C’est dans les coulisses d’un «Rester Vivant Tour» déjà bien rodé que Dimitri Vassiliu, nouvel éclairagiste de Johnny Hallyday pour cette tournée marathon qui s’invite à l’AccorHotels Arena, nous convie afin de parler lumière, vidéo et Rock’n’roll.

Une première pour le designer lumière de talent, déjà aux commandes des faisceaux des plus grandes tournées françaises, qui relève avec une joie non dissimulée le défi d’imaginer la lumière, mais aussi la scénographie et l’habillage vidéo de la centaine de concerts donnés à ce jour par notre Jojo national.

On le retrouve sur les scènes de France, bien décidé à, encore une fois, tout donner, dans un esprit résolument rock et authentique.
D’abord grâce à la direction musicale, confiée à son guitariste principal, Yarol Poupaud, qui privilégie l’entité groupe de rock et oublie les cordes pour cette tournée, puis par le désir commun de Dimitri Vassiliu, du producteur et de Johnny lui même, d’un retour aux sources sur une scène épurée, vintage, mais abritant toutes nouveautés technologiques en matière de projecteurs et d’écrans : B-Eye, BMFL, Mythos, Sharpy et Sharpy Wash.

La scénographie repose presque essentiellement sur les 834 modules vidéo qui habillent la grande scène de l’Arena, couplés à une impressionnante matrice de 192 MagicPanel Ayrton accrochés en fond de scène, sûrement la plus grosse installation hexagonale de ce type réalisée à ce jour.
Bien sûr il y a de la machinerie, bien sûr l’entrée de Johnny est toujours aussi inattendue, quand il apparaît dans une fabuleuse tête de mort qui s’ouvre dans un nuage de fumée pour le laisser rejoindre la scène, et bien sûr ça éclaire parfois beaucoup, fort et en blanc. Ce sont des passages obligés pour illuminer Johnny !
Pourtant Dimitri Vassiliu s’est permis pas mal d’audace et de choix tranchés pour revisiter cet éclairage, à mi chemin entre faisceaux et flashes old school et extrême modernité de la vidéo. Il ne s’agit pas de casser tous les codes ici, mais bel et bien d’offrir à la star un nouveau concept lumière, scénographique et visuel. Nous avons donc rencontré le designer, qui est aussi pupitreur sur cette tournée, accompagné de Philippe Marty et Stéphane Chiron aux contrôles du show.

Debout et de G à D, Pierre Yves Orieux, David Bergue, Jean Philippe Willocq, Philippe Marty, Thomas , Sylvain et Enrique Elixander.
Nous avons aussi pu aussi parler à Peggy M, directrice artistique des images choisie par Dimitri, qui a créé les très beaux médias diffusés dans les écrans, et qui elle aussi a su apporter un écho personnel et juste à l’univers de Johnny.
Un design sur mesure alliant esprit vintage Rock et modernité.
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Dès l’arrivée dans la grande salle de l’AccorHôtel Arena, nous découvrons la scène immense équipée par Dimitri Vassiliu pour Decibels Production.

Un écrin à la hauteur de l’artiste : 15 mètres de profondeur avec une avancée de 12 m au cœur de la salle, une tête de mort géante, motorisée pour pouvoir descendre et «déposer» la star sur les planches, 6 écrans vidéo Black SMD asservis eux aussi, spécialement conçus pour l’occasion, et de très beaux projecteurs partout, sur les ponts tout autour de l’espace scénique, sur des totems, en latéral et en arrière scène.
Mais surtout, un mur/matrice de 192 MagicPanel Ayrton, qui éteints et bien alignés dans leurs cadres, nous font immédiatement penser à une armée de droïdes, tout droit sortis de Star Wars, prêts à dégainer leurs faisceaux au service du général Johnny.Même au repos, en lumière de service, dans une salle encore vide et impatiente d’accueillir son public, le kit lumière et vidéo de Dimitri Vassiliu nous en met plein la vue.

