Opticien, plasturgiste, sculpteur de faisceaux

Gaggione dans le collimateur

Les collimateurs Gaggione

Gaggione, opticien, plasturgiste français, spécialisé dans la réalisation d’optiques de qualité associées aux Led, se positionne au monde parmi les trois meilleurs pour ne pas dire le meilleur grâce à une expérience de plus d’un demi-siècle dans la plasturgie, et aux moyens qu’il s’est donné en hommes et en outils de R&D.

Il équipe historiquement Ayrton, grâce auquel nous avons obtenu l’autorisation exceptionnelle de rencontrer les ingénieurs et de visiter l’usine.
Et l’on mesure à quel point les facteurs dégradant la dispersion mais aussi le flux et le mélange de couleurs sont légion tout au long du process de conception et de production d’un collimateur.

Direction la Plastic Vallée dans l’Ain en compagnie d’Yvan Peard, dirigeant d’Ayrton, où nous sommes accueillis par David Veryser, directeur commercial de la division optique  de Gaggione.

Objectif, découvrir l’entreprise qui reste souvent, pour ne pas dire systématiquement, dans l’ombre de ses clients, comme un secret jalousement gardé, à l’exception d’Ayrton avec qui Gaggione a noué sur la durée, un partenariat fiable basé sur la confiance.
Et puis visiter l’usine, et photographier sous haute surveillance car les secrets de fabrication, en plus de 60 ans d’expérience dans la plasturgie, ne se partagent pas.
Un peu d’histoire pour commencer.

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L’histoire de Gaggione

Nous sommes dans le massif du Jura, entre Lyon et Genève, dans la fameuse vallée d’Oyonnax, berceau de la plasturgie en France, qui a connu son apogée en injectant du plastique pour le marché automobile. Et puis les pays « low-cost » ont proposé ce service à moindre coût. On dit qu’il y avait dans cette vallée plus de Ferrari que partout ailleurs en France !

Pierre Gaggione était mouliste. Né en Italie, quand il arrive en France après la 2e guerre mondiale, il créé, au fond d’un garage, une société de fabrication de moules. A cette époque, dans la plasturgie, il y a deux métiers : ceux qui conçoivent les moules et ceux qui les utilisent pour y injecter du plastique afin de créer des objets de toutes sortes.
Au fil des années, Gaggione devient une société spécialisée dans l’injection de plastique transparent de forte épaisseur, pour répondre à une forte demande du marché de la cosmétique et du luxe : coffrets, bouchons de flacons de parfum… Et la maîtrise du plastique transparent épais la conduit vers le monde de l’optique.

L’entreprise sera dirigée par la famille avant d’être rachetée en 1999 par la holding Babylone.

L'équipe Gaggione, en partie seulement car l'usine travaille en 3 x 8.

L’équipe Gaggione, en partie seulement car l’usine fonctionne en 3 x 8.

Gaggione, partout autour de vous depuis 65 ans

Vous portiez du parfum Chanel, Nina Ricci, Versace… Vous avez certainement manipulé un emballage Gaggione. Le joli coffret pour une célèbre marque de café haut de gamme, lisse et transparent comme du cristal, illustre aussi le savoir-faire de cet industriel. Aujourd’hui, Gaggione limite ses activités à l’optique et au packaging. Elle abandonne progressivement le marché lié au luxe, en reconnaissant qu’elle y a forgé son expérience en plasturgie.

Un moule de mallette e-plasticase.

Un moule de mallette e-plasticase.

Les packagings ce sont des mallettes fabriquées sur mesure, pour un grand nom de l’outillage français par exemple qui garantit ses outils à vie, Gaggione assurant 100 000 ouvertures sans dégradation des charnières en plastique.

Gaggione a en outre développé sous la marque e-plasticase une gamme de mallettes standards personnalisables au logo du client. Des outils de communication destinés aux professionnels de tous les secteurs d’activités : outillage, instruments de mesure, médical, premier secours, automobile…. Parmi leurs clients renommés, la gendarmerie nationale avec des mallettes « Gel des lieux » utilisées sur les scènes de crime, Legrand avec des valisettes de présentation ou des kits pour pinces à sertir, Merck avec des mallettes de démonstration, et puis… la liste est vraiment longue !

En optiques, dédiées exclusivement à l’éclairage, Gaggione fournit des solutions sur mesure utilisées en indoor, outdoor, pour l’architectural, le spectacle, l’éclairage public extérieur, pour l’industrie, le transport ferroviaire, l’aéronautique. On les retrouve dans le TGV (les lentilles de liseuses) sur la voie publique (les feux tricolores, éclairage de voirie) sur l’autoroute (les panneaux d’affichage de messages de sécurité) dans le médical sur les luminaires de salles d’opérations qui envoient 160 000 lux, plus que le soleil, sur une très large surface pour éviter les problèmes d’ombres.
Mais ne nous égarons pas…

Les étapes qui focalisent l’entreprise
1996, 1re Led Lumileds*, injection du premier collimateur pour Led au monde

Dans les années 90, Gaggione est plasturgiste, comme nous l’explique David Veryser, directeur commercial de la division optique.

David Veryser, Directeur commercial du département optique de Gaggione.

David Veryser : ”Nous sommes en 1996, la première Led de puissance au monde est proposée par Lumileds. Son nom : Barracuda et ensuite Luxeon. Philips a dessiné une optique appelée collimateur pour focaliser la lumière de cette source qui émet sur une demi-sphère, et nous demande si nous serions en mesure de le produire par injection plastique.
C’est donc en 1997 que Gaggione fabrique le premier collimateur au monde selon cette méthode, et ce grâce à un savoir-faire garantissant une excellente maîtrise des tolérances mécaniques et des contraintes physiques liées à la production de pièces de forte épaisseur. Nous savions aussi injecter en maîtrisant le phénomène de retrait de la matière. Nous devenons alors plasturgiste à vocation optique et orientons notre stratégie vers le développement de ce marché prometteur”.

1999, Gaggione est rachetée par la Holding Babylone

Babylone est la holding de 3 sociétés : Gaggione (ingénierie et injection thermoplastique), Surcotec, basée à Genève (ingénierie et traitement de surfaces) et Quadratec basée à Montréal – Québec (injection thermoplastique).

David Veryser : ”Il y a un an, Gaggione décide d’accompagner ses clients sur le marché nord-américain via sa société-sœur : Quadratec.
C’est une petite société, environ 15 personnes, qui évoluait sur un marché de la plasturgie dévasté. L’optique est pour Quadratec une opportunité de se développer sur un secteur de niche et pour nous d’avoir un site de production local. Ils ont gardé leurs propres marchés (biens de consommation, médical, automobile, etc.), indépendants de l’optique.
L’ingénierie et les moules sont réalisés en France ; sur place, deux machines sont dédiées à la production d’optiques.

Le réflecteur hybride LEDnLIGHT

Le réflecteur hybride LEDnLIGHT, né d’une collaboration entre Gaggione pour l’optique et Surcotec pour la métallisation à l’argent. (Photo Daniel Gilet)

Surcotec est spécialisée dans l’analyse des matériaux et la dépose de couches minces (diélectriques, métaux) permettant ainsi l’ajout de fonctions optiques comme par exemple les surfaces réfléchissantes.

Leurs marchés sont ceux de l’horlogerie, du médical, du luxe, de l’optique et nous nous sommes trouvé un intérêt commun : la réalisation de composants optiques employant des propriétés de réflexion.

Cette réflexion est créée par une micro-couche d’argent pur. La métallisation à l’argent assure un taux de réflexion de 95% contre 85% avec l’aluminium couramment employé.”

2005, intégration d’un ingénieur opticien

Mais investir le monde de l’optique implique l’intégration de scientifiques dans l’entreprise et principalement celle d’ingénieurs opticiens.

David Veryser : ”Une autre étape importante de notre transformation se fait en 2005 lorsque nous recrutons Jean-Pierre Lauret pour dessiner nos optiques standards et les optiques sur-mesure de nos clients. A partir de ce moment, Gaggione devient un opticien qui va utiliser l’injection de thermoplastiques comme moyen de production.
Cela implique aussi d’assurer une veille technologique auprès de l’ensemble des acteurs de la filière de l’éclairage à Led (fabricants de Led, systèmes de refroidissements, d’électronique…) ; c’est comprendre comment le produit va vivre dans un système complet qui a ses contraintes thermiques, électroniques, de bining, de mélange de couleurs”.

2006, naissance du catalogue LEDnLIGHT

En 2006 Gaggione décide de développer sa propre gamme d’optiques.

Une partie des 500 références de la gamme LEDnLIGHT.

Une partie des 500 références de la gamme LEDnLIGHT. (Photo Daniel Gilet)

David Veryser : ”Quand j’étais chez Philips (avant d’intégrer Gaggione, David Veryser a travaillé pendant 14 ans chez Philips Lighting), nous faisions appel à Gaggione pour développer des solutions sur mesure. Mais pour certains projets urgents, Philips était obligé, et à contre-cœur, de se fournir auprès de la concurrence. Le délai d’une étude optique (3 à 6 semaines), la réalisation d’un moule (8 à 12 semaines), l’essai des premières pièces, leur qualification…

Parfois le projet ne peut attendre et l’accès à des produits standard, disponibles sur étagère est l’unique solution. C’est ce qui a poussé Gaggione à développer une première gamme composée à l’origine de cinq optiques standards, sous la marque LEDnLIGHT.
Aujourd’hui le catalogue compte plus de 500 références différentes et poursuit son développement.

SLU : A ce moment, la concurrence est-elle locale ?

David Veryser : Non, il n’y avait pas de concurrent en France, pas plus en 2005 qu’aujourd’hui d’ailleurs. Nos véritables concurrents sont en Angleterre, Italie, Finlande, Taiwan et Chine.

SLU : Et à chaque référence de Led, correspondait un collimateur ?

David Veryser : Oui, c’était notre décision, à chaque Led correspondait une optique dédiée et/ou une interface mécanique, un support qui repositionne l’optique par rapport à la puce située dans le boitier de la Led. Aujourd’hui les puces sont presque toutes disposées sur des bases en céramique de même épaisseur, donc quand on développe une optique, elle est généralement compatible avec la plupart des Led du même segment de marché”.

Yvan Peard : ”C’est à cette époque que nous avons adopté la première optique Gaggione pour la seoul P4 dans les projecteurs Ayrton (Easy color, Moduled…). Seoul a eu l’intelligence de sortir la P4 avec un boîtier compatible K2”.

2007 : L’usinage diamant

C’est l’arrivée d’une machine à usinage diamant qui va permettre à Gaggione d’atteindre des niveaux de qualité quasiment inégalés.

David Veryser : ”En optique, on parle de tolérances de l’ordre du micromètre, et s’agissant des longueurs d’ondes de la lumière visible, nous parlons de centaines de nanomètres.

Pour être respectable en optique, l’empreinte d’un moule doit être usinée à ces échelles. L’empreinte est la partie du moule qui réplique la forme du produit. La machine d’usinage et son outil diamant assure un contrôle des défauts de forme ainsi qu’une précision de la rugosité comprise entre 1 et 10 nm selon les matériaux employés. Grâce à cette technologie, il n’est pas nécessaire de polir manuellement le moule, au risque de le déformer. La matrice mère est ainsi proche de la perfection. Reste un autre défi : la maîtrise du phénomène de retrait de la matière lors de la phase d’injection.

En 2006 déjà, sous la pression amicale de clients clé, Gaggione est prêt à investir dans l’usinage diamant. On parle de 1 million de dollars. C’est le prix d’une Formule 1 ! Mais avant de passer commande, il faut trouver le pilote, le Schumacher. C’est David Gluchowski qui nous a sollicités (Gaggione a bonne réputation). Il maîtrisait cette technologie chez un confrère. Il nous a envoyé son CV accompagné du devis de la machine et des équipements nécessaire à son travail (rires). Elle vient de chez Moore Nanotechnology Systems aux USA, la Nanotech 350FG 4 axes”.

Le partenariat Ayrton/Gaggione

L’optique du nouveau NandoBeam 302.

L’optique du nouveau NandoBeam 302 développée par et pour Ayrton. Elle garantit un faisceau serré à bord dur et toujours un exceptionnel rendement optique.


Ayrton a été l’un des premiers clients des collimateurs Gaggione, très exactement depuis la Luxeon : ça crée des liens.
Suivra l’optique de la P5 en 20 mm, puis quand apparaissent les multi-puces auxquelles les optiques standard ne s’adaptaient pas, Ayrton développe de son côté une optique sophistiquée destinée au mixage de couleur de 4 diodes de puissance séparées – la pièce a une forme de Tour Eiffel – et demande à Gaggione de l’injecter. Mais les tolérances draconiennes imposées pour le positionnement des diodes ne constituent pas une solution industrielle. Et malgré moult tentatives et corrections, le produit ne sortira pas.

Yvan Peard, Directeur général d'Ayrton.

Yvan Peard, Directeur Général d’Ayrton : ”Il y a toujours cette phase où tu inventes des choses. Elle est risquée certes, mais si tu n’y passes pas, tu n’inventes jamais rien.

Cette ”Tour Eiffel nous a coûté beaucoup d’argent et de temps, mais elle nous a aussi aidés par la suite à développer, en partenariat avec Gaggione cette fois, le 45 mm adapté au mélange des couleurs d’une 4 puces. Elle nous a permis de trouver la route de l’elliptique de l’Arcaline, du narrow de l’Ice Color et du zoom du Wildsun suivant un cahier des charges Ayrton. Ce collimateur était précurseur en 2010 et c’est un succès vu le nombre de copies (plus ou moins bonnes) réalisées dans le monde.

Avec Gaggione on raisonne en terme d’ensemble, avec toujours une question d’étendue géométrique de la Led en rapport avec le faisceau.
Nous entretenons un partenariat poussé en recherche, on se voit plusieurs fois par an et on essaie d’imaginer ce que sera la lumière de demain, toujours très orientée spectacle.
Nous partageons des informations, certains développements, et ce n’est pas évident avec un fabricant qui peut vendre ton produit à des concurrents. La notion de confiance est donc essentielle.

Le 90 mm Ayrton
Sur la trace du Youkounkoun

Le 90 mm LEDnLight, co-développé avec Ayrton.

Le collimateur LEDnLight de 90 mm de diamètre, co-développé avec Ayrton. (Photo Daniel Gilet)

C’est le développement pour Ayrton d’un énorme collimateur de 90 mm de diamètre, 45 mm de hauteur (un joyau !) qui servira de fil conducteur à notre visite de l’usine. Une optique grassouillette, 220g, à la plastique parfaite, baptisée Youkounkoun, par un Yvan Peard mort de rire, en référence au film Le Corniaud, et au plus gros diamant du monde caché par Louis de Funès dans la batterie d’une Cadillac à l’insu de Bourvil.

Dans le bureau d’études optique

Ce 90 mm est le fruit d’un partenariat entre Ayrton et Gaggione, avec pour commencer une discussion de faisabilité. Large optique, faisceau serré, mixage des couleurs et zoom, le cahier des charges est une équation délicate à résoudre en optique et en plasturgie. Après un an d’études et un partage des frais de prototypage, cette optique est prête à intégrer les futurs luminaires Ayrton, le Wildsun 702 et le Rollapix 402.

Nous rencontrons Jean-Pierre Lauret, ingénieur opticien, responsable du bureau d’études optique. Jean-Pierre a une longue expérience dans le design optique doublée d’une parfaite compréhension des contraintes liées à la réalisation des moules et à l’injection, ce qui lui permet de les anticiper lors de l’étape du design.

Angle serré et mélange des couleurs
La quadrature du cercle

SLU : Comment est né ce 90 mm ?

Jean-Pierre Lauret, responsable des développement optiques, ingénieur ESO.

Jean-Pierre Lauret (Ingénieur responsable des développements optiques) : ”Le collimateur 90 mm, c’est l’aboutissement technique d’un concept qui a muri au cours du temps et du développement des collimateurs qui l’on précédé. Il est né très petit : 16 mm de diamètre puis 20, puis 45 mm pour en arriver là ! Il s’est amélioré tout au long des différents développements pour parvenir à un mélange de couleurs, à un rendement et un faisceau serré qui font de lui un produit unique dans son genre.

Les collimateurs LEDnLIGHT du plus petit au plus grand.

Les collimateurs LEDnLIGHT du plus petit au plus grand, le plus âgé est à gauche ! Le 90 mm a grandi doucement au fil des développements précédents et de l’expérience. (Photo Daniel Gilet)

La problématique de base c’est que les puces des Led multichip RGBW sont juxtaposées. Un système de collimation va avoir une forte tendance à projeter l’image des surfaces émettrices. En résultat final, ce que l’on obtient avec une optique classique, ce sont 4 spots juxtaposés. Donc dans la conception il faut faire se superposer les 4 puces parfaitement.
L’autre moyen de voir les choses c’est d’allumer une seule puce, donc de partir d’une source excentrée pour l’optique et de récupérer un faisceau centré. Quelle que soit la position de la puce, le faisceau doit toujours avoir la même projection centrée.

Une grosse partie du travail doit être faite par la surface réfléchissante, et le reliquat, qui fonctionne en transmission directe, doit en faire le moins possible.

le travail du collimateur

Pour un bon mixage de couleurs, l

C’est la combinaison des deux qui fait le faisceau résultant.

En couleur ça pose un problème car tout ce qui va fonctionner en transmission directe va projeter l’image de la puce comme un vidéo projecteur et tout ce qui va fonctionner en réflexion a une tendance naturelle à mélanger la couleur. Le secret c’est de maximiser ce qui va entrer sur la parabole et minimiser ce qui est au centre.
Dans une deuxième étape on a maitrisé ce qui passe en direct.
Dans une troisième étape on a développé une surface spéciale pour maitriser la diffusion de la lumière.
C’est le concept appliqué au 45 mm et réussi.

Le dessin du zoom de l’optique LEDnLIGHT 90 mm dans le logiciel Difsys.

Le dessin du zoom de l’optique LEDnLIGHT 90 mm dans le logiciel Difsys qui servira de fichier de commande à la tour diamant.

Et l’on aboutit à la génération 90mm en ajoutant une fonction qui permet d’avoir le disque parfaitement net. Encore une fois, on obtient le mélange en maximisant l’importance de la surface réfléchissante pour focaliser parfaitement, on maitrise ce qui se passe au centre avec un jeu de lentilles. Et l’on crée une structure diffusante en sortie, dont le dessin spécifique a une forme de rosace, qui permet d’aller gommer les petits défauts de couleur résiduels et d’obtenir un mélange de couleurs de qualité.

L’expérience nous a aussi appris que le centrage et la position des puces sur le boîtier sont des éléments critiques.
Il suffit que les puces soient décalées de 1 ou 2/10e de mm pour que ça perturbe le mélange de couleurs. Que le collimateur soit décentré par rapport à la Led pour que l’on n’obtienne pas le faisceau souhaité. Le spot avec les 4 diodes allumées doit être blanc.
Quand on le décentre on peut avoir un spot rose avec une couronne bleue autour, ou un spot vert avec un halo mauve.

Plus le faisceau recherché est intensif, plus le système optique et sa mécanique environnante devront être soignés. L’approximation dans la conception comme dans la mise en œuvre ne pardonne pas !

La vraie problématique c’est d’obtenir l’angle étroit et le mélange des couleurs.
En angle étroit on est obligé d’avoir une diffusion directe faible pour ne pas trop élargir le faisceau lumineux. Cette diffusion est toutefois nécessaire à la bonne qualité du mélange de couleurs. C’est là tout le talent du cuisinier que de savoir épicer son plat sans en dénaturer le goût”.

Trace Pro pour simuler le comportement optique du 90 mm avec une puce. On voit, à droite sur la courbe d’intensité, que le 90 mm LEDnLIGHT utilisé par Ayrton avec la puce utilisée pour la mesure, aurait un angle inférieur à 7° à I/2. A gauche, c’est le diagramme de répartition de la lumière.

Le bureau d’études mécanique

Le collimateur LEDnLIGHT 90 mm créé en 3D grâce au logiciel Top Solid.

Le collimateur LEDnLIGHT 90 mm créé en 3D grâce au logiciel Top Solid. Il sert à la réalisation du moule et à la simulation optique.

Quand Jean-Pierre Lauret a dessiné l’optique et ses formes particulières, c’est Stéphane Locatelli, chargé de projet, qui finalise, à l’aide de Top Solid, la pièce en 3D en ajoutant des ”détails” comme le point d’injection, les angles de démoulage, les éjecteurs…

Ce logiciel permet de réaliser le modèle CAO qui servira dans un premier temps à la simulation optique, et ensuite à la conception du moule et à l’usinage ; qu’il soit traditionnel pour les formes simples, par électro érosion, érosion à fil et enfin par usinage diamant pour les formes complexes comme la rosace de notre Youkounkoun. Pas facile à copier celle-ci !
Ce bureau d’études est dirigé par Joseph Busi, un compagnon des premières heures de Gaggione.

L’usinage diamant

Une des empreintes du LEDnLIGHT 90 mm co-développée avec Ayrton.

Une des empreintes du LEDnLIGHT 90 mm co-développée avec Ayrton.

Le 90 mm, et en particulier l’empreinte de la lentille de diffusion et de la lentille de zoom son associée, nous conduisent dans la salle blanche, climatisée où trône la fameuse tour d’usinage diamant à commande numérique pilotée par David Gluchowski.

Une commande dynamique sur 4 axes, X, Y, Z, C, des règles optiques précises à 34 pm (picomètres) afin de garantir les 30 nm (nanomètres) de tolérance de déplacement sur 350 mm des glissières, des moteurs à pas linéaire, donc sans engrenage, ni roulements générateurs de vibrations. Une pression hydraulique constante garantie sans frottement… Pour que la machine soit stable elle repose sur un marbre lui même posé sur des plots en pression installés sur une plaque découplée du reste de la dalle. Car la stabilité garantit l’absence de défaut de forme.

En usinage, la tour diamant est précise au nanomètre.

En usinage, la tour diamant est précise au nanomètre, soit 6 chiffres derrière la virgule des millimètres.

Alignement de l’empreinte avant l’opération d’usinage diamant.

Alignement de l’empreinte avant l’opération d’usinage diamant.


La broche tourne de 0 à 10 000 tours/mn entraînée par un moteur à pas linéaire. Les pièces tiennent par dépression. Il y a même un analyseur pour corriger l’équilibrage de la broche avant le lancement d’un usinage, comme pour les roues d’une voiture. Tout sonne comme une merveille de mécanique dans la description de cette machine dont le prix aussi atteint des sommets ! La précision au nanomètre a définitivement un coût.

L’outil d’usinage lui-même n’est pas en reste, en diamant ou en polycristallin (mais David G. préfère le matériau naturel plus fiable) il existe en différents rayons et profils, le plus petit mesurant 1 micromètre grimpe à 2500€ !

Au bout de l’outil, il y a un diamant.

Au bout de l’outil, il y a un diamant. Il est soit collé, soit soudé et affuté avec moins de 2 microns de défaut de forme.

Le diamant vu par la caméra qui sert à l’alignement.

Le diamant vu par la caméra qui sert à l’alignement axe machine, avec le centre de l’outil.


SLU : vous êtes seul à utiliser cet outil ?

David Gluchowski, ingénieur technico-commercial, pilote de la tour diamant.

David Gluchowski (Pilote de la tour diamant) : ”Ici, oui, et en France nous sommes moins d’une quizaine car le temps de formation est extrêmement long et pour obtenir de bon résultats, il ne suffit pas de rentrer un fichier CAO pour le piloter. Il y a tout un contexte de réglages, analyses, anticipation, connaissance des effets mécaniques générés qui peuvent modifier l’empreinte au final.

On enregristre les écarts de formes de la pièce usinée, communément appelé le « peak-to-valley », et s’il ne rentre pas dans la zone de tolérance, il faut en analyser la raison, modifier les paramètres machine et générer un nouveau fichier dans le but de ré-usiner l’empreinte.

