Projecteur de faisceaux côté pile et dalle vidéo côté face, assemblés sur une lyre à rotation continue, le DreamPanel Twin est la recette innovante d’Ayrton qui a débuté sa carrière en novembre 2015 aux Etats Unis dans le kit LeRoy Bennett sur The Game Awards, l’un des événements musicaux majeurs.


Le DreamPanel Twin regroupe deux matrices de leds. D’un coté c’est une dalle de 4096 multipuces RGB 0,25 W dotées d’un nouveau réflecteur plat et noir mat qui assure un meilleur contraste tout en évitant de refléter les sources de lumière environnantes.
Elle est entièrement développée par Ayrton qui a choisi une définition de 64 x 64 pixels avec un pitch de 6 mm. Côté lumière, nous retrouvons le chiffre 64, avec une matrice de 8 x 8 leds RGBW Ostar Stage 15 W bien connues.
Ayrton les associe à un collimateur de 45 mm pour obtenir un faisceau de 6° et annonce un rendement optique stupéfiant de 85% ! Cette matrice est une source de lumière puissante et sa définition est suffisante pour diffuser des effets, qu’ils soient programmés par l’opérateur ou via un mapping.
AYRTON – DreamPanel Series Mix – Seventy Seven Unit Demo from Ayrton on Vimeo.
Visite au pays du rêve
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Comme ce projecteur est destiné à restituer des images, jusqu’au Full HD (1920 X1080), associant dans ce cas 30 x 16 DreamPanel Twin, Ayrton a veillé à ce que les bras de la lyre soient peu épais pour garder un espace minimum entre les dalles et assurer une meilleure lisibilité de l’image générale. On retrouve l’afficheur et les 6 boutons de navigation sur la base qui reçoit 2 poignées sur les côtés. Malgré la forme peu conventionnelle de ce projecteur, le transport est assez aisé grâce au blocage des mouvements Pan et Tilt et à son poids raisonnable : 24 kg.
C’est également sur les côtés que loge le système de ventilation du socle et les filtres anti-poussière en mousse. Sur l’arrière de la base se trouve la connectique : 2 prises PowerCON TRUE1 pour le secteur dont une de renvoi, deux connecteurs Ethercon RJ45 pour le contrôle en Art-Net et sACN. Le RDM est aussi supporté, tout comme le DMX 512, via l’Art-Net. Les deux prises Neutrik HDMI 1.3a In et Out se réservent le signal vidéo.


Dans le socle se trouvent les différentes alimentations spécialement conçues pour le projecteur. On trouve également la carte développée par Ayrton pour répartir le signal vidéo sur les 4096 leds RGB (une led = 1 pixel). Cette carte, nous explique Cyril Union (ingénieur de développement chez Ayrton), est capable de piloter 128 X 128 pixels. Elle est donc sous exploitée ce qui permet d’éviter les ralentissements de signal et donc les sauts d’images.
On passe ensuite du socle à la tête par l’axe Pan et son connecteur rotatif infini de plus de 40 points pour transmettre les signaux de commande et les alimentations. Les développeurs de la marque française ont conservé le système d’entrainement des deux axes, une courroie et un moteur pas à pas hybride triphasé déjà éprouvé. La carte de gestion des mouvements Pan et Tilt se trouve dans un des bras de la lyre.


Deux autres alimentations sont positionnées dans la tête, une pour les leds de puissance et l’autre pour les leds vidéo. Une autre carte sert à la gestion des huit ventilateurs de la tête, 4 en haut et 4 à l’opposé. En regardant le sens de montage des ventilateurs, on remarque que sur le haut ils sont montés 2 par 2 en opposition, un coté aspire l’air l’autre le rejette, et en bas ils sont inversés. Cela permet de créer deux chemins de ventilation.


Derrière les circuits des leds 15 W se trouvent les radiateurs : un par led, spécialement développés pour ce projecteur et fabriqués par un procédé d’extrusion. Les 64 sources sont montées sur 2 circuits séparés qui reçoivent chacun une carte de commande. On retrouve autour de chaque led les 4 trous permettant de positionner les collimateurs avec précision afin d’optimiser le mixage de couleurs.



