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Studer Compact Remote Bay

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Pourvoir contrôler sa console de l’endroit convenant le mieux aux contraintes du moment est un rêve que Studer propose désormais pour ses consoles Vista ! Mais sans passer par une tablette tactile. Le Compact Remote Bay a la taille d’un ordinateur portable mais contient douze faders motorisés Penny & Giles ainsi que 40 contrôles rotatifs et un écran tactile de 19 pouces associé au logiciel Virtual Vista. Cela permet d’émuler l’interface utilisateur Vistonics.

Outre le contrôle à distance, le Compact Remote Bay peut aussi être employé pour étendre la surface de contrôle de la console, par exemple pour un second opérateur. Il peut aussi être utilisé comme contrôleur indépendant pour les DSP Vista lorsque la surface de contrôle n’est pas disponible, avec une possibilité de monitoring en 5.1 et une sortie casque.

Pour le transport et la protection, l’écran se replie sur la surface de contrôle. Comme un ordinateur portable.

 

La console DiGiCo SD7 en retour et en façade

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Tournée MDNA de Madonna. Matt Napier, ingé retour derrière sa console DIGICo SD7
Matt Napier, ingé son retour, derrière sa console SD7

La tournée de Madonna MDNA, du nom de l’album dont elle assure la promotion, s’appuie sur un système audio comportant deux consoles DiGiCo SD7, une pour la façade et l’autre pour les retours. L’utilisation d’une SD7, pour les ingénieurs du son retour Matt Napier et Sean Speuhler constitue un bond en avant puisqu’ils utilisaient une D5T sur la précédente tournée.

Napier explique : « Nous sommes deux car Sean mixe exclusivement la voix de Madonna et ses effets car elle exige que ce soit fait en live. Nous nous partageons la console : j’utilise la surface de contrôle de la SD7 et Sean travaille avec une extension EX-007 pour son propre mixage. »

Au total, la SD7 dispose de 114 entrées provenant du rack de scène. Avec les effets, Napier utilise 100 canaux tandis que Sean en exploite 30 autres. « Je pense que la SD7 est la seule console qui peut prendre en compte le nombre d’entrées et de sorties que nous utilisons » dit Napier. « En termes de canaux sur la surface de contrôle nous en avons environ 160 tandis que, du coté des sorties, je sais que nous avons plus de 50 envois mono pour prendre en compte les musiciens, danseurs et éléments de diffusion divers ainsi que les signaux pour la vidéo et les enregistrements. Je ne pense pas que nous puissions trouver ces capacités ailleurs. Madonna étant présente sur les bus droite et gauche, j’utilise des VCA et des groupes pour contrôler et mixer divers éléments pour elle. Toute la musique est routée par un groupe auquel est appliqué un délai au fur et à mesure qu’elle descend du praticable. Quand elle utilise le praticable, tout, à l’exception de sa voix, se voit appliquer un délai progressif jusqu’à un maximum de 30 millisecondes. Il y a 20 mètres de praticable mais, du point de vue acoustique, la longueur prise en compte est réduite à 10 mètres. Tout fonctionne vraiment bien et c’est exactement ce dont nous avions besoin pour une tournée aussi longue ».

 

Sharpy Wash 330 Clay Paky

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Il porte le nom magique : Sharpy. Il est aussi compact, aussi léger et rapide et utilise encore une fois une lampe peu gourmande en consommation mais très généreuse en flux. Le Sharpy Wash 330 est une nouveauté du LDI à Las Vegas.

Le succès du Sharpy, partout dans le monde et auprès des éclairagistes de tout type de spectacle dans toute taille de lieu tient à son bâton de lumière hyper puissant et serré sorti d’un projecteur super compact et léger monté sur une lyre nerveuse : le premier du genre. Le Sharpy wash s’inscrit en complémentarité, avec une nouvelle lampe Osram Sirius HRI 330 W qui éclaire comme une 1000 W, un zoom motorisé 6,5°- 50° donc de très grande amplitude, une trichromie CMY, une roue de couleurs, un frost, un filtre soft edge et aussi un ovaliseur motorisé (banane). Il a même un ”top hat” motorisé pour protéger les yeux des spectateurs de la lumière directe à exploiter en faisceau serré : du concentré de technologie !

Lire le test : http://www.soundlightup.com/archives/essais/clay-paky-sharpy-wash-330-hyper-vitamine.html

 Revenons à la nouvelle lampe à décharge Osram Sirius HRI 330 W.  A arc court, nichée dans un réflecteur, elle est annoncée pour un flux nominal de 15 000 lumens, une température de couleur de 8000K, une durée de vie de 1500 heures.

 Le Sharpy Wash 330, tête baissée à l’horizontale est aussi petit que le Sharpy beam : 450 mm. C’est quand il lève le nez qu’il montre en toute logique, compte tenu de ses fonctions, 40 cm de plus (il y a du monde à l’intérieur), la balance annonçant 19 kg. Il a évidemment le même design, disponible en quatre finitions : blanc, noir, plaqué or et chromée. 

 En électronique, il ne lui manque rien : ballast électronique, batterie permettant de paramétrage hors tension secteur, Ethernet ready, allumage et extinction de la lampe au pupitre, la commande de  ”reset” au pupitre…

Mais n’anticipons pas, il faudra attendre le début d’année 2013 pour pouvoir intégrer dans vos kits lumière ce nouveau petit projecteur wash.

 

dbx TR1616, rack 16 E/S BLU Link

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Ce nouvel équipement permet la constitution d’un réseau audio numérique professionnel à un prix particulièrement attractif. Noel Larson, Market Manager pour les produits Portable PA, Tour and Recording, annonce : « Le TR1616 permet à l’utilisateur de créer son réseau sur mesure avec la simplicité plug-and-play de notre bus audio numérique BLU link. Nos clients n’auront plus à acheter de nouveaux matériels pour remplacer de plus anciens puisque ce nouveau système peut s’étendre en fonction de leurs besoins ».

Le TR1616 offre 16 entrées et 16 sorties analogiques, avec des entrées et sorties snake et loop pour le BLU (BSS) et des ports Ethernet et USB pour charger les futures mises à jour logicielles. L’utilisateur peut configurer jusqu’à 256 canaux en 48 kHz ou 128 en 96 kHz sans contrainte d’adressage ni de programmation.

Chaque entrée comprend un préampli micro/ligne de haute qualité avec atténuateur 20 dB, filtre passe-haut, sélecteur de polarité et alimentation fantôme 48 V. Divers indicateurs dont ceux de niveau du signal et d’écrêtage facilitent l’utilisation.

Jusqu’à 60 unités de TR1616 peuvent être associées sans perte de contrôle ni de qualité audio permettant à l’utilisateur d’étendre les capacités en connexion selon ses besoins. Le TR1616 peut s’associer à des consoles de mixage ou au nouveau PMC (système de monitoring personnel 16 canaux) de dbx qui permet aux artistes de contrôler eux-mêmes leur retour.

 

Le trio Khalifé capté en Audio-Technica

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Le Trio Khalifé

Depuis maintenant quatre ans, le festival Soirs d’Eté prend ses quartiers de la mi-juillet à la fin août dans le cadre bucolique de La Carrière de Normandoux*, à une vingtaine de kilomètres de Poitiers. La programmation très éclectique de Jérémy Verrier, de l’association de la carrière de Normandoux, va de la musique tzigane à des quartets de Salsa, en passant par la musique électronique contemporaine, la musique latine, des soirées Tango et comme lors de notre venue à la musique actuelle libanaise avec le trio Khalifé.

Audio-Technica, dont les micros sont très utilisés à l’étranger (notamment par Lenny Kravitz) n’est bizarrement pas très implanté en France dans la prise de son Live. Peut-être parce que les techniciens français sont très conservateurs. La marque a donc envisagé de mieux faire connaître son catalogue auprès de techniciens français via des partenariats où elle met à disposition des kits complets à l’essai, cas du festival des soirs d’été au Normandoux.

Nous avons donc rendez-vous ce 29 août avant la balance avec Joachim Olaya qui a la charge de la régie son pendant toute la durée du festival pour nous parler des essais et des choix qu’il a effectués parmi les micros du kit mis à sa disposition.

La configuration de diffusion

SLU : Joachim, commençons par la configuration que tu utilises pour le concert du trio Khalifé ce soir.

La salle de la Carrière de Normandoux
La salle de la Carrière vue de l’entrée vers la scène. On distingue les APG VS3 de la diffusion principale placée sur les subs 118S et en accroche les PSX12 de renfort et de rappel au premier plan. Sur la droite devant la régie une des VS1 d’ambiance sur pied.

Joachim : En général (sur ce festival), je travaille en stéréo, donc gauche/droite en frontal. Avec une console comme celle dont je dispose (Yamaha LS9/32), je fais mon mix sur le bus stéréo. Ensuite je matrice le bus stéréo sur toutes les enceintes de la face, les PMX12 (Amadeus), les VS3 (APG) placés sur les subs (2 x118S APG par coté) plus les rappels (PMX12 retardées) et les deux front fill PMX8 (Amadeus) sur le nez de scène. On gère (Clément et moi) les subs toujours séparément, même sur les très grosses configurations, pour choisir ce que l’on envoie dedans. Sur des formations comme celle du trio Khalifé, j’envoie trois instruments sur les subs, un peu de piano, le cajon. Ca donne un peu plus d’air. Bon, il y a quand même une « micro-configuration » multi avec les deux points latéraux en VS1 (coax APG) et les deux points arrière en VS1que je gère indépendamment du matriçage et des voies stéréo. C’est vraiment un bus séparé.

L'équipe technique
L’équipe à la régie. A droite, Joachim Olaya derrière la LS9, Clément Marie s’occupe de l’enregistrement. Pedro Hebras gère la lumière. Tout à gauche Samuel Lemaire, assistant son et lumière au plateau. Bertille Watrelot dans le même temps s’occupe de la captation vidéo qui est projetée sur la falaise.

SLU : D’accord, tu le travailles séparément, mais tu envoies quoi dedans ?

Joachim : Pour le concert de ce soir, je n’envoie pas d’instruments en direct, que les traitements. Si je les coupe, on sent qu’il manque quelque chose et si je les mets, on ne les entend pas vraiment. L’objectif est d’améliorer l’acoustique du lieu qui n’est pas facile, pour agrandir un peu l’espace mais il n’y a pas vraiment de notion de mix multipoint comme on l’a fait notamment ici sur des projets plus contemporains. Disons que ça aide dans des lieux semi-ouverts comme la salle de la Carrière.

SLU : Les retours sont gérés de la façade, quelles ressources y as-tu consacré ?

Joachim : j’ai cinq circuits, c’est suffisant. Dans la configuration adoptée, on peut monter à sept mais je dois avoir la main sur la diffusion de la falaise et je suis déjà à 24 bus de mix. C’est un trio mais j’ai trente voies au plateau entre le piano (4), l’oud (4), les voix (3), les percussions, les boucles, le clavier, le synthé… Je duplique certaines voies pour les retours. Par exemple, pour la voix de Marcel, je fais un traitement pour la façade que je ne peux pas utiliser dans les retours. En gros, je duplique les voies de l’oud et la voix de Marcel. Et sur le piano, je reprends un micro que je traite spécialement pour les retours. C’est l’intérêt du numérique sans passer par des Y.

Le préampli Daking
Le préampli Daking est dévolu à l’AE5400 dédié à la voix de Marcel Khalifé. Joachim le préfère aux préamplis de la console.

SLU : La Yamaha LS9/32, c’est la console résidente pour le festival ?

Joachim : oui, j’aimerais bien avoir plus gros, car souvent c’est limite. Personnellement mes préférences vont vers les consoles Vi Soundcraft aussi bien d’un point de vue son qu’interfaçage et ergonomie mais je n’ai pas vraiment de chapelle. On vient d’un milieu (l’IRCAM, Clément et moi) où on donne la priorité à la prise de son avec de bons capteurs. Ça ne me dérange pas d’avoir n’importe quel type de console à la régie tant que ça fonctionne.

La prise de son réalisée en Audio-Technica

SLU : Venons-en donc à la prise de son et au choix des micros de la gamme Audio-Technica que tu as utilisés durant le festival et plus particulièrement aujourd’hui. Comment procèdes- tu ?

Le micro de Marcel Khalifé
L’AE5400 dédié à la voix de Marcel Khalifé. Rami et Bachar ont également chacun le leur pour la voix. Marcel l’a trouvé excellent comme d’autres interprètes pendant tout le festival. Une nouvelle référence pour la voix ?

Joachim : Je n’ai pas de recette spéciale. Chaque instrument est différent et chaque musicien est différent. Je choisis les micros en fonction de la musique. Tu ne dois pas avoir à « tordre dans tous les sens » quand il y a une volonté de retransmettre un son acoustique. Donc, j’essaie de corriger un minimum sauf quand il s’agit de faire un tout autre son. Les capteurs et leur choix ont une grande importance. Je dois dire que je connaissais peu les micros Audio -Technica avant ce festival et que j’ai été agréablement surpris. En premier lieu par le micro utilisé sur les voix, l’AE5400, condensateur à large diaphragme qui a fait l’objet d’éloges de la part de nombreux chanteurs lors du festival, et notamment de Marcel Khalifé qui le trouve excellent et me l’a tout de suite dit. Lorsque les musiciens aiment et le disent de suite, ça ne trompe pas … Ensuite, j’ai apprécié l’ATM350 que j’utilise sur le piano, l’oud, les percussions, un très bon micro instrument qui me fait penser à un d’une marque réputée, sauf qu’on parle d’un micro vendu aux alentours de 250 euros. J’ai essayé beaucoup de micros de la gamme sans a priori. Il y a un choix énorme. Tu sens qu’il y a un gros travail chez Audio-Technica pour apporter des solutions ciblées au meilleur prix. Il y a un beau choix de capsules également.

SLU : L’oud, j’imagine que ça doit être difficile à restituer correctement ?

L'oud de Marcel Khalifé
Le dispositif de captation mis en place sur magnifique luth oriental (oud) de Marcel Khalifé. Deux micros AKG C411 collés à la table, un AT831 dans l’axe des cordes derrière le chevalet et un ATM350 fixé à une ouie au dessus de la rosace pour enrichir le médium.

Joachim : Il faut plusieurs micros pour un résultat correct. J’en ai mis quatre dont deux micros ”contact” sur la table qui permettent d’assoir le grave et que je coupe assez tôt dans le haut. Le petit micro sur les cordes (AT831C) est celui que j’ai trouvé le plus droit et j’ai juste coupé le grave avec un coupe-bas. C’est le capteur principal et j’ai fait au moins cinq essais de placement avant d’obtenir le meilleur résultat. Je l’ai placé dans les ouies, dessus, dessous, dans la rosace et finalement dans l’axe des cordes derrière le chevalet. C’est la position qui apporte le plus de transparence. L’ATM350 au-dessus des cordes est là pour donner de la dynamique et renforcer le médium, en complément, mais avec sa position je suis obligé de le corriger au paramétrique sur plusieurs bandes. C’est ce que j’ai testé en final tout à l’heure (durant la balance). Si tu écoutes chaque micro seul, c’est horrible, mais le mélange des trois, ça marche bien ! Coté traitement de dynamique, je fais un pré-mix sur deux groupes que je compresse en multi-bande.

SLU : Je vois à l’écran des petits « notches » que tu positionnes à trois fréquences ?

Joachim : Ça, tu le verras sur tous les micros. C’est à cause de la salle. Ses dimensions, celles de la scène et la grosse poutre jaune juste derrière ramènent des résonances (des modes privilégiés) que je retrouve partout et que je corrige plus ou moins sur tous les micros. J’ai du 150, 300, et 450 Hz environ.

SLU : Autrement, tu n’as pas par exemple de correction particulière pour les attaques ?

Joachim : Pas sur l’Oud, en revanche sur le piano je duplique une tranche, un des micros ATM350, celui dirigé vers les cordes graves, pour garder uniquement le bas et n’exciter que les subs. Quand Rami joue un peu lead, un peu doux, pas besoin de sub mais quand il force un peu et joue dans le grave, je l’ouvre. Parce que si je l’ouvre quand il joue doux, la mécanique ressort. C’est un dosage. Je suis de toute façon un pro-actif de la console (rires). Je ne suis pas du genre à mettre droit, surtout sur des musiques où on va passer de ballades traditionnelles à du synthé ou à des titres un peu électro et là, c’est ouverture et fermeture en permanence.

SLU : Revenons sur les micros et leur placement. Pour les percussions, quels sont tes choix ?

Joachim : Pour le Tom basse, j’ai pris un micro voix mais un dynamique, un AE4100 parce que je voulais un micro peu sensible. Il sert sur un seul morceau et je voulais un son précis. Je n’avais plus d’ATM 350 (NDR : c’est manifestement son micro à tout faire). Le gros avantage des micros voix d’Audio-Technica, c’est qu’ils respectent le spectre. Ce n’est pas du tout fermé, ni dans le médium, ni dans le grave. Je le gère comme un dynamique pour le gain, mais il est plus chargé en hautes fréquences.

Un ATM 450 en overhead
En overhead sur les cymbales, le choix de Joachim s’est porté sur un ATM450, statique cardioïde à capture latérale qui encaisse 152 dB SPL. Pour le Tom grave à droite, c’est un AE4100 dynamique.

Pour les percussions, j’ai deux sortes d’overhead dont un ATM450 pour les cymbales avec la capsule placée latéralement. Il est très bon dans ce rôle. Dans le Cajon, j’ai remis un Shure Beta 91. Ca marche tout seul dans un Cajon. C’est super clair, super grave, pas de pollution extérieure… J’ai été bête de ne pas demander de micro de surface PZM  à Audio-Technica. J’aurais dû car pour le Cajon, c’est ce qui marche le mieux.

Pour la Derbouka et le Djembé, j’ai mis un AE5100 devant pour les peaux, un seul pour les deux. C’est un micro cardioïde à condensateur qui marche bien en proximité, très dynamique, et qui encaisse beaucoup de niveau, genre impact. Derrière, sur les futs, j’ai placé deux ATM 350, un pour chaque. J’ai un autre AE5100 sur le glock vers le clavier et un autre micro voix qui sert pour la pédale de loop (boucle). C’est pour le coup un dynamique, un des rares et le moins cher de la gamme AT car il me fallait un micro peu sensible et pas forcément de bonne qualité parce que sur les boucles de voix et d’instrus, on amplifie le son ambiant de la scène. Il faut un micro le moins sensible possible avec une bonne rejection et pas trop d’aigus parce que c’est toujours dur à travailler.

AE5100
L’AE5100 pour la prise des peaux du djembé et de la derbouka. « C’est un micro qui offre une grande dynamique (faible bruit propre, 11 dB), accepte de très forts niveaux (158 dB avec atténuateur 10 dB) et qui fonctionne bien en proximité ».
Derrière le fût du djembé
Derrière le fût du djembé et de la derbouka, Joachim a utilisé « ses » fidèles ATM350.


SLU : Et pour le piano, quelle est ta recette ?

Joachim : Joachim : J’ai utilisé trois ATM350 (et un AT4021) mais ils n’ont pas le même rôle. Un a un rôle de lead, mixé au centre. C’est celui qui est dans l’axe des cordes graves parce que, dans cet axe là, c’est un peu comme pour l’Oud, il arrive à prendre à la fois beaucoup d’aigu et les cordes graves. Il n’y a pas non plus trop de résonances de grave, tout est assez équilibré.
Les deux autres (ATM350) qui sont plus vers le médium-aigu, je les « panoramise » complètement gauche-droite, ce qui donne un piano très large et qui n’est pas non plus éclaté quand Rami joue aigu d’un côté ou grave de l’autre.
Quant au quatrième micro, l’AT4021, je le place aussi dans une position centrale un peu « lead » surélevé juste pour donner un peu d’air et d’ampleur quand j’en ai besoin mais il est au mieux ouvert à 20 %. Côté corrections, je corrige en bande étroite les inévitables bosses qui dépendent de la hauteur de la table d’harmonie par rapport à la scène.

la prise de son du piano
la prise de son du piano avec les deux ATM350 et l’AT4021. Le troisième ATM350 (qu’on ne voit pas) est placé à droite dans l’axe des cordes graves. Celui du centre prend l’intersection des cordes. Noter l’inclinaison des micros (environ 45°) et la couverture d’amortissement.

SLU : Quels traitements de dynamique et effets appliques-tu ?

Joachim : Sur le piano je pourrais me passer de compression parce que très étonnamment les ATM350 montrent une sorte de limitation naturelle en encaissant beaucoup. Sur les voix, c’est de la compression. Je n’ai aucun noise-gate sur scène, ce n’est pas vraiment nécessaire avec les micros dont je dispose.
Donc j’ai activé les compressions partout mais à des niveaux différents et je mets un peu de gain derrière. C’est tout l’intérêt d’avoir une console numérique. C’est bien surtout sur les voix car Marcel est un chanteur, il sait exploiter son micro, mais Rami et Bachar sont moins habitués et font juste des chœurs ; il faut contrer l’effet de proximité, ça me permet d’écraser de gros écarts.
Sur l’Oud, pour le faire un peu ressortir et grossir, je mixe sur un groupe stéréo mes trois types de micros. Après, en insert sur les groupes, je fais une compression multi-bande qui permet de redonner du corps assez facilement et d’équilibrer les bandes de fréquence. C’est bête mais il y a un petit effet de présence qui marche vraiment bien car les Khalifé jouent de la musique qui n’est pas vraiment dans le répertoire habituel de l’oud. Il y a aussi de la musique actuelle qui nécessite de faire un son plus gros.
Au plan effets, je n’ai hélas pas de réverb multicanal. Généralement j’utilise des plugins. Il y a de supers outils avec peu de latence. Je ne l’ai pas fait ce soir car mon ordi est sur scène pour gérer les synthés. Et celui de Clément sert à l’enregistrement (rires). On n’a pas beaucoup de moyens. Donc j’utilise deux réverbs de la console : une « plate » et une « hall », plus un delay. Le piano va dans le delay, l’Oud également. Par moment les voix y vont aussi. J’accompagne les musiciens, je joue un peu avec eux. La « plate » est dédiée à l’Oud et à la voix de Marcel et la hall fait tout. L’idéal serait d’avoir une réverb multicanal genre TC. Mais ça marche quand même.