Non pas dans la débauche de machines, même si celles ci sont nombreuses, le kit accueillant en tout quelque 460 projecteurs, mais dans la scénographie elle même qui massive mais sobre, dégage un certain goût de l’ancien temps, celui du bon vieux rock, des faisceaux blancs des Pars et autres Acl, des scènes dégagées avec batterie au centre (sur praticable motorisé quand même) faites pour que les artistes puissent bouger, sauter, faire des solos endiablés et vivre pleinement leur musique.
SLU : Dimitri, parle-nous de ton arrivée dans l’aventure du «Restant vivant tour»?
Dimitri Vassiliu : «C’est ma première fois aux lumières de Johnny. Je suis ravi car j’avais vraiment envie de faire ce design. Une occasion comme celle ci ne se refuse évidemment pas ! Et j’avais surtout envie de le faire de cette façon là, avec ce coté retour aux sources du rock. Et comme c’est ce que Johnny souhaitait aussi, ça a fonctionné directement. Dès le début il voulait une tournée centrée sur le groupe, et l’ambiance qui va avec, donc la lumière est partie elle aussi dans cette voie.
SLU : Éclairer Johnny Hallyday ça met quand même un peu la pression, non ?
Dimitri Vassiliu : «Oui bien sûr, mais ici il y a beaucoup de liberté et d’informations, que ça soit du manager, de Johnny, de Yarol ou même de Lætitia, j’ai pu prendre beaucoup d’éléments partout et les regrouper pour construire mon design de façon très libre. On s’est tous assez parlé pour se comprendre et aller dans la bonne direction, qui est finalement celle où je voulais aller. J’ai surtout eu de la chance de tomber sur le bon groupe, la bonne tournée, le bon producteur, la bonne année et aussi de pouvoir choisir mon équipe.

Le meilleur compliment que j’ai pu entendre jusqu’à présent, c’est celui d’un ami metteur en scène qui est venu voir le concert hier, et m’a demandé si tout était en synchro, car le show me dit-il est hyper en place et carré. Ce à quoi j’ai répondu qu’il n’y avait aucune synchro, ni d’images, ni de lumière. Tout est envoyé manuellement et en live !
SLU : Tu parlais de la volonté de rester très rock, des demandes plus précises ont-elles été formulées ?
Dimitri Vassiliu : Il n’y avait pas d’exigence particulière à part cette grande idée du retour au rock. On a commencé à travailler sur le projet un an et demi avant le départ de la tournée. J’avais tout en charge, c’est à dire la scénographie, la lumière et la vidéo.


Pour la scénographie, j’ai fait appel à Emmanuelle Favre, et nous avons défini ensemble les directions à prendre pour marier la technologie et l’ambiance vintage. Et puis, la production et Johnny souhaitaient quand même avoir quelque chose d’épuré. Ce qui me plaisait aussi, avec une scène bien dégagée. De plus, on n’oublie pas l’importance du public. Sur un show de Johnny, on éclaire partout.
Oui on éclaire partout en effet !
En latéral, avec des matrices de B-Eye Clay Paky, précédées d’échelles de Sharpy. A contre et en douche, avec les Mythos. En latéral au sol, à contre, à la face et sur les ponts encadrant le large espace de scène avec les Spot BMFL Robe. Et au fond avec le mur de MagicPanel. C’est qu’il faut de la personnalité et une sacrée puissance de faisceaux pour briller derrière Johnny Hallyday !
Le Magic Panel Ayrton, l’autre vedette du show.

SLU : Donc tu as eu besoin de grosses sources. Comment as-tu choisi les projecteurs présents dans le kit ?
Dimitri Vassiliu : J’ai tout construit autour de la matrice de MagicPanel. Parmi les projets que j’ai présentés, c’est celui qui a été choisi et c’était mon préféré avec aussi la tête de mort. J’avais alors déjà l’idée des écrans, des praticables et la forme de la scène.
SLU : Pourquoi tenais-tu absolument à ces MagicPanel en fond de scène ?
Dimitri Vassiliu : J’avais vraiment envie de les intégrer dans cette implantation, de tester la vidéo dessus, et je voulais surtout un effet bien rock, une machine qui, quand je l’allume en blanc, produit un faisceau rectiligne, droit et fort, mais qui peut aussi envoyer de la vidéo et des effets.