SLU : Quel est le matériau utilisé pour réaliser l’empreinte d’un moule ?

David Gluchowski : Généralement de l’acier car c’est un matériau robuste qui assure une bonne longévité au moule. Sauf que l’acier contient du carbone et le diamant aussi. Si un diamant touche le carbone, il explose.

Pour l’usinage diamant, on utilise donc des matériaux en alliage cuivreux. Et si l’on veut produire un moule de très longue durée de vie, on réalise une pré-forme en acier que l’on envoie à des spécialistes qui déposeront une couche de nickel par électrolyse. C’est une étape très longue, il faut plusieurs semaines pour déposer une couche de 500 µm qui pourra être usinée au diamant”.

Image de l’état de surface du collimateur LEDnLIGHT 90mm.

Image de l’état de surface du collimateur LEDnLIGHT 90mm mesuré au moyen d’un CCI Lite de Ametek –Taylor Hobson Precision (contrôle à l’Angström près).

David Gluchowski nous présente ensuite sa collection de machines de contrôle. Form Talysurf FTS Series 2 de Ametek – Taylor Hobson Precision est un profilomètre/rugosimètre mécanique à pointe diamant (décidément !) pour contrôler la rugosité jusqu’à 5 nm. CCI Lite de Ametek –Taylor Hobson Precision, microscope interférentiel, vient analyser et cartographier les états de surface avec 0,1 Angström de résolution (10 picomètres). Et enfin le ZIP 300 Smartscope d’OGP, un appareil de mesure en 3D, opto-mécanique, qui utilise une caméra doublée d’un palpeur rubis pour scanner les surfaces et mesurer les défauts de forme.

La mesure opto-mécanique OGP.

Grâce à une mesure opto-mécanique OGP, les techniciens obtiennent une cartographie 3 D précise des pièces injectées pour vérifier les cotes.

Contrôle du défaut de forme du LEDnLIGHT 90 mm.

Contrôle du défaut de forme du LEDnLIGHT 90 mm au profilomètre/palpeur Rubis. (Photo Daniel Gilet)

L’injection plastique

La machine électrique destinée à injecter des optiques de forte épaisseur.

Dans l’atelier d’injection, la machine électrique (300 tonnes) destinée à injecter des optiques de forte épaisseur.

31 machines se chargent de l’injection et répondent à deux technologies différentes. Les allemandes hydrauliques à piston pour la force, les Japonaises électriques à moteurs pas à pas pour jouer sur la finesse des réglages. Elles sont ultra précises en mouvement, vitesse et position. La petite dernière hydraulique d’une force de fermeture du moule équivalente à 350 tonnes, est utilisée pour injecter les optiques de gros diamètre. C’est exactement celle qui nous intéresse.

David Veryser : ”Le matériau arrive sous forme de granulés qui passent au préalable dans un dessiccateur pour retirer l’humidité contenue dans le matériau.
Ensuite, il est acheminé vers la buse d’injection par une vis sans fin tout au long de laquelle sont placés des blocs chauffants qui fondent la matière pour l’amener à température. La matière ne doit pas se dégrader au risque de créer des points noirs. Il faut la fondre progressivement sans la brûler. C’est une cuisine expérimentale, une longue et précieuse expérience.
Le moule est constitué de deux parties. Moule fermé, on injecte. Des sondes de température permettent de commander sa régulation thermique.

Les empreintes sont régulièrement décapées.

Les empreintes passent régulièrement au décapage sous les mains expertes de Jean-Jacques Grisard qui utilise différentes pâtes abrasives et même des pâtes diamant dont la texture descend à ¼ de micron.

Après injection de la matière, on commence le refroidissement. Plus la pièce est grosse, plus le temps de refroidissement sera long car il faut refroidir le cœur tout en maintenant une pression importante pour que la matière ne se fige pas immédiatement à l’entrée du moule.

Il faut maintenir en pression afin d’éviter le redoutable retrait physique de la matière avant son refroidissement.
Evidemment plus le temps de refroidissement est long, plus la pièce coûte cher à fabriquer.

Puis le moule s’ouvre, des éjecteurs poussent l’optique pour la désolidariser du moule et un robot vient la cueillir et la déposer délicatement sur un tapis”.

Exemple de retrait sur une optique pour deux temps de refroidissement différents.

Exemple de retrait sur une optique pour deux temps de refroidissement différents. On imagine l’impact sur les performances optiques !

Un commentaire technique sur la rugosité.

Un commentaire technique sur la rugosité. (Document Gaggione)


SLU : Reste le point d’injection, comme un petit bout de cordon ombilical. Yvan, tu le gères comment ?

Yvan : ”Celui-là est effectivement gros… Mais quand on parle de zoom, ce qui est le cas, on a une exigence de positionnement donc cette carotte nous sert. Elle nous donne la position parfaite de la lentille de zoom par rapport au collimateur”.

SLU : Quelle sera la tolérance du défaut de forme de cette optique ?

David Veryser : ”C’est la véritable question qui s’est posée entre l’opticien et le bureau d’études mécanique.
Le premier souhaitant le défaut de forme le plus faible possible et le second soucieux de ne pas atteindre ce niveau d’exigences, le souhaite le plus grand possible.
Un compromis a été trouvé et validé. Une telle optique n’accepte pas une tolérance du défaut de forme supérieure à 100 microns ; au-delà on risque de voir le faisceau se dégrader très rapidement.

Si vous prenez le faisceau d’une puce individuelle, la forme géométrique parfaite est un disque parfaitement rond, si vous ajoutez un défaut de forme, le faisceau devient « patatoïdal », le spot se décentre un peu et les faisceaux ne se superposant plus, le mélange de couleurs se dégrade.

Les granules de PMMA, la matière première des collimateurs Ayrton.

Les granules de PMMA, la matière première des collimateurs Ayrton.

SLU : Quel est le matériau utilisé pour injecter les collimateurs ?

David Veryser : Le PMMA (Polyméthacrylate de méthyle) très connu sous le nom de Diakon® ou Plexiglas® et le polycarbonate sont les deux polymères les plus utilisés en optique. En fonction de l’usage, on choisira l’un ou l’autre car ils présentent des caractéristiques différentes. Le PMMA est rigide et cassant mais il est peu sensible aux rayures. Il a une très bonne transmission optique, seulement 10% de pertes sur une épaisseur de 62 mm. Il tient 90°C ce qui est limite car les Led vont de plus en plus vers les températures hautes.

Comparatif entre le PMMA et le polycarbonate.

Comparatif entre le PMMA et le polycarbonate. En vert c’est bien, en rouge c’est critique.

David Veryser : A l’inverse le polycarbonate est souple et élastique. Solide aux chocs, il peut-être soumis à des contraintes physiques mais il est sensible aux rayures. Exposé aux UV, il se comporte mal, va très vite s’oxyder, jaunir et finalement devenir cassant.
Mais il tient 130°C en température et surtout il a un bon comportement au feu puisqu’il est auto-extinguible alors que, en présence de flamme, le PMMA brûle et projette des gouttes enflammées qui vont propager le feu”.

SLU : Et pour Ayrton ?

Yvan Peard : ”Les collimateurs sont en PMMA et tous nos projecteurs ont une lentille de sortie en polycarbonate par sécurité au feu.”

La mise au point

La plasturgie est une technique ingrate. Toute la précision mise en œuvre pour le design et l’usinage du moule peut être ruinée par les défauts de forme, sans compter les points noirs. Car après injection d’une grosse optique comme le 90 mm Ayrton, le plastique va être refroidi. La peau extérieure se solidifie en premier, le cœur restant chaud et liquide. Vers la fin du cycle de refroidissement, le cœur va se rétracter et provoquer une déformation de l’enveloppe. L’impact sur le collimateur c’est de rater la fonction optique recherchée.

David Veryser : ”Au démarrage d’une production, les metteurs au point pondent les fiches de réglages. Ce sont les cuisiniers. Les régleurs installent le moule et paramètrent la presse à injecter. La production commence. Quand les premières pièces paraissent satisfaisantes visuellement, le contrôleur vérifie plusieurs points mécaniques et optiques avant de valider la production qui sera ensuite contrôlée visuellement pièce par pièce”.

Le Laboratoire photométrique

Puis c’est au tour des techniciens de faire de l’Audit produits. Ils emportent les pièces au labo pour aller plus loin dans le contrôle photométrique à l’aide de deux goniophotomètres : un Radiant Imaging (acquisition sur caméra ProMectric®) et un Ledgon 100 de chez Instrument Systems.

Au labo photométrie, Jean-Pierre Lauret (ingénieur opticien) à gauche, David Veryser et tout à droite Régis Chaplain (Technicien photométrie)


Le test du LEDnLIGHT 90 mm avec une Led…

Le test du LEDnLIGHT 90 mm avec une Led … Non c’est encore secret, je ne vous le dirai pas laquelle. En tout cas ça promet !

La distribution lumineuse du 90 mm.

Mesure photométrique du 90 mm LEDnLIGHT réalisée à l’aide d’une caméra luminance-mètre, l’objet (le collimateur 90 mm) étant monté sur un photogoniomètre Radiant Imaging. On mesure sous différents angles l’intensité lumineuse pour connaître la distribution lumineuse.


Méfiez-vous des imitations

A gauche, le 45 mm LEDnLIGHT LLC49N et à droite trois copies.

A gauche, le 45 mm Gaggione référencé LLC49N au catalogue LEDnLIGHT, puis dans l’ordre vers la droite, une copie européenne, et deux asiatiques. Difficile de différencier les deux lentilles de gauche.

Le collimateur LEDnLIGHT, LLC49N, de 45 mm fait école, c’est à la fois flatteur et réellement perturbant pour Gaggione qui a réussi à se procurer trois copies, une européenne copie conforme et deux asiatiques avec défauts visuels. Le R&D n’a pas résisté au besoin de les passer au goniomètre, associés à la même Led, pour les comparer au LLC49N original. En apparence, on ne les distingue pas, seule la teinte peut légèrement varier. L’effet visuel, montre un mélange de couleurs de moins bonne qualité et un faisceau plus large.

Performances comparée du LLC49N et de ses copies.

Courbes d’intensité lumineuse des collimateurs, l’original LEDnLIGHT en mauve, une copie européenne en rouge et deux asiatiques en bleu turquoise et en vert.


Et les courbes d’efficacité comparées révèlent que si les cotes ne sont pas tenues avec précision, l’efficacité de l’ensemble Led/collimateur est fatalement remise en question. En clair et selon les courbes, il faudra deux à trois copies (et trois Led) pour égaler les résultats d’un seul collimateur de chez Gaggione ; donc dépenser plus ! Sans parler du refroidissement, du surdimensionnement (encombrement), de l’électronique, etc.

Quand Gaggione réalise une étude sur mesure, le client est certain d’obtenir un résultat final conforme au cahier des charges. Toute l’énergie de l’entreprise s’y emploie ! Alors on l’a bien compris tout au long de la visite et des discussions, la production à bas coût ne fait pas partie de leur vocabulaire. Par contre, les mots qui ressortent à chaque instant sont tolérances et fiabilité ; celles qui conduisent à la sérénité du client quand il intègre son optique à son luminaire et que ça envoie beaucoup, propre et joli.

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Innovation Prolight & Sound

SGM G-Spot, contre vents et marées. Une spot à Led tout-terrain, tout climat !

Peter Johansen, P.d.g de SGM, arrose copieusement la G-Spot .

Peter Johansen, P.d.g de SGM, arrose copieusement la G-Spot qui restitue son programme sans sourciller..

Continuant dans les projecteurs à Led innovants, Peter Johansen de SGM nous dévoile lors du Prolight & Sound une lyre spot à Led remplie de fonctionnalités digne des plus grandes, trônant dans un bassin… Pour nous convaincre en quelques secondes de son utilité.

Loin des automatiques stars, surpuissantes lyres à décharge, reines des scènes de concerts mais si fragile en extérieur, SGM a pensé à tous les prestataires qui doivent fournir des kits dans des conditions difficiles, voir extrêmes : prestations en plein air, renfort architectural, environnement humide ou poussiéreux et autres fête de la musique ou festivals pluvieux.
Comment ?
D’une part en proposant une lyre polyvalente et efficace, revêtue d’une véritable armure de plastique.
Ensuite en l’équipant d’une source Led RGB de 850 W, se défaisant ainsi de toutes les contraintes des lampes standard, tout en s’assurant d’une puissance confortable.
Enfin, et surtout, en la rendant imperméable grâce à une double enveloppe d’isolation.

Le principe est simple, une première coque complètement étanche, avec un système de valve pour faire le vide, contient l’optique et la source lumineuse.
Une seconde enveloppe contenant les ventilateurs recouvre l’arrière de la tête, assurant le refroidissement, sans que les ventilos ne puisse faire rentrer la moindre goutte ou la moindre poussière à l’intérieur des organes sensibles.
Le principe est le même pour la base contenant l’alimentation, l’écran et les connecteurs, eux aussi étanches.

Perter Johansen arrose la SGM G-Spot.

Et encore une petite douche !

Verdict ? Très belle idée et isolation réussie si l’on juge des multiples douches reçues par la lyre présentée à Francfort sans que celle ci ne souffre d’un iota.
Concernant les fonctions cette spot est très complète : zoom de 9 à 45°, 2 roues de gobos rotatives, 2 roues d’effets, iris, prisme 4 facettes, Frost et strobe. Couleurs en trichromie RGB, forcément, avec en sus plusieurs corrections de température de couleur. Le prototype de cette machine n’étant pas pilotable directement sur le salon, mes impressions ne peuvent se baser que sur la petite minute de démonstration tournant en boucle : gobos classiques, focale et couleurs correctes, iris et prisme standard.

Une vraie innovation concerne l’intégration dans les gobos de 2 formes en ”L”, permettant en les associant de recréer les quatre couteaux d’une découpe de façon très convaincante. ainsi que d’un traitement par algorithmes des couleurs pour simplifier les réglages.

DMX wifi, RDM, puce RFID et accéléromètre / gyroscope intégré complètent intelligemment le tableau.

Bref, une lyre qui intéressera quantité de prestataires pour toutes les fois où les risques de retrouver son kit d’éclairage au SAV refroidirait les plus aventureux.
Disponibilité : début juillet.
Des projets de Wash et Beam sont en cours d’élaboration.

Caractéristiques principales

  • Spot à Led haut rendement de 850W RGB
  • Technologie P-5, IP65, 36 Kg
  • Zoom 5 :1
  • 2 roues de gobos, 2 roues d’effets, prisme et iris

Vidéo partagée sur YouTube réalisée par Andreas Nordbeck

 

Nouveauté Prolight&Sound

Martin audio MLA mini. Un, deux, trois MLA …

La configuration de 4 MLA mini sur pied avec le sub MSX d’alimentation.

La configuration de 4 MLA mini Martin Audio montés sur pied avec le sub MSX d’alimentation.

Comme beaucoup d’acteurs de la diffusion audio Pro, Martin Audio a commencé par développer un nouveau gros système, le MLA (Multi-cellular Loudspeaker Array) lancé en 2009 puis une version plus compacte, le MLA compact, en 2012, destiné aux jauges moins importantes ou en complément, pour finir par celui dévoilé cette année à PL&S, le MLA mini, tous trois adoptant bien sûr la même philosophie et les mêmes concepts de base.

Le MLA mini, ultra-compact, d’ouverture horizontale de 100°, se destine lui aux salles, théâtres ou aux petites jauges de moins de 1000 personnes. Une ligne de 12 MLA mini avec ses trois subs (obligatoires) peut assurer une projection sonore consistante sur environ 35 m.

Le système est amplifié mais contrairement à ses deux aînés, l’amplification est incorporée dans les subs MSX de renfort de grave qui accueillent chacun neuf canaux d’amplification classe D avec alimentation à découpage et PFC, de même que la partie communication réseau et le traitement de signal. C’est pour cela que les boîtes large bande sont vraiment mini et ultra légères avec leurs deux 6,5 ‘’ (bobine 2’’) encadrant les trois tweeters à dôme alu de 1,4’’ montés sur guide.

Simon Bull, Antony Taylor et Jason Baird

De gauche à droite, Simon Bull, Antony Taylor et Jason Baird, respectivement Directeur commercial du marketing et de la R&D de Martin Audio.

Martin Audio MLA mini

Détail du mât supportant quatre MLA mini.


Le sub MSX est équipé d’un 15’’ chargé en bass reflex. Il peut être monté empilé au sol ou en accroche et peut également accueillir un mât supportant quatre boîtes MLA mini dans de petites configurations. Le système est plug&play avec le paramétrage des ”cellules” opéré via U-Net, le logiciel de prédiction et d’optimisation DISPLAY2.1.
Une ligne de 16 boîtes MLA mini nécessitera 4 subs MSX, restant pour des raisons de poids au sol.
La couverture et l’axe de projection des lignes MLA mini peuvent, comme pour le MLA, être réglés en numérique (filtrage FIR et retards) sans retouche mécanique de l’angulation de la ligne.

Caractéristiques du MLA mini

Caractéristiques du Martin Audio MLA mini

Caractéristiques du Sub MSX

Caractéristiques du sub Martin Audio MSX

Caractéristiques du sub Martin Audio MSX

 

Interview de Gilles et Shitty

Voyage au cœur de Silence

Silence

Emblématique et à l’opposé du nom de la société fondée avec Gilles Hugo en 1996, Shitty a parlé un peu, beaucoup, passionnément avant que son ”alter écho” ne prenne le relai quelques jours plus tard pour un voyage au cœur d’une société bâtie sur l’humain, et une réflexion sur la profession. Silence ! Ça tourne.

Interview de Shitty

SLU : Ca va fort pour vous non ? Les Victoires, The Voice, La Nouvelle Star…

Daniel Dollé dit Shitty : Oui ça va fort, nous avons échappé au dépôt de bilan au moins quatre fois depuis deux ans (rires ! NDR). Non, c’est vrai que la TNT nous a apporté du travail. On fait la même chose qu’avant mais pour beaucoup moins cher parce que, tu comprends, sur la TNT l’audience est divisée par trois (rires) !

A gauche, Gille Hugo et à droite, Daniel Dollé appelé Shitty

SLU : Une première question idiote qui me taraude, pourquoi tes équipes ne sont-elles jamais au générique ?

Shitty : Nous intervenons en tant que société, donc nous sommes au générique sous le nom de Silence. Et puis quand je lis « Son Silence Shitty » ça me gonfle car sur un plateau, quand il s’agit de bosser, Shitty c’est celui qui en fait le moins, alors je dis toujours que, soit il y a l’équipe en entier, soit je ne veux personne !

Une réputation à revoir !

SLU : Est-ce que Silence, qui est le grand spécialiste du son TV, s’ouvre à d’autres marchés ?

Shitty : Oui bien sûr, on fait des installations. Nous sommes loin de réaliser 50% de notre CA dans ce domaine mais on en produit un tout petit peu, comme aussi de l’événementiel, du spectacle vivant. Ce sont des marchés où l’on ne nous attend pas, il faut donc y apporter quelque chose, et c’est très lent d’y parvenir. Enfin nous avons deux inconvénients majeurs, de vrais boulets depuis toujours : on fait tout et nous sommes très chers !

Shitty surpris en tenue militaire (ce n'est pourtant pas trop son truc les flingues) lors des NRJ Music Awards 2008 à Cannes.

SLU : ?

Shitty : Tu as compris, c’est la réputation que l’on nous a faite. C’est faux mais par définition on se la traine !

SLU : Donc vous êtes encore à 70% de chiffre sur la TV.

Shitty : Oh facile oui ! Cela étant, nous allons faire la tournée de Roméo et Juliette en Asie, deux tournées avec les régies et les micros, donc ça vient mais les gens n’ont pas encore le reflexe, et je les comprends. Mais si tu y penses, nous avons tout ce qu’il faut pour assurer des tournées : pléthore de consoles, intercom, micros, effets, retours, liaisons, tout quoi.

SLU : Justement, comment faites-vous pour assurer en même temps les Victoires, La Nouvelle Star, The Voice… Y’a assez de matos pour ça ?

Shitty : On peut car The Voice c’est de la ”conserve”. La première partie de l’émission a été mise en boîte car le public ne vote pas, et ce n’est qu’à partir d’avril que les ”Prime” sont en direct. L’autre avantage est que je ne mets pas de mobile pour mixer ces premières émissions enregistrées. Jean-Marc (Aringoli, ingé son TV NDR) bosse dans le car d’Euromédia, le prestataire vidéo, car il ne sert que pour la musique et les chanteurs, les micros des présentateurs sont faits plus tard. Je ne mettrai le mobile que pour les ”Prime” en direct où il y aura en plus des invités. Nous avons donc actuellement de quoi travailler sereinement sur plusieurs chantiers.

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Un parc de matériel choisi pour les directs TV
Mais finalement très polyvalent

SLU : Silence a acheté pas mal de puissance dernièrement.

Shitty : Shitty : Oui, et adaptée au type de travail que l’on produit au quotidien en télé car faire le Zénith n’est en rien une priorité, d’où le choix des Uniline d’APG. Tous calculs faits, ça marche, et surtout je mets 20 à 30 % moins de boîtes pour la même couverture. Sur les plateaux TV, je n’ai pas besoin de taper à 100 mètres. En revanche il faut que j’ouvre, et que je n’oublie par exemple pas des endroits stratégiques comme le coin des jurés de La Nouvelle Star. L’E15 Adamson, que nous avons au Zénith sur les Victoires de la Musique, est un système formidable mais nous en aurions besoin deux fois par an. Si je veux m’en sortir, il faut que ça tourne huit mois dans l’année. Autant te dire que je préfère m’en procurer grâce aux accords que nous avons avec Lagoona qui l’été, lors des festivals, a besoin des régies qui tournent moins chez nous. Tout le monde est gagnant !

SLU : D’autant que même tes Uniline, tu ne peux parfois pas les déployer…

Shitty : Exact. A Baltard, pour la Nouvelle Star version M6, nous avions des contraintes de niveau terribles, et vu la forme du plateau, l’emplacement de l’orchestre et du public, sans parler des éléments de décor qui montent et qui descendent, nous avons été obligés de nous rabattre sur 30 petites boîtes accrochées aux colonnes qui soutiennent l’ancienne halle. A Issy les Moulineaux (où se tient la Nouvelle Star version D8 NDR) c’est la même chose mais en pire (rires). Je n’ai même pas les poteaux car c’est un vrai chapiteau où l’on ne peut rien accrocher, avec tout ce que cela comporte d’émergences. J’ai une connaissance de Canal+ qui m’a donné les titres qu’on répétait dans l’ordre, et leurs bâtiments sont à 150 mètres à vol d’oiseau du chapiteau. (Après calcul à plus de 300 NDR !).
En fait notre métier consiste à toujours trouver des solutions. Une fois que nous avons dit oui, on se met en quatre , même quand le budget ne le permet pas.

De gauche à droite Shitty, le régisseur du Palais des Congrès de Cannes, Alex Maggi ingé son retours pour Silence et Didier dal Fitto de DV2 venu dans ce haut lieu de la French Riviera disposant de nombre de boîtes Adamson, une image datant de 2008.

SLU : Cette variété dans les marques, les protocoles, cela est dû à quoi ?

Shitty : Quand on a commencé à vouloir s’équiper de transport de son en numérique pour des raisons pratiques et techniques, quand on a commencé à admettre aussi que la fiabilité était suffisante, on l’a fait. Le problème est que cela a un coût, et que nous n’avons jamais réussi à le répercuter sur nos devis, donc d’une certaine manière on l’a fait en trainant des pieds. Comme le progrès est constant, mais pas forcément synchrone de marque à marque, on s’est retrouvé avec différents standards. Souvent confrontés à différents choix, nous avons préféré attendre le médicament qui soigne tout mais tu sais quoi ? Il n’existe pas ! (rires). Cela dit nous évoluons vers le tout numérique, conscients des risques en termes de fragilité de certains câbles ou de certaines prises, mais séduits aussi par la puissance et les possibilités actuelles qui sont sans commune mesure avec ce que nous pouvions faire avant.

