Participant pour la première fois cette année à Prolight & Sound, Panasonic (Visual Solutions Systems) y a présenté un grand nombre d’innovations et de produits, destinés aux marchés de la location et de l’événementiel, tant en écrans qu’en vidéoprojecteurs.
L’écran LCD TH-55LFV50 présenté en matrice 3 x 3.
Le TH-55LFV50 lancé récemment, était en démonstration dans une matrice 3×3 avec une structure de fixation réalisée en partenariat avec EasyFrame. Peu gourmand en énergie, cet écran LCD de type D-LED constitue une solution pérenne pour les secteurs de la location et de l’événementiel, notamment en raison de sa robustesse qui réduit les risques de casse pendant le transport et l’installation grâce à son cadre en acier, le plus fin du marché (5,3 mm d’épaisseur). En effet sur ces secteurs, 10% des casses adviennent par les bords. Ces écrans peuvent être chaînés en DVI et contrôlés, via Ethernet ou par télécommande (Crestron par exemple), et disposent d’une sonde colorimétrique pour l’appairage en matrice. Selon Florent Dohy (marketing Europe) qui nous a accueillis pour nous présenter les nouveautés, Panasonic devrait d’ailleurs sortir bientôt des écrans à dalle OLED, rétro-éclairage full LED, dont la conception et la fabrication seront réalisées en joint-venture avec Sony.
Parmi les autres solutions d’affichage exposées figurent les nouveaux grands écrans LCD full HD (1080p), comme le TH-80LF50 (80 pouces) présenté en orientation portrait, et équipé d’une protection prévue pour une utilisation en location dans des lieux sans surveillance.
Le PT-RZ470 (3 500 lumens) exploite une source de lumière Laser/LED, 20 000 heures de fonctionnement sans échange.
Les sociétés de location à la recherche de projecteurs compacts polyvalents, sans maintenance, devraient être intéressées par la série PT-RZ470/RZ370 full HD. Ces projecteurs DLP mono puce sans lampe, avec source Laser LED d’une durée de vie de 20 000 heures, sont dotés d’une connexion Digital Link reposant sur la technologie HDBaseT™ (transport HDMI ou vidéo HD non compressée avec signaux de contrôle sur câble Cat5E sur 100m). Ce format de transmission, qui devient standard, n’est proposé que sur les projecteurs mono DLP. D’abord proposé en 3 500 lumens (RZ470/370), un modèle en 6 000 lumens devrait bientôt voir le jour.
Le PT-DZ870 est un nouveau modèle de vidéoprojecteur mono puce DLP WUXGA Dual Lampe 8 500 lumens.
Panasonic fait par ailleurs entrer ses projecteurs DLP à 1 puce (double lampe) dans l’ère des 10 000 lumens avec sa nouvelle gamme PT-DZ870 (contraste 10 000 :1). Offrant une excellente qualité d’image et une connectique Digital Link, cette série présente des résolutions allant de 1900 x 1200 (WUXGA) à XGA en passant par WXGA. Le mode relais entre lampes leur permet de travailler sans interruption (24/7) en passant d’une lampe à l’autre grâce à une électronique d’alimentation revisitée.
Le logiciel Geometry Manager Pro V1.1 autorise par ailleurs un réglage de géométrie plus fin par zones et des fonctions de masquage (sur le DZ870 uniquement). Ces projecteurs disposent du système « Detail Clarity Processor 3 ».
Le PT-DZ13K avec son carénage d’accroche, WUXGA de 12 000 lumens « dual lamp » ; l’iris dynamique permet un contraste de 10 000 :1.
De nouveaux modèles de projecteurs haute luminosité étaient également exposés dans la série PT-DZ13K. Cette gamme de projecteurs DLP à 3 puces (mélange par prisme) prend en charge plusieurs résolutions (1900 x 1200 pour le DZ870), bénéficie d’une luminosité pouvant aller jusqu’à 12 000 lumens et dispose d’options, notamment la possibilité de travailler en 3D et avec plusieurs optiques zoom. Précisons d’ailleurs que les optiques sont pérennes en ce sens qu’elles ne changent pas d’un modèle à l’autre. La série DZ13K vient s’ajouter aux déjà célèbres projecteurs à 20 000 lumens PT-DZ21K (alimentés en 16 A et non 32 comme la concurrence), qui ont joué un grand rôle lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Il s’agit de modèles à deux lampes haute pression mercure avec passage gradué automatique d’une lampe à l’autre en cas de défaillance. Cette série consomme 40 % d’énergie de moins que la concurrence à luminosité équivalente et les modèles sont plus légers (24 kg), ce qui signifie qu’on peut placer plus de projecteurs sur un pont. Avec un niveau de bruit de 47 dB SPL en fonctionnement, ils sont également très silencieux.
Facile de mettre plusieurs DZ13K sur un pont comme sur le stand voisin de AVStumpfl.
Enfin signalons pour finir que Panasonic travaille sur une optique à courte focale (0,4) pour les projecteurs mono puce DLP avec une déformation géométrique améliorée pour le raccordement de bords courbes (fusion d’images) qui permettra avec un faible recul de projeter des images de grandes tailles sur des écrans courbes.
Target 350 s'offre un double corps en fonte d'aluminium pour une convection naturelle efficace. la lyre est en acier avec un réglage manuel de tilt.
Le fabricant allemand Laser Imagineering a développé un projecteur à Led dont les faisceaux portent loin, tout en haut des buildings, grâce à un système optique sophistiqué qui ramène à un angle de 2,5° la lumière émise par 400 W de Led.
Avec un classement IP65, Target 350 est conçu pour éclairer en extérieur et en hauteur, lécher les murs d’une tour, et même jouer au sky tracer. Cette application n’est plus réservée aux lampes à décharge. Dans ce domaine aussi la Led vient bousculer les ordres établis et ramener la consommation à des valeurs très raisonnables.
Un bon système optique et une bonne régulation thermique pour un maximum d’efficacité sont les clés du système qui fonctionne en convection naturelle, sans ventilateur. Laser Imagineering n’a pas lésiné sur les moyens mis en œuvre : le projecteur est constitué de deux cylindres concentriques en fonte d’aluminium reliés par de longues réglettes de transmission de la chaleur tout autour : une douzaine sur les 360°. Car Target est conçu pour assurer son flux même par temps chaud : jusqu’à 50° de température ambiante.
La démonstration est convaincante, le flux devrait atteindre 25 000 lumens. Nous n’en saurons pas plus, ni sur le système optique, ni sur l’origine des lentilles ou le fournisseur des Led : c’est encore secret.
La projection de gobo est à l’étude et Target 350 est prévu en plusieurs versions de Led : blanc chaud, blanc froid ou couleur fixe.
Epoustouflante, déroutante, la tournée de C2C doit beaucoup à son quatuor et à sa très grande créativité musicale et scénographique. Là où habituellement avec des DJ on admire des virtuoses et on s’ennuie ferme, C2C a réussi à construire une identité sonore et visuelle très forte en s’entourant de musiciens mais aussi de techniciens faisant partie intégrante du projet comme Damien Bolo au mix façade.
Gros son, lumières magnifiques, titres remarquables, C2C ne devrait pas échapper à la reconnaissance de ses pairs, le public, lui, a déjà tout compris. C’est rassurant.
L’équipe audio au grand complet. De gauche à droite Christophe Rousseau ingé son retours, Patrice Guillerme son assistant en charge aussi des HF et des têtes sérieuses (!) Damien Bolo ingé son façade et producteur de gros son, Sylvain Turpin ingé système et audioliteux convaincu et enfin David « Bart » Omer, aussi à l’aise au système qu’au mix.
Qui dit grosse tournée à la mode dit nouveau système, et C2C n’a pas échappé à la règle. C’est donc Adamson qui est à la fête avec son E15 remarquablement exploité par un tandem de techniciens formé de Sylvain Turpin et de David « Bart » Omer. N’entrant pas dans l’inventaire du groupe Dushow qui est le prestataire principal de cette tournée, c’est Audiolite qui fournit le système, formant de fait un partenariat assez inédit en dehors des festivals mais qui en définitive marche très bien.
Le design de la diffusion E15 et T21 en antenne cardioïde allongée
SLU : Qui a fait le design de la diffusion ?
Sylvain Turpin : C’est un travail collégial, nous avons travaillé avec Bart tous les deux…
Sans verser dans la démesure, c’est tout de même un design chic et cher qui a été choisi pour cette tournée avec 12 têtes E15 en principal et 6 en side, de quoi garantir une parfaite homogénéité et une réserve de puissance digne de fort Knox. Pour compléter la couverture vers le bas, sous chaque ligne, deux et trois SpekTrix viennent jouer les bons samaritains. Désormais il sera possible de faire des latéraux en E12, la boîte vient d’être présentée, mais en perdant un poil de cohérence dans le bas. Le problème du luxe, c’est qu’on s’y habitue vite !
Bart : On s’est vu à l’automne en compagnie de Damien pour en discuter. Il y a deux configurations, une pour les clubs avec uniquement les 4 DJ, Damien et moi-même, et une plus grosse pour les Zeniths. Le choix du système est dû à Damien qui désirait partir en Adamson, d’où la demande faite à Sylvain et Audiolite. On s’est rencontré en novembre et nous avons travaillé un design qui nous satisfasse tous les deux.
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SLU : Tu es un pur Audiolite boy ?
Sylvain Turpin : Non, je suis un intermittent mais très proche de cette société.
L’antenne de T21 en montage cardioïde de jardin avec à sa gauche la machine à faire de beaux bâtons lumineux et de vilaines photos au flash !Le montage par chaîne des antennes de T21 autorisant l’ajustement des espaces entre les caissons.
SLU : Parlez-moi un peu de vos subs T21, il y a la quantité et la qualité du montage.
Bart : Nous avons fait le choix de l’antenne cardioïde en espaçant les caissons entre eux, ce qui allonge l’antenne, à l’aide de chaînes que l’on allonge ou raccourcit en fonction des salles et de leur forme. On peut aller jusqu’à presque la taille d’une boîte, ce qui correspond environ à un quart de longueur d’onde à 70 Hz, la fréquence de coupure des T21.
Sylvain Turpin : On peut régler les chaînes par pas de 21 mm.
SLU : En termes de réglages c’est du tout fait main ?
Bart : Non, il existe un preset cardio chez Adamson mais pas pour un montage avec espacements comme le nôtre. Pour le reste non, nous n’avons pas piqué l’antenne vers le bas en délayant.
Sylvain Turpin : Il n’y a pas de preset car l’attache n’est pas prévue ainsi pour les T21, c’est l’adaptation d’un montage qu’on réalise avec d’autres systèmes.
SLU : Ce style de montage en antenne avec espacements fonctionne-t-il aussi bien en salle qu’à l’extérieur ?
Bart : Ah oui, absolument. Le principe est d’avoir une longueur d’antenne plus importante pour mieux maîtriser la directivité, sans avoir pour autant 6 à 8 subs de plus.
SLU : Surtout que vous en avez déjà 16 !
Sylvain Turpin : Ah non, nous en avons 24, il y en a 8 aussi au sol devant la scène !
Bart : Ils sont le plus proche possible les uns des autres pour ne former virtuellement qu’une seule source. Ils sont en montage cardio front/back pour avoir la même courbe de phase. La boîte au sol est à 180° et celle au-dessus est face public.
SLU : Vous avez 24 T21 pour 24 E15 !
Sylvain Turpin : 36 si on compte les extérieurs…
SLU : C’est un luxe de mettre des E15 en extérieur, surtout que ça ne court pas encore les rues ce modèle !
Bart : C’est peut être un luxe mais ça permet d’avoir la même couleur et la même balance tonale. Nous ne parlons pas de budget à notre niveau, ce que nous avons voulu c’est quelque chose de bien.
Une vue des renforts latéraux : 3 SpekTrix auxquels s’ajoutent 4 MH121 posés entre les subs face à la scène. Bien visibles en haut de l’image deux increvables MSL4 viennent rugir en tant que side soutenus par des subs, un 650HP par côté, dont on aperçoit un bout de moquette tout en bas à droite.
SLU : C’est vrai que selon moi le mélange de vieux et nouveau ne marche pas très bien y compris chez…
Sylvain Turpin : C’est exactement ça. Cela dit même avec la même enceinte ce n’est pas tout à fait pareil. On n’a pas le même nombre de boîtes, on ne travaille pas de la même manière, on n’a pas les mêmes distances et on n’est pas dans le flux de subs qu’on a dans l’axe ou dans la majeure partie de la salle. L’environnement est très différent.
SLU : Et si tu pousses le grave dans les latéraux…
Sylvain Turpin : Tu vas venir pourrir la phase de la face. Comme le grave est par définition omni, il va venir plus impacter certains endroits de la salle. On ne travaille que par compromis mais l’idéal est de ne pas se créer de problèmes supplémentaires dans des salles très ouvertes où nous avons des latéraux.
SLU : Votre design est très généreux dans le bas. C’est Damien (Bolo, ingé son façade NDR) qui aime tant ça ?
Bart : Non, notre idée est d’avoir du headroom et de ne jamais, JAMAIS, avoir le système qui limite, ce qui n’est pas le cas avec la plupart des constructeurs aujourd’hui dans la plupart des design que l’on peut trouver.
SLU : Il suffit de couper les limiteurs dans les amplis ou le drive…
Sylvain Turpin : Bien sûr mais il y en a aussi dans les presets et tu ne peux pas les enlever.
Bart : Les systèmes aujourd’hui sont protégés, voire de plus en plus protégés et…
SLU : Vous tournez en 20 000Q non ? Vous avez de la marge !