SLU : Tout est enregistré ?

Le trio

Joachim : Oui, de manière générale tous les concerts. On le fait pour les artistes, mais aussi pour nous. Normalement mon mix est assez correct, j’ajoute deux micros d’ambiance gauche –droite, une petite compression et une égalisation à l’enregistrement et franchement on a un joli son car il n’y a pas trop de niveau sur scène. Sur ce concert j’enregistre en stéréo. Mais sur certains projets, je suis en multipiste. Là je ne peux pas, la console est « full ».

Les choix de systèmes de diffusion

SLU : Revenons à la diffusion. C’est toi qui as choisi les systèmes APG ?

Joachim : Tout ce qui est en Amadeus (PMX 8 et 12, sub, Diva(s) sur la falaise) appartient au site en fixe. Pour le festival on complète avec un parc en APG provenant du matériel de Pedro (Hébras) qui fait partie de l’équipe technique, en tant que régisseur lumière, mais qui fait également un peu de presta. Il y a 6 subs (TB118S), quatre VS3, six DS15, des VS1 et six amplis Lab Gruppen plus les processeurs APG.
Les amplis Lab Gruppen alimentent les VS3 et les subs avec des processeurs APG. Pour le reste il s’agit des amplis (P3500 et 7000) et des processeurs Yamaha du site, notamment pour les PMX 8 et 12 Amadeus. Pour les retours, les PMX8 (coaxiales) sont super pratiques car petites : on peut les surélever sur des petits tabourets et les mettre où on veut. Elles sont dix fois plus pratiques à utiliser que des grosses boîtes. Pour Marcel, en retours, j’ai placé deux DS15 (coaxiale) APG.
Nous avons passé beaucoup de temps à assembler les systèmes et les égaliser avant le début du festival car nous sommes là pour un mois et demi. Au final, on a une configuration qui fonctionne bien.
Les VS3 ont un rôle de proximité en façade, relayées par des PMX12 en accroche et en rappel. Les VS1 sont en « surround ».
Pour ce soir, la jauge n’est que d’environ 300 sièges mais on arrive à couvrir un bel espace correctement. C’est homogène en niveau du premier au dernier rang. Sur certains concerts, il nous arrive de faire des spatialisations avec les falaises (les parois entaillées de l’ancienne carrière qui encadrent la salle de part et d’autre du plan d’eau).

SLU : Dans ce cas les enceintes sont fixes ?

Joachim : Oui ce sont des Diva Amadeus en fixe, la distribution est en Ethersound via des processeurs DME ES Yamaha du site.

SLU : Combien de Diva couplées par source ?

Joachim : Une seule tête à chaque fois. Cela a été pensé pour de la diffusion d’ambiance. Ce sont des points localisés, pas de la face. Par exemple la semaine dernière on a fait un ciné/concert avec une scène sur l’eau et une projection vidéo sur la falaise, tout le public dans le noir. J’ai mis deux jours à tout caler à cause de problèmes de délai. Il y a beaucoup de réflexions mais « elles sont jolies » (rire) et ça créé un bel espace très aéré.

SLU : Et pour la HF ? Je vois à ta régie des récepteurs AEW R4100 et 5200 Audio-Technica.

Joachim : Rien ce soir (bien sûr) mais par exemple demain oui. On a fait cinq concerts en HF dont un avec un violoncelliste perché sur la falaise… On a simplement quatre canaux avec les antennes déportées (préampli de distribution UHF AEW-DA660D). Ici, il n’y a pas de problèmes de plan de fréquences, de brouillages. Ce système fonctionne bien, surtout que les émetteurs main sont équipées des mêmes capsules que les 5400. Mais je t’avouerai que ni Clément, ni moi, sommes des fans de HF et même un peu paranos. Quand tu commences à faire de la régie HF, il faut quelqu’un pour s’en occuper. Pour ce qui me concerne, si je peux m’en passer, je suis content, même sur les gros concerts. Le câble ne me dérange pas et ça sonne toujours mieux.

Une ambiance sympathique et conviviale

SLU : je constate que l’ambiance est bonne à la carrière et j’imagine que l’équipe éprouve du plaisir à y travailler ? Jérémy (Verrier) est aux petits soins pour « ses » artistes et ses techniciens.

La vidéo du concert est projetée sur la falaise durant la prestation
La vidéo du concert est projetée sur la falaise durant la prestation. Attention, faut poser et pas bouger ! C’est sympa les reflets sur le plan d’eau.

Joachim : Oui, nous n’avons pas beaucoup de moyens mais on s’en sort bien. Les artistes repartent avec le sourire et les spectateurs sont contents. C’est vraiment un plaisir de travailler ici. On n’est pas riche techniquement, c’est l’artistique qui prime. On travaille vraiment avec et pour les artistes. C’est plus important que les ”grosses machines”. Pour ma part, c’est la deuxième année que je fais ce festival Soirs d’Eté à la Carrière du Normandoux en tant que régisseur son et je suis partant pour les éditions à venir.

Ajoutons qu’il est plaisant pour les spectateurs de pouvoir dîner sur place avant le concert en profitant des lieux, et en goûtant à la cuisine de Richard Truong qui lui aussi « suit » le festival tous les étés. Atmosphère décontractée et conviviale au rendez-vous, avec de la bonne musique et qui plus est un répertoire éclectique étalé sur presqu’un mois et demi du 20 juillet à la fin aôut.

Place à la musique…

A l’écoute du concert, j’ai été agréablement surpris par le son naturel et équilibré sans masquage des détails, d’une grande clarté, et surtout de la bonne homogénéité sur toute la zone d’écoute autour du parterre et dans la profondeur. Le système de diffusion a été bien calé, comme quoi on peut obtenir un bon son avec du matériel de diffusion qui n’est plus up to date. Bien sûr, le niveau sonore était plus que raisonnable, adapté au style de musique électroacoustique, mais ample et dynamique. L’oud et la voix de Marcel Khalifé** remarquablement captés, c’est magique, à la fois sur les morceaux traditionnels de la musique libanaise emprunts de nostalgie ou en réplique et en symbiose avec le jeu de Rami au Piano ou plus électro de Bachar. Ce trio, c’est beaucoup plus que la somme de musiques différentes qui se rejoignent. Un lien entre un passé mouvementé et le présent, avec, on le ressent, le réel plaisir du père et de ses deux fils, de se retrouver pour jouer ensemble de nouvelles compositions. Une musique parfaitement retranscrite qui vous émeut, ce qui au delà de la maîtrise des interprètes, est certainement aussi en grande partie imputable à la qualité des capteurs utilisés et aux choix techniques et artistiques de Joachim et Clément. Bref un bon moment pour profiter encore des nuits d’été dans la tiédeur d’un mois d’août déclinant.

Les micros utilisés par Joachim sur le concert Khalifé

AT831 (Artist Series)

Utilisation de Joachim : reprise des cordes derrière le chevalet sur l’Oud

Micro cravate à pince cardioïde électrostatique (électret, plaque de charge fixe)
Réponse : 40-20 000 Hz avec coupe-bas 80 Hz à 18 dB/oct.
Alimentation fantôme (11-52 v, 2 mA) ou pile avec module séparé (connecteur XLRM 3)
Sensibilité : 6,3 mV (94 dB SPL) ou – 44 dBV
SPL max : 135 dB (alim fantôme) à 1% THD
S/B : 65 dB (1 kHz)
Impédance : 200 ohms (270 sur pile)

Particularité : Micro voix et instruments, particulièrement guitare acoustique.
Grand gain avant accrochage.

ATM350 (Artist Series)
Utilisation de Joachim : piano, luth oriental (oud), percussions

Micro instrument cardioïde électrostatique (électret, plaque de charge fixe)
Réponse : 40-20 000 Hz avec coupe-bas 80 Hz à 18 dB/oct.
Alimentation fantôme 11-52 V (3,5 mA)
Sensibilité : 3,5 mV (94 dB SPL) ou – 49 dBV
SPL max : 149 dB à 1% THD
S/B : 67 dB (1 kHz)
Impédance : 50 ohms

Particularités : idéal pour la captation des cuivres, instruments à anche, pianos, contrebasse, toms et violons. Réponse neutre très plate.
Capsules interchangeables omnidirectionnelle, cardioïde et hyper cardioïde.

ATM450 (Artist Series)
Utilisation de Joachim : overhead percussions

Micro instrument cardioïde électrostatique (électret, plaque de charge fixe)
Réponse : 40-20 000 Hz avec coupe-bas 80 Hz à 18 dB/oct.
Alimentation fantôme 11-52 V (3,5 mA)
Sensibilité : 8,9 mV (94 dB SPL) ou – 41 dBV
SPL max : 152 dB à 1% THD
S/B : 69 dB (1 kHz)
Impédance : 200 ohms

Particularités : Capsule à 90° latérale, idéal en overhead de percussions et prise d’instruments acoustiques. Brillance dans les aigus (+ 3 dB entre 4 et 14 kHz).

AE5400 (Artist Elite)
Utilisation de Joachim : voix lead de Marcel Khalifé et voix de Rami et Bachar

Micro cardioïde électrostatique, condensateur vrai
Réponse : 20-20 000 Hz avec coupe-bas 80 Hz à 12 dB/oct.
Alimentation fantôme 11-52 V (4 mA)
Sensibilité : 10 mV (94 dB SPL) ou – 40 dBV
SPL max : 147/157 dB à 1% THD (atténuateur 10 dB)
S/B : 80 dB (1 kHz) (dynamique de 133 dB)
Impédance : 150 ohms

Particularités : Capsule à grand diaphragme, faible bruit propre, système antichoc pour réduire les bruits de manipulation. Brillance dans les aigus (+ 4 dB sur une octave centrée sur 10 kHz), réponse étendue dans le bas.

AE5100 (Artist Elite)
Utilisation de Joachim : percussions peaux (Djembé et Derbouka)

Micro cardioïde électrostatique haute sensibilité (électret, plaque de charge fixe)
Réponse : 20-20 000 Hz avec coupe-bas 80 Hz à 12 dB/oct.
Alimentation fantôme 11-52 V (3,2 mA)
Sensibilité : 15,8 mV (94 dB SPL) ou – 36 dBV
SPL max : 148/158dB à 1% THD (atténuateur 10 dB)
S/B : 83 dB (1 kHz) (dynamique de 137 dB)
Impédance : 150 ohms

Particularités : Capsule à grand diaphragme, très faible bruit propre (11 dB), réponse plate étendue dans le bas très naturelle. Pour instruments acoustiques et percussions, voire en overhead.

AE4100

Utilisation de Joachim : captation Tom basse

Micro dynamique cardioïde
Réponse : 90-18 000 Hz
Sensibilité : 1,7 mV (94 dB SPL) ou – 55 dBV
Impédance : 250 ohms

Particularités : excellente rejection sur scène. Très faible bruit de manipulation.

 

JBL AWC82 et AWC129

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Avec sa série AWC (All Weather Compact) présentée au Plasa, JBL introduit une gamme d’enceintes dédiée à l’installation en extérieur (protection IP-56) offrant à la fois un son de qualité, des niveaux élevés et une grande efficacité.

La AWC82 est une enceinte deux voies à haut-parleur coaxial huit pouces et compression d’ouverture de 120 X 120°. Elle accepte 250 W. La AWC129 exploite elle un coaxial 12 pouces dont la compression offre une ouverture de 90 X 90°. L’enceinte supporte 400 W en continu. Ces deux enceintes peuvent fonctionner en basse impédance 8 ohms mais aussi en ligne 70 ou 100 V grâce au transformateur multi-enroulement à faible saturation intégré.

Les membranes des boomers sont renforcées par du Kevlar et les compressions utilisent un diaphragme polymère acceptant des niveaux élevés avec une faible distorsion. Les boomers sont dérivés des JBL Control 328 et Control 322 : leur cône, en association avec la forme de la pièce polaire, constitue un guide d’onde de grand diamètre pour les fréquences élevées. Rick Kamlet, Senior Marketing Manager des produits d’installation explique : « Ces facteurs, combinés avec des filtres à pente raide, procurent une directivité particulièrement cohérente pour un système très compact »

Les caisses sont disponibles en gris clair ou en noir et peuvent être peintes pour s’intégrer au mieux dans une décoration. Naturellement les composants sont traités pour résister aux conditions difficiles et une grille à trois couches minimise l’entrée d’eau vers les haut-parleurs. Les connexions placées dans un rétreint de la caisse sont également protégées et une lyre support est fournie.

 

Soundcraft Si Performer : son et lumière !

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Console numérique Soundcraft SI PerformerQuoi de plus logique que d’intégrer le contrôle du son et de la lumière dans une même console pour les applications d’ampleur limitée ? C’est la logique qui a guidé Soundcraft pour sa nouvelle série Si Performer dérivée de sa gamme Si Compact dont elle reprend largement l’aspect mais avec plus du double de puissance DSP et des fonctionnalités améliorées, 80 canaux mixables sur tous les modèles.

Deux modèles sont disponibles qui se distinguent par le nombre d’entrées micro : la SI Performer 2 en offre 24 et la Si Performer 3 monte à 32. Toutes deux disposent de huit entrées ligne, de quatre canaux de retour et de deux slots d’expansion permettant de recevoir des cartes au format MADI cat5 et optique, Aviom, Cobranet et AES/EBU.

La partie audio offre un égaliseur paramétrique quatre bandes sur tous les canaux d’entrée, un égaliseur graphique BSS et naturellement tous les éléments standards tels que filtres, portes, compresseurs et délais. Contrairement à certaines consoles de ce niveau de prix, tous ces traitements sont pleinement disponibles aucun compromis n’ayant été fait sur les DSP.

Quatorze types mix peuvent être mémorisés avec diverses combinaisons mono et stéréo jusqu’à un total de 20 bus de mixages. Parfait pour les retours ! Ces bus sont complétés par quatre matrices stéréo, quatre bus d’effets FX dédiés et trois bus master pour un réel mode LCR (gauche, centre, droite) offrant beaucoup de possibilités. S’y ajoutent huit groupes VCA et huit groupes de mute.

La partie lumière avec un port DMX512, dans la première version du logiciel, offre quatre masters avec des canaux esclave associés. Ils peuvent être associés à n’importe quelle configuration des faders principaux pour un accès simultané aux niveaux audio et lumière. Les paramètres DMX peuvent être mémorisés parallèlement aux paramètres audio ce qui permet de rappeler les deux automatiquement par simple pression sur une touche ou via une commande MIDI externe. Les paramètres audio et lumière peuvent aussi être dissociés si on le souhaite.

La SI Performer est contrôlable par l’application iPad Soundcraft ViSi Remote.

 

Allen & Heath GLD80

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Allen & Heath GLD80

Déclinaison économique du système de mixage numérique iLive, le nouveau système GLD (GL Digital) d’Allen & Heath s’avère bien sûr plus abordable mais en conservant une grande partie des concepts, notamment les contrôles Wysiwig de style analogique, de son aîné. Le modèle GLD80 introduit en début d’année comporte 80 voies de traitement et vingt faders répartis en deux banques (12+8) exploitables en quatre couches et assignables aux entrées (jusqu’à 48), effets (8 en stéréo repris du système iLive), master, groupes DCAs (16) ou encore sorties de monitoring (retour wedge ou In Ear Monitors).

Rapide survol

La console reprend en grande partie l’interface utilisateur largement plébiscité du système iLive, avec un écran couleur TFT tactile de 21 cm de diagonale, et en ressources de raccordement local, quatre entrées symétriques (mic/ligne) avec alimentation fantôme, quatre sorties symétriques (XLR) ainsi que 4 entrées et deux sorties stéréo asymétriques (RCA). Quatre sorties numériques (AES3 + SPDIF) complètent le panneau arrière de la surface. Le reste des entrées-sorties admissible est pris en charge par deux types de rack distant dédiés (non hérités du système iLive) connectés en réseau (CAT5) audionumérique, avec jusqu’à 40 entrées (mic/ligne) et 20 sorties symétriques. La communication s’opère par le dSNAKE A&H supportant des longueurs de tronçon de 120 m.

Les boîtiers de scène AR2412 et AR84
Les boîtiers de scène AR2412 et AR84, ici dans un même rack. La connexion entre les 2 s’effectue par le port d’expansion.

Le rack AR2412 propose 24 entrées (mic/ligne) et 12 sorties symétriques et dispose d’un port d’expansion pour communiquer avec un rack supplémentaire GLD-AR84 (8 entrées/ 4 sorties). On peut également connecter un rack d’expansion en local depuis la console, d’où un total maximum des E/S déportées de 40 entrées et 20 sorties avec deux racks AR84. Le connecteur « monitor » permet de relier en CAT5 un système de monitoring personnel (16 canaux) compatible Aviom. Précisons que contrairement au système iLive, le moteur audio se trouve dans la surface de contrôle et que le dSNAKE n’est pas compatible ACE.

La surface de contrôle dispose également d’un slot d’extension pouvant accueillir des cartes optionnelles de différents formats audionumériques : ACE (le protocole multicanal A&H, 64 canaux depuis ou vers une autre GLD ou une iLive), DANTE (64 canaux audio), Ethersound (64 canaux en bidirectionnel), MADI, MMO (3 ports ADAT, soit 24 canaux, plus 16 canaux AVIOM) et WAVES.

La console ne dispose que d’une alimentation (pas de redondance possible)
La console ne dispose que d’une alimentation (pas de redondance possible). La plaque sous le logo cache le slot d’extension pour carte optionnelle.

Les ports USB de la console permettent la sauvegarde et le transfert de scènes et « shows » aussi bien que des paramétrages de blocs de traitement mais également l’enregistrement en WAV, MP3/4 (et AAC) ou FLAC de deux pistes.

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Selon le constructeur britannique, le système GLD fait appel à de nouveaux préamplis d’entrée qui affichent un bruit de – 127 dBu EIN non pondéré sur 150 ohms, 0,004% de THD+N au gain médian (30 dB) et un niveau max admissible de + 32 dBu, pad enclenché. Nous verrons à quoi nous en tenir plus loin.

La surface de travail supérieure

La voie de traitement et son écran contextuel
La platine supérieure inclinée à 20° supporte en partie gauche la zone de paramétrage de voie et en partie droite l’écran TFT de 8,4 pouces et son clavier dédié. Lorsque celui-ci est placé en mode « processing », l’écran tactile travaille en parfaite complémentarité avec les commandes locales de la zone de paramétrage. Ainsi, les menus spécifiques aux différentes sections peuvent à tout moment être rappelés via leur touche verte de raccourci « Sel ». Pour le contrôle visuel local, chaque encodeur est doté d’un indicateur de positionnement à DEL et toutes les touches de commutation intègrent un voyant de mise en service. Les différentes sections sont organisées très logiquement en suivant le synoptique de la modulation.

Les commandes du préampli, du filtre passe-haut et du noise gate
Les commandes du préampli, du filtre passe-haut et du noise gate

Préamplificateur
Il dispose d’une commande d’atténuation (Pad) de 20 dB et d’un encodeur qui peut être assigné soit au réglage du gain analogique (de 5 à +60 dB par pas de 1 dB), soit à celui du gain numérique (+/-24 dB). Une diode de détection crête calibrée à – 6 dBFS et deux diodes de statut, l’une pour l’alimentation fantôme et l’autre pour l’inverseur de polarité, complètent les indicateurs de la section préampli.

HPF
Le filtre passe-haut à 12 dB/ octave possède un encodeur permettant d’ajuster la fréquence de coupure entre 20 Hz et 2 kHz.

Gate
Pour le noise gate, seules les commandes de mise en service et de réglage de seuil (de -72 à +12 dB) sont directement accessibles au panneau de commande. L’accès aux autres paramètres nécessite donc l’ouverture du menu contextuel. Il est alors possible par l’écran tactile et son encodeur associé de sélectionner puis d’ajuster le niveau d’atténuation (de 0 à -60 dB), le temps d’attaque (de 0,05 ms à 300 ms), de relâchement (de 10 ms à 1 s), de maintien (de 10 ms à 1 s) et d’effectuer ainsi un réglage précis et exhaustif du comportement dynamique de la porte. La chaine latérale du gate est dotée d’un filtre passe-bande du 2e ordre dont les fréquences haute et basse peuvent être ajustées entre 20 Hz et 5 kHz pour l’une, et 120 Hz et 20 kHz pour l’autre. Un dispositif de monitoring avant et après filtrage a également été prévu. Il est regrettable que la chaine latérale ne possède pas d’entrée externe pour des traitements de type « ducking » ou « voice over » car cette porte de bruit eût alors frôlée la perfection. A noter que la section gate n’est pas disponible dans la chaîne de traitement d’un canal MIX.

Correcteurs paramétriques
Le panneau de commande de l’égaliseur fournit un accès complet au paramétrage des 4 bandes paramétriques. Chacune des bandes possède un encodeur simple pour le réglage du gain (+/-15 dB) et un encodeur à double fonction pour ajuster la sélectivité du filtre (de 1,5 à 1/9e d’octave) et la fréquence charnière : pour la bande grave, entre 20 et 200 Hz, la bande bas médium entre 35 Hz-1 kHz, la bande haut médium entre 0,5 et 15 kHz et pour la bande aigue entre 2 et 20 kHz.

Les commandes du correcteur paramétrique 4 bandes
Les commandes du correcteur paramétrique 4 bandes
L’écran offre une visualisation claire des corrections
L’écran offre une visualisation claire des corrections

La commutation des bandes extrêmes, soit en baxandall, soit en coupe-bande, n’est accessible que via l’écran contextuel. Celui-ci possède un graphisme particulièrement réussi et offre une démonstration convaincante du caractère « wysiwyg » de l’affichage.