La face vidéo elle aussi utilise 2 circuits qui reçoivent chacun 64 x 32 leds RGB. On retrouve donc 2 connecteurs d’alimentation et deux connecteurs recevant les données directement de la base. Pour simplifier le montage, les plaques sont assemblées dans un cadre qui vient ensuite se visser sur la tête. Il faut impérativement passer par un rack DreamPanel HD box et un logiciel développés par Ayrton HDMI Software Manager pour dispatcher et corriger le signal adressé aux dalles vidéo.
Le câble proposé pour relier le rack à la source mesure 10 m et il est possible de contrôler une configuration mixant des DreamPanel Twin et Shift (son homologue sans face lumière). L’intégralité de l’image (jusqu’à 1920 par 1080 Pixels) est diffusée sur tout le réseau, chaque source prenant les pixels qui lui sont assignés.


Sur la face avant du DreamPanel HDMI Media System, on trouve un écran tactile qui permet de configurer, entre autres, les entrées et les sorties vidéo. Sur le panneau arrière se trouvent 2 entrées DVI et 2 entrées HDMI avec une recopie pour chaque entrée. Il y a 4 sorties HDMI pour envoyer le signal vidéo aux DreamPanel Twin ou Shift et une sortie Standard permettant d’ajouter un moniteur.
On trouve également un port Ethernet pour connecter le logiciel de contrôle, ce qui peut également se faire via le port USB. Les 2 prises XLR 5 permettent d’amener le signal DMX pour piloter des mémoires internes et contrôler certains paramètres comme la luminosité ou sélectionner l’entrée vidéo (des opérations qui pourront se faire via Art Net dans un avenir proche).


Ayrton utilisant une paire du connecteur HDMI pour envoyer aux projecteurs les informations de réglage des dalles vidéo, il n’est pas possible d’utiliser un répéteur vidéo standard. Dans l’attente d’un répéteur dédié, si la distance entre le contrôleur et la source dépasse les 10 mètres du câble disponible, vous pourrez utiliser un adaptateur HDMI/2xRJ45 pour aller jusqu’à 50 m.
On peut relier autant de DreamPanel Twin ou Shift que nécessaire à un contrôleur, la limite étant uniquement la taille de l’image qui ne peut pas dépasser 1920 x1080 pix. Si la même image est diffusée deux fois, par exemple de chaque côté de la scène, un seul boîtier DreamPanel HD Box suffira.
Du rêve à la réalité
Nous avons essayé le DreamPanel Twin chez Ayrton et j’étais plutôt content d’avoir Cyril Union (ingénieur développement) sous la main pour répondre à mes questions et m’aider à installer et connecter le système vidéo. Un des points surprenants de ce projecteur, est que ses deux faces se pilotent indépendamment, à l’exception de quelques paramètres du contrôleur et le cas échéant, la source vidéo (comme un média-serveur). Il y a le projecteur lumière, avec le pan/tilt et la matrice de leds lumière d’une part et la dalle vidéo d’autre part.