SLU : Je vois que vous avez lourdement investi en CL5. Yamaha reste un partenaire historique de Silence…

Shitty : Pour nous, Yamaha a fait largement ses preuves puisque, lors de notre entrée dans le numérique, on a tout essayé et essuyé tous les plâtres, avec des choses qui sonnaient formidablement mais qui nous ont un peu pété dans les doigts. On a refusé les protos car on ne se voyait pas appeler le créateur à 3 heures du matin pour lui dire que sa console ne veut pas s’éteindre. Nous avons donc cherché des produits tout simplement fiables et aptes à nous satisfaire en tant que prestataire et loueur, et pendant très longtemps Yamaha a été le seul dans ce cas sur le marché. On peut préférer autre chose, c’est parfaitement légitime, mais Yamaha industriellement et financièrement nous a toujours soutenus. Ils ont joué le jeu.

Nous avons désormais 4 PM1D car nous venons d’en acheter deux d’occasion. Elles ont beau avoir 15 ans, elles ne sont toujours pas dépassées. Elles sont grosses. Les racks qui vont avec le sont aussi. Il n’empêche qu’elles ont 48 sorties et 48 faders. Je ne vois pas beaucoup de tables aujourd’hui qui en disposent. Il y a des tables beaucoup plus performantes mais il faut aimer naviguer dans 18 couches, chercher le bon bouton, n’avoir que peu de faders… Ou alors il faut tomber dans les consoles à 250 k€ (rires). Je pense que nous avons fait un bon choix, et puis la PM1D est un vrai standard toujours demandé.

Gilles et Shitty, les filtres passe-bas et coupe-haut

Le Mobile Son a failli s'enraciner à Baltard tant il y a mixé d'artistes en herbe pour La nouvelle Star version M6..

SLU : Quel est votre rôle précis avec Gilles, en dehors du fait que vous devez bien évidemment être présents sur site lors de ce type d’événements majeurs ?

Shitty : En dehors de l’évidence, ce qui nous différencie de certains autres c’est qu’on ne fournit pas uniquement des techniciens ; la boîte est impliquée avec sa direction. Notre boulot sur place consiste à être à l’écoute, en rapport avec les artistes, la production, les diffuseurs. Nous jouons le rôle d’interface grâce à tous les chanteurs, musiciens, techniciens que l’on connaît depuis le temps avec Gilles (Hugo PDG de Silence NDR).

Cela permet aux gens que l’on emploie, qui sont des copains, qui nous sont fidèles et auxquels nous le sommes aussi, de rester concentrés sur leur console. Ce n’est pas à eux d’aller régler quelque problème que ce soit. Les rares vraies embrouilles sont pour nous, avec beaucoup de respect pour tout le monde. Cela fait que nos clients ont l’impression sans doute assez vraie que nous sommes impliqués dans chaque affaire. Si Jacques Clément, le producteur des Victoires, vient me voir et me dit que le niveau sonore est un peu fort pour une répétition, j’irai voir Stéphane Pelletier ou Fabien Chanier (Ingés son façade des Victoires NDR), et je leur demanderai ”les gars est-ce que vous pensez qu’on peut un peu soulager” et nous cherchons des solutions ensemble car nous sommes au service des gens…

Ma responsabilité est importante aussi dans le choix des techniciens avec lesquels on travaille. Quand je les embauche, je leur fais confiance et je les vends comme tel. Si je me trompe dans ce choix, cela est MA responsabilité et c’est donc à moi d’assumer. Ça m’est déjà arrivé. D’abord on assure et je défends mon équipe, après on lave notre linge sale en famille. Il y a des gens avec qui j’espace les visites car ils ont un comportement qui… m’a déçu. Il y en a quand même très peu, ils tiennent sur les doigts d’une main en 30 ans.

SLU : Vous avez un vrai savoir-faire en ce qui concerne le direct…

Shitty : En fait oui. C’est vrai que nous faisons des petits et des gros trucs mais toujours en direct. Y’a pas une fois où, comme sur les Restos ou un spécial Goldman, on a pu récupérer les 64 pistes et mixer tranquillement pendant le temps nécessaire, en faisant toutes les rustines et autres reprises de voix. J’aimerais bien moi aussi pouvoir fignoler dans le confort. Parfois devant ma télé je suis frustré face à certaines émissions car ça sonne. Après on me dit comment ça c’est passé et… heureusement que ça sonne (rires) ! Tu as l’impression que l’un a pris de l’EPO et l’autre pas, pourtant les deux pédalent !

SLU : The Voice c’est pourtant enregistré.

Shitty : Oui mais nous mixons en conditions de direct en laissant schématiquement trois pistes pour que la Prod puisse déterminer facilement le niveau du chant dans le playback et les ambiances. A partir de mi-avril en revanche, nous serons complètement en direct.

SLU : Je vois que tu emploies beaucoup de femmes. C’est leur légendaire précision, douceur, patience, aptitude multitâche que tu recherches ?

Shitty : On en emploie beaucoup, et c’est bien normal. Elles ont nombre de qualités qui les rendent indispensables, et puis par exemple comment veux-tu faire pour envoyer un mec dans une loge équiper en HF une artiste en string, lui passer le câble là où je pense. Au-delà du fantasme, ça ne va pas le faire. Il y a la vraie vie aussi. Fournir dans ce cas-là une assistante est le moindre des services de la part d’une boîte comme la nôtre. Une femme a en plus une sensibilité très intéressante mais qu’il faut savoir contrôler.

SLU : En termes de techniciens, tu as fait le plein. Là aussi tu as vidé les stocks !

Shitty : On en a beaucoup sur les Victoires, et des bons car c’était nécessaire. Ils sont polyvalents, et font aussi bien de la télé que du concert ou de la comédie musicale. Ils aiment les tournées. Cela dit, ils aiment bien s’arrêter quelque temps à Paris. Des fois ça leur permet de se rappeler qu’ils ont un enfant (rires).

Un petit coup de blues et beaucoup d’humilité

SLU : A propos de standard et de nombre d’années, comment envisageriez-vous la suite avec Gilles, la suite de Silence si vous décidiez de prendre du recul ?

Shitty : C’est vrai que nous avons passé la soixantaine tous les deux. D’ailleurs chaque matin on se dit qu’il faut qu’on arrête, et chaque soir on change d’avis ! Silence est extrêmement simple et lisible comme société. On à 50% chacun, et des dettes ! Dès que nous gagnons un euro, nous achetons pour un euro cinquante (rires) ! Un euro cinquante en liquide, en chèque, en carte bleue et en leasing, comme ça nous dépensons quatre fois la somme…Notre rêve serait que la société soit reprise par le personnel, par celles et ceux qui ont écrit l’histoire de Silence, qui ont fait sa réussite (il réfléchit NDR) non, pas sa réussite… (je l’interromps NDR)

SLU : Comment ça, « pas sa réussite » ! Si Silence n’est pas une réussite c’est quoi alors ! Qui mieux que vous peut gérer le son à la télé ?

Shitty : Y’a pas que nous, loin de là. Il y a Pierre Buisson, Dominique Chalhoub, Dominique Forestier et j’en passe. Ils ont eu la bonne idée de ne pas s’équiper comme nous. Cela dit, si on l’a fait, ce sont les circonstances qui l’ont voulu. A-t-on eu raison ou pas ? Je ne saurais le dire. En attendant, nous avons plus de 60 ans et nous bossons toujours, même si parfois on aimerait bien avoir du temps pour d’autres projets. Ca fait trop longtemps que je ne mets plus les mains sur une console ou une gratte, et ça me manque. Quand je ne faisais que ça, je rêvais d’autre chose, devine aujourd’hui (rires) ! Le bon côté des choses est qu’à nos âges, plein de gens bourrés de talent sont sur la touche. On ne se plaint pas. Nous avons eu une chance inouïe. Ce qui est triste, c’est qu’une certaine forme de reconnaissance je l’ai quand on dit ”c’est Shitty, le patron de Silence”. S’ils savaient pourtant à quel point être chefs d’entreprise compte moins à nos yeux, alors je m’amuse par contumace quand mes gars me disent qu’on a fait du bon boulot.

De gauche à droite Jean-Marc Aringoli, Alex Maggi et Mallaury Maurice martyrisant le pauvre Olivier Schultheis

SLU : Il ne faut quand même pas oublier que, si tes équipes travaillent avec ce savoir-faire et ce matos sur de tels chantiers, c’est grâce à votre travail depuis trente ans. Ils surfent sur une vague, et vous êtes la vague. Oui, je vois, t’aimerais être toi aussi ce surfeur…

Shitty : (long silence). Quand mon téléphone sonne, qu’est-ce qu’il y a comme cas de figure ? Typiquement un problème, ou alors une demande de devis du style : ”Steup Shytty, si ce n’est pas gratuit ça va être trop cher”. Ou bien un : ”Dis donc, c’est quoi ce bordel, on se voit tout de suite, non hier, et puis t’es viré !”. Sinon ça sonne à la porte : ”Shitty, y’a machin il m’a piqué ma gomme, oui mais il m’avait carotte mon crayon la semaine dernière” (gros, gros rire) ! Ou encore : ”ah au fait, on s’est fait flasher trois fois mais tu nous avais dit qu’il fallait vite livrer alors on a fait vite”. Sans oublier les : ”Je suis passé chez Renault pour la camionnette, c’est 7500 € mais elle va être belle ”. Je n’ai jamais eu un appel juste pour me dire : ”Shitty t’es mon meilleur ami, j’ai vachement d’oseille et j’aimerais t’en donner un peu. On va faire un truc sympa avec du budget, du temps et des filles”, et pourtant j’en ai des potes dans la profession et même des amis.

SLU : 50/50 dans le capital d’une boîte, n’est-ce pas la porte ouverte aux embrouilles ?

Shitty : Pas toujours. On a commencé avec Gilles en mettant 25 000 Francs chacun, de l’argent emprunté, mais il ne faut pas que ça se sache car ça ne se fait pas, et puis on a bossé. Le secret, car il y en a un, réside dans le fait que nous sommes totalement différents, donc on se complète. Les trucs qu’il aime bien faire, je les ai en horreur et ce que j’arrive à faire, s’il peut s’en passer il est content ; et on se dit tout. Dans une boîte, soit t’es seul et tout repose sur toi, ou bien t’es à trois mais curieusement tu finis souvent à deux contre un. Deux ce n’est pas si mal, et notre avantage réside aussi dans le fait de ne pas avoir d’actionnaires extérieurs qui t’appellent tous les mois pour te dire ”comment ça Shitty, je ne peux pas me ferrer 20.000€ ?” (rires !) Il ne faut pas oublier qu’on fait péniblement le chiffre d’une boucherie en gros, ce qui les grandes années représente 3 millions d’euros.

SLU : Comment arrivez-vous à avoir un tel parc avec un CA aussi faible !

Shitty : Car on n’arrête pas de s’équiper pardi ! Sérieusement, on a aussi notre bâtiment qui va bientôt nous appartenir ; nous l’avons acheté à crédit ! Dans 5 ans on pourra éventuellement respirer mieux, mais le matériel il ne vaut évidemment pas le prix que nous l’avons payé, et ne pèse rien dans la valorisation de Silence. La seule chose qui compte dans le prix d’une société c’est ce qu’elle rapporte.

SLU : Vous faites avec Silence un excellent travail. J’ai malgré tout l’impression que parfois vous favorisez le téléspectateur au détriment du spectateur…

Shitty : Ce n’est pas tout à fait vrai. Cela dit, il ne faut pas oublier que l’on fait avant tout de la télé, des programmes pour les gens chez eux. Non, on ne brade pas les spectateurs car ce sont de vrais acteurs, et ils ont un rôle fondamental dans le show qui est de permettre à l’artiste d’être bon.

J’ai une anecdote qui explique tout. Quand j’ai commencé il y a plus de 30 ans, le premier mec important dont on s’est occupé pour Drucker et Champs Elysées a été Bedos. Drucker m’appelle et me dit que Guy veut me voir la veille des répétitions. J’y vais, on se fait la bise alors qu’on ne se connait pas, et il me dit : ”Demain je fais l’émission au studio Gabriel devant 300 spectateurs et 9, 10 peut être 12 millions de téléspectateurs. Ma vie dépend de toi. Si les 300 ne rient pas, les 10 millions vont se faire chier”. Ça prouve qu’il avait tout compris. Il faut que ce public marche et entende vachement bien. Tu ne fais pas de la pignolade de son ; tu fais du simple et du bon qui fonctionne sans oublier une prise de son TV qu’il ne faut pas pourrir en se voyant trop beau en façade.

Interview de Gilles Hugo

Après cette première salve de questions et de réponses assez étroitement liée au terrain et à la technique, nous avons à nouveau donné la parole à Gilles Hugo mais cette fois afin de recueillir son avis sur Silence mais aussi et surtout la profession toute entière avec plus de recul, une profession ballottée comme jamais par la crise et dévalorisée dans son rôle de prestataire technique par des budgets où le mot « devis » a été remplacé par « tu prends ? »

Le syndicalisme, une activité chronophage

SLU : Comment cela se fait-il qu’au bout de 7 longues années de travail très apprécié à la tête du Synpase, tu aies quitté le navire ?

Gilles Hugo : J’ai arrêté pour raisons personnelles. Il n’y a aucun choix politique ou stratégique. J’ai tout simplement eu besoin de consacrer plus temps à ma famille, or pour trouver ce temps, il a fallu que je renonce à des charges certes passionnantes mais aussi bénévoles et chronophages puisqu’au-delà du Synpase, il y a aussi les Congés Spectacle et tout ce qui va avec.

SLU : Est-ce que c’est compatible d’être à la fois à la tête d’un syndicat et d’une société comme Silence ?

Gilles Hugo : Oui sans doute. On l’a fait et Silence n’a pas fermé. Après, est-ce que ça coûte du boulot ou au contraire ça en rapporte ? Je ne sais pas. Est-ce que le fait que le patron ne soit pas souvent là est préjudiciable ? C’est difficile à évaluer mais c’est certain que cela nécessite que la boîte soit suffisamment structurée pour tourner sans toi car diriger un syndicat prend énormément de temps, et avec un calendrier imprévisible. En échange, Silence a bénéficié d’un peu de notoriété et de crédibilité. Peut-être quelques boîtes sont venues sous-louer chez nous à cause de mon implication mais guère plus. Notre fonctionnement à deux têtes avec Shitty a aussi permis ces absences.

SLU : En termes d’exemplarité, cela n’a pas été trop dur pour Silence pendant ces sept longues années syndicales ?

Gilles Hugo : Evidemment cela t’oblige autant que faire se peut à être dans les clous (rires). Cela dit je ne prétends pas être 100% bon tout le temps. Il y a des lois qui sont tellement difficiles à appliquer, différentes de la pratique, il y a tant de fois où tu es mis sous pression par tes clients ou par les événements, que jamais je ne dirai être parfaitement dans la loi tout le temps. Il est malgré tout vrai que tu es sans cesse obligé de faire des efforts car, comme tu le dis, il faut faire preuve d’exemplarité, et tu ne peux pas expliquer un système aux autres sans toi-même l’appliquer mais comme on dit : ”A l’impossible nul n’est tenu, même le président du Synpase !”

En 2009, Mallaury Maurice, Gilles Hugo et Pauline Mary photographiés à la régie retours où cette dernière a si souvent assisté Alex Maggi, notamment aux HF.

SLU : Comment s’est passé 2012 pour Silence ?

Gilles Hugo : En termes de chiffre d’affaires, 2012 a été en hausse mais la marge reste très basse, tout comme le résultat tout juste positif du fait aussi que nous avons pas mal investi. 2013 commence très doucement et le premier trimestre est faible.

SLU : Malgré la reprise des directs de The Voice ?

Gilles Hugo : Oui, entre autres, mais ça ne va pas radicalement changer la donne. Un ”Prime” de The Voice ou un gros événement comme les Victoires génère beaucoup de travail, pas mal d’agitation, mais en termes de CA et de rentabilité ce n’est pas énorme. Ce qui compte, c’est la régularité, que nous travaillions tous les jours. Les Victoires font tourner la boîte 10 jours en surrégime car c’est une énorme affaire mais à l’arrivée, vu notamment le personnel déployé pour garantir un bon résultat, il ne reste pas grand-chose, et ça ne représente qu’un quart de ce que tu dois faire chaque mois. Quand tu es loueur et que tu plantes un rack de HF dans un théâtre en septembre pour venir le reprendre en juin, ça te fait zéro travail, juste un devis et une livraison, et ça rapporte. La prestation c’est autre chose, il faut se déplacer, faire des réunions, des plans, valider sur place avec parfois un bout de sono, faire la presta, et le tout à l’arrivée pour pas grand-chose.

Silence, vers une diversification lente et contrôlée

SLU : La diversification est donc obligatoire…

Gilles : Absolument, je crois que c’est impératif pour toutes les boîtes, vu les nouvelles règles de l’économie, et l’organisation des métiers du spectacle et de l’audiovisuel au sens large. Etre mono marché signifie tomber à brève échéance.

Par le passé, les bonnes années et les mauvaises années des différents marchés n’étaient jamais les mêmes. Quand l’événementiel tirait la langue, la télé allait bien. Quand la télé était en berne, le live allait fort. Ou encore quand la presta soufflait, la vente et l’installation flambaient. Aujourd’hui, sauf erreur de ma part, la crise est généralisée.
On a beau être polyvalents, cela n’est plus suffisant pour se refaire. Pour Silence, il est important de mettre en lumière nos compétences en dehors du simple marché de la télé, et faire sortir le matériel car ce n’est que par son biais que nous gagnons notre vie. Nous répondons aussi aux appels d’offre. Sur 100, on en décroche parfois un. Il faut dire que dans leur grande majorité ce sont des appels d’offre ”légaux” dont l’issue est déjà fixée.

C’est difficile d’aller frapper à toutes les portes car les marchés sont existants et donc il y a déjà de gens dessus. Pour les décrocher il faut soit avoir une offre différente, soit surtout être moins cher. Vu les marges ”industrielles” actuelles, cela se révèle quasi impossible et dangereux. Une fois le prix baissé, il ne remontera plus, et travailler à 1%, non merci. Enfin dans notre secteur, démarcher ne sert pas à grand-chose. On ne peut pas envoyer un représentant de commerce voir Laurent Voulzy pour lui dire que nous sommes les plus beaux, et lui sortir des échantillons de nos micros de la R16… Les ingés son, certains intermittents, sont aussi un peu des donneurs d’ordre avec les problèmes que cela implique. Silence se diversifie, nous faisons plus de trucs en dehors du petit écran mais ça monte lentement.

SLU : Est-ce que le modèle de Silence avec un très gros parc de matériel est le bon ou faut-il au contraire avoir plus recours à d’autres modes de fonctionnement plus en partage ou sous-traitance ?

Gilles Hugo : Il y a plusieurs façons de répondre. D’abord es-tu sûr de ton marché. Ensuite, subis-tu une pression sur la marque. Prenons un exemple. Est-ce que l’ingé son vedette va pouvoir faire sa star sans sa nouvelle console à jantes alu ? Il pourrait s’en occuper tout aussi bien avec la table de l’année d’avant, seulement il se valorise vis-à-vis de l’artiste, de la prod, de la marque en question donc la réponse est non, il la lui faut. Si tu évolues avec ta boîte dans ce milieu, c’est très dur d’investir car tu n’arrêtes pas.

Chez Silence on fait encore des émissions avec des PM1D, et on vient même d’en racheter deux de plus à la différence de tout le monde parce qu’on ne nous demande pas la marque mais le résultat, et si on juge qu’une console de plus de 10 ans fait le boulot, on peut choisir de la garder. Cela signifie que l’on rentabilise plutôt bien notre matos. L’effet pervers de cette politique est qu’à faire durer, quand on rachète, le ticket est salé mais l’avantage est qu’on peut faire l’impasse sur certaines séries, et nous sommes moins sujets aux effets de mode.

Contrairement à ce que les gens pensent, nous avons aussi pris le parti à Silence de ne pas tout avoir. Il y a un différentiel entre notre image et la réalité. On bénéficie d’un effet « Vu à la télé » qui fait que l’on parle souvent de nous mais dans les faits nous sommes une petite boîte qui, par exemple, n’a jamais investi lourdement dans la puissance. On vient d’acheter un kit APG qui n’a rien d’énorme. Si un prestataire voulait s’équiper avec un kit APG, il en prendrait certainement le double. Bien sûr nous avons du matos mais uniquement ce dont nous avons besoin, le reste nous l’avons toujours sous-loué ou bien échangé comme nous le faisons avec Lagoona.

Il y a trente ans, il n’y avait pas assez de matériel en France, aujourd’hui il y en a trop ! Il y a dix ans, quand tu faisais la fête de la musique il fallait t’y prendre en janvier. Aujourd’hui, si tu as oublié, trois jours avant tu trouves une console. N’achetons pas tous la même chose ! Il faut se parler. Avec Lagoona on le fait, du coup j’achète beaucoup de HF et pas eux, et de leur côté ils ont plein de boîtes et pas moi.

SLU : Tu achètes quand même pas mal, rien que les trois CL5 représentent une somme !

Gilles Hugo : Y’a pas que ça, il a aussi deux Vi6 et les deux PM1D sans oublier quelques mixettes mais c’est logique car nous avons besoin de beaucoup de tables. On a acheté aussi 150 petites enceintes 100 volts de multi-diffusion car c’est le nerf de la guerre pour nous, et on ne peut pas les sous-louer ailleurs. Je ne sais pas lire dans le marc de café mais selon moi, à l’avenir, il faudrait que les boîtes cessent de tout acheter. Je ne sais pas si elles doivent se regrouper…

SLU : Ça revient un peu à ça !

Gilles Hugo : Ca parait logique. A quoi bon tout acheter et après se battre les uns contre les autres. Ça fait baisser le marché ce qui revient à scier la branche sur laquelle tu es assis. Il faut que les gens se parlent. Il va être intéressant aussi de suivre l’évolution des gros groupes comme Dushow, Novelty ou d’une certaine manière GL qui a d’autres portefeuilles ou encore Lumière et Son qui a énormément grossi. Voir comment de tels paquebots s’en sortent face à des petits Zodiacs comme nous. Il y a enfin des solutions possibles comme des associations d’entreprises, sans obligatoirement qu’il y ait d’implication au capital, ou bien des coopératives. Le monde change, on ne peut pas rester sans bouger.

Low Cost = Low Quality ?

SLU : Comment vois-tu l’émergence de loueurs « secs » comme par exemple AED ?

Gilles Hugo : Je trouve ça intéressant, intelligent et cohérent. Leur offre a le mérite d’être claire. C’est probablement une solution, même si aux dires des mecs calés qui ont regardé leurs comptes, les résultats ne sont pas mirobolants comparé à leur taille et aux investissements consentis. Il faut néanmoins se méfier des comparaisons faites avec nos critères d’antan, de l’époque où l’on gagnait bien notre vie. Nous sommes désormais dans une ère « industrielle » et c’est donc à l’aune de critères industriels qu’il faut juger.

Pour revenir à ta question, le recours à ces banques de matériel est peut être une solution mais qui va avoir du mal à faire son trou car elle va à l’encontre de beaucoup de méthodes très ancrées. Pour un français c’est plus que surprenant de devoir payer quand tu rayes une boîte ou encore ne pas pouvoir intervertir des appareils dans un rack.

SLU : D’une manière générale, comment est-il possible de maintenir une qualité de prestation équivalente alors que les prix de vente chutent tout le temps, plus vite que ceux des machines, et que les salaires se maintiennent avec les charges de plus en plus élevées ?