Sylvain Turpin : Le limiteur est là pour protéger l’enceinte, et à la fréquence de coupure des T21 on peut limiter. Dans les 70-80 Hz. Cela ne nous est pas arrivé car on a mis la quantité pour éviter ce problème.
Les racks de 20000q Lab.gruppen en charge des lignes de E15 et intégrant les processeurs Lake. Remarquez le montage en panière avec en bas à droite le tableau électrique intégré. On sait ce que tournée veut dire chez Audiolite !
Bart : Il ne faut pas oublier que sur 24 subs nous en avons 8 à 180° ! La priorité du cardio est de protéger la scène. Les 4 DJ jouent pour le visuel avec leurs platines très inclinées vers l’avant et avec pas mal de poids sur les cellules, donc il est impératif d’éviter que les infra viennent générer des vibrations, et puis nous avons tout de même besoin, vu le style musical, de pression dans le grave.
SLU : Ce besoin de boîtes en grand nombre est donc spécifique à C2C et à leurs échantillons faits en studio donc très riches et très denses ?
Bart : Non, c’est valable pour tout style musical, même le rock. Si on ne met pas le bon nombre de boîtes, on manque de dynamique et de headroom, ce qui ne signifie bien entendu pas qu’on joue plus fort.
SLU : Tu manques de dynamique avec les boîtes modernes ? Faut oser le dire !
Bart : Ah mais moi j’ose. Je le dis haut et fort, et je pense que les constructeurs le savent pour la plupart. Ce que je veux, c’est que la dynamique soit dans les mains de l’ingé son, pas dans les presets du système. En tant que mixeur, j’ai été un grand nombre de fois contraint à compresser pour éviter que ce soit le système qui le fasse de façon non linéaire car en multi-bande, ce qui modifie la balance tonale.
Sylvain Turpin : C’est vrai que là nous avons un nombre de subs qui est impressionnant mais en termes de boîtes, c’est un kit standard de Zénith. Nous n’avons que 12 têtes devant et 6 sur les côtés. C’est juste ce qu’il faut, il n’y a rien d’aberrant.
Huit T21 aussi en mode cardioïde apportent leur pierre à l’édifice du bas du spectre en jouant qui plus est sur l’effet de sol. Pas évident à aligner avec les antennes mais tout de même un total de 24 T21 même si 8 caissons poussent à l’envers !
Bart : C’est vrai que c’est confortable mais si on n’avait que 8 subs par côté, nous n’aurions pas pu faire nos colonnes cardioïdes et en ajouter en même temps devant. On se retrouverait avec juste 8 subs posés au sol avec les avantages et aussi les inconvénients que cela comporte.
SLU : Justement tes 8 T21 en front de scène, j’imagine que tu récupères de l’effet de sol et sinon, quelle est leur fonction ?
Bart : Un peu d’effet de sol en effet mais surtout ils servent à récupérer de l’impact au centre. Quand on est dans l’axe et près de la scène, on perd le haut du sub, là où ça tape, car on a 24 mètres d’ouverture. Les subs, au fur et à mesure qu’on monte en fréquence, commencent à être directifs, sans oublier qu’on travaille en cardioïde, ce qui laisse un trou devant que nous venons combler. Ca homogénéise aussi le grave dans la fosse.
SLU : Vous tournez plus bas avec cet ensemble central non ?
Bart : Oui, on tourne atténué ; pour le reste la fréquence de coupure est la même. Comme on utilise le même preset cardio, la courbe de phase est la même. Après on aligne l’ensemble des subs en fonction d’une position choisie. Bien entendu, ce retard n’est pleinement valable qu’à cette position.
Sylvain Turpin : Compromis…(rire général !) comme toujours. La diffusion n’est qu’un jeu de compromis.
Les louanges du E15
SLU : Est-ce que le E15 fonctionne bien avec ce style musical très particulier ?
Sylvain Turpin : Ah totalement !
Bart : C’est ma première tournée en E15 (il réfléchit NDR). C’est même ma première tournée en Adamson tout court. Le E15 est redoutable en termes d’efficacité. Il est riche, avec une belle balance tonale, une bonne dynamique. On peut se poser la question de savoir si ces qualités sont dues au nombre de boîtes dont nous disposons, à la qualité des amplis ou bien au système lui-même ? Il faudra le tester dans d’autres configurations, il n’empêche qu’il a tout.
Pour répondre plus précisément à ta question, si on adapte bien le design au style musical de C2C, je pense que n’importe quel système conviendrait, mais de notre côté nous avons raisonné en termes de E15 et avons conçu notre système de tournée de façon à disposer du rendu que nous voulons avoir, et on l’a.
SLU : L’aigu très fin, et qui porte, du E15 vous satisfait dans votre style musical bien précis ?
Sylvain Turpin : Oui absolument. On ne le travaille quasiment pas, on n’y touche pas. Il est droit et naturel.
Bart : On a apporté très peu de modifications à la balance tonale du E15. On n’intervient qu’au niveau du grave en fonction de la longueur de l’antenne et on corrige quelques excitations de salle. C’est tout. On fait surtout les dernières retouches le soir à salle pleine, on évite de trop dénaturer le système à salle vide.
SLU : Le mix final, vous le transportez comment vers les amplis ?
Sylvain Turpin : On le retrouve en AES au niveau du stage de la Vi avec son spare en analogique et on le rentre dans un LM44…
SLU : (je les interromps NDR) Vous avez besoin d’un LM44 en plus ?
Sylvain Turpin : Il nous sert juste à convertir le flux AES en Dante et après matriçage à distribuer auprès de l’ensemble des PLM.
SLU : Pour un système très récent, le E15 paraît faire l’unanimité, pas de défauts ou d’améliorations que vous voudriez voir implémentées ?
(On entend voler les mouches, sans doute le fruit du rapport signal/bruit de la Vi et des PLM ! NDR) Sylvain Turpin : Tout va bien, le E15 est sur la route depuis très peu, il y aura sans doute des évolutions au niveau des presets et comme pour tout système, il faut attendre le retour de tous les utilisateurs. Je voudrais en revanche signaler la bonne entente et la belle façon avec laquelle l’équipe s’est montée. Bart qui connaissait bien Damien a pris rapidement le bébé au niveau technique pour l’accompagner dans une grosse tournée, quelque chose dont il n’a pas forcément l’habitude. Me concernant, j’ai souvent accueilli Damien et comme il voulait du E15 et qu’on venait d’en rentrer chez Audiolite, notre trio s’est constitué. Les régies viennent de chez Dushow dont Bart est assez proche.
Bart : Ce qui prouve qu’on peut intelligemment mélanger les prestataires dès lors qu’on arrive à fournir exactement ce que souhaite l’équipe artistique.
Damien Bolo (ingé son façade et studio de C2C) : De toute façon, les personnes avec qui ça s’est le mieux passé en accueil sont Sylvain et Bart, concrètement il n’y a pas trop de questions à se poser !
Bart : C’est bien de l’avoir fait et d’avoir pu dépasser les clivages commerciaux habituels pour pouvoir mettre sur la route une tournée avec deux prestataires pour le son.
SLU : Donc deux devis ?
Bart : Deux devis. Clairement. Cela a été une vraie volonté de la production et tout le monde a joué le jeu. Je ne sais pas s’il y a eu des grincements mais en tous cas à notre niveau il n’y en a pas eu. Quelques autres personnes en dehors ont un peu tourné autour de l’affaire mais sans briser l’élan et les bonnes relations entre Audiolite et Dushow, deux sociétés qui travaillent ensemble notamment sur les Vieilles Charrues. Il y a beaucoup de techniciens qui voyagent entre les deux structures.
Patrice Guillerme prêt pour le combat et face à la Vi6 des retours. Bien entendu nantais et travaillant souvent pour Audiolite il a été de l’aventure Pony Pony Run Run aux retours.
Sylvain Turpin : Ce sont des sociétés assez proches et puis je trouve ça enrichissant pour tout le monde. Audiolite revient aussi dans la tournée. Nous avons donc fait le nécessaire pour satisfaire la production et donner à Damien les meilleurs outils pour travailler, et c’est pareil pour les régies. Si tu regardes les racks, ils sont vraiment confort. La tournée jouit d’une cote et d’une notoriété sur laquelle nous allons tous capitaliser. Il est donc normal que nous mettions le paquet.
SLU : Comment allez-vous évoluer en termes d’équipe tout au long de la tournée ?
Bart : L’équipe ”Zénith” est composée de nous cinq : Damien au mix, Sylvain au système, Christophe Rousseau aux retours et Patrice Guillerme pour l’assister. Lors des festivals d’été on ne sera plus que 4, sans Sylvain puisque la diffusion nous sera fournie. Enfin pour l’étranger on ne partira qu’avec les quatre DJ, Damien et moi. On va modifier le setup en conséquence, en l’allégeant et en faisant notamment les retours depuis la face. La Vi4 laissera la place à une Vi2 plus compacte.
L’analyse au Flux et le calage
Une vue de Smaart V7 montrant l’influence de quelques millisecondes sur la réponse en fréquence du système avec en rouge le rendu avant intervention et en vert après retrait de 3 millisecondes sur les subs au sol.
SLU : Pourquoi avoir adopté le Flux comme analyseur ?
Bart : La première raison est que je travaille depuis peu sur mac et que la licence Flux est moins chère !
SLU : Non, c’est trop terre à terre ça (rires !)
Bart : Ben à un moment il faut l’être ! Ensuite Flux offre plus de possibilités, un éventail plus large d’outils que Smaart.
SLU : La finesse d’analyse est pareille ?
Bart : L’analyse…C’est l’interprétation qui compte, pas ton logiciel. On peut arriver au même résultat avec les deux softs sans problème. Disons que le Flux a des outils que le Smaart n’a pas.
SLU : Quelle licence as-tu ?
Bart : Une trois entrées. Je n’ai pour l’instant pas pris la multipoint, j’attends que certains petits bugs se fixent avant d’investir définitivement dans la multi. En attendant je le fais à ma manière en changeant les entrées. Je ne les ai pas en simultané mais je les affiche.
SLU : Qui fait les mesures entre vous deux ?
Bart : On les fait ensemble. Je commence pour gagner du temps pendant qu’il termine des petits trucs sur l’installation, et après on se rejoint et nous faisons la mise en phase ensemble, nous comparons un peu ce que l’on a sur les deux logiciels et globalement à 99% on est d’accord sur ce qu’il faut faire ou les points sur lesquels il faut intervenir. Nous n’avons jamais eu de gros désaccords avec Sylvain. Tous les deux ça marche ! Enfin lui surtout, moi je reste à la console alors que Sylvain durant le show va beaucoup se balader pour écouter les différentes zones. Ça bouge beaucoup avec le public. C’est plus logique ainsi puisqu’ayant pas mal tourné avec cette console, je peux aider Damien en cas de pépin.
SLU : Qu’est-ce qui bouge dans le calage ? Physiquement tout reste à sa place…
Sylvain Turpin : Normalement les temps de retard par exemple entre le système principal et un latéral n’ont pas à changer dans la mesure où ils ne bougent pas, la température est la même pour les deux et le trajet parcouru par le son est le même dans les deux cas.
Bart : Nous recalons les subs au sol dont le temps de propagation est impacté par le public dans la fosse. On profite de la première partie pour regarder un peu ce que ça donne et corriger.
SLU : A l’oreille ou à la mesure ?
Sylvain Turpin : Les deux. Il y a des salles où à la mesure, c’est plus difficile que d’autres.
SLU : Tu ne peux pas envoyer un petit bruit ou quelques sons percussifs pas trop forts avant le début du show ? Sur certaines tournées étrangères ça se fait sans problème.
Bart : Non c’est difficile, on ne le fait pas, et en plus avec le sub il faut plus de niveau et, à cause de la longueur d’onde, un son plus long. Ca demanderait de couper la musique d’ambiance trop longtemps. On préfère regarder la cohérence sur les courbes et jouer avec une ou deux millisecondes pour avoir le meilleur compromis. Dès que musicalement quelque chose s’y prête, on va entendre immédiatement la différence en récupérant notamment de l’impact dans la zone la plus haute du sub.
SLU : A quelle fréquence coupez-vous les T21 ?
Sylvain Turpin : On coupe à 70 Hz et les E15 le sont à 60, ce qui fait un petit recoupement mais qui passe tout seul puisqu’avec le preset cardio on perd un peu d’énergie dans le haut du sub. On a donc un tout petit overlap vers 65 Hz. Le E15 a un grave très punchy qui correspond bien à ce style de musique. Nous ajoutons juste un peu d’énergie dans la dernière octave en dessous. De toute façon, le T21 de par son volume n’est pas un sub qui peut monter. 70, 80 Hz est le grand maximum.
Un traitement de dynamique studio
SLU : Damien, explique-nous pourquoi tu as un tel traitement de la dynamique. Est-ce nécessaire quand on sait que ce que t’envoient les DJ est par essence déjà traité en amont au niveau des échantillons…
Damien Bolo : Les quatre DJ aboutissent dans un groupe stéréo. Même si on maximise leurs sources respectives, il va tout de même falloir asseoir le mix. Bien entendu ils s’entendent tous au même niveau, et donc ils savent où ils en sont les uns par rapport aux autres mais des écarts peuvent quand même exister. Il y a aussi un travail très important à réaliser au niveau de la dynamique entre les bases rythmiques et les soli au scratch car le Serato n’a qu’une paire de sorties et donc il faut arriver à faire cohabiter le tout en fonction de ce que chaque DJ envoie.
SLU : Arrivent-ils sur leurs crossfaders à, par exemple, réguler leur dynamique un peu comme un chanteur écarte la capsule de ses lèvres lors d’un fortissimo ?
