Ce spot à couteaux, équipé d’un moteur de 800 W de LED blanches vient proposer une solution rationnelle, complète et avantageuse sur le marché des profiles. Il a déjà élu domicile dans le parc de gros loueurs internationaux. Voyons donc !
L’ERA des villes et l’ERA des champs…

L’ERA 800 se veut ici “Performance”, ce qui désigne depuis toujours chez Martin, les projecteurs équipés de couteaux asservis. Cette machine est esthétiquement réussie. Fine et élancée, sa longue tête terminée d’une lentille de 160 mm de diamètre repose sur une petite base proportionnée pour offrir à l’Era toute la stabilité nécessaire.
Pour la manipulation, on retrouve les deux solides poignées en haut de chaque bras de lyre qui s’associent à celles de la base. C’est tellement pratique qu’on aimerait en retrouver sur toutes les bécanes. Par contre, comme sur toutes les machines Martin, seul le tilt est verrouillable. L’appareil pèse 41 kg, ce qui est tout à fait raisonnable pour une machine de cette puissance et de ce gabarit.
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Sur la base, le panneau de connecteurs montre une entrée/sortie DMX en XLR 5 et une entrée/sortie PowerCON True1. Comme chaque ERA 800 consomme environ 1 200 W on pourra envisager d’utiliser le repiquage d’alim pour une seconde machine sur une ligne de 16 Ampères.
L’absence de prise RJ45 supprimant l’option de mise en réseau Ethernet, le contrôle de la machine se fait donc uniquement en DMX. En même temps c’est comme ça que sont utilisées les machines dans 99 % des cas…
Martin ne propose qu’un seul mode DMX. Merci ! Merci Martin ! Avec l’ERA, on ne se pose pas la question de savoir dans quel mode se trouve la bécane qui est là-haut sur le pont… Une machine, Un mode… Zen ! Notre ERA prend 42 canaux DMX. Les canaux nécessitant de la précision sont doublés en 16 bits, et basta : un bon point pour l’Era !

Sur la face opposée loge l’afficheur avec son large écran rétroéclairé et ses boutons de navigation, et un connecteur USB pour procéder aux mises à jour du logiciel.
Assignation DMX, test manuel, choix de courbe de dimmer, infos sur l’état des composants… Tout y est sauf le choix du sens de lecture de l’afficheur par simple pression simultanée sur les deux flèches.
Ici, il vous faudra parcourir le menu, la tête à l’envers, jusqu’à trouver dans les options celle qui inverse le sens de lecture du display. Dommage !

L’accroche est classique, via une paire d’omégas qui se fixent sous l’appareil avec des systèmes camlock classiques. Détail qui a son importance, Martin garde les mêmes entraxes sur TOUS les projecteurs de ce type depuis le siècle dernier…
Si vous perdez un oméga et qu’il vous reste un vieux Mac 600 ou un Mac 250+ dans un coin, vous pouvez récupérer son oméga. Ca fonctionne ! C’est cool !
Les deux omégas étant assez rapprochés l’un de l’autre, il serait souhaitable (pour ne pas dire indispensable) que Martin fournisse des omégas permettant un déport (c’est pourtant un des premiers fabricants à y avoir pensé !). 4 emplacements dédiés vous permettront de fixer l’élingue de sécurité où bon vous semblera.
Les mesures photométriques

Projecteur allumé à pleine puissance, nous démarrons par le tracé de la courbe de derating pour contrôler l’efficacité du refroidissement du moteur de leds. L’atténuation atteint seulement 4 % après 5 minutes de chauffe et se stabilise. C’est un excellent résultat.
La lumière ainsi stabilisée, projecteur placé à 5 m de la cible, nous pouvons commencer nos mesures d’éclairement aux trois angles habituels : faisceau serré au plus petit net, 20° et faisceau large au plus grand net.
Faisceau serré
Au plus petit net nous mesurons un diamètre de projection de 1 m, soit un angle de 11,5°.
L’angle du faisceau peut descendre aux 7° annoncés par le fabricant (6,64° pour être précis), mais la projection n’est pas au net.
Donc à 11,5°, nous mesurons un éclairement au centre de 45 100 lux après derating (47 050 lux à froid) qui conduit à un flux de 32 870 lm (34 280 lm à froid).
La courbe d’intensité lumineuse est régulière
Faisceau 20°
Pour la valeur de référence 20°, l’éclairement au centre à 5 mètres est de 14 900 lux (15 540 lux à froid) et le flux atteint 35 420 lm (36 950 lm à froid).
On retrouve une belle courbe d’intensité lumineuse, plate, sans point chaud, particulièrement favorable à de belles projections homogènes.
Faisceau large
Au plus grand net, le diamètre atteint 5,1 mètres qui correspondent à un angle de 54°.
Nous mesurons un éclairement au centre à 5 mètres de 2 160 lux après derating (2 250 lux à froid) qui conduit à un flux de 33 660 lm (35 100 lm à froid).
Le flux reste quasiment constant (±1 000 lm) sur toute la plage du zoom, même à faisceau serré dont l’angle choisi de 11,5° permet d’éviter les grandes pertes de lumière.
Dimmer