Gilles Hugo : Excellente question. Je sais ce qu’est un produit Low Cost. Il est fabriqué avec des composants légèrement moins bons et moins résistants, le packaging est plus économique, et quand il va tomber en panne, il ne sera pas réparable. La presta Low Cost, je ne sais pas ce que c’est. La surface de stockage pour une PM1D ou pour une table au rabais coûte le même prix, le camion pour l’emmener revient au même prix, et même pour une micro prestation, je ne vois pas comment je pourrai dire : ”je vous mets un débutant avec un micro qui coupe et une sono qui sature”. La presta Low Cost, si elle existe, est ultra casse-gueule.

SLU : Comment faites-vous alors pour suivre la baisse constante ?

Gilles Hugo : Le rôle d’amortisseur depuis dix ans est joué par le prix de location du matos. On a tous baissé nos marges sur cette partie du devis. Il y a dix ans, on disait qu’un devis équilibré était composé à moitié de personnel et l’autre moitié de matériel. Aujourd’hui quand tu parviens à 75% pour le personnel et 25 pour le matos tu n’es pas trop malheureux, et pourtant ce sont ces 25% qui font vivre la boîte. Arriver à facturer le personnel au prix coûtant, c’est déjà une bonne nouvelle. En arriver à n’employer que des jeunes qui gagnent moins que des mecs expérimentés pour essayer de s’en sortir est un raisonnement purement industriel et économique qui me gêne, et pourtant nous devons y songer.

Je suis effaré par les devis que je vois passer, et tout ça ne me rend pas très optimiste pour les prestataires, même s’il faut reconnaître que tout le monde n’est pas au bord de la faillite donc je suppose que ça doit pouvoir marcher ainsi. Si, quelque chose est mort : le devis.
Désormais c’est le client qui te donne le prix de la prestation, et il vaut mieux ne pas regarder ce que tu as mis en œuvre pour ce prix car ça fait peur. Cela fait trois mois que j’ai décroché du Synpase donc je n’ai plus vu les collègues depuis mais je n’ai pas l’impression que les choses aillent mieux et qu’il soit possible de remonter les tarifs. En télé, en tous cas, j’en suis certain.

SLU : Est-ce qu’une forme de délocalisation est possible et plane au-dessus de la prestation ?

Gilles Hugo : Cela existe dans le décor télé. De plus en plus d’émissions du privé comme du service public ont recours au Portugal. Les décors arrivent par camion et sont montés par des ouvriers dirigés par des chefs de chantier qui parlent français ; les boîtes françaises s’arrachent les cheveux… Je ne vois donc pas pourquoi ce serait impossible qu’un jour une boîte étrangère parvienne à pénétrer le marché français de la télévision.

On a eu, au cours des 15 dernières années, la peur des belges puis des anglais sans raison, car à part quelques rares tournées, les prestataires de ces deux pays n’ont pas vraiment pénétré le marché français, je fais abstraction du cas de Melpo (..men, passée dans le giron Anglais de SST NDR). Cela étant, rien ne l’empêche. Je trouve le « concept AED » jouable, qui consiste à faire venir le matos comme le personnel d’ailleurs. C’est politiquement et moralement discutable, en tout cas ça mérite débat, mais économiquement ça peut fonctionner. Une PM1D qui vient de Bucarest fait le même travail que celle qui vient de Paris, et quand certains cars régie viennent de pays de l’Est avec des ingés à la console son parlant français… Il y a peut-être un phénomène d’immédiateté ou de rapidité de service qui joue dans la balance car les demandes sont toujours aussi en retard mais rien ne nous dit qu’un prestataire étranger ne saura pas résoudre cette équation.

Ce qui nous sauve à l’heure actuelle ce n’est sans doute pas le prix du matériel qui est sensiblement le même partout en Europe mais bien la main d’œuvre malgré son coût beaucoup plus bas. Pour les musiciens c’est fait. De nos jours, dès qu’on veut tourner avec un orchestre symphonique il est bulgare, roumain ou hongrois. Il n’y a donc pas de raisons que dans nos niches à nous cela soit fondamentalement différent.

Vers des solutions locales

SLU : Revenons à des formes intelligentes d’association de moyens. Comment les vois-tu ? Je pense par exemple à Christian Heil et son idée de créer des réseaux de compatibilité entre systèmes de diffusion.

Gilles Hugo : Je suis d’accord avec toi, les marques ont su les premières stimuler cette forme d’achat et de gestion des parcs mais cela existe déjà plus ou moins de manière informelle. Toute boîte collabore avec une autre et lui fait des conditions particulières ou des échanges ciblés sans même que cela ne soit formalisé.

En France on en passe par le rachat des boîtes, leur regroupement ou bien des groupes capitalistes, je pense à Dushow. Par la suite, cela conduit à des politiques de groupe plus ou moins abouties. Je dis cela car nos sociétés sont très marquées par leurs créateurs et leurs patrons ; ce sont des boîtes très personnelles. Quand tu es éclairagiste, tu montes une boîte de lights, et quand tu es sondier, une boîte de son sans être formé à l’exercice spécifique qu’est la gestion d’une entreprise et sans forcément l’envie de la vendre car cela implique souvent pour le créateur de disparaître.

SLU : Mais tu es d’accord sur le fait de dire que la tendance au regroupement forcé, dû à la pression sur les prix, est une réalité

Gilles Hugo : C’est certain que si tu sors ta calculette, il n’y a pas vraiment de justification à ce que 22 boîtes qui font 2 M€ de CA aient 22 comptables, 22 camions ou 22 dépôts, alors qu’elles travaillent toutes dans un rayon de 10 kilomètres, et se fassent qui plus est une forte concurrence. Mais comment expliquer au gérant d’une boîte qu’il n’est plus le patron et que ses bénefs vont remonter vers la holding ? C’est très difficile.

Tu as parlé avant d’association de moyens, et c’est une formule qui m’a toujours intéressé. J’ai par le passé beaucoup travaillé sur une forme d’association appelée coopérative européenne, un mode juridique très particulier et pas du tout utilisé en France mais plutôt en Espagne avec par exemple les électroménagers Fagor. J’avais appelé ça ”la grosse compagnie”. On avait des projets avec sept, huit boîtes mais les difficultés l’ont emporté, pas des difficultés juridiques mais essentiellement des problèmes de mentalité. Quand tu regardes Novelty, GL, Dushow, ce sont par exemple des boîtes avec des mentalités très différentes.

SLU : Un exemple d’avantage à monter une coopérative ?

Gilles Hugo : Ne serait-ce que dans la gestion du personnel, tu pourrais avoir un groupement d’employeurs qui permettrait d’avoir des permanents qui travailleraient pour plusieurs sociétés. Que nous ayons des supers ingés son stars intermittents, c’est compréhensible mais des assistants, des roads, des monteurs, c’est plus discutable. Il y a un autre paramètre franco français et qui concerne l’âge des dirigeants de notre profession. A part chez Dushow où ça bouge, le premier cercle de boîtes historiques les Potar, On-Off, Silence et j’en passe, on est toute une bande de jeunes soixantenaires avec le même problème de la transmission ou de la vente. Je dis n’importe quoi, mais ça va peut-être être plus facile de s’entendre entre les gosses de Mourad et les miens qu’entre lui et moi car c’est nous qui avons marqué l’identité de nos boîtes comme Croguennec, Alvergnat, Pinchedez, Trévignon, Maze l’ont fait avec Dispatch.

SLU : Comment faire pour valoriser vos sociétés à part sur leurs bénéfices ?

Gilles Hugo : Ce n’est pas évident et c’est notre souci quotidien. Il y a cinq ans on faisait deux fois moins d’affaires et on gagnait deux fois plus qu’aujourd’hui. La télé et le live sont devenus une industrie comme les essuie-glaces ou la viande surgelée. On est dans les mêmes schémas, sauf que nous utilisons du matériel de haute technicité qu’il faut sans cesse renouveler, entretenir et exploiter grâce à des opérateurs ultra-compétents et formés. Sans oublier qu’à Silence nous sommes encore très marqués Gilles et Shitty, ce qui ne nous avantage pas. Heureusement que nos clients ont compris que nous ne sommes plus à la console, et ne nous font que la gueule si on n’est pas là avec Shitty (rires) !

Ce phénomène de fidélisation sur quelques têtes n’est pas notre seul apanage. Il existe chez plein d’autres prestataires et l’avantage de grossir peut l’estomper. Si Carrefour change de boulanger, tu continueras à y prendre ton pain mais si ton boulanger change, tu changes de boulanger.

Nous avons vécu des années exceptionnelles, on s’est éclaté comme personne, on a inventé nos métiers, nous sommes tous passés d’artistes ratés ou vrais artistes à techniciens et patrons de boîte. Personne, ni José Tudéla, Mourad ou moi-même n’était parti dans la vie active en imaginant une seule seconde monter sa propre société et vivre des années merveilleuses dans un cocon économique protégé et rémunérateur. On a même fait des erreurs de gestion de malade sans se rétamer, et en se faisant en plus de la console de temps en temps, encore aujourd’hui, pour se marrer. Maintenant on est rattrapé par la vraie vie du vrai monde réel et ce n’est pas gai.

SLU : A titre personnel, et grâce à 7 années de Synpase, tu as quand même une vision très précise des problèmes et des solutions.

Gilles Hugo : Oui, j’ai pu observer les problèmes mais ce n’est pas pour autant que je détiens la vérité et la solution idéale pour nous en sortir.
Ce n’est pas parce que tu es ingénieur de Formule 1, et que tu connais les bagnoles, que tu vas faire courir ta monoplace aussi vite que la Red Bull. Ce n’est pas aussi simple que ça. J’ai une vision globale mais c’est la mienne, et elle n’est pas forcément juste.

On est dans un monde en plein changement. La musique a changé, le live et la télé ont changé, la technique change sans arrêt et en plus nous vivons une crise économique certes conjoncturelle mais très grave. Bien sûr ça ira mieux mais ça ne veut pas dire qu’on pourra repartir en arrière. On a plein de chaînes de télé, et rien ni personne ne pourra les rayer du PAF. Qui connaît les modes de consommation qu’on verra dans 5 ans ? Le mec qui a bâti son modèle économique sur les théâtres subventionnés et les troupes publiques va tanguer.

La question qui se pose à notre niveau est simple. Sommes-nous, nous les petits à la Potar, Silence, On-Off, mieux équipés pour tenir face à la tempête que les gros paquebots ? Peut-être. C’est vrai que les vagues nous secouent pas mal mais en même temps, quand un gros se trompe de cap, avec son inertie, ce sont les rochers garantis, là où un petit Zodiac peut manœuvrer et éviter la côte. Espérons seulement que tout le monde ait conscience que prendre des affaires toujours moins chères conduit à condamner notre marché.

SLU : Qui est en mesure de dire à un client que demander à ce que la même prestation soit réalisée pour moins cher que la fois d’avant ne peut plus durer…

Gilles Hugo : Ils demandent et ils trouvent car nous ne sommes pas tous au même endroit et au même moment avec les mêmes problématiques. Il y a toujours un mois où t’es sans boulot, et tu vas prendre le truc que tu te refuserais les autres onze mois de l’année, moi y compris. Economiquement ça ne tient pas debout, mais on le fait. Pour l’instant, peu de monde a le courage de refuser des affaires. A titre personnel, Silence vient de refuser un très gros truc et ça m’empêche de dormir. On a eu raison mais à la fois je sais que ça va me faire mal quand je verrai que quelqu’un d’autre a récupéré le truc.

SLU : Mais tu sauras aussi qu’il est en train de perdre des ronds !

Gilles Hugo (hésitant) Ehhh…oui. Tu perds du blé mais en même temps tu as rentré quarante mille. C’est compliqué…c’est tellement compliqué. Il n’y a pas de modèle ou de réponse standard.

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Innovation Prolight & Sound

Luminex Gigacore, Giga simple

Luminex Gigacore

Si comme moi vous n’êtes pas administrateur réseau et que VLAN rime avec bonnet d’âne, le Gigacore de Luminex a été développé pour vous ! Avec sa nouvelle interface qui réduit à sa plus simple expression la création de réseau Ethernet multi-protocole, ce switch Ethernet est la réponse à vos pires cauchemars. Il permet de mélanger sur un même réseau, de la lumière, du son et de la vidéo avec autant de facilité que si vous patchiez l’entrée stéréo d’une platine CD.

Mais ne vous laissez pas attendrir car en plus de cette interface intuitive, Luminex nous a concocté une vrai machine de guerre prête a relever les nombreux défis proposés par les systèmes de plus en plus complexes rencontrés dans les métiers du spectacle. La sécurité est aussi un atout majeur de ce Switch.

Un système de redondance, aussi efficace que simplissime, donne une continuité quasi parfaite même en cas de coupure d’une des deux lignes. De plus, des options PoE et alimentation de secours sont disponibles sur les modèles 14R et 16XT permettant une double sécurité en cas de défaut d’alimentation.

Présentée à PL&S en version Bêta, l’interface sera disponible début Mai.

 

Nouveauté Prolight & Sound

Martin M6, modulable et conviviale

Martin M6

Modulable, la M6 vise le pilotage des gros shows.

Depuis le mois de janvier, les annonces se multiplient et c’est finalement au Prolight & Sound que Martin a choisi de lancer la M6, le dernier né des pupitres lumière de la gamme M. Un tout nouveau hardware permet à l’opérateur d’adapter la console aux besoins du show car l’équipe de développement menée par Paul Pelletier nous propose une console entièrement modulable.

Les deux écrans 15.6” multi-touch (4 points) promettent d’assurer une bonne visibilité même par temps ensoleillé. Grâce aux supports de bras latéraux (bras magiques), il est possible d’ajouter deux autres écrans tactiles externes supportés par le châssis de la console. Avec 2 écrans tactiles 3,5″, 4 codeurs linéaires et 12 codeurs rotatifs dédiés à la programmation, Martin a donné une nouvelle dimension à la série M en lui ouvrant la porte aux plus gros shows ; sa présence sur la tournée de Pink en témoigne.

Pour la restitution, l’opérateur dispose de 10 faders motorisés associés chacun à un afficheur, plus 4 boutons entièrement configurables et 10 boutons de restitution avec afficheurs LCD. Les 12 faders et 12 boutons entre les écrans portent à 44 le nombre de playbacks de la console, qui peut encore évoluer en ajoutant des extensions, ce qui peut s’avérer utile pour piloter confortablement jusqu’à 64 univers DMX.

La plus grosse innovation de la M6 se trouve au centre de la console dans un module composé de 8 boutons RVB et d’une manette T-Bar permettant des transitons entre 8 programmeurs et beaucoup d’autres fonctions non moins intéressantes qui vont ravir les opérateurs pointilleux et les amoureux du Live.

La partie software a aussi évolué de manière significative vers une plus grande convivialité, et de nouvelles fonctions très intéressantes vont faire leur apparition tout au long de cette année 2013.

 

Nouveauté Prolight & Sound

LSC Lighting Clarity, du sang neuf avec la 900

LSC Lighting Clarity LX 900

LSC Lighting Clarity LX900 dont le software est développé par Nick Denville

C’est sur le conseil de l’équipe de Concept K que j’ai découvert la Clarity LX 900, une console lumière dont la partie software est développée par Nick Denville, de LSC Lighting Systems. Nick, on le connaît pour avoir auparavant travaillé sur le développement de la Wholehog 1 et 2 puis de la Vista Jands.

De l’association du logiciel Clarity, aussi disponible sous Windows ou Mac en version téléchargeable, et du hardware développé par Open Clear résulte une console aussi intuitive que puissante.
Grâce aux multiples manières d’appréhender la programmation, elle est accessible aux opérateurs de tous horizons.

En plus des 3 écrans tactiles, 4 pages de 60 boutons entourant 6 écrans LCD tactiles permettent un accès direct à 240 groupes, palettes, scènes, cues, macros… Tout a été pensé pour faciliter et optimiser la programmation : pas de sous menus, peu de menus et un maximum d’accès directs.

Une partie réservée aux plans permet de visualiser en 2D l’implantation et l’état des projecteurs. Ces vues peuvent aussi être utilisées pour sélectionner les machines.
Un pixelmapper, compatible avec la plupart des formats image et vidéo, est aussi disponible, avec en plus un lecteur audio stéréo.
Un puissant générateur permet de créer rapidement des effets. Un nombre illimité de programmeurs, undo et redo offre une totale liberté de création et corrections.

Cette nouvelle arrivée dans la cour des grands ne va pas manquer de donner un nouvel élan à l’évolution des pupitres lumière.

La partie Hardware développée par Open Clear

  • 2 écrans tactiles 17”
  • 2 sorties vidéo pour des écrans externes
  • 1 écran tactile 10,4”
  • 30 faders motorisés de 60 mm équipés de Led RGB
  • 2 faders 100 mm motorisés
  • 1 Master motorisé
  • 8192 canaux DMX
  • 6 Sorties DMX physiques sur XLR 5 broches
  • Compatibilité DMX 512/A, Art-net, sACN, RDM
  • Entrées et sorties audio stéréo sur XLR 3 broches
  • Midi In, thru et Out
  • Entrée SMPTE LTC
  • 2 ports Gigabit
  • Deux disques durs 160GB en RAID 1

 

Innovation Prolight & Sound

Ayrton MagicPanel, next step of light

Ayrton MagicPanel

Une lyre révolutionnaire, capable de mouvements en tilt et pan infinis, équipée de 36 Led RGBW de 15 W disposées en matrice carrée, et chacune pilotable individuellement en DMX, Artnet ou vidéo, vous en rêviez ? Ayrton l’a fait, dans un gabarit harmonieux et pratique. Ajoutez leur science de la Led, et vous obtenez en supplément une Beam de 7,5° d’ouverture dotée d’une puissance dévastatrice de 14000 lumens. De quoi vous donner le tournis et des idées d’utilisation en pagaille.

Vous êtes sans doute au courant de mon implication dans la conception des shows Ayrton au Prolight & Sound. Bon OK vous l’êtes maintenant. Utilisateur de terrain, pupitreur et aussi designer de leurs stands, j’ai la chance de piloter en avant-première les dernières inventions d’Yvan Peard, figure iconoclaste et inclassable de cette french touch de fabricants français à l’abri de toutes les conventions.

Dilemme rédactionnel, mélange de casquettes ? Chez SoundLightUp on a tranché et assumé ma ”subjectivité”. Après tout, qui d’autre que le premier utilisateur de cette machine pour en parler ?

Alors voici mon avis. Je ne me suis jamais autant amusé avec une machine d’apparence aussi simple. Les belles couleurs des multi-puces Osram associées aux optiques Gaggione, les différentes courbes du dimmer électronique, l’absence de flickering, sont des standards Ayrton. La machine s’offre aussi un design élégant, adoucissant les angles dans un beau plastique noir moulé sur mesure, sans sacrifier à l’utilisation, avec une connectique complète, un menu adéquat, tactile et sur batterie, le RDM, de confortables poignées, des ¼ de tour d’accroche et tout ça pour moins de 20 kg.

Le choix de la tête carrée, proposant 6 colonnes de 6 Led très proches ne dénote pas, et se révèle un formidable atout. Tout d’abord resserrer les optiques à 7,5° d’ouverture sans proposer de zoom permet de réserver un flux percutant dans un large bâton de lumière, ce qui en fait une des meilleures Beam à Led sur le marché. C’est percutant, propre et capable de se produire sur des Zénith sans problème.

Le plus bluffant ce sont les moteurs permettant des rotations en pan et tilt infinis, gérés par des paramètres spécifiques. Loin des mouvements giratoires limités, c’est un univers d’effets complètement inédits qui s’offre aux designers et aux opérateurs.
La matrice de Led, même si un peu réduite à mon goût (mais je suis un goinfre d’univers DMX) est très confortables pour dessiner ou injecter des formes, lettrages et graphiques qui, combinés aux mouvements perpétuels, seront capables de surprendre les plus blasés des spectateurs. Si vous n’êtes pas convaincu regardez les vidéos du show de Prolight&Sound, je vous laisse seul juge.

En mode étendu la gestion du MagicPanel demandera 160 canaux DMX et une console capable de matriçage, mais un mode simple, comprenant de nombreux patterns déjà enregistrés, permettra de l’utiliser avec n’importe quel pupitre. Cerise sur le gâteau, un partenariat avec Arkaos vous donnera accès aux Klingnet, protocole assurant un ledmapping semi-automatique avec le média-serveur et un câblage simplifié, puisque chaque MagicPanel possède un switch Ethernet 2 ports permettant une recopie des RJ45. Enfin, comme toute la nouvelle gamme Ayrton, l’alimentation utilise les connecteurs Powercon TrueOne : les prises jaunes haute sécurité et raccordables entre elles.

Cette lyre a fait sensation au Prolight &Sound, et rentre aussi sec dans le haut du classement des produits à voir.
Disponibilité : fin avril.

 

Autonome et sur mesure

Mobiled Lumibox XL

Mobiled a pensé à tout en développant cette élégante petite boite à lumière à Led autonome, et notamment à vous laisser le choix de l’équipement interne, jusqu’à la couleur du coffret !

Au choix le module de six Led CREE 10 W Fusion Color développé par Teclumen : blanc (chaud, froid ou neutre) RGB ou RGBW. Son flux de 2000 lm lui permet de porter à 10 mètres.

Au choix également la batterie embaquée : Lithium-ion ou lithium ferro polymère LiFePo4 homologuée pour le transport aérien.
Au choix encore la teinte RAL de la peinture grainelée du coffret (pour une commande supérieure à 12 pièces). L’optique produit un faisceau de 17° et un porte diffusant (ou filtre coloré si vous avez choisi une version en Led blanches) se glisse facilement en sortie de faisceau, par deux fentes latérales au standard des porte-filtres PAR36. Cette particularité mécanique permet également d’y adapter un support à insertion rapide pour tous les tubes diffusants compatibles Licialed®.

Lumibox XL embarque une carte de réception de données W-DMX® et une antenne courte incassable bien protégée des chocs par le rebord métallique.

La sortie de la Lumibox XL avec son module Teclumen de 6 Led RGBW.

La sortie de la Lumibox XL avec son module Teclumen de 6 Led RGBW, en haut à gauche l’interrupteur marche /arret et à droite, l’antenne W-DMX, courte et bien protégée par le coffret. Notez également que le rebord sert astucieusement de poignée

Sous le projecteur, l’afficheur du menu et ses touches de navigation

Sous le projecteur, l’afficheur du menu et ses touches de navigation


Mobiled a prévu aussi un système d’antivol, par verrouillage Kensington ou même via le PCB électronique intégré (en option), un flight-case chargeur de 6 projecteurs (optionnel), un système d’inclinaison astucieux et une prise XLR de recopie de DMX ou de renvoi d’alimentation permanente basse tension (au choix initial du client).
Et pour ceux qui aiment les câbles, une Lumibox Power Master, avec alimentation sur secteur peut nourrir en 24 Volts les boites suivantes via un simple câble à connecteurs XLR grâce à une prise de recopie située sous le projecteur. La cerise sur le gâteau, c’est une option affichage de logo ou d’image sur le corps de la Lumibox, par une simple connexion de clé USB !

Le support à insertion rapide dans les encoches pour tube diffusant.

Le support à insertion rapide dans les encoches pour tube diffusant.

Et voici le résultat !

Et voici le résultat !

 

Réglette ”wall wash” à Led sur batterie

Mobiled MobiStrip 2

Mobiled est le premier fabricant à avoir proposé le format réglette wall-wash autonome, c’est à dire sur batterie et DMX sans fil. Mobistrip2 dans sa nouvelle version est toute fine, légère, plus puissante, IP 20 ou IP 65, made in France et une option de sa batterie lui permet même de voyager en avion. Encore un mouton à cinq pattes chez NS Distribution.