Bart : Ça leur arrive mais ça reste difficile à faire et de se rendre compte de sa dynamique avec ce genre de système. Damien Bolo : Ils le font, ils essaient de bouger leur gain et suivre les niveaux mais de notre côté on essaie aussi de bien partir et les laisser s’amuser. Ça reste un live.
SLU : Comment sont faits les échantillons et les rythmiques avec lesquelles ils jouent chaque soir ?
Damien Bolo : C’est du mixage brut, juste passé par un peu de L3 pour que les DJ voient bien la forme d’onde dans l’afficheur du Serato et qu’ils puissent le scratcher à l’aise, mais ce n’est pas raboté du tout, on garde toute la dynamique. Puisque j’ai fait le disque avec eux, je sais ce qu’ils veulent entendre et ce qu’ils veulent que le public entende. Dans les grandes lignes, ce que j’ai fait au studio, je le reproduis en salle.
Le mix soigné des 4 DJ
Deux racks de périphériques de la régie façade. De gauche à droite et de haut en bas on trouve un Eclipse Eventide suivi par quasiment la chaîne de traitement complète de Damien. D’abord la compression mono bande avec le compresseur G384 SSL, ensuite le multibande XTA D2 et enfin l’écrêteur MAXX BCL Waves. L’égaliseur Millenia NSEQ-2, dans le rack de droite, est employé en Classe A en étage J-FET (pour les puristes). Ce même rack comporte un second compresseur SSL en charge des deux percussionnistes ainsi que de 6 Distressor pour les micros des guests.
SLU : Tu nous détailles un peu le mix des 4 DJ tel que tu le fais ?
Damien Bolo : Je reçois de leur part quatre ”gauche/droite” dans autant d’entrées stéréo de la table, comme tu le vois sur les afficheurs, Atom, Pfel, 20Syl et Greem. Ça part dans un groupe DJ qui alimente une chaîne de traitement constituée d’un compresseur X-Logic SSL suivi d’un compresseur multibande D2 XTA. Après je fais un petit coup de limiting très léger pour enlever les pics de scratch qui font un peu mal et les caisses claires un peu trop fortes dans le Maxx Waves. En fait dans les bases rythmiques, on a des pieds et des grosses caisses un peu plus fortes, comme dans un vrai mix de studio où on laisse de la matière pour pouvoir raboter au mastering.
SLU : En fonction de la salle…
Damien Bolo : Voiiiiilà. C’est pour ça que la rythmique pousse fort mais je m’en débrouille, je vais où je veux. Si je veux ou je dois écraser, je peux le faire, comme je peux laisser un max de dynamique si j’en ressens le besoin.
SLU : En revanche un seul groupe pour les quatre, ça nécessite que chacun envoie un niveau comparable à son petit camarade sinon ça « crabouille » le tout !
Damien Bolo : Ils le savent. Nous avons travaillé et fait des résidences pour bien aligner le jeu de chacun, et le multibande veille.
Christophe Rousseau (ingé retours) : Ils s’en rendent compte dans leurs oreilles s’ils s’enflamment. On fait chaque soir un travail d’étalonnage. Chacun envoie un 1000 Hz depuis son Serato, ce qui permet de bien les mettre au même niveau, et on revérifie avec une batterie, la même dans les 4 postes afin d’être certains qu’au niveau dynamique ça colle aussi.
SLU : Ils ont un click ?
Christophe Rousseau : Non, rien du tout, c’est tout au visuel.
SLU : Quand ils sont passés à Taratata et qu’ils ont fait une impro à la demande de Nagui, ils ont mis une petite seconde à retrouver leurs repères…
Damien Bolo : C’est ça, comme un groupe ! Le click, si on peut l’appeler comme ça, c’est la base rythmique sur laquelle la chanson est ensuite construite.
SLU : Mais ce playback est joué par un des quatre DJ ?
Damien Bolo : Oui absolument, et c’est toujours le même. Oui, enfin, aujourd’hui, car avant ça changeait. Quand le PB tourne, les quatre DJ scratchent par-dessus. Leur ordinateur leur permet de sortir dans la mixette à la fois le scratch et une boucle. Un des DJ est donc en charge de lancer le PB pour les 4 autres. Ce sont eux qui ont décidé de fonctionner ainsi.
SLU : Pour toi ça ne te change rien… Mais si au contraire, si tu perds une des mixettes, LA mixette, tu n’as plus grand-chose.
Damien Bolo : Ahh c’est certain que si je perds deux lignes, la 5 et la 6…il n’y a plus rien, enfin, il n’y aura plus que des scratchs ! (rires !) Mais ils ont tous les 4 les playbacks dans leurs ordinateurs au cas où. De plus, chaque DJ a les banques de son des autres et il y a un ordinateur plein et prêt à prendre le relai en cas de plantage.
SLU : Pour en revenir à ta chaîne de traitement dynamique et de mastering, t’es pas plug ? Yves Jaget adore l’Elixir de chez Flux…
Damien Bolo : Tu sais, je travaille toute la semaine dans mon studio donc je connais par cœur ces machines…Les plugs c’est bien, je les utilise beaucoup dans mon ProTools HD, mais entre un vrai SSL 384 d’origine et un plug, ce n’est vraiment pas la même chose. Même si en DSP ça fonctionne, ça compresse, les attack et release agissent parfaitement bien, c’est neutre, et froid. On ne retrouve pas le punch du vrai effet. Le fait d’utiliser les vrais traitements va éviter de donner au son du concert un côté ”club” un peu gras aux platines comme ils avaient au début. On tourne avec des fichiers en 48/24, et ça serait dommage de trop remettre de numérique par-dessus.
SLU : Tu reçois de l’analogique dans la Vi, ils ont donc un convertisseur sur place. Il sonne ?
Damien Bolo : Ça va. Tu sais, multiplier les conversions ce n’est jamais bon, je suis d’accord, mais en même temps sur un disque tu n’imagines pas le nombre de conversions que subit le son. Entre les musiciens chez eux, le chanteur ailleurs, les effets insérés partout en studio de mix et en masterisation, c’est énorme. Rien que sur Electro Deluxe (Damien est ingé studio et façade de ce groupe dont les 3 cuivres accompagnent C2C en tournée. NDR) il y a un mélange de plein de trucs et tout n’est pas parfait ! Ce qu’il faut, c’est préserver le punch et le plug ne te le donne jamais. Il manque cet impact qui fait la musique.
SLU : Et tu retrouves cet impact aussi en live ?
Damien Bolo : Bien sûr ! En studio je mélange autre chose en termes d’appareils mais ce que j’ai là c’est déjà vachement bien. Le groupe a beaucoup de grave et d’extrême grave qui n’est pas très défini, le SSL m’apporte une clarté dans le bas médium qui est juste magique. Tu ne la retrouves nulle part ailleurs.
SLU : Gardes-tu un peu de dynamique ou bien fais-tu vraiment du CD en salle ?
Damien Bolo : Ahh nooon, j’en garde bien sûr, c’est pour ça que ça sonne bien et puis les sources au départ en ont à revendre, je suis loin de tout gommer. J’ai travaillé trois ans avec Beat Torrent, je sais donc quoi mettre dans les samples et quoi manger après coup pour avoir un gros son de qualité dans des Line Array. Le truc, ce n’est pas d’y aller à fond dans une seule machine mais bien de bosser finement dans plusieurs.
Satisfaire le groupe… Une nouvelle approche du mastering
SLU : Quel est précisément le cahier des charges du groupe en termes de son. Que t’ont-ils demandé ?
Damien Bolo : Avoir quelque chose de précis tout le temps avec de la dynamique, du punch et une belle compression.
SLU : (rires !) Dynamique et compressé ?
Damien Bolo : Cela vient d’expériences passées sur scène où on leur a fait un son trop limité et qui compressait leurs sources n’importe comment. Il n’y avait plus d’attaque, ça pompait. Ils savent qu’avec moi le son est bien tenu mais sans pompage. En studio quand je bosse avec eux j’ai des sidechains à 150 Hz sur les machines, comme ça je garde le bas sur une bande et tout le reste du spectre est mieux travaillé.
SLU : Peut-on appeler ce que tu fais en studio du mastering ? N’est-ce pas en quelque sorte un mix plus complet et final sur des stems ?
Damien Bolo : Ca dépend de l’artiste avec lequel je bosse. Avec C2C, en fonction de ce qu’ils entendent après mon travail, ils changent leur mix, ils l’affinent. Dans mon studio, je fais les deux opérations. Pour The Procussions, un groupe de hip-hop américain, j’ai géré 160 pistes ProTools, j’ai triggé les batteries, mixé et masterisé. Pour Electro Deluxe, j’ai fait la même chose. La batterie d’Arnaud (Renaville NDR) est dupliquée, j’en crée une deuxième mais avec mes sons et tu ne l’entends pas. Sur l’album Play (d’Electro Deluxe NDR), j’ai refait toute la batterie et la basse avec mes petits trucs à moi.
Le gros avantage par rapport au passé, c’est que je peux retravailler un mix à la volée dès qu’on me dit que de tel TC à tel autre on veut par exemple plus d’une voix ou d’un instrument. Ca ne remet pas en cause le mastering puisque c’est moi qui le fais, et je peux intervenir en amont sans toucher à l’équilibre final. C’est un gain de temps et de flexibilité énorme.
SLU : Tu travailles sur les mêmes écoutes ou tu changes en fonction de ce que tu fais ?
Damien Bolo : J’ai trois écoutes. Les grosses, les moyennes et de toute petites dégueulasses. Je passe mon temps à switcher entre les trois. Une fois que j’ai mon équilibre, notamment les voix sur lesquelles je peux passer une journée entière, j’enclenche le mastering et je rééquilibre un peu les choses. Enfin je fais mes automations de finalité de mix au travers de ma chaîne de mastering qui est en insert et peut être facilement by-passée.
SLU : Mais peut-on encore appeler ça du mastering ? A une époque on faisait un enregistrement quelque part, puis on mixait ailleurs et par la suite d’autres oreilles sur d’autres écoutes réalisaient le mastering…
Damien Bolo : On s’en fout, c’est le résultat qui compte. Aujourd’hui nombre de disques sont faits comme ça. C’est plus
intéressant de pouvoir faire des retouches au mix en écoutant ce qu’il y aura sur le disque.
Avec le mastering à l’ancienne, on se retrouve souvent avec les effets beaucoup plus forts, des réverbes trop larges, moins de grave, trop d’aigu, ou par exemple une charley horrible… Mais c’est trop tard, c’est fait. Le problème réside dans le manque de flexibilité et de contrôle quant au rendu artistique du disque durant cette phase de finalisation. C’est quand même mieux de pouvoir retoucher cette fameuse charley au travers de la chaîne de traitement pour vraiment savoir comment elle sonnera sur le disque non ?
SLU : Mais tu pousses le bouchon encore plus loin. Tu fais le mix, le mastering et après tu mixes en live et refais une sorte de masterisation aussi pour les salles…
Damien Bolo : Eh oui (rires) c’est la nouvelle génération ! On met la pression nous ! Il y a beaucoup de producteurs qui font la même chose maintenant car ils réclament que la musique des artistes soit respectée. Bien sûr je suis d’accord avec toi, il manque une autre oreille pour apporter un regard neuf sur les titres, mais si ce regard passe à côté et n’apporte rien de bon à part un tassement de la dynamique et quelques égalisations ça et là, à quoi bon !
Il y a des gars qui font du mastering sans être musiciens. Moi je suis guitariste et je fais du live. J’écoute avant toute chose, j’essaye de comprendre la musique et d’aller dans le sens du titre. J’ai aussi une approche moderne par rapport aux styles actuels. Si tu mixes de l’électro ou du hip-hop et ne travailles pas bien ton grave, tu passes à côté de la musique et de ce que veulent entendre les artistes et leur public.
SLU : Revenons au show, tu as bien plus que nos quatre DJ sur scène !
Damien Bolo : Un peu ! J’ai un patch 48 ce qui pour 4 DJ prouve qu’il y a plus de monde ! En comptant les invités, on a sur toute la tournée 14 artistes : 4 DJ, 2 percus, 3 cuivres, 4 chanteurs et un joueur de kora. Le système a été conçu et calé avec Bart et Sylvain pour avoir le meilleur rendu pour mes quatre DJ, ensuite on ajoute le reste par-dessus comme les percus, en fait deux batteries sans les grosses caisses, qu’on travaille classiquement avec gate, compresseur, panoramique, imager, un peu de réverb et de chorus.
Après ce premier travail, je route mes deux kits vers un second compresseur SSL pour leur donner un son plus electro sur les attaques et que ça ne reste pas trop mou et typé « chanson française ». Je veux que ça devienne plus hargneux. Le SSL est le seul compresseur qui donne cette nervosité au son, et chaude qui plus est !
SLU : A qui servent tous les Distressor ?
Damien Bolo : Aux chanteurs, chacun a le sien, et l’égaliseur que tu vois, le Twin, me sert à donner une dernière petite correction au mix (rires).
SLU : Tu avais oublié de m’en parler avant !
Damien Bolo : Je ne me sers que des cellules aiguës et graves comme sur une chaîne Hi-Fi pour ajouter un peu d’extrêmes et apporter une dernière touche de couleur. Oui, je pourrais demander à Bart de le faire sur le Lake qui sonne très bien, mais ça c’est encore différent. Quand tu mets du grave c’est…chaud. Il y a un truc qui se passe ! C’est vraiment mon petit plaisir.
A l’heure de Big Ben
Un rack à tout faire, surtout du bon son, avec notamment l’horloge maître, une Big Ben Apogee ainsi qu’un Rosetta 800, un excellent convertisseur en charge ici de l’interfaçage du traitement sur le master.