Des projecteurs mis à l’épreuve entre festivals et contraintes scéniques.
SLU : Qu’est ce qui t’a décidé pour le reste des sources, as-tu des favoris ?
Dimitri Vassiliu : On a en fait débuté la tournée par des festivals sur lesquels on a emmené un petit kit avec moitié moins de MagicPanel, quelques Sharpy, et des BMFL au sol, ce qui nous a permis de tester ces derniers – je ne les connaissais pas avant – ou encore de trouver des combines de programmation et d’utilisation des MagicPanel avec Philou (Philippe Marty, qui les a encodés et les pilote sur le show).
On a pu aussi, sur place, profiter des kits existants et découvrir des machines ou des implantations, se dire que là, par exemple, il faudrait moins de Sharpy et plus de Wash, etc… Ainsi, à la fin de cette période, qui s’est avérée être un véritable laboratoire de test du kit, on a pu le définir précisément pour la suite de la tournée.

SLU : Le Mythos, tu l’as aussi découvert en festival ?

Dimitri Vassiliu : Non le Mythos je l’avais vu avant, et je savais que je voulais partir avec. Je souhaitais des Mythos accrochés en douche au dessus de la scène et donc au dessus des écrans motorisés.
Il nous fallait des faisceaux capables de passer entre les écrans et le projecteur devait être court, car il reste peu de place quand les écrans sont garés au plafond. D’ailleurs nous avons placé un filtre anti-calorique en sortie des Mythos pour ne pas risquer de brûler les écrans.

SLU : Tu as utilisé deux impressionnantes matrices de B-Eye en latéral…
Dimitri Vassiliu : Je souhaitais des faisceaux latéraux très puissants, qui se suffisent à eux-mêmes sur cette grande scène, qui vivent tout seuls sans rien d’autre. Avec les B -Eye sur les côtés j’ai de gros latéraux qui brillent fort.
SLU : Tu ne fais pas de la dentelle avec ces Wash, pas d’effets ?
Dimitri Vassiliu : Non, on ne fait de la dentelle sur rien! ( On est chez Johnny tout de même!), à part peut être, et c’est paradoxal, avec les MagicPanel Ayrton où on essaie d’être subtil, en faisant par exemple, des petites étoiles sur un tableau, car on avait envie de jouer avec les pixels.


SLU : Parle-nous du BMFL Robe.
Dimitri Vassiliu : Oui, indiscutablement. C’est vraiment une super machine puissante, Un spot qui a une très belle qualité de faisceau. Je les utilise pour mes faces, pour éclairer Johnny et le groupe mais aussi à contre et en latéral. Ici à Bercy j’en ai demandé 56 soit 20 de plus que sur la tournée.
SLU : A ton avis, les sources lampes, surtout en wash ont-elle encore de l’avenir ?
Dimitri Vassiliu : En Spot évidemment les lampes sont loin d’être finies, et même en Wash ! J’ai choisi des Sharpy Wash Clay Paky en latéral que je juge indispensables en terme de qualité de faisceau et de couleur. Je trouve que pour éclairer quelqu’un, un visage, rien ne remplace une source lampée, surtout si tu disposes de peu de temps de réglage.
SLU : Comment éclaires-tu les musiciens ?
Dimitri Vassiliu : Avec un peu de Sharpy Wash donc en latéral, de BMFL latéral et face, plus la lumière des B-Eye qu’ils récupèrent forcement sur la route! Ils sont 15 sur scène, je voulais que les musiciens soient confort, sans trop de projecteurs dans les pattes ; voilà pourquoi aussi il y a beaucoup d’accroches et ces gros latéraux.»

Du Johnny oui, mais version Dimitri !

Des choix de directions lumineuses assumées qui, c’est vrai, aèrent encore plus la grande scène et qui, surtout, donnent un sacré coup de jeune à l’ensemble.
En première ligne, les 6 écrans mobiles Xénon Black SMD au pitch de 6 mm, sont motorisés pour monter, descendre ou s’immobiliser dans les airs en défiant les lois de la gravité.
Ils révolutionnent le genre en plaçant la vidéo au sein même du design comme une source lumineuse à part entière. Plus besoin de machineries lourdes, de tirs de CO2 ou de pyrotechnie avec Dimitri, quand il faut allumer le feu, ce sont les écrans qui s’en chargent avec des médias toujours bien choisis, (de flammes en l’occurrence), ou certains en 3D, très réussis.