Sur 105 cm de long, la réglette aligne 18 Led Edison multipuces RGBW de 10 W associées chacune à un collimateur 25°. Mobiled annonce une portée comprise entre 6 et 8 mètres et utilise deux batteries de belle qualité, des Lithium-ion, pour l’alimenter ; elles assurent une autonomie de 15 h en mode cyclique, de 10h30 à pleine puissance et se rechargent en moins de 6 h. Mobiled propose même en option des batteries LiFePo4 à l’attention de ceux qui veulent l’homologation UN38.3 pour le transport aérien.

La réglette reçoit en standard une carte de réception W-DMX® (le standard reconnu de Wireless Solutions) et un chargeur de batterie. Le flight à la fois protecteur et chargeur est optionnel.

Le coffret en acier est recouvert d’une peinture Epoxy. On attend prochainement une version de Led RGBWA ”5 in 1”, autrement dit presque sans limites de couleurs et de blancs.

Les domaines d’utilisation de la MobiStrip 2 sont nombreux avec ses options d’indice de protection IP 20 ou IP65, en événementiel intérieur ou extérieur pour colorer toute cloison ou mur, sans aucun fil à la patte sur une longue durée.

 

Une découpe microscopique à Led

Darklight System Gantom iq

Découpe Darklight Gantom iq

Gantom iq est minuscule et performante.

Nouvelle société californienne, Darklight System propose une panoplie de mini, voire micro projecteurs à Led, et leurs microcontrôleurs dédiés. Principalement développés pour l’intégration (vitrine, muséographie, bar et clubs), ces produits sont capables de se faufiler partout, y compris dans les décors pour le spectacle ou l’événementiel. Certains sont classés IP 65 et même IP 68 donc immergeables.

Le Gantom iq est la plus petite découpe au monde ! Elle a obtenu cette année une étoile du SIEL pour cela. Avec 9 cm de long, elle tient dans la main, et reste pourvue de réglages de focus et de zoom. Sa source est une led Cree XP-G blanc froid capable de fournir 350 lux à 1m. Tous types de gobos sont utilisables : verre, métal, film ou même transparent de bureau.

La gamme Gantom comporte aussi un petit projecteur pilotable en DMX sous la référence Gantom DMX avec toujours des dimensions riquiqui : moins de 6 cm de long et 4 de diamètre. Sa puissante diode Cree MC-2 associée à une optique très diffusante projette un faisceau de 20° à bord doux.

Darklight, la nouvelle gamme Gantom.

La nouvelle Gamme Gantom. A gauche le Gantom DMX, et à droite Gantom iq, la plus petite découpe à Led du monde.

Il est disponible en RGBW ou blanc variable, classé IP 65 donc utilisable en extérieur.

Le projecteur phare de Darklight System, Precision DMX, est aussi le plus petit projecteur RGB au monde, avec ses 5 cm de long et 3,5 cm de diamètre ! Doté d’une Led Edison de 3W, il est contrôlable en DMX via un connecteur mini-jack spécifique. Son Eprom interne permet d’enregistrer divers effets lumineux grâce au DarkBox programmer.

Les Precision Z, Flood ou Spot, ne sont pas pilotables en DMX mais sont disponibles en 7 couleurs de Led (rouge, vert, bleu, ambre, blanc chaud, blanc froid et UV), en deux angles de faisceau (120° ou 15°), et surtout complètement immergeables jusqu’à 1 mètre de profondeur grâce à leur indice de protection IP 68. Allez, plouf dans les fontaines municipales !

 

Mondial de l'automobile

Une révolution lumineuse sur le stand Renault

Jamais on n’avait vu un stand en couleurs dans un salon automobile, et encore moins équipé d’un bon millier de projecteurs à Led, chargés de réaliser cette ambiance inédite, toute en douceur et innovation.
C’est le défi que Renault s’est lancé dès 2010, en faisant appel aux meilleures agences d’architectes européennes dans le cadre d’un grand concours, puis au travers d’un appel d’offres auprès des principaux prestataires d’éclairages et de structure français.

Mondial Paris

Un projet remporté par l’agence DGT qui s’est associée à l’atelier H. Audibert, en confiant le design lumière de ce stand hors du commun à Hervé Audibert, concepteur plus habitué des musées et des théâtres qu’à l’éclairage de salon, oh combien spécifique.
Des acteurs donc en apparence étrangers à ce type de réalisation mais bien décidés à appliquer le cahier des charges de la marque, qui souhaitait se renouveler totalement et créer la surprise.

Le prestataire NAT les a rejoints, suite à une grande consultation, en apportant son savoir faire technique à l’installation pharaonique de plus de 1000 projecteurs. L’occasion pour nous de découvrir ce qui se fait de mieux en matière de sources « propres » : des lyres JB Lighting A12 pour la couleur et des WildSun 500 K7 Ayrton pour le blanc, ingrédient indispensable servant à « extraire » les véhicules de leur nid coloré. Et elles ne sont pas seules puisque une centaine de chouettes rampes Arcaline frisent le long des murs de ce stand, décidément pas comme les autres.

En ne jouant plus le jeu de la puissance lumineuse à tout prix, le stand se démarque totalement de ses voisins de salon, par son design d’abord, vallonné et fluide, ses couleurs ensuite, et son niveau lumineux inférieur, mais largement suffisant, le rendant plus frais, au sens propre comme au figuré !
Et comme dans un salon on regarde souvent en l’air, le plafond n’a pas été négligé. Élément clé de ce tableau lumineux, il recouvre le stand de centaines de ballons lumineux colorés qui s’inscrivent dans une conception lumière globale.

Pour parler de cet imposant chantier débuté il y a près de trois ans, nous avons rencontré Gérard Schallier, ancien gérant de la société NAT , à présent consultant technique, et Hervé Audibert, designer lumière du stand, qui nous a parlé de la difficulté de ce défi : restituer fidèlement la couleur des véhicules au sein d’une scénographie colorée et évolutive.

Le design d’Hervé Audibert

C’est il y a presque 3 ans que Renault lance le concours de projet afin de trouver l’agence d’architectes qui relookerait complètement son espace. Concours gagné par un trio de jeunes créatifs italo-libano-japonais, l’agence DGT. Habitués à travailler avec Hervé Audibert par le biais de son atelier pour mettre en lumière certaines de leurs réalisations, (telles que l’éclairage du Musée National d’Estonie), c’est tout naturellement qu’ils lui ont proposé ce défi.

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Le designer lumière, curieux de nature, et tenté d’élargir encore son champ de compétences, accepte et commence à imaginer avec eux un projet, selon un cahier des charges très précis. Rapidement, l’idée d’un sol vallonné avec des volumes différents s’est imposée et tout aussi vite, Hervé a souhaité habiller le plafond en écho.
Il nous parle de sa vision initiale du design ainsi que de sa découverte du monde des salons automobiles.

Mondial Paris. (Photo : Olivier Martin Gambier / Renault).

Des sources de lumière moins énergivores et des véhicules électriques, Zoe et Twizy, pour inscrire l’avenir dans le développement durable. (Photo : Olivier Martin Gambier / Renault)

La genèse du projet
Un renouveau total du stand et de son ambiance lumineuse.

SLU : C’est votre première incursion dans le milieu des salons automobiles, qu’est ce qui vous a séduit dans ce projet ?

Hervé Audibert: ”Ce qui m’a intéressé c’est cette aventure technique qu’on a mis en route et en œuvre, et qui est vraiment un rêve fou ! On avait 1000 projecteurs sur le stand, 400 ballons illuminés, c’était une implantation extraordinaire qui n’existait pas du tout au niveau des salons de l’auto qui jouent plutôt la course à la quantité de lumière blanche, en inflation constante.
On atteignait des niveaux d’éclairement incroyables, près de 15000 lumens sur certaines voitures, ce qui était éblouissant, au sens propre du terme ! Je voulais trouver une lumière différente et traiter différemment la voiture. Donner un autre aspect à cette industrie automobile, trop agressive à mon sens, dans son approche lumineuse et artistique. Il me semble qu’on peut transformer l’accès à la voiture selon la façon qu’on a de la représenter. Soit on en fait une arme de guerre, soit en fait un objet qui sert à nous transporter. Il y avait tout un langage et un vocabulaire, relayé par le tabassage de blanc et de puissance lumineuse, qui me semblait inadéquat par rapport à ce qu’est la voiture et surtout à ce qu’elle doit devenir dans la ville du futur.
Par exemple, sur le stand Renault on parle beaucoup de voitures électriques, donc il fallait trouver une autre manière de traiter le véhicule, autrement qu’en symbole puissant et phallique !
Il était important pour moi de transformer l’image qu’on pouvait en avoir.
En plus, nous étions à Paris, et Renault, symbole de la France, devait régner et se démarquer en créant l’événement.

Mondial Paris

Traiter la voiture, autrement qu’en objet puissant et phallique, avec une lumière moins violente et surtout colorée, c’est l’approche artistique de Hervé Audibert et c’est une vraie réussite. (Photo : Olivier Martin Gambier / Renault)

SLU : Était-ce une demande de Renault ou une approche que vous avez eue de façon autonome ?

Hervé Audibert: C’était une approche très personnelle. J’ai commencé à travailler sur ce projet avec l’agence DGT lors du concours qui se déroulait sur une bonne année, en investissement autonome total (sans financement de Renault). Nous avons accepté de jouer le jeu car le projet était incroyable, avec ces 4000 m2 de stand à équiper.
Nous avons gagné ce concours pour intervenir à Paris bien sûr, mais aussi sur une quinzaine de salons internationaux pendant trois ans, et commencé à produire différents prototypes. Il a été cependant difficile de nous intégrer dans l’univers très fermé de l’éclairage de salon, surtout avec un projet situé aux antipodes de ce qui se faisait jusque là, en proposant une conception moins puissante en lumens et surtout avec de la couleur, du jamais vu. Nous étions un peu les trublions qui venaient bouleverser les normes de ce type d’éclairage, très formaté.

La mise en œuvre du projet : Révolutionner les codes.

Mondial Paris 2012

Alors que les JB Lighting A12 washent uniformément en couleurs toute la surface, le blanc froid des Wildsun 500 K7 Ayrton vient extraire les véhicules, et le halo autour les met en suspension : magique ! (Photo : Olivier Martin Gambier / Renault)

SLU : Comment avez vous travaillé avec DGT à partir du design du stand ?

Hervé Audibert: Quand ils m’ont présenté le projet et dit qu’il serait tout blanc, j’ai immédiatement proposé de mettre de la couleur sur le stand. De la couleur mais avec des Led, afin de moduler l’intensité lumineuse et faire évoluer les ambiances, tout en détachant littéralement les véhicules de cette nappe colorée avec du blanc. C’est une technique que j’utilise couramment : extraire avec un point blanc un élément dans une ambiance baignée de couleurs.

D’autre part, il me semblait important qu’en l’air, nous ayons le négatif sur sol avec un plafond « formé ». En effet dans un salon, les halls sont très hauts et quand on se promène, on voit tout de suite ce qu’il y a en l’air, la foule empêchant de poser son regard plus bas. Il fallait donc un plafond lumineux et mobile.
Nous sommes donc partis sur l’idée des ballons éclairants qui reprennent la forme du sol. Après nous sommes rentrés dans la technicité du projet, à savoir la réalisation de ces ballons et du sol. Nous avons produit différentes maquettes éclairées mais c’est ce concept des boules et de lumière mouvante nous a permis d’emporter le concours.

SLU : La notion de mouvement était donc importante ?

Hervé Audibert : Oui, de mouvements, de couleurs et de mise en valeur de la voiture. Du coup en utilisant une intensité lumineuse moindre, puisqu’elle était déjà dans une ambiance sombre, car colorée, on n’avait pas besoin de prévoir un éclairement excessif pour la mettre en valeur. En mettant une quantité de lumière raisonnable, on arrivait à faire exister le véhicule, ce qui est révolutionnaire en salon automobile.

SLU : Le travail de programmation a du être difficile !

Hervé Audibert : C’est la société allemande Light Life, spécialisée en grosses installations architecturales et spécialiste de la mise en lumière dynamique assistée par ordinateur, qui s’en est chargée et c’était en effet un travail incroyable et encore une fois inédit, car nous avions 35 univers dmx, ce qui n’a jamais été fait à ce jour au niveau mondial. Tout est commandé en dmx et les ballons devaient être tous motorisés et lumineux individuellement, pilotés en Wi-fi. Il s’agissait de reproduire l’ondoiement du stand par le mouvement des ballons. On se balade, on adoucit l’ensemble, rien n’est agressif.

SLU : Vous n’avez pas eu de problèmes d’IRC ?

Hervé Audibert : Pas du tout, les voitures étaient éclairées en blanc froid, 7000°K. Il fallait qu’il soit le plus froid possible pour les extraire de façon dynamique et énergique du fond coloré plus chaud. Un 3000K n’aurait pas apporté le dynamisme nécessaire à la vision d’ensemble du stand, les voitures devaient vraiment se détacher grâce à ce halo blanc. Je ne voulais pas ramollir l’image globale. On avait besoin de pointes d’énergie dans l’ensemble coloré pour la vision globale et la compréhension du stand.

Et puis il a fallu satisfaire les gens du design peinture de Renault, très pointilleux et attentifs au parfait respect des coloris des voitures. Nous avons fait trois prototypes successifs sur 200/300 m2, et leur aval était indispensable. Il ne fallait absolument pas dénaturer les teintes d’origine des véhicules, c’était la première étape à franchir. Nous avons eu de la chance. L’option du blanc 7000K leur convenait tout à fait ! Si le blanc et le rendu des couleurs des voitures ne leur avaient pas plu, on aurait été obligé de passer en lampes, et du coup, on n’aurait pas eu la possibilité de graduer la lumière. Avec les Led, on a pu faire évoluer la lumière en permanence, en plongeant les véhicules dans un bain de couleurs pour les effacer, puis en les faisant réapparaître avec le blanc des K7. C’était magique, grâce aux Led !

SLU : Le halo blanc autour de la voiture est volontaire?

Hervé Audibert : Oui, c’est un choix de ne pas avoir serré le faisceau blanc sur la voiture. Nous avons fait beaucoup d’essais mais au plus serré sur le véhicule, on n’arrivait pas à l’extraire suffisamment. Ce halo blanc permettait vraiment de le mettre en suspension. Je suis très satisfait du rendu du blanc des K7 Ayrton et de la texture de leur lumière.

Mondial Paris 2012

L’IRC des Led blanches du Wildsun 500 K7 respecte scrupuleusement les couleurs Renault. L’équipe du design peinture de Renault, attentive au parfait respect des coloris de voitures a validé la source. (Photo : Olivier Martin Gambier / Renault)

Les difficultés du projet
Des contraintes techniques et financières.

SLU : Avez vous eu des soucis techniques pour mettre en œuvre un tel projet ?

Hervé Audibert : « Effectivement, on a eu pas mal de galères, pour la première financière. Car même si Carlos Ghosn (P-DG de Renault) a validé la maquette, il fallait pour la mettre en œuvre 1000 projecteurs, ce qui représentait évidemment un budget gigantesque et ce qui a un peu refroidi l’équipe de supervision de Renault. Tout cela lors de la préparation qui a débuté avec le premier prototype présenté en 2010.

Il a ensuite fallu consulter les différents prestataires mis en concurrence. J’avais dès l’origine travaillé sur la préparation de ce projet avec Impact Evénement, qui a développé à nos côtés le projet techniquement et budgétairement : les ponts sur 4000 m2, une installation gigantesque et très contraignante car je souhaitais un maillage de 3 m pour couvrir toute la zone, ou encore le développement des ballons. Au final, c’est la société NAT qui a remporté l’appel d’offres.
Mais c’était bien évidemment le résultat qui m’importait avant tout. Je ne me suis en aucun cas mêlé du budget engagé ou des partenariats mis en place. On avait assez affaire avec l’enjeu technique du projet.
Après il a fallu apprendre à travailler avec des entreprises que nous ne connaissions pas et qui parlaient un langage « stand ».

SLU : Cela a déterminé le choix du matériel ?

Hervé Audibert : Au départ j’avais tout équipé en Ayrton, du blanc à la couleur car il faut savoir qu’au moment de la genèse du projet il n’y avait pas mieux sur le marché. Tous les fabricants étaient au courant de cet appel d’offres et m’ont présenté des produits, mais j’avais l’habitude de travailler avec les gens d’Axente, nous parlions le même langage et ces projecteurs étaient vraiment performants.

Finalement, Gérard Schallier a préféré soumettre les A12 JB Lighting pour faire les couleurs, suite a des essais. Ils ont été choisis notamment pour leur potentiel de puissance lumineuse qui les rendait plus évolutifs sur trois années d’exploitation.
Après, nous avons eu de vrais problèmes avec les boules, dont il fallait développer la motorisation.
Enfin, il nous a aussi fallu composer avec le pilotage des boules en wi-fi, qui ne fonctionnait pas.
On a eu pas mal de sueurs froides, surtout à l’échelle d’une telle accroche !

SLU : Il y a aussi un écran géant sur le stand, c’est vous qui l’avez choisi ?

Hervé Audibert : Oui, nous disposions d’un écran de 80 m de long en HD sur les parois du stand, et ses ambiances lumineuses et vidéos diffusées en boucle étaient reprises par les ballons au plafond pour avoir une harmonie colorée sur l’ensemble de l’espace.
Encore une fois les gens de Light Life ont fait un boulot formidable de programmation pour harmoniser les effets des projecteurs avec les vidéos. Ce sont des informaticiens géniaux, et qui connaissent très bien la lumière.
Au final, l’ensemble du stand était magique, nous étions tous très contents. Il a attisé la curiosité de tout le monde, médias, créatifs, visiteurs bien sûr, mais aussi techniciens des stands voisins qui n’hésitaient pas a venir le photographier !”

La technique de Gérard Schallier

Gérard Schallier, partenaire de longue date de Renault avec la société NAT, connaît très bien l’éclairage de stand et ses épreuves imposées. Il a cependant lui aussi choisi de se renouveler en allant jusqu’à investir quelque 4 millions d’euros afin de respecter le plan de feu gigantesque imaginé pour que NAT remporte le marché, mais gageons que son savoir faire et son expérience ont aussi séduit la marque, pour reconduire un partenariat testé et approuvé.
Amateur de nouvelles technologies, celui qui avait donné sa chance aux Big Lite en leur temps, fait donc le choix des Led avec JB Lighting et Ayrton. Il nous en parle en toute simplicité.

SLU : En tant qu’habitué de l’équipement de salon, est-ce la première fois que tu fournis un éclairage 100% Led ?

Gérard Schallier : ”Oui, tout à fait. C’était dans le cahier des charges de Renault qui souhaitait quelque chose de réellement nouveau et plus représentatif de la marque, donc plus jeune, en accord avec la nouvelle gamme. Une volonté d’aller vers quelque chose de plus humain, de moins clinique et de moins énergivore. C’était aussi le choix de l’éclairagiste d’aller vers des projecteurs beaucoup moins gourmands en électricité avec un rendu quasi identique à celui qu’on peut voir sur les autres stands éclairés en traditionnel.

Mais c’est surtout l’entrée de la couleur sur le stand qui était un élément vraiment novateur, couleurs permises grâce aux Led. D’ailleurs les retours des journalistes et des enquêtes consommateurs sont excellents. Je pense que Renault va continuer dans ce sens. Aujourd’hui je crois que le résultat de Paris, qui est cependant encore perfectible car c’était une première, nous a permis de mettre le pied dans une nouvelle manière d’aborder l’éclairage des stands, qui va émerger dans les années à venir.

Mondial Paris 2012Mondial Paris 2012Mondial Paris 2012


SLU : As-tu noté une différence de niveau d’éclairement sur le stand par rapport aux voisins ?

Gérard Schallier: Je n’ai pas mesuré le niveau d’éclairement. On est en dessous de ce que l’on faisait avant, mais l’éclairage ambiant d’un stand reste quand même une adéquation entre l’éclairement de la voiture et de ce qu’il y a à-côté. On peu abaisser l’ensemble, du moment qu’il reste cohérent. C’est vrai que l’on peut avoir une différence avec le stand d’à-côté, si on est voisin de Mercedes ou Citroen, qui, eux, emmènent un niveau bien supérieur, mais on n’est pas non plus trois tons en dessous. Ce n’est pas un trou noir, et on est en couleurs. Donc visuellement on peut toujours êtres visibles en attirant des gens sur le stand et une fois qu’ils y sont, ils se sentent bien. C’est l’essentiel.

Mondial Paris 2012

A12 et Wildsun 500 K7 ne jouent même pas à leur pleine puissance (1000 W pour le A12, 380 W pour le Wildsun) et pourtant le stand n’a rien d’un trou noir. (Photo : Olivier Martin Gambier / Renault)

SLU : Quelle était la difficulté de passer de la HMI à la Led en maintenant un résultat satisfaisant ?

Gérard Schallier : Il fallait déjà trouver des projecteurs Led suffisamment puissants en blanc froid pour arriver à un niveau lumineux qui ne soit pas en dessous de ce qui se fait à-côté. J’avais déjà parlé de ce besoin à des fabricants il y a quelque temps, sachant que Renault allait changer dans les années à venir sa façon d’éclairer. Mais je n’ai pas obtenu de suites, même si Martin a sorti une série de Mac Aura en blanc froid, ils manquaient de puissance. Ils ont été utilisés à Genève pour BMW, mais il fallait trop de machines pour obtenir un éclairement suffisant.
C’est par contre l’éclairagiste qui a contacté Ayrton, car son référent était Axente.

Donc au début, le premier cahier des charges proposait 100% du matériel en Ayrton. Les K7 blancs étaient très satisfaisants mais pour nous, le WildSun 500S n’était pas suffisant en flux pour emmener un niveau d’éclairement en couleurs sur le stand qui ne soit pas trop bas.
J’ai donc, lors de l’appel d’offres, indiqué qu’il ne me semblait pas approprié en termes de puissance lumineuse.
Et au fur et à mesure, nous en sommes arrivés a cette liste: A12 pour la couleur, WildSun 500 K7 pour le blanc, Arcaline aussi pour habiller les murs et bien sûr les boules lumineuses accrochées au plafond.

Inventer des projecteurs et des solutions

SLU : Qui a développé ces boules?

Gérard Schallier : Au final le plus performant et efficace en termes de délais a été Yvan Peard de Ayrton qui a collaboré avec la société belge Krill pour les développer en fournissant le moteur de Led.
C’est une boule légèrement ovoïde qui est suspendue au plafond. C’est un beau jouet qui éclaire vraiment très bien. Elle est équipée de 8 Led OSRAM RGBW (les mêmes diodes que dans le A12), sans optique secondaire puisqu’il faut éclairer le ballon diffuseur en direct. Grâce à la Led blanche, on peut vraiment nuancer les couleurs et obtenir les bonnes teintes.

SLU : Comment leur programmation et leur contrôle ont-ils été pris en charge?

Gérard Schallier : Par média serveur. Nous avons un film qui pilote la couleur de tous les A12, une image qui pilote la couleur des boules, une autre pour leur hauteur vu qu’il était prévu qu’elles montent et descendent sur 3 m, en faisant une animation globale sur le stand, plus un time code pour asservir vidéo lumière et son. Le média serveur pilote les différentes couches en fonction du code SMPTE qu’il reçoit. Donc l’image globale du stand est une adéquation entre la couleur, l’éclairement des voitures, les vidéos et la bande son. Il y avait une direction artistique pour gérer l’ensemble.

Le module de Led développé par Ayrton pour les ballons Krill.

Le module de Led développé par Ayrton pour diffuser en direct dans les ballons Krill, équipé des mêmes multipuces RGBW que le A12 JB Lighting pour jouer parfaitement raccord en couleurs.

Ici monté dans le ballon, avec un radiateur pour dissiper les calories des Led.