Compresseur

Les commandes du compresseur
Les commandes

A l’instar de la section noise gate, seuls les paramètres les plus courants du compresseur possèdent un accès local direct. On retrouve donc à la base de son panneau de commande une touche de mise en service et au dessus de celle-ci un encodeur simple pour le réglage du seuil (entre – 46 et + 18 dB) et un double pour le rapport de compression (de 1/1 à l’infini/1) et le gain de sortie. Une simple pression sur la touche « Sel » donne accès aux autres paramètres. Il est alors possible via l’écran et son encodeur dédié de choisir une transition douce ou brutale dans la région du seuil et d’ajuster le temps d’attaque (de 0,3 à 300 ms) et de relâchement (de 0,1 à 2 s). Ces deux derniers paramètres ne sont accessibles qu’à la condition qu’un mode de compression manuelle RMS ou Peak, sélectionnable à partir du menu déroulant ”compressor type”, soit en cours d’utilisation. Des configurations automatiques spécifiques pour la voix (« Auto Vocal »), les percussions (« Auto Punchbag ») ou émulant un compresseur optique (Auto Optoslow) peuvent également être rappelées. L’écran du compresseur est complet avec de nombreuses représentations graphiques intelligentes dont la double fonction de transfert (pré et post gain), le passe-bande de la chaîne latérale et, cerise sur le gâteau, un histogramme, représentation rarissime mais très pédagogique de la réduction de gain.


L’écran du compresseur, à gauche en mode « Manuel RMS»,
L’écran du compresseur, à gauche en mode « Manuel RMS»,
L’écran du compresseur mode auto
L’écran du compresseur mode auto. Les paramètres « Attack release » ne sont plus accessibles. Noter sur les histogrammes la réaction de comportement bien différente du compresseur pour une même modulation de tom.

Routing
Cette section ne comporte aucune commande physique locale en dehors de la touche de raccourci « sel ». Le page contextuelle permet alors d’aiguiller le canal sélectionné et accessoirement de doser son départ vers n’importe lequel des 20 bus de mixage disponibles

Insert / délai
Le panneau de paramétrage ne possède pas de sections relatives aux inserts et aux délais. L’accès à leur page logicielle se fait donc par leurs onglets spécifiques, en haut de l’écran tactile. La page du délai permet de retarder le signal de n’importe quel canal d’entrée jusqu’à 85 ms, celui des sorties jusqu’à 170 ms.

La page des inserts quant à elle permet d’activer et « patcher » virtuellement les points d’insert de n’importe quel canal d’entrée ou de mixage. Toute embase physique du système, locale ou déportée, est éligible pour la réalisation d’un insert.

La surface de travail inférieure
La platine inférieure, relativement dépouillée, supporte la zone de mixage composée pour l’essentiel de 20 tranches identiques réparties en deux zones distinctes. Au centre et à droite, deux lignes verticales constituées de touches de commande colorées rompent avec le caractère uniforme de la surface de travail.

Les banques de faders

Une des deux banques de faders motorisés
Une des deux banques de faders motorisés

La GLD est dotée de 2 banques complètement indépendantes de faders motorisés affectables chacune par leurs commutateurs dédiés à l’une des quatre couches logicielles de la console. La console permet ainsi de traiter jusqu’à 80 tranches. Chacune d’entre elles pouvant indifféremment servir à contrôler un canal d’entrée, un retour d’effet, un master de mix, un DCA, le wedge ou bien encore le IEM monitor de l’ingénieur de retour.


L’afficheur LCD de voie

L’afficheur LCD d’une canal traité
L’afficheur LCD d’une canal traité

Outre le label de la tranche, le petit écran LCD affiche de nombreuses informations en rapport direct avec le canal traité. Citons pêle-mêle, le type de tranche (Ip/AUX/DCA) l’assignation (On / Off), le type de Mix en cours de sélection (Main/AUX /DCA), la configuration d’envoi (Pre/Post), l’indicateur de positionnement de l’encodeur de tranche et sa nature (Pan /Gain), etc. Le menu contextuel du LCD permet de personnaliser la couleur du fond, le label, et des informations complémentaires rappelables via la touche « altview » au centre de la console. L’afficheur possède une définition correcte mais compte tenu de la densité des informations fournies, il aurait pu bénéficier de dimensions plus généreuses.

L’encodeur de voie

Les touches d’assignation des encodeurs de voie
Les touches d’assignation des encodeurs de voie

Quatre touches spécifiques au centre de la console permettent d’assigner la ligne des 20 encodeurs de voie soit au gain, soit au panoramique ou encore à l’une des deux fonctions définies pour les touches custom 1 et 2. Celles-ci sont programmable via le menu de configuration et peuvent au choix de l’opérateur permettre aux encodeurs de contrôler un des envois auxiliaires, ou un des départs effet, ou bien encore le niveau de la sortie directe.


Quatre clés indispensables

Mute, Sel, Mix PAFL : 4 clés indispensables
Mute, Sel, Mix PAFL : 4 clés indispensables

La clé d’extinction Mute affecte le canal principal mais aussi l’ensemble des envois auxiliaires, que ceux-ci soient placés en mode pré ou post fader. En plus de son voyant intégré, une DEL en proximité immédiate

La principale fonction de la touche « Sel » est bien sûr de pouvoir accéder à la voie de traitement virtuelle pour le canal sélectionné. Nous reviendrons un peu plus loin sur les autres fonctions avancées de cette touche, notamment lorsqu’elle est associée aux commandes centralisées.

La commande Mix n’a pas le même comportement suivant qu’elle appartient à un master ou à une voie d’entrée.

Si la commande Mix d’un master est activée, les faders des canaux d’entrée servent d’envois auxiliaires vers le bus master concerné. Ce mode, couramment appelé « sends on fader » et qui permet d’envoyer très aisément plusieurs modulations vers un même bus, est implémenté sur la grande majorité des consoles numériques de sonorisation. Il ne pose pas de problème de compréhension ni d’exploitation si, une fois le mélange réalisé, on n’oublie pas de désactiver la commande mix de l’auxiliaire utilisé.

Le deuxième mode est moins courant et concerne la commande mix d’une voix d’entrée. Si celle-ci est activée, les faders master perdent leur fonction originelle et deviennent les envois auxiliaires de la voie d’entrée concernée. Ce mode peut s’avérer utile pour rapidement distribuer et ajuster une même source vers plusieurs départs. Attention toutefois, le déplacement virtuel des envois auxiliaires hors de la tranche source peut être source de confusion.

Enfin, la commande PAFL envoie le signal prélevé avant ou après fader vers la sortie casque et le système d’écoute. Un écran spécifique à l’écoute permet de configurer indépendamment pour les canaux d’entrée et les masters soit le mode PFL ou AFL.

Le crête-mètre

L’indicateur de niveau des tranches
L’indicateur de niveau des tranches

Chaque tranche est équipée d’un indicateur de niveau relativement sommaire. La diode rouge « Pk » alerte d’une éventuelle saturation en tout endroit de la chaîne du signal. Lorsque les faders sont configurés en commande d’égaliseur graphique, les vingt indicateurs de niveau se comportent en analyseur en temps réel (RTA).


Les commandes centralisées

Commandes Pré/Post et Assign
Commandes Pré/Post et Assign
Les commandes Copy, Past et Reset
Les commandes Copy, Past et Reset

Une pression conjuguée sur la touche « Pre/Post » et l’une des touches « Sel » d’une tranche bascule le mode d’envoi vers le bus considéré. Si la sélection concerne une tranche master, la bascule concerne l’ensemble des envois auxiliaires alimentant le bus concerné (mode global). En revanche, si la sélection concerne une tranche d’entrée, la console doit être en mode « sends on fader », et seul l’envoi particulier de cette tranche vers le bus master en cours de mix est alors concerné (mode individuel). Sur le même principe, la commande Assign conjuguée avec une touche « sel » permet d’activer ou désactiver un envoi vers un bus de mixage, soit de manière globale pour un master, ou individuelle pour une tranche d’entrée.

Les commandes Safe, Freeze et GEQ
Les commandes Safe, Freeze et GEQ

Les commandes Copy, Paste ou Reset associées à une touche de sélection permettent de copier, coller et réinitialiser complètement une section de traitement ou bien l’ensemble des paramètres d’une tranche. Associées aux touches Mix des tranches master, c’est une balance globale qui peut être alors copiée, collée ou réinitialisée.

La commande Safes associée à une touche Mix ouvre un menu contextuel permettant de sélectionner un canal ou certains paramètres de celui-ci ne devant pas être modifiés par un changement de mémoire de scène.

La commande Freeze in layer associée à une touche Mix permet de geler la position de la tranche concernée et de la garder ainsi disponible à travers toutes les couches de faders.

Enfin la touche GEQ associée à une touche « sel » d’un master permet de commander les égaliseurs graphiques par les faders de la console. Les écrans LCD affichent la fréquence et le gain correspondant à chaque fader. Chaque pression sur la commande GEQ bascule les faders entre bandes graves et aigues. Le vingtième fader, dédié au rôle de master du mix n’est pas affecté par ce changement de couches.

Les concepteurs ont implanté 10 clés utilisateur (soft). Chacune peut se voir attribuer une fonction particulière comme le rappel d’une scène, la saisie du tempo, l’extinction d’un groupe DCA,…, etc.

Exploitation

Les configurations de base
La GLD possède une architecture audio, une disposition des commandes et des interfaces d’entrée sortie entièrement configurables, laissant l’opérateur libre de personnaliser sa façon de travailler comme il l’entend. Configurer la console dans son intégralité peut s’avérer toutefois une tâche longue et fastidieuse, c’est pourquoi Allen and Heath livre sa console avec un modèle de base bien adapté à une utilisation mixte de façade stéréo et de retours de scène. Deux autres modèles sont également disponibles dans les mémoires d’usine du menu configuration. L’un pour une exploitation de la GLD en console de façade tri phonique (L/R+M), l’autre en retours de scène et in ear monitors. Pour chacun de ces trois modèles, la configuration proposée suit au plus près celle que l’on peut trouver sur les consoles analogiques. Une fois à l’aise avec la GLD, l’opérateur peut réaliser tous les changements qu’il souhaite sur le modèle de départ et sauvegarder la nouvelle configuration dans l’une des mémoires réservées à l’utilisateur.

Les effets
Le rack virtuel permet d’utiliser jusqu’à huit effets simultanément. Les bibliothèques fournissent des émulations convaincantes d’effets classiques. Ainsi, les réverbérations possèdent des programmations d’usine dont les noms évocateurs (480 hall, EMT250, …) font clairement référence aux meilleurs machines des années 70 et 80. Des écrans de programmation réalistes donnent accès à l’ensemble des paramètres, des plus usuels en mode basique aux plus sophistiquées une fois le mode expert activé. La face arrière virtuelle, permet de réaliser tout types de raccordement. Traditionnel, en utilisant des bus d’envoi et des retour dédiés aux effets, ou en insertion sur n’importe quel canal d’entrée ou de master. Les différentes machines peuvent même être chainées et leurs sorties reliées à des connecteurs physiques de la console ou du patch déporté.

Le simulateur d’espace acoustique virtuel en mode expert.
Le simulateur d’espace acoustique virtuel en mode expert.

Outre les réverbérations et effets classiques de types délai, chorus, doubleurs…etc. les développeurs ont également implémenté un générateur de sub-harmoniques (à utiliser avec la plus grande précaution) et un combiné matrice-crossover à 2 entrées et 7 sorties permettant de gérer la diffusion aussi bien en filtrage qu’en délai.

Le monitoring
Les clés « PAFL » des entrées, et des masters, peuvent être indépendamment configurées soit en écoute PFL, soit en écoute AFL. Deux voyants spécifiques permettent de contrôler si un PFL ou un AFL est sélectionné. A proximité immédiate de celui-ci, une touche « clear all» dédiée permet de supprimer toute sélection en cours.

Les options du menu contextuel au PAFL permettent de réaliser des écoutes en sélection unique ou additive, et d’autoriser la sélection automatique du PAFL, soit via la touche « SEL » soit la touche « MIX » de chaque tranche. Un potentiomètre virtuel de 24 dB permet d’ajuster les différences de niveau entre PFL et AFL. Celui ci n’affecte pas l’indicateur de niveau PAFL mais intervient sur les niveaux de la sortie casque et du monitor. Enfin, un délai réglable jusqu’à 170 ms permet de synchroniser l’écoute locale avec la diffusion de façade.

La console bénéficie de deux circuits de monitoring distincts à commutation intelligente permettant de contrôler l’envoi vers un wedge ou un système d’oreillettes (in ear monitor). Chaque master auxiliaire pouvant au choix de l’opérateur voir son PAFL affecté indifféremment à l’un de ces deux circuits.

L’écoute d’un circuit d’entrée est prioritaire sur celui d’un circuit master.

Enfin pour être complet avec le système de monitoring, les ingénieurs d’Allen & Heath on réalisé un écran RTA avec diode de pic affecté en permanence au bus PAFL.

La gestion des mémoires
En plus des mémoires d’usine non modifiables, la console possède des registres utilisateur où les configurations (Show), les bibliothèques de traitement (library), et les mémoires de scènes peuvent être sauvegardées. Jusqu’à 250 scènes peuvent ainsi être mémorisées. Lors de la sauvegarde d’une scène, un clavier tactile est disponible pour nommer la scène et lui adjoindre un commentaire.

Il est possible soit de mémoriser l’ensemble des paramètres ou alors de ne réaliser qu’une sauvegarde partielle. Pour cela, un menu déroulant permet de ne sélectionner que les paramètres concernés par la mémorisation. A la différence de la commande « store », la commande « update » du menu contextuel ne rafraîchit que les paramètres autorisés par la sauvegarde partielle.

Chaque scène peut être copiée et collée dans plusieurs registres sans que le nom soit recopié. Il est ainsi possible lors d’un concert de sauvegarder une balance de base dans autant de mémoires qu’il y a de titres à jouer, et de n’updater ensuite via des mémorisations partielles que les paramètres spécifiques à chaque scène.

Les deux USB2
Certainement pour ne pas concurrencer les Ilive, Allen & Heath a choisi de ne développer aucune application logicielle externe, que ce soit pour tablette tactile ou pour PC. C’est d’autant plus regrettable que le soft embarqué dans la GLD, avec ses superbes écrans Wisiwig, est certainement un des plus aboutis du marché et démontre en la matière le grand savoir-faire des développeurs de la marque.

La clé USB, certes très pratique et parfaitement opérationnelle, est donc le seul recours si vous souhaitez sauvegarder vos données mais vous n’aurez pas la possibilité de modifier ou de créer vos configurations offline.

C’est également par la clé USB que se gèrent les droits des utilisateurs et qu’il est possible de réaliser les mises à jour du firmware. Enfin la clé permet d’enregistrer en stéréo au format WAV 48 kHz et de lire des fichiers au format WAV, MP3, M4A et FLAC 44,1/48 kHz.

Les mesures
Commençons par les préamplis qui ont fait l’objet d’un nouveau développement. Le gain « analogique » s’ajuste entre 5 et 60 dB et le Pad atténue bien de 20 dB. En figure 1 nous avons relevé la bande passante d’une entrée en sortie directe aux gain minimum, médian et maximum.

Figure 1
Réponse a fréquence d’une entrée micro prélevée en sortie directe, pour trois gains

La chaîne prend en compte les deux conversions, le transfert réseau et l’ampli de sortie ligne (rack AR2412) et la mesure est réalisée dans le domaine analogique. Les 4 dB supplémentaires constatés, (+9 à + 64 dB) proviennent de l’alignement de niveau opéré : le 0 dB (Vu) console est fixé à + 4 dBu qui correspondent à –18 dBFS dans le domaine numérique, 0 dBFS donnant + 22 dBu (nous avons mesuré 22,2 dBu avant écrêtage) en sortie. En d’autres termes, il y a 4 dB de translation. Sur la courbe, la coupure haute s’effectue vers 23 kHz, réponse typique d’une conversion à une fréquence d’échantillonnage de 48 kHz (Fs/2 = 24 kHz). Au gain max, la réponse s’atténue un peu dans le grave mais sans problème. Le bruit ramené en entrée au gain max (impédance de source de 150 ohms) est respectivement de – 127,7 dBu en non pondéré et de – 130 dBu (A), c’est très bien, avec une bonne répartition dans la bande si l’on en juge par l’écart de moins de 3 dB entre les valeurs pondérées et non pondérées. Au gain min (micro), on obtient respectivement – 97 dBu et – 99,5 dBu (A), bien. En revanche le taux de réjection de mode commun des entrées symétriques est un peu faible. Nous avons relevé respectivement 67,5 dB, 71 dB et 65 dB à 40 Hz, 1 kHz et 10 kHz par la méthode conventionnelle, valeurs qui passent à 51 et 53,5 dB Pad enclenché. Et si l’on déséquilibre les impédances de source en mode commun, on descend sous la barre des 40 dB … Le niveau max admissible est bien de + 12 dBu sans Pad et de + 32 dBu avec. Côté impédances en symétrique, nous obtenons en entrée 3,37 kΩ en micro et 10 kΩ en ligne (Pad enclenché). Les sorties symétriques affichent 50 Ω d’impédance de source. Pas de problème, il s’agit là de bon choix.

Figure 2
FFT depuis une entrée micro vers une sortie directe, au gain maxi avec un signal sinus à 1 kHz

Au plan distorsion, harmonique (THD) et intermodulation (IMD SMPTE), les prestations sont correctes. Sur une « tranche » d’entrée en sortie directe, au gain max (60 dB) et au niveau nominal, la THD atteint 0,006 % à 40 Hz et à 1 kHz, 0,007 % à 10 kHz (bande d’analyse de 80 kHz) ; dans les mêmes conditions au gain médian, ces valeurs descendent à 0,0014 et 0,0016 % respectivement. La distorsion d’intermodulation (SMPTE) avoisine 0,019 % (un peu élevée) au gain max, 0,007 % au gain médian (30 dB) pour tomber à 0,004 % au gain min. En sortie master, juste avant l’écrêtage (+22 dBu en sortie), on plafonne à 0,005 % à 1 kHz pour un gain médian en entrée. Le bruit résiduel sur les sorties symétriques (mute enclenché) s’établit à – 92 dB NP et -94,7 dB(A), la dynamique du système avoisine 112,5 dB (A), 110 dB NP.

En figure 2 nous présentons une FFT du transfert (sans traitement) depuis une entrée micro au gain max avec un signal sinus à 1 kHz vers une sortie master (à +12 dB) pour évaluer la répartition du bruit et des harmoniques. La répartition du bruit est tout à fait normale et on constate que l’harmonique 2 est prépondérant sur la suite d’harmoniques impaires, ce qui en général donne un son « plus chaud », moins agressif. La rejection des deux bandes latérales de la fréquence d’échantillonnage (47 et 49 kHz, soit 48-1 et 48 + 1 kHz) est à plus de 90 dB, c’est bien.

Réponse des correcteurs à plateau
Réponse des correcteurs à plateau
Affichage à l’écran de l’action des correcteurs à plateau
Affichage à l’écran de l’action des correcteurs à plateau

Figure 4
Réponses des correcteurs paramétriques

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Affichage à l’écran de l’action des correcteurs paramétriques 4 bandes correspondant fidèlement aux réponses de la figure 4

Pour les réponses des correcteurs, pas de surprise, elles corroborent précisément les courbes entrées à l’écran. Les figures 3 et 4 associées aux écrans de paramétrages afférents montrent la fidélité de la réponse des filtres à plateau et des correcteurs paramétriques quatre bandes.

Figure 5
Réponses du filtre coupe-bas. On remarque de même l’exactitude aux fréquences extrêmes de 20 Hz et 2 kHz tout comme à 200 Hz. Il s’agit bien d’un deuxième ordre.
Figure 6
La porte de bruit opère correctement, rappelons simplement qu’on retrouve bien le décalage de 4 dBu au 0 dB de référence console.
Figure 7
La même remarque s’applique au compresseur-limiteur, le paramétrage est respecté mais on constate quelques artefacts de tenue de la compression (fonction du ratio) avec le niveau bien que le temps d’attaque soit réglé au minimum.
Figure 8
Latence due au convertisseur A/N sur sortie directe AES

Enfin les figures 8 et 9 donnent un aperçu de la latence due aux convertisseurs, A/N seul sur une sortie directe en AES (8), et de l’ensemble A/N + N/A plus réseau (9). Bizarrement nous trouvons moins qu’annoncé par le constructeur, respectivement 0,55 ms au lieu de 0,68 et 1,23 au lieu de 1,49 ms. Tant mieux !

Figure 9
Latence de l’ensemble convertisseurs A/N + N/A + réseau

Conclusion

Il faut en convenir, par son concept, sa réalisation et son ergonomie, la GLD doit plus aux systèmes numériques de la gamme iLive qu’aux vénérables et respectables consoles analogiques de la série GL.

La surface de travail de la GLD est à quelques détails près la réplique économique de la console T80 (le modèle milieu de format de la série iLive). Si cet héritage possède des avantages certains, notamment une disposition toujours aussi claire et accessible des différentes commandes et contrôles, les inconvénients imposés par la réduction des coûts de fabrication sont bien présents. La petite GLD a donc tout d’une ilive mais les organes qui la composent, notamment les faders, encodeurs, indicateurs de niveau mais aussi l’écran TFT sont de qualité moindre. Les performances, même si globalement elles restent d’un bon niveau, sont également un cran en dessous.

Il ne faut toutefois pas s’arrêter à cette première impression : il suffit de mettre un peu de son dans le système et de commencer à travailler avec pour être convaincu de son efficacité et de ses qualités. Très intuitive, sa prise en main se fait en moins de temps qu’il n’en faut avec toute autre console du marché. Conçue de manière intelligente et logique, la complémentarité d’utilisation entre les commandes de la surface de travail et les différents menus contextuels est parfaitement maîtrisée. Si on ajoute qu’elle sonne honorablement, que le choix des effets embarqués dispense d’un rack externe, ce petit système au rapport qualité/prix * serré devrait trouver son public, mais hors du cénacle de la prestation pro « haut de gamme ».

