
Partis à la découverte du Leo, le nouveau et mystérieux système de Meyer Sound (Brock Adamson a fait des émules !) lors d’une de ses premières sorties françaises pour Michel Sardou, nous avons pu interviewer Miguel Lourtie de Meyer en plus d’échanger avec Wilfried Mautret au système et Jean-Marc Hauser à la face.
Nous vous offrons donc deux articles distincts avec, dès maintenant, tout ce que nous avons pu glaner sur les 24 Leo et 16 subs 1100-LFC Leo à peine débarqués chez Dushow et une première impression d’écoute sur cette nouvelle boîte décidément bien née et assurément puissante. Très puissante. La suite les prochains jours grâce aux interviews de Jean-Marc et Wilfried.
L’événement et l’artiste étant d’importance, nous avons retrouvé à Bercy Sébastien Nicolas et Cyril Ubersfeld de Best Audio, l’importateur de Meyer en France, et Miguel Lourtie l’European Technical Service Manager de Meyer Sound venu spécialement donner un coup de main pour cette première sortie parisienne.
Interview de Miguel Lourtie

Miguel Lourtie : Tu vas écouter le premier Leo en France et un des premiers en Europe. Nous avons juste deux systèmes en service en plus de celui-ci, un en Suède et un en Norvège. Mon rôle consiste à apporter l’aide nécessaire et surtout à collecter les premières impressions des utilisateurs pour les faire remonter à la maison mère et voir ce qu’on peut éventuellement changer ou améliorer. Ce rapport de proximité est important pour nous.
SLU : Le design de ce soir est dû, je crois, à Wilfried Mautret. Où êtes-vous intervenus en tant que Meyer pour l’aider ?
Miguel Lourtie : ML : C’est lui qui a pensé le système pour l’ensemble de la tournée. Tout ce qu’on lui demande c’est de nous envoyer ses plans pour qu’on puisse éventuellement lui donner des tuyaux ou lui proposer des idées. Notre rôle c’est d’accompagner, pas de remplacer les techniciens sur le terrain.
SLU : Le système tel qu’installé à Bercy par Dushow comprend des têtes Leo et des subs 1100-LFC. Il est indissociable ou bien le Leo peut-il s’accommoder d’autres subs de Meyer comme le 700HP…
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Miguel Lourtie : Non, la puissance du Leo s’accorde mieux avec celle du 1100, le 700 serait largement trop court.
SLU : Il n’y a pas que le Leo et les 1100 de nouveaux ce soir…
Miguel Lourtie : Il y a aussi les processeurs Callisto qui forment, avec les têtes Leo-M et le 1100-LFC, le système Leo. Ils offrent de nouveaux outils très pratiques, comme celui facilitant l’intégration de différents modèles d’enceintes dans une même ligne. C’est le cas ici à Bercy avec du Leo et du Mica. Le Delay Integration permet de faciliter l’accord entre boîtes, en évitant le plus possible les interactions destructrices. Il suffit pour cela d’indiquer au Callisto quelles références sont accrochées.
SLU : La venue du Leo signifie-t-elle la fin de la gamme MxD et plus spécialement du M3D ?
Miguel Lourtie (et tout Best à l’unisson) : Non ! Rien ne s’arrête ! Nous sommes très fiers chez Meyer de ne pas remplacer des produits plus anciens mais de compléter ou de créer de nouvelles gammes. Nous voulons que les « vieux » produits puissent être complétés par des nouveaux, et surtout un client qui veut compléter ou étendre son installation doit pouvoir être servi en M3D, si tel est son désir, sans obligatoirement aller le chercher sur le marché de l’occasion. D’ailleurs ils ne sont pas vieux mais anciens, je ne te dis pas sinon comment on pourrait me qualifier vu mon âge (rires).