Ici monté dans le ballon, avec un radiateur pour dissiper les calories des Led.


SLU : Après se pose la question de la durée de vie des Led ?

Gérard Schallier : Oui, je suis curieux de voir ça dans l’avenir. Les WildSun 500 K7 sont données pour 40 000/50 000 heures d’éclairement constant, mais même si elles ne faisaient que 25 000 heures, ce serait déjà 50 vies de lampe, donc on en aurait au moins pour 10 ans ! Après il faut voir si on les utilise à pleine puissance tout le temps, comment les Led sont drivées, etc.

La vie de salon des WildSun 500 K7 et Arcaline Ayrton

SLU : Justement en parlant du refroidissement, les K7 étaient-ils à fond ?

Gérard Schallier : Non, par principe on reste à 80%, pour en avoir un peu sur le coude au cas où viendrait le besoin d’augmenter la puissance en live selon les tableaux. On devait être à 85 % de puissance en moyenne, par contre c’est vrai qu’on était allumé 16 heures par jour, du matin au soir non stop.

SLU : Y a-t-il eu des pertes ?

Gérard Schallier : A Paris, sur 351 WildSun 500 K7 accrochés, on en a changé 5, mais pour des broutilles mécaniques. Techniquement nous n’avons eu aucun souci, ni électrique ni matériel, à part le problème du Wi-fi sur les boules, nécessaire pour leur mouvement car les architectes souhaitaient qu’elles flottent littéralement dans l’espace, donc sans câble, ce qui nous a bouffé la vie.

SLU : Quel angle a été utilisé pour les K7 ?

Gérard Schallier : Elles étaient toutes accrochées à 8 m de haut, avec un angle d’ouverture de 20%, sauf quelques unes sur la colline qui étaient 1,70 m plus haut, qui donc devaient ouvrir plus. Les pupitreurs ont œuvré avec intelligence en fonction de la hauteur. Je pense par contre qu’à Genève on va peut-être se gratter la tête car le WildSun ouvre un tout petit peu trop d’origine.
Un 8° aurait été top. Le A12 JB Lighting dispose lui d’un plage idéale mais il n’existe pas en blanc, et le RGBW ne donne pas de résultats satisfaisants en blanc, évidemment.

SLU : C’est la première fois que tu investis autant dans la Led ?

Gérard Schallier : Oui, même si on a déjà eu auparavant des références comme le VLX, mais pas dans de telles quantités. C’est un investissement massif, mais c’est un contrat particulier. Il ne s’agit pas de renouveler un parc mais je pense que, sur ce marché, l’utilisation des Led va évoluer.

Chez NAT, j’ai toujours été partisan du peu de références mais en quantité importante, ce que l’on a fait avec le A12 JB Lighting (près de 500 pièces), les WildSun 500 K7 (375) mais aussi l’Arcaline Ayrton (une centaine), qui est un bon compromis entre la lumière, la puissance et la taille de l’objet.

SLU : L’Arcaline s’intègre bien dans le kit ?

Gérard Schallier : Yvan Peard a vraiment de bonnes idées, c’est un super produit, qui s’entend très bien en couleurs avec le reste de l’implantation. On l’utilise sur les stands de nos clients, comme on utilisait la PL 110 Thomas (qui est cependant trois fois plus grosse et trois fois plus gourmande), avec un rendu équivalent, voire supérieur, pour un produits trois fois moins cher et plus petit. Et en plus en RGBW !

Les Wildsun 500 K7 en blanc, les A12 et les boules en couleur.

Accrochés aux ponts dont le maillage est très serré (3 m), les Wildsun 500 K7 en blanc, les A12 et les boules en couleur.

SLU : Consommez vous réellement moins de courant ?

Gérard Schallier : Oui clairement. Sur le stand Renault on était à moins de la moitié, on devait consommer 40% de ce qu’on consommait avant ! Écologiquement on est vraiment beaucoup plus dans l’air du temps mais économiquement le client le ressent moins car, avec la Led, on demande un départ 125 A pour un 80 A réellement consommé, à cause des fluctuations du courant, et lui paye toujours au nombre de départs et non à la consommation. Globalement ça doit représenter une économie de 30 % quand même, ce qui n’est pas négligeable au prix de la 125 dans un parc expo ! Un A12 qui est censé consommer 1 kW à pleine puissance, ne consommait en utilisation que 400 W au max. On avait en régime de croisière des armoires 125 A qui tournaient à 30 A !

Le A12 JB Lighting révèle ses qualités

SLU : Pourquoi avoir choisi le A12 JB Lighting ?

Gérard Schallier : C’est une jolie machine, avec une belle lumière en couleur et une plage de zoom 8°-58° extraordinaire, un bâton énorme et somptueux dans la fumée.

SLU : Que penses-tu de son refroidissement ?

Gérard Schallier : Le refroidissement est super efficace et silencieux. De toute façon JB Lighting est une petite boite propre, ce qu’ils font ils le font correctement. Notre technicien de maintenance envoyé sur place a été reçu avec beaucoup de gentillesse et de générosité, sans secret, ni langue de bois.
L’ergonomie est aussi bien pensée, avec des calibrages intéressants, des fonctions nécessaires comme le 50/60 Hz ; ça reste efficace et accessible.
Enfin, ils ont un truc super dans leur technologie, c’est que tu peux changer les Led individuellement car elles ne sont pas soudées. Par exemple notre technicien en a changé une tout seul comme un grand garçon !

Le dysfonctionnement des boules lumineuses

L’animation des boules lumineuses, en couleurs et en mouvement, qui devait être commandé par WiFi n’a pas fonctionné à Paris comme espéré. Nous avons par la suite interrogé Yvan Peard qui fournissait les sources Led des boules pour connaître la raison du problème.

Bruxelles 2013

Image prise au salon de Bruxelles, la vidéo apporte une dimension dynamique en harmonie avec les ballons qui cette fois fonctionnent parfaitement en Wifi grâce au cartes DMX RDM de Lumen Radio. (Photo : Olivier Martin Gambier / Renault)

Yvan Peard : »Nous voulions commander les boules Color Engine Krill en filaire mais Gérard Schallier souhaitait une solution WiFi. Je lui ai proposé les cartes que j’utilisais dans les lyres Ayrton mais ce produit n’ayant pas de display, il fallait envisager une solution DMX RDM. Le fournisseur, que je ne citerai pas, s’est alors engagé à adapter ses cartes et les livrer dans les délais, mais au moment de la programmation des boules, le système décroche, elles se bloquent sur une couleur ou ne s’allument pas du tout.”

Cyril Union (ingénieur Ayrton) : ”Le système émettait sur une fréquence. Si tu as de la chance, la boule reçoit mais si l’espace est encombré, ça décroche.
Il y avait de surcroit un bug dans leur software car certaines cartes de réception repassaient en émetteur. Ils ont une même carte qui peut être soit émettrice, soit réceptrice. Il suffit juste de changer la configuration. Un certain nombre de boules repassait en émission ce qui polluait encore plus la bande…
Sur Paris il y avait quatre émetteurs et les boules étaient commandées sur 5 canaux, donc 4 univers à raison d’une centaine de boules par univers. Mais les émetteurs se sont multipliés car le système n’était pas fiable.”

Yvan Peard : ”Et le fabricant n’a jamais assumé ce défaut. Pour le salon suivant, à Bruxelles, il nous fallait absolument un système fiable qui fonctionne ! J’ai donc fait venir les équipes de Lumen Radio pour un diagnostic externe pendant le Mondial, avec leur émetteur récepteur. Ils ont pu contrôler une boule, malgré l’occupation de la bande Wifi. A la suite de cette intervention réussie, ils ont implanté le RDM et tout fonctionne, quelle que soit la position des émetteurs ou l’environnement. Nous avons alors acheté leurs cartes et n’avons eu aucun souci par la suite. Au Salon de Bruxelles, tout a fonctionné correctement.
Désormais les nouveaux produits Ayrton seront équipés en cartes Lumen Radio RDM. Leur système « Coexistence » analyse la bande pour sélectionner la bonne fréquence afin de pouvoir émettre dans les environnements très encombrés.”

Conclusion

Des ambiances plus que réussies et originales dans les espaces habituellement froids et archi lumineux des expositions automobiles, qui ont fait que ce stand a attiré tous les regards.
Difficile en effet de ne pas s’étonner d’abord de trouver de la couleur, et au sens plus large, un vrai travail artistique autour des véhicules. Difficile encore de ne pas être irrésistiblement attiré par le décor tout en courbes, à l’atmosphère douce et si chaleureuse imaginée par l’agence DGT et leur éclairagiste partenaire Hervé Audibert.

Ce dernier, en jetant un pavé dans la mare du politiquement correct en matière de présentation automobile, a su répondre parfaitement à la demande de Renault, désireux de rajeunir et de surprendre. Les couleurs adoucissent l’ambiance habituellement clinique de ce type d’exercice, mais mettent encore plus en valeur les véhicules, qui semblent flotter dans leur halo blanc, parfaitement lumineux et homogène. Ils se détachent complètement des bains rouges, verts ou bleus environnants. Enfin, le plafond incroyable souhaité par le designer lumière, et mis en œuvre par les équipes de NAT, apporte une fluidité réelle à l’espace, au dessus de la poétique campagne du sol, entre collines et chemins de traverse, même si l’ambitieuse animation prévue n’a pas pu fonctionner parfaitement.
Une très belle idée, jamais vue auparavant, et un défi technique de taille.

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Captation, mix salle, antenne, retours… en direct !

Les Victoires de Silence !

Evénement musical majeur, les Victoires de la Musique représentent aussi un couronnement technique pour le prestataire en charge de la captation et des mix retours, salle et antenne, le tout se passant en direct. Portée par ses deux piliers Gilles Hugo et Shitty, l’équipe de Silence a de nouveau relevé le défi avec efficacité, calme et un cœur gros comme ça…
Ca méritait un long reportage !

Les Victoires de la Musique 2013

Reprenant le principe de la double scène afin de permettre le ”montage” d’un artiste pendant le passage d’un autre, sans oublier un orchestre de 32 pièces en place centrale, les Victoires 2013 ont nécessité une infrastructure technique de grande ampleur, pensée par un trio de professionnels rompus à cet exercice : Stéphane Pelletier au mix et diffusion en salle, Alex Maggi pour les retours et Jean-Marc Aringoli pour l’antenne.
Rendons tout de suite l’indispensable hommage au reste de l’équipe sans qui les trois susnommés en seraient restés à leur table à dessin, j’ai nommé… Regardez à droite, ça ira plus vite, nous publions la liste complète des 39 techniciens engagés par Silence sans compter les deux tôliers Gilles et Shitty !

Une débauche de consoles
et un catalogue de formats audio

C’est Jean-Marc Aringoli qui le premier s’est prêté au jeu du ”ahh non, pitié, pas lui avec son dictaphone” depuis le Mobile Son où il officie, en compagnie de Mallaury Maurice en charge des consoles musique, au mix final sur la SSL, dernier avatar analogique dans un monde de bits.

De gauche à droite Mallaury Maurice , Jean-Marc Aringoli et François Cunin.

Les trois paires d’oreilles en charge de faire le son TV des Victoires avec de gauche à droite Mallaury Maurice dévolu au mixage sur les tables musique, Jean-Marc Aringoli en charge sur la SSL du mix final et de la conception de la régie TV et François Cunin pour les assister.

SLU : Quel est l’avantage d’avoir ainsi deux scènes distinctes d’un point de vue technique ?

Jean-Marc Aringoli : ”La sécurité. Avoir ainsi deux plateaux et deux consoles différentes permet par exemple de ”line checker” celle en préparation. Nous avons dans le car une Vi6 pour la scène à jardin, une CL5 pour la scène à cour et une seconde CL5 qui mixe l’orchestre. Je fais le final sur la SSL 8000 HG qui est face aux écrans et aux écoutes. Ce n’est pas à ce proprement parler un mix musique dans lequel je fonds les voix puisque je récupère des stems* de la table qui gère l’orchestre. J’ai ainsi indirectement la main sur une console qui est trop loin pour que je puisse y aller en plein direct. J’ai des stems de batterie, basse, guitare, claviers, cuivres, violons… Mallo (« ry » Maurice NDR) mixe avec moi, et on se répartit les tâches en fonction des titres. Nous avons aussi François Cunin qui prend en charge toute la partie assistanat avec les accueils, la paperasse, l’enregistrement, les changements, les sprints si besoin, et j’en passe.

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* stem : prémix stéréo d’un ensemble tel que la batterie, les cuivres, les chœurs, les pupitres de cordes ou l’ensemble des cordes, les guitares, etc.

La Vi6 du Mobile son recevant les lignes en provenance de la scène à jardin.

La Vi6 du Mobile son recevant les lignes en provenance de la scène à jardin. Magie du numérique, elle cohabite avec deux autres consoles numériques sans que le câblage n’explose les goulottes du Mobile.

La SSL 8000 HG, de J.M Aringoli, et ses 48 voies d’entrées analogiques.

La SSL 8000 HG, de Jean-Marc Aringoli, et ses 48 voies d’entrées analogiques pour sortir le mix final antenne, ce dernier allant tout de même se faire humecter la truffe dans le car abritant la régie finale à grands coups de micros d’ambiance. Les écoutes sont des Focal Solo6 Be.


SLU : A ta configuration il faut ajouter celle de la face et celle des retours…

Jean-Marc Aringoli : Ahh mais pas que ! La complexité de cette année est d’avoir, en plus de nos trois branches, aussi Radio France qui fait son propre mix. Il a donc fallu leur redonner à partir du plateau toutes les lignes.

SLU : Si on prend un micro type, il lui arrive quoi ?

Jean-Marc Aringoli : Il va prendre plusieurs chemins. En sortie du patch passif, il va d’abord aller en direct chez Alex (Maggi, ingé son retours NDR) qui gère toutes les alims fantôme, mais il part aussi vers un split actif qui alimente la face, Radio France et le Mobile Son où nous sommes. En plus de cela, tout ce qui est chant part aussi vers le car TV de France 3 via leur stage car certains micros de chant servent aussi pour faire les plateaux, en plus des micros typiquement plateau des deux présentateurs de la soirée.

La CL5 Yamaha du mix orchestre et, dessous, quelques jolis périphériques.

La CL5 Yamaha du mix orchestre. Dessous, quelques jolis périphériques : Yamaha un D500 et un 990, Eventide le légendaire H3000 en version D/SE et un plus récent Eclipse. En dessous une inévitable PCM70 Lexicon puis un TC M2000, un Waves MAXX et tout en bas un Transient Designer SPL, deux Distressor et un TLA100 Summit.

SLU : A peine complexe…

Jean-Marc Aringoli : Oui, d’autant qu’à la face ils ont aussi 4 tables, comme nous ici, ce qui permet une certaine standardisation. Au mix master et au matriçage vers la face il y a une Vi4, une CL5 pour l’orchestre et deux PM5D pour les scènes jardin et cour. Le fait d’employer tous les deux des CL5 pour l’orchestre fait que nous pouvons partager le même RIO (Remote Input/Output) avec un partage des gains.

SLU : Au niveau des formats audio c’est un vrai catalogue !

Jean-Marc Aringoli : Il ne manque rien ! Il y a de l’Ethersound sur les PM5D, du Dante pour les CL5, de la fibre et du cuivre, c’est le micmac de la mort mais qui marche !

SLU : Comment avez-vous pensé tout ça ?

Jean-Marc Aringoli : D’abord on a regardé le stock de Silence, puis nous avons essayé de répartir le plus intelligemment ce qui était disponible en termes de consoles. Pour les distributeurs, nous avons mis du BSS, du Radial et du Klark et… (Je l’interromps NDR).

SLU : Vous avez vidé le dépôt !

Jean-Marc Aringoli : Là il n’y a plus rien, et cela a été une bonne prise de tête. Nous aurions d’ailleurs pu aller encore plus loin car nous ne manquons pas de puissance. Simplement il a fallu penser à Radio France qui ne dispose pas de ressources énormes, et pour qui nous avons ressorti un orchestre en 48 lignes. Nous leur avons condensé certaines sources avec des prémix de cordes et de cuivres, quand bien même nous aurions pu tout récupérer en séparé puisque la Vi6 reçoit 64 lignes, les deux CL5 chacune 72 lignes. On aurait pu être beaucoup plus à l’aise.

60 lignes rien que pour l’orchestre

Le coin de l’orchestre.

Le coin de l’orchestre est vraiment très, très petit. Inutile d’essayer de faire trop les malins dans la captation, chaque micro se servant copieusement dans le garde-manger d’un voisin si proche… La batterie a malgré tout été isolée derrière un plexi.

SLU : L’orchestre au départ compte combien de lignes ?

Mallaury Maurice (Ingé son TV NDR) MM : Une bonne soixantaine. Tous les prémix cordes sont faits aux retours.

Jean-Marc Aringoli : Ils nous sortent des VA stéréo, VB stéréo, Alto stéréo, Celli mono, ce qui nous permet de garder une certaine latitude de réglage. Ces pupitres rentrent dans le patch actif et nous arrivent ici où nous ajoutons les 38 autres sources. L’orchestre tient dans un tout petit espace, ce qui ne nous aide pas pour la captation mais n’est pas plus pratique pour les musiciens eux-mêmes qui doivent y prendre place avec mille précautions, et une fois assis ne peuvent quasiment plus bouger. Nous recevons aussi de la régie retours un prémix de chœurs car cette année ce sont les Victoires des chorales. Il y en a tellement que nous n’avions plus assez d’entrées. C’est donc Julien Martin qui, avec une M7CL, les gère en plus des talkbacks.

SLU : Tous les artistes ne passent pas avec l’orchestre puisque deux scènes sont prévues…

Jean-Marc Aringoli : A part Tal qui ne chante qu’avec l’orchestre, ce dernier n’intervient que ponctuellement pour enrichir le rendu de certains titres grâce essentiellement aux cordes, aux bois et aux cuivres. Cela revient à dire que toutes les consoles se mélangent.

SLU : Cela doit être un enfer de tenir les patchs à jour…

Jean-Marc Aringoli : Non, cela a été décidé et planifié très en amont. Les groupes ont fait leurs demandes, et nous savons à quoi nous attendre… Sauf les surprises de dernière minute. J’essaie de tout tenir à jour mais ce n’est pas évident car ça change en permanence. On fait de notre mieux pour garder une cohérence et pouvoir par exemple brancher un pratos batterie sur la même Socapex sans tout révolutionner à chaque fois. On essaie en plus de répondre aux demandes en termes de marques et modèles de micro, du Sennheiser, du Shure… On a un panachage de matériel qui est assez énorme.

SLU : Je vois que tu as un afficheur te donnant l’intégration R128.

Jean-Marc Aringoli : Je suis obligé. Si je travaille encore en crête comme avant, dans le car de France 3, qui met en forme le signal pour la diffusion TV et ajoute notamment les ambiances, ils vont être obligés de tout retenir. J’essaye donc de rester dans les clous pour qu’ils interviennent le moins possible.

SLU : Tu regardes encore les bons vieux Vu à aiguille de la SSL ?

Jean-Marc Aringoli : Oui, car ils me donnent une bonne information sur le niveau moyen, une vraie référence à laquelle en plus j’ai l’habitude et.. (Nous sommes interrompus par l’interphonie qui crache tranquillement que ”Nous allons répéter avec le groupe de B******n V****t mais sans lui” Un groupe sans son chanteur, c’est sans doute normal … NDR).

SLU : Que penses-tu de la CL5, elle remplace poste pour poste la M7CL dans le Mobile…

JMA : Ce qui me vient immédiatement à l’esprit c’est la simplicité de mise en œuvre du réseau Dante et la possibilité d’enregistrer et lire facilement ce qui se trouve sur le réseau avec le Nuendo Live, livré avec la table, comme avec tout autre éditeur numérique grâce au driver développé par Audinate avec un simple RJ. Sa petite taille est aussi un atout, cela dit j’aurais personnellement préféré que la CL5 ait plus de faders car la CL1 et 3 sont déjà en petit format. Les préamplis sont en progrès, et l’émulation plug vintage n’est pas dénuée d’intérêt. Enfin ce qui fait selon moi son fort est sa cohérence avec le reste de la gamme et de la marque. Pas besoin d’ouvrir le manuel pour être à l’aise dessus. Tu sors très vite du son, contrairement à d’autres tables. J’aime aussi son ergonomie avec notamment les User Layers à ta convenance. Pour moi elle fait le boulot et est en progrès par rapport à la M7CL”.

Les choix de Silence

La porte du Mobile de Silence s’ouvre à la volée sur un personnage irremplaçable, souriant et apparemment assez disponible, l’occasion rêvée de prendre un peu de hauteur sur les Victoires et Silence.

Gilles Hugo et Shitty, fondateurs, dirigeants et moteurs de Silence.

Gilles Hugo et Shitty, fondateurs, dirigeants et moteurs de Silence.

SLU : Ca va fort pour vous non ? Les Victoires, La Nouvelle Star…

Daniel Dollé dit Shitty : ”Oui ça va fort ! On a échappé au dépôt de bilan au moins quatre fois depuis deux ans (rires ! NDR). Non, c’est vrai que la TNT nous a apporté du travail. On fait la même chose qu’avant mais pour beaucoup moins cher parce que, tu comprends, sur la TNT on fait moins d’audience ! (rires !)

SLU : Silence a acheté pas mal de puissance dernièrement…

Shitty : Oui, et adaptée au type de travail que l’on fait au quotidien en télé car faire le Zénith n’est en rien une priorité, d’où le choix des Uniline APG. Tous calculs faits, ça marche, et surtout je mets 20 à 30% moins de boîtes pour la même couverture. Sur les plateaux TV, je n’ai pas besoin de taper à 100 mètres. En revanche il faut que j’ouvre, et que je n’oublie par exemple pas des endroits stratégiques comme le coin des jurés de La Nouvelle Star. L’E15 Adamson que nous avons ce soir est un système formidable, mais nous en aurions besoin deux fois par an. Si je veux m’en sortir, il faut que ça tourne huit mois dans l’année. Autant te dire que je préfère m’en procurer grâce aux accords que nous avons avec Lagoona qui, l’été lors des festivals, a besoin des régies qui tournent moins chez nous. Tout le monde est gagnant !

SLU : Pourquoi précisément des Uniline APG pour vos boîtes TV ?

Shitty : Leurs caractéristiques correspondent très bien à nos besoins. Ca envoie le bois…(je l’interrompt NDR)

SLU : Ca n’aurait pas collé au Zénith pour les Victoires ?

Shitty :…Je ne sais pas. On a fait la Fête de la Chanson Française tout en APG car je désirais me faire plaisir. J’ai sous-traité une partie du système car on n’en a pas assez, et c’était très bien donc oui, cela aurait été possible ici aussi. J’ai choisi de me simplifier la vie et de travailler avec Lagoona. Ils sont contents et moi aussi. Je n’ai pas d’états d’âme. Si je devais faire plus souvent des Zéniths, je prendrais des gros lignes source plutôt que des Uniline !

Un étonnant panachage de micros main Shure et Sennheiser.

Un étonnant panachage de micros main Shure et Sennheiser, de quoi satisfaire toutes les demandes des artistes.

SLU : Comment ça se passe avec les ingés son des artistes qui passent ?

Shitty : Nous les accueillons toujours. Demain nous allons avoir Manu Guyot pour Skip The Use. Généralement ils commencent par venir dans le mobile pour avoir un aperçu du son TV, et ensuite ils partent vers la façade pour donner des indications sur ce qu’il faut faire. Parfois ils viennent à deux, voire à trois, pour couvrir les trois mix, TV, face et retours, et tout ça je le comprends très bien car ils connaissent l’artiste et sont à même d’aller plus vite vers un rendu qui les satisfait. Si après ils demandent des choses infaisables, on en discute, et s’ils se foutent de notre gueule on les met dehors (rires). Il y a des gens très bien et d’autres moins mais ce cas de figure est rarissime. Ca m’est arrivé une seule fois !