La lumière de l’ERA
Notre ERA 800 Performance offre un faisceau homogène et régulier. L’étale de lumière est parmi ce qui se fait de mieux dans le genre. Le flux est tout à fait correct.
C’est une machine qui diffuse une belle lumière blanche à 6500K, avec un IRC de 70 qui convient parfaitement dans la majorité des cas d’utilisation.

Les 35 000 lumens de son flux à 20° lui permettent d’envisager des dossiers très sérieux. Le système optique est particulièrement performant. Et nous mesurons une amplitude de zoom au net de 11,5° à 54°.
La trichromie est belle et toutes les teintes sont envisageables sans difficultés. Ici, point de parti pris particulier ou d’exotisme, on est dans le classique efficace. Les bleus sont profonds ou percutants, les rouges sont tout à fait satisfaisants, les pastels sont propres.
Seule précaution à prendre si l’on veut un mélange de couleur absolument parfait dans le faisceau, il faudra privilégier un faisceau focalisé proche du net.

Sur un faisceau défocalisé, on voit très vite le phénomène de drapeaux de trichromie entrer dans une bonne partie du rayon. Ca ne pose pas un problème fondamental, loin de là. Il faut juste faire attention à ses choix de faisceaux si on ne veut pas être surpris.
Le CTO linéaire plutôt jaune et très doux est très chouette.
La roue de couleurs propose 6 filtres saturés et denses (rouge, vert, bleu, orange, congo, et un genre de lavender très sympa.) qui viennent compléter agréablement la trichromie.

Gobos et effets
L’ERA 800 Perfo présente deux roues de gobos, et une roue d’animation. Une première roue comporte 6 gobos tournants indexables, et une seconde en a 7 fixes. Ils sont vraiment très sympas, et variés.
Plusieurs types de “passoires”, un vrai “cône”, une “fenêtre” qui sera parfois très impressive en théâtre, le “Sonar” avec ses fameux cônes excentrés, qui ont fait la joie de nombreux lighteux sur le Viper sont également de la partie, bref… un bonheur pour texturer les faisceaux ou envisager des projections d’effets.

La roue d’animation vient ajouter un petit plus avec sa rotation infinie de stries plus ou moins parallèles. Comme sur d’autres machines, la circulation des stries ne se fait que de haut en bas (marche avant et marche arrière).
Pour compléter et enrichir l’effet des gobos ou simplement animer le faisceau, deux prismes peuvent être mis en œuvre. Ils proposent soit un faisceau éclaté en 4 secteurs, soit un alignement linéaire de 6 secteurs. Efficaces, ils sont indexables mais pas superposables.

Deux frost, là aussi soit l’un, soit l’autre, permettent d’adoucir assez fortement le faisceau, avec deux niveaux différents. Ils s’insèrent progressivement et l’effet final est assez marqué. Personnellement j’aime beaucoup.

Le module de couteaux répond à tout ce qu’on attend de ce type de fonction actuellement. L’introduction des couteaux est surprenante car le deuxième paramètre de chaque couteau vient mettre la lame en travers, mais c’est juste parce que le premier part d’un point zéro absolu. En réalité, passée la surprise, tous les positionnements sont possibles comme sur tous les modules.

Une belle précision, une amplitude de déplacement permettant une circulation dans l’intégralité de la fenêtre du faisceau, une rotation de ± 60° pour un positionnement dans tous les sens et même un poil plus, de quoi envisager de belles découpes, de beaux cadrages et même de beaux effets de faisceaux. Avec un petit coup de frost, c’est parfait.
Le net est approximatif pour deux couteaux sur quatre, mais c’est le lot de tous les couteaux à fermeture totale. Ni plus ni moins. Globalement c’est un excellent module de découpe.
Le démontage. On désosse tout !