Prix tarif Audiopole :

  • Console GLD80 : 5355 euros HT
  • GLD AR2412 : 1490 euros HT
  • GLD AR84 : 690 euros HT

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Christophe Willem en tournée

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Christophe Willem

Quand un album sonne mieux sur scène que sur CD, malgré une salle assez capricieuse et un système loin d’être terrassant, on ne peut que s’incliner devant l’artiste car tout vient de là et de son ingé son car tout passe par là. Oui elle n’est pas faite pour le live. Oui par moments elle fout les jetons. Il n’empêche que la dernière config Pro Tools d’Yves crache un gros son, très gros. Une configuration aussi simple à gérer que Soyouz les yeux bandés…Ehh oui, il a encore frappé !!

Yves Jaget avec trois musiciens
Yves Jaget avec les trois musiciens accompagnant Christophe Willem en tournée. A gauche Chris Ketley le multi-instrumentiste privé d’amplis, au milieu Simon Tellier le batteur ayant acheté pas moins d’une douzaine de paires de baguettes pour le concert, prudence est mère de vertu, et enfin Sarah de Courcy, aussi jolie qu’efficace pour mener tout ce petit monde et douée de ses dix doigts sur ses claviers.

Pour celles est ceux qui ne connaitraient pas Yves, attendez j’ouvre une parenthèse : ”combien coûte une baguette ?” Yves : ”un franc cinquante ?” Bon, vu sous cet angle on comprend mieux. Yves Jaget ne peut donc pas faire comme tout le monde. Depuis toujours il défriche, invente et innove, au point d’en être devenu l’exemple à suivre ou à ”sniper”. Continuant sa collaboration avec Christophe Willem pour qui il a travaillé sur Caféine, il l’accompagne pour son tour 2012 des casinos Barrière. Nous le retrouvons à Deauville pour une date sentant bon le varech, et où sur toutes les interviewes on entend crier les mouettes (véridique NDR)


Toute l’équipe technique
Toute l’équipe technique de la tournée des Casinos Barrière de Christophe Willem. Il ne manque que Sébastien Rouget en charge des retours, absent ce jour, et remplacé par Alex Jousseaume tout à gauche. A sa droite debout Yves Jaget, l’homme qui a réinventé Soyouz sans même parler le russe, Victor Lagiewski qui parle aux Sharpy, Thibault Maestracci en charge du système et assistant d’Yves. Assise, Marion-Trompette Gillet, l’assistante d’Alex aux retours.


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Roland


SLU : Christophe et toi ce sont des retrouvailles, en revanche jusqu’à présent vous n’aviez collaboré qu’en studio.

Yves Jaget (YJ) : J’aurais dû l’accompagner sur scène lors de sa tournée précédente, il me l’avait demandé. Mais pour diverses raisons liées à ses musiciens, ça ne s’est pas fait. Christophe étant un artiste extrêmement fidèle, il a repensé à moi pour cette tournée, et a été jusqu’à faire déplacer un showcase de son nouvel album Prismophonic auquel je n’ai absolument pas participé pour tomber pile lors de deux jours off de la tournée de Zazie où j’officiais. C’est rare ! Il est très fidèle et tout autant exigeant, ce qui est normal pour quelqu’un d’aussi bon mais peut se révéler difficile pour certains. Ca galope dans sa tête ! C’est un artiste qui fait totalement confiance, demande la réciproque et est ouvert. Il est très à l’écoute. Si tu lui dis tous les soirs qu’il a été terrible, ça ne va pas le faire surtout les soirs où justement il sait qu’il a été en dedans, et s’attend à ce que tu le lui dises et pointes précisément le problème. Je sors d’une tournée en wedges, et vocalement tu es gagnant car tu obliges l’artiste à se trouver dans une matière et une énergie, et pour cela à donner plus et constamment pour s’entendre. Les ears apportent trop de confort, et te laissent t’enfermer dans ton monde. Souvent je réclame du jus à Christophe, et il suffit qu’il retire une oreillette pour s’en rendre compte et envoyer plus. Les ears ont cela de pervers qu’en plus ils fonctionnent raccordés à une console à mémoire qui est programmée pour redonner du gain sur certains titres, et conforter encore plus l’artiste dans son économie vocale. Il n’a plus aucun effort à faire. Les mots ont du mal à sortir, et du coup on se retrouve parfois à accrocher avec la façade, ce qui paradoxalement arrive moins souvent avec des wedges ! Heureusement Christophe est très à l’écoute et corrige facilement cette tendance.

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Christophe

SLU : Cela dit, comment aurais-tu pu te passer des ears dans cette tournée ; la latence est trop importante.

YJ : Là j’avoue qu’on n’aurait pas pu. On a fait quelques grandes salles, et les retours, dès qu’on pousse la façade, sont très pénalisants pour les musiciens. Christophe lui-même, qui se balade souvent dans le public, a enlevé une fois une oreillette. Je peux te dire qu’il l’a vite remise. 30 milli c’est l’enfer (rires) ! Parfois quand il passe à côté de moi le micro à la main, j’ai honte…C’est chaud mon truc !
A la base, cette tournée aurait dû partir en Pro Tools HDX, et donc n’avoir quasiment aucun problème de latence.

Une configuration studio en Live

Une vue de la salle depuis la régie son
Une vue de la salle depuis la régie son et surtout la « console » d’Yves Jaget due aussi au talent du tour manager Julien Mairesse, un type aussi drôle que doué de ses mains. On aperçoit tout en haut et semblant pendre dans le vide deux UPJ installées et calées par Thibaut Maestracci l’assistant en charge du système, afin d’apporter un peu de fraîcheur et de croustillant au son en régie, rendu bien terne par la casquette crée par le balcon. Une excellente idée.

SLU : Alors que tu es en Pro Tools HD… Revenons à Pro Tools, pourquoi avoir choisi cette plateforme universelle mais totalement orientée studio ?

YJ : Premièrement la régie correspond parfaitement au côté « all in the box » de ce style de musique. Tout est fait comme ça, les albums sont faits comme ça. L’album de Christophe est hyper produit. Si je ne régénère pas ce type de production, il va me manquer fatalement quelque chose à sa musique. Je ne peux pas m’en éloigner et faire ma sauce. Si j’avais eu un peu plus de place, j’aurais pris plus d’analogique mais le choix du Pro Tools en soi n’est pas nouveau. On peut même dire que je retourne à mes premières amours. Lors de la sortie du Pro Tools HD, j’avais déjà travaillé avec pour Zazie, ce qui avait suscité la controverse avec Digidesign. C’est petit, ça ressemble comme deux gouttes d’eau à ma configuration studio, et surtout c’est un système que j’adore, qui offre des possibilités artistiques infinies, et qui par le biais des plugs va aussi loin que possible dans le traitement numérique.

SLU : Pourquoi un Pro Tools HD alors, et pas HDX…

YJ : C’était prévu en HDX. Dispatch devait investir et équiper chaque Mac avec 2 cartes HDX, mais quand j’ai fait le tour des plugins disponibles, je suis vite revenu en arrière. La nouvelle norme AAX pour les plugs a fait que nombre d’entre eux n’ont pas encore été ré écrits, et donc ne sont pas disponibles, dont Elixir de Flux, un remarquable limiteur auquel je tiens tout particulièrement.

SLU : Tout ça pour un limiteur ?

YJ : La gestion de la dynamique est essentielle en concert. On égalise un système avec des CD qui sont surmasterisés pour, après ça, travailler avec un son dont la dynamique est dix fois supérieure. Donc je pars maintenant du principe qu’il est essentiel de masteriser aussi en sono, et si tu veux le faire, et bien le faire, tu dois en passer par des outils spécifiques comme Elixir qui en est un remarquable.

SLU : C’est Gaël qui a créé ce plug ?

YJ : Oui c’est Gaël. C’est un limiteur qui est juste fantastique, et qui selon moi n’a pas d’équivalent. Je n’ai rien entendu de mieux jusqu’à présent, en tous cas sur les plateformes digitales. Je peux te dire que Gaël en vend ! Problème, ça ne tourne qu’en natif.

Une vue de quatre parmi les plugs préférés d’Yves Jaget
Une vue de quatre parmi les plugs préférés d’Yves Jaget. En haut à gauche la réverbération de Flux dans la gamme Ircam, un bijou tant qu’on ne lui demande pas de s’attaquer aux réverbs très courtes et/ou non linéaires. A sa droite l’Elixir de Flux, dont le gros potard avec sa couronne jaune permet d’ajuster finement le seuil. En bas à gauche le PhaseMistress de Soundtoys, la boîte à phaser et enfin à sa droite un Omnipressor Eventide, enfin, la version en plug, un compresseur assez barré mais génial pour faire des effets.

SLU : Il tire sur le processeur du Mac ?

YJ : Oui, il ne l’a jamais développé en TDM parce que le passage du natif au TDM est une passerelle trop onéreuse. Il l’a fait sur son très bel égaliseur Epure mais le prix de ce développement spécifique est incompatible avec des ventes normales. Le gros avantage de l’AAX est sa plateforme de passage du natif vers ce nouveau format très bien pensé et les 18 processeurs Texas Instruments super modernes, et tournant à 350MHz, qui se trouvent sur chaque carte HDX. Gaël devrait être en mesure de livrer dès septembre la totalité de ses plugs sous ce format.
Curieusement, Waves n’a pour le moment fait aucune annonce, pas plus que Soundtoys, ce qui fait que tous les plugs qui m’intéressent sont en stand-by, à l’exception de McDSP (les V5 en AAX sont désormais disponibles NDR).
Pour résumer, et à l’instant où je te parle (le 17 juillet 2012 NDR), je n’ai quasiment rien à me mettre sous la dent.

Les deux mac en charge de faire tourner Pro Tools
Les deux mac en charge de faire tourner Pro Tools et surtout de gérer la foultitude d’effets via leurs 8 cœurs, pas une mince affaire. Entre les deux et de haut en bas un CM203, un rack de monitoring très malin de chez Best Audio, une distribution de l’horloge Lucid, un MADI Bridge RME, deux HD MADI Avid servant à interfacer Pro Tools avec cette norme audio et enfin un brave onduleur, on n’est jamais trop prudent !!

SLU : Du coup tu te prives du nouveau mélangeur en 64 bits flottant…

YJ : Oui le mélangeur est top, y’a pas à dire. Après il y avait aussi des questions d’ordre financier derrière le non choix du natif en HDX car ça demande d’avoir des processeurs de course dans le mac pour faire le job donc des 12 cœurs. Dispatch avait en stock des 8 cœurs et racheter des machines neuves et 4 cartes HDX pour une configuration non optimisée n’a pas semblé judicieux. A la rentrée, en revanche, la tournée des casinos se transformera en tournée tout court avec une quarantaine de dates. On reverra à ce moment-là la configuration.

SLU : Revenons-en à la latence. Pour ce show en ears c’est jouable mais à 1317 échantillons ça commence à faire très long. A quoi c’est dû ?

YJ : Oui, nous en sommes à 1317 samples donc un peu plus de 27 millisecondes à une fréquence d’échantillonnage de 48kHz, auxquels il faut ajouter la latence liée au processing Lake qui varie entre 6 et 12ms ! L’inconvénient de notre configuration actuelle réside dans le fait que nous travaillons en natif pour certains plugs, et qu’ensuite il faut tout remonter dans les DSP pour attaquer le mixeur. Cette remontée me coûte au moins 600 samples. Si je faisais tout en DSP, ça irait infiniment plus vite même si, au fur et à mesure qu’on ajoute des plugs, les temps de calcul augmentent. Un plug comme Elixir doit sa qualité de traitement à son look-ahead et à son nombre de passes réglable de 1 à 5. J’en ai 12 insérés pour le show. Je suis donc bloqué à 1 passe sur chacun d’entre eux, autrement les temps explosent et je mets à genoux les Mac. Pour la prochaine tournée en HDX, Gaël va essayer de me fournir une version live d’Elixir ne dépassant pas les 200 samples de latence. 4 milli c’est jouable sur scène.

Le vrai rôle des Pro Tools

SLU : Voyons à présent ta configuration dans son ensemble.

YJ : Elle repose sur deux Pro Tools pour avoir une redondance. Ils sont asservis par un Time Code lié à la fonction Satellite propre au Pro Tools qui transite via le deuxième port réseau du Mac, le premier étant dévolu à Eucon pour mes surfaces de contrôle. Ce mode Satellite relie deux Pro Tools à l’échantillon près, et linke un certain nombre de commandes comme le Solo ou les commandes de Play et Stop. Ça marche hyper bien, et en studio c’est génial car tu peux faire de l’enregistrement dans un Mac, et des machines ou de l’image dans l’autre, tout en reliant parfaitement l’ensemble.

Christophe

SLU : Dans tes Pro Tools, tu joues aussi des pistes ?

YJ : Non, ils sont absolument statiques. Tout ce qui joue vient d’en face. Ce que tu vois là est bien une console. Ce ne sont que des auxiliaires, il n’y a pas une seule track. Comme le système tourne bien, il nous arrive d’utiliser une des deux machines pour enregistrer le show ; on prélève juste à la sortie des préamplis, et on peut faire du virtual sound check via un patch MadiX8 SSL.

SLU : Tu nous détailles ta régie ?

YJ : Les sources arrivent depuis la scène par un multi, des micros et des séquences, le tout en analogique, et alimentent 7 préamplis Aphex 1788A et un préampli quadruple GML, enfin, 6 préamplis car le septième 1788A est en spare. Il vaut mieux quand tu penses aux dégâts causés par la perte de 8 canaux d’un coup ! Deux des Aphex sortent directement en AES, les 5 autres plus le GML en analogique, et tout ce petit monde attaque les deux convertisseurs SSL Xlogic Alpha Link, chacun prenant en compte 24 canaux et sortant en MADI. Comme je ne suis pas fan de la carte numérique qui est dans les Aphex, je ne gère que des séquences dans les deux qui sortent en numérique. En revanche, la partie préampli marche bien ; c’est de la classe A avec un bon transfo Jensen. Une fois que j’ai mes 48 canaux en MADI, je rentre dans le X8 qui, lui, va alimenter les deux Pro Tools de manière identique au travers de deux HD MADI Avid. Pour les sorties des Pro Tools, 16 mono chacun, on utilise les sorties indépendantes de chaque convertisseur, justement pour avoir une sécurité. Le premier Alpha Link gère les sortie du Tools 1, le principal, et le second Alpha Link gère celles du Tools 2, le secours. Ces deux fois 16 canaux ou 8 stéréo aboutissent au Mix Dream SPL qui assure la sommation analogique. En agissant sur les inverseurs de cet appareil, on peut basculer d’une configuration « main », celle qui rentre dans les entrées principales, à celle de « spare » qui se contente des retours d’insert de ce sommateur.

Un rack de la régie façade
Un rack de la régie façade. De haut en bas deux préamplis Aphex, des 1788A, disposant tous deux de la carte de conversion AD. On les reconnaît à l’afficheur indiquant la fréquence d’échantillonnage commune à toute l’installation et calée à 48kHz. Juste en dessous l’horloge Mutec MC3, puis le patch MADI X8 SSL, un Powerplay Pro, un ampli casque quadruple de Behringer, les deux convertisseurs AD-DA X-Logic Alpha Link SSL prenant tous deux en charge 24 canaux et enfin le sommateur analogique MixDream SPL en charge de récupérer les sorties des stems Pro Tools et n’en faire plus qu’un gauche/droite.
Du préamplificateur comme s’il en pleuvait.
Du préamplificateur comme s’il en pleuvait. Cinq unités Aphex 1788A sortant en analogique leurs signaux à l’attention des convertisseurs SSL. LA cinquième unité est en spare. Tout en bas, un dernier préampli très discret mais tout aussi qualitatif puisqu’il s’agit d’un GML 8304 en charge de la voix de Christophe et des deux micros principaux de Sarah. Peu de boutons, mais gros son.


SLU : 8 stéréos c’est le meilleur compromis pour préserver le signal ?

YJ : Ah c’est certain que je préférerais avoir deux Mix Dream. On y gagnerait encore en qualité, et ça me simplifierait la vie au niveau des stems sur lesquels il faut gamberger à cause des séquences où il se passe beaucoup de choses. Rares en effet sont les musiciens qui t’envoient des séquences prêtes à mixer. A l’exception d’un type comme Jean-Pierre Pilot, je n’ai quasiment jamais reçu des séquences prêtes à faire du live.

SLU : Comment ça se fait ?

YJ : Parce qu’un musicien n’est pas un technicien. Il a une autre approche du son, et favorise forcément d’autres domaines. Ces séquences sont souvent générées en natif « in the box » dans des Logic Audio, et généralement pissent le grave dans tous les sens. Je retravaille énormément les sons en termes de couleur et de dynamique.

SLU : Tu parlais de stems avant. Comment les gères tu dans Pro Tools ? On a un peu l’impression que tu parles studio plus que live !

YJ : C’est un peu ça. En fait j’utilise le même principe qu’en studio. Si on prend les drums, je fais un groupe de pistes qui va être ramassé par un auxiliaire avec derrière un master, pour la simple raison que comme ça tout est post-fader, et tout le traitement que tu fais, stem par stem, ne bougera pas. Je masterise chaque stem individuellement avec des limiteurs Elixir, et parfois je place avant un compresseur multibande.

SLU : Si tu n’aimes pas l’Elixir on te donnera autre chose !

YJ : Si tu veux faire du mastering sur ton son, il faut le travailler. Pour ça il vaut mieux traiter les stems avant qu’ils n’atteignent le Mix Dream. Sinon il faudrait après une nouvelle chaîne de traitement en analogique récupérant la sommation gauche/droite avant qu’elle n’attaque le Lake ou bien, si je veux insérer du numérique, il faut re numériser ce stéréo et remonter dans une plateforme supportant des plugs. Ça devient infernal. Enfin, je travaille à des niveaux très élevés pour avoir le meilleur son. Je suis donc quasiment full scale sur mes 16 sorties. Je ne connais donc pas de traitements analogiques qui arriveraient à digérer ce que sort le Mix Dream. Il est au taquet !

L’élixir de gros son

SLU : Tu as déclaré plus haut que tu veux désormais masteriser le son des concerts. Tu parles d’artistes comme Christophe dont le son est par essence une galette ou bien celui de tout artiste avec lequel tu collaboreras dans le futur ?

YJ : Je parle en général, quel que soit le style musical, rock compris. Lorsque nous nous sommes rencontrés pour la dernière tournée de Zazie, je t’avais déjà évoqué cette envie mais techniquement je n’avais pas pu et… (Je l’interromps NDR)

SLU : Mais tu plaisantes, le son était énorme, sans doute l’un des meilleurs que j’ai entendus en salle !

YJ : Le problème en sono ce sont les crêtes. C’est ce qui est désagréable à l’oreille, ce qui est fatigant et fait mal. Les systèmes les reproduisent, et quand tu demandes à un ampli Lab Gruppen de te sortir 10 kW, il le fait à l’aise car les alims à découpage modernes débitent du courant à n’en plus finir. Entre un disque ou même un mix en studio et ce qu’on envoie en concert il y a entre 8 et 12 dB de crêtes d’écart. Dans son analyseur, Gaël (de Flux NDR) a intégré une notion de crêtes et de sommation de crêtes sur une durée déterminée. Et tu le vois très bien, avec ou sans limiteur ce n’est pas la même chose. Bien entendu il ne faut pas sombrer dans l’excès et tordre dans tous les sens en faisant du carré mais, bien utilisé, l’Elixir est lunaire et marche infiniment mieux que le très réputé L2 que j’ai aussi bien employé par le passé, même s’il avait tendance à beaucoup modifier la structure du son. L’Elixir n’est pas neutre, loin de là, mais il embellit le son plus qu’il ne se l’approprie comme le L2. Il te garde la dynamique jusqu’au bout, c’en est écœurant ! (rires NDR).

deux des plugs préférés d’Yves Jaget
Sur l’écran du Pro Tools principal deux des plugs préférés d’Yves Jaget. A tout seigneur tout honneur débutons par l’Elixir de Flux dont le triple afficheur ultra précis et sur fond bleu donne le niveau d’entrée, la réduction et le niveau de sortie en dBFS. A sa droite le compresseur multibande MC2000 de McDSP. Tout en haut de la session Pro Tools, on aperçoit avec leurs losanges jaunes les marqueurs correspondant aux différents titres du tour de chant.

SLU : Le problème dans ce que tu me dis est que ton LEQ doit grimper d’autant puisque tu modifies la densité du son…

YJ : Je suis d’accord avec toi. Au début on y a été à outrance, on s’est retrouvé à des niveaux assez forts sans que ça me plaise, ce qui fait que j’ai relâché, et désormais le résultat correspond parfaitement à ce style de musique. Mais ça collerait tout aussi bien avec du rock car ça apporte une super cohérence. L’autre gros avantage de travailler par stems c’est de pouvoir parfaitement ajuster la dynamique de tes huit familles : batterie acoustique, pads, basse, guitare, claviers, séquences, voix lead et chœurs. Chacune fait plus ou moins travailler son limiteur, ce qui rend l’action beaucoup plus douce et discrète. Sur la batterie, je suis facilement à -3dB mais cela rend le son beaucoup plus agréable à écouter, et je peux rentrer la voix sans la perdre. Je peux par exemple plus ouvrir les over head sans me faire péter la tête par des crêtes générées par la caisse claire. C’est la première fois qu’à la ré écoute d’un gauche-droite, j’ai l’impression d’avoir un disque. (je confirme NDR)

L’idée de partir en Pro Tools avec beaucoup de plugs et de limiteurs, c’est aussi d’arriver à travailler chaque son le plus possible afin de lui trouver sa place et sa couleur, et pas simplement d’empiler le tout et limiter brutalement après, comme il est communément pratiqué dans les disques d’électro. Beaucoup de disques modernes sont quasiment faits au limiteur, d’abord dans les stations de travail, et puis au mastering. Ne parlons pas aussi de la phase où certaines fois, en déplaçant des pistes de quelques échantillons, j’ai récupéré un max de matière. Quand tu additionnes trois pieds sans bien les aligner, ça ne peut pas sonner. C’est pareil pour les voix qui sont de plus en plus identiques à cause de cette façon de s’adosser aux limiteurs piste par piste, au lieu de les travailler et surtout de les mixer. Les synthés virtuels, sans être aussi bien que les vieux analogiques, sont déjà bien gros, alors quand tu en mets six, les uns sur les autres, ça devient quasi ingérable avec un grave énorme, sans parler de la phase, et donc des délais que Logic gère bien moins bien que Pro Tools. Les outils modernes font le boulot à ta place mais ne sonnent pas. On ne remplace pas un mix et un vrai mixeur par des plugs. On arrive à un amas de sons tordus, et même si c’est en partie voulu, ce n’est pas très agréable à écouter. La forme d’onde ne fait pas tout, il faut aussi avoir un peu d’oreille.