SLU : Je vois une Big Ben, c’est rare…
Damien Bolo : Elle ‘clocke’ tout le monde. Elle est maître de l’ensemble des appareils numériques et du système. Le Rosetta en revanche me sert à insérer dans la Vi notamment ma chaîne de traitement des DJ.
SLU : Tu ne voulais pas te servir des convertisseurs de la Vi ?
Damien Bolo : On s’est dit qu’on pouvait se faire plaisir (rire !) Je connais bien la chaîne Apogee, je travaille avec cette marque au studio et j’ai voulu la retrouver sur scène. J’aime bien le grave et l’aigu que ça donne au son. La Soundcraft est très bien, c’est propre mais à 1, 2 et 4 kHz il y a un truc qui se passe avec l’Apogee, le son est plus lisse mais avec quelque chose qui apporte de la lisibilité.
SLU : En termes d’effet tu fais quoi avec qui ?
Damien Bolo : Je me sers des effets intégrés à la Vi, je fais deux réverbes, un flanger, un chorus, un délai ping-pong et un en simulation de bande ; dans l’Eclipse Eventide j’ai un autre chorus avec une réverbération. En fait j’ai pas mal d’effets un peu partout et je travaille aussi beaucoup avec les panoramiques.
SLU : Tu ne perds pas trop d’énergie en ne balançant des sources importantes que d’un côté ?
Damien Bolo : Tu penses à la Vista et les pan en Surround ? Je travaille comme ça en studio. J’aurais pu mettre une chaîne d’encodage MS pour le mastering des DJ mais à un moment il faut savoir arrêter (rires !). C’est vrai que j’aime bien ne mettre un shelf à 100 Hz que sur les côtés, ce qui permet de tasser un disque un peu partout plutôt que de ne le faire que sur la mono. J’ai plein de petits trucs comme ça, mais il faut savoir s’arrêter !
SLU : L’interphonie paraît aussi très développée…
Christophe Rousseau : C’est indispensable pour plein de raisons. D’abord je suis au sol, et avec le décor je ne vois rien de ce qui se passe sur scène, ensuite on veut tous pouvoir se parler entre nous et avoir aussi les musiciens, enfin les DJ doivent pouvoir communiquer avec le « lighteux » pour lancer certaines séquences.
Damien Bolo : Pour être dans la boucle des ordres, il a lui aussi un pack, des ears et un micro HF. Les lumières sur ce show sont énormes.
Christophe Rousseau : En plus tout est fait à la main rien qu’avec des tops vocaux, aucun code n’arrive à la lumière. Ils sont très forts.
SLU : Vous avez eu des échos sur la façon dont le show est reçu par le public ?
Damien Bolo : Les gens sont impressionnés par la proximité du son. Franchement, c’est ce qui revient le plus, et c’est vrai que quand tu vas te balader, où que tu sois, le son tu l’as là (il plaque la main sur son visage NDR)
SLU : Ce n’est pas propre aux nouveaux systèmes dans leur ensemble ?
Damien Bolo : Je ne le retrouve pas dans le K1. Le son est bon, l’aigu sans doute même un peu meilleur, un poil plus fin, mais je n’ai pas ce bas médium qui te pousse tout le temps. Je trouve le bas mid du E15 autant en avance que l’est l’aigu du K1. Il est dans ta tronche. Le K1 t’emballe par son haut mortel, là tu as juste tout. Et le public l’entend. Un autre point important est l’accroche des subs. D’abord c’était important pour nettoyer la scène et puis ça permet de vraiment mieux distribuer le grave sans que, par exemple à la régie, on n’en manque et qu’on tue les gens dans la fosse pour compenser !
Christophe Rousseau : Pour moi aux retours c’est top, je n’ai presque pas de sensations. Je reçois un peu d’infra mais ça reste très raisonnable, ça ne prend pas la tête. Les T21 en omni, c’est redoutable.
Avec 4 DJ et 14 invités en ears La régie retours est indépendante
SLU : Continuons avec toi Christophe ! Tu récupères les lignes en direct ?
Christophe Rousseau (ingé son retours) : Je suis indépendant. On transite par un patch analogique donc je tourne avec mon horloge. Je suis full, et mes 32 départs sont utilisés. Tous mes guests sont en ears, en stéréo donc avec 14 ears ça fait…
SLU : 28 départs. C’est vrai que quand on imagine 4 DJ on se dit que la façade peut bien les gérer, et en fait…
Christophe Rousseau : Oui ben non, c’est pour ça que je suis là (rires) ! Il y a plein de monde en réalité. Non, ils ne sont pas tous en stéréo, je n’ai pas pu car tout le circuit d’ordres prend pas mal de départs.
SLU : Tu as pas opté pour la consolette séparée ?
Christophe Rousseau : Non, j’ai tout matricé dans la Vi, mais comme j’ai besoin de 4 réseaux séparés vers la façade, les ears, les lights…
SLU : Comme le dit Manue Corbeau, il faudrait 48 sorties à la Vi6 !
Christophe Rousseau : Oui ce serait génial. Là on serait bien car nos départs d’effets en monopolisent aussi un certain nombre.
SLU : Tu ne mets pas en insert ?
Christophe Rousseau : Non, à doser ce n’est pas pratique du tout, je veux vraiment avoir la main dessus. En plus je me sers des ”direct out” pour enregistrer chaque soir le concert en MADI et faire des virtual sound checks. Damien fait pareil à la face et s’en sert pas mal, moi de temps en temps.
SLU : Vous gardez les multi pour les artistes ?
Christophe Rousseau : Non, c’est juste pour nous, pour travailler.
Damien Bolo : Les artistes ont des enregistrements juste pour le plaisir ; on ne leur garantit pas que c’est exploitable. Ce qu’il y a sur les pistes n’est pas sûr à 100%. C’est un métier que d’enregistrer du live !
SLU : Et puis vous n’avez pas de micros dans la salle…
Christophe Rousseau : Si, à la limite je peux utiliser les ambiances des ears mais ça n’a pas la même ampleur.
SLU : En termes de liaisons tu utilises quoi ?
Qui dit deux consoles dit aussi souvent deux stages même si un seul aurait pu suffire. Au-dessus de celui de gauche remarquez les deux mixettes 1U ATI, des 8MX2 dévolues à l’interphonie, en dessous desquelles 4 PSM1000 Shure alimentent 8 retours HF.La cantine HF servant à la préparation et à la gestion des ears et des micros avec à gauche les émetteurs Sennheiser, un reste de partenariat, et à droite les Shure, le choix de tournée.
Christophe Rousseau : Pour les ears j’ai les derniers Shure, les PSM 1000, qui marchent très bien et des UR4D pour les micros, plus quelques Sennheiser 2050 pour les DJ.
SLU : Il y a un reste de partenariat non ?
Christophe Rousseau : Oui c’est ça, et ainsi lorsqu’ils veulent prendre le micro, ils peuvent. Pour le hip-hop je préfère malgré tout les Shure, ça convient mieux et le grain est meilleur pour ce type de musique.
Damien Bolo : Nous sommes partis rapidement, le choix des micros a été fait aussi en fonction de critères simples. Le Beta 58 est le micro habituel dans le hip-hop, soul, rap donc on ne s’est pas posé des tonnes de questions !
SLU : Quelle marque de ears utilises-tu sur scène ?
Christophe Rousseau : Du Variphone. En fonction de leurs moyens, les artistes ont soit des universels soit des moulés. Les DJ ont des 5 voies Variphone.
SLU : Tu adaptes tes départs en fonction des ears de chacun ?
Christophe Rousseau : Oh non, c’est la même chose pour tout le monde, en plus j’écoute avec des Earsonics alors (rires) ! J’ai vérifié avec les universels, à peu de choses près ça tient. On a quand même travaillé les départs des DJ pour leur donner précisément le son qu’ils veulent.
SLU : Tu leur donne quoi à Atom, Pfel, 20 Syl et Greem. Tu ne disposes pas de la bombe atomique de Damien…
Une image du WWB6, le Wireless WorkBench de Shure, l’outil à tout faire du constructeur américain ici en mode scan.De gauche à droite, le patch, 5 racks de récepteurs Shure, deux de liaisons Sennheiser et dans le rack de droite, les 3 émetteurs Shure en charge des oreilles des DJ accompagnés par les habituels 9739, les Vitalizer Mk2-T, le T étant pour tube.
Christophe Rousseau : Ils ont leurs sons bruts. Je ne dispose pas d’un traitement spécifique, je n’ai que les effets intégrés à la table. Ils veulent que dans la salle on ait le disque mais dans leurs oreilles un son super clair, super neutre et super précis. J’avais pris des Vitalizer, et je ne m’en sers même plus car ils n’ont pas aimé.
SLU : Quoi précisément ?
Christophe Rousseau : La spatialisation. Oui, j’aurais pu la mettre à zéro mais même le grave chauffé ne leur plait pas.
SLU : Ce n’est pourtant pas parfait une transmission HF, ça aide bien les Vitalizer…
Christophe Rousseau : Ils sonnent très bien les Shure, vraiment. Je ne garde que le trajet du signal au travers du tube. Ca ils l’ont senti et ils aiment bien, et quelques corrections minimes. En fait en élargissant ils ne reconnaissaient plus leur mix.
Damien Bolo : Il faudrait un encodeur MS…
Christophe Rousseau : En cherchant bien je donne à 20Syl un son le concernant légèrement boosté dans certaines fréquences et droit pour les 3 autres DJ.
Damien Bolo : L’avantage de leur donner quelque chose de très proche est de leur permettre de réfléchir et d’avoir un avis en ayant entendu la même chose. Si tu travailles trop les sons, ils risquent de dire « untel est trop fort » et comme untel justement est compressé, il dira que non. Ça peut vite devenir compliqué. Là au moins ils ont tous le même niveau et le même rendu, ça facilite notre travail et le leur aussi, déjà qu’ils ont des casques différents.
SLU : Leurs ears suffisent dans le grave, ils n’ont pas demandé à avoir des petits subs pour compléter le bas ?
Christophe Rousseau : Surtout pas ! Ils ont un grave suffisant par la salle. Il est même légèrement masquant. Il floute un peu l’écoute ce qui est normal et pas plus dérangeant que ça.
SLU : Comment se fait-il qu’avec tant de ears tu aies gardé des side ?
Christophe Rousseau : Les deux MSL4 et le 650HP au sol servent à apporter un peu de pression et de son sur scène, et comme parfois les artistes enlèvent une oreille, c’est plus confortable. C’est pratique aussi pour les guests qui aiment bien les sides.
SLU : Scratcher avec des vinyles de code ça évite l’accrochage mais il n’y a pas d’autres soucis ?
Christophe Rousseau : Trop de sub ou de niveau dans les platines, ça fait trembler la cellule, et du coup le son tremble aussi. On n’a pas de rumble, mais une voix par exemple ne démarre pas franchement.
La recette anti rumble
SLU : Quelle est votre recette anti rumble pour cette tournée ?
Damien Bolo : La même que celle employée pour les Birdy Nam Nam. Comme on a le même problème à régler qu’eux, on a échangé un peu et adopté leur recette.
Christophe Rousseau : On commence par un tapis en gomme de machine à laver, pour le découplage en appartement, une éponge, le coffre des platines, puis sous les platines on a 2 éponges par pied plus la caisse molle du fly. Ajoute à ça les subs en montage cardio, et on est bien. Dans un tout autre registre, nous avons des amplis Fischer Amps en spare dans chaque podium mobile afin d’alimenter le casque des DJ en cas de pain sur les HF. Ces amplis casque reçoivent la sortie analogique directe des émetteurs Shure.
SLU : Ils peuvent donc basculer très facilement…
Christophe Rousseau : Oui mais ça peut être vite dérangeant car, durant le show, ils intervertissent très souvent leurs postes, et dans ce cas avoir le fil à la patte… Disons que c’est le spare du spare car nous disposons de packs d’avance.
SLU : Le choix de la Vi6 ?
Christophe Rousseau : Classique. Je la connais parfaitement et vu le temps de préparation je n’ai pas hésité. Il faut aller à l’essentiel, en plus c’est une super console.
SLU : Ça ne te frustre pas d’être un peu à l’étroit question sorties ? Une table qui a fait son temps comme la PM1D en dispose de 48…
Christophe Rousseau : Je ne sais pas, je n’ai jamais eu de PM1D. A un moment on s’est posé la question justement à cause du nombre de sorties, mais je ne la connaissais pas assez et je voulais aller à l’essentiel. On a aussi pensé à prendre une Midas.
Damien Bolo : Ce ne sont pas les consoles qui manquent chez Dushow, et comme on a répété chez eux dans leur grand plateau…
SLU : Elle est bien leur salle pour travailler ?
Damien Bolo : Ahh oui ! C’est super !
SLU : Tiens, j’écouterais bien un autre compresseur (rires !)
Damien Bolo : C’est exactement ça oui, et tu ne peux pas le faire partout.
Christophe Rousseau : Quand il a fallu choisir l’égaliseur, nous sommes allés dans le stock… Raconte Damien !
Damien Bolo : On a pris l’Avalon et le Millenia et on a essayé. On a testé aussi pas mal de choses sur le gauche-droite, et à part chez Dushow, je ne vois pas où tu peux faire pareil.
L’écoute
Une fois n’est pas coutume, j’ai du mal à me concentrer sur l’audio et à faire abstraction du show tant l’ensemble remporte l’adhésion. Le son est gros, massif et précis à la fois, le fruit d’un système remarquable et largement dimensionné, d’un apport en infra justement dosé et d’un calage très réussi. Quand le bas doit durer il dure, tout en gardant son mordant et son impact, en clair le beurre et l’argent du beurre.