SLU : Qui a fait le design du système des Victoires et l’a calé ?

Shitty : C’est Stéphane Pelletier, un type très bien. Viens, on va aller dans la salle, et je te le présenterai”.

Nous quittons le Mobile Son douillet pour le Zénith, à deux torons de câble de distance. Contrairement à la studieuse ambiance qui règne habituellement avant un concert, ce sont des centaines de personnes qui s’agitent entre la scène, les gradins, le parterre et le backstage. Nous grimpons dans les gradins vers la régie son et lumière.

SLU : Ahh pas de bol, la régie technique est masquée…

Shitty : ”Ca tu peux le dire, on a beau avoir le meilleur emplacement, on va se taper toute la soirée la Louma pile en face. Pas de bol !

SLU : J’ai regardé le conducteur, vous ne seriez pas un peu à la bourre pour les répétitions ? Nous sommes jeudi soir et ça joue demain…

Shitty : Non, pourquoi dis-tu ça ? (rires) Oui et de plus en plus. Un jour on plantera, j’espère le plus tard possible mais on est tous tellement sur la corde raide que ça devient difficile. En termes de planning on a commencé à accrocher dimanche avant que le décor n’arrive. On a ensuite fait le gros de l’installe lundi et mardi. Les instants où le calage a pu avoir lieu en plaçant tous les micros nécessaires, appelons-les les moments ”rentables”, n’ont pas excédé une heure par jour. Le système sans avoir été calé à la sauvette n’a donc tiré avantage que de brefs temps morts.

SLU : Un chantier comme les Victoires ça se travaille combien de temps à l’avance ?

Shitty : Ca a été envisagé il y a trois semaines, et les derniers renseignements on est encore en train de les avoir. On a travaillé sur des hypothèses, et c’est aussi pour ça qu’on étale les consoles, pour faire face à tous les imprévus et surtout éviter de bourrer une seule table qui, en cas de panne, te plante tout”.

Gilles Hugo, directeur du son des Victoires

Le moment est venu d’intercepter Gilles Hugo, PDG de Silence et surtout Directeur du Son des Victoires. Il a eu la mauvaise idée de s’approcher de mon dictaphone !

SLU : Gilles, tu es directeur du son lors des Victoires, ça consiste en quoi ?

Gilles Hugo (PDG de Silence) : ”Etre sans arrêt présent et interfacer, coordonner les équipes du son avec la Prod, le réalisateur, les artistes et en général tous les intervenants de cet événement. Comme te l’a dit Shitty, on veille à ce que les techniciens se concentrent sur leur travail. Il ne faut pas qu’ils aient à discuter si le piano est à cour ou jardin. Du fait de mon rôle de superviseur pour les Victoires, je vais leur ajouter des problèmes mais je vais aussi en résoudre un grand nombre.

SLU : Il est possible d’avoir les deux casquettes, celle de directeur du son et celle de PDG de Silence ?

Shitty : ”Bien sûr. Ce n’est que négo dans un intérêt commun, les Victoires. Véronique Sanson devait être à cour et souhaite être au centre, il faut donc changer pas mal de trucs. Soit tu te butes et dis non, soit tu acceptes et négocies quelques secondes de plus sur un enchaînement qui ne passe pas. Ce travail de négo ne peut pas avoir lieu si tu es bloqué à la console…”

SLU : Il y a donc une sorte de triumvirat entre le réalisateur, le dir/photo et le directeur du son.

Gilles Hugo : Oui, d’une certaine manière tout passe par nous. Avant qu’une décision ne soit prise, on est consulté Jérôme Revon, Fred Dorieux et moi-même. Après je vais discuter avec Shitty”.

L’Adamson E15 s’impose au Zénith

La diffusion côté cour avec en principal 9 E15.

La diffusion côté cour avec en principal 9 E15 et, en side, pas moins de 12 SpekTrix. Gage de qualité et de fiabilité, les amplis sont placés à l’aplomb des lignes sur les coursives qu’on devine juste au-dessus. Moins il y a de fil…

Six E15 et trois SpekTrix.

Venant fermer le trou laissé par les lignes stéréo principales très écartées, 6 E15 et 3 SpekTrix.

Et hop, à peine le temps de lui poser quelques questions et Gilles est happé par la machine à faire des cernes qu’on appelle ”les répètes” et disparaît aussi vite qu’il est arrivé à la régie. On continuera cette discussion tranquillement dans quelques jours.

Puisque l’on parle de façade, quelques mots sur le système déployé par Silence avec la complicité de Lagoona pour ces Victoires 2013. Le système principal consiste en deux lignes très écartées de 9 E15. Deux lignes de 12 SpekTrix sont prévues en outfill.

Pour redonner de l’énergie au centre de l’image et couvrir notamment la régie son, 6 E15 prolongées par 3 SpekTrix travaillent en mono. Comme il a fallu laisser immaculée ou presque la scène, deux groupes de 6 Metrix sont accrochées en douche pour venir taper au ras de cette dernière et 8 dernières Metrix se chargent de déboucher les premiers rangs et les bords de scène où se cachent, sous des tissus noirs, deux ensembles de 12 subs MDC3 en montage cardioïde deux par deux.

L’occasion de poser quelques questions entre deux balances à Stéphane Pelletier.

SLU : Stéphane, pourquoi le choix du MDC3 comme sub pour les Victoires ?

Stéphane Pelletier (Concepteur système et ingé son façade aux Victoires NDR) : ”Logiquement on aurait dû partir sur du T21, mais on n’a pas pu pour des raisons d’encombrement. Il aurait été impossible de réaliser un montage cardioïde avec le T21 sauf à faire du End Firing. Nous avons donc opté pour les MDC3 en montage cardio front/back, la boîte du bas étant face au public. En plus, à 120 cm, ils tombent pile poil avec la hauteur de la scène. Un preset spécifique est fourni dans les amplis PLM. On aurait dû avoir 5 SpekSub par côté pour ramener un peu de pied dans les gradins latéraux mais pour des contraintes de poids, chaque corps de métier a accepté de faire des efforts sur la charge.

Une des deux lignes de 6 Metrix placées à jardin et cour pour arroser le parterre.

Une des deux lignes de 6 Metrix placées à jardin et cour pour arroser le parterre sans encombrer la scène ou boucher les passages des décors mobiles.

Les 12 subs MDC3 en montage cardioïde de jardin.

Les 12 subs MDC3 en montage cardioïde de jardin en train de disparaître sous un drap noir grâce à la complicité de Julien Rousseau et Matthieu Landry.


SLU : Je ne trouve pas que le raccord entre les E15 et les SpekTrix marche très bien…

Stéphane Pelletier : Je ne le trouve pas si mal dans le médium et l’aigu, en revanche dans le grave on n’y est pas trop. Cela étant, nous avons dû faire des choix de calage par rapport à la phase et on a favorisé naturellement le haut du spectre pour avoir la meilleure l’intelligibilité dans les talks. Les deux enceintes n’ont pas les mêmes pentes de phase. Le ressenti que j’ai du E15 est, qu’au-delà de sa stéréo très large, il ouvre aussi dans la profondeur, ce qui est très agréable pour mixer et étager les plans sonores, quelque chose qui fait défaut dans le SpekTrix, une boîte d’une toute autre génération. Même si un preset a été créé pour permettre un meilleur raccordement entre elle et l’E15, ça serait bien si le E12 arrivait vite !

Deux LM44 Lake, pour gérer le matriçage, le filtrage, l’égalisation…

Deux LM44 Lake, des outils très précieux dans la gestion, le matriçage, le filtrage, l’égalisation…Vous savez quoi ? Lisez donc l’excellent test publié dans SLU et vous saurez tout ou presque sur ce magnifique périphérique.

Capture écran du Lake LM44

Une capture d’écran de la page Master du LM44 Lake en charge du système.


Pour en revenir au E15, il te donne une sensation de pression sans réellement jouer trop fort, et sa réserve dynamique avec les Lab 20000Q est énorme. Il vaut mieux avoir un sonomètre sous les yeux, on peut vite monter dans les tours. Quand j’ai ouvert le système, je n’ai quasiment rien trouvé à redire. Sans même avoir effectué de calage précis, on a tous été étonnés par le naturel de son rendu. Tous les ressentis des techniciens ou des musiciens de l’orchestre sont quasiment identiques : ”On n’a pas l’impression d’être au Zénith”. ”On la sensation qu’il y a déjà du public”. Il est vrai que la distance critique était identifiable uniquement dans le hall d’entrée (rires).

SLU : Tu n’as pas pu faire autrement que de placer tes deux pommeaux de douche avec les deux fois 6 Metrix ?

Stéphane Pelletier : Je suis d’accord, ça tombe de très haut mais effectivement je n’avais pas d’autres solutions. Si j’avais reculé ces deux renforts, j’aurais été encore plus dans les contraintes de charge, et je ne voulais pas être dans les ponts, sans oublier que nous n’avons bien compris comment fonctionnent les ailes de diodes motorisées venant masquer alternativement les scènes cour et jardin qu’une fois sur place ; dans le doute, pour ne pas gêner, je suis resté assez avancé. Cerise sur le gâteau, on nous a demandé de remonter d’un mètre les deux mini lignes car la Louma de 11 mètres arrive à être gênée dans certains plans hauts où elle va chercher la lumière des Led !

SLU : comment vous partagez-vous le travail en régie ?

Stéphane Pelletier : Nous sommes trois. Delphine Hannotin est en charge du système. Elle l’a calé avec moi et va effectuer toutes les retouches nécessaires en se baladant en salle avec sa tablette reliée au Lake. Fabien Chanier prend en charge les instruments sur les trois tables, les deux PM5D RH pour les scènes cour et jardin et la CL5 pour l’orchestre. De mon côté je prends certains instruments et mets en forme le mix final sur la Vi4.

Fabien Chanier, Delphine Hannotin, Pierrick Saillant et Stéphane Pelletier.

Une grande partie de l’équipe façade des Victoires avec, de gauche à droite, Fabien Chanier, ingé son, Delphine Hannotin en charge du système, Pierrick Saillant assistant système et mix et Stéphane Pelletier ingé son et concepteur audio.

45 mn chrono pour caler le système avec SmaartLive

Deux Metrix Adamson, prêtes à donner du son aux premiers rangs et au parterre.

Bien sanglés pour éviter la fatale glissade, deux Metrix Adamson, prêtes à donner du son et des sensations aux premiers rangs et au parterre.

SLU : Comment s’est passé le calage du système ?

Stéphane Pelletier : On l’a fait avec Delphine à l’aide de Smaartlive 7, et après avoir choisi les délais, nous avons finalisé à l’oreille via des CD en compagnie de Fabien. Pour les mesures, nous avons employé 6 micros Isemcon, des EMX7150 dont un en régie directement dans la carte son, une RME UC, et sur la deuxième entrée de la carte, la sortie d’un DME pour les cinq autres. Le DME nous a permis de switcher entre les 6 capteurs afin d’avoir une mesure comparative vue de la régie. Une fois les systèmes orientés et les micros positionnés en E15 Main / SpekTrix Outfill, E15 Main / Metrix Downfill, Metrix Downfill / Metrix Frontfill ; E15 Center / E15 Main ; axe régie fond de salle puis régie façade, nous avons mis environ 45 mn pour caler le système.

SLU : Après show, quelles sont tes impressions sur le E15 ?

Stéphane Pelletier : Les sensations et l’équilibre tonal des balances sont restés très fidèles en exploitation avec le public. Sur les talks, j’ai pu travailler a 76 dB(A) avec des pointes à 90dB(A) sans avoir de sensation de perte de contrôle du bas médium, ce qui est agréable car je n’ai pas sacrifié la rondeur dans les talks avec le SKM 5000 ni sur les micros chants en Beta58 ou KSM9, qu’ils soient en live ou talk. Le car final, avec qui j’ai été souvent en relation, n’a jamais entendu la salle. Le niveau moyen pendant les live a varié entre 92 et 98 dB(A), une pression très agréable et confortable.

SLU : Parle-nous un peu de cette façade quadri console !

Stéphane Pelletier : On a joué la carte de la sécurité avec deux PM5D en Ethersound, chaque table disposant de son réseau indépendant, une CL5 en Dante et une Vi4 en Madi. Nous avons deux M6000 avec, pour la première, deux moteurs par console pour la PM5 jardin et la CL5. On s’en sert essentiellement pour les violons et cuivres sur la CL5 qui mixe l’orchestre, et pour la caisse claire et les cuivres sur la PM5D. La deuxième M6000 a deux moteurs sur sensiblement les mêmes sources que la première PM5D, et deux autres pour une réverbération principale sur les voix pour la Vi4 et un mastering en insert sur le gauche/droite. Le but est de garder une dynamique et une couleur communes entre les consoles. J’utilise également les effets internes de la Vi4 pour le piano, un tap delay et une simulation supplémentaire pour les voix. Chaque console envoie un mix L/R et un mix sub vers la vi4. La sortie de cette dernière et un groupe Sub part en direction du LM44. Je me sers des sorties AES et analogiques. Si je perds l’AES, le LM bascule en détection automatique sur ses entrées analogiques.

PM5D RH, CL5, Vi4 et encore une PM5D RH.

De gauche à droite une PM5D RH, une CL5, une Vi4 et à nouveau une PM5D RH, le tout logiquement installé face aux scènes respectives, la CL5 se chargeant uniquement de l’orchestre et la Vi4 assurant le mix final des premix issus des trois tables.

Deux époques. A gauche tata PM5D RH et à droite la jeune et pimpante CL5.

Deux époques côte à côte. A gauche tata PM5D RH et à droite la jeune et pimpante CL5. Remarquez sur cette dernière le gaffeur rappelant son rôle, ORK !

Deux générations de TC 6000. Au-dessus l’ancienne et dessous la nouvelle

Deux générations de TC 6000. Au-dessus l’ancienne et dessous la nouvelle tellement plus chic. En haut du rack et affichant 48.000 c’est une Isochrone OCX Antelope, une très bonne horloge encore abordable et permettant de donner le la à toute cette ribambelle de machines numériques.


Deux racks de préamplis Yamaha AD8HR pour les PM5D RH.

Deux racks de préamplis Yamaha AD8HR, à gauche celui de la PM5D RH façade à jardin, à droite pour celle à cour, 48 entrées d’excellente qualité pour chaque table. En dessous deux splitters actifs BSS, à gauche un 48 et à droite un 36.

Les stage des CL5 appelés RIO 3224-D.

Les stage des CL5 appelés RIO 3224-D. Au-dessus celui de la scène cour vers la CL5 du Mobile son, au-dessous celui partagé entre deux CL5 et recevant les lignes de l’orchestre.

J’ai aussi prévu une LS9 Yamaha pour rapatrier un mix live et un mix machine secours du car France Télévision via un multi analogique dédié, un mix talk/ chant. Cette table alimente aussi les entrées analogiques du LM44. On peut donc perdre l’AES de la Vi4, on passe automatiquement en analogique ou bien perdre la Vi4 en entier et on bascule sur la LS9, ou encore tout forcer en analogique en sécu (un essai est fait sous mes yeux, ça passe assez vite et bien, et la dégradation audio est à peine perceptible, et encore… NDR). Les sorties analogiques du LM44 utilisent un multi uniquement dédié à la diffusion (L, R, FF, SUB). Les sorties numériques utilisent un multi AES qui est dans le touret de la Vi4. On aurait pu faire un Time Line via la Vi4 mais si la console tombe, on perd aussi l’AES…”

SLU : Quelques mots aussi sur la nouvelle CL5 Yamaha, ses plus ses moins, l’ergonomie, le son…

Stéphane Pelletier : Ce n’est pas simple de te répondre. Pour ma part, quand j’utilise une console je recherche une certaine ergonomie, un code couleurs que j’ai pu avoir sur d’autres tables analogiques ou numériques, et tout ça en oubliant un élément pourtant essentiel…le prix ! On ne peut donc pas tout avoir sur une console aussi bien placée, et ça ne sert à rien de la comparer par exemple à une PM1D.

Parmi les plus, il y a les plugs qui sonnent et sont à utiliser sans modération, le visuel avec un code couleurs visible et bien pensé, la taille et le poids raisonnable, l’intégration du Dante et Nuendo Live fourni avec la table permettant l’enregistrement et la lecture de tout ce qui transite par la console. Bien aussi, les Custom Fader Banks, les bacs de faders personnalisables tout en gardant ceux d’origine, l’Encoder Mode en face de chaque bac, le partage de gain sur un même stage et de l’ASIO streaming sur deux tables ; j’ai essayé cette fonction en lecture.

Pour les moins, je tiens à mettre un bémol, je ne la connais pas assez bien pour être certain de l’absence réelle de certaines fonctions mais quoi qu’il en soit, je ne suis pas emballé par les compresseurs et les égaliseurs qui me font penser à ceux de la M7CL, un mal ou un bien, chacun se fera son avis mais comme personne n’est venu en régie façade se plaindre du son de l’orchestre, elle fait bien son job. Je sais que j’abuse, et peut être cela est déjà faisable, mais j’aimerais avoir la possibilité de basculer avec un seul bouton l’ensemble des couches, tout en gardant la fonction par bac. Au niveau de l’ergonomie, je n’ai pas trouvé comment faire en sorte que, lorsque tu sélectionnes une voie sur un bac autre que celui du centre, le visuel reste sur celui du centre et il faut appuyer sur un élément quelconque à gauche de l’écran pour le voir apparaître. Par exemple si tu es en mode VCA et que tu sélectionnes la voie 1 sur le bac de gauche, sur l’écran ce sont toujours les VCA qui sont à l’honneur.

SLU : Au niveau des mémoires et de leur gestion ?

Stéphane Pelletier : La gestion des Recall Safe et des Global Paste est toujours aussi simple, ce qui est indispensable en TV. Je n’ai pas eu besoin d’ouvrir le manuel pour la prise en main de ses fonctions, c’est simple et clair. Pouvoir aussi faire le Global Paste d’un paramètre sans coupure audio et avec une redoutable rapidité qui te permet de continuer à mixer sans te dire « euhh, je ne le sens pas du tout.. » c’est très appréciable. En résumé c’est une console très complète pour un prix très abordable”.

Une toute petite partie de la régie retours.

Une toute petite partie de la régie retours placée sur le côté arrière de la scène et totalement aveugle. La PM1D d’Alex Maggi en charge des deux scènes. Quelques mètres plus loin Julien Martin tient les rênes des talks et des chœurs.

Placés dos à dos, Alex Maggi et Jérôme Kalfon ont chacun leur PM1D.

Alex Maggi et Jérôme Kalfon ont chacun leur PM1D. Au deuxième plan, on devine nombre d’amplis casque Fischer Amps destinés aux musiciens de l’orchestre, tous par définition statiques car dans un minuscule espace !


Sans parler d’inflation en nombre de consoles, la régie retours est elle aussi bien pourvue. Pas moins de deux PM1D et une M7CL sont nécessaires pour fournir, à l’ensemble des artistes des Victoires, ses retours mais aussi le réseau d’ordres dont la complexité aurait mérité à elle seule un article complet. Qui dit régie retours dit aussi patch analogique, distributeurs et stage box, amplis pour les retours, récepteurs et émetteurs HF, effets, bref, c’est un vrai catalogue qui s’offre à nos yeux. Je n’ai pas eu le courage de déranger Alex Maggi, Jérôme Kalfon, Julien Martin et l’équipe d’assistants, ni durant leur splendide ballet, tous virevoltant avec grâce dans la tempête de demandes contradictoires, de kilotonnes d’égos, de surprises en rafale et de tension propre à ce type de show, et encore moins durant la pause dîner derrière laquelle ils ont réembauché pour de longues heures de répétitions.

Des récepteurs 5000, 3700, 2050 Sennheiser, des UR4 Shure.

Je sais trop quel peut être le risque d’oublier de noter ou d’encoder un énième changement, le direct ne pardonne rien et surtout pas le temps trop généreusement offert à un journaliste de passage. J’ai donc préféré rester en retrait et admirer plus que questionner.
Je sais qu’il m’en voudra d’en parler, mais je me suis malgré tout régalé en observant la rapidité, l’assurance et la justesse avec laquelle Alex Maggi a par exemple fait le son de Thomas Dutronc, en partant de zéro, son cerveau étant capable de générer un mix et matricer des sorties tout en écoutant et intégrant les désidératas des artistes auprès desquels ses assistants se trouvent sur scène. Dix secondes entre deux demandes de Denis Marillas, hop, je te fais une grosse caisse, huit secondes, pile poil ce qu’il faut pour sortir une caisse claire avant que les guitares ne deviennent aussi manouches que nécessaire. Le geste est juste, le son carré. On dit toujours que les hommes ne savent pas faire deux choses en même temps, preuve est faite que certains y arrivent aussi bien que les filles. Et toc !

Sachant ce même Alex désireux de rendre hommage à son équipe mais aussi à Silence et Shitty en particulier, je lui ai donné la plume par mail interposé. Bien m’en a pris, vous allez voir !

 

Maggi, Maggi et le Shitty a du génie

Alex Maggi : « Si tu écris quelque chose sur les Victoires, navré d’insister, mais il y a 3 personnes à qui je dois vraiment tirer mon chapeau : Denis Marillas qui est ma moitié sur le plateau pour les retours et Thierry Martin et Jean Martinez qui étaient en charge des patchs plateau des différentes scènes. Je peux te dire que ça fait au moins 15 ans que je les côtoie, et malgré le nombre d’autres équipes avec lesquelles j’ai l’occasion de travailler au quotidien, il faut bien reconnaître que Denis, Thierry et Jean sont des ROLLS du plateau. Avec eux sur scène, tu peux tout affronter !

Je suis désolé de t’en remettre une couche (naaan, pourquoi dis-tu cela, ça ne s’est jamais produit Alex ! NDR), mais le job aux Victoires, ce sont eux qui le font. On pourra mettre les meilleurs ingés du monde derrière les consoles, s’ils n’ont pas les sources au bon endroit et les sorties où il faut, ça ne marchera jamais. Avec eux, en 2 mn c’est tout bon, la bonne humeur en prime. Ces gars-là, je les aime ! Un petit mot aussi pour Pauline Mary, Thomas Foulon et Charlotte Verriez qui étaient en charge de la HF, et qui ont fait un job formidable pour faire fonctionner micros et ears dans un environnement catastrophique, notamment en raison du décor. Enfin tu as compris, nous sommes vraiment bien peu de chose”.

Thomas Foulon, Alex Maggi, Jérôme Kalfon, Julien Martin et Pauline Mary.

Une partie de l’équipe des retours avec Thomas Foulon en charge de la HF (et Dieu sait si avec près de 40 liaisons ce n’est pas de la tarte NDR) Alex Maggi, ingé son retours et concepteur de la régie retours, Jérôme Kalfon, ingé son retours et Julien Martin, ingé son retours. Tout à droite Pauline Mary désormais coordinatrice de Silence mais toujours aussi douée pour scanner, paramétrer, changer des piles, équiper, déséquiper, pousser, câbler, décâbler…

Sentant Alex à l’aise sur son clavier (peut-être a-t-il un modèle avec des voyants, des codeurs et quelques faders pour de faux NDR), je lui redonne la parole en lui demandant, cette fois, quelques mots sur Silence dont il est l’un des ingés son attitrés aux retours depuis belle lurette. La suite est savoureuse comme son auteur.

Alex Maggi : ”J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie professionnelle, j’ai fait de nombreuses rencontres importantes, mais croiser la route de Shitty a vraiment été déterminant pour mon parcours. Ce n’est vraisemblablement pas le plus grand technicien qui ait existé, même si à l’époque de notre rencontre c’était certainement l’un des meilleurs, mais ça reste l’un des très grands bonhommes de ce métier. Je revois encore les artistes arrivant sur les plateaux ravis de retrouver Shitty. Certains l’avaient côtoyé à l’époque où lui-même écumait les plateaux côté scène, d’autres ne le connaissaient qu’en tant que sonorisateur retour, mais tous avaient la banane quand ils le voyaient !