SLU : Qu’est-ce qui t’empêche d’utiliser une configuration standard Venue pour cette tournée ?

YJ : Je ne pourrais pas utiliser les plugs que j’aime. Pas de Sountoys, pas d’Elixir… Je pourrais juste avoir les ”Pure” (gamme de plugs de Flux). La seconde raison est en fait multiple. Prend le « propagate ». Quand au fil d’un show tu fais des modifs, tu ne peux pas intégrer dedans les plugins. Globalement, quand tu as une écriture sur un plug, tu es bon pour faire tes modifications sur tous tes snapshots ! Une autre raison est l’absence de contrôle du « safe » en direct dans les tranches. Prends la Memory. Elle avait une fonction géniale qui s’appelait « unload ». Tu pouvais faire un snapshot avec des tranches en unload, à savoir dans le statut où tu les avais laissées à la main, quelle que soit la modif que tu avais faite. Pour tout ce qui est gestion des safes, des retouches et des écritures, à l’heure actuelle il n’y a pas une console qui atteint le niveau du Pro Tools. Si j’ai envie de lui dire que je mets en off une voix, je le fais sur une tranche, elle ne chargera pas et je ferai ce que je veux. Si je veux le faire sur un groupe de tranches, je clique sur le groupe et je fais off.
Prenons maintenant la console en tant que tel. Si j’ai envie de me fabriquer un truc dément avec Pro Tools je le fais, la seule limite sera le DSP qui dira stop, je suis fatigué (rires !). Ce que je n’aime pas dans la Venue aussi, c’est la façon dont sont gérés les plugs sous forme d’accessoires. Ils ne sont pas dans les tranches. Cette table a ses égaliseurs, ses dynamiques…


La « console » d’Yves Jaget
La « console » d’Yves Jaget telle qu’assemblée dans un rack avec la complicité du tour manager Julien Mairesse qu’on devine derrière tout de blanc vêtu, un type drôle à en rater une interview ! Les écrans sont prévus pour se redresser et offrir un confort visuel supérieur. Les claviers en revanche mériteraient peut être de rejoindre un tiroir afin de les protéger de toute commande involontaire !
Une vue de l’afficheur tactile de l’Artist Control Avid
Une vue de l’afficheur tactile de l’Artist Control Avid, bien plus grand qu’il n’y parait mais offrant tout de même nombre d’informations utiles et paramétrables. Comme vous le constatez ici, les commandes bleues sont celles des titres, les codeurs sont sur la voix de Christophe et une vilaine touche Delete est placée au beau milieu…


SLU : Avid a souhaité faire une vraie console avec des effets en plus…

YJ : Oui, mais le problème c’est que tu ne peux pas enlever leurs traitements par tranche en récupérant les ressources DSP qui leur sont attribuées. Les plugins c’est une sorte de deuxième page qui te fait perdre du temps à chaque fois, et comme je n’utilise que des plugins…
Enfin il y a un dernier point qui paraît incroyable en 2012. Comment est-ce possible que je puisse construire mes layers en fonction de mes snapshots sur mes petites surfaces Euphonix et mes ProTools, et qu’aucune autre console ne sache le faire ?
Si tu as 28 faders sur 58 entrées, à un moment tu vas être obligé de configurer tes faders d’une manière précise, et par titre, pour avoir sous la main les choses indispensables. Avec Pro Tools, tu le fais les doigts dans le pif et, encore plus pratique, tu peux le faire aussi dans les surfaces Euphonix où cette fonction est prévue par layers.
Tout n’est pas parfait dans cette mini console, beaucoup de fonctions sont planquées derrière d’autres, c’est écrit en tout petit, mais pour le prix, c’est imbattable.

La MC Control Euphonix / Avid
La MC Control Euphonix / Avid, le cœur de la « console » virtuelle d’Yves et disposant en plus de 4 tranches toutes dédiées au patron pour sa voix et ses départs d’effets.
Un détail de l’Artist Mix
Un détail de l’Artist Mix, un pack de faders très bien conçu et bénéficiant d’un mini afficheur indispensable pour savoir ce que l’on fait. On repère sur cet afficheur des petits cadenas, preuve que les tranches sont figées.

SLU : Console… Appelons-là par son vrai nom, une surface de contrôle intelligente !

YJ : Oui je suis d’accord et encore, elle n’est pas du tout faite pour le live donc elle a forcément des défauts. Il n’empêche que, par bien des côtés, elle offre plus de fonctions que les grosses tables de concert. Prenons les layers. Au travers du Eucon, qui est un soft super malin, tu peux faire des layers par titres, autant que tu veux, et après via, les touch screens programmables, tu peux appeler plusieurs fonctions comme par exemple aller chercher un cue dans Pro Tools et aller charger un des layers que j’ai précédemment programmés. J’ai par exemple figé les tranches en les assignant toutes. Une configuration idéale par titres et… (je l’interromps NDR)

SLU : Je veux bien, mais quid si d’un coup tu dois remettre 10 dB de gain ou changer un EQ à la volée sur une des tranches qui ne sont pas ”apparentes” ?

YJ : Je pars de la constatation que sur 57 entrées, y’en a rarement plus de 28 qui jouent. J’exagère un peu mais je ne doit pas être loin. Pour Sarah, j’ai par exemple 3 micros différents en fonction du clavier sur lequel elle joue, et elle ne chante que sur un ou deux maximum par titre. Ils sont programmés. Pareil pour la batterie acoustique qui ne joue que 10% du show. Le reste du temps je la zappe. Quand elle joue, je ne garde sous la main que les deux micros du pied, les deux de la caisse et les over head. Les toms sont masqués (hidés en franglais NDR) car une fois que le sound check a été fait, il ne sert à rien de les avoir.

Une des trois Artist Mix
Une des trois Artist Mix, un pack de 8 faders extensible à volonté et très léger. Yves a choisi de n’en avoir que trois, et ne dispose donc que de 28 tranches en tout en comptant les 4 de la MC Control.

SLU : Au pire tu rajoutes des blocs de faders…

YJ : Bien sûr, mais je suis dans une configuration serrée, d’où mon choix de n’avoir que 28 voies. Au pire je peux me faire un montage avec deux rangs de faders, les uns au-dessus des autres. Je dois aussi garder de la place pour deux écrans car non seulement c’est super beau mais aussi très pratique.

SLU : J’imagine que la voix de Christophe est toujours à portée de main sur la table.

YJ : Tout à fait. Elle est figée sous la forme de 4 faders. Le premier commande le niveau, et les trois autres ne sont que des départs d’effets pré-fader. Sur la voix j’ai un EQ, un Trim, un MC2000, un déesseur et un Smack. Il est possible d’avoir accès à chaque plug en quelques touches…

SLU : Ta configuration paraît quand même étudiée pour un show produit et assez figé…

YJ : Produit et « snapshotté » (Yves est AUSSI le roi des néologismes NDR)

SLU : Revenons sur ta chaîne pour la voix de Christophe. Pourquoi un Trim…

YJ : On utilise des gains relativement faibles pour éviter de saturer, et on ne touche jamais les préamplis, ce qui fait que je prends 8 dB de gain à la sortie de l’égaliseur… Il est aussi vrai que je désépaissis pas mal le son du SM58 en fonction de la voix de Christophe. Le déesseur, en sortie du compresseur multibande, travaille à peine, et finit le travail déjà en partie effectué par la dernière bande du MC2000. Il est calé à 8 kHz. Le Smack apporte une dernière touche de compression, et en sortie, juste avant de quitter le domaine numérique, un Elixir. Bien entendu ce dernier travaille à peine, et à un niveau de seuil très bas car sur la voix je n’ai pas beaucoup de crêtes.

SLU : Si, tu peux en générer avec des compresseurs avec une attaque assez douce.

YJ : C’est sûr, je régénère quelques pics mais comparé à une batterie ce n’est pas grand-chose, et malgré un seuil très bas, il me faut une grosse plosive pour qu’il s’anime vraiment.

SLU : Pourquoi ne pas faire une version plus élaborée de ta « console » et de sa redondance en ne conservant la main que sur l’unité active et en plaçant la seconde derrière un switch qui commuterait les écrans, les bocs faders, les claviers…

YJ : On y pense pour la prochaine tournée de Christophe. On va tout laisser sur scène. On ne gardera à portée de main que la console. On aura une liaison par fibre avec des systèmes de déport de clavier/écran/souris et un switch pour basculer de l’un à l’autre Pro Tools. Pour le moment on bascule facilement l’audio d’une machine à l’autre. En revanche, pour la console c’est un peu plus long dans la mesure où le protocole Eucon ne fige pas une adresse IP par éléments de la table. C’est prévu mais pour le moment ça ne marche pas, ce qui fait qu’avec deux Mac on se retrouve avec des éléments reconnus sur l’un et sur l’autre…Bref, si on a un problème on joue avec les câbles réseau !

Christophe

SLU : Ta configuration dans son meuble est super belle mais les claviers à portée de coude, le jog pas très utile… Il y a pas mal de sources d’erreurs non ?

YJ : Ahh je crois qu’on les a toutes faites (rires !!) Par exemple, pour avoir les PFL sans couper la façade, t’es obligé d’utiliser le surround mixer dans Pro Tools, et comme je ne veux pas l’activer car ça mange trop de ressources, il faut éviter d’appuyer sur le bouton. Sur le Jog, il y a la touche Shift du Pro Tools qui peut rester appuyée, ce qui fait qu’à chaque clic de souris tu fais des bêtises. Par exemple, si tu cliques sur un fader, tu le remets à 0. Tu as aussi la barre d’espace. Si tu appuies dessus, tu créés une microcoupure car tu mets en play.

SLU : Cet amour que tu portes à Pro Tools, et les défauts que tu trouves à la Venue, ne pourraient-ils pas se compenser lors de la sortie de la prochaine gamme Avid pour la scène ?

YJ : Ils devraient baser leur nouvelle table sur l’architecture HDX. C’est tout ce que je demande. A quoi bon avoir deux équipes en train de développer la même chose, et comment est-ce possible qu’on ne puisse pas prendre une session Venue et l’importer dans Pro Tools en y retrouvant tous les plugs et les niveaux de fader ! Pourquoi n’y a-t-il pas une parfaite compatibilité entre les deux, même en imposant des règles ?

SLU : Mais au fait, comme tu sors tes 8 groupes stéréo vers le Mix Dream, tu n’as absolument aucune visualisation de ton niveau de sortie !

YJ : Ah ça c’est le boulot de Thibault ! (Maestracci, assistant FOH et en charge du système NDR) De toute façon, le show est produit, calé et tenu par les dynamiques. Il ne bouge donc pas trop. Cela dit tu as raison, je n’ai pas une paire de Vumètres pris en sortie du Mix Dream mais franchement je m’en fous, je n’ai qu’à regarder à l’analyseur ! Enfin le Mix Dream est au taquet, on ne peut pas mettre plus fort. Thibault m’a supprimé 4 dB…

Thibault Maestracci (TM) : Presque six ! Le Lake faisait la tête.

YJ : Mine de rien, le Mix Dream est l’un des rares produits analogiques qui sort +32 dB. Un rail à ± 60V ça envoie !!

Deux bons vieux Dolby Lake
Deux bons vieux Dolby Lake faisant partie de la dotation technique de la tournée et utilisés à Deauville simplement en tant qu’égaliseurs et convertisseurs.

SLU : La conversion finale est effectuée par le Dolby Lake. Toujours rien de mieux à l’horizon ou bien c’est plus simple comme ça ?

YJ : Non, ça sonne bien. Ils ont beau avoir un peu de bouteille, c’est loin d’être des mauvais convertisseurs. Maintenant si on avait un Lavry Gold, on attaquerait le Lake en AES !
Gaël de Flux nous prépare encore quelque chose de passionnant, et qui pourrait remplacer à terme un Lake ou en tout cas faire du drive et bien plus. Il a conçu un support hardware dans lequel on entre et on sort par le biais d’une carte son PCI qui servira pour ses plugs et tout autre plug au format VST. Imagine, une carte MADI ça fait une puissance de 64 in et 64 out. Quand tu sais qu’il développe en parallèle des filtres à phase linéaire et des égaliseurs à phase linéaire, tu vois la puissance de l’outil ? Ca va s’appeler Faust. C’est un magicien Gaël.

Détails de prise de son

La batterie Mapex de Simon Tellier
La batterie Mapex de Simon Tellier («blahhhh, je déteste cette marque.. » ®™© Yves Jaget 2012) entourée d’une foultitude de pads ce qui n’empêche pas ce dernier d’y placer 12 micros rien que pour deux ou trois titres. Pour les plus observateurs, on distingue sur la droite…Sarah de Courcy en train de se dégourdir les doigts et s’approprier la salle.
Le pratos de Chris Ketley
Le pratos de Chris Ketley le multi instrumentiste de la tournée. Tout à droite sa basse et juste devant la planche en bois rouge solidaire du shaker, la manière la plus simple de lui permettre de ressentir les notes en plus des ears.

SLU : Y’a pas grand monde sur scène !

YJ : L’orchestre n’est composé que de trois membres. Aux claviers et chef d’orchestre nous avons Sarah De Courcy. Elle est elle-même assistée de Tim Speight qui gère les playbacks sur deux machines et dispose d’un Logic pour faire tout type de retouche. Le show est entièrement basé sur Logic. A la batterie c’est Simon Tellier. Il est jeune et vit à Londres depuis des années. Il a un gros talent, et je ne dis pas ça parce qu’il est français ! A la basse, guitare et claviers il y a enfin Chris Ketley, notre multi instrumentiste. Les trois en plus chantent et sont adorables (Je confirme NDR)

SLU : Pour deux titres joués en acoustique sur un show de deux heures, tu as été placer deux capteurs sur la grosse caisse…

YJ : Ahh oui, tu obtiens quand même un plus joli son de pied avec deux micros. Mine de rien, repiquer la peau avec un statique à large diaphragme c’est important. Je n’arrive pas avec le simple Beta dans le fût à avoir le beau bas-mid avec l’infra. On peut y parvenir avec un SubKick mais je préfère la solution du micro dont tu fais ce que tu veux, même le tordre un peu. Ça a une autre âme. Avec Time Adjuster, je corrige les retards entre micros. J’ai aussi une caisse claire reprise dessus et dessous.


grosse-caisse avec le couple Beta 52 et AT4033
Deux valent mieux qu’un ou comment avoir le beurre et l’argent du beurre d’une grosse-caisse avec le couple Beta 52 et AT4033.

SLU : Chris, le multi-instrumentiste, a pléthore de pédales, en revanche pas la queue d’un ampli…

YJ : Il faisait trop de bruit avec ses deux amplis Fender et son SVT, et c’était aussi trop encombrant. Il a donc troqué le tout contre de bons retours et un shaker. Quand on a un peu plus de place, on lui monte son kit parce qu’il a de la gueule, mais il est muet. Le shaker compense un peu les retours de la salle, surtout les subs. Le pauvre, quand il joue une note, il a l’impression que ça dure (rires !)

Voyager léger

La diffusion de l’orchestre à jardin
La diffusion de l’orchestre à jardin avec, au premier plan, deux subs JBL4880 et, à l’arrière-plan posés sur leurs amplis, des 4887, le petit modèle de la gamme Vertec.

SLU : Vous êtes tous dans un tourbus. C’est un choix formidable pour la cohésion mais moins pour la capacité à transporter du matos…

YJ : C’est Christophe qui l’a souhaité, et il a eu raison. On est ainsi tous ensemble dans le même bateau au cours de cette tournée des casinos. C’est 10 fois plus agréable. Christophe a juste une chambre en day-use pour lui permettre de se reposer et pouvoir donner le meilleur de lui-même chaque soir. Pour le matériel, ce n’est pas plus mal car ainsi on apprend à voyager léger au niveau des régies. Pense que pour emmener les lumières, le son, les instruments et le décor nous n’avons qu’un 50m3.
Thibaut a voulu qu’on parte avec un minimum de diffusion, et il a raison. On a 12 Kara, et je regrette de ne pas les avoir montées aujourd’hui. Le festival de Deauville qui nous accueille a prévu du 4887 Vertec JBL et je n’en suis pas satisfait.

SLU : Tu lui reproches quoi ?

YJ : On l’a mis en route, et il n’a pas un pet de bas-mid. Le Kara a de bien pour sa taille qu’il sonne comme un gros système ce qui est écœurant. Tu tires un jus de ces petites boîtes absolument phénoménal.

SLU : Tu as quoi précisément dans le bahut Thibault ?

YJ : On a 12 Kara, 4 SB28, 4 UPA et 4 UPJ. Quand on fait des jauges plus grandes que 1000 personnes, on reçoit un complément de Kara. Lors d’un extérieur à Nice, on a doublé le nombre de Kara et ajouté deux SB28.

Un des racks d’amplis
Un des racks d’amplis fournis par Décibel Services en charge de la sonorisation au Casino de Deauville. Il s’agit d’amplis Crown i-Tech de la gamme 6000 et 8000.

SLU : Quelques précisions sur le système ?

Guillaume Beaudet de Décibel Services : Les amplis des Vertec 4887 sont des Crown I.T6000 et 8000 et un VRack, ce dernier prêté par SCV ainsi qu’une Vi4 pour les autres dates du festival. Le processing est géré par le Performance Manager JBL à même les amplis. Les subs au sol sont des 4880, des deux fois 18 pouces. Ce sont les subs prévus pour le gros système Vertec mais qui s’adaptent aussi aux 4887 en remplissant bien le bas, qui du fait des deux 8 ” de chaque tête, ne descend pas trop. Pour les premiers rangs en lip fill nous avons des E3 d&b.

Conclusion

La première impression est « woaw, quelle maitrise, quel son, quelle finesse » avant aussi de se rendre compte que le son en question a tendance à plutôt rester dans les boîtes ou en tout cas à ne pas avoir cette spatialité et cette aptitude à venir lécher les visages, une caractéristique des systèmes modernes. Autre souci, en dessous de 200Hz il n’y a pas de patate, juste une grosse quantité d’infra générée par les 4880. Il y a un trou dans le raccord entre tête et sub qui devient gros trou dès qu’on sort de l’axe central, là où le niveau de l’infra est naturellement plus fort. Au balcon cet effet est encore magnifié avec un raccord très difficile entre les 8” des têtes et les 18” des subs qui seuls donnent de l’énergie dans le bas. Le rendu global n’est pas à jeter, loin de là, mais définitivement il manque de la membrane et du coffre, et espérer l’obtenir avec des gros ventilateurs ne paraît pas très judicieux. Le positionnement et le calage de la diffusion semblent bons, c’est peut être du côté du choix des boîtes et de leur association qu’il faut regarder. Cela dit, il reste un délicieux sentiment de main de fer dans un gant de velours à l’écoute de ce concert. Yves Jaget a parlé de « paquet cadeau », on ne peut qu’adhérer à cette définition. Si on n’avait pas devant soi des musiciens et un artiste en train de chanter, on croirait entendre un disque, mais en mieux. La dynamique est certes contenue mais bien présente, les attaques claquent, les sons sont bien étagés. Certes pas un cheveu ne dépasse mais on ne ressent aucune impression de tassement ou de mollesse. Connaissant bien les disques de Christophe Willem, on apprécie le rendu plus naturel et vivant, moins tordu et sale de titres qui gardent malgré tout la couleur et la personnalité propre à cette musique et à l’album. La voix lead brille de mille feux façonnée par la tripotée de plugs insérés et semble même naturelle et légère, ce qui est un comble tant Yves a la main lourde et pourrait la détimbrer. Le chant très particulier de Christophe est rendu dans toute sa finesse quasi cristalline et s’insère comme la bonne pièce dans un puzzle très, très chargé. Qu’il s’encanaille dans sa gorge ou qu’il lâche les chevaux, qu’il joue avec sa respiration ou qu’il poppe avec force, il est toujours à sa place avec notamment une intelligibilité exemplaire. Tel un parfait traitement de son de radio (et il n’y en a pas des tonnes NDR) ou de mastering disque. La densité du show est magnifiée sans qu’on ne ressente de lourdeur ou de confusion. La distorsion aussi est contenue, les attaques nettes, le front sonore large et la patate préservée. On réserve notre jugement définitif à la prochaine tournée car la diffusion n’a pas permis de totalement capter l’aspect dynamique et l’impact de cette régie new-look. Je ne sais pas si un autre style musical se prêterait à une telle canalisation dynamique et quasi artistique mais la pop électro de Christophe Willem en sort grande gagnante. Bravo Monsieur Jaget d’avoir inventé l’Elixir de gros son ;0)

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Bruce Springsteen et le E Street Band à Bercy

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Wrecking Ball Tour fait escale sur deux dates à Paris Bercy pour notre plus grand plaisir, en nous faisant (re)découvrir le vrai show rock américain, à l’ancienne, avec une scène plaçant l’artiste au milieu de son public pour une communion totale et un plaisir des yeux évident.

Mais comme la rock star sexagénaire ne cesse de se renouveler et veut avant tout satisfaire ses fans, le show lumière, encore une fois créé par Jeff Ravitz et les équipes de Morpheus, tour à tour fabricant, prestataire et support technique de l’installation, réserve bien des surprises, aussi bien pour les afficionados de la première heure que pour nos mirettes attentives au moindre projecteur accroché dans l’enceinte du POPB.
Ainsi, le design lumière, toujours fidèle à ses blancs chauds et variations d’intensité, innove cette année en accueillant des lyres à LED Ayrton et Zap Technology, des Beam Clay Paky et même du brouillard !
Une belle cuvée 2012 qui, en privilégiant toujours la musique et ses interprètes, se permet quelques entorses technologiques en conservant ses valeurs sûres : températures de couleur à 3200 K, lissage “télévisuel” des ambiances lumineuses, projecteurs assemblés par Morpheus et poursuites à gogo.