Aucune agressivité n’est à signaler. Même dans les scratchs les plus techniques et situés dans le haut médium, on sent bien qu’un gant de fer est caché dans la main de velours. Peut-être quelques voix des guests mériteraient-elles d’être un peu mieux tenues.
Malgré le nombre de traitements à la queue-leu-leu, la dynamique reste présente et la montée naturelle de la densité ne rend à aucun moment le son brouillon ou, pire encore, FM. Cela est à porter à l’actif de Damien Bolo qui sait mixer du live, son travail sur Electro Deluxe est tout aussi remarquable, sans oublier la qualité des sons utilisés par les 4 DJ, des stems sur lesquels il a lui-même œuvré, et qui disposent d’une dynamique et d’un spectre suffisants pour exciter le système et donner de la matière au traitement final.
J’ai tant de fois entendu des DJ brillants s’escrimer avec des samples plats comme une pêche tombée d’un arbre que c’est un bonheur d’avoir enfin du gros son sortant d’un Serato. Même si ce n’est pas la première fois qu’un ingé son mixe à la fois album et tournée, c’est sans doute la première qu’il mixe et masterise les deux en tirant à la fois parti de son expérience studio et de la réserve en contour et en dynamique des systèmes modernes bien réglés.
Le résultat va comme un gant au groupe et lui permet de transformer l’essai de l’album Tetra en le portant sur scène avec un rendu et une richesse qui va largement au-delà du CD.
La communion avec le public est telle que cela génère des pics d’applaudissements de 109 dBA que Damien, Bart et Sylvain laissent heureusement ”filer” sans chercher à lutter, alors qu’ils en auraient largement les moyens. Merci à eux.
Le charme opérant encore alors que je rédige cet article près d’un mois après avoir été accueilli sur la tournée, je ne peux que féliciter l’ensemble du personnel et vous conseiller d’aller faire un saut lors d’une date à venir. Faites vite, il n’en reste plus beaucoup. Coup 2 Crosse dans la tête garanti, mais Dieu que c’est bon quand la scène française nous fait de telles surprises !
Une mise à jour importante pour la MA2 était présentée au Prolight & Sound. Il y a plus de quarante nouveautés dont pas moins de 9 nouvelles fonctions et améliorations majeures dans cette première release 2.8 (2.8.2.6).
Désormais toute console GrandMA2, ou station GrandMA2 OnPC en version 2.8.0 ou supérieure, pourra mettre à jour d’autres consoles GrandMA2, NPUs, MA 3D,MA VPUs Nodes MA 4, et GrandMA2 OnPCs utilisant, au minimum, la version 2.8.0.
Une importante refonte des paramètres et fonctions RGB de la console offre, entre autres, une grande amélioration de la gestion des projecteurs Led, la possibilité de travailler en même temps avec des trichromies additives et soustractives et de choisir à tout moment si l’on veut travailler en RGB ou CMY.
Un nouvel outil, Le Stage Marker, est une des innovations majeures de cette version 2.8. Il permet de créer un repère sur la scène et d’orienter dessus tous les projecteurs motorisés. On peut ainsi rapidement définir tous les points importants d’une scène, comme les musiciens, le pupitre, le talk et focusser encore plus rapidement l’intégralité du kit dessus. Les presets créées à partir d’un ou plusieurs Stage Marker sont automatiquement mises à jours si l’un d’eux est déplacé.
La MA2 dispose désormais d’une fonction Sound In permettant, via un Special Master, le contrôle de cues et chasers.
Une fonction test a été ajoutée. Lors du patch, l’encodeur 4 peut désormais être utilisé pour varier le niveau d’une voie DMX.
De nombreuses autres améliorations sont à découvrir dans cette nouvelle version dès maintenant, en téléchargeant la mise à jour console ou le nouveau MA2 OnPC sur le site de MA Lighting.
ADB lance la première surface de contrôle USB orientée théâtre et permettant un contrôle simple des projecteurs motorisés. En effet, ces derniers sont de plus en plus présents sur les scènes de théâtre, dance et opéra sans qu’aucun fabricant de console n’ait pensé aux tournées et aux compagnies ne pouvant se permettre d’investir dans un gros pupitre de théâtre capable de gérer à la fois les projecteurs traditionnels et motorisés.
L’Imago connecté au logiciel Hathor, va permettre de simplifier la vie des opérateurs sur la route et ouvrir de nouveaux horizons aux ”petites” compagnies, tout en gardant la possibilité de l’utiliser comme extension des consoles Freedom et Liberty voire même du Hathor Rack PC Unit.
L’Imago est équipé de 2 sorties DMX sur XLR-5 mais, suivant la version de dongle choisie, l’Hathor est capable de gérer jusqu’a jusqu’à 32 univers en utilisant les protocoles Artnet, sACN, ART-RDM Sandnet, Pathport et Shownet.
Grâce au DMX in, il est aussi facile d’ajouter 12, 24 ou 48 faders aux 6 de l’Imago en utilisant n’importe quelle autre console DMX déjà présente dans les salles.
ADB présentait aussi un module d’extension permettant d’augmenter la capacité de restitution des pupitres Freedom et Liberty et du HATHOR Rack PC Unit. Il est équipé de 24 registres et 6 boutons programmables, auxquels il est possible d’assigner n’importe quelle fonction du Logiciel Hathor.
Un de mes coups de cœur du Prolight & Sound, MiniMe, est une mini lyre vidéo à source Led, simplissime à utiliser pour projeter des images ou des vidéos dans tous les recoins : une véritable innovation technologique .
Robin MiniMe est un minuscule vidéo projecteur qui utilise une source Led RGB en lieu et place d’une lampe (les détails de la technologie utilisée sont encore secrets) ce qui permet de transformer une base de LedBeam 100 (vous savez, la petite Beam à Led véloce comme un feu follet) en lyre vidéo d’appoint. Autre avantage, la source Led de 300 ANSI lumens (qui ne consomme que 90 W) permet d’obtenir une qualité d’image en couleur et en contraste comparable à celle d’un projecteur à lampe de 2500 ANSI lumen.
Le concept de ”Digital Gobo” assure une utilisation aussi simple qu’avec un spot basique. L’utilisateur choisit une des animations internes comme s’il choisissait son gobo (animation qui peut être une image, un dessin de gobo, une vidéo MP4) et lui applique des effets digitaux de couleurs, de vitesse ou graphiques comme avec une lyre standard.
Un petit tour par l’USB de la machine et vous pouvez charger vos propres médias ou utiliser l’entrée live HDMI, la synchronisation de plusieurs MiniMe s’effectuant grâce au réseau ArtNet.
Des paramètres de couleurs ou de trapèze servent à affiner votre projection, tandis que les mouvements en pan et tilt s’avèrent aussi rapides que réactifs. A noter aussi que le shutter passe réellement le faisceau au noir en agissant directement sur les leds.
Certes, l’angle du faisceau, aux alentours de 16°, ne permet pas de déployer de grandes images, mais la matrice WXGA (1280 x 800 pixels) et le piqué obtenu permettent de projeter des animations de 1 à 3 mètres sans problème dans un environnement relativement lumineux.
Cette machine rigolote pèse à peine 6 kg pour un gabarit qui doit tenir dans un casque de moto, se contrôle avec à peine 22 canaux DMX, de quoi lui ouvrir les portes de quantité de discothèques, bars ou vitrines à la recherche d’animations high tech. Certains éclairagistes curieux lui trouveront certainement une place, que ce soit au Théâtre (pour son silence) ou en concert (pour l’insérer dans tous les coins) car j’y vois un vrai potentiel créatif.
Caractéristiques
Digital gobos et effets, projection de gobos, images et vidéo et ajout d’effets de type kaléidoscope, fish eye, iris, zoom, tourbillon, pixellisation et autres.
Couleurs virtuelles et effets de colorimétrie de type transitions et fondus, arc-en-ciel, couleurs multiples…
Trapèze horizontal et vertical
Entrée vidéo HDMI
Résolution : WXGA (1280×800)
Connecteurs : DMX in&out, 2 ports USB, RJ45 pour l’Artnet
Ina EXPERT devient le centre de formation partenaire officiel de Yamaha pour le système de post-production Nuage, suite à un accord avec Yamaha Music Europe.
Ina EXPERT assurera l’accompagnement et la formation des professionnels de l’audio sur ce système. Des formations sur-mesure sont d’ores et déjà réalisables pour les entreprises sur Nuage et le logiciel Nuendo 6. Les stages qui seront proposés au catalogue 2013 seront dévoilés lors du Forum audio pro Yamaha-Ina EXPERT qui de déroulera dans les locaux de l’Ina le 23/05 de 14 h à 21h30.
Le Forum sera articulé autour de conférences et d’ateliers, animés en commun par les formateurs d’Ina Expert et les experts produits de Yamaha, pour permettre aux professionnels de l’audio, prestataires, intégrateurs, exploitants, consultants, d’en savoir plus sur :
– La production et la post-production avec le système Nuage et le logiciel Nuendo 6 — – L’acoustique active et le système AFC3 (présenté pour la première fois en France) – Les réseaux audio, le protocole Dante et le mixage numérique en sonorisation de concert ou de conférence.
Pour s’inscrire au Forum audio pro Yamaha-Ina EXPERT, se rendre sur le site :
Ce câble court pour guitare et instrument autorise une liaison sûre avec les pédales d’effets sur sol ou avec les autres unités de patch. Son conducteur central est entouré d’un double blindage et d’une gaine extérieure extrêmement robuste, une structure similaire à celle du câble renommé SPIRIT XXL.
Le SPIRIT XS est équipé du connecteur jack coudé d’Hicon (aussi nommé « Pancake ») doté d’une pointe de broche plaquée or et présentant un encombrement minimum. Les composants du connecteur sont intégrés dans une coque renforcée avec isolation interne anti-humidité : une protection adéquate contre les court – circuits dans les lieux de répétition humides (la liaison est à haute impédance).
Le SPIRIT XS est disponible dans les longueurs suivantes: 0,2 m, 0,3 m mais aussi en 3 m, 6 m et 9 m.
Martin présentait en avant-première le UNI-T, un produit malin qui regroupe, au sein d’un même système, les logiciels développés par la marque danoise.
Ce rack sera équipé de cartes mère et vidéo professionnelles, afin de conserver les mêmes composants le plus longtemps possible, ce qui permettra de limiter le nombre de drivers et apportera une plus grande stabilité au système. La version de base sera livrée avec 2 processeurs 6 cœurs et de nombreuses options devraient permettre d’adapter la machine aux besoins et au portefeuille.
Au niveau logiciels, le UNI-T regroupera le visualiseur Martin Show Designer, le média serveur Maxmedia, la console M-PC et un node ArtNet de 128 univers. Ce système pourra donc servir de backup à toutes les consoles de la série M ainsi qu’à augmenter leur capacité.
Un produit intéressant et intelligent, qui devrait voir le jour en septembre à un prix de base accessible au non professionnel.
Spécialisé entre autre dans la fourniture de rack 19 pouce pour des applications audio et vidéo , le britannique Pro Audio Stach invente le clip écrou fileté, une alternative oh combien ingénieuse à l’écrou cage traditionnel.
Il est disponible en noir et argent ainsi qu’en trois tailles de filetage : M5, M6 et 10 x 32 mm
Après plusieurs années de bons et loyaux services, la console lumière Licon 1X va céder sa place à la 2X en fin d’année, armée d’un nouveau hardware plein de promesses.
Avec 2048 canaux dispatchables sur 8 sorties DMX physiques, les capacités par rapport à la 1X sont doublées et le nombre de sorties quadruplé. Elle sera aussi dotée d’un panneau motorisé permettant d’orienter sur 90° deux écrans multi-touch 12,1”.
Equipée de 24 faders motorisés, 208 boutons complètement configurables, 4 faders manuels et 5 boutons auxiliaires permettant un accès direct aux canaux DMX, la Licon 2X s’oriente clairement vers le ”Live”.
Au niveau software, les utilisateurs de la 1X ne devraient pas être perdus car la philosophie de la 2X restera proche du modèle précédent. Le logiciel sera pourvu d’une matrice, d’une time line et d’une synchronisation via le Midi, le SMPTE et l’entrée audio.
Coté hardware tout a été prévu ; en plus des 8 sorties DMX il y aura 2 sorties vidéo externes, 4 ports Ethernet, 4 ports USB et le WLAN !
Avec le meilleur niveau d’équipement pour une console de cette catégorie, il est clair que JB Lighting a de grandes ambitions, et il faudra attendre la fin de l’année pour savoir si la partie software est à la hauteur du hardware.
La ChamSys MagicQ MQ60 est prête. Chris Kennedy, responsable du développement de la partie software, présentait les dernières évolutions de cette console lumière qui a déjà reçu un très bon accueil lors de sa présentation au Plasa 2012.
Pour un poids de 6,5 kg, équipée d’un switch Ethernet et d’un onduleur, elle est parfaite pour les opérateurs appelés à se déplacer partout dans le monde quand ils ne veulent pas changer de pupitre pour chaque show.
La MQ60 utilise le même soft que la MQ100 Pro, le même nombre de faders et la même résolution d’écran ; les sauvegardes sont donc 100% compatibles. Malgré sa petite taille, elle est capable de générer 12 univers via les protocoles Art-Net I, II et III, Pathport ou Streaming ACN et dispose de 4 sorties DMX 512 sur XLR 5, ce qui est largement suffisant pour une majorité de spectacles. Tout comme sa grande sœur, la MQ60 a un pixel mapper et jusqu’à 50 média serveurs.