L’appareil s’entretient et se démonte assez facilement pour les opérations de maintenance. La tête est fermée par deux grands capots fixés par vis cruciformes imperdables quart de tour (mis en sécurité par une petite élingue qui se clipse via un ergot sur ressort), les bras sont recouverts eux aussi d’un capot de chaque côté, et le bas de la lyre par deux demi-capots. Le socle sera plus délicat à démonter
Il vous faudra un tournevis Torx T-25 pour accéder à tout démontage un peu poussé de la machine. Mais vraiment TOUT. Le choix de la Torx vient d’une volonté du fabricant d’empêcher l’utilisateur de dépanner certaines choses sur site avec son Leatherman. Mouais… Perso je ne suis pas fan du principe…
On doit tellement passer de temps en tournée à faire de la maintenance sur les appareils que toute démarche destinée à poser une contrainte à l’utilisateur n’est pour moi pas la bienvenue…
On parle bien ici de matériel professionnel, manipulé par des techniciens professionnels… Alors les bidouillages au Leatherman ne sont pas à conseiller, mais bon… Au moins, pour toute la machine, il s’agit de la même Torx de 25…
Dans la tête, l’arrière est occupé par le moteur de leds, enfermé au cœur du système de refroidissement. On ne l’aperçoit qu’au travers de la grosse lentille qui concentre le flux de vers le chemin optique. Quatre gros ventilateurs (deux qui poussent l’air et deux qui l’extraient) organisent le flux d’air dans le radiateur à caloduc.
La partie avant de la tête, comporte les effets, une ventilation et un filtrage permettant d’assurer une température régulée et un dépôt de poussières très faible.


Viennent ensuite deux chariots, celui du zoom et celui du focus avant la lentille de sortie de 160 mm de diamètre. Sur le chariot du focus, sont montés les filtres frosts et les deux prismes. Ils s’insèrent depuis les côtés où ils sont rangés en retrait, jusque dans le faisceau où ils vont officier.

Le secteur d’action de ces effets est assez restreint en profondeur, ce qui permet d’éviter d’avoir de gros compromis à faire entre l’usage des prismes et frosts, et l’amplitude de zoom / focus…
En contrepartie, on ne peut pas superposer les frosts ni les prismes. Mais est-ce un réel problème ? Je pense que non.
Entre cette boîte à lumière et ce système optique d’où sort le faisceau, l’espace est réservé pour deux cassettes “modules” qui comportent les couleurs et les effets pour l’une, et l’ensemble de la découpe motorisée pour l’autre.
Les deux sont extractibles relativement facilement, après quelques démontages parfois minutieux, mais tout à fait dans la lignée des manipulations classiques de maintenance courante.




Les modules sont très denses mais bien conçus. La maintenance de ce type d’éléments est toujours délicate mais ici, ça semble tout de même bien étudié pour envisager le nettoyage ou le remplacement de certaines pièces sans trop de suées.
Et hormis la tête ?
Les bras contiennent, un peu d’électronique, la motorisation pan et tilt avec ses gros et puissants moteurs pas à pas, avec ceci d’intéressant : l’accès aux courroies est assez simple. Le remplacement de la courroie de tilt par exemple, ne nécessite aucun démontage. L’accès n’est obstrué ni par une quelconque structure ou un câblage traversant. Il vous suffira de relâcher le système qui maintient la courroie tendue pour la libérer totalement et la remplacer.

Pour le pan, c’est plus délicat mais plus accessible que dans bien des machines. En retirant les capots de la base de la lyre, vous avez accès à pratiquement tout. C’est un très bon point, ne serait-ce que pour un examen en cas de soucis.
La base comporte les alimentations, le display avec la carte qui gère le soft de la machine…
Conclusion
Même si elle ne présente pas d’innovations particulières, la Era 800 Performance n’en est pas moins une excellente machine, digne de ce qui se fait dans le haut de gamme actuellement. Un projecteur simple et complet avec un positionnement budgétaire plutôt intéressant, qui répond fièrement à toute demande de spot à couteaux puissant, polyvalent et professionnel sur fiche technique. Son flux de 35 000 lumens et son beau faisceau homogène suffisent à mettre tout le monde d’accord. Bienvenue ERA !
D’autres information sur le site Algam Entreprises
J’aime :
- La lumière
- Les gobos
- les couleurs
- Un seul mode DMX
Je regrette :
- Les Omega non déportables
Tableau général
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