L’équipe technique lumière de Morpheus
L’équipe technique lumière de Morpheus dirigée par Todd Ricci (à droite). On reconnaît aussi Valère Huart-Gyors reponsable des ventes export chez Ayrton (deuxième en partant de la gauche).

C’est donc émerveillés que nous avons rencontré l’équipe lumière présente, des opérateurs au directeur lumière, sans oublier les techniciens. Pour finir avec la cerise sur le gâteau, le designer lumière américain Jeff Ravitz, honoré de nombreux awards pour le spectacle et la télévision, auquel Bruce Springsteen est fidèle depuis bientôt 30 ans, qui nous a parlé de ses choix toujours en accord avec ceux de l’artiste.



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Todd et son kit lumière

En accueillant bon nombre de nouveautés cette année, le gros kit fait une place prédominante aux projecteurs Wash, en confiant la lourde tâche des ambiances et des couleurs du show aux Wildsun 500 C Ayrton, associés à d’autres sources à LED innovantes comme les chouettes L2D2 de Zap Technology, ou les barres et changeurs Philips, venant alléger la consommation énergétique d’une implantation riche en lampes à décharge bien gourmandes.

Todd Ricci, directeur lumière.
Todd Ricci, directeur lumière. C’est lui qui suit la tournée, et qui adapte le kit lumière aux lieux et le concept de Jeff Ravitz aux titres anciens que l’artiste décide de chanter.

SLU : Todd, qu’elle est votre fonction ici ?

Todd : Je suis le directeur lumière et le concepteur de terrain. A chaque fois que nous avons besoin de créer une nouvelle conception pour des chansons particulières, j’interviens. Nous adaptons le concept de Jeff Ravitz au fur et à mesure des dates et des demandes de Bruce Springsteen.


Wildsun
C’est Wildsun qui nous régale en couleurs. Cette fois, le concept place le groupe en second plan pour valoriser Bruce Springsteen.
Wildsun 500C Ayrton
Wildsun 500C Ayrton, VL3000 et VL2500 Vari*Lite pour l’éclairage de scène.


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SLU : Pouvez vous nous décrire le kit que vous utilisez sur ce concert ?

Todd : Nous utilisons beaucoup de Vari*Lite. Mais nous avons aussi du Wildsun 500 C qui est un des tout nouveaux produits. Des L2D2, un projecteur à LED sur une lyre mono bras Zap Technology, avec un système de zoom digne d’intérêt. C’est l’un des produits qui nous a le plus surpris avec le Wildsun 500 pour ce qu’il a apporté au show : des beaux bleus et des couleurs vraiment saturées. Ensuite, pour les effets Spot et la projection de gobos nous avons le VL 3000 Vari*Lite qui fait la lumière de scène et du public. Pour les effets de gobos et les paliers sur la scène principale, nous avons les VL2000 qui éclairent aussi le public, et nous avons des positions individuelles sur les membres du groupe avec les VL2500. Les faces sont assurées par des VL1100 halogènes dont nous sommes très satisfaits. En fait l’ensemble du matériel Vari*Lite a plutôt pas mal marché cette année. Sous la scène il y a encore des Sharpy Clay Paky, sous la contremarche du groupe et devant les amplificateurs, ainsi nous obtenons différentes vues de différentes sources depuis différents endroits. Sur cette tournée nous avons remplacé les Molefay par des Par LED Morpheus customisés, appelé CP7 utilisant 7 Colorado RGB Chauvet assemblés en pétales pour éclairer le public. Nous avons fait beaucoup de changements importants sur cette tournée, en comparaison avec les trois précédentes.

Mac Aura Martin
Du Mac Aura Martin, sur et sous le podium du piano. Une source très appréciée chez Morpheus pour ses petites dimensions, son poids plume et son rendement.
Des sources
Des sources, il y en a partout sous, sur et à travers la scène : à Led pour les Color Kinetics Philips, à lampe pour les VL 2500 Vari Lite.


SLU : La présence des projecteurs à LED est importante, cette technologie vous séduit-elle ?

Un pont latéral
Un pont latéral avec de gauche à droite, L2D2 de Zap Technology, deux Fader Beam Morpheus, un VL 2500 Vari Lite, sous le 3e FaderBeam deux VL 1100 tungstène, et un Panabeam XR2.

Todd : Oui, nous avons de larges rangées de LED. On a fait le tour de tout ce que la technologie pouvait faire sur cette tournée ! Nous avons beaucoup d’éléments scéniques balisés par des produits à LED comme les ColorBlaze. Nous utilisons aussi des ColorBurst, juste pour fournir certains effets argentés et enfin nous avons les ColorBlast. On peut dire que nous avons pas mal de produits Philips sur le show!
Nous avons aussi introduit au kit des Mac Aura Martin, juste pour apporter du contenu visuel que nous n’obtenions pas avant avec des projecteurs plus gros.

Des nouveaux venus de premier choix

Avec pas moins de 50 lyres Wildsun 500 C sont accrochées au dessus de la scène de Bercy (le kit en prévois 20 de plus en stades). Les Wash d’Ayrton au mixage de couleur efficace, possible grâce à leurs multichip RGBW et à l’ouverture idéale (45° au max), assurent plus de 95% des ambiances du concert.

SLU : Pourquoi avoir choisi les Wildsun 500 C ?

Todd : L’idée avec ces Wildsun en particulier était d’utiliser leur blanc qui pouvait être un peu plus chaud que celui de la plupart des produits à LED. nous avons donc défini un blanc qui semblait plus halogène. Ainsi, parmi tous les autres blancs sur le show, il est difficile de distinguer la source LED. C’est un blanc travaillé pour avoir l’air plus chaud, car tout nos projecteurs clés sont à 3200K. Nous aimons beaucoup les dorés et les couleurs des vieilles gélatines des Morpheus Color Fader, parce que c’est toujours le meilleur système de mixage de couleurs aujourd’hui, mais ces machines ont été retirées du kit. Bien sûr on ne peut jamais totalement obtenir cette impression de jaune doré avec une LED, c’est ce qui était un gros défi. Nous avons réussi à nous en approcher autant que possible avec les Wildsun.

Trois ponts riches en très belles machines
Trois ponts riches en très belles machines et notamment une armée de Wildsun 500C que l’on reconnaît facilement même de loin.

SLU : Avez rencontré des problèmes avec les Wildsun ?

Todd : Non pas vraiment. Ça a juste été une question d’apprentissage. Nous les avons reçus, testés très rapidement et les avons chargés sur le camion et envoyés aux répétitions. Personne d’entre nous ne les connaissait vraiment. Je savais que nous ne voulions pas utiliser beaucoup de paramètres donc nous ne nous sommes pas plongé dans le mode étendu de DMX. Nous avons décidé que 24 canaux seraient notre base. Ce qui donne une certaine flexibilité.

En fait, je suis très content de l’allure générale des sources. Tout le monde a été immédiatement préoccupé par les LED et la pixellisation. Et avec les chip 4 en 1 (RGBW derrière une même lentille), cet effet “pizza” est gommé.

La LED éclaire la foule de façon très agréable aussi. Leur saturation et couleurs sur le public sont superbes. Les Wildsun ont vraiment sorti leur épingle du jeu sur le show. Mais il y a toujours cette grande question avec les nouvelles technologies : comment les projecteurs vont ils fonctionner après un voyage en camion sur les routes des USA ou d’Europe ? Ils ont plutôt bien résisté. Nous ne déplorons aucune panne mécanique…Excepté le problème de la pluie. La pluie est notre pire ennemi avec l’électronique. Au niveau des embases surtout, juste à cause de l’humidité. C’est une bataille constante en éclairage. Mais nous allons travailler avec un énorme “stadium parachute” à présent afin d’éviter ces problèmes techniques.

L2D2 Zap Technology
A l’extrémité de l’échelle supportant les Sharpy Clay Paky, le L2D2 Zap Technology à LED et ZOOM motorisé sur sa lyre monobras.

SLU : L’aspect économie d’énergie de ce type de projecteur est il important pour vous?

Todd : Oui il l’a été, parce que je suis l’un de ces gars sur la tournée qui avait l’habitude de lancer tout le jus ! J’exploitais tout le courant dans le passé, je sais donc ce que c’est de dérouler beaucoup de câbles pour beaucoup de projecteurs différents ! Surtout quand tu utilises du trad. Nous aimons le fait que ces machines deviennent de plus en plus petites avec le même rendement en lumens.

Quand je programme, j’aime avoir des Wash un peu moins puissants, et j’aime utiliser mes figures et contenus que je vais intégrer au show sans avoir besoin de 4 machines à fumée et de 4 machines à brouillard sur scène pour qu’on puisse voir les Spot. Donc, je pense que les LED permettent d’éviter cela. Tout le monde essaie de faire un Wash plus brillant. Les VL3500 ? Ils sont si puissants que tu ne peux rien voir d’autre sur scène. Pour moi c’est contreproductif. Je crois que nous avons trouvé un super équilibre sur ce show avec le mélange d’éléments old school et de nouveautés. C’est une façon d’équilibrer le tout pour Jeff.


Le PanaBeam XR2
Le PanaBeam XR2, le wash Morpheus à rotation continue en pan et tilt, équipé d’une MSR 1200, CMY, CTO progressif et zoom.
La régie lumière
La régie lumière avec une Avolites Diamond II où Todd joue en live sur les dimmers des projecteurs dont les couleurs et les mouvements sont programmés dans la Grand MA full Size et appelés par John Hoffman.

Entre changement radical et valeurs sures

Et comme Todd et Jeff aiment associer nouveautés et valeurs sures, les projecteurs “maison” côtoient les nouvelles sources dans un show restitué sur deux consoles lumière, réconciliant elles aussi old et new school grâce à une interface Pathfinder permettant d’associer une Avolite Diamond II et une GrandMa, pour piloter à la fois les intensités, en jouant du dimmer (c’est le rôle de Todd), et les effets et couleurs sur la console automatique.

SLU : Vous avez beaucoup de mémoires encodées?

Todd : Nous avons juste programmé plus de matériau que nécessaire aujourd’hui. Nous aimons rafraichir souvent cette base. Lors de la dernière tournée, nous avons catalogué quelque 260 chansons différentes que Bruce a interprétées ! Car nous devons avoir un large panel de positions à envoyer quand il décide :” Hey, je vais faire cette chanson car je ne l’ai pas faite depuis 30 ans…”, alors qu’évidemment cette chanson n’est pas encodée. Nous devons trouver le meilleur axe général pour qu’elle semble avoir été taillée sur mesure pour lui.

Des poursuites et des hommes.

Avec 11 projecteurs de poursuite pour assurer les faces et contres de l’artiste et de son groupe, on ne s’est que très peu étonné de voir des sièges accrochés sur les ponts, au plus proche de la scène, devant, mais aussi derrière celle ci, qui se trouve entourée de public, à la manière d’une arène accueillant un Bruce Springsteen très en forme, mais surtout visible de tous.

SLU : Combien de poursuites avez vous prévu ?

Nous avons 11 poursuites Robert Juliat. Les Topaze en faces et les Manon en contres pour les courtes focales. Nous avons pris les Topaze et remplacé la lampe à décharge par une lampe tungstène de 2000 W. Pour les show en stades nous avons aussi 4 Lancelot accrochés sur les tours extérieures.

Ludwig Lepage, de l’équipe commerciale de Robert Juliat nous explique la modification de source des Topaze

Les quatre ponts et leurs merveilleuses machines
Les quatre ponts et leurs merveilleuses machines. Notez en haut de l’image, les 3 fleurs à LED conçues par Morpheus à l’aide de sources Chauvet Colorado RGB. On voit aussi 3 des 5 poursuites Topaze de la face, les VL1100 et VL3000.

Ludwig Lepage (Robert Juliat) : Les Topaze ont été transformées en Halogène 2000W (au lieu d’une source MSD), parce que sur les dernière tournées, Bruce Springsteen et son éclairagiste trouvaient que son rendu de peau n’était pas assez optimal avec une lampe à décharge. Seul le câblage à l’intérieur est changé car les douilles sont identiques. Donc l’ensemble des faces du concert est transformé en halogène alors que les contres sont toujours assurés avec des lampes à décharge.

Lumière, températures de couleur et écran vidéos

Enorme ou pas, un concert de Bruce Springsteen éclairé par Jeff Ravitz est unique. Très sensibles au public et avec une volonté constante de maintenir une proximité pour ne pas dire une intimité avec ses spectateurs, le Boss veut avant tout être vu de tous.

Ainsi, son éclairagiste attache une grande importance aux teintes de peaux, aux ombres et à la télégénie de l’artiste, filmé en permanence par une pléiade de caméras ne perdant pas une miette du live afin de le retransmettre sur les écrans géants qui entourent la scène.

SLU : Le travail des faces et des visages semble être très important pour vous?

Todd : Nous avons des VL 3000 en l’air , et des 2500 qui sont pourtant la clé des contres pour tout le monde. Les faces jouent beaucoup avec des angles de théâtre comme, par exemple, sur les joueurs d’orgues. Ça rend super bien à la caméra, avec les différents angles de prise de vue utilisés pendant le show pour obtenir un joli petit contraste avec des découpages très théâtraux. Tu remarqueras, quand Bruce est filmé, il a la moitié de son visage dans l’ombre, et nous reproduisons ça à chaque fois.

Bien sûr, quand il court en long et en large de la scène, il est plus éclairé car nous voulons que tous les gens soient capables de le voir.

Le public est utilisé en fond de scène pour un effet
Le public est utilisé en fond de scène pour un effet. Un éclairage encore différent pour le groupe et le Boss qui ne met pas en relief les instruments.

SLU : Adaptez vous votre éclairage aux nombreuses captations et retransmissions vidéos pendant le show?

Todd : Oui, définitivement. Ça a été une de nos préoccupations. C’est drôle car maintenant, à l’ère des caméra HD, tu remarques aussi beaucoup plus les teintes de peaux de chacun. Tu dois te soucier d’embellir tout ce que tu peux, pour t’assurer que tu n’es pas en train de créer trop de matière qui serait brouillée. Il faut garder des couleurs pleines et faire attention aux températures. C’est devenu très important pour Jeff et il est passé maître en la matière. Il est vraiment spécialisé sur ce type de chose. Il est allé jusqu’à mettre du correcteur CTO sur des couleurs pour s’assurer que la teinte obtenue était à la bonne température. C’est un des types qui pense à tous ces trucs. C’est probablement la raison pour laquelle il ne dort pas beaucoup ! Ce sont des domaines dans lesquels il est particulièrement brillant. J’ai tant appris de lui et de son boulot.

De quoi nous donner envie d’en parler avec le principal intéressé, Jeff Ravitz, designer lumière du Wrecking Ball Tour.

Jeff Ravitz, un éclairagiste attentionné

SLU : Parlez nous de votre histoire. Quand et comment avez vous commencé à travailler dans la lumière ?

Jeff Ravitz : Je suis designer lumière professionnel depuis le début des années 70, quand je suis sorti du Collège. J’ai grandi à New York et j’ai toujours adoré les shows de Broadway.

Je suis diplômé de l’université Northwestern, près de Chicago, en théâtre, et j’ai toujours voulu travailler dans ce domaine. Pendant que j’étais encore étudiant, j’ai travaillé dans des théâtres pendant les vacances et j’ai été influencé par les designers lumières que j’y ai rencontré. Puis, j’ai vu un concert de Grateful Dead qui a changé ma vie! L’éclairage était “visible”, pas comme dans la lumière de théâtre, qui se doit, elle, d’être “invisible”. Ce concert était si beau et expressif que je me suis surpris à rêver de faire quelque chose comme ça moi-même. Trois semaines plus tard, je répondais à une annonce dans un journal local d’un groupe qui cherchait un concepteur lumière pour sa tournée. Nous avons tourné partout, dans des clubs et des universités, mais nous avons aussi fait pas mal de premières parties pour des groupes connus et c’est une expérience qui n’a pas de prix. Quelques années plus tard, j’ai participé à la tournée de Kiss en tant que technicien, ce qui a achevé ma formation. Ensuite, j’ai eu la chance de signer le design du groupe Styx. Nous avons créé des shows très théâtraux, et en 1977 ils étaient le plus gros groupe de tournée américain. C’était amusant et ça a lancé ma carrière.

Les grosses sources à LED
Les grosses sources à LED, L2D2 et CP7 Morpheus inondant de couleurs saturées les gradins de Bercy. La scène est chatoyante sous le chaleureux 3200K.

SLU : Qu’elle est votre idée de la lumière?

Jeff Ravitz : La lumière est ce qui nous révèle le monde, visuellement. Et la façon dont elle reflète un objet, que ça soit une personne ou un mur, peut fortement nous affecter. C’est une question d’angle, d’équilibre, et de relief. La façon dont une chose est sculptée par la lumière peut directement affecter notre humeur ou notre psychologie. Par exemple, quand la lumière rayonne sur une montagne à l’aube, ou à midi, nous avons une réaction très différente en la voyant, inconsciemment. L’ensemble de notre monde est une peinture, et elle peut être plate et terne ou dimensionnelle et riche. En tant qu’êtres humains nous réagissons à ces choses là.”

SLU : Et pour un show de Rock ?

Jeff Ravitz : Pour un concert ou un show de rock, il s’agit d’utiliser la lumière pour aider le public à savoir quoi regarder à quel moment. Nous guidons les gens à travers une histoire, comme un cinéaste dans son film, qui se déroule pendant toutes les chansons du show. En tant que designers lumière, nous faisons des déclarations avec les couleurs, les angles, avec la luminosité ou l’obscurité, en utilisant les textures et les mouvements des projecteurs et de leur lumière. C’est notre boulot d’illuminer l’action et d’aider les gens qui sont loin de la scène à voir ce qui s’y passe. La lumière est aussi en rythme avec la musique et la souligne pour aider le public à se connecter avec le flow, la sensation, et le message qu’elle délivre. Nous prenons une ambiance et la magnifions. L’éclairage traduit visuellement la musique.

Communion totale entre l’artiste et son public
Communion totale entre l’artiste et son public : un vrai moment de pur rock américain. C’est rarissime de voir autant d’adultes heureux et qui se lâchent.

SLU : Mais plus précisement pour Bruce Springsteen?

Jeff Ravitz : Nous savons tous que Bruce peut rendre le show incroyable même sans lumière. Mais, comme je disais, nous utilisons l’éclairage pour accentuer les grands moments musicaux, et pour, visuellement, illustrer l’émotion de ses paroles. Les chansons de Bruce peuvent être très dramatiques et sont assez compatibles avec un éclairage très théâtral. Bruce est cinéphile et fan de photographie, et il m’a poussé à apprécier ces formes d’art. Alors, la lumière est devenue une façon de “révéler” Bruce et les membres du E Street Band avec un “point de vue” réel, une façon unique de les présenter sur chaque chanson. Nous utilisons la psychologie des couleurs pour démontrer les émotions et le fil conducteur d’une chanson. Nous utilisons les textures et les divisions des rayons de lumière. Et nous utilisons les angles pour rendre délibérément un musicien agréable, joyeux et naturel ou, au contraire, troublé ou en colère. Finalement, la musique a tellement d’accents et de rythmes expressifs que nous essayons de jouer avec en permanence.

Un relief exceptionnel
Un relief exceptionnel grâce à la multitude de sources et au savoir faire de Jeff Ravitz.

SLU : Est ce que Bruce a eu des demandes spécifiques concernant l’éclairage du groupe, du public et de lui même ?

Jeff Ravitz : Oui. Il a insisté pour qu’on accorde beaucoup d’attention à l’éclairage des membres du groupe. Ils font partie de la totalité de la “photo “du show , et, bien qu’ils puissent être parfois un peu plus à l’arrière plan quand Bruce a besoin d’être le principal centre d’intérêt, ils doivent bénéficier d’un éclairage personnalisé.

Bruce adore le public, et c’est son énergie qui le fait travailler dur, et lui offrir la meilleure des performance. Il est un membre du spectacle à part entière. Quand tout le public chante avec lui, il doit être bien éclairé avec des couleurs appropriées à la chanson. Ainsi les spectateurs réagissent encore plus, et ça devient un échange entre Bruce, son public et le groupe. Bien sûr, parfois, il est important de plonger ce public dans le noir et que seuls l’artiste et le groupe soient visibles.

Quand à Bruce lui même, il aime, quand il ne chante pas quelque chose de trop dramatique, avoir l’air bien sur les écrans et sur la scène. Je travaille dur pour m’assurer que les angles choisis sont les plus flatteurs, bien sûr, donc il est au meilleur de lui-même. Il n’aime cependant pas avoir l’air trop “lisse”. Il aime que la lumière crée des ombres intéressantes sur son visage et son corps. Nous nous assurons aussi d’avoir un bon éclairage de contre pour qu’il se détache du fond de scène.

Bruce aime toutes les couleurs et me fait confiance pour leur choix à chaque moment de chaque chanson. Mais, parfois, il a une idée très spécifique pour un morceau et nous sommes ravis de la réaliser.

SLU : A-t-il eu des préférences particulières concernant le choix des projecteurs, plus particulièrement des LED et de la fumée ou du brouillard ?

Jeff Ravitz : Il n’a aucune préférence en matière de projecteurs. C’est un domaine dans lequel je peux décider seul. J’essaie de lui montrer nos nouveautés après leur intégration au kit afin qu’il se familiarise avec ce que j’en fais, et il était très heureux de savoir combien d’énergie nous allions économiser avec les sources LED !

deux machines Atmosphere Hazer MDG
Le brouillard des deux machines Atmosphere Hazer MDG permet aux faisceaux des Sharpy et autres lyres Spot d’exister dans l’espace.