La MagicQ Pro passe en version 2014. Avec un nouveau hardware, l’opérateur se retrouve à la tête de 64 univers et dispose aussi de deux supports de bras magiques pour écrans externes.
Chris Kennedy nous a enfin dévoilé que le moteur graphique ayant été changé, l’interface austère de la ChamSys est en cours de refonte. Le Visualiseur, récemment développé, sera aussi une évolution majeure pour 2013.
Disponibilité : début Mai – Prix : environ 6700 € HT
Cette année à Prolight & Sound, le stand Powersoft s’est transformé en cité de l’innovation : outre de nouveaux modules d’amplification Digimod avec alimentation à PFC (correcteur de facteur de puissance), les DigiMod 2004 et 3004PFC2, le constructeur transalpin présentait un nouveau concept de transducteur d’infra-graves (impressionnant), M-Force 01, et une borne communicante interactive alimentée par panneaux solaires, DEVA, car Powersoft s’affiche comme une société respectueuse de l’environnement, avec son label « green audio power ».
Le transducteur infra-grave M-Force de face
A cela, il faut ajouter le partenariat dévoilé lors du salon avec AMFG*, la société allemande qui développe et diffuse EASE (et toutes les déclinaisons logicielles associées), pour intégrer sur la plateforme DSP-4 et les amplis de touring de la série K du fabricant transalpin, les algorithmes FIRmaker de la société allemande.
Commençons par la grosse attraction du stand, le concept M-Force, avec le prototype M-Force 01 (non, pas Air Force One). Il s’agit d’un ”haut-parleur” à cône d’environ 70 cm de diamètre dont la ”membrane” et la ”suspension” sont réalisées d’un seul bloc dans un matériau composite chargé, moulé. Nous mettons des guillemets parce qu’on se demande si l’on peut encore parler de membrane et de suspension. De nombreuses corrugations permettent d’obtenir une très grande rigidité pour un travail en piston quasi parfait et sans traînage , grâce au moteur adjoint. Evidemment, avec une telle masse mobile et une très faible élasticité, la force développée par le moteur doit être énorme et parfaitement maîtrisée.
Le moteur, et le châssis du M-Force 01. Le président Lastrucci est fier de cette innovation.
Le cône est mû par un actuator push-pull asservi à aimants mobiles et non à bobine mobile, avec une transmission par un arbre métallique guidé par une pièce métallique tubulaire ”sans” frottement.
Les bobines du moteur, sans être supraconductrices, présentent une résistance presque nulle et acceptent un courant crête de l’ordre de 150 A délivré par un module d’amplification classe D, spécialement développé, qui est contrôlé par DSP à très faible latence (10 μs, infime par rapport aux périodes des signaux en jeu) avec un asservissement DPC (contrôle de pression différentielle).
Tiens, un « spider » rigide.
Résultat : pas de compression thermique, pas de distorsion (ou très peu), une excellente réponse impulsionnelle (pas de sur-oscillations par rapport au point de consigne), et une élongation linéaire de +/- 30 mm malgré la rigidité ; bref des volumes d’air déplacés colossaux, comme les gradients de pression provoqués, de quoi faire bouger les bas de pantalons même très serrés (et le reste).
La borne interactive « green » DEVA : elle ne fume pas mais elle cause!
DEVA est une borne autonome qui se présente comme une enceinte moulée de forme ovoïde, résistant aux contraintes d’environnement extérieur (IP65). Mais outre le diffuseur acoustique 8’’ large bande (et son ampli classe D), elle incorpore un détecteur de présence IR passif, une mémoire de médias sur SD card de 4Go, un microphone, une caméra, une source de lumière à LED (forte puissance) graduée et est alimentée par panneaux solaires (silicium polycristallin) avec une batterie tampon interne de 12 V/12 Ah. Elle peut être rechargée par un module externe 18 V/15 W, voire par PoE via son port de communication Ethernet.
La communication peut s’établir outre Ethernet (100) par Wifi ou bluetooth, USB, ou encore grâce à module GSM / GPRS. Elle incorpore par ailleurs un module GPS pour la localisation et un serveur Web pour les communications en Wi-Fi avec les intervenants. Cet ensemble est dédié aux parcs d’attractions, aux expositions même temporaires en extérieur, aux terminaux de transport, golfs, grandes propriétés privées ou parking d’usine, etc. Ses applications sont multiples.
Les nouveaux modules d’amplification DigiMod sont des amplis de 2 x 1 kW /4 ohms (2 kW/8 ohms en pont, 2004PFC2) ou 4 x 1,5 kW/4 ohms, 3004PFC2, de haute efficacité, entièrement protégés et pouvant accueillir les plateformes DSP du constructeur. L’alimentation à découpage est précédée d’un étage PFC permettant un cosφ de 0,9 à pleine puissance avec une efficacité globale de 75 %. Le 3004PFC. Avec la plateforme DSP, le 3004PFC2 est particulièrement adapté aux systèmes trois voies de forte puissance en embarqué.
* AFMG: Ahnert Feistel Media Group. Pour découvrir la technologie FIRmaker déjà adoptée par Powersoft et Lab.gruppen, consulter le site : afmg.eu
Un bon vieux gros tube de l’été 75 parle d’un an, un siècle, une éternité. Il n’a pas tort Joe, il paraît bien loin ce 24 avril 2012 où nous avons enfin pu nous mettre à l’unisson avec notre époque et démarrer l’aventure de Soundlightup, le premier Pure Player dédié aux professionnels du son, de l’éclairage et de l’image.
Finie la pagination peau de chagrin, le bouclage castrateur et les images timbre-poste, finis les graphiques illisibles, le marathon pour trouver une revue en kiosque et la chute irrémédiable du papier, place à la puissance et à l’universalité du Web. Place au futur de la presse.
Au fait, combien de jours il y a-t-il dans une année ?? A SLU on en compte 365, 365 occasions de mettre en ligne les informations, les images, les graphiques, les films, les portraits et les interviews, les analyses et les bancs d’essais, toute l’actualité de notre profession délivrée le jour même et avec autant de pages que nécessaire, consultable 24h sur 24 où que vous soyez. Avec Soundlightup tout est accessible, de la dernière news au tout premier article posté il y a exactement un an. Gratuitement.
Cette première année d’existence a été riche en rencontres où nous avons maintes et maintes fois expliqué qui nous sommes, ce que nous offrons et quels sont nos avantages, mais nous vous avons aussi et surtout écoutés pour construire la meilleure revue qui soit, la vôtre. Soundlightup ne serait rien sans vous les professionnels, les exploitants, les fabricants et les inventeurs, qui nous alimentez chaque jour par vos chantiers et vos produits toujours plus créatifs, vous dont les anecdotes et les histoires personnelles témoignent de la richesse de nos métiers et de ceux qui les exercent.
Après cette première année de fondation, le moment est venu d’aller plus loin, de vous servir encore mieux et gagner définitivement votre confiance. Nous allons pour cela progressivement augmenter le nombre de reportages, de portraits, de news, d’articles de fond, nous allons vous offrir une base de données encore plus riche et flexible, des bancs d’essais encore plus nombreux, des petites annonces, de nouveaux visages à votre Trombinoscope, plus de films et de sons à nos reportages et à nos bancs d’essais et enfin nous allons ajouter du contenu à la version anglophone de SLU pour nos lecteurs étrangers qui nous suivent, au dernier comptage, depuis 153 pays!!
On aurait tant d’autres choses à vous dire entre les bulles de joie que la Champagne et ses divins flacons sait si bien produire et les mercis que vous méritez dans toutes les langues pour avoir fait de SLU votre compagnon de route et votre nouvel outil de communication; seulement voilà, on a plein d’articles à poster et les journées sont bien trop courtes alors, fêtons vite ce canard online fait de plumes trempées à l’encre de la passion et place à l’actualité, vous n’allez pas être déçus !!!
Gaggione, opticien, plasturgiste français, spécialisé dans la réalisation d’optiques de qualité associées aux Led, se positionne au monde parmi les trois meilleurs pour ne pas dire le meilleur grâce à une expérience de plus d’un demi-siècle dans la plasturgie, et aux moyens qu’il s’est donné en hommes et en outils de R&D.
Il équipe historiquement Ayrton, grâce auquel nous avons obtenu l’autorisation exceptionnelle de rencontrer les ingénieurs et de visiter l’usine. Et l’on mesure à quel point les facteurs dégradant la dispersion mais aussi le flux et le mélange de couleurs sont légion tout au long du process de conception et de production d’un collimateur.
Direction la Plastic Vallée dans l’Ain en compagnie d’Yvan Peard, dirigeant d’Ayrton, où nous sommes accueillis par David Veryser, directeur commercial de la division optique de Gaggione.
Objectif, découvrir l’entreprise qui reste souvent, pour ne pas dire systématiquement, dans l’ombre de ses clients, comme un secret jalousement gardé, à l’exception d’Ayrton avec qui Gaggione a noué sur la durée, un partenariat fiable basé sur la confiance. Et puis visiter l’usine, et photographier sous haute surveillance car les secrets de fabrication, en plus de 60 ans d’expérience dans la plasturgie, ne se partagent pas. Un peu d’histoire pour commencer.
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L’histoire de Gaggione
Nous sommes dans le massif du Jura, entre Lyon et Genève, dans la fameuse vallée d’Oyonnax, berceau de la plasturgie en France, qui a connu son apogée en injectant du plastique pour le marché automobile. Et puis les pays « low-cost » ont proposé ce service à moindre coût. On dit qu’il y avait dans cette vallée plus de Ferrari que partout ailleurs en France !
Pierre Gaggione était mouliste. Né en Italie, quand il arrive en France après la 2e guerre mondiale, il créé, au fond d’un garage, une société de fabrication de moules. A cette époque, dans la plasturgie, il y a deux métiers : ceux qui conçoivent les moules et ceux qui les utilisent pour y injecter du plastique afin de créer des objets de toutes sortes. Au fil des années, Gaggione devient une société spécialisée dans l’injection de plastique transparent de forte épaisseur, pour répondre à une forte demande du marché de la cosmétique et du luxe : coffrets, bouchons de flacons de parfum… Et la maîtrise du plastique transparent épais la conduit vers le monde de l’optique.
L’entreprise sera dirigée par la famille avant d’être rachetée en 1999 par la holding Babylone.
L’équipe Gaggione, en partie seulement car l’usine fonctionne en 3 x 8.
Gaggione, partout autour de vous depuis 65 ans
Vous portiez du parfum Chanel, Nina Ricci, Versace… Vous avez certainement manipulé un emballage Gaggione. Le joli coffret pour une célèbre marque de café haut de gamme, lisse et transparent comme du cristal, illustre aussi le savoir-faire de cet industriel. Aujourd’hui, Gaggione limite ses activités à l’optique et au packaging. Elle abandonne progressivement le marché lié au luxe, en reconnaissant qu’elle y a forgé son expérience en plasturgie.
Un moule de mallette e-plasticase.
Les packagings ce sont des mallettes fabriquées sur mesure, pour un grand nom de l’outillage français par exemple qui garantit ses outils à vie, Gaggione assurant 100 000 ouvertures sans dégradation des charnières en plastique.
Gaggione a en outre développé sous la marque e-plasticase une gamme de mallettes standards personnalisables au logo du client. Des outils de communication destinés aux professionnels de tous les secteurs d’activités : outillage, instruments de mesure, médical, premier secours, automobile…. Parmi leurs clients renommés, la gendarmerie nationale avec des mallettes « Gel des lieux » utilisées sur les scènes de crime, Legrand avec des valisettes de présentation ou des kits pour pinces à sertir, Merck avec des mallettes de démonstration, et puis… la liste est vraiment longue !
En optiques, dédiées exclusivement à l’éclairage, Gaggione fournit des solutions sur mesure utilisées en indoor, outdoor, pour l’architectural, le spectacle, l’éclairage public extérieur, pour l’industrie, le transport ferroviaire, l’aéronautique. On les retrouve dans le TGV (les lentilles de liseuses) sur la voie publique (les feux tricolores, éclairage de voirie) sur l’autoroute (les panneaux d’affichage de messages de sécurité) dans le médical sur les luminaires de salles d’opérations qui envoient 160 000 lux, plus que le soleil, sur une très large surface pour éviter les problèmes d’ombres. Mais ne nous égarons pas…
Les étapes qui focalisent l’entreprise 1996, 1re Led Lumileds*, injection du premier collimateur pour Led au monde
Dans les années 90, Gaggione est plasturgiste, comme nous l’explique David Veryser, directeur commercial de la division optique.
David Veryser : ”Nous sommes en 1996, la première Led de puissance au monde est proposée par Lumileds. Son nom : Barracuda et ensuite Luxeon. Philips a dessiné une optique appelée collimateur pour focaliser la lumière de cette source qui émet sur une demi-sphère, et nous demande si nous serions en mesure de le produire par injection plastique. C’est donc en 1997 que Gaggione fabrique le premier collimateur au monde selon cette méthode, et ce grâce à un savoir-faire garantissant une excellente maîtrise des tolérances mécaniques et des contraintes physiques liées à la production de pièces de forte épaisseur. Nous savions aussi injecter en maîtrisant le phénomène de retrait de la matière. Nous devenons alors plasturgiste à vocation optique et orientons notre stratégie vers le développement de ce marché prometteur”.
1999, Gaggione est rachetée par la Holding Babylone
Babylone est la holding de 3 sociétés : Gaggione (ingénierie et injection thermoplastique), Surcotec, basée à Genève (ingénierie et traitement de surfaces) et Quadratec basée à Montréal – Québec (injection thermoplastique).