SLU : C’est vrai que tu dégages la scène et allèges quand même considérablement les grosses machineries auxquelles les concerts de Johnny nous ont habitués ?
Dimitri Vassiliu : Il y a quand même la tête de mort dans laquelle il apparaît qui descend et s’ouvre, et le praticable batterie qui se lève. Mais en effet, ce qui est nouveau ici, c’est que la grosse cavalerie, ce sont les 6 écrans mobiles. Si je suis venu sur cette tournée, c’est aussi pour réécrire un nouveau show Johnny, changer, emmener un autre regard, donc ne pas refaire ce qui a déjà été fait.


Ce n’est pas forcément mieux, ce sont d’autres propositions, comme ces tableaux ou il commence à chanter dans le noir juste avec une douche, ce qui à mon avis était difficile à faire avant et qui, selon moi, donne une autre vision de Johnny. Même si on peut penser qu’il aime être dans la lumière, il interprète tellement ses chansons que l’on peut se permettre de pousser la dramaturgie lumineuse pour amplifier une émotion.

SLU : Justement, comment Johnny réagit-il a ces nouvelles directions de lumière ?
Dimitri Vassiliu : Je crois que l’on regarde tous dans la même direction, que ça soit Johnny, ses musiciens, son producteur ou les techniciens. Et puis, Johnny c’est un rêve à éclairer, il ne se plaint jamais de rien, ni des strobes dans la figure, ni de la fumée ou des projecteurs droits sur lui. Ce n’est pas une chochotte et ce n’est pas une salle de chochottes !»
SLU : C’est toi qui pilote les écrans ?
Dimitri Vassiliu : «Oui, ça me fait plaisir de retrouver la console (une Hog 4) sur cette tournée. J’ai fait toutes les dates depuis le début, je gère les écrans. J’ai deux média serveurs Catalyst pour traiter les images créées par Peggy M. et Cutback. Ca fait longtemps que je collabore avec Peggy, on se connaît bien. Elle a créé 70 % des images, puis CutBack a fait celles en 3D, moins nombreuses, mais nécessaires. Les références des médias sont toujours Rock and roll, avec des aigles, des crânes, des serpents etc… L’idée était de mixer les styles, pour être à la fois actuel et vintage.»
La restitution : Une affaire de famille et d’éclairage.

Dimitri Vassiliu n’est pas seul en régie, il est accompagné de ses deux complices :
Philippe Marty, responsable aussi du dossier technique en plus de la programmation des MagicPanel Ayrton et d’une bonne partie du show lumière, et Stéphane Chiron, avec qui il faisait déjà de la poursuite en 1988 sur la tournée de J.J.Goldman, et qui l’accompagne au pupitre depuis ses débuts en grosses tournées.
Ces opérateurs, aux nombreuses années d’expérience, n’oublient jamais qu’ils sont là avant tout pour éclairer, un artiste, une scène, un public, et se préservent de toute geekerie, pourtant dans l’air du temps, et souvent efficace, pour piloter les matrices de leds.
SLU : Comment vous répartissez-vous la restitution live ?
Dimitri Vassiliu : «Je gère la vidéo des écrans, Philippe les MagicPanel, les Sharpy, Mythos, et K20 sur une Grand MA. Stéphane tous les BMFL et le reste des sources sur une autre Hog 4, et franchement il y a assez de boulot pour tout le monde ! La GrandMA a été choisie pour pouvoir gérer les MagicPanel en programmation et restitution. Un Catalyst leur est réservé pour les médias.
SLU : Encoder ces MagicPanel a été un challenge?
Dimitri Vassiliu : On y a passé beaucoup de temps en effet, mais il faut dire qu’avec ce qui a été proposé avec ce produit depuis deux ans, la barre était haute. On ne pouvait pas arriver légers et utiliser les macros !

SLU : Tu n’as pas été tenté de faire appel à un geek informaticien pour leur programmation, comme ça s’est souvent vu récemment ?