SLU : Oui enfin, ça fait combien d’années que vous ne vendez pas de M3D en Europe…
Miguel Lourtie & les Best Boys : …mhhhh…Dushow a acheté les siens il y a une dizaine d’années…Mais ce système est toujours utilisé. Par exemple en Hongrie pour le festival de Sziget couvert en Milo, les délais sont toujours en M3D car, comme cette boîte est cardioïde, elle raccorde beaucoup mieux dans le grave et surtout elle ne gêne pas la régie son qu’elle entoure. Dire qu’une enceinte remplace une autre est habituel, on nous a déjà fait le coup avec le Milo quand il est sorti. Dans l’esprit des gens, il allait remplacer le M3D alors que ce sont des produits totalement différents ! On est d’accord en revanche sur un point. La famille des MxD est la première génération de ligne source chez Meyer, les Milo, Mica et M’Elody la seconde, la troisième démarre avec le Leo et aussi, d’une certaine manière, le Mina qui, en termes de configuration, est plus avancé et proche du Leo.

SLU : Puisqu’on parle de boîtes cardioïdes, cette technologie est-elle abandonnée chez Meyer ?
Miguel Lourtie : Non, elle n’est pas abandonnée, c’est simplement qu’aujourd’hui le marché demande une enceinte plus puissante que le Milo et pesant globalement moins. (mhhh que c’est vague ;0). Si à ce cahier des charges tu ajoutes l’électronique, les HP et le volume de charge pour être à nouveau cardioïde, le poids va s’envoler et la taille avec !! Ça ne veut pas dire qu’à l’avenir Meyer ne refera pas une boîte cardio, par exemple pour de l’installation fixe où le poids et la taille ne posent pas de problème, qui sait, mais pour cette fois nous avons répondu à une demande précise.
SLU : Donc comme avec tous les systèmes modernes tu as gagné dans les 3dB et un paquet de dynamique en plus ?
Miguel Lourtie : Voilà c’est ça (puis se ravise NDR) Non, je ne peux pas préciser si on a gagné 3 dB (rires).
SLU : C’est un peu le lot de tous les fabricants !
Miguel Lourtie : On a réussi à gagner pas mal de puissance (sourire en coin).
SLU : La boîte en elle-même est finalisée, le Callisto l’est-il aussi ?
Miguel Lourtie : Le Callisto va forcément évoluer en termes de soft, c’est normal. La boîte en tant que telle est une version de production.
SLU : Le Leo fonctionne avec une alim à découpage ? Il accepte tout ?
Miguel Lourtie : Il accepte entre 208 et 264 Volt. Aux Etats-Unis il fonctionne avec une alimentation en delta et pas en étoile.
SLU : Comment se fait-il qu’il ne puisse pas être connecté directement en 110 Volt ?
Miguel Lourtie : On a voulu qu’il reçoive une tension plus élevée.

SLU : C’est drôle ça, les américains seraient pénalisés par rapport aux européens (rires).
Miguel Lourtie : De toute façon quand tu achètes un système, en général tu fabriques des nouveaux racks d’alimentation, et puis on ne peut pas dire qu’ils sont pénalisés, tu abuses là (rires !) C’est vrai que si tu sors une boîte de son carton aux USA, tu ne peux pas la brancher telle quelle sur une prise murale ! Plus sérieusement, les produits Meyer acceptent de 85 à 160 et de 180 à 260, sauf que sur le Leo, les amplis sont faits pour travailler à des tensions plus hautes. Nos clients nous demandent toujours plus. Tu fais 140 dB (SPL en crête du Milo à un mètre NDR) et ils te disent « c’est bien ! Ne pourrais-tu pas faire un peu plus ? » (Rires !) Les 1100 doivent aussi être alimentés en delta aux USA.
SLU : Ça pèse combien du coup un Leo ?