David Veryser : ”Il y a un an, Gaggione décide d’accompagner ses clients sur le marché nord-américain via sa société-sœur : Quadratec. C’est une petite société, environ 15 personnes, qui évoluait sur un marché de la plasturgie dévasté. L’optique est pour Quadratec une opportunité de se développer sur un secteur de niche et pour nous d’avoir un site de production local. Ils ont gardé leurs propres marchés (biens de consommation, médical, automobile, etc.), indépendants de l’optique. L’ingénierie et les moules sont réalisés en France ; sur place, deux machines sont dédiées à la production d’optiques.
Le réflecteur hybride LEDnLIGHT, né d’une collaboration entre Gaggione pour l’optique et Surcotec pour la métallisation à l’argent. (Photo Daniel Gilet)
Surcotec est spécialisée dans l’analyse des matériaux et la dépose de couches minces (diélectriques, métaux) permettant ainsi l’ajout de fonctions optiques comme par exemple les surfaces réfléchissantes.
Leurs marchés sont ceux de l’horlogerie, du médical, du luxe, de l’optique et nous nous sommes trouvé un intérêt commun : la réalisation de composants optiques employant des propriétés de réflexion.
Cette réflexion est créée par une micro-couche d’argent pur. La métallisation à l’argent assure un taux de réflexion de 95% contre 85% avec l’aluminium couramment employé.”
2005, intégration d’un ingénieur opticien
Mais investir le monde de l’optique implique l’intégration de scientifiques dans l’entreprise et principalement celle d’ingénieurs opticiens.
David Veryser : ”Une autre étape importante de notre transformation se fait en 2005 lorsque nous recrutons Jean-Pierre Lauret pour dessiner nos optiques standards et les optiques sur-mesure de nos clients. A partir de ce moment, Gaggione devient un opticien qui va utiliser l’injection de thermoplastiques comme moyen de production. Cela implique aussi d’assurer une veille technologique auprès de l’ensemble des acteurs de la filière de l’éclairage à Led (fabricants de Led, systèmes de refroidissements, d’électronique…) ; c’est comprendre comment le produit va vivre dans un système complet qui a ses contraintes thermiques, électroniques, de bining, de mélange de couleurs”.
2006, naissance du catalogue LEDnLIGHT
En 2006 Gaggione décide de développer sa propre gamme d’optiques.
Une partie des 500 références de la gamme LEDnLIGHT. (Photo Daniel Gilet)
David Veryser : ”Quand j’étais chez Philips (avant d’intégrer Gaggione, David Veryser a travaillé pendant 14 ans chez Philips Lighting), nous faisions appel à Gaggione pour développer des solutions sur mesure. Mais pour certains projets urgents, Philips était obligé, et à contre-cœur, de se fournir auprès de la concurrence. Le délai d’une étude optique (3 à 6 semaines), la réalisation d’un moule (8 à 12 semaines), l’essai des premières pièces, leur qualification…
Parfois le projet ne peut attendre et l’accès à des produits standard, disponibles sur étagère est l’unique solution. C’est ce qui a poussé Gaggione à développer une première gamme composée à l’origine de cinq optiques standards, sous la marque LEDnLIGHT. Aujourd’hui le catalogue compte plus de 500 références différentes et poursuit son développement.
SLU : A ce moment, la concurrence est-elle locale ?
David Veryser : Non, il n’y avait pas de concurrent en France, pas plus en 2005 qu’aujourd’hui d’ailleurs. Nos véritables concurrents sont en Angleterre, Italie, Finlande, Taiwan et Chine.
SLU : Et à chaque référence de Led, correspondait un collimateur ?
David Veryser : Oui, c’était notre décision, à chaque Led correspondait une optique dédiée et/ou une interface mécanique, un support qui repositionne l’optique par rapport à la puce située dans le boitier de la Led. Aujourd’hui les puces sont presque toutes disposées sur des bases en céramique de même épaisseur, donc quand on développe une optique, elle est généralement compatible avec la plupart des Led du même segment de marché”.
Yvan Peard : ”C’est à cette époque que nous avons adopté la première optique Gaggione pour la seoul P4 dans les projecteurs Ayrton (Easy color, Moduled…). Seoul a eu l’intelligence de sortir la P4 avec un boîtier compatible K2”.
2007 : L’usinage diamant
C’est l’arrivée d’une machine à usinage diamant qui va permettre à Gaggione d’atteindre des niveaux de qualité quasiment inégalés.
David Veryser : ”En optique, on parle de tolérances de l’ordre du micromètre, et s’agissant des longueurs d’ondes de la lumière visible, nous parlons de centaines de nanomètres.
Pour être respectable en optique, l’empreinte d’un moule doit être usinée à ces échelles. L’empreinte est la partie du moule qui réplique la forme du produit. La machine d’usinage et son outil diamant assure un contrôle des défauts de forme ainsi qu’une précision de la rugosité comprise entre 1 et 10 nm selon les matériaux employés. Grâce à cette technologie, il n’est pas nécessaire de polir manuellement le moule, au risque de le déformer. La matrice mère est ainsi proche de la perfection. Reste un autre défi : la maîtrise du phénomène de retrait de la matière lors de la phase d’injection.
En 2006 déjà, sous la pression amicale de clients clé, Gaggione est prêt à investir dans l’usinage diamant. On parle de 1 million de dollars. C’est le prix d’une Formule 1 ! Mais avant de passer commande, il faut trouver le pilote, le Schumacher. C’est David Gluchowski qui nous a sollicités (Gaggione a bonne réputation). Il maîtrisait cette technologie chez un confrère. Il nous a envoyé son CV accompagné du devis de la machine et des équipements nécessaire à son travail (rires). Elle vient de chez Moore Nanotechnology Systems aux USA, la Nanotech 350FG 4 axes”.
Le partenariat Ayrton/Gaggione
L’optique du nouveau NandoBeam 302 développée par et pour Ayrton. Elle garantit un faisceau serré à bord dur et toujours un exceptionnel rendement optique.
Ayrton a été l’un des premiers clients des collimateurs Gaggione, très exactement depuis la Luxeon : ça crée des liens. Suivra l’optique de la P5 en 20 mm, puis quand apparaissent les multi-puces auxquelles les optiques standard ne s’adaptaient pas, Ayrton développe de son côté une optique sophistiquée destinée au mixage de couleur de 4 diodes de puissance séparées – la pièce a une forme de Tour Eiffel – et demande à Gaggione de l’injecter. Mais les tolérances draconiennes imposées pour le positionnement des diodes ne constituent pas une solution industrielle. Et malgré moult tentatives et corrections, le produit ne sortira pas.
Yvan Peard, Directeur Général d’Ayrton : ”Il y a toujours cette phase où tu inventes des choses. Elle est risquée certes, mais si tu n’y passes pas, tu n’inventes jamais rien.
Cette ”Tour Eiffel nous a coûté beaucoup d’argent et de temps, mais elle nous a aussi aidés par la suite à développer, en partenariat avec Gaggione cette fois, le 45 mm adapté au mélange des couleurs d’une 4 puces. Elle nous a permis de trouver la route de l’elliptique de l’Arcaline, du narrow de l’Ice Color et du zoom du Wildsun suivant un cahier des charges Ayrton. Ce collimateur était précurseur en 2010 et c’est un succès vu le nombre de copies (plus ou moins bonnes) réalisées dans le monde.
Avec Gaggione on raisonne en terme d’ensemble, avec toujours une question d’étendue géométrique de la Led en rapport avec le faisceau. Nous entretenons un partenariat poussé en recherche, on se voit plusieurs fois par an et on essaie d’imaginer ce que sera la lumière de demain, toujours très orientée spectacle. Nous partageons des informations, certains développements, et ce n’est pas évident avec un fabricant qui peut vendre ton produit à des concurrents. La notion de confiance est donc essentielle.
Le 90 mm Ayrton Sur la trace du Youkounkoun
Le collimateur LEDnLight de 90 mm de diamètre, co-développé avec Ayrton. (Photo Daniel Gilet)
C’est le développement pour Ayrton d’un énorme collimateur de 90 mm de diamètre, 45 mm de hauteur (un joyau !) qui servira de fil conducteur à notre visite de l’usine. Une optique grassouillette, 220g, à la plastique parfaite, baptisée Youkounkoun, par un Yvan Peard mort de rire, en référence au film Le Corniaud, et au plus gros diamant du monde caché par Louis de Funès dans la batterie d’une Cadillac à l’insu de Bourvil.
Dans le bureau d’études optique
Ce 90 mm est le fruit d’un partenariat entre Ayrton et Gaggione, avec pour commencer une discussion de faisabilité. Large optique, faisceau serré, mixage des couleurs et zoom, le cahier des charges est une équation délicate à résoudre en optique et en plasturgie. Après un an d’études et un partage des frais de prototypage, cette optique est prête à intégrer les futurs luminaires Ayrton, le Wildsun 702 et le Rollapix 402.
Nous rencontrons Jean-Pierre Lauret, ingénieur opticien, responsable du bureau d’études optique. Jean-Pierre a une longue expérience dans le design optique doublée d’une parfaite compréhension des contraintes liées à la réalisation des moules et à l’injection, ce qui lui permet de les anticiper lors de l’étape du design.
Angle serré et mélange des couleurs
La quadrature du cercle
SLU : Comment est né ce 90 mm ?
Jean-Pierre Lauret (Ingénieur responsable des développements optiques) : ”Le collimateur 90 mm, c’est l’aboutissement technique d’un concept qui a muri au cours du temps et du développement des collimateurs qui l’on précédé. Il est né très petit : 16 mm de diamètre puis 20, puis 45 mm pour en arriver là ! Il s’est amélioré tout au long des différents développements pour parvenir à un mélange de couleurs, à un rendement et un faisceau serré qui font de lui un produit unique dans son genre.
Les collimateurs LEDnLIGHT du plus petit au plus grand, le plus âgé est à gauche ! Le 90 mm a grandi doucement au fil des développements précédents et de l’expérience. (Photo Daniel Gilet)
La problématique de base c’est que les puces des Led multichip RGBW sont juxtaposées. Un système de collimation va avoir une forte tendance à projeter l’image des surfaces émettrices. En résultat final, ce que l’on obtient avec une optique classique, ce sont 4 spots juxtaposés. Donc dans la conception il faut faire se superposer les 4 puces parfaitement. L’autre moyen de voir les choses c’est d’allumer une seule puce, donc de partir d’une source excentrée pour l’optique et de récupérer un faisceau centré. Quelle que soit la position de la puce, le faisceau doit toujours avoir la même projection centrée.
Une grosse partie du travail doit être faite par la surface réfléchissante, et le reliquat, qui fonctionne en transmission directe, doit en faire le moins possible.
Pour un bon mixage de couleurs, l
C’est la combinaison des deux qui fait le faisceau résultant.
En couleur ça pose un problème car tout ce qui va fonctionner en transmission directe va projeter l’image de la puce comme un vidéo projecteur et tout ce qui va fonctionner en réflexion a une tendance naturelle à mélanger la couleur. Le secret c’est de maximiser ce qui va entrer sur la parabole et minimiser ce qui est au centre. Dans une deuxième étape on a maitrisé ce qui passe en direct. Dans une troisième étape on a développé une surface spéciale pour maitriser la diffusion de la lumière. C’est le concept appliqué au 45 mm et réussi.
Le dessin du zoom de l’optique LEDnLIGHT 90 mm dans le logiciel Difsys qui servira de fichier de commande à la tour diamant.
Et l’on aboutit à la génération 90mm en ajoutant une fonction qui permet d’avoir le disque parfaitement net. Encore une fois, on obtient le mélange en maximisant l’importance de la surface réfléchissante pour focaliser parfaitement, on maitrise ce qui se passe au centre avec un jeu de lentilles. Et l’on crée une structure diffusante en sortie, dont le dessin spécifique a une forme de rosace, qui permet d’aller gommer les petits défauts de couleur résiduels et d’obtenir un mélange de couleurs de qualité.
L’expérience nous a aussi appris que le centrage et la position des puces sur le boîtier sont des éléments critiques. Il suffit que les puces soient décalées de 1 ou 2/10e de mm pour que ça perturbe le mélange de couleurs. Que le collimateur soit décentré par rapport à la Led pour que l’on n’obtienne pas le faisceau souhaité. Le spot avec les 4 diodes allumées doit être blanc. Quand on le décentre on peut avoir un spot rose avec une couronne bleue autour, ou un spot vert avec un halo mauve.
Plus le faisceau recherché est intensif, plus le système optique et sa mécanique environnante devront être soignés. L’approximation dans la conception comme dans la mise en œuvre ne pardonne pas !
La vraie problématique c’est d’obtenir l’angle étroit et le mélange des couleurs. En angle étroit on est obligé d’avoir une diffusion directe faible pour ne pas trop élargir le faisceau lumineux. Cette diffusion est toutefois nécessaire à la bonne qualité du mélange de couleurs. C’est là tout le talent du cuisinier que de savoir épicer son plat sans en dénaturer le goût”.
Trace Pro pour simuler le comportement optique du 90 mm avec une puce. On voit, à droite sur la courbe d’intensité, que le 90 mm LEDnLIGHT utilisé par Ayrton avec la puce utilisée pour la mesure, aurait un angle inférieur à 7° à I/2. A gauche, c’est le diagramme de répartition de la lumière.
Le bureau d’études mécanique
Le collimateur LEDnLIGHT 90 mm créé en 3D grâce au logiciel Top Solid. Il sert à la réalisation du moule et à la simulation optique.