Dimitri Vassiliu : Si bien sûr, et c’est là où la pression était encore plus grande, car de très belles choses ont déjà été faites ! J’ai croisé le groupe Ezekiel en festival, j’ai vu leur travail avec les MagicPanel, j’ai vu aussi ce qui a été fait pour Chanel…
Avec Philou on ne voulait pas décevoir ! Mais je pense qu’on ne fait pas le même boulot, avec les mêmes désirs. Je reconnais qu’on y a pensé…»
Pour finir, on a trouvé ce qui nous convenait à tout les deux, on ne souhaitait pas que ça soit trop geek non plus. Il y a un morceau, où trois têtes de mort sont diffusées par les MagicPanel.
Peggy M. a fabriqué un média avec les têtes et on l’a envoyé dans les panneaux… Pas besoin d’un informaticien pour ça ! On fait de la lumière avec la vocation d’éclairer avant tout, et puis je ne voulais pas être décalé par rapport à la musique de Johnny Hallyday.»
Philippe Marty à la programmation des MagicPanel.
SLU : L’encodage a-t-il été long ?
Philippe Marty : «Oui c’est long, essentiellement car il y en a beaucoup! Après bien sûr, il a fallu mettre en place un système fonctionnel, d’où la nécessité d’encoder avec une MA pour pouvoir merger directement le Catalyst dans la machine, et simplifier la gestion du réseau. MA est à ce niveau beaucoup plus fort que la concurrence.
SLU : Tu as travaillé plutôt des textures abstraites ou des images ?
Philippe Marty : Nous avons travaillé plutôt des textures. Tous les médias ont été faits spécialement pour s’adapter au format et au pitch des MagicPanel, en tenant compte de l’espacement noir entre les projecteurs. J’en ai fabriqué moi aussi sur After Effects avec de bonnes surprises.



SLU : C’est le nouveau modèle de MagicPanel ?
Philippe Marty : Non c’est l’ancien modèle, le 602, dont on n’a pas utilisé la rotation à l’infini car ils ne se recalent pas assez précisément, surtout dans une masse comme ça, où on ne peut pas se permettre le moindre décalage.
Nous les commandons classiquement en dmx, en Ethernet il aurait fallu monter des splitter réseau, plus fragiles.
J’ai 12 NPU derrière la console pour gérer 89 univers DMX avec 40500 paramètres actifs !
Et j’ai une deuxième console derrière et un Catalyst pour la sécurité.
SLU : La console spare a-t’elle servi?
Philippe Marty : Non heureusement, jamais pendant un show. Je touche du bois !
On a fait des tests, le MaNet bascule instantanément et l’ArtNet reprend en 5 secondes, et c’est mieux que de ne rien avoir du tout !
Je suis assez content car ça n’a jamais planté, même en encodage, et pourtant il y a beaucoup de monde dans la console !»
Peggy M, créé des médias adaptés au répertoire de Johnny
Sur quelque 150 m2 d’écran Black SMD, en 6 et 9 mm de pitch, on ne se fait pas trop de soucis pour la qualité de restitution des médias. C’est Peggy M, directrice artistique images sur la tournée, choisie par Dimitri, qui compose entre l’univers du rockeur, celui du designer et le sien, déjà bien riche, (la demoiselle est notamment derrière l’ambiance visuelle des dernière tournée d’Indochine) pour imaginer textures et images.

Peggy M : «Le travail a commencé en novembre 2014, on avait une pré liste de 70 morceaux ! Donc j’ai travaillé en entonnoir en partant d’éléments forts tels que la nature, l’animal, le feu, ou l’eau, qui collent bien avec le personnage.
J’étais libre de proposer ce que je souhaitais, que ça soit des textures ou des images pures. Mon équipe a donc créé entièrement tous les médias par morceaux, en s’adaptant aux 6 écrans qui bougent dans tous les sens et à la grande arche.
SLU : As-tu été dirigée par la scénographe, par Dimitri ou même par Johnny?
Peggy M : J’ai beaucoup collaboré avec Yarol Poupaud qui donnait une piste artistique, des teintes, ou des ambiances. Il a été très présent pour le choix des images d’archives en nous orientant vers de vieux festivals comme le Big Mama.»
SLU : Comment définirais tu ta collaboration avec Dimitri Vassiliu ?
Peggy M : Avec Dimitri on travaille depuis très longtemps ensemble, du coup je ne sais même plus expliquer notre travail. Quand, par exemple, il donne du relief en lumière, nous travaillons ensemble les formes et la construction du tableau. Il propose toujours une sélection d’images par titre qui me donne la direction à prendre pour la création des vidéos. On se connaît bien, il y a un véritable échange entre nous.