Au sujet de la fumée, Bruce s’est longtemps inquiété de ses effets sur sa voix, et par conséquent, il n’a jamais approuvé ni fumée ni brouillard sur les tournées. Pourtant, cette année, nous avons cherché des Hazer utilisés sur les shows de Broadway où les chanteurs sont aussi assez sensibles à leurs effets. Nous les avons testés en répétitions, en plaçant les machines loin de la scène dans le but de produire un très, très léger brouillard au dessus, juste pour améliorer les effets des gobos et les faisceaux dans les airs. L’équipe est très contente des résultats et nous n’avons reçu aucune plainte de Bruce concernant sa voix.

SLU : Que pensez vous des Wildsun Ayrton, comment les avez vous sélectionnés ?

Jeff Ravitz : Je suis un grand fan de ces lyres, ce sont de très bon projecteurs.

J’ai voulu m’intéresser aux sources LED de haute qualité afin de remplacer nos Wash automatiques car cette nouvelle technologie offrait beaucoup plus d’avantages. Une consommation électrique et une maintenance réduites étaient des atouts importants, autant que l’apport du mixage de couleurs additif et de leurs changements très rapides. Nos précédentes lyres Wash étaient équipées de lampes tungstène. Bruce aime la lumière chaude et naturelle qu’elles produisaient. Ainsi, je voulais un projecteur à LED qui offrirait les mêmes bases de température de couleur. La plupart des machines à LED sont plus petites, je voulais un projecteur légèrement plus large pour aller avec le kit.

Morpheus Light m’a aidé à choisir une machine en mettant en place une grande comparaison des meilleurs produits LED du marché. Nous avons passé deux jours à mesurer et comparer les couleurs, les looks, les vitesses et précisions de mouvements, et les niveaux luminosité. Les LED blanches des Wildsun étaient plus chaudes que la plupart des autres que nous avons testées, ce qui veut dire que l’ensemble du mélange de couleurs était aussi un peu plus chaud, ce que j’ai aimé. Les autres couleurs sont pures et brillantes, et le diamètre de la surface des LED est plus large, juste comme je le souhaitais. Ca veut dire que le faisceau est plus gros et que l’ensemble du flux lumineux plus brillant. De plus, les fondus peuvent être ajustés pour faire ressembler ses sources à des sources incandescentes, avec des allumages très doux. Le coût de la machine a aussi été un facteur décisif. Les Wildsun étaient abordables, ce qui était important car il nous en fallait beaucoup.

SLU : Que pensez vous de son zoom: Sa vitesse, son ouverture?

Jeff Ravitz : Les Pan/Tilt sont extrêmement rapides. L’ouverture maximale du zoom du Wildsun, à 45°, produit un flood qui couvre une large zone, en donnant un bain de lumière très doux. Par contre, à 11°, il est extrêmement brillant, serré, et produit un bâton de lumière très puissant. Pendant le show, je change souvent d’ouverture, au besoin, mais je préfère un zoom moyen qui fonctionne pour la plupart des cues.

SLU : Quelle est exactement la mission du Wildsun sur scène?

Jeff Ravitz : Je l’utilise comme une couche de base de couleurs et pour l’ambiance de l’ensemble de la scène. Les Wildsun sont là pour réaliser un étal coloré, très fort et couvrant, que je peux changer rapidement selon les chansons ou les ambiances. Ils forment une douce texture que j’utilise en contrepoint des faisceaux et des poursuites.

SLU : Les utiliseriez vous sur des shows Tv?

Jeff Ravitz : Je pourrais, en effet, car depuis que nos shows sont filmés en HD pour les retransmettre dans les écrans géants, j’ai pu me rendre compte que les Wildsun passaient bien à la caméra.

Et entre les écrans, les poursuites, les Spot, les nouvelles sources à LED et les anciennes lyres Morpheus, sans oublier les strobes qui font aussi leur entrée sur la tournée 2012, ce sont quelque 350 projecteurs qui illuminent la scène de Bercy ce soir.

Et même si parfois on ne reconnait pas vraiment les bâtons des Sharpy ou les faisceaux des Spot, à cause d’un brouillard, certes présent pour la première fois aux côtés du Boss mais encore très discret, ce n’est pas le but recherché par l’éclairagiste.

Jeff Ravitz signe en effet une lumière traditionnelle de rock’n’roll show à l’américaine, multipliant les tableaux avec peu de noirs salle, privilégiant une ambiance constante, très colorée et nuancée, aidé par les superbes couleurs des Wildsun, partie intégrante du spectacle. En nous montrant vraiment l’ensemble des artistes présents sur scène, grâce aux nombreuses découpes et aux VL1100 installés en face et contre, il crée une intimité certaine, accentuée par une température de couleur ambiante très chaude.

Alors oui, on est surpris de ne pas se retrouver avec des faisceaux à gogo et des changements radicaux entre les chansons, mais on reste émerveillé de la cohérence de l’ensemble et de l’intégration des nouvelles sources à LED aux côtés des classiques Spot Vari*Lite et des projecteurs Morpheus que l’on découvre. Les grosses lyres à LED L2D2 sont spectaculaires et les blancs des lyres Ayrton sont une réelle valeur ajoutée dans un design lumière accordant autant d’importance à la justesses des couleurs qu’à celle des variations de blanc.

Nous étions partis voir un grand spectacle, et c’est toute une manière de travailler la lumière, de replacer l’artiste et son public au cœur du show et d’occuper un grand espace tel que Bercy que nous avons découvert, le plaisir en plus. Du vrai Live jouissif et généreux.

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Sennheiser présente la série D9000

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Le système D9000 sur le stand Sennheiser UK au Plasa

Ça y est, Sennheiser introduit son système de transmission sans fil numérique avec la série D9000 qui se compose du récepteur modulaire EM 9046, « unité centrale » qui peut recevoir jusqu’à 8 modules récepteur UHF (pour couvrir la bande 470-798 MHz), des émetteurs micro main SKM 9000 et des émetteurs pocket SK 9000. Ce système HF numérique offre deux modes de transmission pour s’adapter aux conditions d’environnement : haute définition (HD) et longue portée (LR). Ce dernier est adapté aux conditions difficiles, zone avec de nombreuses sources d’interférences, et met en œuvre un codec audio numérique breveté. Ce mode offre par ailleurs une portée accrue.

La modulation numérique permet de s’affranchir des procédés de compression-expansion obligatoires en analogique et permet l’obtention d’un plancher de bruit très bas, une très grande dynamique, de même qu’une bande passante audio optimale.

L'EM 9046 accompagné des émetteurs pocket SK 9000 et main SKM 9000.

Les émetteurs offrent une largeur de bande de commutation de 88 MHz. Le SKM 9000 est compatible avec les têtes des séries Evolution G3 et 2000 (KK 204 et 205 Neumann comprises) mais quatre nouvelles capsules ont été développées spécifiquement dont la tête dynamique cardioïde MD 9235 pour le chant. Le SK 9000 s’habille d’un boîtier en magnésium robuste et léger et accepte n’importe quel micro, serre-tête ou cravate, doté d’un connecteur Lemo trois broches ainsi que des niveaux ligne et instrument.

 

Un écran géant pour la 3D sans lunettes !

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La division professionnelle du groupe Panasonic a présenté, durant le dernier salon IFA à Berlin, un écran plasma géant de 103 pouces (2,60 m de diagonale). Sa particularité est d’afficher de la 3D sans lunettes.

Panasonic 3DLes différents constructeurs travaillent sur cette technologie, et pour cela il est doté d’une résolution 4K2K permettant un affichage HD des images 3D. Selon Panasonic, un système de correction du parallaxe permet de réduire de moitié les images fantômes et le phénomène de moiré inhérents à l’image tridimensionnelle sans lunettes. Ce grand écran est destiné au marché de l’affichage numérique 3D utilisé par les professionnels de la présentation, aucun prix n’est encore fixé. Panasonic a également présenté son système interactif 3D Multi-view, le spectateur peut contrôler l’image d’un objet  via un écran tactile et le voir en trois dimensions selon la taille et la profondeur qu’il souhaite. Le constructeur japonais s’est aussi associé à la chaîne NHK pour concevoir la prochaine génération d’écrans plasma capables d’afficher des images en ultra haute définition (Super Hi-Vision) avec un prototype de 145 pouces.

 

Martin Audio lance la série XD haute efficacité

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La nouvelle série XD de Martin Audio, constituée pour l’heure de deux modèles d’enceintes compactes 2 voies, XD12 et XD15, a été conçue pour fournir haute pression acoustique et bande passante étendue avec un dessin asymétrique de la boîte et une rotation du pavillon d’aigu à directivité constante permettant de satisfaire de multiples applications : renforcement sonore en événementiel ou en multidiffusion, sonorisation de discothèques voire encore retour de scène.

Une des priorités du développement a été une redéfinition des transducteurs pour obtenir une haute efficacité et un fort niveau SPL pour un volume restreint. Par exemple, le haut-parleur 15’’ longue excursion (à bobine 4’’, 100 mm) de la XD15 affiche une sensibilité de 100 dB/1 W /1m et peut délivrer un niveau crête de 133 dB SPL (1 m), 127 dB en continu. Pour ce faire, les moteurs (à aimant Néodyme) ont été redessinés, mieux refroidis (compression thermique négligeable), de même que le matériau du cône : une nouvelle formule de pulpe de cellulose avec un traitement de surface époxy qui améliore le rapport rigidité-masse. Le modèle 12 ‘’ met en œuvre un moteur à dôme polyimide de 1,7’’ et gorge 1’’ alors que la XD15 exploite un moteur à diaphragme titane de 3’’ et gorge de 1,4’’, ce qui explique la différence de réponse dans l’aigu (18 kHz au lieu de 20 kHz à -3 dB) et le raccordement des 2 voies à 1,75 kHz au lieu de 2 kHz. Tous les deux sont chargés par un guide à directivité constante d’ouverture de 80°H x 50°H pouvant être tourné de 90° selon l’exploitation de l’enceinte en horizontal ou en vertical.

La XD12 grille ôtée.

La caisse des XD est réalisée en CTP multipli de grade touring avec un revêtement polyuréthane haute résistance et la protection des transducteurs est assurée par une grille d’acier préformée. Des inserts M8 sont ménagés dans la caisse pour recevoir différents accessoires d’accroche (lyre, étriers, …) de même qu’un puits de 35 mm pour une monture sur pied.

Les deux modèles peuvent fonctionner en filtrage passif ou en bi-amplification. Dans ce dernier cas, l’utilisation des contrôleurs DX1.5 ou DX2 de la marque est conseillée, de même que pour l’adjonction d’un sub WS18X ou 218X.

Caractéristiques :

XD12

Réponse en fréquence : 65 Hz – 20 kHz +/- 3 dB

Sensibilité (1 W/1 m) : Full Range 98 dB, LF 98 dB, HF 108 dB

SPL max : – FR 124 dB continu, 130 dB crête – LF : 125 dB/131 dB – HF : 125 dB/131 dB

Impédance nominale : 8 ohms LF/full rage, 16 ohms HF

Puissance admissible : LF : 400 W AES, HF : 50 W AES

Raccordement : 2 Neutrik NL4 (FR/LF 1+,1-), (HF 2+,2-)

Volume/masse : 38 l, 19,5 kg.

XD15

Réponse en fréquence : 55 Hz – 18 kHz +/- 3 dB

Sensibilité (1 W/1 m) : Full Range 99 dB, LF 100 dB, HF 108 dB

SPL max : – FR 126 dB continu, 132 dB crête – LF : 127 dB/133 dB – HF : 127 dB/133 dB

Impédance nominale : 8 ohms LF/full range, 16 ohms HF

Puissance admissible : LF : 600 W AES, HF : 80 W AES

Raccordement : 2 Neutrik NL4 (FR/LF 1+,1-), (HF 2+,2-)

Volume/masse : 68 l, 32 kg.

 

ADAMSON E15 au Big Fest Biarritz

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Le monde a beau se débattre englué dans une crise aussi moche que sévère, le marché des gros systèmes de Touring fait exception, porté par l’innovation et le besoin de renouvellement de parcs vieillissants. Annoncé depuis plus d’un an, l’ambitieux projet Energia d’Adamson cache une boîte intéressante à plus d’un titre, la E15. Nous avons profité d’un festival en plein air à Biarritz pour l’écouter. Nos oreilles nous disent merci, les riverains entourant le stade Aguiléra sans doute moins.

C’est L-Acoustics qui a dégainé le premier avec le K1, suivi par Adamson qui a dévoilé dès l’été dernier son nouveau produit phare l’E15, et depuis quelques mois JBL s’est joint au concert (c’est le cas de le dire !!) avec le V25 sans parler de Meyer qui arrive avec le LEO-M. Nous avons eu la chance de découvrir le V25 dernier récemment, nous connaissons fort bien le K1, place à présent au très innovant E15.

L’équipe son
L’équipe son d’accueil de la grande scène du Big Fest au grand complet. De gauche à droite Julien Poirot de Waveform Audio, Raphaël Maitrat en charge de l’accueil console et Axel Vivini en charge du système en complément de Julien qui est reparti vers de nouvelles aventures avant l’ouverture des portes.

La Phase 2 du Projet Energia

Venant remplacer le Y18 et sans doute par la suite le Y10, le E15 marque une rupture assez nette avec le passé en abandonnant les haut-parleurs de 18 pouces pour des 15 ”, la taille communément adoptée par l’industrie audio, les moteurs JBL 2451 assez à la peine dans le haut du spectre pour des NH4 Adamson, et surtout en développant un module central très élaboré en aluminium dévolu au haut du spectre, la e-capsule. C’est sur cette sorte de boîte que viennent se fixer les deux caisses en bois des 15”, le système de rigging très innovant, et c’est à l’intérieur de cette même boîte que viendront se loger les futurs packs de processing et d’amplification en classe D. Plus tard Adamson complètera son offre par un network manager extrêmement complet. Le développement « à ciel ouvert » et en trois phases de cette boîte, un développement toujours en cours puisque la phase II concernant les amplis a été dévoilée cette année à Francfort, a donné lieu à une communication associant teasing et réseaux sociaux, bref, il était temps qu’on découvre la boîte qui se cache derrière l’énigmatique nom de « project energia » et qui désormais circule partout en Europe au sein de prestataires partenaires, et qu’enfin on fasse le point avec DV2, le distributeur français d’Adamson, partenaire de toujours de la marque canadienne.

Une vue d’ensemble de la scène du Big Fest
Une vue d’ensemble de la scène du Big Fest adossée au stade d’Aguiléra. On distingue facilement les deux lignes de 10 E15 surplombant les 6 stacks de trois T21 posés au sol.

Rendez-vous est donc pris à Biarritz où, pour le compte du Big Fest, une scène a été dressée par MPM dans un vaste terrain adossé au stade de rugby de la ville, le lieu idéal pour écouter du son dans de bonnes conditions. A notre arrivée en fin de matinée ça joue déjà fort et clair. Julien Poirot de Waveform est en plein calage après avoir monté la veille. On retrouve deux lignes de 10 E15 secondées par 6 stacks de 3 T21, autant dire que même en extérieur, il y a du bas à revendre. Cinq Spektrix par côté couvrent le parterre en in fill et 4 Metrix jouent le rôle de lip fill. Quatre SX18 apportent, deux par deux, un peu de réconfort aux pauvres spectateurs se retrouvant face aux T21 et enfin quatre Y10 arrosent à cour depuis les subs un dernier coin oublié. N’y tenant plus j’apostrophe Julien.


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Rolland


L’ensemble de la diffusion à cour
L’ensemble de la diffusion à cour. De gauche à droite on aperçoit tout d’abord un des 4 Metrix en charge des premiers rangs. Il est posé sur un rack siglé MPM au pied de la scène. A droite et accrochées à un moteur 4 Spektrix et une Spektrix Wave comblent le trou laissé par le système principal. Viennent ensuite trois stacks de 3 T21 posés au sol sur lesquels prennent place deux SX18 et tout à droite 4 Y10. Enfin au-dessus sont accrochées 10 E15.

Julien cale son système avec ”Pierre et le loup”

SLU : Ils ne créent pas quelques problèmes les quatre SX18 comme ça, orientés vers le public ?

Julien Poirot (Ingé système et associé dans Waveform Audio) : Naaaan, ils jouent tout doucement, on ne les sent quasiment pas. J’aurais presque pu ne pas les sortir du camion si j’avais eu quatre autres Y10. Bon je te le concède, c’est un peu bancal, ce sont les 4 seules boîtes « tradi » de l’installation.


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4 Spektrix et tout en bas une Spktrix Wave
Accrochées sous leur frame et arrosant le public au centre de la fosse 4 Spektrix et tout en bas une Spektrix Wave vues par derrière.
SX18
Deux survivantes, deux dernières enceintes « classiques », des SX18, utilisées ici pour donner un peu plus qu’une octave bien basse au public tassé devant les T21…


SLU : Pourquoi tu m’as bougé ce petit filtre qui se créait entre les Spektrix et mes Metrix en s’approchant de la scène, je n’ai plus rien de mal à dire !! (rires)

JP : Y’avait une milli !! C’est souvent que je retrouve ce type de mini décalage en plus ou en moins. On affine ça au dernier moment, en général avec Pierre et le Loup car sur une voix ça s’entend super bien.

SLU : !!??!!

JP : Pierre et le Loup raconté par Pierre Perret ! C’est excellent, sa voix est droite et agrémentée par quelques instruments classiques ; c’est parfait pour caler. Tiens écoute… « ..Chaque personnage de ce conte est représenté par un instrument différent…le petit oiseau par la flûte… »

Julien Poirot ingé système
Julien Poirot ingé système et associé de Waveform Audio face à son rack de drive.

J’en profite pour me rapprocher à nouveau de la scène en parcourant les 40 mètres de terrain qui la séparent de la régie, un terreplein poussiéreux qui, dans quelques heures, verra les rares touffes d’herbe qui s’y accrochent encore écrasées par des milliers de pieds vengeurs. « …le canard par le haut-bois… ». Enorme coup de bol, en ce 21 juillet le vent est très calme sur la côte basque, ce qui va nous permettre d’écouter les E15 jusqu’à leur portée maximale, ou en tout cas jusqu’à la distance voulue par Julien. « ..le chat, par la clarinette.. ». L’intégration des E15 dans le système est parfaite. Quand on sort de leur zone d’influence et qu’on plonge dans les fills, d’abord les Spektrix puis les Metrix, la couleur reste cohérente et le rendu bien décoiffant. Pas de peigne en vue. Bravo Julien « ..le grand pèèèeere par le basson.. ». Le temps de ce dernier étant compté, je repasse à l’attaque.

SLU : Il te sert à quoi l’afficheur de niveau AMIX ?

JP : A mesurer et surtout à enregistrer. On enregistre toujours tout. C’est important dans notre métier d’avoir une trace de notre travail. Par exemple entre le front de scène et la régie on a un seul dB d’écart. Plus tard la scène elle-même ajoutera du niveau, mais ce genre de performance mérite d’être stocké.

Une vue rapprochée de la ligne de cour de E15
Une vue rapprochée de la ligne de cour de E15. On distingue nettement les leviers de fixation inter-boîtes de couleur noire ou bleu ciel pour l’avant. On aperçoit aussi ceux à l’arrière en dessous de la dernière boîte et de couleur rouge. On voit bien aussi la différence de finition entre le module central métallique et les deux caisses bois abritant chacune un 15’ Kevlar.

SLU : On en est où du développement de la boîte elle-même ?

JP : La chambre acoustique est finie, l’ébénisterie est finie, les haut-parleurs sont OK, le rigging c’est juste génial, aucune pièce rapportée, tout est sur l’enceinte, ce qui fait que tu ne peux rien perdre, ou alors l’enceinte elle-même (rires !). A l’instant où l’on se parle, elle pèse entre 70 et 75 kilos…

SLU : Ce n’est rien !

JP : Elle est très légère, et vu la façon avec laquelle est conçu le frame central en alu qui supporte l’accroche, on peut monter à des charges de 32 enceintes par côté. On verra si un jour on y arrive.

SLU : Donc, première phase réglée…

JP : Acoustique, pavillon, accroche, ça roule. La seconde concerne l’amplification. Ils travaillent d’arrache-pied chez Adamson depuis assez longtemps sur un module qui viendrait s’insérer dans l’e-capsule. Ce module comporterait à la fois l’amplification mais aussi le filtrage et le tout serait propriétaire. Inutile de te dire que c’est complexe à développer. J’ai entendu dire que ce serait pas mal abouti et que les tests auraient commencé, au moins les amplis. La troisième phase apporterait au système un vrai nodal au sol avec un système assez innovant de câblage distribuant réseau, signal et secteur et permettrait d’avoir le contrôle réseau AVB de l’ensemble avec un point en régie.

SLU : Mais tout ça existe déjà avec Lab et Lake…

JP : C’est toi qui le dis, mais effectivement des spécialistes de la puissance et du processing tels que les deux que tu cites offrent tout ce dont a besoin l’E15 pour fonctionner parfaitement. C’est vrai aussi que le marché américain est friand de systèmes amplifiés, ce qui rend la démarche d’Adamson parfaitement cohérente. Enfin cet ampli est annoncé comme ne pesant pas plus de 10 à 15 kg ce qui ne compromettrait pas l’avantage poids évoqué précédemment. Ça fera toujours moins lourd que du Meyer (rires !!)

Quatre Y10 posées sur trois gros ventilos T2.
Quatre Y10 posées sur trois gros ventilos T2.

SLU : Ce retour au très répandu 15 pouces en lieu et place du 18 qui avait fait la réputation du Y18, t’en penses quoi ?

JP : On est partagé. Il y a les admiratifs du 18 pouces qui était bluffant dans le Y18 avec son médium. Je l’étais aussi et à titre personnel j’étais au départ un peu déçu de ne pas retrouver ce qui a caractérisé Adamson par le passé.

SLU : Mais ils vont peut-être t’en faire un modèle en 18…

JP : Ahh non, ils ne veulent pas (rires !!).

Les presets : angle large et angle serré

SLU : Vous en êtes où des presets, c’est typiquement ce qui évolue régulièrement lors du lancement d’une boîte.