Quand Jean-Pierre Lauret a dessiné l’optique et ses formes particulières, c’est Stéphane Locatelli, chargé de projet, qui finalise, à l’aide de Top Solid, la pièce en 3D en ajoutant des ”détails” comme le point d’injection, les angles de démoulage, les éjecteurs…
Ce logiciel permet de réaliser le modèle CAO qui servira dans un premier temps à la simulation optique, et ensuite à la conception du moule et à l’usinage ; qu’il soit traditionnel pour les formes simples, par électro érosion, érosion à fil et enfin par usinage diamant pour les formes complexes comme la rosace de notre Youkounkoun. Pas facile à copier celle-ci ! Ce bureau d’études est dirigé par Joseph Busi, un compagnon des premières heures de Gaggione.
L’usinage diamant
Une des empreintes du LEDnLIGHT 90 mm co-développée avec Ayrton.
Le 90 mm, et en particulier l’empreinte de la lentille de diffusion et de la lentille de zoom son associée, nous conduisent dans la salle blanche, climatisée où trône la fameuse tour d’usinage diamant à commande numérique pilotée par David Gluchowski.
Une commande dynamique sur 4 axes, X, Y, Z, C, des règles optiques précises à 34 pm (picomètres) afin de garantir les 30 nm (nanomètres) de tolérance de déplacement sur 350 mm des glissières, des moteurs à pas linéaire, donc sans engrenage, ni roulements générateurs de vibrations. Une pression hydraulique constante garantie sans frottement… Pour que la machine soit stable elle repose sur un marbre lui même posé sur des plots en pression installés sur une plaque découplée du reste de la dalle. Car la stabilité garantit l’absence de défaut de forme.
En usinage, la tour diamant est précise au nanomètre, soit 6 chiffres derrière la virgule des millimètres.Alignement de l’empreinte avant l’opération d’usinage diamant.
La broche tourne de 0 à 10 000 tours/mn entraînée par un moteur à pas linéaire. Les pièces tiennent par dépression. Il y a même un analyseur pour corriger l’équilibrage de la broche avant le lancement d’un usinage, comme pour les roues d’une voiture. Tout sonne comme une merveille de mécanique dans la description de cette machine dont le prix aussi atteint des sommets ! La précision au nanomètre a définitivement un coût.
L’outil d’usinage lui-même n’est pas en reste, en diamant ou en polycristallin (mais David G. préfère le matériau naturel plus fiable) il existe en différents rayons et profils, le plus petit mesurant 1 micromètre grimpe à 2500€ !
Au bout de l’outil, il y a un diamant. Il est soit collé, soit soudé et affuté avec moins de 2 microns de défaut de forme.Le diamant vu par la caméra qui sert à l’alignement axe machine, avec le centre de l’outil.
SLU : vous êtes seul à utiliser cet outil ?
David Gluchowski (Pilote de la tour diamant) : ”Ici, oui, et en France nous sommes moins d’une quizaine car le temps de formation est extrêmement long et pour obtenir de bon résultats, il ne suffit pas de rentrer un fichier CAO pour le piloter. Il y a tout un contexte de réglages, analyses, anticipation, connaissance des effets mécaniques générés qui peuvent modifier l’empreinte au final.
On enregristre les écarts de formes de la pièce usinée, communément appelé le « peak-to-valley », et s’il ne rentre pas dans la zone de tolérance, il faut en analyser la raison, modifier les paramètres machine et générer un nouveau fichier dans le but de ré-usiner l’empreinte.
SLU : Quel est le matériau utilisé pour réaliser l’empreinte d’un moule ?
David Gluchowski : Généralement de l’acier car c’est un matériau robuste qui assure une bonne longévité au moule. Sauf que l’acier contient du carbone et le diamant aussi. Si un diamant touche le carbone, il explose.
Pour l’usinage diamant, on utilise donc des matériaux en alliage cuivreux. Et si l’on veut produire un moule de très longue durée de vie, on réalise une pré-forme en acier que l’on envoie à des spécialistes qui déposeront une couche de nickel par électrolyse. C’est une étape très longue, il faut plusieurs semaines pour déposer une couche de 500 µm qui pourra être usinée au diamant”.
Image de l’état de surface du collimateur LEDnLIGHT 90mm mesuré au moyen d’un CCI Lite de Ametek –Taylor Hobson Precision (contrôle à l’Angström près).
David Gluchowski nous présente ensuite sa collection de machines de contrôle. Form Talysurf FTS Series 2 de Ametek – Taylor Hobson Precision est un profilomètre/rugosimètre mécanique à pointe diamant (décidément !) pour contrôler la rugosité jusqu’à 5 nm. CCI Lite de Ametek –Taylor Hobson Precision, microscope interférentiel, vient analyser et cartographier les états de surface avec 0,1 Angström de résolution (10 picomètres). Et enfin le ZIP 300 Smartscope d’OGP, un appareil de mesure en 3D, opto-mécanique, qui utilise une caméra doublée d’un palpeur rubis pour scanner les surfaces et mesurer les défauts de forme.
Grâce à une mesure opto-mécanique OGP, les techniciens obtiennent une cartographie 3 D précise des pièces injectées pour vérifier les cotes.Contrôle du défaut de forme du LEDnLIGHT 90 mm au profilomètre/palpeur Rubis. (Photo Daniel Gilet)
L’injection plastique
Dans l’atelier d’injection, la machine électrique (300 tonnes) destinée à injecter des optiques de forte épaisseur.
31 machines se chargent de l’injection et répondent à deux technologies différentes. Les allemandes hydrauliques à piston pour la force, les Japonaises électriques à moteurs pas à pas pour jouer sur la finesse des réglages. Elles sont ultra précises en mouvement, vitesse et position. La petite dernière hydraulique d’une force de fermeture du moule équivalente à 350 tonnes, est utilisée pour injecter les optiques de gros diamètre. C’est exactement celle qui nous intéresse.
David Veryser : ”Le matériau arrive sous forme de granulés qui passent au préalable dans un dessiccateur pour retirer l’humidité contenue dans le matériau. Ensuite, il est acheminé vers la buse d’injection par une vis sans fin tout au long de laquelle sont placés des blocs chauffants qui fondent la matière pour l’amener à température. La matière ne doit pas se dégrader au risque de créer des points noirs. Il faut la fondre progressivement sans la brûler. C’est une cuisine expérimentale, une longue et précieuse expérience. Le moule est constitué de deux parties. Moule fermé, on injecte. Des sondes de température permettent de commander sa régulation thermique.
Les empreintes passent régulièrement au décapage sous les mains expertes de Jean-Jacques Grisard qui utilise différentes pâtes abrasives et même des pâtes diamant dont la texture descend à ¼ de micron.
Après injection de la matière, on commence le refroidissement. Plus la pièce est grosse, plus le temps de refroidissement sera long car il faut refroidir le cœur tout en maintenant une pression importante pour que la matière ne se fige pas immédiatement à l’entrée du moule.
Il faut maintenir en pression afin d’éviter le redoutable retrait physique de la matière avant son refroidissement. Evidemment plus le temps de refroidissement est long, plus la pièce coûte cher à fabriquer.
Puis le moule s’ouvre, des éjecteurs poussent l’optique pour la désolidariser du moule et un robot vient la cueillir et la déposer délicatement sur un tapis”.
Exemple de retrait sur une optique pour deux temps de refroidissement différents. On imagine l’impact sur les performances optiques !Un commentaire technique sur la rugosité. (Document Gaggione)
SLU : Reste le point d’injection, comme un petit bout de cordon ombilical. Yvan, tu le gères comment ?
Yvan : ”Celui-là est effectivement gros… Mais quand on parle de zoom, ce qui est le cas, on a une exigence de positionnement donc cette carotte nous sert. Elle nous donne la position parfaite de la lentille de zoom par rapport au collimateur”.
SLU : Quelle sera la tolérance du défaut de forme de cette optique ?
David Veryser : ”C’est la véritable question qui s’est posée entre l’opticien et le bureau d’études mécanique. Le premier souhaitant le défaut de forme le plus faible possible et le second soucieux de ne pas atteindre ce niveau d’exigences, le souhaite le plus grand possible. Un compromis a été trouvé et validé. Une telle optique n’accepte pas une tolérance du défaut de forme supérieure à 100 microns ; au-delà on risque de voir le faisceau se dégrader très rapidement.
Si vous prenez le faisceau d’une puce individuelle, la forme géométrique parfaite est un disque parfaitement rond, si vous ajoutez un défaut de forme, le faisceau devient « patatoïdal », le spot se décentre un peu et les faisceaux ne se superposant plus, le mélange de couleurs se dégrade.
Les granules de PMMA, la matière première des collimateurs Ayrton.
SLU : Quel est le matériau utilisé pour injecter les collimateurs ?
David Veryser : Le PMMA (Polyméthacrylate de méthyle) très connu sous le nom de Diakon® ou Plexiglas® et le polycarbonate sont les deux polymères les plus utilisés en optique. En fonction de l’usage, on choisira l’un ou l’autre car ils présentent des caractéristiques différentes. Le PMMA est rigide et cassant mais il est peu sensible aux rayures. Il a une très bonne transmission optique, seulement 10% de pertes sur une épaisseur de 62 mm. Il tient 90°C ce qui est limite car les Led vont de plus en plus vers les températures hautes.
Comparatif entre le PMMA et le polycarbonate. En vert c’est bien, en rouge c’est critique.
David Veryser : A l’inverse le polycarbonate est souple et élastique. Solide aux chocs, il peut-être soumis à des contraintes physiques mais il est sensible aux rayures. Exposé aux UV, il se comporte mal, va très vite s’oxyder, jaunir et finalement devenir cassant. Mais il tient 130°C en température et surtout il a un bon comportement au feu puisqu’il est auto-extinguible alors que, en présence de flamme, le PMMA brûle et projette des gouttes enflammées qui vont propager le feu”.
SLU : Et pour Ayrton ?
Yvan Peard : ”Les collimateurs sont en PMMA et tous nos projecteurs ont une lentille de sortie en polycarbonate par sécurité au feu.”
La mise au point
La plasturgie est une technique ingrate. Toute la précision mise en œuvre pour le design et l’usinage du moule peut être ruinée par les défauts de forme, sans compter les points noirs. Car après injection d’une grosse optique comme le 90 mm Ayrton, le plastique va être refroidi. La peau extérieure se solidifie en premier, le cœur restant chaud et liquide. Vers la fin du cycle de refroidissement, le cœur va se rétracter et provoquer une déformation de l’enveloppe. L’impact sur le collimateur c’est de rater la fonction optique recherchée.
David Veryser : ”Au démarrage d’une production, les metteurs au point pondent les fiches de réglages. Ce sont les cuisiniers. Les régleurs installent le moule et paramètrent la presse à injecter. La production commence. Quand les premières pièces paraissent satisfaisantes visuellement, le contrôleur vérifie plusieurs points mécaniques et optiques avant de valider la production qui sera ensuite contrôlée visuellement pièce par pièce”.
Au labo photométrie, Jean-Pierre Lauret (ingénieur opticien) à gauche, David Veryser et tout à droite Régis Chaplain (Technicien photométrie)
Le Laboratoire photométrique
Puis c’est au tour des techniciens de faire de l’Audit produits. Ils emportent les pièces au labo pour aller plus loin dans le contrôle photométrique à l’aide de deux goniophotomètres : un Radiant Imaging (acquisition sur caméra ProMectric®) et un Ledgon 100 de chez Instrument Systems.
Le test du LEDnLIGHT 90 mm avec une Led … Non c’est encore secret, je ne vous le dirai pas laquelle. En tout cas ça promet !Mesure photométrique du 90 mm LEDnLIGHT réalisée à l’aide d’une caméra luminance-mètre, l’objet (le collimateur 90 mm) étant monté sur un photogoniomètre Radiant Imaging. On mesure sous différents angles l’intensité lumineuse pour connaître la distribution lumineuse.
Méfiez-vous des imitations
A gauche, le 45 mm Gaggione référencé LLC49N au catalogue LEDnLIGHT, puis dans l’ordre vers la droite, une copie européenne, et deux asiatiques. Difficile de différencier les deux lentilles de gauche.
Le collimateur LEDnLIGHT, LLC49N, de 45 mm fait école, c’est à la fois flatteur et réellement perturbant pour Gaggione qui a réussi à se procurer trois copies, une européenne copie conforme et deux asiatiques avec défauts visuels. Le R&D n’a pas résisté au besoin de les passer au goniomètre, associés à la même Led, pour les comparer au LLC49N original. En apparence, on ne les distingue pas, seule la teinte peut légèrement varier. L’effet visuel, montre un mélange de couleurs de moins bonne qualité et un faisceau plus large.
Courbes d’intensité lumineuse des collimateurs, l’original LEDnLIGHT en mauve, une copie européenne en rouge et deux asiatiques en bleu turquoise et en vert.
Et les courbes d’efficacité comparées révèlent que si les cotes ne sont pas tenues avec précision, l’efficacité de l’ensemble Led/collimateur est fatalement remise en question. En clair et selon les courbes, il faudra deux à trois copies (et trois Led) pour égaler les résultats d’un seul collimateur de chez Gaggione ; donc dépenser plus ! Sans parler du refroidissement, du surdimensionnement (encombrement), de l’électronique, etc.
Quand Gaggione réalise une étude sur mesure, le client est certain d’obtenir un résultat final conforme au cahier des charges. Toute l’énergie de l’entreprise s’y emploie ! Alors on l’a bien compris tout au long de la visite et des discussions, la production à bas coût ne fait pas partie de leur vocabulaire. Par contre, les mots qui ressortent à chaque instant sont tolérances et fiabilité ; celles qui conduisent à la sérénité du client quand il intègre son optique à son luminaire et que ça envoie beaucoup, propre et joli.