Le côté lumière bénéficie de trois modes de contrôle DMX : Basic (18 canaux), Standard (20 canaux) et Extend (272 canaux). Et là je vous entends déjà crier : “272 canaux ! On ne peut même pas contrôler 2 machines sur un univers DMX ! Il va y avoir des trous partout !
Que nenni ! Dans les options, il est possible de scinder en deux parties le mode Extend et donner deux adresses DMX différentes : une au corps du projecteur et l’autre à la matrice de leds.
On se retrouve donc avec 2 blocs, un de 16 et l’autre de 256 canaux DMX que l’on peut patcher en 1 ou 2 fixtures (1, 1+101 ou 1.1+1.2). Le plus important étant que l’on peut regrouper les 64 leds par 2 sur un univers (2 X 256) et jusqu’à 32 bases sur un autre univers. C’est cette solution que j’ai retenue pour les tests.
Pour la partie vidéo, avec une seule dalle, rien de très compliqué. J’utilise un média-serveur comme source que je rentre dans une des entrées du Dreampanel HD Box, puis je connecte une des 4 sorties à l’entrée vidéo du Dreampanel Twin. Une led verte m’indique que le boîtier reçoit bien un signal du média-serveur.
Pour configurer le système comprenant le(s) contrôleur(s) et les dalles vidéo, nous utilisons le HMDI Software Manager et, par facilité, nous avons relié le PC au boîtier HD-Box via un câble USB.
Nous connectons le logiciel en cliquant sur la première icône en haut à gauche de l’écran. Quand la connexion entre le contrôleur et les projecteurs est effectuée, l’icône passe en bleu. On peut alors rechercher, grâce à la loupe, les HD Box et les projecteurs présents sur le réseau ou charger une configuration via l’icône de la flèche jaune.

On peut également préparer les configurations à l’avance en ajoutant ou retirant manuellement des “Fixtures” (dalles) à l’unité ou par groupes dans l’Outil d’ajout de dalles. On sélectionne le type puis on utilise les touches Add (+ vert) et Delete (X Rouge) ou Ajouter la/les dalle(s).
On répartit ensuite les dalles dans la « scene » qui représente la matrice de 1920×1080 pixels. On peut câbler virtuellement les “Fixtures” pour leur affecter une sortie et régler les différents paramètres. On testera les réglages en utilisant la fonction « Appliquer en volatile » ou on enverra la configuration aux machines via la touche « Télécharger la configuration vers les VPU » (Flèche verte).
Ce soft est très complet, intuitif et du coup assez simple à utiliser. Comme c’est une des premières versions, il manque quelques éléments comme un outil d’implantation en cercle ou une solution pour créer des écarts types entre les machines. Ayrton se fera un devoir de répondre aux demandes les plus nombreuses.
Et c’est parti, on peut maintenant contrôler tous les paramètres. Les 64 sources de la face lumière ne passent pas inaperçues et quand le projecteur vous a dans ses collimateurs en RGBW, ça pique ! Au niveau des déplacements, si le tilt du Twin est plus lent (1,72 s), que celui du MagicPanel 602 (1 s), ( voir test dans SLU) pour 180°, le Pan en revanche passe de 2,24 s à 1,72 s.
Les déplacements sont parfaitement maitrisés. En transition rapide, pas de saccade visible à l’œil nu en fin de course, et rien non plus en visionnant la vidéo. Tout comme la majorité des produits du fabricant français, le Pan et le Tilt sont indexables et à rotation continue. L’indexation sera de 540° ou 630° en Pan et 240° ou 540° en Tilt ; l’amplitude d’indexation se sélectionne dans le menu.
Suite aux retours d’utilisateurs, pour obtenir une transition propre entre un mouvement continu et une position fixe, il est conseillé de passer par un noir. On retrouve évidemment les paramètres Dimmer et Strob qui sont depuis longtemps parfaitement maitrisés. Au niveau couleurs, les collimateurs de 45mm permettent d’obtenir des mélanges homogènes quelles que soient les teintes, en volumétrique ou en éclairant une surface.