JP : C’est le cas. Nous en sommes aux V2 avec deux presets différents. Un prévu pour les angles serrés, le narrow et un pour les angles ouverts, le wide. La chambre acoustique de l’E15 est maintenant très précise, ce qui fait que plus on ouvre les angles entre les boîtes et plus le couplage est différent, en tous cas beaucoup plus qu’avant. Aujourd’hui à Biarritz avec 10 boîtes et le besoin de porter relativement loin, je joue avec le preset « serré » 9/12 boîtes. Ça fait trois « plein-air » que l’on joue comme ça et à chaque fois ça nous permet de faire remonter à Adamson nos commentaires.

SLU : Ces presets vont-ils encore évoluer ?

JP : Bien sûr. Il faudra aussi qu’ils arrivent dans les librairies Lake. Au jour d’aujourd’hui, on reçoit des modules Adamson et on les charge dans les amplis PLM où le processing est fourni par Lake. L’évolution entre les V1 et les V2 est une légère amélioration de la réponse polaire et de la réjection à 500 Hz où précédemment on était embêté surtout dans des salles quand le système est placé très près des murs. Ils ont aussi travaillé le 2 à 4 kHz où subsistaient quelques accidents.

SLU : Pile dans l’axe on sent encore quelques duretés dans cette zone..

JP : Oui sans doute, mais me concernant ça ne me gêne pas plus que ça et je n’égalise pas en conséquence.

SLU : Le raccord en revanche entre les E15 et les T21 est réussi !

JP : On est d’accord et pourtant tout le monde était sceptique au départ. Adamson travaille d’ailleurs en ce moment sur un sub en 18 pouces avec de nouveaux haut-parleurs, un T18 qui est basé sur la même base de rigging que le E15, ce qui facilitera son emploi. Je reste un fan inconditionnel du T21 qu’on arrive à accrocher, ce qui limite la gêne pour les spectateurs placés devant. On atteint avec ce sub de vrais problèmes de santé publique car certains se collent exprès devant. La seule limite c’est le surcoût qu’engendre cette accroche mais dès qu’on peut on le fait. Clairement avec ce plateau (Big Fest NDR) on ne peut pas.

Bientôt une E12

SLU : On imagine qu’Adamson va décliner vers le bas toute une gamme…

JP : Ils développent un E12 avec une version qui ouvre un peu plus et qui pourrait faire un petit système Wave pour finir l’array. J’attends de voir la taille de la boîte car entre 12 et 15 elle ne devrait pas être tellement plus petite comme la Y10 par rapport à la Y18. Il y a sûrement des raisons commerciales bien précises à ce choix. Espérons qu’Adamson va garder son originalité.

SLU : Au niveau du son des E15, c’est acquis !

JP : Ahh ça on est d’accord et cela a été un grand soulagement quand j’ai entendu cette boîte la toute première fois. Avec le montage en 15 et deux fois 7 pouces contre les 18 et deux fois 9 pouces du Y18, j’avais peur de ne pas retrouver le médium Adamson. Il n’en est rien. (On confirme !! NDR)

SLU : En termes de portée ça me paraît tout bon aussi, avec un chouette grave même à 100 mètres.

JP : Je pense que c’est un bon système, ceci explique sans doute cela et il ne faut pas oublier que nous sommes avec une ligne assez courte. Nous jouons en ce moment aussi à Carcassonne avec six boîtes par côté et ça tient le choc dans le bas. Ils ont d’ailleurs tiqué quand on a accroché les six E15 en lieu et place des huit Y18 habituelles, ça faisait tout petit !! Leurs craintes n’ont pas duré longtemps !! Enfin je ne tape ici qu’à 65 mètres, c’est le cahier des charges du Big Fest, ce qui n’empêche pas le grave d’aller bien au-delà…

SLU : Il y a un gros boulet entre 125 et 250 Hz.

JP : Oui, je préfère laisser de l’énergie dans cette partie du spectre car quand de vrais instruments jouent en live, c’est intéressant. Il ne faut pas trop travailler le son avec des chansons masterisées même si elles permettent de savoir où l’on va. Les mixeurs enfin disposent d’un 31 bandes pour faire certaines corrections. Il faut d’ailleurs le remettre à 0 (rires !!)

SLU : J’ai vu que tu as calmé l’aigu. C’est quand même extraordinaire d’avoir ce haut de course avec des boîtes Adamson ! (rires !)

JP : Oui, j’ai un shelf à 8,2 kHz à -3 dB…

SLU : Tu filtres comment dans le bas les E15…

JP : Elles sont coupées à 60 Hz avec une pente que j’ignore, c’est dans le preset Adamson. En revanche moi je complète la dernière octave avec les T21 en 18 dB Butterworth.

Le rack de drive de Waveform Audio
Le rack de drive de Waveform Audio avec de haut en bas le bridge Ethernet Lab.Gruppen, les deux Lake LM26 pour les têtes, le troisième LM26 pour les subs, ensuite les patch analogique, AES et réseau, la distribution ondulée et, forcément, l’onduleur. Ce rack est auto éclairé.

SLU : Deux mots aussi sur Waveform. Vous en êtes où avec David (Nulli NDR). Les racks à vos couleurs pullulent sur ce chantier, elle est loin l’époque où vous arriviez avec vos oreilles et une tablette !

JP : Désormais nous essayons de fournir le noyau central d’une installation et tout le câblage audio. Pour le Big Fest nous sommes en numérique, en Dante. Une fois que nous numérisons une des consoles dans le Lake, nous ne quittons plus le domaine numérique. Nous travaillons avec des LM 26 et 44.

SLU : Plus de Dolby ?

JP : Si, on en a toujours en parc et on s’en sert par exemple avec du K1, mais pour des histoires d’âge et de politique, les updates ne permettent plus de charger comme on le voudrait les presets. Ce qu’on peut faire avec les PLM ou les LM, on ne peut plus le faire avec les Dolby d’où le fait qu’ils tournent de moins en moins.


Un rack au standard DV2
Un rack au standard DV2 avec la connectique prévue à cet effet et équipé pour la baie de gauche de 4 amplis 20000Q et à droite de 4 amplis 10000Q. On distingue les plus puissants par le fin liseré orange qui souligne le bas de l’afficheur. La version la plus puissante est capable d’alimenter 3 boîtes par ampli. Rappelons que les 20000Q sont des amplis quadruples capables de sortir 5000 W par canal à 2,5 ohm.
plaque de raccordement modulaire créée par DV2
Une vue de détail de la plaque de raccordement modulaire créée par DV2 et désormais standardisée. Remarquez le cache décoratif en cuivre aux couleurs de Waveform…


SLU : Donc, tu numérises avec le LM44 et…

JP : Et j’arrive en 4 canaux Dante au plateau. Gauche, droite, sub gauche et sub droit. J’ai aussi 4 lignes analogiques en spare. Ces 4 canaux Dante je les gère après avec trois LM26 qui contrôlent tous mes points de diffusion y compris 3 sorties séparées pour les subs, 6 lignes en fait. Dans ce même rack nous avons un switch pour le réseau, une plaque pour l’analogique et un onduleur pour éviter qu’en cas de microcoupure nous n’ayons à attendre que le réseau raccroche à nouveau via le switch. C’est notre rack standard de drive.

Un seul ampli PLM 20 000 alimente trois E15

SLU : Les racks d’ampli paraissent aussi standardisés…

JP : C’est le cas. Les modules d’entrée et de sortie sont en fait des patchs modulaires conçus par DV2. Le châssis peut être équipé comme on le souhaite. Dans notre cas, ils disposent de modules Soca (pex.. NDR) pour les sorties HP, de modules analogiques pour la redondance, de modules AES pour attaquer les amplis par ce format et d’un module Giga (bit NDR) pour rentrer le réseau.

SLU : Comment sont amplifiés les E15 ?

JP : Avec des amplis Lab.Gruppen. Avec quatre PLM20000Q on peut amplifier jusqu’à 12 E15. L’avantage d’avoir des 20000Q par rapport aux 10000Q est de gagner 3 dB dans le grave et surtout de charger 3 enceintes par ampli ce qui est plus difficile avec le « petit » modèle où l’on se contente de 2 pour garder de la patate dans le bas. Les 20000 descendent parfaitement bien en impédance. Aujourd’hui nous fonctionnons avec 10 boîtes donc en deux fois trois et deux fois deux. Le 20000Q est l’ampli préconisé par DV2.

Les racks de FP+7000 Lab.Gruppen
Les racks de FP+7000 Lab.Gruppen en charge d’animer les 21’ des T21.

SLU : Revenons aux racks d’amplis, ils sont aussi en orange à vos couleurs. Vous avez donc acheté des racks standards et les équipez avec les amplis du prestataire qui a eu le marché ?

JP : C’est cela. Nos propres racks au standard DV2 comportent le patch, switch, distribution et le drive et nous y plaçons les amplis en fonction des besoins.

SLU : Mais vous devez donc à chaque fois les balader vides depuis votre dépôt pour les « farcir » …

JP : Pour nous simplifier la vie, nous venons de déménager et louer un bout d’entrepôt chez MPM. Ca va faciliter notre relation avec cette société mais aussi DV2 et Adamson. Cela ne nous empêche pas de travailler par exemple avec Dushow auquel cas on prend notre matériel et on va intégrer ce qu’il faut dans leurs ateliers. Enfin Waveform est devenu un partenaire officiel Adamson en termes de support technique pour les E.


L’ensemble de la puissance de jardin
L’ensemble de la puissance de jardin. Ne manque que le drive qui est placé à cour.

Ayant la chance de pouvoir envoyer du son en extérieur, sans public, et en coupant le reste de la diffusion du Big Fest hors E15, on s’est régalé. Nous avons notamment joué quelques titres de la collection Sheffield Lab dont la dynamique, l’explosivité et l’absence totale de coloration permettent d’écouter une enceinte dans ses moindres recoins. Ces titres stockés en FLAC dans un iPad ont bénéficié d’une conversion de qualité via un Fostex HP-P1 et ont été joués à 100 dBA environ. Tout d’abord le grave reproduit par les E15 seules est remarquable. Sec, tendu, profond, c’est un vrai grave qui tape dans les poitrines et fait même un peu bouger les pantalons. Il raccorde très bien sur le bas médium qu’il complète idéalement d’un point de vue dynamique. L’ensemble est vraiment rock et fait pour la musique moderne. Par rapport au Y18, la patate est infiniment supérieure et le bas médium bien moins pataud et tordu. Sans aucune hésitation le rendu est meilleur dans le bas malgré l’abandon des gros 18 pouces. Une fois insérés, idéalement calés et fonctionnant à des niveaux raisonnables, les 18 T21 ajoutent une note physique au rendu des E15 sans pour autant dénaturer la patate et la dynamique de la boîte. Le médium est moderne, très bien projeté, dynamique et précis, ce qui donne cet effet magique au son qui vous caresse le visage au lieu de paraître sortir des boîtes avec une stéréo très large. L’aigu enfin tranche totalement avec les Y18. Là où l’ancienne boîte vedette d’Adamson était à la peine, et tout en grimpant assez haut ne donnait pas vraiment l’impression de passer les 8 kHz, la E15 envoie l’octave du dessus avec une facilité déconcertante et avec une couleur très moderne et pimpante, ce qui contribue une fois encore à élargir l’image et sortir le son de la ligne. C’est un aigu plein de peps et de personnalité tout en ayant une forte consistance et une densité proche d’une enceinte de studio, un haut du spectre dont il faudra savoir ne pas abuser. L’ensemble est plaisant, défini et surtout terriblement efficace et dynamique avec une assez nette couleur rock et « Adamson » sans pour autant que ce trait de personnalité ne soit comme par le passé trop prégnant. Une balade sur les côtés permet de constater que l’E15 ouvre large et globalement les 90° annoncés sont bien là à -6 dB, il m’a tout même semblé que le haut médium plonge avant l’aigu mais avec une décroissance très homogène, ce dernier tenant bon même légèrement au-delà de 45°. Pile dans l’axe de la chambre on ressent une certaine âpreté dans le médium et une petite bosse. Sans doute les prochaines versions des presets lisseront cela et renverront l’énergie de ce léger pic plus vers les bords qu’au centre. Poussées bien au-delà de 105 dBA, les deux lignes de dix E15 n’ont pas manifesté de signes d’essoufflement dynamique sauf peut-être un certain durcissement dans le médium mais sans trop détimbrer, pour le reste ça tape dur avec un aigu de course que les presets actuels ne retiennent pas encore assez, surtout à haut niveau. De toute évidence l’association E15 et PLM20000Q fonctionne bien. Signalons enfin que lors des balances, tous les ingés son ont émis des commentaires positifs voire élogieux tel qu’un « C’est énorme !! » de Popeye ou encore « Il faudrait que vous me donniez ça à chaque fois » du mixeur de Shaka Ponk. On les comprend !!

Les détails du projet Energia Par Didier Dal Fitto

Désireux de faire un point le plus complet possible, nous avons contacté Didier Dal Fitto, le directeur technique de DV2 qui distribue Adamson en France afin de recueillir son avis technique mais aussi commercial sur le Projet Energia.

SLU : Où en sommes-nous en nombre de boîtes en circulation en France ?

DDF : La montée en puissance du parc de E15 s’est faite par le biais de prestataires partenaires, les deux premiers ayant été MPM dans le nord et SLS dans le sud à la fin de l’année dernière, ce qui a permis à ces deux sociétés de faire tourner les premières configurations de 16 ou 24 boîtes de façon assez confidentielle. Dès le printemps Concept Audio, une troisième société cette fois-ci dans le grand ouest, a rejoint le pool de partenaires beta testeurs avec 36 E15 pendant que MPM et SLS ont augmenté leur parc ce qui fait qu’actuellement il y a environ 120 boîtes en France en comptant les 24 de démo de DV2.

SLU : Tu parles de béta testeurs. Faut-il entendre que l’E15 n’est pas encore réellement en vente ?

DDF : C’est un peu compliqué. Au départ du projet, derrière Energia se cachait une boîte, l’E15, mais aussi de l’électronique embarquée, du réseau AVB, du contrôle et le transport audio. Ce projet est en développement depuis plus de deux ans. Vraisemblablement l’électronique apparaîtra sur des produits à venir. En attendant, pour le E15, nous avons normalisé à DV2 pour la France et le Benelux un kit d’amplification et de processing basé sur le PLM20000Q.

SLU : Le E15 est donc en vente tel quel avec ses amplis Lab et pourra être retrofité avec les cartes Adamson ?

DDF : Exactement. L’E15 existera en fait en deux versions. Ce sera aux utilisateurs de faire ce choix si les amplis en développement donnent satisfaction et apportent une plus-value technique. Bien que la boîte soit très compacte l’espace pour insérer les packs d’amplis et de processing est prévu.

SLU : C’est Adamson seul qui développe cette électronique embarquée ?

DDF : Oui absolument. La société est dirigée par Brock Adamson, et c’est un homme qui a de la suite dans les idées et aime plus que tout garder la main sur la conception et la fabrication de ses produits. C’est idéal car par exemple il a développé des haut-parleurs propriétaires très novateurs, ça l’est en revanche moins en termes de temps de développement et d’acquisition de savoir-faire.

SLU : Les phases 2 et 3 risquent-elles d’être un peu retardées ?

DDF : Oui car Brock Adamson s’est attaqué à un projet ambitieux : ampli haut de gamme, processing évolué intégrant des fonctions innovantes, transport audio numérique du signal AVB, logiciel de « contrôle global » BluePrint… Cela nécessite beaucoup de temps de R&D. Il a créé une excellente boîte au niveau acoustique et mécanique que nous avons dotée de ce qu’il y a de mieux aujourd’hui sur le marché avec Lake pour le traitement du signal et Lab Gruppen pour la puissance. Ajoute le transport du signal en Dante et on est vraiment dans une configuration optimale.

SLU : Les presets sont déjà en phase 2, ça va encore évoluer ?

DDF : Oui bien sûr. Nous en avons deux à l’heure actuelle et peut être trois dans le futur, avec, comme te l’a dit Julien, un pour les petits angles et un pour les configurations plus ouvertes. Ils sont en version 2.3. Nous avons au cours de l’été, en liaison avec le Canada, fait des correctifs en bénéficiant de la très belle saison qu’ont vécu les prestataires partenaires et la variété de styles musicaux qu’ont reproduit les E15. Nous avons aussi baissé le haut du spectre car, comme tu l’as remarqué, il y en avait un peu trop, et amélioré le contrôle de la directivité dans la zone des 2 à 4 kHz. Parmi les grosses opérations, la E15 a sonorisé dans les mains d’Audiolite les Vieilles Charrues avec des lignes de 24 boîtes par côté sur la grande scène ce qui, avec des délais placés à 120 mètres, a facilement permis d’en couvrir 250. Les ingés son étaient étonnés de la qualité de ce qui leur arrivait en régie à 75 mètres de la scène !!

Bientôt une E12 et un nouveau sub

SLU : Les gros 18 pouces des Y18 c’est donc du passé ?

DDF : Oui d’autant qu’Adamson prépare pour la fin de l’année une E12. Le 18 pouces a été une piste qui a créé un système atypique même si très apprécié. Il fallait en revanche revenir vers un système plus moderne, plus compact donc le 15 pouces s’imposait de lui-même pour des raisons de taille. En autre avantage de la réduction des boîtes, on a gagné un degré en ouverture verticale. On a donc désormais 7 positions qui vont de 0 à 6° et la boîte ouvre à 6°.

SLU : Est-ce que c’est Adamson qui produit les moteurs des E15 ?

DDF : Non. C’est un tout nouveau moteur à compression de 4 pouces avec une sortie d’un pouce et demi co-développé par Adamson et Eighteen Sound, un constructeur italien montant, dynamique et très inventif, qui a travaillé sur un cahier des charges très précis. Les italiens sont très forts et fournissent près de la moitié du marché mondial des haut-parleurs en OEM !! Adamson de toute manière ne voulait plus de moteurs JBL pour diverses raisons dont la difficulté de justement faire bouger une si grosse maison afin d’apporter les modifications souhaitées. Tout est nouveau en termes de haut-parleurs dans la E15. Le 15 pouces Kevlar qui existait déjà a été adapté pour cette enceinte, le médium en 7 pouces Kevlar a été développé spécifiquement et les moteurs ont été changés. Tout a été pensé et rien n’a été emprunté au Y18.

SLU : On parle aussi d’un nouveau sub…

DDF : Oui absolument. Il viendra en complément du T21 qui est une grosse machine infra qu’on peut accrocher mais qui est le plus souvent au sol car très lourde. Il sera beaucoup plus petit et léger et donc fait pour être accroché et très complémentaire de la gamme E.

SLU : Peut-on dire que l’E15 est officiellement en vente ?

DDF : Oui, et pour encore enfoncer le clou, nous allons organiser fin septembre une présentation officielle durant deux ou trois jours avec une écoute du système tout près de chez nous au Galaxie d’Amneville. Ce sera d’une certaine manière le point d’orgue et l’an zéro de l’E15 avec une boîte parfaitement finalisée et des blocs de puissance standard et par ailleurs identiques chez tous les prestataires déjà équipés.

SLU : Est-ce que la gamme Y va continuer en parallèle aux E ?

DDF : Les Y18 et 10 vont continuer à vivre leur vie. Même si ce sont des systèmes en quelque sorte âgés, ils jouissent d’une bonne cote et d’une bonne valeur sur le marché de l’occasion. A terme ils seront discontinués, sans doute le Y18 avant le Y10 qui n’a pas encore de remplaçant officiel. Il faut savoir aussi que nous sommes parfaitement en phase avec notre temps et l’économie mondiale, le système E15 coûte moins cher que le Y18, ce qui prouve la bonne approche industrielle d’Adamson et la maîtrise de ses coûts de fabrication. On est en gros à 10% moins cher.

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John Meyer récompensé

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Devant une salle comble, John Meyer a été distingué par le Gottelier Award 2012, le lundi 10 septembre 2012.

Ainsi nommé en référence à Tony Gottelier, personnalité, inventeur et créateur du monde du spectacle et particulièrement de la lumière, disparu en 2006, le Gottelier Award vise à distinguer un individu ou une équipe qui a apporté une contribution significative et durable au développement des équipements et outils qui permettent aux intervenants du monde du spectacle de repousser les limites de la production, installation et présentation des évènements. Le Gottelier Award est attribué par des votes de professionnels et vise à reconnaître et mettre en évidence « Les hommes derrière les produits » qui font de l’industrie du spectacle et de l’événement une profession aussi vivante et dynamique.

John Meyer est un pionnier de l’industrie de la diffusion sonore qui a commencé sa carrière en 1967 en construisant un système sonore pour l’orchestre de Steve Miller. A partir de cette première réalisation il a développé des systèmes de diffusion pour Creedence Clearwater Revival et Grateful Dead. Depuis la fondation, avec sa femme Helen, de sa société Meyer Sound Laboratories en 1979, John Meyer n’a cessé de rechercher, développer et expérimenter pour faire de Meyer Sound une marque de référence dans le peloton de tête du marché mondial de l’audio professionnel.

PLASA a également félicité chaque nominé de cette édition 2012 pour leur rôle dans le développement des technologies du spectacle et de l’événement ces trente dernières années. Les nominés de cette année étaient Nick Archdale, fondateur de la marque lumière Flying Pig Systems, développeur de la ligne de produits Wholehog et co-fondateur de Carallon avec sa marque Pharos. Chris Cronin, fondateur de Total Solutions Group à l’avant-garde des équipements de scène depuis plus de 35 ans. Le Docteur Christian Heil dont les recherches et sa société L-Acoustics sont à l’origine de la révolution de la diffusion sonore depuis le milieu des années 1990 avec le concept de ligne source (line array).

Parmi le groupe des sélectionnés, on trouve également Wayne Howell qui a quitté Avolites en 1988 pour fonder Artistic Licence, le spécialiste des systèmes de contrôle lumière, sans doute un des domaines où l’évolution est la plus rapide. Dans le monde de la lumière, on trouve aussi Pasquale Quadri, plus connu sous le nom de « Paky » et fondateur de la célèbre marque Clay Paky dont le nom est connu de tous.