SLU : Que penses-tu des écrans utilisés sur la tournée?
Peggy M : Ils sont magnifiques, avec une super définition. Même si je préfère travailler plutôt en projection car les leds ont tendance à perdre les nuances, on a réussi à faire des choses chaleureuses. Pour moi les écrans sont des sources de lumière à part entière, il y a des morceaux qui ne sont éclairés que par les écrans.
Plus on avance avec Dimitri, plus j’essaie de travailler leur contenu comme de la lumière, être moins dans la narration. C’est un exercice difficile pour un vidéaste mais c’est passionnant.

L’idée c’est que la lumière et les écrans se rejoignent et ça marche d’autant plus ici que les écrans bougent, tels des projecteurs.
SLU : Comment avez vous conçu les images, sous quel format ?
Peggy M : Sur l’arche on dépasse les 3000 pixels de base !
Nous avons créé les visuels à l’aide d’un gabarit pour les 6 écrans à plat et l’arche, puis on les redécoupe pour le Catalyst qui les repositionne.
Les temps de calcul ont été assez longs, des nuits entières parfois ! »
Ici on fait du rock, du gros, du lourd mais pas du ringard.
La faute à un Johnny toujours aussi en forme, à un groupe vraiment bon, axé sur un son plus «roots» et «sale» qu’auparavant, à une scénographie qui prend place sous la surveillance de la tête de mort géante (et rassurante ! Ouf, on est encore sur un show de Johnny) et à un design lumière et vidéo qui a l’intelligence de réveiller la scène tout en installant une forme d’authenticité intemporelle du rock et du blues, chargée de sens.
Ça éclaire franchement, et en blanc, souvent. La scène s’ouvre en permanence sur la salle conquise grâce aux nombreux faisceaux des BMFL accrochés partout, et s’y avance même avec un long proscenium où Johnny et ses musiciens viendront taper un bœuf, au milieu de la foule, et nous cueillir par la même occasion.

Oui les directions assumées (pour ne pas dire couillues) de Dimitri Vassiliu nous séduisent !
- Les gros latéraux en B-Eye qui montrent toute leur puissance en blanc et en couleurs, jouant même parfois solo certains tableaux.
- Les faces des musiciens assurées per les BMFL, avec douceur et bienveillance.
- Les MagicPanel utilisés comme de gros ACL en débauche de puissance blanche en fond de scène, très rock, puis subtilement parsemés de pixels avec une délicatesse inattendue.
- Les Mythos Clay Paky qui positionnés au dessus des écrans, les traversent de lumière pour assurer une douche sur Johnny, dans la plus totale intimité.
- Les choix de se reposer sur la vidéo pour assurer les effets autrefois confiés à de grosses machineries.
- Et enfin dans la générosité de l’ensemble, tellement bien envoyé et calé par des pupitreurs un peu magiques.
Dimitri Vassiliu a su repenser l’éclairage de Johnny tout en lui restant fidèle, dans un savant dosage d’authenticité et de modernité qui n’est jamais déplacé ou inapproprié.
Nous avons vu le vrai Johnny Hallyday ce soir, éclairé avec des MagicPanel Ayrton, des écrans Black SMD et tout ce qui brille au 21e siècle, avec parfois beaucoup de couleurs, ou peu de lumière, mais toujours hyper charismatique et rayonnant de sincérité.
Et c’était peut être ça le symbole de Rester vivant : ancrer Hallyday dans son époque tout en conservant ses racines.
Synoptique du réseau lumière et vidéo
Plan de feu vue 3D




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Nous aimons
Nous regrettons