Au niveau gestion, il y a de quoi contenter tout le monde. En plus de la trichromie, on dispose de 7 combinaisons de blancs (2700K, 3200, 4200, 5600, 6500 et 8000K), 14 de couleurs, 3 d’effets Rainbow et d’un dimmer pour les presets de couleurs. J’adore la fonction qui permet de jouer sur un preset de couleur avec la trichromie pour en modifier la nuance ! On trouve également des macros de transitions entre deux teintes ce qui est intéressant, notamment pour les correcteurs de température.
Les dernières fonctions, mais non les moindres, concernent les effets internes : 113 chasers contrôlés par un paramètre de vitesse et un autre de transition. Ils sont sur 3 canaux DMX. Ça ne fait pas tout mais c’est très utile lorsque que l’on n’a pas de console capable de gérer des matrices, pas de média-serveur ou tout simplement pas de temps (c’est assez frustrant de se retrouver avec de super machines et de ne pas pouvoir les exploiter).
Il suffit de faire une rotation de 180° au Tilt pour retrouver la face vidéo! Evidemment, sa luminosité est moins élevée que côté lumière, il y a presque un rapport de 10 entre les puissances, mais la transition entre les deux est très intéressante. Le pitch de 6 mm est parfait. Même sur une seule dalle et de près, ont comprend très bien l’image. Il y a quelques corrections de couleur à effectuer, mais on arrive assez facilement à trouver les bons réglages et avec cette génération de leds, on a même de bons noirs.
Je n’ai pas disposé d’une grande surface pour ce test mais je n’ai jamais observé de latence ou de saut d’image. Le seul souci, on le voit sur la vidéo, est une persistance de lignes de pixels plus ou moins longues. Interrogé sur ce point, Cyril Union nous précise qu’il s’agit d’un problème de logiciel qui est aujourd’hui résolu.
L’heure des comptes
Le projecteur en lui même étant assez simple, les mesures de lumière sont rapides mais non moins intéressantes. On commence par la courbe de dimmer, et connaissant l’équipe, on se doute du résultat mais n’étant jamais l’abri d’un problème… Ce ne sera pas pour aujourd’hui, l’enchainement des valeurs est parfait !
Passons maintenant au derating avec une certaine curiosité car les développeurs n’ont pas lésiné sur le refroidissement et Ayrton n’en est pas à son coup d’essai. Un coup d’œil au test du MagicPanel 602 dans SLU me rafraichit la mémoire. Avec ses 36 leds allumées à fond, nous avions mesuré un derating de 35%.
Qu’en est-il pour 64 leds… Le départ entre les deux courbes est assez similaire, celle du Twin est un peu plus régulière mais les deux descendent rapidement. Dans les deux cas la valeur la plus basse est atteinte en 15 minutes et c’est là qu’arrive une bonne nouvelle.
Avec plus de leds, la baisse du flux lumineux est moins importante sur le DreamPanel Twin, on gagne même 5%. Cela confirme les progrès réalisés par l’équipe sur le refroidissement des leds. Quand une seule led est allumée, la blanche, (très utilisée pour les effets) l’éclairement ne baisse même pas de 1% !


Mesures photométriques
Mesures RGBW à pleine puissance
L’éclairement au centre à 5 m à froid est de 25 740 lux. Après derating, nous mesurons 18 000 Lux ! Le flux total atteint 15210 lumens à froid et 10600 lumens après derating. (Nous avions mesuré dans les mêmes conditions, 10 600 lm à l’allumage et 6800 lm après derating pour le MagicPanel 602).L’angle du faisceau à I/2 est de 7,2° et 14,48° à I/10. La puissance et l’ouverture sont très intéressantes, non seulement pour le rendu des effets, mais aussi pour éclairer un musicien ou un décor.
Le blanc seul à pleine puissance
En allumant la diode blanche seule, nous mesurons un éclairement au centre à froid de 11400 lux et 11340 lux après derating (qui est quasi nul : 0,7%). Le flux est alors de 7650 lumens à froid et de 7600 lm après derating : un résultat assez stupéfiant qui se place à 70 % du blanc full RGBW après derating !
Conclusion
Avec le DreamPanel Twin, Ayrton a créé un nouveau lien entre la lumière et la vidéo et offre aux concepteurs lumière un produit performant et encore de nouvelles possibilités de création et de diversité de tableaux qui enchanteront les spectateurs. La face lumière est beaucoup plus performante que le MagicPanel 602, la dalle vidéo bénéficie d’un excellent contraste et l’ensemble joue dans la précision.
L’engouement pour ce projecteur qui a illuminé la scène de l’un des plus gros show mondiaux sous les doigts magiques de LeRoy Bennett confirme notre enthousiasme. L’avenir du Twin s’annonce brillant!
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