Shitty m’a appris ce qui manque le plus dans ce métier : la relation humaine teintée de respect et d’humilité. Lorsque je me balade sur certains forums, je suis étonné de lire les propos de nombre de techniciens qui savent avec exactitude ce dont les artistes ont besoin dans leurs oreilles sous prétexte qu’ils sont aussi musiciens. Moi j’ai surtout appris la règle qui dit qu’il n’y a pas de règle! Shitty, qui a réellement été sur scène entre autres en tant que chanteur/bassiste d’Odeurs ou Au Bonheur des Dames ou choriste avec Renaud, ne s’est jamais permis d’expliquer à quelqu’un ce qu’il doit avoir dans ses retours.

Rétrospectivement, je me rends compte qu’il ne m’a pas facilité la vie ; les premiers batteurs dont j’ai assuré les retours s’appellent Laurent Faucheux et Loïc Pontieux ! Inutile de te dire à quel point il faut rester serein quand après tu te retrouves avec des gars qui ne savent même pas accorder leur instrument ;0) Je me souviens d’avoir décliné un stage chez Dispatch pour rester assistant de Shitty. J’ai eu le nez creux ! Je bosse depuis pour Dushow et j’ai de très bons rapports avec eux mais personne n’aurait pu m’apprendre ”l’humanité” comme lui !

Chez Silence, il y a les gens qui sont venus par le biais de Gilles, et ceux comme Denis ou moi via Shitty. Tous deux mettent toujours en avant l’humain par rapport à la technique dans leur boîte. Combien de personnes pourraient réunir, 12 ans après les premières Victoires de la Musique, la même équipe de base ? Qui était d’ailleurs celle avec qui ils travaillaient avant de fonder Silence. Que ce soit Jean-Marc Aringoli au son TV, Denis Marillas, Thierry Martin, Jean Martinez, Jérôme Kalfon avec moi aux retours, Fabien Chanier en façade, nous travaillons avec Gilles et Shitty depuis plus de 15 ans, certains 18, d’autres même 20 ans…. En fait nous sommes plus vieux que leur boîte et toujours prêts à les suivre. Je sais, je me répète mais j’ai eu beaucoup de chance de croiser ces deux gars-là, surtout Gilles voilà maintenant près de 20 ans, je ne le regrette vraiment pas ! Désolé pour la tartine mais tu sais, les mecs aux retours, ils ne comprennent jamais rien !”

L’écoute

Même sans avoir assisté au show du vendredi, les répétitions ont suffi à me forger une opinion sur le rendu en salle, une opinion fatalement positive vu les forces en présence, humaines comme techniques. Cela dit, une balade dans les travées du Zénith me pousse une fois de plus à constater l’écart régnant entre le système principal en E15 et les side en SpekTrix, la même impression ressentie avec d’autres marques entre les nouvelles boîtes et les gammes plus anciennes. La couleur, la dynamique, la projection, l’image, la profondeur, plus grand-chose ne raccorde malgré tout le soin porté à la mise en phase ou à l’égalisation du petit système. La voix et le piano de Véronique Sanson, qui envoie ses tripes et tout son cœur dès la balance, ne sonnent pas pareil dès qu’on sort de la zone des E15, et perd même de sa magie. Je ne suis pas fan non plus des deux douches en Metrix. Sans doute au cours de la soirée, les lip fill jouant à leur niveau nominal et l’ambiance propre au plateau auront tiré l’image vers le bas.

Il est vrai aussi qu’à l’impossible nul n’est tenu, et que le son en salle n’est pas la préoccupation première dans ce type d’émission, doux euphémisme. Le design de la diffusion est en tous cas très soigné et ne laisse personne dans l’ombre. Les mix sont simples, efficaces et respectent bien la couleur de chaque artiste avec un grave dense et très riche jusqu’à la dernière octave prise en charge par les MDC3, des subs intéressants par leur rendu et leur taille. Tout ceci ne m’empêche pas de quitter le Zénith presque la peur au ventre. Comment vont-ils faire pour réunir toutes les pièces de cet improbable puzzle éparpillé qu’on appelle Les Victoires de la Musique. 24 heures avant le rouge antenne, tout paraît bancal et pourtant l’émission va se passer sans anicroche notable. Rivé devant ma télé, je ne peux qu’apprécier les enchaînements, les surprises en pagaille et le plateau artistique idéalement mis en image et surtout en son.

En France on n’a pas de pétrole, mais on a des ingés, alors chapeau les gars, usine à chapeaux et comme le dit si bien le site de Silence, puisque ce que j’ai à dire n’est désormais pas plus beau que le silence, je me tais…

L’équipe de Silence.

L’équipe de Silence en mode ”non seulement j’ai vidé le dépôt mais aussi le carnet d’adresses” avec, une très jolie intruse elle aussi tout de noir vêtue. Shitty histoire d’être raccord avec ses convictions n’offre qu’un tiers de visage !

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Quand le projecteur sur batterie nous fait de l’œil

GDS LiteWare Satellite

Chez ce fabricant britannique très pointu on trouve surtout des projecteurs Led d’éclairage public à commande sans fil (gamme Arc System), des projecteurs modulables pour les lumières de service en coulisse ou de balisage (gamme Blue System) mais aussi des projecteurs sur batterie très intéressants dont le tout nouveau Liteware Satellite qui propose en nouveauté bluffante une tête déportable et rotative montant à 3 mètres.

GDS Liteware Satellite

Difficile d’innover avec un projecteur à led sur batterie de nos jours. Les mélanges RGB ou Full Color avec du blanc sont monnaie courante, le wifi et l’autonomie fonctionnent largement et hormis un choix esthétique d’ouverture de faisceau ou d’apparence, ces projecteurs assument parfaitement leur modeste tâches : éclairer des rideaux ou des colonnes de soirées mondaines sans déployer quantité de câbles disgracieux ni mettre le feu au manteau en vison des dames en goguette.

Là où GDS surprend, c’est en faisant le choix, à la fois malin et purement esthétique, de combiner un projecteur sur batterie avec un mat d’éclairage de table, mais en le désignant telle une icône futuriste pour geek sensible.

Tout d’abord la technique n’a pas été oubliée. Les deux modules RGBW, de 40 W chacun, fournissent 1800 lumens de flux, tandis que les modèles équipés de deux modules blancs de 25 W sortent un flux de 2800 lm en blanc chaud (3000K – IRC : 90) et blanc froid (4100K). Différents angles de projection sont disponibles : 19°, 24° ou 37°.

Satellite se commande en sans-fil W-DMX ou Show DMX, avec émission / réception sur chaque appareil, ou encore grâce aux presets internes de couleurs déjà référencés en Lee Filter et Rosco.

La construction est solide, l’appareil utilisable en intérieur ou extérieur, et l’antenne Wifi est complètement intégrée. Comme gage de confiance la garantie est de 3 ans.
Le revêtement en acier inoxydable poli donne un effet miroir plutôt sobre et chic. La révolution vient de la tête de projection, non seulement rotative sur 360° en pan et 180° en tilt, mais aussi déportable ! Des mâts télescopiques comprenant toute la connectique permettent en un tour de main de monter à 3 mètre grâce à des connecteurs étanches à verrouillage rapide. La tête peut même être complètement déportée au moyen d’un câble de liaison spécifique.

Mais ce qui me fait le plus craquer sur ce projecteur en configuration haute c’est la double optique au doux regard qui me rappelle Wall-E cherchant son Eve dans le Disney du même nom, un robot muet ne s’exprimant que par ses yeux brillants, ce qui le rend immédiatement sympathique.

Spécifications

Contrôle par 5 canaux DMX dont 1 Master et 1 rappel de presets
14h d’autonomie à partir d’une charge complète
Utilisable en extérieur
50 presets de couleurs (Lee et Rosco)
20 presets de snaps / fades
Cycle total de recharge : 6h
Disponibles en flight-case de recharge ou avec chargeur unitaire
Anneau de sécurisation type Kensington intégré

Rampe à Led motorisée en tilt

Ayrton Rollapix, un effet dynamique pour la scène

Ayrton Rollapix

Rollapix, commercialisé depuis 6 mois, se fait une jolie place dans le kit des éclairagistes. On l’a vu en devant de scène attraper les artistes en contre-plongée, révéler les décors, chatouiller les spectateurs, balayer la scène en latéral, avec Dimitri Vassiliu, Laurent Chapot… et tout récemment avec 6sou, l’éclairagiste de C2C.

A l’origine, Rollapix est une demande de Dimitri Vassiliu, un éclairagiste très réputé pour ses design lumière de concert et spectacle. Il avait besoin d’une petite rampe, très discrète, très plate et en plus motorisée en tilt. Ayrton l’a développée à sa mesure en intégrant évidemment des multipuces de Led RGBW Osram 10 W, des optiques de 45 mm qui depuis ont fait école, une gestion des Led point par point, un blanc froid à 6500 K pour avoir de la pêche et même un zoom.

Présentation

Le Rollapix est un bel ensemble de courbes douces, essentiellement façonnées en aluminium extrudé noir qui s’intègrent très facilement dans différents décors, aussi bien sur une scène live, événementielle ou institutionnelle. Il sait se faire discret lorsque il est éteint et s’imposer par la puissance de ses faisceaux dès qu’il s’allume.
C’est avant tout un projecteur à effets. Il est équipé de 8 Led multichip RVBW 10W Osram SMD 6500, contrôlables individuellement, d’un tilt motorisé sur 270° et de deux zooms (1 pour 4 Led) contrôlables séparément, permettant de régler l’angle des faisceaux de 8° à 32°.
Ce projecteur est soit autonome avec un mode Maitre/Esclave donnant à la source maître le contrôle des autres unités, soit pilotable en DMX à travers 9 modes allant de 7 a 45 canaux. Il est aussi adressable à distance.

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Ouverture du carton… et du projecteur

La coque souple thermoformée fournie par Ayrton.

La coque souple thermoformée fournie par Ayrton.

Première surprise en ouvrant le carton, Ayrton a conditionné ce produit dans une coque souple thermoformée spécialement conçue pour le transport en toute sécurité et qui pourra être réutilisée pour la conception des flight cases. Le projecteur est livré avec un cordon d’alimentation Powercon équipé d’une PC 16, deux supports de crochets Omega à verrouillage ¼ de tour et une élingue de sécurité.

Sous le Rollapix, les connecteurs sont à l’abri des regards.

Sous le Rollapix, les connecteurs sont à l’abri des regards.

La première impression est toujours importante et l’on retrouve dans cet appareil les caractéristiques de robustesse, de design et de qualité de fabrication qui cultivent l’image des produits Ayrton.
Les embases de connecteurs, alimentation (Powercon) et DMX (XLR 5 broches) se trouvent sous le projecteur, donc cachées lors d’une implantation au sol. Les rollapix peuvent êtres reliés les uns aux autres grâce à une recopie du data et de la puissance (via deux câbles distincts).

C’est aussi sur le socle que se fixe l’élingue de sécurité qui peut ainsi être rangée sous le projecteur lorsqu’il est posé au sol ou accessible lorsqu’il est accroché.

Les ailettes du système de refroidissement passif

Les ailettes du système de refroidissement passif

Quatre pieds permettent à la fois la circulation de l’air et le passage de l’alimentation électrique. Les supports de crochets sont fixés entre les connecteurs puissance et data afin de ne pas gêner le passage du câblage.

Ayrton a aussi pensé à la maintenance lors du développement. Un tournevis cruciforme et un clé permettent de découvrir tous les secrets du Rollapix.

L’interieur du socle. On peut remarquer l’acessibilité pour la maintenance.

L’interieur du socle. On peut remarquer l’acessibilité pour la maintenance.

Le projecteur est divisé en quatre parties. Le socle abrite l’alimentation, la carte de gestion des moteurs de zoom et du moteur de tilt. Dans un des caches latéraux on trouve le système d’entrainement du tilt, et dans l’autre le display. La dernière partie est le corps mobile qui contient le circuit des huit Led et le système optique.

Ayrton embarque deux systèmes de refroidissement. Un système actif via un ventilateur monté sur cylinbloc (afin d’éviter les résonances) dans le socle refroidit l’alimentation et la carte de gestion des moteurs. Un système passif constitué de nombreuses ailettes en aluminium extrudé positionnées derrière la boite à lumière évacue la chaleur des Led. On notera que la vitesse du ventilateur peut être auto régulée, rapide ou lente selon l’utilisation du projecteur.

Le système d’entraînement de la tête.

Le système d’entraînement de la tête.

La partie mobile est entrainée par un moteur pas à pas, triphasé, haute résolution, contrôlé par microprocesseur afin d’assurer une extrême précision des mouvements et un repositionnement automatique. Le système d’entrainement par courroie crantée se trouve sur l’un des cotés de l’appareil.

A l’opposé on trouve l’afficheur et les touches sensitives pour la configuration du projecteur. Le menu est clair et simple à utiliser. Il se divise en cinq parties : l’adressage, le mode, les options, les informations et les réglages du mode Auto. Dans le menu options, en plus des classiques vitesses de tilt et Zoom, on trouve des fonctions pouvant s’avérer très utiles tel le ”Dimmer Mode”, qui permet d’inverser le contrôle de l’intensité, et le ”color mode” servant, lorsqu’il est activé, a éviter le phénomène de dégradation progressive des couleurs qui se produit lorsque l’appareil monte en température.

Un petit regret de ne pas trouver un mode CMY pourtant très pratique lorsque l’on n’a pas le temps ou la possibilité de modifier une librairie dans la console.

L’afficheur couleur et les touches sensitives.

L’afficheur couleur et les touches sensitives.

La section ”auto” du menu sert pour le contrôle sans console lumière du Rollapix, soit en mode statique pour régler une couleur fixe, soit en mode dynamique pour choisir parmi plusieurs défilements de couleurs.

Je n’ai pas trouvé de réglage manuel des zooms et du tilt, mais je me suis laissé dire que ces fonctions seraient présentes dans une prochaine version de soft.

Le sytème optique avec à gauche les collimateurs et à droite les lentilles de zoom.

Le sytème optique avec à gauche les collimateurs et à droite les lentilles de zoom.

La tête s’ouvre simplement par un astucieux système qui consiste à faire tourner toute la partie mobile jusqu’à ce qu’une vis soit face à l’un des deux orifices percés dans le haut des montants latéraux.

Les collimateurs sont positionnés grâce à 4 picots sur la carte Led et un détrompeur sur la plaque. Ils sont maintenus en place par une plaque en aluminium.

Le support de lentilles.

Le support de lentilles.

Le support de colimateurs avec les moteurs du zoom.

Le support de colimateurs avec les moteurs du zoom.


Ce système de positionnement très précis donne une efficacité maximum aux Led, le bon mixage des couleurs et une homogénéité de la luminosité, constante non seulement pour les huit optiques d’un projecteur mais aussi pour tous les Rollapix.

Le circuit des 8 Led RVBW 10W Osram SMD 6500.

Le circuit des 8 Led RGBW 10W Osram SMD 6500 en technologie 4G de gestion point par point.

Un collimateur avec le détrompeur et les picots de centrage.

Un collimateur avec le détrompeur et les picots de centrage.


L’un des points importants que je tiens particulièrement à souligner est la facilité de maintenance. Toutes les pièces sont accessibles, démontables et remontables avec deux mains et seulement deux outils.

Et la lumière fut !

Nous passons maintenant de l’atelier au showroom pour découvrir les possibilités du Rollapix. Après un reset très rapide de 5,6 secondes, il est temps de choisir un des 9 modes DMX que la machine nous offre ! Le panel, de 6 à 45 canaux DMX, permet de nombreux choix pour la gestion séparée des huit sources, le déplacement en 8 ou 16 bits du tilt, le choix entre un ou deux zooms et l’utilisation des presets de couleurs et des effets internes. De quoi contenter bon nombre d’opérateurs qui pourront patcher jusqu’à 9 machines (en langage pupitreur : fixtures, spots…) suivant le mode et la console pour utiliser toutes le possibilités offertes. Afin de rendre compte au mieux des capacités du projecteur nous avons effectué les tests avec le mode 9.

La prise en main est très facile. Grâce aux fonctions internes, on peut rapidement faire des effets intéressants. Les trois canaux de réglage des chasers internes sont particulièrement utiles lorsque l’on n’a pas le temps nécessaire pour une programmation complète. Ils nous laissent le loisir de peaufiner les ambiances tout en ayant rapidement des effets de dimmer efficaces.

En allumant les 8 Led blanches, on obtient un rideau de lumière dont on peut faire varier la densité en utilisant les zooms. Le Rollapix est adapté à la création d’effets volumétriques dans la fumée (capricieuse le jour des tests). On peut ainsi réaliser facilement des plafonds de lumière en alignant plusieurs machines au sol sur l’ouverture de la scène ou accrochées à une structure. En les répartissant sur plusieurs hauteurs et/ou profondeurs, on peut modifiera le volume du lieu en quelques secondes.

Le faisceau serré 8°.

Trois positions de Zoom et une fumée capricieuse dans notre grand local climatisé. Ici le faisceau serré 8°.

Ici le zoom à 50%.

Ici le zoom à 50%.

Et enfin le plus large 32°.

Et enfin le plus large 32°.


Les effets flamme sur les murs ou les rideaux.

Les effets flamme sur les murs ou les rideaux.

Il est également possible de faire des “effets flamme” sur un mur ou un rideau en positionnant le tilt à la verticale et rasant le mur avec la lumière.

Avec la motorisation du tilt on passe d’une position à une autre en modifiant complètement l’aspect du lieu ou de la scène. On peut ainsi faire apparaitre un lieu, ou complètement dématérialiser un espace scénique.
Il est aussi agréable de faire des mouvements permanents en programmant des chasers ou des effets dans la console lumière. On obtient vite et simplement des balayages qui associés à des variations de dimmer donnent des effets dynamiques.

L’utilisation de Led RGBW ajoute une multitude de couleurs avec un temps de transition pouvant varier de très lent à instantané. Grâce à la Led ”4 en 1” et à l’optique soignée embarquée, on obtient des couleurs homogènes, du ton le plus saturé au pastel le plus clair.
En utilisant l’un des trois modes permettant de commander individuellement chaque Led (modes 7 à 9), il est possible de définir jusqu’à huit couleurs différentes par projecteur.

On programmera des effets de couleurs des plus simple aux plus complexes, soit via les outils traditionnels d’une console lumière, soit en utilisant des images ou des films sur la matrice d’un pixel mapper.

Les huits faiseaux peuvent avoir chacun une couleur différente.

Les huits faiseaux peuvent avoir chacun une couleur différente.

Notez la qualité et l’homogénéité des faisceaux et des couleurs.

Notez la qualité et l’homogénéité des faisceaux et des couleurs.

Les effets de transitions décalées sur les couleurs.

Les effets de transitions décalées sur les couleurs.


On peut aussi optimiser les transitions de couleurs en travaillant avec des temps de fade ou des délais différents pour chaque Led afin de créer des effets de mouvements dans les transitions. Cette méthode s’adapte aussi aux allumages ou extinctions via la couleur et non le dimmer de la machine. On obtient ainsi des ouvertures de plafond si les projecteurs sont placés en fond de scène ou un effet d’ouverture de rideau de lumière en les implantant en avant scène.
La création d’un dimmer virtuel par Led sur les consoles telles que MagicQ ou Grand MA facilitera ce genre d’effet.
Une fonction intéressante prévue par Ayrton, le ”Dimmer Couleur” assure une transition entre les presets de couleurs internes et les couleurs RVBW des Led.


Linéaire est le terme qui convient à ce dimmer.

Linéaire est le terme qui convient à ce dimmer.

Tout comme la couleur, l’allumage et l’extinction du projecteur passent par une graduation des Led. J’ai testé le dimmer du Rollapix sur plusieurs temps variant entre 0 s et 60s. Il est vraiment propre et linéaire comme on peut le constater sur le graphique. Cette qualité autorise de longs fondus aussi bien pour le dimmer que pour les couleurs.

Le Rollapix bénéficie d’une fonction Strob qui peut atteindre 25 flashes par seconde, ce qui le place, en vitesse (uniquement), dans la même catégorie que les stroboscopes les plus référencés du marché.
Si vous avez besoin d’une grosse ”pêche”, allumer les 4 puces RVBW à fond vous fournira un blanc légèrement bleuté, mais augmentera significativement la puissance du faisceau.

Résultats des tests

Nous nous sommes longuement posé la question de la pertinence de mesures photométriques sur un projecteur multisource à effets et sur la méthodologie à utiliser. Nous avons décidé de faire les tests en deux temps, une première série avec une seule Led puis une seconde série avec les 8 Led. Il a aussi été décidé que les tests seraient effectués à une distance de deux mètres et non 5 mètres comme habituellement. J’ai aussi fait le choix d’effectuer deux séries de mesures d’éclairement, une sur la puce blanche et l’autre sur le blanc RGBW parce qu’à mon sens, bien que ce dernier procure le meilleur résultat en puissance lumineuse, il ne ne représente pas l’utilisation principale du Rollapix dont l’intérêt est justement la qualité et l’homogénéité des couleurs. De plus on obtient ainsi une lecture claire de la différence entre l’éclairement en couleur par rapport au blanc pur.

Courbe de derating

En convection naturelle, sans ventilateur, toutes Led RGBW allumées à fond, l’atténuation ne dépasse pas 12% : c’est bien.

Le premier test effectué est le derating, c’est à dire la courbe d’atténuation de l’éclairement en fonction du temps. On allume les 4 Led à pleine puissance jusqu’à la stabilisation de la valeur. Le Rollapix est un des rares projecteurs Ayrton qui ne bénéficie pas d’un système de refroidissement par caloduc et/ou ventilateur, ce choix étant dicté d’une part par l’exigence de faible épaisseur et la fonction même du projecteur destiné à produire des effets.
Petite opération de synchronisation à deux mains, Chrono + GO et l’éclairement est mesuré toutes les cinq minutes. On observe une atténuation de l’éclairement d’environ 12% sur 40 min puis le flux se stabilise. Les tests effectués avec les 8 Led blanches allumées à fond d’une part, ou avec une seule optique RGBW à pleine puissance d’autre part ne montrent aucune atténuation. Le refroidissement par convection naturelle sans ventilateur se révèle bien efficace.

Mesures d’éclairement

Les mesures d’éclairement ont été réalisées en blanc seul et en blanc RGBW, sur une seule otique allumée et les huit ensemble.

Mesures d'éclairement au centre du faisceau.

Mesures d'éclairement au centre du faisceau.

Nous remarquons lors des tests que de 8° (Zoom à 0%) à 20° (Zoom à 50%), que la luminosité reste homogène sur tout le pourtour du faisceau.

Relevé des éclairements par couleur.

Contrairement à notre habitude, nous exprimons le pourcentage en couleurs par rapport au blanc seul. Raison pour laquelle le blanc RGBW se promène au dessus de 100%.

En conclusion

En plus de son élégance, le Rollapix confirme notre impression de solidité et de qualité. Fidèle à son image, Ayrton n’a laissé aucune place au hasard, le moindre détail a été peaufiné. L’optique est de qualité, les faisceaux puissants et les couleurs homogènes. L’intégration des presets et des effets internes permet une mise en place rapide et la multitude de modes DMX, son intégration dans des prestations sur de petites scènes de concert ou de gros évènements. La performance lumineuse et les nombreuses possibilités d’utilisation et de programmation font que l’on devrait retrouver le Rollapix dans de nombreuses fiches techniques à travers le monde.

Caractéristiques générales et mesures.Infos généralesFonction DMX du Rollapix

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