronçon de la fameuse roue d’animation Martin. Okay, ces quatre gobos permettent des mélanges surprenants et souvent réussis en associations avec les autres roues et le prisme. Je vous laisse d’ailleurs juger mes propres mixtures dans la galerie suivante, cela vaut mieux que d’inutiles descriptions.

Quel dommage d’avoir mutilé ainsi la roue d’animation sans doute par manque d’espace dans un nouveau corps ultra-compact. Ce fameux disque, strié de manière savante, tournait sans fin autour de son axe. Ce balayage perpétuel, assemblé aux autres gobos et affiné par de bons choix de focus, laissait libre cours à notre imagination. Comme des démiurges, nous levions des escadrilles de nuages, enflammant les murs, gonflant la moindre vaguelette en cataclysme marin, bref avec un peu de temps devant nous, nous explorions jusqu’au moindre recoin de cet effet à la Méliès. Hors là, avec ce malheureux tronçon d’effet, c’en est fini de nos visions divines, l’infini mouvement n’est plus. Nous sommes passés des flots rugissants à l’essuie-glace sous la brume, du lance-flamme vengeur au briquet crachotant. Et l’effort de Martin de proposer plusieurs fonctions d’animation préétablis (métronome, interférences, aller-retour, etc) sur le canal – déjà très fourni – de la Roue FX renforce notre déception.

Heureusement il y a le prisme. Un multiplicateur (x4) de faisceau transparent, très équilibré, multipliant par magie le moindre gobo comme les fleurs au printemps. Tout cela avec des vitesses de rotation douces et très précises, c’est sans doute le meilleur prisme rencontré.

Mac Viper effet prisme sur gobo.Mac Viper effet prisme sur gobo.Mac Viper effet prisme sur gobo.Mac Viper effet prisme sur gobo.


L’iris aussi se démarque par sa qualité. Constitué de 16 lames en corolle, il est excessivement rapide. A son minimum, il taille dans le faisceau une arête de moins de 3°. Toujours dans la simplicité, le paramètre de l’iris se consacre exclusivement à son ouverture, sans effet de pulse ou autre.

Focus et zoom

L’optique est la pièce maitresse du Viper. Le zoom X5 passe de 9 à 43° avec une linéarité irréprochable. Le focus, très précis, offre une netteté parfaite, y compris à l’ouverture la plus large. Le champ focal, très vaste, permet de se promener jusqu’aux lames du dimmer, puis de remonter tranquillement au delà de l’iris. Les morphings entre gobos deviennent une simple balade.

Ce coup-ci Martin s’essaie à l’autofocus. Tout d’abord, il vous faudra choisir une plage de distance grâce au paramètre adéquat situé sur le canal de contrôle (de 5 à 10m, de 10 à 20m et de 20m à l’infini) puis effectuer le net. Cela reste confortable (mais un peu long si vous êtes sur le feu avec votre console !) avec les gobos tournants, mais les gobos fixes ou l’iris demanderont quand même des ajustements suivant le zoom choisi. Pas de grande révolution mais un effort dans le bon sens du constructeur danois.

Je finirai avec le Frost. Vraiment progressif, il ne donne pas du tout cette impression de surgir subitement en sortie du faisceau. Si il manque vraiment de diffraction pour transformer votre spot en Wash (pour cela vous achèterez les Viper Wash, ou BeamFX, ou …), il laisse passer beaucoup de flux et vous offre de beaux bords flous. Pas de quoi remplacer une rangée de Fresnel mais cela peut sauver la face.

Sous le capot

La construction reprend les standards de Martin. Les capots de tête s’enlèvent avec 2 vis Torx de 20, les élingues de sécurité tiennent avec des attaches rapides coulissantes, fini les maillons à visser.

L’architecture est finalement très simple avec une boîte à lumière accueillant la fameuse lampe Osram HTI 1000/PS, 6000K, dotée d’un IRC supérieur à 85 et d’une durée de vie optimum de 750 h. Elle s’installe avec le fameux procédé fast-fit, vissage ¼ tour au dos de l’appareil, une fois une simple vis Torx 20 ôtée.

Vue interne du Mac Viper.

Vue interne du Mac Viper.

Les deux gros ventilos et les tuyères de refroidissement de la lampe.

Les deux gros ventilos et les tuyères de refroidissement de la lampe.


Deux superbes grosses tuyères (en jaune vif) assurent un refroidissement direct de la lampe au cœur de sa corolle. Un filtre calorifique protège les éléments internes des calories.

Deux modules se partagent ensuite les principales fonctions. Le premier, extractible en enlevant 3 connecteurs et 2 vis Torx 20, gère d’abord les fonctions de dimmer et de strobe grâce à 2 lames crantées. Il fait ensuite passer le flux lumineux au travers des drapeaux de CTO et de trichromie. Le filtre de lissage.

Le module de projection.

Le module de projection.

Le deuxième module gère les projections. On le démonte de la tête du spot par 2 vis Torx 20, en retirant 2 connecteurs et en faisant coulisser le mécanisme de zoom vers l’avant pour dégager le passage. Le chemin de lumière passe par la roue de couleurs. Les filtres sont simplement clipsés. La roue métallique des gobos fixes et animation vient ensuite, suivie des roues de gobos texturés et volumétriques. Les porte-gobos sont clipsés à leur roue, le gobo en lui-même est maintenu par un ressort (sauf les gobos verre, collés). La roue d’animation peut être changée en la sortant de son moyeu. Le dispositif d’iris complète le deuxième module.

Les fusibles de protection.

Les fusibles de protection.

Tous les connecteurs des modules sont repérés sur la carte électronique et sont regroupés au même endroit, à côté du zoom, vers la lentille de sortie. C’est aussi là que les fusibles de protection se trouvent. Pour faciliter les opérations de SAV, les différentes cartes de commande sont identiques.

Fixés sur la partie mobile du zoom, le prisme (au premier plan) et le Frost.

Fixés sur la partie mobile du zoom, le prisme (au premier plan) et le Frost.

Installé au plus près de la lentille de sortie, le train optique complète le mécanisme. L’équipage mobile zoom/net se décompose entre ses optiques principales, coulissantes, sur lesquelles viennent se fixer le porte-prisme et la plaque circulaire de Frost, et l’optique de sortie fixée directement derrière la lentille du spot. Les chariots des glissières étant déjà lubrifiés par une graisse Téflon longue durée, aucune lubrification supplémentaire n’est requise.

Les opérations de maintenance et de réparation sont encore une fois grandement facilitées par l’accessibilité sans faille de la mécanique, ainsi que par un manuel d’installation extrêmement détaillé et entièrement en français. Ainsi, par exemple, vous serez guidé pas-à-pas pour le remplacement des filtres à air situés de chaque côté de la tête.

Verdict

Une star est née. Avec son look égocentrique, ses caprices et sa folie. La Viper, héritière Martin, a perdu ses gimmicks d’animation, manque de générosité sur l’autofocus, mais cela n’a pas d’importance finalement. Elle hurle sa lumière dans un faisceau éblouissant et bouge comme une damnée. Modèle absolu de pureté, son optique nous permet mille fantasmes de couleurs et d’aspects. Elle rêve de scènes magistrales, de comédies musicales, de concerts de rock, de la moindre place où faufiler son gabarit athlétique avec une seule idée en tête, nous assommer par son talent.

Mac Viper. Caractéristiques générales.Mac Viper. Mesures.

Mac Viper. Affectations DMX.

Mac Viper. Affectations DMX.

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