Miguel Lourtie : De mémoire 265 livres. On ne donne pas trop de chiffres sur cette boîte car on veut que les gens l’écoutent et la découvrent. L’industrie est saturée de valeurs hyper énormes et de superlatifs en pagaille. Certains chiffres sont parfois issus de mesures un peu limites. Nous préférons ne pas publier les nôtres. Nous affirmons en revanche que notre système reste linéaire depuis les bas niveaux jusqu’à des pressions acoustiques proches de la saturation. Nous avons récemment fait une démo à la Spectrum Arena d’Oslo en Norvège, et on a réussi à gêner les clients de l’hôtel en face de la salle. Tu imagines le truc ? Malgré tout, mes oreilles sont ressorties clean car notre système a des niveaux de distorsion très bas et reste linéaire à tous niveaux…

SLU : Oui enfin, ça dépend ce qui tu lui envoies !
Miguel Lourtie : Bien sûr, si tu as de la distorsion dans tes sources, elle sera impitoyablement amplifiée et reproduite ! On a eu un ingé son qui est venu avec le multipiste de son groupe de métal et a poussé très fort. C’est lui qui nous a fait avoir des soucis avec les voisins. Il a eu beau envoyer la gomme, il n’a pas réussi à faire limiter le système. Il a été très impressionné tout en reconnaissant avoir dépassé les bornes !
SLU : Bon, OK, parlons du 1100. Quels sont ses points forts ?
Miguel Lourtie : On s’est rendu compte que 90% des utilisateurs mettent un passe bas sur les subs. On a donc décidé d’optimiser la largeur de bande, on a refait le trajet de l’onde arrière pour minimiser le bruit et avoir une meilleure efficacité. Lors des essais ce matin, Wilfried (Mautret, ingé système NDC) a testé sub par sub pour vérifier que tout fonctionnait, et Jean-Marc (Hauser, FOH) a dit à un moment « oui, ça sonne pas mal » sans savoir qu’il écoutait un seul 1100 en complément des Leo. Quand tous ont été ouverts, je te laisse imaginer le résultat sachant qu’il y en a 15 en tout !
Ecoute du Léo
Puissants, le Leo et son garde du corps le 1100 le sont assurément. Titillés par le mix très libre d’un point de vue dynamique de Jean-Marc Hauser, ils semblent disposer d’une réserve importante, ce qu’a confirmé le RMS dont les colonnettes vertes et bleues sont restées bien sages.
Une fois encore, et sans hésiter à me répéter, le Leo sonne comme une enceinte moderne avec la dynamique, l’impact et la projection propres aux systèmes de dernière génération, tout en gardant une très nette couleur Meyer et un remarquable « poids » dans le rendu. Le grave et le bas médium notamment sont très gros et remplissent l’espace de manière étonnante.
La transition entre Leo et Mica font de cette dernière un compagnon bien peu crédible en downfill du Leo, tant la différence est grande en termes d’épaisseur sonore et de couleur dans le bas mid entre les deux, sans parler de l’aigu du Mica qui est fin et ciselé, peut-être un peu trop, et manque de mordant.
On remarque aussi une différence notable entre Leo et Milo. Là où la première a un aigu sincère et assez doux, même un peu en retrait, le Milo joue des coudes avec un médium et surtout un aigu puissant et parfois dur.
Le Leo réussit donc la synthèse des trois avec un haut naturel et assez doux, un médium précis et chaud, un bas mid plein et coloré de manière agréable et enfin un grave qui semble très puissant. Il faudra l’écouter sans les 1100 pour bien juger le bas.
Le tout est très musical, assez Rock’n’roll, bien timbré et massif.
A cet effet, nous avons été impressionnés par la capacité du Leo à remplir l’espace, et au-delà de l’effet désormais assez classique des nouveaux systèmes, de «sortir» le son des boîtes et vous le placer contre le visage. Le dernier né de Meyer paraît presque gainer les murs de la salle en couvrant en quelque sorte ses réflexions, sans doute le fruit d’un bon guidage, d’un bon couplage et d’une ouverture horizontale large et régulière. Dans un Bercy vide, c’est étonnant.
Nous aurons rapidement l’occasion de réécouter ce système mais dès à présent, on ne peut lui prédire qu’un avenir rugissant.
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